La commission d'enquête née des révélations de violences au sein de l'établissement catholique "Notre-Dame de Bétharram" poursuit ses auditions. Ce 10 avril, elle auditionne tour à tour Alain Hontangs, ancien adjudant-chef de gendarmerie, officier de police judiciaire à la section de recherches de Pau entre 1987 et 1999, et Christian Mirande, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Pau de 1989 à 2002. Pour rappel, la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale s'est dotée des pouvoirs d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur les violences dans les établissements scolaires et le contrôle effectué par l'État.
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00:00:00Bonjour à tous et bienvenue sur LCP. L'affaire Betaram et ses conséquences continuent d'intéresser de près l'Assemblée nationale.
00:00:16La commission d'enquête qui est chargée d'étudier les questions liées à l'éducation s'est dotée des prérogatives d'une commission d'enquête
00:00:26pour tenter de faire la lumière, de comprendre ce qui s'est passé, d'identifier des dysfonctionnements qui ont pu se produire dans des établissements catholiques privés
00:00:36ou dans des établissements même publics et pour que des faits de violence parfois extrêmement graves aient pu se produire dans ces lieux censés être contrôlés par l'État.
00:00:46Ce 10 avril, la commission entend deux témoins clés. Un ancien officier de police judiciaire à la section de recherche de Pau.
00:00:53Il était en poste de 1987 à 1999, époque où une partie des faits ont été commis à Betaram.
00:01:02Et l'ancien juge d'instruction au tribunal de grande instance de Pau, qui était en poste pendant cette même période, Christian Mirande,
00:01:10cette audition s'est à voir tout de suite sur LCP.
00:01:13J'étais officier de police judiciaire à la section de recherche de Bordeaux.
00:01:18J'ai donc été chargé par M. Mirande, juge d'instruction au TGI de Pau, de mener l'enquête sur commission rogatoire
00:01:27concernant les faits commis par Pierre Caricard, qui avaient été dénoncés quelque temps plus tôt par Franck Delagan de Malaisieux,
00:01:38que j'étais allé entendre à la maison d'arrêt de Gradignan, puisqu'à cette époque-là, il était incarcéré pour des faits d'exhibition sexuelle.
00:01:49Et à l'occasion desquels, pour peut-être expliquer ses déviances,
00:01:56avait expliqué à l'officier de police judiciaire de Bordeaux qu'il avait été victime dix ans plus tôt de viol de la part de Pierre Caricard.
00:02:10Que découvrez-vous à l'occasion de vos premiers actes d'enquête, après avoir été saisi par le juge Mirande ?
00:02:17Alors, j'ai débuté tout simplement par l'audition de Franck Delagan de Malaisieux,
00:02:23une audition qui a été très longue, puisque, en fait, je n'en étais pas à ma première enquête sur des viols.
00:02:34Et il m'a paraissé nécessaire déjà de me convaincre personnellement de la véracité
00:02:42ou éventuellement de l'affabulation de Franck Delagan de Malaisieux.
00:02:48Donc, c'est une audition qui a dû durer de 10h, 10h30 le matin, puisque je suis allé l'extraire de Gradignan.
00:02:57Et j'ai le souvenir que j'ai téléphoné le soir à Gradignan pour qu'on lui conserve un repas.
00:03:04Donc, ce qui veut dire qu'il y a eu à peu près 5 à 6 heures d'audition.
00:03:08Donc, je suis ressorti convaincu de ce que m'avait dit Franck Delagan, sachant que je l'avais mis en garde dès le départ.
00:03:18Et il était bien placé, puisqu'il était incarcéré, pour savoir que s'il tenait des propos mensongers à l'égard de Pierre Caricard,
00:03:27que la foudre de la justice lui tomberait dessus une nouvelle fois.
00:03:33Pierre Caricard est alors le chef de l'établissement Betaram.
00:03:39Avez-vous connaissance, rapidement, après cette audition, de potentielles autres victimes de violences sexuelles, de viols du père Caricard ?
00:03:49Alors, je n'ai pas le souvenir que Pierre Caricard était directeur à cette époque.
00:03:59Et j'ai un doute, dans la mesure où j'ai lu des documents qui m'ont été transmis par des journalistes,
00:04:07que Pierre Caricard était à Rome au moment où se déclenche l'enquête.
00:04:12Donc, il n'était plus directeur.
00:04:13Tout à fait. Erreur de chronologie de ma part, il ne l'est plus à ce moment-là.
00:04:20Mais je reprends ma question.
00:04:22Avez-vous, après cette première audition, celle de cette personne incarcérée, victime, dit-il, à l'époque, de viols de la part du père Caricard,
00:04:31prenez-vous connaissance de potentielles autres victimes dans les moments qui suivent cette première audition ?
00:04:38Non, absolument pas. La commission anglatoire est très claire.
00:04:46Les poursuites sont engagées contre Pierre Caricard.
00:04:50À ce moment-là, je m'occupe de cette voie à Pierre Caricard.
00:04:59Je ne vais pas chercher ailleurs et je n'ai pas à avoir contact au départ avec Betaram pour des raisons évidentes d'éviter des fuites sur l'enquête.
00:05:18Est-ce que vous pouvez expliciter ce risque de fuite que vous identifiez ?
00:05:22C'est tout simple. Dans une enquête, on ne prévient pas par avance les gens qu'on va les interpeller.
00:05:41Donc, par discrétion, on évite tout contact potentiel qui puisse éveiller quelconque soupçon.
00:05:49Vous pouvez revenir sur la date à laquelle vous entendez cette victime potentielle ?
00:05:57La date qui est celle du placement en garde à vue ensuite de Pierre Caricard.
00:06:04Alors, il faut savoir qu'à la section recherche, nous n'étions que 12 à l'époque.
00:06:10Donc, on traite de nombreux dossiers.
00:06:14À cette époque-là, je terminais de traiter un dossier d'escroquerie qui m'avait pris plus d'un an.
00:06:21Donc, d'après ce que j'ai lu, et ça, ce n'est pas mes souvenirs, c'est quelque chose de plus récent.
00:06:27J'ai dû commencer cette enquête en décembre 1997.
00:06:34J'ai dû entendre Franck Delagane peut-être début 1998.
00:06:39Et ce n'est qu'en mai que j'ai entendu Pierre Caricard.
00:06:44Vous l'entendez en mai et vous vous rendez au tribunal de Pau pour le présenter au juge Mirand le 25 mai 1998.
00:06:56C'est le 26, la présentation.
00:07:03Très bien, le 26 mai 1998.
00:07:06Le 16 février dernier 2025 sur TF1, vous avez déclaré qu'en arrivant ce jour-là au tribunal,
00:07:12le juge Mirand vous aurait déclaré, je vous cite, il y a un problème.
00:07:16La présentation va être retardée.
00:07:19Le procureur général demande à voir le dossier.
00:07:22Et M. Bayrou est intervenu auprès du procureur général qui demande à voir le dossier.
00:07:27Est-ce que vous confirmez cette déclaration ?
00:07:31Alors, je reprends les termes.
00:07:34M. Mirand m'attendait devant la porte de son bureau.
00:07:40Il m'a dit que la présentation était prévue à 14h.
00:07:44Moi, j'étais là à 14h avec Pierre Caricard.
00:07:48M. Mirand m'attendait à la porte de son bureau.
00:07:50Et il m'a dit, M. Hontan, la présentation est retardée.
00:07:56Le procureur général demande à voir le dossier.
00:08:01Il y a eu une intervention de M. Bayrou.
00:08:05Point.
00:08:05Je rappelle que vous êtes sous serment.
00:08:10C'est important que vous réitirez cette déclaration aujourd'hui devant notre commission de l'enquête.
00:08:15Est-ce que c'est une situation que vous aviez déjà rencontrée au moment où vous présentez
00:08:20quelqu'un qui sort de garde à vue à un juste d'instruction ?
00:08:24Alors, j'ai eu à présenter des gens beaucoup plus dangereux que Pierre Caricard.
00:08:32Je prendrai l'exemple de Philippe Bidard, qui était le chef historique d'Hiparetarac.
00:08:38Je parlerai d'autres membres d'un commando Hipparetarac qu'on a arrêté en flagrant délit
00:08:46alors qu'il posait une bombe au TGI de Dax.
00:08:48Jamais il ne m'est arrivé qu'un magistrat instructeur me dise que le procureur général voulait voir le dossier.
00:08:59À ce moment-là, d'ailleurs, le code de procédure pénale, à ce moment-là, ne donne aucun rôle au procureur général.
00:09:07Ce n'est éventuellement qu'après la mise en examen, puisqu'à l'époque c'était l'inculpation,
00:09:14ce n'est qu'après la mise en examen que le procureur général éventuellement intervient sur une décision du juge d'instruction.
00:09:23Mais là, il n'y avait pas encore de décision du juge d'instruction de prise.
00:09:29Et le procureur général intervient, vous dit le juge Myrande, sur demande de François Bayrou.
00:09:35En 1998, pour le rappeler, François Bayrou est président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et député des Pyrénées-Atlantiques.
00:09:44Oui, tout à fait. Alors, pour moi, l'information, elle est tout à fait laconique,
00:09:52dans la mesure où je sais que le procureur général n'a pas de rôle à ce moment-là.
00:09:59Et puis, bon, il y a une intervention éventuellement de M. Bayrou.
00:10:04Moi, je suis sûr de mon dossier. La question n'est pas là pour moi.
00:10:08La question est le devenir de Pierre Caricard à la sortie de sa garde à vue.
00:10:17Le nom de François Bayrou apparaît là dans ce contexte très particulier.
00:10:21Est-ce que ça suscite une réaction de votre côté ?
00:10:25Est-ce que c'est un nom qui était apparu à une autre étape de vos investigations ?
00:10:29Est-ce que l'intervention de François Bayrou, telle qu'elle vous est décrite par le juge Mirand, vous surprend à ce moment-là ?
00:10:36Oui, effectivement, je suis surpris. Mais comme je vous le dis, pour moi, c'est une information tout à fait laconique.
00:10:41Parce qu'à ce moment-là, la question qui se pose pour moi, c'est le devenir de Pierre Caricard, qui est un violeur.
00:10:50Comment décririez-vous cette intervention du procureur général sur demande de François Bayrou ?
00:10:57Est-ce qu'il s'agit d'une intervention dans une procédure judiciaire en cours ?
00:11:03Oui, puisque j'amène...
00:11:06Alors, lorsqu'on va présenter un individu, un magistrat instructeur, et là, c'était le cas,
00:11:12j'arrive avec l'ensemble de la procédure et Pierre Caricard.
00:11:18Donc, je remets la procédure à M. Mirand.
00:11:22Après, moi, j'attends.
00:11:27Bien sûr, c'est votre rôle.
00:11:29Le 15 février dernier, à l'occasion d'une conférence de presse tenue à Pau, en présence des victimes de Bétarame,
00:11:35François Bayrou a affirmé n'avoir jamais connu le père Caricard.
00:11:39Et vous venez pourtant de nous indiquer qu'il avait sollicité son dossier, en passant par le procureur général, en 1998.
00:11:47Avez-vous une explication à ce qui peut apparaître comme une contradiction ?
00:11:54Alors, je n'ai pas dit que M. Bayrou avait sollicité son dossier.
00:12:00J'ai dit que le procureur général avait demandé à voir le dossier, ce qui est différent.
00:12:05C'est tout à fait différent.
00:12:11Le procureur général a demandé à voir le dossier sur demande de François Bayrou, vous dit le juge Mirand.
00:12:17Alors, M. Mirand m'a dit, le procureur général demande à voir le dossier, il y a intervention de M. Bayrou.
00:12:25Très bien. Donc, on peut supposer, là c'est moi comme rapporteur qui fais cette supposition,
00:12:32qu'en 1998, François Bayrou sait qui est le père Caricard, puisqu'il demanderait au procureur général d'accéder à son dossier.
00:12:39Et je veux, dans cette chronologie, confronter ce propos, enfin cette intervention de 1998,
00:12:46au propos que François Bayrou, Premier ministre, tient à la mairie de Pau en 2025,
00:12:50où il indique ne pas connaître, n'avoir jamais connu le père Caricard.
00:12:55Le 17 février dernier, dans le journal Sud-Ouest, le Premier ministre a déclaré,
00:13:00il n'y a jamais eu d'intervention de ma part auprès de quiconque, ni sur cette affaire, ni sur aucune autre.
00:13:06On parle de l'affaire du père Caricard.
00:13:09Comment réagissez-vous à cette déclaration qui contredit les propos que vous avez réitérés ce matin devant notre commission d'enquête ?
00:13:17Bien sûr. Je ne suis pas le seul enquêteur de la section recherche à savoir que François Bayrou est intervenu,
00:13:28puisque dès le lendemain du reportage qui a été diffusé à 7 à 8,
00:13:37j'ai l'un de mes collègues qui m'a fait un message, en me disant, donc le 17-2,
00:13:46j'étais au courant, M. Mirand me l'avait raconté à l'époque.
00:13:50Alors il s'agit de M. Robert Matrasou, qui était également adjudant-chef à la section de recherche de Pau.
00:13:57Je l'ai eu récemment au téléphone, parce que j'étais au courant, M. Mirand me l'avait raconté à l'époque,
00:14:05c'est de la conique, ça demande peut-être quelques explications complémentaires.
00:14:11Donc je l'ai eu récemment au téléphone.
00:14:13Il m'a confirmé que j'avais bien parlé de cette intervention de M. Bayrou à la section de recherche,
00:14:19et que M. Mirand le lui avait raconté dans un autre contexte.
00:14:26Très important ce que vous nous dites là.
00:14:28Vous dites que deux gendarmes de la section de recherche avaient été informés de l'intervention de François Bayrou
00:14:35auprès du procureur général pour accéder au dossier du père Caricard.
00:14:40Vous nous avez dévoilé l'identité d'un de ces gendarmes.
00:14:45A votre connaissance, d'autres fonctionnaires de la gendarmerie ou d'autres personnes
00:14:50étaient-elles au courant de cette intervention de François Bayrou ?
00:14:54Alors malheureusement, chez d'autres camarades de la section de recherche
00:14:58qui devaient être au courant, puisque j'en ai parlé,
00:15:02malheureusement ils sont décédés.
00:15:03Il s'agissait du major Larieux, qui était à Chouin, commandant de l'ASR,
00:15:08et d'Anthony Lévesque, qui partageait mon bureau et qui était également décédé.
00:15:16M. Hontant, est-ce que des pressions s'exercent sur vous depuis la révélation par la presse de cette affaire Bétarame ?
00:15:23Alors je parle des révélations qui sont intervenues à partir du mois de février 2025.
00:15:28Non, à part les médias, je n'ai subi absolument aucune pression.
00:15:33Très bien, et dans une interview que vous avez donnée au journal Mediapart le 26 février dernier,
00:15:39ce sera ma dernière question, vous demandez l'ouverture d'une enquête administrative.
00:15:43Est-ce que vous pourriez revenir sur cette demande et peut-être nous expliquer pourquoi vous l'avez fait ?
00:15:47Alors je me suis mis en colère après Mediapart, dans la mesure où je n'ai jamais tenu ces propos.
00:15:55D'ailleurs, l'édition du matin était avec ce titre, l'édition du soir était tout à fait différente.
00:16:02Le titre de l'édition du soir était tout à fait différent.
00:16:06Quant à l'interview en lui-même, il correspondait tout à fait à ce que j'avais déclaré.
00:16:12Je vais revenir sur le moment où vous êtes devant le bureau du juge Miranda et vous attendez.
00:16:21La présentation au juge était prévue le 26 mai 1998 à 14h.
00:16:27Vous attendez, est-ce que vous pouvez décrire ce qu'il s'est passé ensuite ?
00:16:32On est dans un couloir et on attend.
00:16:36On patiente jusqu'au moment où M. Miranda, vers 16h, vient me voir en me disant
00:16:42« On va pouvoir passer à la présentation ».
00:16:46Le procureur général m'a fait savoir que je pouvais prendre toutes les dispositions que j'ai utiles.
00:16:55Donc M. Miranda, lui, il a brièvement entendu Pierre Caricard et il l'a placé sous mandat de dépôt.
00:17:07Je l'ai conduit à la maison d'arrêt de Pau.
00:17:09Quand vous dites « brièvement entendu », est-ce que c'est une appréciation de votre part positive ou négative ?
00:17:20Ah non, c'est positif.
00:17:23C'est positif. C'est un interrogatoire de première comparution.
00:17:27Il l'entend sur les faits. Il lui rappelle qu'il l'entendra plus longuement ultérieurement.
00:17:33Il lui demande s'il reconnaît les faits ou s'il ne les reconnaît pas.
00:17:36C'est une première comparution. C'est quand même relativement court.
00:17:45Et donc, suite au mandat de dépôt et au transfert à la maison d'arrêt,
00:17:51on sait que l'enquête s'est interrompue parce qu'il y a eu une libération du père Caricard.
00:17:58Je vois vos sourcils qui se lèvent.
00:18:02Est-ce que vous pouvez donc me décrire ces faits ?
00:18:06Et nous faire part de votre interprétation sur cette surprise que vous exprimez avec votre visage
00:18:14sur la libération du père Caricard, dont je rappelle, vous avez indiqué juste en début d'audition
00:18:21que vous étiez très inquiet sur le devenir du père Caricard parce que c'est tout simplement un violeur.
00:18:27Alors, quand je dis que j'étais très inquiet, oui.
00:18:31Comme tout enquêteur, quand on présente quelqu'un, on présente son travail par la même occasion.
00:18:37Donc, oui, effectivement, on s'interroge, on se dit d'autant plus que, bon,
00:18:43le procureur général qui intervient, qui veut regarder le dossier,
00:18:46le procureur général sur un OPJ, il a un rôle disciplinaire.
00:18:50Il n'a pas d'autre rôle à ce niveau-là.
00:18:57J'avais eu, pendant la garde à vue, une passe d'armes avec l'avocat de Caricard.
00:19:07L'avocat de Caricard était Maître Legrand, Maître Legrand, ancien de Bétharame et membre du comité de soutien de Bétharame.
00:19:17Nous étions à une époque où une loi récente permettait à une personne gardée à vue d'avoir un entretien avec un avocat pendant 30 minutes.
00:19:33Lorsque M. Legrand est arrivé à la section de recherche de Pau, je lui ai dit, voilà Maître, il est telle heure, vous pouvez vous entretenir avec votre client jusqu'à telle heure.
00:19:49Et là, il me répond, je prendrai le temps qu'il faudra.
00:19:53J'ai fait une photocopie de l'article du code de procédure pénale.
00:19:5730 minutes après, j'ai ouvert le bureau, je lui ai remis l'article du code de procédure pénale et je lui ai dit, Maître, maintenant, l'entretien est terminé.
00:20:07Il m'a dit, j'en référerai ultérieurement.
00:20:10Donc, je pouvais peut-être penser que le procureur général intervenait aussi parce que Maître Legrand, c'était plein de mon attitude, mais mon attitude, elle était tout à fait légale et en regard du code de procédure pénale.
00:20:24Je voudrais faire une remarque que vous avez évoquée, Maître Legrand, qui, je crois, était aussi un proche de François Bayrou, Maître Legrand, ayant été, je crois, candidat de l'UDF dans le canton des Pyrénées-Atlantiques,
00:20:41l'UDF étant le parti de François Bayrou à l'époque, dans le canton des Pyrénées-Atlantiques, où François Bayrou a sa maison.
00:20:47Est-ce que vous connaissiez cette relation entre François Bayrou et l'avocat du père Caricard au moment de cette garde à vue ?
00:20:57Non, absolument pas.
00:20:58Juste pour poursuivre votre récit, vous expliquez cet incident des 30 minutes avec la nécessité que vous vous munissiez de la photocopie du code pour pouvoir être sûr de mettre fin à l'entretien.
00:21:14Vous vous êtes senti à ce moment-là menacé quand vous expliquez « je pouvais penser que le procureur général était intervenu ». C'était une situation inhabituelle ?
00:21:26Déjà que j'ai une passe d'armes avec un avocat à ce niveau, oui. C'était inhabituel, puisqu'en fait la loi était tout à fait récente, d'une part.
00:21:36Et puis je n'ai jamais eu d'autre passe d'armes avec un avocat, si ce n'est éventuellement lorsque j'allais déposer devant une cour d'assises en tant que directeur d'enquête.
00:21:53Vous pouvez poursuivre donc pour arriver à la mise en liberté, puisqu'on était sur ce sujet ensuite.
00:21:59Alors, pour poursuivre jusqu'à la mise en liberté de Pierre Caricard, entre 1988 et 2001, j'ai dû conduire entre 7 et 8 enquêtes de viol.
00:22:20Sur les 7 ou 8 enquêtes de viol, alors si on part du chiffre 7, 5 ont vu leur auteur comparaître devant une cour d'assises en prolongement de leur détention provisoire.
00:22:37Deux ne sont pas allés devant la cour d'assises. Pierre Caricard. Et un autre cas, où je travaillais également sur commission ongatoire de monsieur...
00:22:51Préalablement en enquête préliminaire, puis sur commission ongatoire de monsieur Miranda, où nous n'avions pas la même vue sur l'affaire.
00:23:00Moi, je n'étais pas convaincu par les dires de la victime. Il m'a fallu 3 mois et demi sur commission ongatoire pour démontrer que la victime mentait.
00:23:13J'ai eu la chance d'avoir des écoutes téléphoniques qui m'ont permis de le concrétiser en plus de preuves matérielles que j'apportais.
00:23:21Et un jour, j'ai téléphoné à monsieur Miranda en lui disant, monsieur le juge, vous avez entendu la gamine hier ?
00:23:28Il me dit oui. Et je lui dis, vous l'avez autorisé à aller au bal. Il me dit, qu'est-ce que c'est cette histoire ?
00:23:35C'est sur les écoutes téléphoniques, j'ai retranscrit, j'ai placé le support sous ses laits.
00:23:44Et là, il me dit, ouh, vous allez m'entendre la gamine ? Effectivement, il s'est avéré que la gamine mentait.
00:23:50Donc, effectivement, un cas qui n'est pas allé aux assises parce que la victime, la soi-disant victime, mentait.
00:24:01Donc, ce sont les deux seuls cas qui ne sont pas allés aux assises.
00:24:05Donc, effectivement, 12 jours après, pour poursuivre sur la remise en liberté, monsieur Miranda m'appelle en me disant, monsieur Ota,
00:24:13la Chambre d'accusation a remis Pierre Caricard en liberté, sous contrôle judiciaire.
00:24:23La Chambre d'accusation, c'est le procureur général ?
00:24:27Alors, je vais utiliser un courrier qui m'a été transmis le 22 mars, 22 février, pardon,
00:24:4122 février par une journaliste, Laura Donna, qui a réalisé le reportage qui est paru à 7 à 8.
00:24:51Il s'agit de trois courriers, dont l'un est daté du 15 juin 1998.
00:24:59Le procureur général près de la Cour d'appel de Pau à madame le garde des Sceaux, ministre de la Justice.
00:25:06Je ne vous lis pas tout, vous l'avez peut-être eu, ce document.
00:25:11Placé en détention le 26 mai 1998, le père Sylvie Caricard interjetait appel le même jour
00:25:21et saisissait au titre de l'article 187-1 du Code de procédure pénale
00:25:27le président de la Chambre d'accusation qui ordonnait le renvoi devant la Chambre d'accusation.
00:25:35Celle-ci, par arrêt du 9 juin 1998, ordonnait la mise en liberté sous contrôle judiciaire
00:25:42conformément à mes réquisitions.
00:25:49Signé Rousseau, procureur général.
00:25:54Dans le même courrier, le procureur général écrit
00:25:57« J'ai l'honneur en vous confirmant les termes de mon compte-rendu téléphonique du 26 mai 1998. »
00:26:06Pour rendre compte au ministre de la Justice, je suppose qu'il faut avoir des informations.
00:26:12Les informations, elles sont dans la procédure que j'amène le 26 mai 1998 au tribunal.
00:26:17Le procureur général qui prononce donc cette remise en liberté sous contrôle judiciaire
00:26:23est le même que celui qui, d'après le juge Mirand, demande à accéder au dossier du père Caricard
00:26:31au moment où vous déférez le père Caricard devant le juge Mirand.
00:26:35Alors, on dit que le parquet parle d'une seule et même voix.
00:26:45Le courrier est signé du procureur général M. Rousseau.
00:26:50Par contre, il est écrit « Dossier suivi par M. Basset, avocat général ».
00:26:55Donc je ne peux pas dire si la demande émanait directement du procureur général
00:27:02ou de M. Basset, avocat général.
00:27:06Comment expliquer, alors que le dossier est en principe suivi par l'avocat général,
00:27:10que ce soit le procureur général qui intervienne dans le cadre du courrier dont vous nous avez lu un extrait ?
00:27:16Le parquet parle d'une seule et même voix.
00:27:22Le patron du parquet général, c'est le procureur général.
00:27:26Donc je suppose que c'est lui en plus qui écrit au ministre de la Justice.
00:27:31Donc dans l'ordre de référence, il me semble que ce soit normal que le courrier soit signé par le procureur général et non par un avocat général.
00:27:40Donc cette remise en liberté intervient le 9 juin 1998,
00:27:50donc sous contrôle judiciaire.
00:27:53Vous êtes très surpris.
00:27:57Est-ce que vous pouvez nous faire part, puisque vous nous avez expliqué que sur vos sept enquêtes de viol,
00:28:03finalement tout avait débouché sur une incarcération, sauf deux dans les cas que vous avez détaillés.
00:28:10À ce moment-là, au moment où vous apprenez la remise en liberté, qu'est-ce qui se passe autour de vous ?
00:28:16Comment vous, vous en parlez ?
00:28:18Quelles sont vos interrogations intérieures ?
00:28:20Est-ce que vous en parlez avec d'autres collègues à la gendarmerie ?
00:28:24Quels sont les effets de cette remise en liberté sur votre travail et sur votre entourage ?
00:28:29Alors, comme je vous ai dit, j'en ai parlé, puisque j'ai un de mes collègues qui, lui, s'en souvient.
00:28:42Il y a des gens qui sont décédés, qui peut-être s'en souvenaient, mais là, ils ne sont pas là pour le raconter.
00:28:48Le commandant de l'ASCR était à l'époque le capitaine Candalo.
00:28:53Alors, je ne sais pas s'il est encore vivant, mais je pense qu'il est...
00:28:57Il parlait souvent de Gaillac, donc je pense qu'il est peut-être parti en retraite à Gaillac, mais est-il encore vivant ?
00:29:05Je n'en sais rien.
00:29:09Après, est-ce que d'autres collègues...
00:29:11C'est une information qui...
00:29:14Pour nous, on était effectivement tous surpris.
00:29:19On est surpris de voir un violeur remis en liberté.
00:29:23Après, c'est la décision de la justice, chaque intervenant dans le déroulement du procès pénal a son propre rôle.
00:29:40Donc, tout ça, ça me dépassait.
00:29:41Moi, la Chambre d'accusation, ce n'est pas de mon niveau.
00:29:43Et est-ce qu'ensuite, vous avez été informé de l'assouplissement du contrôle judiciaire de M. Caricard
00:29:50par la Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Pau du 29 juin 1999, donc un an après,
00:29:55autorisant son installation et son déplacement à Rome ?
00:29:58Non, absolument pas.
00:30:00Et est-ce que pendant cette période-là, étant donné que vous avez parlé un petit peu de Bétarame et des liens de l'avocat avec Bétarame,
00:30:13est-ce que vous aviez eu connaissance d'autres faits qui se passaient à Bétarame ou de la réputation de Bétarame ?
00:30:21Et est-ce que vous continuez une enquête autour de ce fait ou d'autres faits liés au sévice à Pétarame ?
00:30:31Alors, effectivement, M. Miranda, à l'issue de la mise en examen de Pierre Caricard,
00:30:40m'avait demandé de poursuivre l'enquête et d'aller rencontrer l'ensemble des internes qui étaient en même temps à Bétarame que Franck de la Gagne de Malaisieux.
00:31:01Donc, c'est-à-dire sur la période 87-88.
00:31:06Donc là, j'ai pris mon bâton de pèlerin, je dirais, et je suis allé entendre ces jeunes hommes.
00:31:20Alors, je savais que ça leur serait difficile, me rencontrant pour la première fois,
00:31:31de me dire, oui, monsieur, il m'est arrivé quelque chose à Bétarame avec le père Caricard.
00:31:39Je pensais même que c'était impossible, mais que je lançais un hameçon,
00:31:47et puis peut-être qu'un poisson mordrait.
00:31:50Et effectivement, quelques mois plus tard, Benoît Giaume, que j'avais entendu, a écrit à M. Miranda en lui disant,
00:32:03M. le juge, voilà ce qui m'est arrivé.
00:32:06Donc, seconde victime de viol par Pierre Caricard.
00:32:12Juste une précision, donc vous meniez l'enquête sur des personnes qui avaient été à la même période potentiellement agressées,
00:32:20donc 87-88.
00:32:22Est-ce que vous êtes rendu dans l'établissement pour des élèves, donc on était en 98, 10 ans après,
00:32:28dans l'établissement où étaient encore les élèves,
00:32:30ou est-ce que ces entretiens s'adressaient plutôt à des jeunes hommes qui étaient partis depuis de Bétarame ?
00:32:35Et êtes-vous allé à Bétarame dans le courant de cette enquête ? Avez-vous rencontré des élèves ?
00:32:40Alors, c'était des jeunes hommes qui étaient déjà hors Bétarame,
00:32:46donc je suis allé voir pour la plupart chez eux.
00:32:50Après, est-ce que je suis allé à Bétarame pour l'enquête ?
00:32:53Alors, moi je n'en avais pas trop le souvenir.
00:32:58Par contre, un de mes collègues m'a dit, mais si, on est allé à Bétarame avec M. Miranda
00:33:02et Franck de la Gagne de Malaisieux, justement pour aller dans cette salle de bain des prêtres,
00:33:09et lui se souvenait que Franck avait décrit avec des détails précis, justement, la salle de bain des prêtres.
00:33:22Mais, après, je suis allé à Bétarame, effectivement, aussi, pour demander la liste des internes de l'année 87-88, effectivement.
00:33:33Mais je n'ai pas eu à interroger des élèves de Bétarame à l'époque où je suis intervenu, en 98,
00:33:41puisque ça ne faisait pas partie de façon de la commission obligatoire.
00:33:44Cette visite rapide à Bétarame en présence du juge Miranda, elle intervient au début de l'année 88, au moment de l'audition de la victime ?
00:33:56Non, elle a dû intervenir après la mise en examen de Pierre Caricard, il s'agissait d'un transport sur les lieux.
00:34:05Et l'enquêteur qui me rappelle ça était spécialiste de police technique, donc c'était lui qui faisait les reportages photos, etc.
00:34:16Alors, est-ce que même moi j'y étais ? Franchement, je n'en ai pas le souvenir.
00:34:20Peut-être, mais bon, c'est un acte de procédure parmi des milliers.
00:34:30Bien, nous vous remercions. Est-ce qu'il y aurait des questions dans la salle ?
00:34:34Très bien. Donc je pense... Oui, allez-y, monsieur Vanier, puis ensuite nous allons clore.
00:34:39Une dernière pour moi, monsieur Vanier. En janvier 2020, le père Caricard se suicide à Rome,
00:34:43alors qu'il est convoqué à la suite d'une seconde plainte contre lui.
00:34:48Avez-vous reçu consécutivement à ce suicide des critiques directes ou indirectes
00:34:52concernant votre travail d'enquête ? Le cas échéant, pourriez-vous développer ?
00:34:58Non, ni critique directe, ni critique indirecte.
00:35:02En plus, je n'étais plus à la section de recherche à ce moment-là.
00:35:05Je commandais... J'étais parti commander à ma demande une brigade proche de Pau.
00:35:13Il n'empêche que j'ai continué, malgré ça, à travailler sur ce dossier,
00:35:17puisque monsieur Miranda, un jour, m'appelle à mon nouveau poste et me dit,
00:35:24monsieur Hontard, je viens de recevoir le rapport d'autopsie venant d'Italie.
00:35:31« Est-ce que vous pouvez passer le lire ? »
00:35:36Donc je lui dis, oui, je me rends son bureau, je lis le PV,
00:35:44et je lui dis, non, il y a un problème.
00:35:48Il y a un problème, le cadavre mesure 1m71.
00:35:53Pierre Caricard, qui est resté avec moi 36 heures,
00:35:57dont j'avais le souvenir de la taille, était beaucoup plus petit que moi.
00:36:00Il me dit, vous êtes sûr ?
00:36:02Je lui dis, écoutez, vous me faites une commission obligatoire,
00:36:05je vais de suite à la préfecture, je vais rechercher une trace de demande de carte d'identité.
00:36:12Effectivement, je reviens avec la demande de carte d'identité,
00:36:151m53 ou 1m57.
00:36:17Donc c'est ce qui a d'ailleurs amené le fait qu'il y ait à nouveau autopsie,
00:36:29exhumation et autopsie du corps de Pierre Caricard.
00:36:34Puisqu'en fait, on ne savait pas trop si le cadavre qui était dans le cercueil était bien le sien.
00:36:40Effectivement, quand on a ouvert le cercueil, puisque j'ai assisté à l'exhumation,
00:36:47j'ai été chargé, bien que ce ne soit plus mon poste à l'ASR,
00:36:52d'organiser l'exhumation et les suites,
00:36:57à savoir la conduite à peau au funérarium,
00:37:04toute la partie administrative qu'on peut avoir à mettre en place lors d'une exhumation,
00:37:10et la montée du fémur à Bordeaux, chez M. d'Outre-Mepiche, pour l'ADN.
00:37:18Dans les derniers articles de presse où vous vous êtes exprimés,
00:37:29vous avez parlé globalement d'un échec judiciaire,
00:37:34d'une procédure qui aurait subi des interventions,
00:37:40et d'une occasion manquée de protéger d'autres enfants.
00:37:44Je résume ce que j'ai retenu de vos différentes expressions publiques.
00:37:49Est-ce que, pour conclure cette audition, vous pourriez préciser,
00:37:53rétrospectivement, votre vision sur la gestion de cette affaire
00:37:58par le système judiciaire et éventuellement politique de l'époque ?
00:38:02Oui, je confirme.
00:38:05Je suis parti entendre ces jeunes hommes
00:38:09qui avaient quitté peut-être certains météorames depuis 4 ou 5 ans,
00:38:16qui auraient pu se sentir, à la limite, libres de parler,
00:38:21même si c'est difficile d'avouer qu'on a été violés.
00:38:25Mais il y avait peut-être effectivement une ouverture de porte
00:38:31qui aurait pu faire qu'ils commencent à parler.
00:38:38Ils ont certainement lu dans la presse,
00:38:40puisque ça avait fait quand même dans la presse relativement de bataille,
00:38:46que Pierre Carica avait été remis en liberté.
00:38:50Quand on entend des gens qui maintenant disent
00:38:52« Mais même dans notre famille, on ne voulait pas qu'on en parle.
00:38:55Même dans notre famille, on ne nous croyait pas. »
00:38:59Comment voulez-vous qu'un jeune homme qui voit un enquêteur arriver
00:39:03et vous interrogez sur ce qu'il a pu se passer à Bétarame,
00:39:09vous interrogez sur ce qu'il a pu se passer
00:39:11quand il partait en camp de vacances, je pense à Benoît Joume,
00:39:15qui allait en camp de toile avec Pierre Carica.
00:39:18Comment voulez-vous qu'on puisse parler
00:39:24quand on sait que la justice ne semble pas croire
00:39:28la première victime qui s'est exprimée ?
00:39:35Oui, c'est particulièrement décevant,
00:39:39parce qu'on aurait pu peut-être, à cette époque-là,
00:39:42entraîner d'autres témoignages.
00:39:45Et peut-être qu'il y a eu un encouragement à parler.
00:39:51Il y a des gens qui maintenant sont confrontés
00:39:54par le problème de la prescription,
00:39:57parce qu'ils n'ont pas parlé suffisamment tôt.
00:40:01Alors, je fais peut-être de la justice-fiction,
00:40:03mais si Carica était resté à la maison d'arrêt de Pau,
00:40:08peut-être qu'il ne se serait pas suicidé,
00:40:12peut-être qu'il serait allé devant les assises,
00:40:15même sûrement,
00:40:16et certainement qu'on n'aurait pas perdu 10 ou 20 ans,
00:40:20parce que peut-être qu'en 2000,
00:40:24au vu des assises et de la condamnation
00:40:26qui aurait été prononcée contre lui,
00:40:29d'autres gens se seraient mis à parler,
00:40:32ce qui n'a pas été le cas.
00:40:34Il a fallu attendre 2020 pour que tout se déclenche.
00:40:39Non, c'est trop tard.
00:40:43Bien, nous vous remercions, M. Autant.
00:40:45Avant de nous quitter,
00:40:48M. Vanier a une question,
00:40:50et puis moi, j'aurai une question ensuite aussi.
00:40:52Non, par exemple, ce n'est pas une question,
00:40:53mais comme cette audition a été très riche,
00:40:57très précise, je veux vous remercier, M. Autant,
00:40:59et vous avez apporté des éléments.
00:41:02Est-ce que vous avez une dernière déclaration à faire
00:41:04devant notre commission d'enquête ?
00:41:05Est-ce qu'il y a un point sur lequel nous ne vous aurions pas interrogé,
00:41:09qui vous paraîtrait nécessaire d'évoquer devant nous ?
00:41:13Non, il y a éventuellement des polémiques journalistiques
00:41:19que j'ai pu lire,
00:41:20mais je ne veux pas rentrer dans ce débat.
00:41:22Je voulais vous demander aussi si vous aviez quelque chose à ajouter.
00:41:28Ça, c'est fait.
00:41:29J'aimerais, moi, vraiment souligner, en tout cas,
00:41:32votre ségacité, c'est-à-dire que vous avez été précis et clair,
00:41:37et c'est important pour nous.
00:41:39Donc, nous vous remercions d'abord d'être venus,
00:41:42mais d'avoir répondu avec vraiment beaucoup de sincérité et de précision.
00:41:45Pour conclure cette série d'auditions sur les violences
00:41:48dont ont été victimes de nombreux élèves de Notre-Dame de Bétarame
00:41:52pendant des décennies,
00:41:54nous accueillons par visioconférence
00:41:56M. Christian Mirande,
00:41:58juge d'instruction au tribunal de grande instance de Pau
00:42:01du 1er janvier 1989 au 1er septembre 2002.
00:42:07Cette audition vise à appréhender le traitement judiciaire
00:42:11des plaintes pour viol,
00:42:12ayant mis en cause l'ancien directeur de l'établissement Notre-Dame de Bétarame,
00:42:17décédé depuis, Pierre Caricard,
00:42:20et d'identifier le cas échéant des défaillances de l'État
00:42:23dans le traitement de cette affaire.
00:42:24J'étais juge d'instruction au TGI de Pau.
00:42:29Et le parquet de Pau,
00:42:32en la personne de M. Drénaud, procureur,
00:42:35avait ouvert une information contre X au départ
00:42:39pour des faits de violence et viol,
00:42:44de violence sexuelle et de viol,
00:42:46donc en mon cabinet.
00:42:48M. le juge, bonjour.
00:42:51Je voudrais revenir avec vous sur deux épisodes de l'année 1998.
00:42:55Le premier est celui de la présentation du père Caricard devant vous le 26 mai 1998.
00:43:04Et puis ensuite, revenir sur l'échange que vous avez eu avec François Bayrou cette année-là.
00:43:10François Bayrou est alors président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et député.
00:43:15Un échange dans lequel vous lui auriez révélé l'effet de violence sexuelle à Bétarame.
00:43:20Revenons d'abord donc sur cette journée du 26 mai 1998,
00:43:26moment où le gendarme Ontan,
00:43:28que nous venons d'entendre sous serment devant notre commission d'enquête,
00:43:35vous présente à l'issue de sa garde à vue
00:43:36le père Caricard qui est à l'époque accusé de viol,
00:43:40de viol sur un ancien élève de Bétarame.
00:43:44Et le gendarme Ontan, sous serment, vient de réaffirmer les propos qu'il avait tenus le 16 février dernier sur TF1,
00:43:54indiquant, je le cite,
00:43:56qu'au moment où donc il vous présente, il arrive devant votre bureau,
00:43:59vous lui auriez dit, monsieur le juge Mirande,
00:44:02je cite le gendarme Ontan,
00:44:03« Il y a un problème, la présentation va être retardée,
00:44:07le procureur général demande à voir le dossier
00:44:10et monsieur Bayrou est intervenu auprès du procureur général
00:44:13qui demande à voir le dossier. »
00:44:16Est-ce que vous confirmez
00:44:17cette description de ce moment de la journée du 26 mai 1998,
00:44:25au moment donc où le gendarme Ontan se présente avec le père Caricard à la porte de votre bureau ?
00:44:30Oui, alors, à l'époque, je dois dire que maintenant, actuellement,
00:44:36je n'ai aucun élément de ce dossier de l'époque.
00:44:39Je ne travaille que de mémoire.
00:44:42Alors, il est effectivement vrai que monsieur Ontan
00:44:45m'avait présenté Caricard en me disant
00:44:48qu'il fallait attendre un peu,
00:44:51car le procureur général voulait consulter le dossier.
00:44:56Alors, sur le fait que j'ai pu lui dire,
00:44:59puisque c'est moi qui ai pu lui dire
00:45:01que monsieur Bayrou était intervenu,
00:45:04vraiment, je n'ai aucun souvenir
00:45:07de cette partie de notre entretien.
00:45:12Le fait est qu'au bout d'un certain temps,
00:45:17Caricard m'a été présenté, donc,
00:45:19et je sais qu'à l'époque, le procureur général avait dit
00:45:24que monsieur Mirand prenne la décision qu'il convient.
00:45:31D'accord, donc vous nous dites n'avoir pas le souvenir,
00:45:33vous avez le souvenir d'avoir indiqué au gendarme Ontan
00:45:36que le procureur général demandait de reporter l'audience du père Caricard,
00:45:41mais ne pas vous rappeler d'avoir précisé
00:45:43que cette demande de report par le procureur général
00:45:46était au départ déclenchée par une intervention de François Bayrou.
00:45:50Pourtant, le gendarme Ontan, ce matin,
00:45:54il y a quelques instants, devant la commission d'enquête,
00:45:56a fait une révélation, celle consistant à affirmer
00:45:59qu'un autre gendarme de la section de recherche de Pau,
00:46:02le gendarme Matrasou,
00:46:04était lui aussi informé de l'intervention de François Bayrou
00:46:08par des propos que vous lui auriez rapportés, vous, monsieur Mirand.
00:46:13Est-ce que cela ravive un souvenir ?
00:46:18Alors, je connais très bien les deux gendarmes,
00:46:22Matrasou et Ontan, en qui j'ai toujours toute confiance,
00:46:26et s'ils disent cela, c'est que ça a dû arriver.
00:46:29Mais je n'en ai aucun souvenir.
00:46:31Voilà, sur cette...
00:46:36Vous savez, ça fait 28 ans, alors j'ai...
00:46:39C'est tout de mémoire, je n'ai plus trop le souvenir.
00:46:43Mais ce dont je me souviens bien,
00:46:46c'est qu'on m'avait demandé de différer
00:46:47la présentation de Caricard.
00:46:51Et vous vous rappelez que c'est le procureur général
00:46:53qui en fait la demande.
00:46:54Alors, comment est-ce que vous avez compris cette demande
00:46:56qui, en principe, n'est pas admise,
00:46:59qui n'est pas possible,
00:47:00qui constitue une intervention
00:47:03dans une procédure judiciaire
00:47:05dans laquelle, à cette étape,
00:47:07le procureur général n'a, en principe, pas la main ?
00:47:09Oui. Alors, c'était un peu surprenant
00:47:11dans la mesure où le procureur général
00:47:14s'adressait rarement directement au juge d'instruction.
00:47:19Il avait pour habitude de s'adresser
00:47:21d'abord au procureur de son parquet,
00:47:24le parquet de Pau.
00:47:25Donc, j'étais un peu surpris
00:47:28à l'époque,
00:47:30ou maintenant même.
00:47:32Voilà, je ne peux rien dire d'autre
00:47:34sur le fait que le procureur
00:47:36ait demandé la communication du dossier,
00:47:39qu'il devait avoir déjà, d'ores et déjà.
00:47:42Donc, vous nous confirmez
00:47:43que cette intervention,
00:47:44elle est absolument exceptionnelle,
00:47:45qu'elle vous surprend,
00:47:46que vous ne la comprenez pas
00:47:48au moment où elle est faite.
00:47:50Tout à fait.
00:47:51Tout à fait.
00:47:52C'était de mémoire à l'époque,
00:47:55que peut-être la première fois
00:47:57que cela arrivait.
00:47:59Et comment comprenez-vous
00:48:00que ce fait absolument exceptionnel,
00:48:02cette demande du procureur général
00:48:03absolument exceptionnelle,
00:48:05intervienne à propos du dossier
00:48:06du père Caricard ?
00:48:07Il me paraît difficile
00:48:09d'émettre une opinion là-dessus,
00:48:11sinon que le statut social
00:48:14de monsieur Caricard
00:48:16influait sur les demandes
00:48:20de renseignements, j'imagine.
00:48:23Est-ce que vous pourriez développer
00:48:24ce que vous entendez
00:48:24par statut social du père Caricard ?
00:48:27Eh bien, c'était quelqu'un,
00:48:28moi, je ne le connaissais pas,
00:48:30mais c'était quelqu'un
00:48:31qui avait une position sociale connue
00:48:34parmi les notabilités du coin,
00:48:39donc comme directeur
00:48:40d'une institution connue
00:48:42dans le secteur.
00:48:44Voilà, pour ça,
00:48:45je ne peux pas émettre
00:48:47d'autres opinions
00:48:47qui seraient peut-être non fondées.
00:48:50Très bien, donc, en tout cas,
00:48:54ce commentaire nous renseigne
00:48:56sur le fait que le père Caricard
00:48:58a été connu dans le secteur
00:49:00des Pyrénées-Atlantiques
00:49:01de Pau, par un certain nombre
00:49:03de personnes au moins.
00:49:04Alors, je voudrais maintenant
00:49:05revenir sur votre rencontre
00:49:07avec François Bayrou,
00:49:08qui en 1988 est président
00:49:10du Conseil départemental
00:49:11des Pyrénées-Atlantiques
00:49:12et député.
00:49:14Cette rencontre,
00:49:15à l'occasion de laquelle
00:49:16vous lui révélez
00:49:17l'effet de violence sexuelle
00:49:19à Bétarame,
00:49:20une première question
00:49:21sur le moment de cette rencontre.
00:49:22Est-ce que vous avez
00:49:23un souvenir de sa date ?
00:49:24Du tout.
00:49:25Là, maintenant, non.
00:49:26Je n'ai aucun souvenir
00:49:27puisque c'est de mémoire
00:49:30que je n'ai pas le dossier
00:49:31sous les yeux
00:49:32auquel cas j'aurais pu
00:49:34vous répondre plus facilement.
00:49:36Mais cette rencontre
00:49:38ne m'a pas surpris
00:49:40ni étonné
00:49:41ni étonné
00:49:42car je connaissais
00:49:43M. Bayrou déjà
00:49:45depuis quelques années
00:49:46puisque nous sommes voisins
00:49:49depuis au moins 50 ans
00:49:50à l'époque
00:49:51et il arrivait autrefois
00:49:55que nous nous rencontrions
00:49:57à nos domiciles respectifs.
00:49:59C'était arrivé.
00:50:02Et quand il est venu me voir,
00:50:04il me semble même,
00:50:06peut-être sans m'avoir averti,
00:50:09il me semble que
00:50:10il voulait se renseigner
00:50:15sur ce qui se passait
00:50:16car il avait une grande inquiétude
00:50:19au regard de son fils
00:50:21qui était son fils Calixte
00:50:24qui était élève à Bétharame.
00:50:27Et quand il est venu me voir,
00:50:29il a manifesté une incrédulité
00:50:32très grande
00:50:33car il ne pouvait y croire
00:50:36tant les faits étaient
00:50:38graves et patants.
00:50:41Très bien,
00:50:42on va revenir sur le contenu
00:50:44de vos échanges
00:50:44mais je voudrais
00:50:45revenir sur
00:50:47ces circonstances exactes.
00:50:49Vous nous avez indiqué
00:50:51quand François Bayrou
00:50:52est venu me voir
00:50:53et cette déclaration
00:50:54que vous faites ce matin,
00:50:56elle est cohérente
00:50:57avec celle que vous avez
00:50:58toujours faite,
00:50:59notamment devant le journal
00:51:00Le Monde
00:51:01en mars 2024
00:51:02et au journal Mediapart
00:51:04en février 2025
00:51:05où vous indiquez
00:51:05que c'est François Bayrou
00:51:06qui est venu vous parler,
00:51:07que sa démarche
00:51:08était de venir vous voir.
00:51:10Or, François Bayrou
00:51:11décrit lui
00:51:12cette rencontre
00:51:13le 15 février dernier
00:51:15lors d'une conférence de presse
00:51:17comme une rencontre fortuite.
00:51:19Est-ce que
00:51:19vous pourrez revenir
00:51:21sur cette description
00:51:22est-ce que c'est fortuit
00:51:25ou est-ce que c'est une démarche
00:51:27de François Bayrou
00:51:27que de venir vous trouver
00:51:29pour évoquer
00:51:30des sujets
00:51:31qu'on détaillera
00:51:31juste après ?
00:51:34Alors,
00:51:35bien évidemment,
00:51:36ce n'est pas fortuit
00:51:37puisqu'il est venu
00:51:39chez moi
00:51:40à mon domicile
00:51:40qu'il connaissait bien déjà
00:51:42et pour en parler.
00:51:45J'ai été surpris
00:51:46qu'il dise cela d'ailleurs
00:51:47parce que je me suis dit
00:51:49pour un fait aussi simple,
00:51:51c'était focaliser
00:51:52l'attention des médias
00:51:54sur un point
00:51:55qui n'avait pas lieu
00:51:56d'être plus exposé avant.
00:52:00Donc,
00:52:00je n'ai pas très bien compris
00:52:01sa démarche
00:52:02parce que je crois
00:52:04qu'il a commencé
00:52:05par nier la rencontre.
00:52:07Ensuite,
00:52:08il a dit
00:52:09que c'était fortuit
00:52:10pour admettre
00:52:11qu'on s'était rencontrés.
00:52:13Alors,
00:52:13voilà,
00:52:14je ne peux rien dire d'autre,
00:52:16mais ce n'était pas fortuit du tout
00:52:17puisqu'il a fait la démarche
00:52:19de venir à mon domicile.
00:52:21Alors,
00:52:22c'est très clair
00:52:23et je rappelle
00:52:24que vous êtes sous-servant,
00:52:25vous nous dites
00:52:26que c'est une démarche
00:52:27de François Bayrou
00:52:28et qu'il vient
00:52:29à votre domicile.
00:52:30François Bayrou,
00:52:31lui,
00:52:32le 15 février 2025,
00:52:34déclare que cette rencontre,
00:52:35elle a eu lieu
00:52:36sur un chemin
00:52:37puisqu'il vous aurait croisé
00:52:38sur un chemin.
00:52:39Donc,
00:52:39fortuitement,
00:52:39sur un chemin,
00:52:40vous nous confirmez
00:52:41que c'est bien chez vous
00:52:42que cet échange a eu lieu.
00:52:44Tout à fait,
00:52:44c'est bien chez moi
00:52:45et d'ailleurs était présente
00:52:47une de mes filles
00:52:49avec un de ses amis,
00:52:51et qui,
00:52:52à ce moment-là,
00:52:53pour ne pas gêner l'entretien,
00:52:55sont montés
00:52:56dans une chambre,
00:52:59à l'étage.
00:53:00Très bien.
00:53:01François Bayrou
00:53:02déclare également
00:53:03que vous auriez abordé
00:53:07ce sujet
00:53:08des violences sexuelles
00:53:09et des crimes
00:53:10du père Caricard.
00:53:12Je cite le Premier ministre
00:53:13au détour d'une phrase.
00:53:15Or,
00:53:15vous avez,
00:53:16vous,
00:53:16au journal Le Monde
00:53:17en 2024,
00:53:18décrit cette discussion
00:53:19sollicitée par François Bayrou
00:53:21qui se tient chez vous
00:53:21comme une discussion
00:53:22qui aurait duré
00:53:23toute une après-midi.
00:53:24Pourriez-vous revenir
00:53:25sur le temps
00:53:27qu'elle a pris
00:53:28ou qu'a pris
00:53:29cet échange
00:53:30avec François Bayrou ?
00:53:33Il me paraît difficile
00:53:34maintenant
00:53:34de quantifier
00:53:35le temps
00:53:37que cela a duré,
00:53:37mais c'est peut-être
00:53:39beaucoup
00:53:40toute une après-midi,
00:53:41mais en tout cas
00:53:42quelques heures,
00:53:44peut-être deux heures
00:53:45au moins.
00:53:46Au moins.
00:53:47D'accord,
00:53:48donc je fais
00:53:48un petit point
00:53:49d'étape.
00:53:50François Bayrou
00:53:51déclare qu'il vous a
00:53:52rencontré par hasard.
00:53:54Vous dites,
00:53:54vous,
00:53:54qu'il est venu
00:53:55vous trouver.
00:53:56François Bayrou
00:53:57décrit une discussion
00:53:58qui aurait lieu
00:53:59sur un chemin.
00:54:00Vous nous indiquez
00:54:01sous serment
00:54:01que cette discussion
00:54:02a eu lieu
00:54:03chez vous.
00:54:04François Bayrou
00:54:04suggère un bref échange
00:54:07au détour
00:54:07d'une phrase,
00:54:08dit-il,
00:54:08et vous nous confirmez
00:54:10que cette discussion
00:54:11a eu lieu
00:54:12pendant au moins
00:54:13plusieurs heures.
00:54:15Alors,
00:54:16le 12 mars 2024,
00:54:17François Bayrou
00:54:18indique au journal
00:54:19Le Monde
00:54:20« Jamais je n'ai été
00:54:22au courant
00:54:23de cette histoire,
00:54:24celle de Caricard.
00:54:26À ce moment-là,
00:54:27en 1998,
00:54:29je n'ai jamais
00:54:30entendu parler
00:54:31des accusations
00:54:32de viol. »
00:54:33Alors,
00:54:33est-ce que cette déclaration
00:54:34vous paraît
00:54:36sincère
00:54:37après la discussion
00:54:39que vous avez eue
00:54:41pendant plusieurs heures
00:54:42chez vous
00:54:43à propos
00:54:44des crimes
00:54:44du père
00:54:45Caricard
00:54:45avec François Bayrou ?
00:54:47Alors,
00:54:48il faut rappeler
00:54:49d'abord
00:54:50qu'à l'époque,
00:54:52les médias locaux
00:54:53et peut-être
00:54:54même nationaux
00:54:55avaient largement
00:54:56diffusé
00:54:57la teneur
00:55:00des actes
00:55:02commis
00:55:02par Caricard.
00:55:04Donc,
00:55:04quand il est venu
00:55:05me voir,
00:55:06il était,
00:55:07à mon avis,
00:55:07obligatoirement informé
00:55:09déjà
00:55:09par les médias.
00:55:11Et moi-même,
00:55:12avec lui,
00:55:12je n'ai échangé
00:55:13des propos
00:55:15qui restaient
00:55:15dans le cadre
00:55:16de ce que
00:55:17les médias
00:55:18avaient diffusé,
00:55:19largement diffusé
00:55:20même.
00:55:21Voilà,
00:55:22donc,
00:55:22je n'ai pas été
00:55:23plus loin,
00:55:24ce qui aurait
00:55:24peut-être altéré
00:55:25le secret
00:55:27de l'information
00:55:28à l'époque.
00:55:30Très bien.
00:55:31Donc,
00:55:31en 1998,
00:55:32François Bayrou
00:55:33sait qu'il y a eu
00:55:35des violences
00:55:36sexuelles
00:55:36à Bétaram.
00:55:37au moment
00:55:39où il est venu
00:55:40me voir,
00:55:41oui.
00:55:43Oui,
00:55:44considérant
00:55:45que les médias
00:55:47qui en avaient
00:55:49largement
00:55:49diffusé
00:55:50la teneur.
00:55:52Très bien.
00:55:53Quand il vient
00:55:54vous trouver,
00:55:55vous indiquez
00:55:57qu'il est préoccupé
00:55:57par la situation
00:55:59de son fils
00:56:00qui est scolarisé
00:56:01dans l'établissement
00:56:01Bétaram.
00:56:02Est-ce qu'il exprime
00:56:03devant vous
00:56:04une préoccupation
00:56:04plus générale
00:56:05pour d'autres élèves
00:56:06ou pour la totalité
00:56:07des élèves
00:56:08de l'établissement
00:56:08Bétaram
00:56:09qui pourraient
00:56:09eux aussi
00:56:10être exposés
00:56:11à des agresseurs ?
00:56:13Non,
00:56:14du tout.
00:56:15Il n'a parlé
00:56:15que de son fils
00:56:16pour lequel
00:56:17il était inquiet.
00:56:19Il y a un fait,
00:56:20il n'arrivait pas
00:56:21à croire
00:56:21la réalité
00:56:22de ces faits.
00:56:24Il disait,
00:56:25je me souviens
00:56:26très bien,
00:56:26mais c'est incroyable,
00:56:28c'est incroyable.
00:56:30Je rappelle
00:56:31qu'en 1998
00:56:32comme président
00:56:33du Conseil départemental,
00:56:34François Bayrou
00:56:34est alors chargé
00:56:35de la protection
00:56:36de l'enfance
00:56:36et donc vous nous indiquez
00:56:37que son seul souci
00:56:38dans cette échange
00:56:39est de s'assurer
00:56:40de la protection
00:56:40de son seul fils.
00:56:42Les éléments
00:56:43que vous lui révélez
00:56:44sont ceux
00:56:45qui sont déjà disponibles
00:56:47dans la presse.
00:56:48Est-ce que vous sentez
00:56:49François Bayrou
00:56:50apaisé,
00:56:51rassuré,
00:56:52son inquiétude
00:56:53renforcée,
00:56:54aggravée
00:56:54après votre échange ?
00:56:57Non,
00:56:57rassuré,
00:56:58non.
00:56:59Non,
00:56:59il est parti
00:57:01toujours,
00:57:02j'allais dire,
00:57:02perplexe.
00:57:05Très bien.
00:57:05Comment caractériseriez-vous
00:57:06l'ensemble
00:57:07des déclarations
00:57:07récentes
00:57:08de l'actuel
00:57:09Premier ministre
00:57:10sur la façon
00:57:11dont il a décrit
00:57:12cet échange
00:57:12avec vous,
00:57:13sur la façon
00:57:14dont il nie
00:57:15avoir eu connaissance
00:57:16dès 1998
00:57:17de violences sexuelles
00:57:18à Betaram ?
00:57:20Je pense
00:57:21que la mémoire
00:57:23lui a elle aussi
00:57:24lui fait défaut
00:57:24parce qu'il y a
00:57:27une réalité.
00:57:28L'échange
00:57:29que nous avons eu,
00:57:31moi,
00:57:31je ne l'ai pas oublié.
00:57:33Je l'ai maintenu
00:57:34à maintes reprises
00:57:35et je ne comprends pas,
00:57:36je n'ai pas compris
00:57:37d'ailleurs
00:57:38qu'il ait pu
00:57:39l'occulter
00:57:41en contestant
00:57:42d'abord
00:57:42et ensuite
00:57:43en l'édulcorant.
00:57:45Très bien.
00:57:50J'ai deux dernières questions.
00:57:52En mars 2024,
00:57:53vous avez déclaré
00:57:54au journal Le Monde
00:57:55avoir refusé
00:57:55la remise en liberté
00:57:56du père Caricard
00:57:57en 1998
00:57:59en raison,
00:58:00je vous cite,
00:58:01des doutes
00:58:01que vous aviez
00:58:02sur les liens
00:58:04du père Caricard
00:58:05avec la nomenclatura
00:58:07locale.
00:58:08Selon vous,
00:58:08François Bayrou
00:58:09fait-il partie,
00:58:10faisait-il partie
00:58:11de cette nomenclatura
00:58:13locale ?
00:58:14Alors,
00:58:15avec certitude,
00:58:18je ne peux pas le dire,
00:58:19mais en tout cas,
00:58:20il y a plusieurs éléments
00:58:21qui plaidaient
00:58:22sur ce point,
00:58:24notamment
00:58:24le fait
00:58:25qu'il avait
00:58:28son épouse
00:58:29qui enseignait
00:58:30le catéchisme
00:58:30d'une part,
00:58:32d'autre part,
00:58:33le fait
00:58:34que ses enfants
00:58:35ou au moins
00:58:36deux de ses enfants
00:58:37étaient scolarisés
00:58:38à Bétharam
00:58:38et donc,
00:58:40à partir de là,
00:58:41on pouvait supposer
00:58:42qu'il avait rencontré
00:58:43le père Caricard
00:58:44au moins une fois déjà.
00:58:49Et craignez-vous
00:58:50qu'en cas de remise
00:58:51en liberté
00:58:51du père Caricard,
00:58:52eh bien,
00:58:53il puisse entretenir
00:58:55des relations,
00:58:56des liens
00:58:57avec cette nomenclatura
00:58:58dont François Bayrou
00:58:59manifestement
00:59:00était l'une des figures ?
00:59:04Et pourquoi,
00:59:04le cas échéant,
00:59:06aviez-vous cette crainte ?
00:59:08Oui,
00:59:09effectivement,
00:59:10d'autant que
00:59:11l'avocat
00:59:12de Caricard,
00:59:15Maître Legrand,
00:59:16qui était par ailleurs
00:59:17le maire de Monteau,
00:59:19commune limitrophe
00:59:20avec Bétharam,
00:59:22avait monté
00:59:24un comité de soutien
00:59:25composé
00:59:27de pas mal
00:59:28de notabilités
00:59:29qui étaient
00:59:30pour la plupart
00:59:31anciens élèves
00:59:33de Bétharam.
00:59:34Donc,
00:59:35on pouvait craindre
00:59:36en effet
00:59:36qu'il y ait
00:59:37des
00:59:38interférences
00:59:39entre les différents
00:59:41notables,
00:59:42voire même
00:59:42avec M. Bayrou.
00:59:45Des interférences,
00:59:46c'est-à-dire ?
00:59:48Des relations,
00:59:49des relations,
00:59:51j'allais dire,
00:59:52pour atténuer
00:59:53ce qui survenait.
00:59:55La dernière question,
00:59:58à votre connaissance,
00:59:59est-ce que François Bayrou
01:00:00est intervenu
01:00:00dans la libération
01:00:01sous contrôle judiciaire
01:00:03ou dans l'assouplissement
01:00:03du contrôle judiciaire
01:00:05du père Caricard ?
01:00:07Alors ça,
01:00:08je n'ai aucun élément
01:00:09qui puisse le dire,
01:00:11mais déjà,
01:00:14le fait
01:00:14qu'il ait pu être dit
01:00:17ou que j'aurais dit
01:00:18que M. Bayrou
01:00:20était intervenu
01:00:21auprès du procureur général
01:00:23pourrait plaider dans ce sens.
01:00:29Bien,
01:00:29je vous remercie.
01:00:30Nous allons donner maintenant
01:00:31la parole à la rapporteure.
01:00:33Je vous demanderai juste
01:00:34si vous pouvez reculer
01:00:34un tout petit peu
01:00:35quand on voit votre visage
01:00:36en entier,
01:00:36ce serait parfait.
01:00:37Voilà,
01:00:38merci beaucoup.
01:00:38Allez-y,
01:00:39Mme la rapporteure.
01:00:41Merci,
01:00:42M. le juge.
01:00:43Je vais parler bien fort
01:00:44pour que vous n'ayez pas besoin
01:00:45de vous rapprocher.
01:00:47Dans le prolongement
01:00:48des premiers questionnements
01:00:50de cette audition,
01:00:52je voudrais revenir
01:00:52sur le contenu
01:00:55de l'entretien
01:00:56que vous déclarez avoir eu
01:00:58sans vous souvenir
01:00:59de la date précise
01:01:00avec François Bayrou.
01:01:03Il a duré
01:01:04certainement quelques heures
01:01:06selon ce que vous venez
01:01:07de nous rapporter.
01:01:08On était à un moment
01:01:10où il y avait déjà
01:01:11beaucoup de médias
01:01:11qui parlaient de cette affaire
01:01:13du père carical car
01:01:15et donc de violence
01:01:16envers des enfants.
01:01:18Est-ce qu'il était habituel,
01:01:20malgré la présence
01:01:22de vos domiciles
01:01:23et de ce que vous aviez évoqué
01:01:25de vous rencontrer
01:01:26de temps en temps à domicile,
01:01:27est-ce qu'il était habituel
01:01:29et normal
01:01:29qu'un homme politique,
01:01:32un responsable politique,
01:01:33s'entretienne
01:01:34avec un juge d'instruction
01:01:36sur une affaire en cours ?
01:01:38– Oui,
01:01:40à l'époque,
01:01:41ça ne m'a pas surpris
01:01:42au regard
01:01:44de ce qu'était
01:01:46M. Bayrou
01:01:47et que nous étions
01:01:49des voisins
01:01:49qui entretenaient
01:01:51une relation amicale,
01:01:53peut-être pas suivie,
01:01:54mais en tout cas
01:01:55assez fréquemment.
01:01:57Donc,
01:01:58je n'avais pas été surpris
01:02:00de sa démarche
01:02:01et d'autant
01:02:02que les médias
01:02:03avaient déjà largement
01:02:04exposé les faits,
01:02:07j'allais dire
01:02:08que ça ne mangeait pas
01:02:08de pain pour moi
01:02:09d'en parler
01:02:11avec M. Bayrou
01:02:12à l'époque,
01:02:13d'en parler,
01:02:14j'allais dire,
01:02:15à bâton rompu.
01:02:17– Alors,
01:02:17le « à bâton rompu »,
01:02:19vous avez un souvenir
01:02:20d'une discussion
01:02:21qui a duré longtemps
01:02:22et en même temps,
01:02:23vous nous indiquez
01:02:25qu'il n'est s'agit
01:02:26finalement que du sujet
01:02:27de l'affaire Caricard
01:02:30et que de la crainte
01:02:31sur l'un des enfants.
01:02:33Et donc,
01:02:34comment expliquez-vous
01:02:35que ça ait duré
01:02:36aussi longtemps ?
01:02:37Est-ce que,
01:02:37par exemple,
01:02:38vous avez évoqué
01:02:39les sujets de réputation
01:02:40de Bétarame
01:02:41ou de lien de Bétarame
01:02:42avec son environnement ?
01:02:44Sur quoi,
01:02:45globalement,
01:02:45ces heures de discussion
01:02:46dont vous vous souvenez
01:02:47auraient porté longuement ?
01:02:52– Non,
01:02:52je n'ai pas un souvenir
01:02:54si précis,
01:02:5528 ans après,
01:02:58de l'étendue
01:03:00de nos discussions.
01:03:01En tout cas,
01:03:02le sujet principal
01:03:03était bien Bétarame
01:03:05et les faits commis
01:03:06par Caricard,
01:03:08qui pour moi
01:03:08étaient déjà
01:03:09bien établis,
01:03:11révoltants
01:03:12et même,
01:03:12voire ignobles.
01:03:14Ce que je n'avais pas
01:03:16caché à M. Bayrou.
01:03:18Voilà.
01:03:18Et qui n'arrivait pas
01:03:19à le croire.
01:03:20– Alors,
01:03:22à l'époque,
01:03:23à l'époque,
01:03:24M. le juge,
01:03:25ce qui nous est relaté,
01:03:26c'est qu'à l'époque,
01:03:28au-delà de ce sujet,
01:03:29déjà,
01:03:30Bétarame avait
01:03:31une réputation
01:03:32d'être un lieu
01:03:33de redressement
01:03:34où il y avait
01:03:35des méthodes
01:03:36extrêmement dures
01:03:37et dans beaucoup
01:03:39de familles
01:03:40qui viennent encore
01:03:41aujourd'hui
01:03:41nous témoigner
01:03:42de leur expérience
01:03:44ou de ce doncle
01:03:45de cousin,
01:03:46de tante,
01:03:46la punition suprême
01:03:48quand on était
01:03:49dans un établissement
01:03:50du Sud-Ouest,
01:03:51c'était d'être envoyé
01:03:52à Bétarame.
01:03:53Est-ce qu'au moment
01:03:54de cette conversation,
01:03:56au-delà du sujet
01:03:57du viol
01:03:58dont M. Caricard
01:04:00était soupçonné,
01:04:01est-ce que vous aviez
01:04:03connaissance,
01:04:04est-ce que Bétarame,
01:04:05vous pouvez vous souvenir
01:04:07de ce dont vous parliez
01:04:09quand vous parliez
01:04:09de l'établissement Bétarame ?
01:04:11Alors, à l'époque,
01:04:14comme citoyen,
01:04:16je connaissais Bétarame
01:04:17comme pratiquement
01:04:19tous les habitants
01:04:21de la région,
01:04:22comme étant
01:04:23un établissement rigoureux,
01:04:25à une discipline de fer
01:04:27et une éducation
01:04:29à l'ancienne.
01:04:30Mais je n'avais pas
01:04:32de point plus précis
01:04:34pour dire
01:04:35qu'il s'y passait
01:04:36des actes
01:04:38de violence physique,
01:04:40voire plus,
01:04:41donc de violence sexuelle.
01:04:43Je n'en avais aucun écho.
01:04:46Mais comme citoyen,
01:04:47je connaissais
01:04:47la réputation de Bétarame
01:04:49et même mieux,
01:04:51il se disait
01:04:51que Bétarame
01:04:53avait des succès brillants
01:04:55en ce qui concernait
01:04:56la réussite
01:04:58de ses élèves,
01:05:00des résultats brillants,
01:05:02notamment sur le plan
01:05:03scolaire, concours, etc.
01:05:08Je n'en savais pas plus.
01:05:10Alors, vous avez tout à l'heure
01:05:12évoqué des faits ignobles
01:05:14en parlant du viol
01:05:15dont le père Caricard
01:05:17était accusé
01:05:18et pour lequel
01:05:18il a été déféré.
01:05:21Quelle a été
01:05:22votre réaction
01:05:24lorsque vous avez appris
01:05:26la remise
01:05:27en liberté
01:05:28du père Caricard
01:05:29le 9 juin 1998 ?
01:05:32Est-ce que,
01:05:32dans votre expérience,
01:05:33cette remise en liberté
01:05:34était probable,
01:05:36attendue ?
01:05:37Est-ce que vous sentiez
01:05:38les choses venir ?
01:05:39Vous avez parlé
01:05:40de la notoriété
01:05:41et de l'influence
01:05:42du père Caricard.
01:05:43Est-ce que vous avez été surpris ?
01:05:44Est-ce que c'était habituel
01:05:45ou inhabituel
01:05:47comme décision ?
01:05:49Alors,
01:05:49je vais essayer
01:05:50de modérer mes propos.
01:05:52Quand j'ai appris
01:05:53sa remise en liberté,
01:05:56j'ai été surpris
01:05:57parce que c'était
01:05:58une décision
01:05:59contre toute attente.
01:06:01Il suffisait de lire,
01:06:02ne serait-ce que cela,
01:06:04la déclaration
01:06:04de la première victime,
01:06:06Franck,
01:06:08dont je me demande
01:06:10si je rappellerai
01:06:12le détail,
01:06:13peut-être.
01:06:14Voulez-vous
01:06:15que je rappelle le détail ?
01:06:16Oui, vous pouvez.
01:06:17Oui, oui, bien sûr.
01:06:19Eh bien,
01:06:19le jour du décès
01:06:21du père de l'enfant,
01:06:24la mère a averti,
01:06:25l'institution a averti
01:06:28M. Caricard
01:06:29pour lui dire
01:06:30qu'il fallait
01:06:31que l'enfant vienne
01:06:32à Bordeaux
01:06:33pour les obsèques.
01:06:35Et Caricard,
01:06:36donc,
01:06:37s'est occupé
01:06:39de l'enfant,
01:06:40est venu le réveiller,
01:06:42l'a amené
01:06:43dans sa salle
01:06:44de douche privée
01:06:45où il l'a déshabillé
01:06:48et là,
01:06:49il a essayé
01:06:51de le pénétrer.
01:06:53N'y arrivant pas,
01:06:54car l'enfant
01:06:54réagissait
01:06:56instinctivement,
01:06:58il a introduit
01:06:59son sexe
01:07:00dans la bouche
01:07:01de l'enfant
01:07:01et a éjaculé
01:07:03dans la bouche
01:07:05et sur le visage
01:07:06de l'enfant.
01:07:07Quand je parle
01:07:07de fait ignoble,
01:07:09leur ignominie
01:07:10me suffit largement
01:07:11pour l'évoquer.
01:07:14Donc,
01:07:15l'enfant
01:07:15est violé,
01:07:18ce qui n'était
01:07:20pas la première fois
01:07:21apparemment
01:07:22pour cet enfant
01:07:23puisque d'autres
01:07:24faits étaient
01:07:25survenus
01:07:25à l'occasion
01:07:27dans les dortoirs.
01:07:29Il faut savoir
01:07:29que ces faits
01:07:31et d'autres
01:07:31qui sont survenus
01:07:32plus tard
01:07:32concernaient
01:07:34principalement
01:07:35l'internat,
01:07:37les enfants
01:07:37en internat
01:07:38et non pas
01:07:39les enfants
01:07:41en externat
01:07:41ou demi-pension
01:07:42dont faisaient partie
01:07:44les enfants
01:07:45de M. Bayron.
01:07:47Vous avez dit,
01:07:49M. le juge,
01:07:50je vais modérer
01:07:50mes propos
01:07:51quand je vous ai
01:07:52posé la question
01:07:53de votre réaction
01:07:54à la libération,
01:07:56la remise en liberté
01:07:57du père Caricard
01:07:59sous contrôle judiciaire.
01:08:00Est-ce que vous pouvez,
01:08:01sans modérer
01:08:02vos propos,
01:08:03exprimer
01:08:04ce que vous avez
01:08:05ressenti
01:08:06et dit autour de vous
01:08:07au moment
01:08:08où vous avez appris
01:08:09cette nouvelle ?
01:08:11J'ai été révolté
01:08:13par cette nouvelle.
01:08:15car la simple lecture
01:08:17du premier procès
01:08:18verbal d'audition
01:08:19de la première victime
01:08:21était tellement
01:08:22édifiant
01:08:23qu'à aucun moment
01:08:24on n'aurait pu penser
01:08:25qu'une remise
01:08:26en liberté
01:08:27serait intervenue.
01:08:29À aucun.
01:08:30Et ça m'a révolté,
01:08:32pas moi seulement.
01:08:34J'avais deux greffières
01:08:35à l'époque
01:08:36qui partageaient
01:08:37avec moi
01:08:37le même sentiment.
01:08:39Et d'autres personnes
01:08:40d'ailleurs
01:08:41dans le tribunal,
01:08:43y compris
01:08:43un certain nombre
01:08:44d'avocats,
01:08:45sauf ceux
01:08:46qui évoluaient
01:08:48dans le sillage
01:08:50de l'avocat
01:08:50de Caricard,
01:08:52Maître Legrand.
01:08:54Donc,
01:08:55je ne comprenais pas
01:08:57la mesure
01:08:58qui avait été prise.
01:08:59Je ne comprenais
01:09:00vraiment pas.
01:09:01D'autant plus
01:09:01que les motivations,
01:09:03j'ai rappelé
01:09:04d'ailleurs
01:09:04dans mes réponses écrites
01:09:06qu'on peut faire dire
01:09:08à une démotivation
01:09:10une chose
01:09:11et son contraire.
01:09:12C'est très facile.
01:09:14Et là,
01:09:15c'est ce que
01:09:15la Chambre d'accusation
01:09:16avait motivé
01:09:18de façon,
01:09:20j'allais dire,
01:09:21pas habituelle,
01:09:22mais presque habituelle
01:09:23pour justifier
01:09:25la remise en liberté
01:09:27de Caricard.
01:09:28Vous exprimez donc
01:09:31à la fois
01:09:31votre sentiment
01:09:32de révolte
01:09:33et vous expliquez
01:09:35ici,
01:09:36sous serment,
01:09:36que vous avez discuté
01:09:37avec de nombreuses personnes
01:09:39dans votre entourage,
01:09:41des greffiers,
01:09:42des avocats,
01:09:43en commentant
01:09:45cette décision
01:09:46qui donc révoltait
01:09:47un certain nombre
01:09:47de personnes.
01:09:48Est-ce qu'à l'époque,
01:09:50vous avez pu
01:09:50mener une action ?
01:09:52Est-ce qu'en tant
01:09:53que juge d'instruction,
01:09:54il y avait quelque chose
01:09:55à faire ?
01:09:57Alors,
01:09:57à l'époque,
01:09:58en tant que juge d'instruction,
01:10:00il n'y avait rien à faire.
01:10:01J'avais
01:10:02les bras coupés,
01:10:04disons.
01:10:05Les seules voies
01:10:06de recours
01:10:07que j'avais,
01:10:09je n'en vois pas tellement.
01:10:12Qu'est-ce qu'il aurait
01:10:13fallu faire ?
01:10:16Non,
01:10:17je ne vois pas
01:10:17ce que j'aurais pu faire.
01:10:19C'était me soumettre
01:10:19à la décision
01:10:20de la Chambre
01:10:22d'accusation
01:10:22collégiale.
01:10:24D'ailleurs,
01:10:24puisqu'ils étaient trois,
01:10:26dont un président,
01:10:27qui avait
01:10:29pris cette mesure
01:10:32sur réquisition
01:10:34du représentant
01:10:36du Parti général,
01:10:37et je crois
01:10:38qu'à l'époque,
01:10:38c'était un avocat général,
01:10:40M. Basset,
01:10:42qui avait requis
01:10:42la remise en liberté,
01:10:44ce qui,
01:10:44d'une certaine manière,
01:10:46avait permis
01:10:47à la Chambre
01:10:48d'accusation
01:10:49de prendre
01:10:49une décision
01:10:50qui l'a soulagée
01:10:52au regard
01:10:53de la personnalité
01:10:54de l'accusé.
01:10:57Donc,
01:10:58ça m'avait révolté
01:11:00dans tous les sens,
01:11:02y compris
01:11:02pour la remise
01:11:03en liberté
01:11:04d'un prédateur
01:11:05qui s'est avéré,
01:11:07comment dire,
01:11:09chronique
01:11:09par la suite
01:11:10et à l'encontre
01:11:17de la protection
01:11:17d'autres victimes
01:11:19éventuellement.
01:11:20Je vais vous lire
01:11:22un courrier
01:11:23qui date
01:11:23du 15 juin
01:11:241998,
01:11:26une partie de courrier
01:11:27qui est adressée
01:11:28par le procureur général
01:11:29M. Rousseau,
01:11:31le procureur général
01:11:34de Pau,
01:11:36M. Rousseau,
01:11:36de la cour d'appel
01:11:37de Pau,
01:11:38qui est adressée
01:11:39à Mme la garde
01:11:40des Sceaux,
01:11:40donc le 15 juin
01:11:411998,
01:11:43soit six jours
01:11:44après la remise
01:11:45en liberté
01:11:46du père Caricard,
01:11:48qui informe
01:11:49j'ai l'honneur
01:11:50en vous confirmant
01:11:51les termes
01:11:51de mon compte-rendu
01:11:52téléphonique
01:11:53du 26 mai
01:11:531998,
01:11:55de vous informer
01:11:56du déroulement
01:11:56de la procédure
01:11:57criminelle
01:11:58concernant le père
01:11:59Caricard,
01:12:00qui redonne
01:12:01les faits
01:12:02en les qualifiant
01:12:04au conditionnel,
01:12:07qui parle
01:12:08de la mise
01:12:09en détention,
01:12:10qui parle
01:12:10de l'ordonnance
01:12:11de mise en liberté
01:12:12et qui,
01:12:13dans la partie
01:12:133 perspectives,
01:12:16écrit
01:12:16à la ministre
01:12:18« En l'état,
01:12:19l'information
01:12:20n'a porté
01:12:21que sur les faits
01:12:22dénoncés
01:12:22par une seule personne,
01:12:24mais le Pélénian
01:12:25a évoqué
01:12:26d'autres faits
01:12:26susceptibles
01:12:27d'avoir été commis
01:12:28par des enseignants
01:12:29religieux
01:12:29et sur divers élèves.
01:12:31L'information
01:12:32aura à vérifier
01:12:33ce qu'il en est.
01:12:34L'institution
01:12:35Notre-Dame
01:12:36de Bétaram
01:12:36est très connue
01:12:37dans le sud-ouest
01:12:38et reçoit
01:12:39des pensionnaires
01:12:39de toute la région,
01:12:41y compris
01:12:41de Bordeaux
01:12:42et de Toulouse. »
01:12:45Est-ce que vous avez
01:12:46eu connaissance
01:12:46de ce courrier
01:12:47adressé par le procureur
01:12:49général à la ministre
01:12:50quelques jours
01:12:51après cette remise
01:12:51en liberté ?
01:12:53Non, non, du tout.
01:12:55Je n'ai pas eu connaissance
01:12:56de ce courrier.
01:12:59Je n'étais pas
01:13:00normalement
01:13:01destinataire
01:13:02ni pour information
01:13:04ni pour autre fait,
01:13:05pour autre cause.
01:13:07Non.
01:13:07À la lecture
01:13:08de ce courrier,
01:13:09quelle est votre réaction ?
01:13:13Eh bien,
01:13:14c'est dommage
01:13:15que
01:13:16alors que ce courrier
01:13:19a été fait,
01:13:20il y ait eu
01:13:21des réquisitions
01:13:22du parquet général
01:13:24de remise
01:13:25en liberté
01:13:26de caricat
01:13:27alors que
01:13:28ce courrier
01:13:29ouvrait une perspective
01:13:30d'enquête
01:13:32complémentaire.
01:13:36Alors,
01:13:36c'est très important
01:13:37ce que vous voulez
01:13:38nous dire
01:13:38dans les perspectives,
01:13:39en fait.
01:13:40Alors, moi,
01:13:40ce que je remarque
01:13:41dans le paragraphe
01:13:42que je vous ai lu,
01:13:43c'est le fait
01:13:44que ça relativise
01:13:45que les faits dénoncés
01:13:46par une seule personne
01:13:47pourraient justifier
01:13:48la remise en liberté
01:13:50qui a eu lieu
01:13:50quelques jours avant.
01:13:52Ça donne aussi
01:13:53l'information
01:13:53que vous confirmez
01:13:54que le père Caricard,
01:13:55comme l'institution
01:13:57Notre-Dame de Bétaram,
01:13:58est très connue
01:13:59dans le sud-ouest
01:13:59et reçoit
01:14:00des pensionnaires
01:14:01de partout.
01:14:02Mais il y a effectivement
01:14:03cette phrase,
01:14:04l'information aura
01:14:05à vérifier
01:14:06ce qu'il en est.
01:14:07C'est écrit
01:14:08par le procureur général,
01:14:10comme le plaignant
01:14:12a évoqué
01:14:12d'autres faits
01:14:13susceptibles
01:14:14d'avoir été commis.
01:14:15Et donc ça,
01:14:16à votre connaissance,
01:14:17après la remise
01:14:18en liberté,
01:14:18vous n'avez pas
01:14:20connaissance
01:14:20d'autres faits,
01:14:23il n'y a pas
01:14:23d'information judiciaire
01:14:24qui continue,
01:14:25il ne se passe plus rien.
01:14:27Alors,
01:14:29non,
01:14:29pas exactement.
01:14:32Il y avait
01:14:33d'autres faits
01:14:33puisque une deuxième
01:14:35victime s'était manifestée
01:14:36pour laquelle
01:14:38j'avais décidé
01:14:39d'entendre
01:14:40à nouveau
01:14:40Caricard.
01:14:41et une troisième
01:14:42que j'avais
01:14:43moi-même découverte
01:14:45fortuitement
01:14:45grâce à une relation
01:14:47que j'avais
01:14:48dans une librairie
01:14:51paloise
01:14:51auprès d'une conseillère
01:14:53librairie,
01:14:55donc une troisième
01:14:56sur laquelle
01:14:57je n'ai pas pu
01:14:58investiguer,
01:15:00d'autant que
01:15:00la mère de l'enfant
01:15:02qui avait été violée
01:15:03par un ecclésiastique
01:15:04à Bétharame,
01:15:06je ne peux pas dire
01:15:06si c'est Caricard,
01:15:07mais apparemment
01:15:08c'était lui.
01:15:09Donc la mère
01:15:11de cet enfant
01:15:12qui était femme
01:15:13de ménage
01:15:13dans l'institution
01:15:15ne voulait pas
01:15:16perdre son emploi
01:15:17en révélant
01:15:19ses faits
01:15:19concernant son fils.
01:15:23En fait,
01:15:24si je comprends bien,
01:15:25monsieur le juge,
01:15:26j'ai compris
01:15:26pour bien comprendre
01:15:27les suites
01:15:27de l'enquête
01:15:28suite à la remise
01:15:29en liberté
01:15:29conditionnelle
01:15:31du père Caricard,
01:15:33vous avez poursuivi
01:15:35des investigations
01:15:36de ce qui nous a été
01:15:37d'ailleurs indiqué
01:15:37par les gendarmes
01:15:38sur l'autre déclaration
01:15:39de viol,
01:15:40la seconde déclaration
01:15:41de viol,
01:15:42mais sur ce qui était
01:15:44dans ce courrier
01:15:45et sur le père Caricard
01:15:47lui-même
01:15:47et la première victime,
01:15:50après la remise
01:15:50en liberté,
01:15:51il n'y avait plus
01:15:52d'investigation
01:15:53sur ce sujet-là.
01:15:54Tout à fait.
01:15:56D'autant que Caricard
01:15:57était à ce moment-là
01:15:59à quelques mille
01:16:01ou 1500 kilomètres
01:16:02du lieu d'instruction
01:16:04de cette information.
01:16:07Donc,
01:16:08je voyais mal
01:16:08comment l'interroger
01:16:10à nouveau,
01:16:11le confondre,
01:16:12le confronter,
01:16:14procéder aux expertises
01:16:16médico-psychologiques,
01:16:18psychiatriques,
01:16:19à l'enquête
01:16:20de personnalité,
01:16:21tout cela a été réduit
01:16:23à néant.
01:16:25Donc,
01:16:26ce que vous nous expliquez,
01:16:28c'est que
01:16:29la remise en liberté
01:16:30conditionnelle
01:16:31puis l'assouplissement
01:16:32du contrôle judiciaire
01:16:33du 29 juin 1999,
01:16:36l'autorisant
01:16:36à résider à Rome,
01:16:39a empêché
01:16:40toutes les investigations
01:16:42complémentaires
01:16:43que vous venez
01:16:43de nous lister
01:16:44qui auraient été possibles
01:16:46au regard
01:16:46du second viol déclaré
01:16:48et des déclarations
01:16:49d'autres cas rencontrés.
01:16:55Tout à fait,
01:16:55oui.
01:16:56Ça a rendu impossible
01:16:57la poursuite
01:16:58de l'information.
01:17:00Ah,
01:17:00on pourra me dire,
01:17:01oui,
01:17:02malgré la distance,
01:17:04vous auriez pu investiguer.
01:17:06Mais on connaît mal
01:17:08comment se déroule
01:17:10une information judiciaire
01:17:11à ce moment-là.
01:17:14Et pour terminer
01:17:15pour ma partie de questions,
01:17:17ensuite,
01:17:18en 2000,
01:17:19le père Caricard
01:17:20s'est donc suicidé
01:17:21puisqu'il était convoqué
01:17:23à la suite
01:17:24d'une seconde plainte.
01:17:25Donc,
01:17:25il était quand même convoqué.
01:17:27Est-ce que,
01:17:29quelle a été votre réaction
01:17:30suite à cette information ?
01:17:32Quelles ont été
01:17:33les suites
01:17:33de l'enquête ?
01:17:35Et est-ce qu'il y a eu
01:17:38des conséquences
01:17:39directes et indirectes
01:17:41de votre travail
01:17:43malgré
01:17:43le suicide
01:17:45du père Caricard
01:17:46qui a stoppé
01:17:46une partie
01:17:47de l'investigation ?
01:17:49Oui,
01:17:50à la suite
01:17:51du suicide
01:17:52de Caricard,
01:17:55je me suis fait
01:17:56communiquer
01:17:57par les autorités
01:17:58italiennes
01:17:58le rapport
01:18:00d'autopsie.
01:18:02Et là,
01:18:03j'ai été interpellé
01:18:04par le fait
01:18:05que la taille
01:18:06de Caricard
01:18:07ne correspondait pas
01:18:09à celle
01:18:10de l'homme
01:18:11que j'avais eu
01:18:11à deux reprises
01:18:12devant moi.
01:18:13Donc,
01:18:15il y avait
01:18:17une erreur
01:18:17de au moins
01:18:18de quelques 5
01:18:19à 10 centimètres.
01:18:22Donc,
01:18:23j'ai décidé
01:18:25d'exhumer
01:18:26Caricard
01:18:27et de faire procéder
01:18:28à une nouvelle
01:18:30autopsie.
01:18:31Autopsie
01:18:32qui a eu lieu
01:18:33à Pau
01:18:33après le
01:18:35transfert du corps
01:18:36et qui a permis
01:18:39de confirmer
01:18:39qu'il s'agissait
01:18:40bien de lui.
01:18:42Parce qu'avec
01:18:43son avocat,
01:18:44on supputait
01:18:45son avocat
01:18:46qui était maître
01:18:47boulanger
01:18:47du barreau
01:18:48de Bordeaux,
01:18:50qui était l'avocat
01:18:50même dans l'affaire
01:18:52des partis civils
01:18:53de l'affaire
01:18:54Papon
01:18:54à Bordeaux.
01:18:56Et donc,
01:18:57on supputait
01:18:58qu'il ait pu être,
01:19:00son corps
01:19:01ait pu être
01:19:01substitué
01:19:02par un autre
01:19:04et que lui
01:19:05aurait été
01:19:06expédié
01:19:08dans une maison
01:19:09de bétarame
01:19:10dans le monde.
01:19:11Parce qu'il y en a
01:19:12plusieurs dans le monde,
01:19:14en Afrique
01:19:14et notamment
01:19:15en Amérique du Sud.
01:19:18Donc,
01:19:19on a eu la confirmation
01:19:20que c'était bien lui
01:19:21et ce qui
01:19:23mettait fin
01:19:25à l'action pénale
01:19:26puisque le décès
01:19:28est intervenu,
01:19:29qu'il n'y ait pas eu
01:19:30d'autres
01:19:30mises en cause
01:19:31à l'instant
01:19:33dans ce dossier.
01:19:34Donc,
01:19:35l'action publique
01:19:35qui est en les têtes,
01:19:37le dossier
01:19:37se clôturait.
01:19:40Malheureusement.
01:19:45Merci,
01:19:46M. le juge.
01:19:47Je voudrais revenir
01:19:48sur votre échange
01:19:49en 1998
01:19:50avec François Bayrou
01:19:51où vous lui décrivez
01:19:52des faits
01:19:53que vous avez caractérisés
01:19:54d'ignobles,
01:19:55de révoltants.
01:19:57Et vous nous dites
01:19:57que François Bayrou
01:19:58n'arrivait pas
01:19:59à le croire.
01:20:01Alors,
01:20:01qu'est-ce qu'il n'arrivait
01:20:02pas à croire
01:20:02exactement ?
01:20:04Il n'arrivait pas
01:20:05à croire
01:20:06qu'à Ricard,
01:20:08qu'il semblait connaître.
01:20:10Autrement,
01:20:11il n'aurait pas
01:20:11émis cette observation,
01:20:14il semblait connaître
01:20:15et pu commettre
01:20:18ces faits.
01:20:19Il n'arrivait pas
01:20:20à le croire
01:20:20qu'il ait commis
01:20:22un viol
01:20:23parce qu'on n'en était
01:20:25à ce moment-là
01:20:26qu'au premier viol.
01:20:28Il n'arrivait pas
01:20:29à le croire
01:20:29ce qu'il laissait supposer
01:20:32qu'il le connaissait.
01:20:37C'est très clair
01:20:38qu'il le connaissait
01:20:39et qu'il avait
01:20:39même une certaine
01:20:41conception
01:20:41du père Carica,
01:20:43qu'il le connaissait
01:20:44suffisamment
01:20:44pour imaginer
01:20:45que sa conduite
01:20:46face à pareille
01:20:47révélation
01:20:48était incompatible.
01:20:53Tout à fait.
01:20:53Tout à fait, oui.
01:20:55Très bien.
01:20:56Je le souligne
01:20:56parce que nous sommes
01:20:57en 1988
01:20:58et je veux redire
01:20:59qu'en février 2025,
01:21:01à la mairie de Pau,
01:21:03devant les victimes
01:21:04de Bétarame,
01:21:05François Bayrou,
01:21:06maire de Pau,
01:21:07Premier ministre
01:21:07de la France,
01:21:08a affirmé
01:21:09ne pas connaître
01:21:10le père Carica.
01:21:14Oui,
01:21:14ça me paraît
01:21:15un peu
01:21:17comment dire
01:21:18ça me paraît
01:21:21un peu inexact.
01:21:22parce que tout plaide
01:21:24pour dire
01:21:25qu'il le connaissait,
01:21:27son épouse
01:21:27qui enseignait,
01:21:28ses enfants
01:21:29qui étaient élèves,
01:21:31le fait
01:21:32qu'il n'arrivait pas
01:21:33à croire
01:21:33qu'il ait commis
01:21:35les faits
01:21:35qu'on reprochait
01:21:36à Carica,
01:21:37ce qu'il laissait entendre
01:21:38qu'il connaissait
01:21:39cet homme
01:21:40et sa personnalité.
01:21:42Donc,
01:21:42on a du mal
01:21:43croire,
01:21:44en effet.
01:21:47Merci.
01:21:48Depuis que vous avez
01:21:49fait les déclarations
01:21:50en 2024,
01:21:52vous avez commencé
01:21:53à vous exprimer
01:21:54dans la presse
01:21:55au sujet
01:21:55de cette affaire
01:21:56en répondant
01:21:57à des questions
01:21:58de divers journalistes
01:21:59et dans les émissions.
01:22:00quelles sont
01:22:02les réactions
01:22:03de votre entourage ?
01:22:04Vous habitez toujours
01:22:05dans le même secteur ?
01:22:08Au même domicile ?
01:22:09Toujours, oui.
01:22:09Quelles sont
01:22:10les réactions ?
01:22:12Voilà,
01:22:12des...
01:22:13Pardon.
01:22:15Oui,
01:22:15j'en ai eu
01:22:16de bien diverses,
01:22:18notamment
01:22:18concomitamment
01:22:20au décès
01:22:20de Carica,
01:22:22j'en ai eu
01:22:23de la part
01:22:23de certains membres
01:22:24du clergé,
01:22:26à savoir
01:22:26qu'Anaï,
01:22:28qui est une commune
01:22:29proche
01:22:31de Bétarame,
01:22:32il y a eu
01:22:33un dimanche
01:22:34à une messe
01:22:35et un serment
01:22:37dans lequel
01:22:37j'étais voué
01:22:39aux gémonies.
01:22:41J'ai eu
01:22:42des réactions
01:22:42d'autres ecclésiastiques
01:22:44que je ne connaissais pas
01:22:45et sauf d'un
01:22:47qui s'appelle
01:22:48et qui est décédé
01:22:49actuellement,
01:22:50qui s'appelle
01:22:50Barthaburu,
01:22:52qui m'avait
01:22:52exprimé
01:22:54son soutien.
01:22:56Donc,
01:22:56Carica n'avait pas
01:22:57l'entière
01:22:58satisfaction
01:22:59de ses
01:23:01co-religionnaires.
01:23:03Voilà,
01:23:03donc j'ai eu
01:23:04ces réactions.
01:23:05J'ai eu
01:23:05des réactions
01:23:06d'hostilité
01:23:07aussi manifestées
01:23:09par le comité
01:23:09de soutien
01:23:10de Carica,
01:23:12par certains avocats
01:23:14qui suivaient
01:23:16le comportement
01:23:19de Maître Legrand,
01:23:20l'avocat de Carica.
01:23:22Donc,
01:23:23c'est vrai
01:23:23que j'ai eu
01:23:24des moments
01:23:24un peu difficiles.
01:23:26Et depuis un an,
01:23:29est-ce que vous avez,
01:23:31sur les déclarations
01:23:32précises
01:23:32que vous avez
01:23:33exprimées
01:23:35dans la presse,
01:23:36eu,
01:23:37sur le plan
01:23:38local
01:23:39ou national,
01:23:40des réactions,
01:23:41des appels
01:23:42concernant
01:23:44les déclarations
01:23:44que vous avez faites ?
01:23:46Non,
01:23:47je n'ai eu
01:23:48aucune réaction.
01:23:50J'ai eu,
01:23:51au contraire,
01:23:52de la part
01:23:52des médias
01:23:53que j'ai pu rencontrer,
01:23:56comment dire,
01:23:57de la compréhension,
01:23:58un soutien,
01:23:59sachant
01:24:01le développement
01:24:03que cette affaire
01:24:04a eu,
01:24:04puisqu'on en est
01:24:05au moins
01:24:06pas loin
01:24:07de 200 victimes
01:24:09révélées.
01:24:11Donc,
01:24:12et je dirais même
01:24:14que
01:24:16que les investigations
01:24:19qui ont été empêchées
01:24:20de se poursuivre
01:24:23par la remise
01:24:24en liberté
01:24:25ont fait
01:24:26que peut-être
01:24:27aurions pu,
01:24:28nous,
01:24:30comment dire,
01:24:31aurions pu
01:24:32déceler
01:24:34d'autres victimes
01:24:36et empêcher
01:24:37qu'elles le deviennent
01:24:39à l'époque.
01:24:39Je dirais
01:24:44que c'est un dossier
01:24:45qui me laisse
01:24:47beaucoup d'amertume
01:24:48parmi les nombreux
01:24:50que j'ai eus
01:24:50et qui me laisse
01:24:53beaucoup de regrets.
01:24:56Merci,
01:24:57M. le juge.
01:24:58Je pense
01:24:58que nous sommes là
01:24:59aussi pour témoigner
01:25:00que la prescription
01:25:01est aussi un frein
01:25:03dans ce dossier
01:25:04et que des révélations
01:25:06auraient pu être faites
01:25:06avant
01:25:07si le dossier
01:25:10Caricard
01:25:10n'avait pas été
01:25:11très vite enterré.
01:25:13Et là,
01:25:13on l'entend largement
01:25:15dans cette commission
01:25:15d'enquête.
01:25:17Nous avons terminé
01:25:18de vous interroger.
01:25:19Si vous avez
01:25:20quelque chose
01:25:20à ajouter,
01:25:21n'hésitez pas
01:25:22à le faire.
01:25:23La première défaillance,
01:25:25j'avais dit
01:25:26que la gestion
01:25:27de cette affaire
01:25:29par la justice
01:25:30avait été
01:25:31désastreuse.
01:25:31désastreuse.
01:25:33Pourquoi ?
01:25:34Parce que
01:25:35la première défaillance
01:25:36a été la remise
01:25:37en liberté
01:25:38de Caricard.
01:25:40La deuxième
01:25:40a été
01:25:41les mesures
01:25:43du contrôle judiciaire
01:25:44qui l'ont permis
01:25:45de vivre
01:25:46à l'étranger,
01:25:49obérant ainsi
01:25:50la poursuite
01:25:51de l'information
01:25:51et de l'enquête.
01:25:53Alors que j'avais
01:25:54sur cette affaire
01:25:55des enquêteurs
01:25:56hors pair,
01:25:58M. Hontan
01:25:58et M. Matraso,
01:26:00en qui j'avais
01:26:01toute confiance
01:26:02et en qui je l'ai
01:26:03toujours encore.
01:26:05Voilà,
01:26:05c'était bien dommage
01:26:07d'avoir raté
01:26:09cette affaire.
01:26:10Je vous remercie.
01:26:10Nous allons donc
01:26:11clore la discussion
01:26:13et les deux rapporteurs,
01:26:17je pense,
01:26:18et moi-même,
01:26:19nous vous remercions
01:26:19très sincèrement
01:26:20de cette discussion
01:26:22qui est...
01:26:23Moi, je trouve
01:26:24que vous avez encore
01:26:25les idées très claires
01:26:26de ce qui s'est passé
01:26:27notamment à l'époque
01:26:28et même s'il n'y a pas
01:26:29de documents écrits.
01:26:30Je pense que votre parole
01:26:31fait vraiment foi.
01:26:33Merci beaucoup.
01:26:34Voilà pour ces témoignages
01:26:35très forts
01:26:36que vous avez pu entendre.
01:26:38Celui du policier
01:26:39qui était chargé
01:26:40des investigations
01:26:40lors de la première enquête
01:26:42conduite pour des viols
01:26:44commis à Notre-Dame
01:26:45de Bétaram.
01:26:46C'était à la fin
01:26:47des années 90.
01:26:48Et puis,
01:26:48vous avez aussi entendu
01:26:49le magistrat
01:26:50Christian Mirand.
01:26:51Ce dernier avait assuré
01:26:52n'avoir aucun souvenir
01:26:54de son échange
01:26:55supposé
01:26:56qui avait été révélé
01:26:57dans la presse
01:26:58avec François Bayrou,
01:26:59le Premier ministre
01:27:00qui sera d'ailleurs
01:27:01entendu lui aussi
01:27:02par la commission d'enquête.
01:27:04Ce sera lors
01:27:05d'un temps plus politique.
01:27:07Ainsi se termine
01:27:07cet épisode.
01:27:08Rendez-vous très bientôt
01:27:09sur LCP
01:27:10pour voir
01:27:11ou revoir
01:27:11un autre moment parlementaire.
01:27:13Sous-titrage Société Radio-Canada