La séance est ouverte ! - Situation internationale : audition de Dominique de Villepin - 09/04/2025 - Vidéo Dailymotion

LCP Assemblée nationale

Mercredi 9 avril, les députés de la commission des affaires étrangères auditionnent Dominique de Villepin sur la situation internationale. Dominique de Villepin a débuté sa carrière politique en tant que secrétaire général de l'Élysée en 1995 avant de devenir ministre des Affaires étrangères de 2002 à 2004, puis ministre de l'Intérieur jusqu'en 2005. Il est ensuite nommé Premier ministre par Jacques Chirac, et occupe le poste jusqu'en 2007. Relations commerciales avec les États-Unis et la Chine, relations diplomatiques avec l'Algérie, guerre en Ukraine, situation à Gaza ou en Turquie : les sujets de questionnement sont nombreux.

Transcript

00:00:00Générique

00:00:00Bonjour à tous et bienvenue sur LCP dans ce nouvel épisode.

00:00:12Face à l'Amérique de Donald Trump et à l'expansionnisme de Vladimir Poutine,

00:00:16quelle place reste-t-il pour l'Europe et quel rôle pour la diplomatie française dans ce monti instable ?

00:00:23Pour le savoir, direction la salle de la Commission des Affaires étrangères,

00:00:27puisqu'un ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac est auditionné,

00:00:34il s'agit de Dominique de Villepin qui livre son analyse sur la situation internationale

00:00:40et son regard sur le monde actuel.

00:00:42Celui qui reste l'une des personnalités préférées des Français s'exprime avec son style habituel,

00:00:49rappelant que la diplomatie c'est avant tout de la constance et des principes,

00:00:53il n'hésite pas à dire ce qu'il pense sans détour de la politique étrangère actuelle de la France

00:00:59et notamment du rôle de l'exécutif.

00:01:03Dominique de Villepin, face aux députés, c'est tout de suite sur LCP.

00:01:07Je vais essayer dans une courte introduction de présenter, tel que je le vois,

00:01:13les quelques grands enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui,

00:01:16à commencer par la nouvelle équation stratégique du monde, une équation impériale profondément renouvelée

00:01:22par le retournement de l'administration Trump et donc le basculement de l'Amérique dans les derniers mois.

00:01:32Je voudrais partir de ce qui, je crois, fonde ce basculement du monde,

00:01:37qui est l'épuisement du modèle mondial, l'épuisement des ressources de notre monde

00:01:43et l'épuisement, une forme de désenchantement aussi de notre modernité

00:01:48qui se manifeste par les promesses non tenues de ce modèle ancien,

00:01:53qu'il s'agisse de la croissance, qu'il s'agisse de la mondialisation,

00:01:57qu'il s'agisse de la centralité et de la puissance militaire

00:01:59ou encore de la foi dans le progrès technologique ou la foi dans la démocratie libérale.

00:02:06Autant de désaffection qui aujourd'hui explique le profond changement du monde.

00:02:12Tous ces piliers sont ébranlés et nous voyons donc le retour des formes impériales

00:02:17à commencer par le modèle américain qui surprend beaucoup

00:02:22et qui renouvelle une fois de plus le jeu de la puissance internationale.

00:02:28C'est un impérialisme qui combine des choses curieuses, étranges même,

00:02:33à la fois l'instinct, la volonté de mouvement, la volonté de domination,

00:02:37une capacité à marier la sidération, le chaos, une volonté de soumission de l'ordre international.

00:02:45C'est donc à la fois un révisionnisme de l'ordre mondial, un illimitisme,

00:02:50et c'est un point central, c'est qu'il n'y a plus de limite dans un monde

00:02:54qui lui-même est de plus en plus limité.

00:02:56Et on voit là le paradoxe et la contradiction, d'où la violence de l'offensive américaine.

00:03:02C'est aussi, on le mesure tous les jours, un unilatéralisme et bien sûr un technologisme

00:03:08parce qu'il se double de cette composante technologique qui en change profondément la nature.

00:03:16Alors il y a à côté de cela des modèles alternatifs, impériaux.

00:03:20On le voit avec la Chine qui est d'abord un empire du contrôle, c'est donc un empire d'une autre nature.

00:03:25Et on le voit bien sûr avec le modèle impérial russe qui lui reprend les codes de son histoire

00:03:32et en quelque sorte s'inscrit dans une très longue durée.

00:03:37Alors pour la France et pour l'Europe, c'est un contexte de risques nombreux.

00:03:42Et je crois qu'il faut vraiment les évaluer pour pouvoir mesurer à quel point nous sommes aujourd'hui dans une situation nouvelle.

00:03:50Le premier risque, c'est celui de la fragmentation de l'ordre international qui est d'autant plus grand que le droit est contourné,

00:03:59la souveraineté est instrumentalisée, les forums multilatéraux paralysés.

00:04:05Et il en résulte donc une destruction de l'ordre multilatéral traditionnel à commencer par la mise en panne du système onusien.

00:04:13Le deuxième risque, c'est celui de la banalisation de la guerre, de son extension, l'extension y compris de sa nature,

00:04:22qui résulte de l'avènement de la guerre hybride, économique, cognitive,

00:04:27qui devient un mode ordinaire de gestion de la puissance avec un effacement des seuils de conflictualité.

00:04:35Et cette marche vers la guerre hybride globale, totale, eh bien tous les jours, on voit qu'elle fait des pas plus importants.

00:04:45Le troisième risque, c'est celui de la prolifération nucléaire, qui a été considérablement accrue par la crise ukrainienne,

00:04:53puisque la perception d'un manque de crédibilité, des garanties de sécurité qui ont été offertes par le mémorandum de 1994,

00:05:01peut bien sûr inciter un certain nombre de puissances dans la planète à chercher la dissuasion par leurs propres moyens.

00:05:09C'est donc, en matière de prolifération horizontale, un pas en avant considérable.

00:05:14Le quatrième risque, il faut malheureusement en reparler, c'est la résurgence d'un terrorisme structurel ou conjoncturel.

00:05:22Dans un monde disloqué, les marges deviennent des foyers d'opportunisme violents, qu'il s'agisse d'acteurs non étatiques ou semi-étatiques.

00:05:32Le terrorisme, loin d'avoir disparu, change de forme, toujours.

00:05:37Il est à la fois plus diffus, plus stratégique, parfois même adossé à des logiques étatiques indirectes.

00:05:44Il faut donc là aussi parer à toutes ces menaces qui s'accumulent.

00:05:49Dernier élément, c'est le risque de voir un effacement progressif de la démocratie, tel que nous la considérons,

00:05:58qui est miné par la question identitaire et ne vous a pas échappé en regardant l'évolution du modèle américain,

00:06:05que la question identitaire a été la clé du triomphe de Donald Trump.

00:06:09C'est en appuyant sur la question identitaire, c'est tellement pas en promettant des politiques publiques raisonnées,

00:06:15c'est en promettant d'agir sur cette question identitaire, tout en prétendant régler la guerre culturelle

00:06:22auxquelles faisaient face les États-Unis depuis déjà un certain nombre d'années.

00:06:25Mais cette instrumentalisation de l'identité conduit inévitablement à un nouveau risque pour nos modèles démocratiques,

00:06:33le risque d'une gouvernance sans citoyenneté, d'un pouvoir réduit à une représentation contestée

00:06:39et d'un dialogue public fragilisé par la fatigue civique.

00:06:45Dans cette nouvelle logique impériale, il y a une question qui se pose immédiatement pour nous,

00:06:51c'est la question du commerce international, donc je l'aborderai en priorité,

00:06:55avec déjà les débuts d'une escalade, on le voit en ce qui concerne la Chine,

00:07:00qui a choisi de répondre avec vigueur, rendant coup pour coup aux hausses américaines.

00:07:05Nous sommes maintenant à des taux de droits de douane de 104% pour la Chine

00:07:10et se pose donc la question de savoir ce que nous allons faire nous-mêmes.

00:07:13L'Union européenne a choisi la patience, elle doit être capable de mobiliser tous les outils qui sont les siens

00:07:19et ils sont nombreux, qu'ils soient de l'ordre tarifaire ou non tarifaire,

00:07:23qu'il s'agisse des services financiers ou des services numériques.

00:07:27Et il y a par ailleurs le fameux instrument anti-coercition qui s'ajoute à la panoplie des différents outils possibles.

00:07:35La stratégie de la riposte graduée me paraît, c'est ma conviction, la plus adéquate

00:07:40dans la mesure où nous savons que la hausse des droits de douane impacte au premier chef les consommateurs.

00:07:46C'est donc les consommateurs américains qui vont être les premiers touchés par les décisions de Donald Trump

00:07:50et dans la riposte que nous pourrions engager, ce sont les consommateurs européens qui seront les plus touchés,

00:07:56même s'ils seront moins touchés que ne le seraient également les consommateurs américains.

00:08:00Donc nous n'avons pas intérêt à rentrer dans une escalade où nous serions perdants.

00:08:08Je crois qu'une nouvelle fois, comme le fait la culture européenne s'inspirant d'Ulysse contre Achille,

00:08:18la ruse paraît plus adaptée.

00:08:20Et nous avons un certain nombre de dispositifs, je pense en particulier à ce dispositif avancé par un certain nombre d'espères

00:08:26concernant l'Union européenne qui pourrait écarter les entreprises américaines de ces offres publiques

00:08:32qui nous préservent de cette logique d'escalade et d'engrenage.

00:08:36La gradation de notre réponse devrait prendre en compte la différenciation des différentes hausses.

00:08:43Il y a une première hausse qui est la hausse universelle de 10% qui a pour but de réduire l'impôt aux États-Unis.

00:08:49Il y a une deuxième tranche, les 20% qui nous concernent, les 34% qui concernent les Chinois

00:08:53qui eux ont pour but de réindustrialiser les États-Unis.

00:08:56C'est la partie qu'il faut prendre le plus au sérieux et qu'il faut traiter la plus directement.

00:09:00Mais il y a une troisième tranche qui est celle qui vise pour les États-Unis à réduire leur déficit commercial

00:09:07et qui a pour but aussi d'entraîner la baisse du dollar, la baisse des prix du pétrole

00:09:11et de rendre donc l'économie américaine plus compétitive.

00:09:15Dans ce domaine, on voit bien à quel point il est important que la coordination et l'unité des Européens soient défendues.

00:09:21Madame Mélanie sera aux États-Unis dans les prochains jours.

00:09:24Rien ne serait pire que de voir les Européens négocier en ordre dispersé,

00:09:28ce qui permettrait évidemment aux Américains de diviser les Européens à bon compte,

00:09:34sachant que les positions sont assez différentes selon qu'on est allemand, français ou italien

00:09:39et qu'il y a donc de la marge pour les Américains à jouer entre les uns et les autres.

00:09:45Le deuxième enjeu stratégique pour l'Europe aujourd'hui,

00:09:50c'est l'enjeu de la nouvelle architecture de sécurité et de défense

00:09:54dans un contexte où l'héritage français nous place dans une position presque idéale

00:10:00à la suite des décisions du général de Gaulle,

00:10:04puisque c'est une situation d'indépendance et à disposition d'outils, d'instruments,

00:10:09à commencer par la force de dissuasion, qui nous place dans une bonne position.

00:10:13Je tiens de ce point de vue à saluer à la fois l'intuition et la ligne défendues

00:10:18par le Président de la République concernant la défense d'une autonomie stratégique européenne.

00:10:24Je crois que c'est la bonne ligne.

00:10:25Aujourd'hui, les Européens commencent à comprendre la nécessité d'avancer dans ce sens

00:10:29et donc il importe d'être capable d'ouvrir deux chapitres complémentaires

00:10:33avec beaucoup de prudence et beaucoup de mesures.

00:10:36Premier chapitre sur une réflexion sur l'extension de notre protection nucléaire,

00:10:41mais qui bien évidemment passe par une réflexion sur les intérêts vitaux,

00:10:44mais qui ne doit pas modifier notre capacité à décider seul de l'emploi de la force.

00:10:51Deuxième chapitre, c'est une nouvelle politique de défense européenne.

00:10:55J'évoque rapidement deux points.

00:10:57C'est le premier point, celui sur les opérations,

00:11:00compte tenu du fait qu'il faut œuvrer à deux niveaux d'interopérabilité.

00:11:04Le premier niveau de base, c'est celui entre les Européens et l'Alliance.

00:11:09Le deuxième niveau, c'est entre le pilier européen et les États-Unis,

00:11:13avec la constitution d'une avant-garde européenne,

00:11:16car on voit bien que ce n'est qu'à quelques-uns qu'on pourra véritablement doter l'Europe

00:11:19d'un moteur crédible dans ce domaine,

00:11:23avec le Royaume-Uni, avec d'autres pays en dehors de l'Union européenne,

00:11:28la Turquie ou la Norvège.

00:11:29Deuxième dimension, c'est en matière d'équipement,

00:11:32où nous devons être capables d'effectuer un partage du fardeau

00:11:36avec de grands choix collectifs.

00:11:38Je pense en particulier aux priorités dans le domaine du réarmement,

00:11:42la défense antiaérienne, les capacités aéronautiques,

00:11:45les capacités en matière de reconnaissance et de communication satellitaire.

00:11:49Donc on voit bien que nous devons être capables de définir des projets

00:11:52et d'être crédibles dans la mise en œuvre de ces projets.

00:11:57Au-delà de ces différents enjeux,

00:12:02il y a, je crois, quatre principes qui doivent nous guider,

00:12:04nous Français, dans la conduite de notre politique étrangère.

00:12:07Le premier principe, c'est un principe de continuité.

00:12:10Nous sommes dans un monde de sidération, d'effroi, de chaos.

00:12:13Nous avons pu voir à quel point, dans les dernières années,

00:12:16le fait d'osciller, le fait de vouloir tantôt jouer une carte,

00:12:21tantôt une autre,

00:12:23lasse un peu nos partenaires comme nos adversaires

00:12:27et crée un trouble.

00:12:28Nous devons donc avoir de la constance et de la durée dans notre vision.

00:12:32C'est l'enjeu face à Donald Trump.

00:12:34On ne fait, d'une manière générale, souvent que réagir,

00:12:38alors qu'il faudrait poser un cadre et définir des stratégies

00:12:41le plus possible avec les Européens.

00:12:44De la même façon, il faut de la continuité,

00:12:46de l'engagement dans la gestion des crises.

00:12:49On le voit à Gaza.

00:12:50Là aussi, nous avons adopté plusieurs tons, plusieurs stratégies.

00:12:54Nous ne pouvons pas avoir, sur des crises aussi graves,

00:12:58un intérêt à éclipse

00:12:59qui alterne entre compassion, engagement et indifférence.

00:13:03Nous devons, là aussi, si l'on veut être efficace et peser,

00:13:07véritablement être cohérent dans notre engagement.

00:13:11Troisièmement, il faut de la continuité dans la vision

00:13:13et les objectifs sur l'Ukraine.

00:13:17Depuis trois mois, on évoquait régulièrement

00:13:19l'idée d'un déploiement de troupes au sol,

00:13:21d'un réarmement, d'une économie de guerre.

00:13:23Tout ça paraît déjà quasiment des choses antiques

00:13:26dans le contexte de la nouvelle équation

00:13:29sur l'offensive commerciale américaine.

00:13:33Donc là encore, ne lâchons pas les fils

00:13:36que nous estimons devoir tenir.

00:13:38Il faut de la cohérence et de la continuité.

00:13:41Le deuxième principe, c'est celui d'unité.

00:13:43Il n'y a pas de politique étrangère

00:13:45sans l'unité du pays.

00:13:47Et je vois avec inquiétude

00:13:48que le gaulo-mitterando-chirakisme

00:13:51a malheureusement volé en éclats depuis 2007

00:13:54pour laisser place à des séquences clignotantes

00:13:58et souvent un désaveu de notre diplomatie.

00:14:01En 2003, le message de la France

00:14:03était un message collectif, multilatéral.

00:14:06Il faut garder les fondamentaux qui sont les nôtres.

00:14:11Et de même, au niveau européen,

00:14:12il faut chercher à embarquer tout le monde.

00:14:14On a bien vu qu'en cherchant à jouer

00:14:17les uns contre les autres

00:14:18ou à privilégier les uns et les autres,

00:14:20au bout du compte, nous étions perdants.

00:14:22Troisième principe fondamental,

00:14:24défendre notre souveraineté française et européenne

00:14:27en nous donnant les moyens

00:14:28sur le plan sécuritaire, économique et technologique

00:14:31de faire face aux nouveaux empires.

00:14:33Quatrièmement, fidèle à notre exigence de défense

00:14:36de l'ordre international fondé sur les piliers

00:14:39de l'humanisme, de l'universalisme,

00:14:40du multilatéralisme,

00:14:42contre les tentations qui sont devant nous,

00:14:45nous devons véritablement nous mobiliser

00:14:48pour revoir l'ordre de 1945,

00:14:52l'ordre de 91, qui se sont effondrés.

00:14:54Et il est dommage que la France

00:14:55n'ait pas pris le leadership

00:14:57de cette recomposition,

00:14:59de cette restructuration

00:15:01de l'ordre mondial.

00:15:03C'était, j'allais dire,

00:15:04dans l'ordre des choses.

00:15:05C'était écrit.

00:15:06C'était fait pour nous

00:15:09et c'était fait pour l'Europe,

00:15:10sachant que la France et l'Europe

00:15:12sont prises en étau entre la Chine

00:15:13et les Etats-Unis et que nous avons intérêt

00:15:15à redessiner cette ordre mondiale

00:15:17en n'oubliant pas que dans ce contexte,

00:15:20le vivier, les partenaires privilégiés

00:15:23avec lesquels nous devons travailler,

00:15:24c'est bien sûr le sud global.

00:15:26On a beaucoup glosé sur l'existence

00:15:28ou la non-existence de ce sud global.

00:15:30Ce sud global, on va le voir de plus en plus,

00:15:32il existe.

00:15:33Et l'Europe, avec ce sud global,

00:15:35doivent devenir les piliers

00:15:37d'un monde équilibré.

00:15:39Je terminerai par quelques mots

00:15:40sur les deux principales crises

00:15:42qui nous préoccupent.

00:15:44Il y en a bien d'autres en Afrique et ailleurs.

00:15:47Deux crises qui sont l'Ukraine et Gaza

00:15:51qui doivent nous conduire

00:15:54à marquer notre différence

00:15:55de Français et d'Européens.

00:15:57Pour l'Ukraine, nous devons, à mon sens,

00:15:59avancer selon trois axes.

00:16:01D'abord, affirmer notre soutien à l'Ukraine

00:16:03qui répond à une nécessité stratégique.

00:16:05Il y a bien une guerre d'agression

00:16:07auxquelles nous faisons face.

00:16:09Ce n'est pas un simple conflit territorial.

00:16:13Cette agression remet en cause

00:16:14les fondements même de l'ordre international.

00:16:17Et face à cette entreprise de déstabilisation,

00:16:19la position de la France doit rester claire.

00:16:22Un soutien à l'Ukraine impératif,

00:16:24stratégique, politique et moral.

00:16:26Il ne s'agit pas de faire

00:16:28une quelconque faveur à l'Ukraine.

00:16:30Il s'agit d'apporter à l'Ukraine

00:16:32une aide militaire, industrielle,

00:16:35diplomatique, humanitaire.

00:16:36Et parallèlement, nous devons avancer

00:16:38pour défendre l'idée d'une paix juste.

00:16:40Deuxièmement, il faut un accord de paix

00:16:43qui ne peut être garanti

00:16:44sans la participation active

00:16:47de l'Ukraine et des Européens.

00:16:49Et de ce point de vue,

00:16:50je ne crois pas que la question de la paix

00:16:52puisse à aucun moment être confisquée

00:16:54par quelque grande puissance que ce soit.

00:16:57Ça veut dire que la France

00:16:58pourrait participer à un accord

00:17:00de cessez-le-feu ou de paix

00:17:01avec le Royaume-Uni,

00:17:03avec d'autres Européens,

00:17:04mais dans un cadre multilatéral,

00:17:07légitime,

00:17:08incluant l'Union européenne

00:17:09et avec une pleine participation

00:17:11aux discussions

00:17:11et la définition des termes de l'accord.

00:17:14En revanche,

00:17:15il ne me paraît pas envisageable

00:17:17d'engager une présence militaire au sol

00:17:19en dehors de ce cadre multilatéral

00:17:21pour garantir un accord

00:17:23auquel nous n'aurions pas contribué.

00:17:25Une telle situation nous exposerait

00:17:27à la fois à un engrenage militaire,

00:17:29nous placerait en situation

00:17:30de grande vulnérabilité

00:17:31vis-à-vis du pouvoir russe

00:17:33et ferait de la France

00:17:34comme de toute force européenne

00:17:36une variable d'ajustement

00:17:37dans le jeu stratégique

00:17:38entre les Américains et les Russes.

00:17:41Enfin, troisième axe,

00:17:42engager une refondation

00:17:44de l'architecture de sécurité européenne.

00:17:47Cela concerne l'avenir

00:17:48de la sécurité collective en Europe

00:17:49et cela veut dire, bien sûr,

00:17:52une architecture crédible,

00:17:53coordonnée, autonome,

00:17:55en coopération avec l'Ukraine

00:17:56et avec une capacité diplomatique

00:17:58et stratégique collective

00:18:00qui évite à l'Europe

00:18:01d'être marginalisée ou instrumentalisée

00:18:04par les grandes puissances.

00:18:05Deuxième crise,

00:18:07il s'agit de donner une chance à la paix

00:18:09en reconstruisant le cadre politique

00:18:12face à ce qui ressemble

00:18:13chaque jour davantage,

00:18:15il faut le dire fortement,

00:18:16à une guerre sans fin.

00:18:18On ne voit plus aujourd'hui

00:18:19ni les objectifs militaires

00:18:21et bien évidemment,

00:18:23certainement pas les objectifs politiques

00:18:24qui sont derrière la poursuite

00:18:26de cet engrenage.

00:18:27Alors, il ne faut pas accepter

00:18:30aucune forme d'ambiguïté

00:18:31face à ce qui se passe à Gaza.

00:18:33Dans sa brutalité,

00:18:35dans son impasse,

00:18:36dans son extension,

00:18:38il est le résultat,

00:18:40dans la période qui s'est ouverte

00:18:42après le 7 octobre,

00:18:43d'une attaque terroriste

00:18:45due à masse

00:18:46qu'il faut condamner

00:18:47sans ambiguïté

00:18:49et qui est aujourd'hui

00:18:50à la source

00:18:51d'une catastrophe humanitaire

00:18:53qui frappe des dizaines

00:18:54de milliers de civils

00:18:55et qui détruit

00:18:56les infrastructures.

00:18:58Mais aujourd'hui,

00:18:58on le voit,

00:18:59ce conflit

00:19:00déborde Gaza,

00:19:01touche la Cisjordanie,

00:19:02le sud du Liban,

00:19:03la Syrie,

00:19:04l'ensemble de la région

00:19:05et pourrait conduire

00:19:06à une escalade

00:19:07avec l'Iran.

00:19:08Donc,

00:19:08la poursuite

00:19:09de l'intervention israélienne

00:19:11dans ce contexte,

00:19:12en dehors de toute stratégie militaire

00:19:14et en l'absence

00:19:14de tout objectif politique,

00:19:16autre que celui

00:19:17d'un départ des populations palestiniennes

00:19:19et d'un grignotage

00:19:20du territoire

00:19:21Gazaoui,

00:19:22ne fait qu'accroître

00:19:23le drame humanitaire

00:19:24avec la reprise du blocus

00:19:26au mépris total

00:19:27des populations civiles

00:19:28et,

00:19:28il faut le rappeler aussi,

00:19:30de la vie

00:19:31des derniers otages.

00:19:32La seule issue crédible

00:19:34reste,

00:19:35à mon sens,

00:19:36la solution

00:19:37à deux États.

00:19:38Il s'agit de créer

00:19:39un État israélien

00:19:40et un État palestinien

00:19:41vivant côte à côte

00:19:42avec des garanties

00:19:43de sécurité,

00:19:43ce que ne cesse de rappeler

00:19:44la diplomatie française

00:19:46depuis longtemps.

00:19:48Or,

00:19:48cette solution,

00:19:49elle est aujourd'hui

00:19:49activement contrecarrée

00:19:51par le gouvernement israélien

00:19:52et par l'administration américaine.

00:19:55Le plan Trump,

00:19:56Riviera en Gaza,

00:19:58a servi

00:19:59de diversion utile,

00:20:00plan tout à fait farfelu

00:20:02qui envisage,

00:20:04comme vous le savez,

00:20:05la reconstruction

00:20:05d'un Gaza

00:20:06débarrassé de ses habitants,

00:20:08démilitarisé

00:20:08mais sans souveraineté réelle

00:20:10qui constitue donc

00:20:11une impasse

00:20:12à la fois morale

00:20:13et politique.

00:20:15Il est ce plan

00:20:16d'autant plus utopique

00:20:17qu'il ne répond

00:20:17à aucune

00:20:18des revendications

00:20:19des Palestiniens.

00:20:21Il est dangereux

00:20:22car il légitime

00:20:23le fait accompli

00:20:24et enterre

00:20:25la perspective

00:20:26d'un État

00:20:26et le droit

00:20:27d'une population

00:20:28à s'autodéterminer

00:20:29et il est illégal

00:20:31également

00:20:31par le déplacement forcé

00:20:33de populations entières.

00:20:35Dans ce contexte,

00:20:36il y a deux questions

00:20:37à mon sens

00:20:37qui s'opposent.

00:20:38D'abord la question

00:20:39de la reconnaissance

00:20:40de l'État palestinien

00:20:41et le président

00:20:42de la République

00:20:42sur place

00:20:43et je salue

00:20:44cette visite

00:20:45auprès

00:20:46du maréchal

00:20:47al-Sissi,

00:20:48du président égyptien

00:20:49avec

00:20:50le roi

00:20:52de Jordanie

00:20:53a pu mesurer

00:20:54en s'approchant

00:20:55de la région

00:20:56de Gaza

00:20:57à quel point

00:20:58le désastre

00:20:58humanitaire

00:20:59était important

00:20:59et à quel point

00:21:00aujourd'hui

00:21:01la véritable raison

00:21:03de ce désastre

00:21:04c'est l'engrenage

00:21:05de la violence

00:21:06et la seule issue

00:21:07pour empêcher

00:21:07cet engrenage

00:21:08de la violence

00:21:09c'est de transformer

00:21:10cette violence

00:21:11en perspective

00:21:12politique

00:21:13et la seule

00:21:14perspective politique

00:21:15qu'on connaisse

00:21:15dans cette région

00:21:16c'est la reconnaissance

00:21:17de l'État palestinien

00:21:19qui réaffirmerait

00:21:20le droit du peuple

00:21:21palestinien

00:21:22à l'autodétermination

00:21:23qui redonnerait

00:21:24une légitimité politique

00:21:25à l'autorité palestinienne

00:21:27et qui ouvrirait

00:21:28la voie

00:21:28ou qui suivrait

00:21:29une conférence internationale

00:21:31vous savez

00:21:31que cette conférence

00:21:32elle est fixée

00:21:33pour le mois de juin

00:21:33dans le cadre

00:21:34de l'ONU

00:21:34il y a donc

00:21:35aujourd'hui

00:21:36une perspective

00:21:38qui est ouverte

00:21:39qui est malheureusement

00:21:40encore lointaine

00:21:41mais qui est ouverte

00:21:43pour le mois de juin

00:21:45dans une conférence

00:21:46copilotée

00:21:47par l'Arabie saoudite

00:21:49et la France

00:21:50en attendant

00:21:53nous ne sommes pas

00:21:55sans capacité

00:21:55d'agir

00:21:56et là aussi

00:21:57comme pour chaque crise

00:21:59nous devons être capables

00:22:00de nous mobiliser

00:22:01avec fermeté

00:22:02et nous savons tous

00:22:03que nous disposons

00:22:05d'outils

00:22:05dans le cadre européen

00:22:07pour remettre

00:22:08les choses

00:22:09d'aplomb

00:22:10qu'il s'agisse

00:22:11des leviers

00:22:12en matière de coopération

00:22:13comme l'accord

00:22:14d'association

00:22:14Union Européenne

00:22:16Israël

00:22:16ou qu'il s'agisse

00:22:17de mesures spécifiques

00:22:18face à l'intensification

00:22:20de la politique

00:22:21de colonisation

00:22:22en Cisjordanie

00:22:23Dominique de Villepin

00:22:24auditionnée

00:22:25ce 9 avril

00:22:26à l'Assemblée nationale

00:22:28l'ancien premier ministre

00:22:29Jacques Chirac

00:22:30a répondu

00:22:31aux questions

00:22:31nombreuses

00:22:32et parfois virulentes

00:22:34de la représentation nationale

00:22:35l'occasion aussi

00:22:37d'aborder

00:22:37les relations tumultueuses

00:22:39entre Paris

00:22:40et Alger

00:22:41après des mois

00:22:42de crise diplomatique

00:22:44liée notamment

00:22:45à l'expulsion

00:22:46d'influenceurs étrangers

00:22:47l'ancien premier ministre

00:22:49a mis en garde

00:22:50les députés

00:22:50sur je cite

00:22:52le risque

00:22:52de l'engrenage

00:22:53et de la surenchère

00:22:55sur les questions identitaires

00:22:57Monsieur le Premier ministre

00:22:58vous soutenez

00:22:59à juste titre

00:22:59que partout

00:23:00des formes impériales

00:23:01ressurgissent

00:23:02qu'elles soient

00:23:03politiques, économiques

00:23:04technologiques

00:23:04ou culturelles

00:23:06plusieurs grandes puissances

00:23:07ont en effet renoué

00:23:07depuis le début du XXe siècle

00:23:09avec une politique impérialiste

00:23:10l'exemple

00:23:11le plus frappant

00:23:12est bien sûr

00:23:12celui de la Russie

00:23:13qui a lancé

00:23:13une invasion totale

00:23:14sur l'Ukraine en 2022

00:23:15même si la Chine

00:23:17la Turquie

00:23:17et bien sûr

00:23:18les Etats-Unis

00:23:18ne sont pas en reste

00:23:19le retour de ces postures

00:23:21impérialistes

00:23:21menace bien sûr

00:23:22la stabilité internationale

00:23:23et la négation

00:23:24de la souveraineté

00:23:25des Etats visés

00:23:26fait craindre

00:23:26la multiplication

00:23:27des conflits

00:23:27dans le même temps

00:23:28la crise démocratique

00:23:29et politique

00:23:30gagne du terrain

00:23:30dans plusieurs pays

00:23:31tandis que la gestion

00:23:32des finances publiques

00:23:33risque d'exacerber

00:23:34les tensions sociales

00:23:35déjà existantes

00:23:36dans une réflexion

00:23:37sur les raisons

00:23:38qui ont mené

00:23:38à ce que vous désignez

00:23:39comme une bascule

00:23:40d'époque

00:23:41vous mentionnez

00:23:42beaucoup d'éléments

00:23:43qui ont tout particulièrement

00:23:44raisonné chez moi

00:23:45je pense notamment

00:23:45aux fractures sociales

00:23:46que vous soulevez

00:23:47la fin d'un idéal

00:23:48d'émancipation

00:23:49d'une dignité humaine

00:23:51mise à mal

00:23:51la montée

00:23:52du ressentiment

00:23:53de ceux qui voient

00:23:54les bénéfices

00:23:54de la mondialisation

00:23:55se concentrer toujours

00:23:56plus dans les mains

00:23:57d'une élite métropolitaine

00:23:58ces mots sont ceux

00:24:00qui essaiment

00:24:00dans nos territoires

00:24:01ultramarins

00:24:01depuis la fin

00:24:02de l'ère coloniale

00:24:03et l'annonce toujours

00:24:03différée

00:24:04de l'impératif

00:24:05d'égalité effective

00:24:06entre tous les citoyens français

00:24:08nous incarnons à nous seuls

00:24:10de par nos singularités

00:24:11les deux mondes

00:24:12que vous décrivez

00:24:13et qui se regardent

00:24:14des sociétés

00:24:14qui vieillissent d'un côté

00:24:15une jeunesse

00:24:16qui s'impatiente de l'autre

00:24:17par contre

00:24:18l'une comme l'autre

00:24:19est marquée

00:24:19par un non-développement

00:24:20qui injecte méfiance

00:24:22et ressentiment

00:24:22au sein de la population

00:24:23mais l'une et l'autre

00:24:24sont trop souvent envisagées

00:24:25sous un prisme

00:24:26purement utilitaire

00:24:27et utilisatrice

00:24:29par la France

00:24:30qui les voit avant tout

00:24:31comme des relais

00:24:31de puissance

00:24:32et d'influence

00:24:33plutôt que comme des composantes

00:24:34de l'ensemble national

00:24:35au regard du contexte

00:24:37international actuel

00:24:38de la réorganisation

00:24:38du monde autour

00:24:39des nouveaux empires

00:24:40et des revendications

00:24:41territoriales récentes

00:24:42des Etats-Unis

00:24:42comment analyseriez-vous

00:24:44la situation française

00:24:45d'un point de vue

00:24:46ultramarin ?

00:24:47Quel regard posez-vous

00:24:48sur la tension

00:24:49qui pourrait animer

00:24:50plusieurs territoires

00:24:51d'île outre-mer

00:24:51de se tourner vers

00:24:52d'autres pays

00:24:52plus offrants que la France

00:24:54pour envisager leur

00:24:55développement économique

00:24:55et social ?

00:24:57Plus globalement

00:24:57pensez-vous que

00:24:58la guerre commerciale

00:25:00et son escalade quotidienne

00:25:01ne sont qu'un prélude

00:25:02à une guerre

00:25:02cette fois-ci militaire ?

00:25:04Le cas échéant,

00:25:04comment envisagez-vous

00:25:05la reconfiguration

00:25:06des alliances

00:25:07entre grandes puissances

00:25:07sur la scène internationale ?

00:25:09Les pays du Sud

00:25:10pourraient-ils avoir

00:25:11un rôle de faiseur de roi ?

00:25:13Je vous remercie.

00:25:13Vous avez raison

00:25:14de souligner

00:25:16dans ce monde

00:25:18fracturé

00:25:19et dominé

00:25:20par l'équation impériale

00:25:21l'importance

00:25:22du monde ultramarin

00:25:24pour la France.

00:25:26Ce n'est pas seulement

00:25:28un élément de puissance,

00:25:30c'est un élément

00:25:32constitutif

00:25:34de notre puissance.

00:25:36Imaginer la France

00:25:37sans la capacité

00:25:39à maintenir

00:25:40cette unité nationale

00:25:41à travers le monde

00:25:42ultramarin

00:25:43serait

00:25:43véritablement rentrée

00:25:46dans ce que j'appellerais

00:25:48un autre pays.

00:25:49Et c'est dire

00:25:50que nous avons

00:25:51à travers ce rayonnement

00:25:52mondial

00:25:53qu'offre

00:25:54à la France

00:25:55ce monde ultramarin

00:25:57a privilégié

00:26:00tout ce qui

00:26:00peut maintenir

00:26:02l'unité

00:26:03entre la métropole

00:26:04et ce monde

00:26:06ultramarin.

00:26:08Nous savons tous

00:26:09les mouvements

00:26:09qui ont agité

00:26:10diversement

00:26:13pour des raisons

00:26:13différentes,

00:26:14à la fois statutaires

00:26:15mais aussi

00:26:16de coup de la vie

00:26:17un certain nombre

00:26:18de territoires.

00:26:19Il faut donc

00:26:20à chaque fois

00:26:21prendre la mesure

00:26:22de ces enjeux

00:26:23et être capable

00:26:24de faire en sorte

00:26:26que cette

00:26:26présence

00:26:28française

00:26:28à travers le monde

00:26:29qui nous donne

00:26:30la possibilité

00:26:31d'avoir

00:26:31la deuxième zone

00:26:33exclusive maritime

00:26:34mondiale

00:26:34c'est dire

00:26:35à quel point

00:26:36cela compte

00:26:36pour la puissance

00:26:37française

00:26:38mais au-delà

00:26:39de cela

00:26:39j'ajouterai

00:26:40la composante

00:26:41humaine

00:26:43privilégiée

00:26:44que cela donne

00:26:44à la France.

00:26:46Cette dimension

00:26:47de diversité

00:26:50française

00:26:51cette dimension

00:26:53d'universalisme

00:26:55français

00:26:55est un élément

00:26:56sur le plan

00:26:57de la représentation

00:26:58de la France

00:26:59et de la vision

00:27:00de la France

00:27:00dans le monde

00:27:01un élément

00:27:02de puissance

00:27:03et de rayonnement

00:27:04et de conviction.

00:27:05Dans la capacité

00:27:06que la France

00:27:07aujourd'hui

00:27:07par sa diplomatie

00:27:08a à convaincre

00:27:10un certain nombre

00:27:12d'États

00:27:12cette prise en compte

00:27:15de la diversité

00:27:16est un élément majeur.

00:27:18Donc je pense

00:27:18véritablement

00:27:19qu'il y a là

00:27:20des piliers

00:27:21fondamentaux

00:27:22dans la définition

00:27:24de l'identité

00:27:26française

00:27:26qui doivent être

00:27:27défendues

00:27:27soutenues

00:27:28et qu'à ce titre

00:27:29il faut

00:27:30sur tous les fronts

00:27:31qu'il s'agisse

00:27:31des fronts économiques

00:27:33de la question sociale

00:27:34de la question

00:27:37de la sécurité

00:27:38à travers

00:27:39ce monde

00:27:42ultramarin

00:27:43doivent être

00:27:44pris en compte

00:27:44accrus

00:27:45défendus

00:27:46donc là je crois

00:27:47que oui

00:27:47il y a des ressources

00:27:48qui sont encore

00:27:49insuffisamment exploitées

00:27:51en termes

00:27:51politiques et stratégiques

00:27:53et nous devons

00:27:54chaque jour davantage

00:27:55prendre la mesure

00:27:56de ce que cela apporte

00:27:58à quel point cela

00:27:59contribue

00:28:00à la France.

00:28:01Dans votre exposé

00:28:01ce matin

00:28:02mais aussi dans votre

00:28:03nouvel essai

00:28:04dernier essai

00:28:04le pouvoir de dire non

00:28:05vous proclamez

00:28:06mener un combat

00:28:08existentiel

00:28:09pour la démocratie

00:28:09et la république

00:28:10c'est une ambition

00:28:11que nous pouvons

00:28:11évidemment partager

00:28:12mais à lire

00:28:13vos prises de position

00:28:14ou à écouter

00:28:15vos discours

00:28:16une question demeure

00:28:17à quoi précisément

00:28:18dites-vous oui

00:28:19vous êtes de ceux

00:28:20monsieur le Premier ministre

00:28:21qu'on peut qualifier

00:28:21d'insaisissables

00:28:22c'est plutôt une qualité

00:28:23d'ailleurs en réalité

00:28:24ancien Premier ministre

00:28:26de droite

00:28:26applaudi aujourd'hui

00:28:27par la gauche radicale

00:28:28à la fête de l'UMA

00:28:29gaulliste autoproclamé

00:28:31rêvant d'une Europe fédérale

00:28:33patriote revendiqué

00:28:34prompt à dénoncer

00:28:35l'unilatéralisme

00:28:37un peu américain

00:28:39mais étonnamment discret

00:28:40sur l'activisme religieux

00:28:41j'y reviendrai

00:28:42et politique

00:28:42de certaines puissances

00:28:43du Golfe

00:28:44l'ambiguïté

00:28:46semble être devenue

00:28:47finalement une marque

00:28:47de fabrique

00:28:48vous plaidez pour une Europe

00:28:49indépendante

00:28:50capable de dire non

00:28:51aux Etats-Unis

00:28:52très bien

00:28:53mais comment concilier

00:28:54cette exigence de souveraineté

00:28:55avec votre foi

00:28:56fédéraliste

00:28:57qui appelle

00:28:58à une Europe

00:28:59fiscalement harmonisée

00:29:00politiquement unifiée

00:29:02autrement dit

00:29:02une Europe

00:29:03qui dissout

00:29:04les souverainetés nationales

00:29:05on est là plus proche

00:29:06de Delors

00:29:06que de Gaulle

00:29:07vous dénoncez

00:29:08avec vigueur

00:29:09on l'a entendu ce matin

00:29:10l'hystérie identitaire

00:29:11et les dérives

00:29:12d'une droite que vous jugez

00:29:13tentée par l'extrême

00:29:14vous affirmez

00:29:15lutter contre ceux

00:29:16qui érigeraient l'ordre

00:29:18en valeur suprême

00:29:19au détriment des libertés

00:29:20pourtant

00:29:20cette dénonciation

00:29:22systématique

00:29:22semble frapper

00:29:23d'un étrange déséquilibre

00:29:25là où vous condamnez

00:29:26l'unilatéralisme occidental

00:29:27vous restez muet

00:29:28sur celui

00:29:29de puissances étrangères

00:29:31bien plus opaques

00:29:31parfois théocratiques

00:29:33qui pèsent sur la France

00:29:34et l'Europe

00:29:34à coups de financement

00:29:35de soft power

00:29:36ou d'influence communautaire

00:29:38vous nous dites

00:29:39vous l'avez redit ce matin

00:29:40refuser le glissement identitaire

00:29:42mais en réalité

00:29:42ne niez-vous pas

00:29:43l'angoisse identitaire réelle

00:29:45d'un peuple

00:29:46qui voit sa culture

00:29:47son histoire

00:29:48son mode de vie

00:29:49remis en question

00:29:50vous condamnez souvent

00:29:51d'ailleurs le rassemblement national

00:29:52en excluant de fait

00:29:53des millions de français

00:29:55qui votent pour lui

00:29:55est-ce que c'est votre conception

00:29:57du pluralisme républicain

00:29:58l'unité dans l'effacement

00:30:00la démocratie

00:30:01sans le peuple

00:30:02je note

00:30:03ne rien avoir entendu

00:30:03dans votre discours

00:30:04monsieur le premier ministre

00:30:04sur deux défis majeurs

00:30:06qui représentent

00:30:06la crise migratoire

00:30:07actuelle

00:30:08et à venir

00:30:09et l'islamisme conquérant

00:30:11ou lié au terrorisme

00:30:12que d'ailleurs

00:30:13vous n'avez lui-même

00:30:14pas qualifié

00:30:15vous critiquez

00:30:16ceux qui selon vous

00:30:18utilisent des sujets

00:30:19comme l'immigration

00:30:20le voile

00:30:20ou la mémoire de l'Algérie

00:30:22à des fins électoralistes

00:30:24mais nier ces sujets

00:30:25n'est-ce pas

00:30:25les laisser pourrir

00:30:26je conclurai

00:30:28monsieur le premier ministre

00:30:28en vous disant

00:30:29que pour nous

00:30:29la France est une abstraction

00:30:30elle attend

00:30:31qu'on cesse de parler d'elle

00:30:32au nom de la république

00:30:33qu'on la protège

00:30:34comme vous avez d'ailleurs

00:30:35su le faire

00:30:36à certains moments

00:30:36de notre histoire

00:30:37je passe sur la foi

00:30:39fédéraliste

00:30:40et autres éléments

00:30:42qui ne correspondent pas

00:30:42à la vérité

00:30:43de l'engagement

00:30:44qui est le mien

00:30:44je crains que

00:30:46l'engagement

00:30:47qui est le mien

00:30:48ne soit pas trop clair

00:30:49donc là encore

00:30:50sur l'ambiguïté

00:30:50je passe aussi

00:30:51mais j'en viens

00:30:52à ce qui constitue

00:30:53pour moi l'essentiel

00:30:54à la fois la question

00:30:55de la souveraineté

00:30:56et la question

00:30:56de l'identité

00:30:57sur la question

00:30:58de la souveraineté

00:30:59il faut ouvrir les yeux

00:31:01et comprendre

00:31:02dans quel monde

00:31:03nous sommes

00:31:04j'emploie un terme

00:31:05qui peut paraître

00:31:05un peu barbare

00:31:06qui est celui

00:31:07de l'hypercratie

00:31:09l'hypercratie

00:31:10c'est quoi

00:31:11c'est un monde

00:31:12où la puissance

00:31:14est à ce point

00:31:15importante

00:31:16sublimée

00:31:17qu'elle en devient

00:31:18diffuse

00:31:18et qu'elle s'exprime

00:31:20sans respect

00:31:21pour les frontières

00:31:22et l'intérieur

00:31:23et l'extérieur

00:31:23sont aujourd'hui

00:31:24mélangés

00:31:24c'est la caractéristique

00:31:26de notre monde

00:31:26vous pouvez rêver

00:31:28du monde ancien

00:31:29et continuer

00:31:30à faire croire

00:31:31que l'on peut travailler

00:31:32dans ce monde ancien

00:31:33ce monde ancien

00:31:34il a disparu

00:31:34et aujourd'hui

00:31:36nous sommes dans un monde

00:31:37où la souveraineté

00:31:38si on veut

00:31:38est efficace

00:31:39suppose que nous prenions

00:31:40toutes les composantes

00:31:41de cette souveraineté

00:31:42c'est à dire

00:31:43bien sûr

00:31:43la souveraineté nationale

00:31:45qui reste le pilier

00:31:46mais la souveraineté nationale

00:31:48elle est le point

00:31:50de départ

00:31:50de ce qui

00:31:53depuis 1648

00:31:55constitue

00:31:56l'organisation

00:31:57de la société mondiale

00:31:58mais elle a donc

00:31:59considérablement évolué

00:32:00cette société mondiale

00:32:01et il faut y ajouter

00:32:02aujourd'hui

00:32:03la souveraineté

00:32:04des peuples

00:32:05la souveraineté populaire

00:32:06qui constitue

00:32:08là encore

00:32:09un ensemble

00:32:09beaucoup plus vaste

00:32:10et il ne vous échappe pas

00:32:11que dans la relation

00:32:12que la France a

00:32:13avec l'Union Européenne

00:32:14c'est se donner

00:32:16plus de souveraineté

00:32:17que d'agir

00:32:18à travers l'Europe

00:32:18le levier d'Archimède

00:32:20comme je le dis

00:32:20dans le petit texte

00:32:21auquel vous faites référence

00:32:22et dont parlait

00:32:23le général de Gaulle

00:32:24peut devenir aussi

00:32:25pour nous français

00:32:26un bouclier d'Archimède

00:32:28donc ne néglisons pas

00:32:29cette dimension

00:32:30qui peut être

00:32:31tout à fait utile

00:32:32dans la défense

00:32:34de la souveraineté

00:32:34et puis bien sûr

00:32:35parce qu'aujourd'hui

00:32:36c'est elle qui est menacée

00:32:38aussi beaucoup

00:32:38c'est la souveraineté

00:32:40des individus

00:32:40dans la philosophie

00:32:42contemporaine

00:32:44elle occupe

00:32:44une place importante

00:32:45et il faut savoir

00:32:46la défendre

00:32:47en évitant

00:32:48que ces individus

00:32:49par la technologie

00:32:50par l'idéologie

00:32:51ne soient réduits

00:32:53à des souris blanches

00:32:54à qui on met

00:32:55une électrode

00:32:55à la queue

00:32:57et qui au coup

00:32:58d'impulsion

00:32:59lèvent la main

00:33:00dans un sens

00:33:00ou dans un autre

00:33:01donc vous voyez bien

00:33:02que la défense

00:33:03de la démocratie

00:33:04aujourd'hui

00:33:05passe par des souverainetés

00:33:06assumées

00:33:07le deuxième point

00:33:08c'est l'identité

00:33:09vous avez raison

00:33:11quand vous dites

00:33:12qu'on ne peut pas

00:33:13ignorer

00:33:13la peur

00:33:14et la colère

00:33:15de populations

00:33:16de peuples

00:33:17sur un certain nombre

00:33:18de sujets

00:33:19vous citez la question

00:33:20migratoire

00:33:20je suis 100 fois d'accord

00:33:21simplement

00:33:22il y a deux choses

00:33:25très différentes

00:33:25la première

00:33:26c'est d'agiter

00:33:27la question identitaire

00:33:29sans apporter

00:33:30la moindre réponse

00:33:31à

00:33:32ces peurs

00:33:35et ces colères

00:33:35et la deuxième

00:33:36ce que suppose

00:33:37d'apporter

00:33:38des réponses

00:33:39sur les enjeux

00:33:40je pense à la question

00:33:41du voile

00:33:41je pense à la question

00:33:43de l'immigration

00:33:44et nous voyons bien

00:33:45que ceux qui agitent

00:33:46le plus fortement

00:33:47ces questions identitaires

00:33:48ne veulent surtout pas

00:33:49apporter des réponses

00:33:51à travers les politiques publiques

00:33:52c'est à dire

00:33:53n'intègrent jamais

00:33:54d'autres réponses

00:33:55que la sortie

00:33:56de l'état de droit

00:33:57c'est à dire

00:33:57on change la loi

00:33:58quand on ne peut pas changer

00:33:59la loi

00:33:59on change la constitution

00:34:00quand on ne peut pas changer

00:34:01la constitution

00:34:02on change la hiérarchie

00:34:03des normes

00:34:03c'est à dire

00:34:04la surenchère

00:34:04à partir de là

00:34:05il n'y a

00:34:07pour le citoyen

00:34:08et pour la démocratie

00:34:09plus aucun contrôle

00:34:10sur les mesures

00:34:11qui sont proposées

00:34:11donc moi

00:34:13ce que je crois

00:34:13c'est la nécessité

00:34:14de rester dans le cadre

00:34:15démocratique

00:34:16de rester dans le cadre

00:34:17d'un état de droit

00:34:18qui n'est pas négociable

00:34:19au quotidien

00:34:20contrairement à ce que nous a dit

00:34:21le ministre de l'Intérieur

00:34:23encore il n'y a pas très longtemps

00:34:24et donc je crois

00:34:25que ce cadre

00:34:26doit être respecté

00:34:27sur l'immigration

00:34:28on le voit bien

00:34:29il y a des solutions

00:34:30et certains pays

00:34:30y compris en Italie

00:34:32apportent des solutions

00:34:33et notamment

00:34:34par le biais de la diplomatie

00:34:35malheureusement

00:34:36ce n'est pas

00:34:37dans la surenchère

00:34:38sécuritaire

00:34:39que se trouvent

00:34:39les réponses

00:34:40les plus efficaces

00:34:41mais dans

00:34:41des politiques publiques

00:34:43structurées

00:34:44organisées

00:34:44et républicaines

00:34:46nous assistons aujourd'hui

00:34:47à une remise en cause

00:34:48alarmante

00:34:48du respect du droit

00:34:49international

00:34:50la guerre d'agressions

00:34:51menée par la Russie

00:34:52en Ukraine

00:34:52l'attitude de plus en plus

00:34:54coercitive de la Chine

00:34:55vis-à-vis de ses voisins

00:34:56ou encore les récentes

00:34:57menaces des Etats-Unis

00:34:57à l'encontre du Canada

00:34:59et du Groenland

00:34:59pourtant alliés et souverains

00:35:01démoignent d'un basculement

00:35:02vers une logique

00:35:02de rapport de force

00:35:03où la loi du plus fort

00:35:04supplante celle du droit

00:35:05dans le même mouvement

00:35:07c'est une certaine idée

00:35:08des relations diplomatiques

00:35:09qui vacillent

00:35:10celle fondée

00:35:10sur la prévisibilité

00:35:11la loyauté entre partenaires

00:35:13la réciprocité

00:35:14et la recherche d'équilibre

00:35:15elle cède la place

00:35:16à une pratique

00:35:16plus unilatérale

00:35:17plus brutale

00:35:18où l'on peut

00:35:18d'un tweet

00:35:19ou d'un décret

00:35:19imposer des droits

00:35:20de douane

00:35:21à ses alliés

00:35:21comme à ses rivaux

00:35:22ou acter un désengagement

00:35:23massif du financement

00:35:24d'organisations

00:35:25internationales essentielles

00:35:26depuis plusieurs semaines

00:35:28l'administration Trump

00:35:29annonce des coupes

00:35:30budgétaires drastiques

00:35:31visant de nombreuses

00:35:32organisations de coopération

00:35:33multilatérale et onusienne

00:35:34dont un certain nombre

00:35:35sont basées à Genève

00:35:36dans ma circonscription

00:35:37ces annonces ne sont pas

00:35:38de simples ajustements budgétaires

00:35:40elles mettent en péril

00:35:41tout un écosystème

00:35:42et surtout des actions concrètes

00:35:43menées auprès des populations

00:35:44parmi les plus vulnérables

00:35:45il s'agit des programmes

00:35:47du Haut Commissariat

00:35:48des Nations Unies

00:35:48pour les Réfugiés

00:35:49de l'Organisation Internationale

00:35:51pour les Migrations

00:35:52de l'OMS

00:35:52de l'ONUSIDA

00:35:53du Global Fund

00:35:54ou de Gavi

00:35:54l'Alliance du Vaccin

00:35:55les causes défendues

00:35:57par ces organisations

00:35:57sont vitales

00:35:58au sens où elles sauvent

00:36:00des millions de vies

00:36:01le désengagement américain

00:36:02fait peser un risque réel

00:36:03d'affaiblissement durable

00:36:04de la voie multilatérale

00:36:05alors qu'elle nous est

00:36:06plus que jamais nécessaire

00:36:07la pandémie de Covid-19

00:36:09nous l'a rappelé violemment

00:36:10les crises sanitaires

00:36:12ne connaissent pas de frontières

00:36:13résistance antimicrobienne

00:36:14résurgence de maladies

00:36:15que l'on croyait disparues

00:36:16effets sanitaires

00:36:17du dérèglement climatique

00:36:18tous ces défis

00:36:19appellent une réponse globale

00:36:20concertée et coordonnée

00:36:22Monsieur le Premier ministre

00:36:23vous avez souvent rappelé

00:36:24l'importance de la voie

00:36:24de la France

00:36:25et de l'Europe dans le monde

00:36:26aujourd'hui comment cette voie

00:36:27peut-elle se faire entendre

00:36:29pour défendre les fondements

00:36:30du multilatéralisme

00:36:31dans un monde de plus en plus

00:36:32polarisé et fragmenté

00:36:33quelle stratégie pour que

00:36:34l'Europe assume pleinement

00:36:35son rôle dans la gouvernance

00:36:37internationale

00:36:37face à ceux qui cherchent

00:36:38à imposer la loi du plus fort

00:36:40au détriment du droit

00:36:41du dialogue et de la solidarité

00:36:42je vous remercie

00:36:43je crois qu'il faut prendre acte

00:36:45de cette position américaine

00:36:47c'est pas la première fois

00:36:49ni la première administration

00:36:50qui s'en prend ainsi

00:36:52au multilatéralisme

00:36:53donc il faut véritablement

00:36:55en tirer les leçons

00:36:55et se poser la question

00:36:56aujourd'hui d'une reconstruction

00:36:58de ce multilatéralisme

00:37:00dans un nouveau cadre

00:37:01international

00:37:02une majorité des états

00:37:04de la planète

00:37:05souhaitent vivre

00:37:07dans un monde organisé

00:37:08près de 85%

00:37:09des états

00:37:11sont aujourd'hui

00:37:12dans ce souci

00:37:13la France

00:37:14là encore

00:37:15a une occasion

00:37:15d'assumer un leadership

00:37:17avec les autres pays européens

00:37:19pour poser les bases

00:37:20de ce à quoi

00:37:21pourrait ressembler

00:37:22ce nouvel ordre mondial

00:37:24sachant que

00:37:25il y a des grandes puissances

00:37:26y compris néo-impérial

00:37:28qui reste convaincu

00:37:29de la nécessité

00:37:30de cet ordre multilatéral

00:37:31je pense en particulier

00:37:32à un pays comme la Chine

00:37:34et on voit l'engagement

00:37:35dans le domaine

00:37:36de l'écologie

00:37:36qui a été celui de la Chine

00:37:37au cours

00:37:38des dernières décennies

00:37:40avec des progrès

00:37:40très substantiels

00:37:41sur le terrain

00:37:42même s'il reste

00:37:43parmi les principaux

00:37:44les principaux problèmes

00:37:48oui

00:37:48fauteurs de difficultés

00:37:52aujourd'hui

00:37:52dans le monde

00:37:53la responsabilité

00:37:56qui est la nôtre

00:37:56dans l'urgence

00:37:57c'est d'abord de voir

00:37:58comment nous pouvons

00:37:59apporter une réponse

00:38:00avec les autres états

00:38:02de l'Union Européenne

00:38:04à la coupure

00:38:05dans les budgets internationaux

00:38:07à la suite

00:38:07de la défection

00:38:08de l'USAID

00:38:09là il y a des réponses

00:38:10immédiates à apporter

00:38:12dans le secteur

00:38:12de la santé

00:38:13dans le secteur

00:38:14de l'éducation

00:38:15qui touche

00:38:15des malades

00:38:16à travers le monde

00:38:17qui touche

00:38:18des femmes

00:38:19des enfants

00:38:19des orphelins

00:38:20il y a là

00:38:21véritablement

00:38:21une mobilisation

00:38:22d'urgence

00:38:22et j'aimerais

00:38:24que l'Union Européenne

00:38:25puisse décider rapidement

00:38:27de constituer

00:38:29une cellule

00:38:30de crise

00:38:31pour essayer

00:38:32de faire face

00:38:33dans l'urgence

00:38:33et apporter

00:38:35une réponse

00:38:35à toutes ces organisations

00:38:36humanitaires

00:38:37dont beaucoup

00:38:38d'organisations européennes

00:38:39et françaises

00:38:40qui sont aujourd'hui

00:38:41dans le désarroi

00:38:42avec des dettes

00:38:43considérables

00:38:44qui parfois

00:38:45les menacent

00:38:45de mettre la clé

00:38:47sous la porte

00:38:47dans la reconstruction

00:38:49du multilatéralisme

00:38:50je crois que

00:38:52il y a un point

00:38:53de départ

00:38:54c'est de retrouver

00:38:55une représentativité

00:38:57dans ce que doit être

00:38:58l'action mondiale

00:39:01nous ne pouvons pas

00:39:02avoir un conseil

00:39:03de sécurité

00:39:03qui laisse de côté

00:39:05un certain nombre

00:39:06des grandes puissances

00:39:07mondiales

00:39:08ou des grands continents

00:39:09l'Afrique qui n'est pas

00:39:10représentée

00:39:10l'Amérique qui n'est pas

00:39:11représentée

00:39:12donc il y a une question

00:39:13d'organisation

00:39:14de structuration

00:39:15il y a une révision

00:39:17nécessaire aussi

00:39:17en ce qui concerne

00:39:18les organisations

00:39:19du système

00:39:20de Bretton Woods

00:39:20on voit bien

00:39:21que le FMI

00:39:22on voit bien

00:39:23que la Banque mondiale

00:39:24vivent selon les règles

00:39:25d'un ordre ancien

00:39:26c'est à dire

00:39:26d'un ordre occidental

00:39:27l'Europe s'honorerait

00:39:30et la France

00:39:30s'honorerait également

00:39:32à prendre le lead

00:39:35dans un monde

00:39:36où nous affirmerions

00:39:37que l'idée

00:39:39de partenariat

00:39:40entre l'Europe

00:39:42et le reste du monde

00:39:44puisse se faire

00:39:44sur une base d'égalité

00:39:45on voit bien

00:39:47que nous nous sommes

00:39:48recroquevillés

00:39:49depuis trop longtemps

00:39:50avec depuis 2007

00:39:52des dérapages constants

00:39:53sur cette idée

00:39:54d'Occident

00:39:55cet occidentalisme

00:39:57qui a conduit

00:39:58par ailleurs

00:39:58au militarisme

00:39:59et au moralisme

00:40:00à détourner

00:40:01la diplomatie française

00:40:02et la diplomatie européenne

00:40:04de leurs objectifs

00:40:05et a fait perdre

00:40:06énormément de crédibilité

00:40:08à la France

00:40:09sur la scène internationale

00:40:10donc je pense

00:40:11que cela fait partie

00:40:12des enjeux majeurs

00:40:14il y a un deuxième enjeu

00:40:15et je termine là-dessus

00:40:16je ne fais que le mentionner

00:40:17c'est de revoir

00:40:18complètement nos politiques

00:40:19de développement

00:40:19nos politiques de développement

00:40:21sont devenues

00:40:23de plus en plus

00:40:24réduites

00:40:25et elles sont

00:40:27de simples logiques

00:40:28d'accompagnement

00:40:29revenir à une logique

00:40:30de partenariat

00:40:31et de co-développement

00:40:32qui puisse véritablement

00:40:33nous permettre

00:40:34avec d'autres états

00:40:35européens

00:40:36de montrer des résultats

00:40:38vous savez

00:40:38ce qui fait défaut

00:40:39sur la scène mondiale

00:40:40c'est des politiques

00:40:41qui donnent des résultats

00:40:41et qui entraînent

00:40:42et créent

00:40:43un effet

00:40:44d'entraînement

00:40:45pour le reste

00:40:45de la communauté internationale

00:40:46en Afrique

00:40:47la logique du saupoudrage

00:40:48qui consiste à distribuer

00:40:50et disperser

00:40:51quelques millions ici

00:40:51quelques millions là

00:40:52on le voit bien

00:40:53ça ne fait pas la maille

00:40:55et donc il faut revenir

00:40:56à une stratégie

00:40:57qui nous permet

00:40:58véritablement

00:40:58de changer l'ordre des choses

00:40:59vous venez de publier

00:41:01un texte

00:41:01dans lequel vous dites

00:41:02que le trumpisme

00:41:02n'est pas la cause

00:41:03mais la conséquence

00:41:04d'une crise

00:41:04beaucoup plus profonde

00:41:05de l'ordre international

00:41:06et à la France insoumise

00:41:07nous partageons ce constat

00:41:08depuis que vous avez quitté

00:41:10vos fonctions

00:41:10vous l'avez d'ailleurs

00:41:11rappelé ce matin

00:41:12la France a en quelque sorte

00:41:13trompu

00:41:13avec la doctrine

00:41:14de non-alignement

00:41:15qui était celle

00:41:15du général de Gaulle

00:41:16et qui avait été prolongée

00:41:17en son temps

00:41:17par François Mitterrand

00:41:18puis par Jacques Chirac

00:41:19en réintégrant notre pays

00:41:21au commandement intégré

00:41:21de l'OTAN

00:41:22puis en violent

00:41:22le droit international

00:41:23pour répandre le chaos

00:41:24en Libye

00:41:25Nicolas Sarkozy a en effet

00:41:26opéré un virage néoconservateur

00:41:27sans précédent

00:41:28son successeur

00:41:29François Hollande

00:41:30l'a en quelque sorte

00:41:30prolongé

00:41:31à travers l'opération

00:41:32Barkha anomalie

00:41:32que vous avez été

00:41:33avec Jean-Luc Mélenchon

00:41:34l'un des seuls

00:41:35à contester

00:41:35et en refusant

00:41:36de reconnaître

00:41:37l'état de Palestine

00:41:37alors que sa majorité

00:41:38l'y invitait

00:41:39Emmanuel Macron

00:41:40n'a pas non plus

00:41:40remis ce virage en question

00:41:42et au fond

00:41:42sa politique internationale

00:41:43a surtout été marquée

00:41:44par les volte-face

00:41:45et l'inconstance

00:41:46alors monsieur le premier ministre

00:41:47ma question est simple

00:41:48maintenant que le mythe

00:41:49de la Pax Americana

00:41:50s'effondre pour de bon

00:41:51quelles sont selon vous

00:41:52les priorités

00:41:53pour retrouver la voie

00:41:54d'une France indépendante

00:41:55quelle attitude la France

00:41:56devrait par exemple adopter

00:41:57face à la rivalité

00:41:58qui pourrait tourner au conflit

00:41:59entre les Etats-Unis

00:42:00et la Chine

00:42:00et qui sera sûrement

00:42:01la grande affaire

00:42:02de ce début de siècle

00:42:03alors que tout se passe aussi

00:42:04comme si le nord

00:42:05avait ses morts

00:42:05et le sud les siens

00:42:06quel rôle peut jouer

00:42:07la France dans cette situation

00:42:08de très nombreux Etats africains

00:42:10ont par exemple refusé

00:42:11de voter les résolutions

00:42:13condamnant l'agression

00:42:13de l'Ukraine par la Russie

00:42:14et bon nombre

00:42:15de pays occidentaux

00:42:15à commencer par nous

00:42:16ne reconnaissent toujours pas

00:42:17l'état de Palestine

00:42:18que dire aussi

00:42:19des guerres qui ravagent

00:42:20le Soudan

00:42:21ou la République démocratique

00:42:22du Congo

00:42:22plus grand pays francophone au monde

00:42:24envahi par son voisin rwandais

00:42:25dans la quasi indifférence

00:42:26avec mes collègues insoumis

00:42:28nous sommes convaincus

00:42:29que la réponse française

00:42:30ne peut être le refuge

00:42:30dans un occidentalisme étroit

00:42:32et belliciste

00:42:33dans lequel s'enferme d'ailleurs

00:42:35une très large part

00:42:36de la classe politique

00:42:37aujourd'hui

00:42:37dont vos anciens amis politiques

00:42:38pas plus d'ailleurs

00:42:39que de laisser monsieur Poutine

00:42:40prendre la tête

00:42:41de ce qu'il appelle

00:42:41désormais la majorité mondiale

00:42:43donc monsieur le premier ministre

00:42:44je vous le demande

00:42:45pour redevenir elle-même

00:42:46à quoi la France

00:42:47doit-elle dire non

00:42:48et a-t-elle encore selon vous

00:42:49quelque chose de singulier

00:42:50à dire au monde

00:42:51et puisque vous êtes avec nous ce matin

00:42:52comptez-vous vous-même

00:42:53jouer un rôle

00:42:53dans cette expression singulière

00:42:55de la France

00:42:55les concepts

00:42:57qui fondent la réflexion

00:42:59dans la vie internationale

00:43:01ont vocation

00:43:02à évoluer

00:43:02en fonction

00:43:03des rapports de force

00:43:04qui déterminent

00:43:06cette équation

00:43:08stratégique internationale

00:43:09vous faites référence

00:43:10au concept

00:43:11de non-alignement

00:43:12qui lui-même

00:43:13fait référence

00:43:14à la situation

00:43:14qui était celle

00:43:15d'un monde

00:43:16qui était divisé

00:43:17en deux blocs

00:43:18à l'époque

00:43:19de la guerre froide

00:43:19le monde a changé

00:43:21et y compris

00:43:22le sud global

00:43:23a changé

00:43:23et aujourd'hui

00:43:24la revendication

00:43:25de ce sud global

00:43:26c'est moins le non-alignement

00:43:28que le multi-alignement

00:43:29pourquoi ?

00:43:30parce que dans un monde

00:43:32où les blocs

00:43:34entretiennent

00:43:34des relations complexes

00:43:35la nécessité

00:43:38pour beaucoup

00:43:38de pays du sud

00:43:39c'est d'optimiser

00:43:41leurs relations

00:43:43avec l'ensemble

00:43:44des partenaires

00:43:44du monde

00:43:45et donc l'ensemble

00:43:45des blocs

00:43:46le multi-alignement

00:43:47qui est un concept

00:43:48qui est parti d'abord

00:43:49d'un pays comme l'Inde

00:43:50il permet

00:43:51ou la Turquie

00:43:52qui l'applique également

00:43:53il permet en permanence

00:43:55de jouer

00:43:55entre ces deux possibilités

00:43:59le général de Gaulle

00:44:00vous avez bien fait

00:44:01de le rappeler

00:44:02lui

00:44:02se déterminait

00:44:05à partir

00:44:05de ce qu'il appelait

00:44:06une politique

00:44:07d'indépendance

00:44:08qui lui permettait

00:44:09de jouer

00:44:09de la bascule

00:44:11entre l'un et l'autre

00:44:12mais sans jamais

00:44:13se mettre

00:44:14au-dessus du jeu

00:44:15mais avec la volonté

00:44:16constamment

00:44:16de modifier

00:44:17le jeu

00:44:18donc nous n'étions pas

00:44:19dans une logique

00:44:20en tout cas

00:44:21dans une doctrine

00:44:21dont on peut dire

00:44:22strictement

00:44:23qu'elle serait

00:44:23ou qu'elle relèverait

00:44:24du non-alignement

00:44:26aujourd'hui

00:44:27vous avez raison

00:44:28de le dire

00:44:28nous nous retrouvons

00:44:29dans une équation

00:44:30entre la Chine

00:44:31et les Etats-Unis

00:44:33qui tous deux

00:44:34ont des ambitions

00:44:35internationales

00:44:36mais de nature différente

00:44:37les Etats-Unis

00:44:39c'est une logique

00:44:40de prédation

00:44:40parce qu'ils prennent

00:44:41en compte le fait

00:44:42que nous sommes

00:44:43dans une planète

00:44:44à ressources limitées

00:44:45et que nous sommes

00:44:46dans une planète

00:44:46où la bataille

00:44:47de la puissance

00:44:48est engagée

00:44:48il s'agit de savoir

00:44:49pour 2040

00:44:522050

00:44:52quelle sera

00:44:53la première puissance mondiale

00:44:54et ils veulent considérer

00:44:55que cette puissance mondiale

00:44:57ne serait être autre

00:44:59que les Etats-Unis

00:45:00c'est-à-dire

00:45:01une puissance

00:45:01qui soit

00:45:03véritablement

00:45:06capable

00:45:07de porter

00:45:07le leadership mondial

00:45:08et qu'une puissance

00:45:10non caucasienne

00:45:11comme la Chine

00:45:12ne serait pas capable

00:45:13de porter

00:45:14ce leadership mondial

00:45:15donc l'opposition

00:45:16elle est frontale

00:45:16et on le voit

00:45:17sur la question

00:45:17des droits de douane

00:45:18elle sera

00:45:19extraordinairement rude

00:45:22nous face à cela

00:45:23nous avons un intérêt

00:45:25à rester fidèles

00:45:26à nos principes

00:45:27nos principes

00:45:27c'est quoi ?

00:45:28le multilatéralisme

00:45:29un universalisme

00:45:31et nous voyons bien

00:45:32qu'aucune de ces deux

00:45:34zones

00:45:35aucun de ces deux espaces

00:45:36ne répond absolument

00:45:37à ce que nous souhaitons

00:45:38et donc il faut

00:45:38que nous soyons capables

00:45:40pragmatiquement

00:45:41d'utiliser

00:45:42les différents leviers

00:45:43qui sont aujourd'hui

00:45:44offerts à nous

00:45:46pour maximiser

00:45:47la défense

00:45:48de nos intérêts

00:45:48mais pour ça

00:45:49il faut être lisible

00:45:50et cohérent

00:45:51et vous avez eu raison

00:45:52de rappeler la nécessité

00:45:53face aux crises

00:45:54d'être dans la continuité

00:45:57de cette cohérence

00:45:59ce qui veut dire

00:46:00de refuser

00:46:00le deux poids

00:46:01deux mesures

00:46:01qui nous a fait

00:46:02tellement de mal

00:46:03au cours

00:46:04des dernières années

00:46:05parce que nous payons

00:46:06le prix

00:46:07de ce qui apparaît

00:46:08à beaucoup de pays du sud

00:46:09comme la marque

00:46:10d'une duplicité

00:46:11les deux pieds

00:46:14les deux jambes

00:46:15sur lesquelles

00:46:15nous devons avancer

00:46:16je termine par là

00:46:17c'est le droit international

00:46:18vous l'avez rappelé

00:46:19le droit international

00:46:20doit constituer

00:46:21notre référence

00:46:22il ne s'agit pas

00:46:23de considérer

00:46:23que la puissance

00:46:24c'est la possibilité

00:46:25de tout faire

00:46:26dans un illimitisme

00:46:27qui est aujourd'hui

00:46:28celui des américains

00:46:29et le deuxième pilier

00:46:30il est temps

00:46:31que la France y revienne

00:46:32c'est l'exigence

00:46:33de justice

00:46:34nous ne pouvons pas

00:46:35embarquer

00:46:35nous ne pouvons pas

00:46:36convaincre

00:46:37et c'est une des raisons

00:46:38de la désaffection

00:46:39des africains pour nous

00:46:41sans être respectueux

00:46:43et exemplaire

00:46:44sur la question

00:46:44de la justice

00:46:45et là nous avons

00:46:46au Proche-Orient

00:46:47et dans d'autres régions

00:46:48la possibilité

00:46:50de reprendre l'angle

00:46:51de recréer notre unité

00:46:52autour

00:46:53de ces principes fondamentaux

00:46:55qui permettent

00:46:56à la France

00:46:56effectivement

00:46:57de redevenir elle-même

00:46:58Monsieur le Premier ministre

00:46:59ce n'est pas tous les jours

00:47:00qu'un socialiste

00:47:01salue une personnalité

00:47:02plutôt étiquetée à droite

00:47:03mais vous avez incarné

00:47:04à un moment décisif

00:47:05de notre histoire diplomatique

00:47:06une certaine idée

00:47:07de la France

00:47:08sur la scène internationale

00:47:09une France indépendante

00:47:10fidèle à ses valeurs

00:47:11à ses principes

00:47:13capable de porter

00:47:13une voix forte

00:47:14singulière

00:47:14cohérente

00:47:15et courageuse

00:47:16notamment lors

00:47:17de votre discours

00:47:17à l'ONU en 2003

00:47:18contre la guerre en Irak

00:47:19à une époque

00:47:20où les logiques impérialistes

00:47:21contribuaient déjà

00:47:22au désordre mondial

00:47:2320 ans plus tard

00:47:24cette voix

00:47:25semble s'être affaiblie

00:47:26Monsieur le Premier ministre

00:47:27nous assistons

00:47:27à un recul

00:47:28de l'influence française

00:47:29dans de nombreuses régions

00:47:29du monde

00:47:30y compris dans celle

00:47:31que nous étions

00:47:31historiquement bien implantés

00:47:33dans le monde arabe

00:47:34notamment

00:47:35notre position

00:47:35est de plus en plus contestée

00:47:37là où la France

00:47:37incarnait une forme

00:47:38d'équilibre et de justice

00:47:39au Proche-Orient

00:47:40l'est aujourd'hui perçue

00:47:41comme étant illisible

00:47:43quand elle n'est pas décrite

00:47:43en raison de prises

00:47:44de positions changeantes

00:47:45ayant brouillé notre image

00:47:46à l'international

00:47:47et avec l'Algérie

00:47:49les revirements diplomatiques

00:47:50précipités depuis 2017

00:47:51ont nuit

00:47:51à la construction

00:47:52d'une relation apaisée

00:47:53tournée vers l'avenir

00:47:54alors que l'histoire

00:47:55lie profondément

00:47:56nos deux pays

00:47:56les discours incantatoires

00:47:58et l'incapacité de la France

00:47:59à clarifier sa position

00:48:00ont contribué

00:48:01à affaiblir encore

00:48:01notre influence

00:48:02face à la Russie encore

00:48:04la France a sans doute tardé

00:48:05à prendre

00:48:06la véritable mesure

00:48:07de la menace

00:48:08les efforts de médiation

00:48:09ont pu sembler

00:48:10parfois déconnectés

00:48:11de la réalité stratégique

00:48:12au risque d'affaiblir

00:48:12notre crédibilité

00:48:14notamment auprès

00:48:15de nos partenaires européens

00:48:16en particulier

00:48:16ceux de l'Europe de l'Est

00:48:18et quelle est aujourd'hui

00:48:19la voie de la France

00:48:20dans un monde

00:48:20où le commerce international

00:48:21est transformé

00:48:22en champ de bataille permanent

00:48:23par le néocolonialisme

00:48:24économique américain

00:48:25comment se faire entendre

00:48:27lorsque les Etats-Unis

00:48:28relèvent leur droit de douane

00:48:29à des niveaux sans précédent

00:48:30vous avez récemment parlé

00:48:32d'une diplomatie

00:48:33de la papouille

00:48:33d'une stratégie du bisou

00:48:35pour qualifier l'approche

00:48:36française à l'égard de Donald Trump

00:48:38compte tenu de votre expérience

00:48:39et de votre connaissance intime

00:48:40de relations franco-américaines

00:48:41votre analyse n'est pas

00:48:42de nature à nous rassurer

00:48:44alors monsieur le Premier ministre

00:48:45comment la France

00:48:46peut-elle à nouveau

00:48:46se faire entendre

00:48:47comment peut

00:48:48pour emprunter votre expression

00:48:50peut-elle réapprendre

00:48:51à dire non

00:48:51non à la logique transactionnelle

00:48:53qui régit pour certains

00:48:54les relations internationales

00:48:55non à l'épuisement

00:48:56de la planète

00:48:57quand un autre souhaite

00:48:57déréguler nos normes

00:48:59non à la dérive autoritaire

00:49:00de certaines démocraties historiques

00:49:02comment la France

00:49:03et notre vieux continent

00:49:04peuvent-ils faire de ce nom

00:49:05un avantage

00:49:06sur le plan compétitif

00:49:07enfin le en même temps

00:49:09a pu être une méthode

00:49:10de gouvernance interne

00:49:11peut-elle en être appliquée

00:49:13en matière diplomatique

00:49:14sans que la France

00:49:15puisse paraître hésitante

00:49:16ou contradictoire

00:49:17sur la scène internationale

00:49:18je vous remercie pour vos éclairages

00:49:19Le défi, vous le rappelez

00:49:21est immense

00:49:22le défi est immense

00:49:23parce qu'il s'agit à la fois

00:49:24d'inventer

00:49:25une nouvelle voie multilatérale

00:49:27avec l'ensemble des états

00:49:29qui sont aujourd'hui orphelins

00:49:31du système ancien

00:49:32et qui aspirent

00:49:34à cette refondation

00:49:35et là encore

00:49:37je crois qu'il appartient

00:49:38à la France

00:49:39il appartient à l'Europe

00:49:40d'être véritablement

00:49:42chef de file

00:49:43ou en tout cas

00:49:43de poser les bases

00:49:44eux-mêmes

00:49:45de ce que pourrait être

00:49:47une nouvelle société internationale

00:49:48qui se ferait

00:49:51très largement

00:49:52même si la porte reste ouverte

00:49:54très largement

00:49:55sans les états-unis

00:49:57et sans les états

00:49:58qui ne souhaitent pas

00:49:58aujourd'hui

00:49:59avancer collectivement

00:50:02dans le cadre

00:50:03de ce multilatéralisme

00:50:04la deuxième exigence

00:50:07me semble-t-il

00:50:08c'est retrouver

00:50:09la capacité à faire

00:50:10sur le plan diplomatique

00:50:12l'une des difficultés

00:50:15des dernières années

00:50:15c'est le peu de capacité

00:50:18de peu de capacité

00:50:19qu'a eu la diplomatie

00:50:20à marquer des points

00:50:21sur un certain nombre

00:50:22de crises

00:50:22une diplomatie

00:50:23si elle ne permet pas

00:50:24de régler

00:50:25des grandes crises

00:50:27et bien

00:50:27elle n'entraîne pas

00:50:28et vous me permettrez

00:50:29de prendre quelques exemples

00:50:30sur un continent

00:50:31que j'affectionne particulièrement

00:50:32qui est l'Afrique

00:50:33pour montrer

00:50:34comment nous pourrions

00:50:35nous investir davantage

00:50:37sur les crises africaines

00:50:38je pense à un pays

00:50:39comme le Soudan

00:50:39qui est aujourd'hui

00:50:40la plus grande crise

00:50:41humanitaire mondiale

00:50:43où la France

00:50:44devrait davantage

00:50:45soutenir

00:50:46une médiation régionale

00:50:47forte

00:50:48portée par l'Union africaine

00:50:50accompagnée

00:50:50d'un plan humanitaire

00:50:52d'urgence

00:50:52de la même façon

00:50:53en Éthiopie

00:50:55où le risque

00:50:56est encore grand

00:50:57de voir à la fois

00:50:58le conflit tigréen

00:51:00mais aussi

00:51:00le conflit lié

00:51:02à la volonté

00:51:03de l'Éthiopie

00:51:03d'avoir un accès

00:51:04à la mer

00:51:05et donc d'enflammer

00:51:06l'ensemble

00:51:06de la sous-région

00:51:07avec le Somaliland

00:51:08d'un côté

00:51:09mais aussi

00:51:10l'Égypte de l'autre

00:51:11nous devons être capables

00:51:13d'accompagner

00:51:13nous avons bonne relation

00:51:14avec le Premier ministre

00:51:17éthiopien

00:51:18accompagner là aussi

00:51:19un dialogue

00:51:20et bien sûr

00:51:21la République démocratique

00:51:22du Congo

00:51:22où la France

00:51:23doit soutenir

00:51:24le processus

00:51:24qui a été lancé

00:51:25par Doha

00:51:26proposer un mécanisme

00:51:28régional

00:51:28qui permet

00:51:30à la fois

00:51:31d'avancer

00:51:31dans la voie

00:51:32du désarmement

00:51:33de la réintégration

00:51:34et renforcer

00:51:35la gouvernance

00:51:35des ressources naturelles

00:51:36enfin

00:51:37et je termine par là

00:51:38le Sahel

00:51:39reste emblématique

00:51:40d'un échec

00:51:41de la diplomatie française

00:51:43c'est une région

00:51:44où nous avons perdu

00:51:45beaucoup de crédibilité

00:51:46et aujourd'hui

00:51:47où

00:51:47s'affronte

00:51:50le libéralisme

00:51:51international

00:51:51contre

00:51:52l'islamisme

00:51:53transnational

00:51:54et qui a accouché

00:51:55d'une nouvelle force

00:51:56ce qui montre

00:51:57à quel point

00:51:58les choses évoluent

00:51:58rapidement

00:51:59une nouvelle force

00:52:00c'est-à-dire

00:52:01un souverainisme

00:52:02national

00:52:03autoritaire

00:52:04après les six coups

00:52:05d'État

00:52:05qui ont frappé

00:52:06le Sahel

00:52:06la transition

00:52:07brutale

00:52:08qui s'est opérée

00:52:09au Tchad

00:52:09donc il faut

00:52:10souligner aujourd'hui

00:52:12la convergence

00:52:12qui existe

00:52:13entre tous ces États

00:52:14qui créent

00:52:16une situation nouvelle

00:52:17et créent

00:52:18les conditions

00:52:19d'un combat

00:52:20plus violent

00:52:20que jamais

00:52:21très déstabilisateur

00:52:22pour la sous-région

00:52:23sahélienne

00:52:24mais aussi

00:52:25pour l'ensemble

00:52:26de l'Afrique

00:52:26et donc

00:52:27la problématique

00:52:28de la France

00:52:29doit être

00:52:30de faire face

00:52:31au nouveau

00:52:31souverainisme

00:52:32sahélien

00:52:33et africain

00:52:33qui est à la fois

00:52:35un dégagisme

00:52:36anti-français

00:52:37et une aspiration

00:52:38à un État-nation

00:52:39fort et fonctionnel

00:52:41il faut donc

00:52:41éviter la radicalisation

00:52:43et de ce point de vue là

00:52:44nous devons être pragmatiques

00:52:45pour engager un dialogue

00:52:46que nous avons refusé

00:52:47à l'époque

00:52:48avec toutes les forces

00:52:48qui sont susceptibles

00:52:49de nous écouter

00:52:51et à partir de là

00:52:54nouer ce dialogue

00:52:55il faut également

00:52:56éviter la possibilité

00:52:58de sortie de crise

00:52:59qui conduirait

00:53:00à une alliance

00:53:01ou à une fusion

00:53:02entre les forces

00:53:02souverainistes

00:53:03et les forces islamistes

00:53:04qui risquent

00:53:05de déstabiliser

00:53:06un peu plus cette région

00:53:07donc on le voit

00:53:08nous sommes à la fois

00:53:10dans une exigence

00:53:11de construction

00:53:11d'un nouvel ordre

00:53:12et en même temps

00:53:13dans la microchirurgie

00:53:15régionale

00:53:16qui doit nous permettre

00:53:18de penser les plaies

00:53:19et d'avancer

00:53:19en cicatrisant

00:53:20jour après jour

00:53:22le désordre mondial

00:53:24Merci pour votre réponse

00:53:26je dois quand même dire

00:53:26que sur la

00:53:27certain nombre de crises

00:53:28que vous avez citées

00:53:29la diplomatie française

00:53:30est très présente

00:53:30sur la question de la RDC

00:53:31par exemple

00:53:32sur la question du Soudan

00:53:33la France a fait

00:53:34une grande conférence

00:53:35l'année dernière

00:53:35elle est présente

00:53:36sur le terrain

00:53:36notamment avec les Émirats

00:53:37arabes unis

00:53:38donc il y a quand même

00:53:38des actions qui sont faites

00:53:39non pas publiquement

00:53:40mais sur le terrain

00:53:42la France envoie

00:53:43un grand nombre

00:53:43de diplomates

00:53:44J'entends monsieur le Président

00:53:45il y aurait beaucoup à dire

00:53:46J'entends

00:53:46Et la diplomatie

00:53:48des conférences

00:53:49n'est pas toujours

00:53:49la diplomatie

00:53:50d'efficacité

00:53:50Je veux juste faire ce point

00:53:51mais je ne vais pas

00:53:52engager un débat

00:53:53bien sûr avec vous

00:53:54aujourd'hui

00:53:55dans le cadre

00:53:56et le temps

00:53:57qui nous est imparti

00:53:58Je voudrais

00:53:59revenir

00:54:01avec vous

00:54:02sur la relation

00:54:03de la France

00:54:03avec l'Algérie

00:54:05et je

00:54:07à laquelle nous unissent

00:54:08tant de liens historiques

00:54:10culturels

00:54:11de longue date

00:54:13et je

00:54:14voudrais vous dire

00:54:16que dans ce cadre là

00:54:17nous nous sommes

00:54:18toujours parlé

00:54:18franchement

00:54:19monsieur le Premier ministre

00:54:20j'ai été assez sidéré

00:54:24pour reprendre un adjectif

00:54:26que vous utilisez souvent

00:54:27quant à votre grande véhémence

00:54:30à l'égard du ministre

00:54:32de l'Intérieur

00:54:32que vous accusez

00:54:35de donner un spectacle

00:54:37d'impuissance

00:54:38de faire le chaud

00:54:39je vous cite

00:54:40dans votre essai

00:54:41à défaut

00:54:43ce n'est pas votre genre

00:54:44à défaut d'obtenir

00:54:46des résultats tangibles

00:54:47contre la criminalité

00:54:48et le trafic de drogue

00:54:49pire encore

00:54:51vous l'accusez

00:54:52de participer

00:54:53à la logique

00:54:54d'enracinement

00:54:55parfois xénophobe

00:54:56etc

00:54:56j'arrête là

00:54:57les citations

00:54:58elles sont nombreuses

00:54:59et je dois vous le dire

00:55:01monsieur le Premier ministre

00:55:02je regrette

00:55:03que

00:55:04vous vous soyez

00:55:05inscrit

00:55:06dans cette charge

00:55:07dans les pas

00:55:08d'un de vos illustres

00:55:10prédécesseurs

00:55:10Talleyrand

00:55:11qui indiquait

00:55:12que tout ce qui est excessif

00:55:13est insignifiant

00:55:14car cette charge

00:55:17elle est non seulement

00:55:20contre le ministre

00:55:20de l'Intérieur

00:55:21mais elle est contre

00:55:22l'ensemble

00:55:23contre le Premier ministre

00:55:25et contre l'ensemble

00:55:26du gouvernement

00:55:26qui a pris

00:55:27un certain nombre

00:55:28de décisions

00:55:29à la suite du comité

00:55:30interministériel

00:55:31sur l'immigration

00:55:32à la mi-mars

00:55:33l'Algérie a refusé

00:55:34de mettre

00:55:35sur son territoire

00:55:36une soixantaine

00:55:38de leurs ressortissants

00:55:39étrangers les plus dangereux

00:55:40un pays

00:55:41avec qui nous entretenons

00:55:42une coopération

00:55:44migratoire

00:55:44extrêmement dégradée

00:55:46puisque le taux

00:55:47d'exécution

00:55:48des OQTF

00:55:49est de seulement

00:55:507%

00:55:50depuis novembre dernier

00:55:53notre compatriote

00:55:54Boilem Sansal

00:55:55est détenu

00:55:56arbitrairement

00:55:57alors qu'il est

00:55:57lui-même

00:55:58âgé

00:55:59et gravement malade

00:56:00face à cette situation

00:56:02le ministre de l'Intérieur

00:56:03a instauré

00:56:04un rapport

00:56:05de force

00:56:05il a exercé

00:56:07le pouvoir

00:56:08de dire non

00:56:08non à la non-application

00:56:11des accords

00:56:11de 94

00:56:12non à ce que

00:56:14reproduise une situation

00:56:15comme à Mulhouse

00:56:16monsieur le premier ministre

00:56:17où l'auteur

00:56:18de l'attentat

00:56:19avait été refusé

00:56:2014 fois

00:56:21par l'Algérie

00:56:22non à ce que

00:56:23notre pays

00:56:24ne soit pas

00:56:24convenablement

00:56:25considéré

00:56:26et respecté

00:56:27car ceci est une exigence

00:56:29légitime

00:56:30de l'opinion

00:56:31de la majorité

00:56:32des français

00:56:33monsieur le premier ministre

00:56:34et vous êtes sensible

00:56:35évidemment

00:56:36à l'opinion

00:56:37alors la critique

00:56:38est aisée

00:56:39je trouve plus

00:56:39la critique est aisée

00:56:41mais l'art est difficile

00:56:42et je vous ai entendu

00:56:43souvent dire cela

00:56:44et vous le savez

00:56:46en tant que premier ministre

00:56:46alors dites-nous

00:56:47précisément

00:56:48et concrètement

00:56:49les solutions

00:56:50que vous préconisez

00:56:52pour

00:56:52je vous cite

00:56:53inventer des solutions

00:56:55dans notre relation

00:56:56avec l'Algérie

00:56:57il ne s'agit

00:56:59en aucun cas

00:57:00pour moi

00:57:01de personnaliser

00:57:02une critique

00:57:03mais d'illustrer

00:57:04mais d'illustrer

00:57:05à travers

00:57:06la charge

00:57:09qui a été celle

00:57:09du ministre de l'Intérieur

00:57:10sur cette question

00:57:13de l'Algérie

00:57:14et des OQTF

00:57:15le risque

00:57:16qu'il y a

00:57:17de l'engrenage

00:57:18et de la surenchère

00:57:20sur la question

00:57:20ou sur les questions

00:57:22identitaires

00:57:23car en effet

00:57:24nous avons pu le constater

00:57:27à plusieurs reprises

00:57:28lors des différents 20 heures

00:57:29ou des différentes

00:57:29grandes émissions

00:57:30quand il s'agit

00:57:32pour un homme politique

00:57:33non pas

00:57:34d'apporter des réponses

00:57:36mais d'agiter

00:57:36des menaces

00:57:38encore faut-il

00:57:40être

00:57:40sur son territoire

00:57:41c'est-à-dire

00:57:42sur son portefeuille

00:57:43et en l'occurrence

00:57:44ce n'est pas le cas

00:57:44puisque

00:57:45cette question

00:57:46des relations

00:57:47avec l'Algérie

00:57:47elle relève

00:57:48on le sait bien

00:57:48d'abord

00:57:49du Quai d'Orsay

00:57:50et bien sûr

00:57:51sous l'égide

00:57:51du président de la République

00:57:52donc on complique

00:57:53un peu plus les choses

00:57:54dans quelque chose

00:57:55qui doit être maîtrisé

00:57:56construit

00:57:57et où on ne peut pas

00:57:58imaginer

00:57:59que dans un gouvernement

00:58:00comme le gouvernement français

00:58:01on joue la stratégie

00:58:03du good cop

00:58:04bad cop

00:58:04c'est pas

00:58:05à la hauteur

00:58:06d'un enjeu

00:58:08aussi important

00:58:09que les relations

00:58:09avec un pays

00:58:10comme l'Algérie

00:58:11deuxièmement

00:58:12ce que je critique

00:58:13c'est

00:58:14qu'un responsable

00:58:16gouvernemental

00:58:17puisse

00:58:18s'inscrire

00:58:21dans un discours

00:58:23qui ne débouche pas

00:58:25sur une politique publique

00:58:27qui est de son ressort

00:58:29qu'il décide

00:58:31de mettre en avant

00:58:32et de prendre

00:58:33un certain nombre

00:58:33de mesures

00:58:34qui dépendent

00:58:34de son ministère

00:58:35en liaison

00:58:35avec le Premier ministre

00:58:36c'est une chose

00:58:37en espérant

00:58:38que cela permettra

00:58:39d'avoir des résultats

00:58:40mais quand c'est purement

00:58:42virtuel

00:58:43quand c'est purement

00:58:44spéculatif

00:58:45ça ressemble

00:58:47à des menaces

00:58:48ça ressemble

00:58:49à des chantages

00:58:50qui ne sont pas

00:58:51aussi

00:58:52véritablement

00:58:54les outils

00:58:54que nous devons utiliser

00:58:55avec un pays

00:58:56comme l'Algérie

00:58:57nous connaissons

00:58:58l'histoire

00:58:58nous connaissons

00:58:58la complexité

00:58:59il y a donc

00:59:00un principe

00:59:00de responsabilité

00:59:01face

00:59:03à cette crise algérienne

00:59:04la première chose

00:59:05c'était de revenir

00:59:07de là

00:59:09d'un point de départ

00:59:10que nous n'aurions pas

00:59:11dû quitter

00:59:11c'est à dire

00:59:12à un traitement

00:59:12normal

00:59:13d'indifférent

00:59:15avec un État

00:59:17comme l'Algérie

00:59:17et ça ça implique

00:59:19de rendre

00:59:19au Quai d'Orsay

00:59:20de rendre

00:59:20au Président de la République

00:59:21la conduite

00:59:22de ces affaires

00:59:23deuxièmement

00:59:24on constate

00:59:25un dysfonctionnement

00:59:26dans le domaine

00:59:27de la sécurité

00:59:28un dysfonctionnement

00:59:29très grave

00:59:30j'en conviens

00:59:30et qui n'est pas acceptable

00:59:32en ce qui nous concerne

00:59:33et il faut donc essayer

00:59:35de trouver

00:59:35les moyens d'y répondre

00:59:36comment y répondre

00:59:37bien évidemment

00:59:38c'est en prenant en compte

00:59:40l'ensemble des facteurs

00:59:41puisque nous sommes

00:59:42aujourd'hui

00:59:42dans une crise

00:59:43qui fait qu'il n'y a pas

00:59:44un différent

00:59:45mais tous les différents

00:59:46sont sur la table

00:59:46donc on ne peut pas

00:59:47séparer les questions

00:59:48de sécurité

00:59:49des questions diplomatiques

00:59:51comme celle du Sahara occidental

00:59:52des questions de mémoire

00:59:54qui sont un enjeu

00:59:55récurrent

00:59:56dans la relation

00:59:56avec l'Algérie

00:59:57des questions économiques

00:59:59qui sont en panne

01:00:00maintenant

01:00:00depuis un certain

01:00:01nombre de mois

01:00:02donc on voit bien

01:00:03qu'il faut une vision globale

01:00:04une stratégie globale

01:00:05et ce n'est pas

01:00:06en appuyant sur la plaie

01:00:07là où ça fait le plus mal

01:00:09et où là

01:00:10c'est un irritant

01:00:11qui mobilise

01:00:12les opinions publiques

01:00:13des deux côtés

01:00:14que l'on fera avancer

01:00:16les choses

01:00:16c'est au contraire

01:00:17par la sérénité

01:00:18par un traitement

01:00:19équanime

01:00:20que nous pourrons le faire

01:00:21et nous savons

01:00:22que tant sur l'immigration

01:00:23évidemment

01:00:25nous sommes dépendants

01:00:26de la volonté

01:00:27des Algériens

01:00:28mais ce n'est pas

01:00:29en tapant sur la table

01:00:32en trépignant

01:00:33aux 20 heures

01:00:34ou ailleurs

01:00:34que nous arriverons

01:00:35à faire avancer

01:00:36les choses

01:00:36donc une fois de plus

01:00:37une exigence

01:00:38de responsabilité

01:00:39et je pense qu'avec un peu

01:00:40d'expérience

01:00:41n'importe quel responsable

01:00:43gouvernemental

01:00:43évitera ce type

01:00:45d'excès

01:00:46qui met une fois de plus

01:00:47non pas le ministre

01:00:49de l'intérieur

01:00:50dans une situation humiliante

01:00:51mais qui met notre pays

01:00:52dans une situation

01:00:53embarrassante

01:00:54et moi ce que je n'ai pas

01:00:56admis

01:00:56c'est que la France

01:00:57puisse être dans une situation

01:00:58embarrassante

01:00:59au mépris des procédures

01:01:01et des règles gouvernementales

01:01:02on a vu que le premier ministre

01:01:03avait été obligé

01:01:04de suivre

01:01:05parce qu'évidemment

01:01:06il tient à la stabilité

01:01:07de son gouvernement

01:01:08et puis le président

01:01:09de la République

01:01:10fort heureusement

01:01:11a signé

01:01:11a signalé

01:01:13la fin de la récréation

01:01:14c'est une heureuse chose

01:01:15et ce que je veux croire

01:01:16le chemin est encore difficile

01:01:17c'est que nous aurons

01:01:19le sang froid

01:01:19d'avancer

01:01:20pour trouver des réponses

01:01:21Merci

01:01:22je voudrais d'abord

01:01:22saluer votre voix

01:01:24monsieur de Villepin

01:01:25qui est extrêmement précieuse

01:01:26parce qu'elle prend la mesure

01:01:28de la bascule du monde

01:01:29et vous dire aussi

01:01:30qu'à titre personnel

01:01:31je suis très heureuse

01:01:32de vous entendre

01:01:34aujourd'hui

01:01:34dans cette commission

01:01:35puisque mon premier engagement

01:01:37était contre

01:01:37la guerre en Irak

01:01:38en 1990

01:01:39et j'ai en mémoire

01:01:42votre discours

01:01:43aux Nations Unies

01:01:44en 2003

01:01:45qui fera date

01:01:46et qui devrait faire réfléchir

01:01:48l'ensemble de la commission

01:01:49sur les moments

01:01:50où on croit

01:01:52être dans le juste

01:01:53et où en fait

01:01:54on a une stratégie

01:01:55de court terme

01:01:55qui amène plus de mal

01:01:57qu'il ne résorbe

01:01:58les difficultés

01:01:59dans votre texte

01:02:01sur The Continent

01:02:02ce qui est très intéressant

01:02:03c'est de voir

01:02:04comment vous êtes capables

01:02:05de nommer le mal

01:02:06à savoir

01:02:07les néo-impérialismes

01:02:09l'extractivisme

01:02:10ce que vous appelez

01:02:11le capitalisme hybride

01:02:13et donc la question

01:02:14qui nous est posée

01:02:15c'est de savoir

01:02:16comment faire face

01:02:17à ces nouveaux empires

01:02:18et ma première question

01:02:20est sur justement

01:02:21faut-il créer

01:02:22un petit Occident

01:02:23au fond

01:02:24c'est-à-dire

01:02:24être dans une logique

01:02:25de puissance

01:02:27qui consisterait

01:02:29à montrer les muscles

01:02:31face à ceux

01:02:31qui montrent les muscles

01:02:32ou faut-il une autre stratégie

01:02:34ce qui est évidemment

01:02:34plutôt mon point de vue

01:02:36et que je pense

01:02:38à la fois

01:02:38à l'échelle stratégique

01:02:41globale

01:02:41géopolitique

01:02:42mais aussi du point

01:02:43de vue commercial

01:02:44d'ailleurs au fond

01:02:45est-ce que l'enjeu

01:02:45est de gagner

01:02:46la guerre commerciale

01:02:47ou est-ce que l'enjeu

01:02:47est de sortir

01:02:48de la guerre commerciale

01:02:50par une nouvelle logique

01:02:52économique

01:02:53qui repose

01:02:53sur la coopération

01:02:54et sur la fin

01:02:55du grand déménagement

01:02:56du monde

01:02:57donc je voudrais

01:02:57vous interroger

01:02:58d'abord sur quelques termes

01:02:59la notion de puissance

01:03:01qui me taraude

01:03:02depuis très longtemps

01:03:03est-ce que vous pensez

01:03:04qu'elle est toujours adaptée

01:03:06est-ce qu'il faut

01:03:07que la France

01:03:08retrouve de la puissance

01:03:09ou de l'influence

01:03:10et de la grandeur

01:03:11par notre modèle

01:03:13c'est-à-dire

01:03:13notre capacité

01:03:14à nous-mêmes

01:03:15mettre en oeuvre

01:03:17dans notre pays

01:03:18cette transition nécessaire

01:03:19ce changement

01:03:20essentiel

01:03:22qui ne soit pas fondé

01:03:23sur la guerre des identités

01:03:24mais plutôt sur

01:03:25la relance

01:03:26de l'esprit public

01:03:27et qui soit capable

01:03:28d'assumer

01:03:28la transition écologique

01:03:30donc premier terme

01:03:31la notion de puissance

01:03:32la deuxième

01:03:32c'est

01:03:33sur le sud global

01:03:36vous avez redit

01:03:37tout à l'heure

01:03:37que vous étiez

01:03:38favorable

01:03:39à cette alliance

01:03:40avec le sud global

01:03:41alors c'est clair

01:03:42qu'on a perdu

01:03:42tellement de temps

01:03:43la Chine

01:03:44elle s'est occupée

01:03:45des pays

01:03:46dits du sud global

01:03:47néanmoins

01:03:47peut-on parler encore

01:03:49de sud global

01:03:49alors qu'on ne peut pas dire

01:03:51que l'Afrique du Sud

01:03:52ou le Brésil

01:03:52c'est la même chose

01:03:53que l'Inde

01:03:53donc moi je ne crois pas

01:03:54je ne crois pas

01:03:55qu'il y ait encore d'Occident

01:03:56mais je ne crois pas

01:03:56que la notion de sud global

01:03:58soit correcte

01:03:58et une dernière question

01:03:59sur l'autonomie

01:04:00de l'Union Européenne

01:04:02l'autonomie stratégique

01:04:03le problème devant lequel on est

01:04:05c'est que

01:04:05vous parlez de souveraineté

01:04:07mais où est la souveraineté

01:04:08européenne

01:04:08et comment faire

01:04:09avec Mélanie et Orban

01:04:10à l'intérieur

01:04:11de l'Union Européenne

01:04:12un petit Occident

01:04:13sûrement pas

01:04:14nous voyons d'ailleurs

01:04:15que dans la vision

01:04:16néo-impériale

01:04:17américaine

01:04:18pour un certain nombre

01:04:19de grands acteurs

01:04:21l'objectif

01:04:22c'est de bien distinguer

01:04:24deux des Occidents

01:04:26c'est-à-dire

01:04:27les Etats-Unis

01:04:27et la Russie

01:04:29avec une collusion

01:04:31qui est manifeste

01:04:33sur le plan

01:04:34civilisationnel

01:04:35et un troisième

01:04:36tout petit Occident

01:04:37que serait l'Europe

01:04:38vassalisée

01:04:39et dominée

01:04:40par le jeu

01:04:40des puissances

01:04:41donc c'est pas

01:04:42l'objectif

01:04:43l'objectif

01:04:44c'est bien

01:04:44d'affirmer

01:04:45une vision

01:04:47qui est celle

01:04:49de l'Europe

01:04:49depuis toujours

01:04:50riche de son expérience

01:04:51à la fois humaniste

01:04:53et universaliste

01:04:54en entraînant

01:04:57et en créant

01:04:59la possibilité

01:05:00d'une nouvelle

01:05:01dynamique internationale

01:05:02où l'Europe

01:05:03et la majorité

01:05:06des Etats

01:05:06dits du Sud global

01:05:07pourraient constituer

01:05:09une nouvelle

01:05:10enceinte internationale

01:05:12avec de nouvelles

01:05:13règles du jeu

01:05:13une nouvelle

01:05:14représentativité

01:05:15et ceci

01:05:17est d'autant plus

01:05:18impératif aujourd'hui

01:05:19que dans la relation

01:05:19que nous avons

01:05:20en matière commerciale

01:05:22avec la Chine

01:05:22on voit bien

01:05:23que le risque

01:05:23de la guerre

01:05:24engagée par les Américains

01:05:25c'est avoir

01:05:26en retour

01:05:27tous les produits

01:05:28qui ne sont pas

01:05:29acceptés par les Américains

01:05:30sur leur territoire

01:05:31venant de la Chine

01:05:32venir en Europe

01:05:33à très bas coût

01:05:34et on voit

01:05:35à quel point

01:05:35ça peut déstabiliser

01:05:36le marché européen

01:05:38donc de ce point de vue là

01:05:40il y a évidemment

01:05:41une négociation

01:05:43avec à la clé

01:05:43le fameux mot

01:05:44réciprocité

01:05:45qui doit être engagé

01:05:46extrêmement rapidement

01:05:47avec la Chine

01:05:48qui est un partenaire

01:05:49essentiel

01:05:50de la reconstruction

01:05:50d'un ordre international

01:05:52alors puissance

01:05:53vous avez raison

01:05:53de questionner

01:05:54le terme

01:05:55d'autant plus

01:05:56que nous entrons

01:05:57dans un monde

01:05:57qui doit être

01:05:58aujourd'hui

01:05:59celui des limites

01:06:00donc la notion

01:06:00de puissance

01:06:01on voit bien

01:06:02qu'elle est à la fois

01:06:02un mot chargé

01:06:04de beaucoup de vanité

01:06:05je l'avais dénoncé

01:06:05dès 2002

01:06:07Bertrand Baddy

01:06:08avait ajouté

01:06:08impuissance

01:06:09de la puissance

01:06:10on le voit

01:06:10en matière

01:06:11de force militaire

01:06:11donc vous avez

01:06:12cent fois raison

01:06:13mais il faut se doter

01:06:14des leviers

01:06:16qui rendent

01:06:17à nos pays

01:06:19la possibilité

01:06:20à la fois

01:06:21d'être libre

01:06:22et d'être actif

01:06:24et pour ça

01:06:25ça veut dire

01:06:25travailler

01:06:26à tous ces leviers

01:06:27de sécurité

01:06:28et de souveraineté

01:06:29qui sont des constituants

01:06:30de la puissance

01:06:31traditionnelle

01:06:32et une des composantes

01:06:35de cet équilibre

01:06:37indispensable

01:06:37c'est bien sûr

01:06:38le levier écologique

01:06:40nous voyons bien

01:06:41la tentation

01:06:42qui existe aujourd'hui

01:06:43compte tenu

01:06:43de l'accélération

01:06:44de la confrontation

01:06:46internationale

01:06:47de passer

01:06:48par pertes et profits

01:06:49de marginaliser

01:06:50l'enjeu écologique

01:06:51ce serait totalement

01:06:52irresponsable

01:06:53et de ce point de vue là

01:06:54avec l'ensemble

01:06:55des pays de la planète

01:06:56nous devons trouver

01:06:57la possibilité

01:06:58de réactiver

01:06:59une vision positive

01:07:00de cette écologie

01:07:02en ce qui concerne

01:07:02le sud global

01:07:03je crois que vous avez raison

01:07:04il n'y a effectivement

01:07:05rien de commun

01:07:05entre un pays

01:07:06comme l'Inde

01:07:06le pays comme l'Afrique du Sud

01:07:08et d'autres

01:07:09mais néanmoins

01:07:10il y a un élément commun

01:07:11c'est qu'aujourd'hui

01:07:11ce sud global

01:07:12il a fait très largement

01:07:14sécession par rapport

01:07:15au monde occidental

01:07:16et il nourrit

01:07:17un ressentiment

01:07:18très profond

01:07:19et si nous n'y mettons

01:07:21pas fin

01:07:21par un changement

01:07:22de positionnement

01:07:23par rapport

01:07:23au sud global

01:07:24c'est à dire

01:07:25une capacité

01:07:25à engager

01:07:26un partenariat

01:07:27tout à fait audacieux

01:07:29et bien

01:07:29nous nous retrouvons

01:07:30alors

01:07:31tout seul

01:07:32sur la scène mondiale

01:07:33c'est à dire

01:07:34vassalisé

01:07:35par les Etats-Unis

01:07:36et par la confrontation

01:07:37avec la Chine

01:07:38et sans capacité

01:07:40d'appui

01:07:40sur le Moyen-Orient

01:07:42l'Asie du Sud-Est

01:07:43l'Afrique

01:07:45ou l'Amérique latine

01:07:46donc

01:07:46cette compréhension

01:07:48du monde

01:07:48elle suppose

01:07:49que nous soyons capables

01:07:50de développer des passerelles

01:07:51je termine

01:07:51d'un mot

01:07:52sur l'autonomie

01:07:53vous avez raison

01:07:54l'autonomie stratégique

01:07:55elle est très importante

01:07:56que faire

01:07:56avec des pays

01:07:58comme la Hongrie

01:07:58la Slovaquie

01:07:59voire l'Italie

01:08:00je crois que cette unité

01:08:02elle doit être posée

01:08:03sur le plan

01:08:04du respect des valeurs

01:08:05et en particulier

01:08:06de la démocratie

01:08:07et que peu à peu

01:08:08à travers

01:08:09l'évolution

01:08:10notamment d'une avant-garde

01:08:11européenne

01:08:12il doit être clair

01:08:13que ces pays

01:08:13ne peuvent pas participer

01:08:15à ce cheminement nouveau

01:08:16donc seront

01:08:17nécessairement

01:08:18laissés de côté

01:08:19dans le cadre

01:08:20des avancées

01:08:21de l'Union Européenne

01:08:22Monsieur le Premier Ministre

01:08:24je suis très honorée

01:08:25de vous interroger

01:08:26ce matin

01:08:26et je crois d'ailleurs

01:08:27que je ne suis pas la seule

01:08:28je vois la salle

01:08:30de commission

01:08:31quasiment pleine

01:08:32alors probablement

01:08:35avez-vous déjà répondu

01:08:36mais je vais quand même

01:08:37dérouler ma question

01:08:38la réélection

01:08:39de Donald Trump

01:08:40le 5 novembre dernier

01:08:41à la présidence

01:08:42des Etats-Unis

01:08:43présageait des lendemains

01:08:44mouvementés

01:08:45sur la scène internationale

01:08:46mais à peine

01:08:47trois mois après

01:08:48son investiture

01:08:49il était difficile

01:08:50d'imaginer

01:08:50qu'elle provoquerait

01:08:51de tels et de si nombreux

01:08:52bouleversements

01:08:53comme vous l'avez indiqué

01:08:54récemment

01:08:55nous assistons

01:08:56à un basculement historique

01:08:57du monde

01:08:58qui a des répercussions

01:08:59importantes sur l'Europe

01:09:00et la France en particulier

01:09:02à plusieurs niveaux

01:09:03au niveau de la sécurité

01:09:04du vieux continent

01:09:05près de 80 ans

01:09:07après la fin

01:09:07de la seconde guerre mondiale

01:09:08la guerre est revenue

01:09:09aux portes de l'Europe

01:09:11le 24 février 2022

01:09:12avec l'offensive de la Russie

01:09:14sur le territoire ukrainien

01:09:15une attaque

01:09:16qui constitue une menace

01:09:17pour tout le continent européen

01:09:18parce que rien ne dit

01:09:20que Vladimir Poutine

01:09:21n'a pas d'autre ambition territoriale

01:09:23dans ce contexte

01:09:24la nouvelle politique

01:09:25des Etats-Unis

01:09:25vis-à-vis de l'Ukraine

01:09:26a été symbolisée

01:09:28par l'humiliation

01:09:28infligée à Volodymyr Zelensky

01:09:31il y a quelques semaines

01:09:31à laquelle s'ajoute

01:09:33une proximité

01:09:34à géométrie variable

01:09:35entre le président

01:09:36des Etats-Unis

01:09:37et son homologue russe

01:09:38qui ne font que renforcer

01:09:40les menaces

01:09:40pour la sécurité

01:09:41de l'Europe

01:09:42au niveau des démocraties

01:09:44européennes aussi

01:09:45puisque l'administration

01:09:46Trump n'hésite pas

01:09:47à combattre

01:09:48les régimes

01:09:48qui ne correspondent pas

01:09:50à l'idée

01:09:50qu'elle se fait

01:09:51de la démocratie

01:09:51et de la liberté

01:09:53nous avons vu récemment

01:09:54les interventions

01:09:55d'Elon Musk

01:09:56au Royaume-Uni

01:09:57en Allemagne

01:09:58et celle de J.D. Vance

01:09:59à Munich

01:10:00autre menace inquiétante

01:10:01venant d'un pays

01:10:02qui se présentait pourtant

01:10:03comme le défenseur

01:10:04du monde libre

01:10:04la détermination

01:10:06de Donald Trump

01:10:06à vouloir conquérir

01:10:07le territoire

01:10:08danois du Groenland

01:10:10enfin au niveau économique

01:10:11avec l'entrée en vigueur

01:10:12des droits de douane

01:10:13majorés de 20%

01:10:15sur les marchandises

01:10:15exportées vers les Etats-Unis

01:10:18face à tout ça

01:10:19vous invitez donc

01:10:20la France et l'Europe

01:10:21à tirer les leçons

01:10:22de ce bouleversement

01:10:23afin de pouvoir

01:10:24défendre notre indépendance

01:10:26vous militez pour

01:10:27un réveil européen

01:10:29monsieur le Premier ministre

01:10:30première question

01:10:31quelle forme doit

01:10:32à votre sens

01:10:32prendre ce réveil

01:10:34vous parliez

01:10:34de défense européenne

01:10:36à côté de ce

01:10:37de ce côté militaire

01:10:38vous parlez aussi

01:10:39d'un réveil économique

01:10:40donc comment l'imaginez-vous

01:10:42et puis j'ai une petite

01:10:43question bonus

01:10:44parce que je sais

01:10:44que vous connaissez bien

01:10:45la Martinique

01:10:46donc je vais

01:10:46plutôt orienter

01:10:48sur l'outre-mer

01:10:49l'outre-mer

01:10:50dans tout ça

01:10:51d'après vous

01:10:51quelle est la place

01:10:52des outre-mer

01:10:53au sein de la diplomatie française

01:10:54je vous remercie

01:10:55dans la bataille impériale

01:10:58que nous voyons

01:11:00vous avez à juste titre

01:11:01rappelé

01:11:02à quel point

01:11:02elle déstabilise

01:11:03le monde

01:11:04madame la députée

01:11:05et elle le déstabilise

01:11:07sur le plan économique

01:11:07et commercial

01:11:08nous le vivons

01:11:09elle le déstabilise

01:11:09sur le plan stratégique

01:11:10elle le déstabilise

01:11:11sur le plan technologique

01:11:12où la course est engagée

01:11:13à une vassalisation accrue

01:11:16puisque la technologie

01:11:17permet aux Etats-Unis

01:11:18d'imaginer

01:11:19comme pour la Chine d'ailleurs

01:11:20la logique de l'interrupteur

01:11:21c'est à dire

01:11:22qu'à un moment donné

01:11:22la technologie devient

01:11:24tellement avancée

01:11:25tellement sophistiquée

01:11:26qu'elle permet véritablement

01:11:27en jouant sur le bouton

01:11:29de maîtriser

01:11:31la régulation mondiale

01:11:34et puis il y a

01:11:35un dernier élément

01:11:36qui est central

01:11:37dans l'analyse

01:11:38que je fais

01:11:38c'est la question

01:11:40idéologique

01:11:41on voit bien

01:11:42que dans la bataille

01:11:43engagée par Donald Trump

01:11:44cette question idéologique

01:11:45elle est centrale

01:11:46et c'est pas un hasard

01:11:47si Donald Trump

01:11:49veut agir

01:11:50en liaison avec Elon Musk

01:11:51comme monsieur G.D. Vance

01:11:52sur les populismes européens

01:11:54sur les extrêmes droites

01:11:55européennes

01:11:56en activant

01:11:57en permanence

01:11:58la question identitaire

01:11:59et c'est pour cela

01:12:00que je prends position

01:12:02de façon aussi forte

01:12:03sur la question identitaire

01:12:04parce que c'est un moyen

01:12:06de neutralisation

01:12:07de la démocratie libérale

01:12:09et je crois

01:12:10qu'il ne faut pas être dupe

01:12:11la bataille identitaire

01:12:13elle est l'outil

01:12:14par lequel

01:12:15aujourd'hui

01:12:17les Etats-Unis

01:12:18veulent soumettre

01:12:19les démocraties

01:12:20partant d'un principe

01:12:21très simple

01:12:22soumettre un pays

01:12:23vous pouvez le faire

01:12:24en déclarant la guerre

01:12:25vous pouvez le faire

01:12:26en menant

01:12:27des embargos

01:12:28commerciaux

01:12:29ou des droits de douane

01:12:30augmentés

01:12:31mais vous pouvez le faire aussi

01:12:32en changeant

01:12:33un régime politique

01:12:35à travers une élection

01:12:36et la bataille

01:12:37qui consiste à changer

01:12:38celui qui dirige le pays

01:12:40elle atteint son sommet

01:12:41avec

01:12:42l'hypothèse

01:12:44qui est la principale

01:12:45hypothèse russe

01:12:46en Ukraine

01:12:47qui consiste à simplement

01:12:48changer Volodymyr Zelensky

01:12:49ne rien changer d'autre

01:12:50et le tour est joué

01:12:51et bien la même chose

01:12:52pourrait avoir lieu

01:12:53en Allemagne

01:12:54au Royaume-Uni

01:12:55ou en France

01:12:55à travers l'activation

01:12:57de cette question identitaire

01:12:58qui mobilise

01:12:59bien évidemment

01:13:00le refus populiste

01:13:02et à partir de là

01:13:03vous tenez dans votre main

01:13:05l'ensemble de ces Etats

01:13:06qui obéissent

01:13:07à cette logique impériale

01:13:10de la façon la plus claire

01:13:11donc je pense

01:13:12qu'il faut que

01:13:13ni les droites

01:13:14ni les extrêmes droites

01:13:15pas plus que

01:13:16de toute forme d'extrême

01:13:17ne tombent dans le panneau

01:13:18et comprennent que

01:13:20derrière l'activation

01:13:21de ce logiciel identitaire

01:13:22et on voit bien

01:13:23le clavier

01:13:24qui va en France

01:13:25depuis le voile

01:13:26l'immigration

01:13:26qui ne passerait pas

01:13:28par des réponses

01:13:29à travers les politiques publiques

01:13:30mais qui passerait simplement

01:13:31par l'agitation

01:13:32de chiffon rouge

01:13:33conduisent à la division

01:13:34de la nation

01:13:35et à partir de là

01:13:36à la possibilité

01:13:37pour les Etats-Unis

01:13:38de tirer leur épingle du jeu

01:13:39je termine juste

01:13:40sur à quoi

01:13:41pour ressembler

01:13:42le réveil

01:13:42réveil économique

01:13:44vous l'avez dit

01:13:45réveil en matière

01:13:46de souveraineté

01:13:47et de ce point de vue là

01:13:48il faut moins parler

01:13:49d'économie de guerre

01:13:50qui ne me paraît pas

01:13:50le sujet

01:13:51que de se doter

01:13:53de tous les outils

01:13:54de la souveraineté économique

01:13:55de la souveraineté technologique

01:13:57qui permet à la France

01:13:58d'affirmer

01:13:59ses intérêts

01:14:00avec des champions européens

01:14:01avec une économie forte

01:14:03et désendettée

01:14:05donc là il y a

01:14:06une bataille

01:14:07qu'il faut mener

01:14:08et qui est beaucoup

01:14:09plus large

01:14:09que la simple

01:14:10économie de guerre

01:14:11qui donne un côté

01:14:13passéiste et archaïque

01:14:14même si bien évidemment

01:14:15il faut prendre le fait

01:14:16que la guerre

01:14:16est à nos portes

01:14:17Monsieur le Premier ministre

01:14:18ma question portera

01:14:19spécifiquement sur la Chine

01:14:20que l'on a tendance

01:14:21à oublier en Europe

01:14:22et particulièrement en France

01:14:23avec tous les

01:14:24remboudissements erratiques

01:14:25que nous impose

01:14:26Monsieur Trump

01:14:27pourtant

01:14:28pourtant les Ouïghours

01:14:29sont toujours persécutés

01:14:30et enfermés dans des camps

01:14:31et je n'ose imaginer

01:14:32d'ailleurs le sort

01:14:33des 40 d'entre eux

01:14:34qui ont été expulsés

01:14:35vers la Chine

01:14:35par la Thaïlande

01:14:36fin février dernier

01:14:37pourtant

01:14:38les Hongkongais

01:14:39exilés en Grande-Bretagne

01:14:40s'inquiètent pour leur liberté

01:14:41et s'inquiètent de plus en plus

01:14:42pour leur sécurité

01:14:43du fait du projet

01:14:44d'une grande ambassade chinoise

01:14:46en plein coeur de Londres

01:14:47pourtant

01:14:47Taïwan est toujours

01:14:48et de plus en plus

01:14:49menacé d'invasion

01:14:50par la Chine

01:14:51par ailleurs

01:14:51son meilleur allié

01:14:52les Etats-Unis

01:14:53ont décidé

01:14:54de la surtaxer

01:14:54elle-même

01:14:55de 32%

01:14:56et Donald Trump

01:14:57la menace

01:14:57d'imposer des draps de douane

01:14:58allant jusqu'à 100%

01:15:00sur les importations

01:15:01de semi-conducteurs

01:15:02en provenance de l'île

01:15:02sur le sujet des taxes

01:15:04les Etats-Unis

01:15:05appliquent donc

01:15:06depuis cette nuit

01:15:07un taux de 104%

01:15:08pour la Chine

01:15:09et Pékin a décidé

01:15:10de répondre

01:15:10à la phase précédente

01:15:12par un taux de 34%

01:15:13entraînant justement

01:15:14l'escalade

01:15:15exemple du puissant fond

01:15:17que sont toujours

01:15:18les guerres de taux

01:15:19en matière de droits de douane

01:15:20aussi

01:15:21que pensez-vous

01:15:22de cette escalade

01:15:23et quelles conséquences

01:15:24pourrait-elle avoir

01:15:25pour ces deux pays

01:15:25mais également

01:15:27pour Taïwan

01:15:27et pour l'Europe

01:15:28il semble notamment

01:15:30que Mme Ursula von der Leyen

01:15:31ait appelé

01:15:32à éviter cette escalade

01:15:33lors d'un entretien téléphonique

01:15:35qu'elle a eu

01:15:35avec le Premier ministre chinois

01:15:37Li Qiang

01:15:37et qu'elle ait plaidé

01:15:38pour une résolution négociée

01:15:40de la solution actuelle

01:15:41ah bon

01:15:42qu'impliquerait

01:15:44un rapprochement

01:15:44de la Chine

01:15:45et de l'UE

01:15:46pour cette dernière

01:15:47ainsi que pour la France

01:15:48enfin

01:15:49comment la France

01:15:50peut-elle contribuer

01:15:51davantage à la protection

01:15:52des minorités

01:15:53persécutées par la Chine

01:15:54et menacées

01:15:55à l'extérieur

01:15:56ainsi que pour soutenir

01:15:58Taïwan

01:15:58qui a décidé pour le moment

01:16:00de ne pas imposer

01:16:01de droits de douane

01:16:02réciproques

01:16:02sur les importations

01:16:03américaines

01:16:04je vous remercie

01:16:05la règle concernant

01:16:06la défense de nos valeurs

01:16:08et la défense des minorités

01:16:09doit rester la même

01:16:10pour notre diplomatie

01:16:12c'est une exigence

01:16:13historique

01:16:13et de ce point de vue là

01:16:15bien évidemment

01:16:16cela fait partie

01:16:17des combats

01:16:18et des nécessités

01:16:19de rappel

01:16:20permanents

01:16:21quand

01:16:21nous entrons

01:16:23en dialogue

01:16:24avec un état concerné

01:16:25qu'il s'agisse

01:16:25de la Chine

01:16:26qu'il s'agisse

01:16:27de l'Inde

01:16:27qu'il s'agisse

01:16:28de n'importe quel état

01:16:29de la planète

01:16:30qui à un moment

01:16:32ou à un autre

01:16:32pour une raison

01:16:33ou pour une autre

01:16:34contrevient

01:16:34à ce que nous considérons

01:16:36comme central

01:16:37c'est le respect

01:16:37des droits de l'homme

01:16:38et des valeurs

01:16:41démocratiques

01:16:42en ce qui concerne

01:16:43l'escalade

01:16:44à laquelle nous assistons

01:16:46en matière de droits

01:16:47de douane

01:16:47il y a un impératif

01:16:49qui est celui

01:16:50de trouver des alliés

01:16:51avec lesquels

01:16:52nous pourrons résister

01:16:54de la meilleure façon possible

01:16:55face à l'offensive

01:16:56commerciale

01:16:57américaine

01:16:58il faut noter

01:16:59que les Etats-Unis

01:17:00se retrouvent aujourd'hui

01:17:01face à la Chine

01:17:02dans une logique

01:17:03qui est inévitablement

01:17:05celle de l'escalade

01:17:06parce qu'il est

01:17:07hors de question

01:17:08compte tenu

01:17:08du positionnement chinois

01:17:09que la Chine

01:17:11cède

01:17:11un temps soit peu

01:17:13vis-à-vis des Etats-Unis

01:17:14donc nous avons

01:17:15en quelque sorte

01:17:15le laboratoire

01:17:16en matière

01:17:17d'escalade commerciale

01:17:19que nous offre

01:17:20la relation

01:17:20entre la Chine

01:17:21et les Etats-Unis

01:17:22à noter

01:17:23que la Chine

01:17:24est en avance

01:17:24de ce point de vue-là

01:17:26et par rapport

01:17:26aux Etats-Unis

01:17:27et par rapport

01:17:28aux principaux

01:17:29pays du monde

01:17:30pourquoi

01:17:30parce que la Chine

01:17:32depuis 2013

01:17:33quand la Chine

01:17:34a lancé

01:17:35sa grande politique

01:17:36de la ceinture

01:17:37et la route

01:17:37et depuis 2015

01:17:38où la Chine

01:17:39a lancé son programme

01:17:40Made in China

01:17:412025

01:17:42la Chine a pris conscience

01:17:44de ce phénomène nouveau

01:17:46qui est celui

01:17:47de la rareté

01:17:47des ressources mondiales

01:17:48et la Chine

01:17:49a anticipé

01:17:50par ses politiques

01:17:51cette nécessité

01:17:53qu'il y a

01:17:54de construire

01:17:54des réseaux

01:17:55qui permettent

01:17:56de véritablement

01:17:57avoir prise

01:17:58sur l'ensemble

01:17:58du monde

01:18:00et ce n'est pas un hasard

01:18:01si les nouvelles routes

01:18:01de la soie

01:18:02vont jusqu'en Afrique

01:18:03et jusqu'en Amérique latine

01:18:04aujourd'hui

01:18:05l'influence

01:18:06de la Chine

01:18:07en Amérique latine

01:18:08est absolument

01:18:09incontournable

01:18:10donc

01:18:11nous avons

01:18:12besoin

01:18:13d'engager

01:18:14un dialogue

01:18:14comme français

01:18:15et comme européen

01:18:16avec la Chine

01:18:17qui a anticipé

01:18:18ce phénomène

01:18:19de rareté

01:18:19et qui a anticipé

01:18:21cette exigence

01:18:21d'indépendance

01:18:22économique

01:18:23et commerciale

01:18:24par rapport

01:18:24au reste du monde

01:18:25donc il y a

01:18:26véritablement

01:18:27de ce point de vue là

01:18:28une capacité chinoise

01:18:29à avoir des leviers

01:18:31que nous n'avons pas

01:18:32ne serait-ce que

01:18:32le levier des terres rares

01:18:33et la première mesure

01:18:35décidée par les Chinois

01:18:36c'est de fermer le bouton

01:18:38qui concerne

01:18:39les terres rares

01:18:39et ce qui met

01:18:40bien évidemment

01:18:40en grande difficulté

01:18:41un certain nombre

01:18:42de secteurs technologiques

01:18:43américains

01:18:44c'est pour cela

01:18:45que je parlais tout à l'heure

01:18:46de la nécessité

01:18:47pour nos entreprises

01:18:48européennes

01:18:49par exemple

01:18:50d'appliquer une règle

01:18:51préférentielle

01:18:52par rapport

01:18:53aux entreprises

01:18:54américaines

01:18:55il faut savoir jouer

01:18:56subtilement

01:18:57entre les mailles

01:18:58du filet

01:18:58pour éviter justement

01:18:59cette logique

01:19:00de confrontation

01:19:01qu'il s'agisse

01:19:02des mesures tarifaires

01:19:03ou des mesures

01:19:04non tarifaires

01:19:04vous soulignez

01:19:05dans votre texte

01:19:06le pouvoir de dire non

01:19:07l'épuisement

01:19:07d'un certain modèle

01:19:08de mondialisation

01:19:09et je crois

01:19:10que nous partageons

01:19:11ce constat

01:19:11celui d'un commerce

01:19:12international

01:19:13qui s'est construit

01:19:14sur une illusion

01:19:15d'équilibre

01:19:16et qui a abouti

01:19:17dans notre pays

01:19:18à une perte

01:19:18de souveraineté

01:19:19industrielle

01:19:19trop longtemps tolérée

01:19:20ce que vous décrivez

01:19:22comme un monde

01:19:23ivre de puissance

01:19:24où les flux commerciaux

01:19:25sont devenus

01:19:25autant d'armes

01:19:26que de ponts

01:19:27c'est ce que nous vivons

01:19:28aujourd'hui

01:19:29dépendance aux matières

01:19:30premières

01:19:30fragmentation

01:19:31des chaînes de valeur

01:19:32guerre économique

01:19:34larvée entre blocs

01:19:35le commerce mondial

01:19:36est passé

01:19:37d'un idéal

01:19:38d'interconnexion

01:19:39à un rapport

01:19:40de force

01:19:40et la France

01:19:41pendant trop longtemps

01:19:42était spectatrice

01:19:43on a cru que l'économie

01:19:45post-industrielle

01:19:46suffirait à assurer

01:19:47notre puissance

01:19:48dans mon département

01:19:49les Ardennes

01:19:50on a laissé partir

01:19:51des savoir-faire

01:19:52des usines

01:19:52des brevets

01:19:53résultat

01:19:54nous importons

01:19:55notre acier

01:19:55nos batteries

01:19:56nos sujets conducteurs

01:19:57et nos voitures électriques

01:19:58depuis quelques années

01:20:00des choix importants

01:20:00ont été faits

01:20:01relocalisation ciblée

01:20:03soutien à l'innovation

01:20:04investissement

01:20:05dans les industries vertes

01:20:07c'est une direction

01:20:08que je soutiens

01:20:08mais soyons lucides

01:20:10nous ne réindustrialiserons

01:20:12pas la France

01:20:13à coup de subvention

01:20:13ou d'annonce

01:20:14il faut une stratégie

01:20:15claire

01:20:16durable

01:20:16et surtout assumée

01:20:17assumée vis-à-vis

01:20:18de nos partenaires

01:20:19européens

01:20:20avec lesquels

01:20:21nous devons bâtir

01:20:21un véritable marché commun

01:20:23de la puissance industrielle

01:20:24assumée face aux grandes puissances

01:20:26en défendant nos intérêts

01:20:27nos normes

01:20:28nos standards

01:20:29et assumée à l'intérieur

01:20:30en reconnectant

01:20:31industrie

01:20:32et territoire

01:20:33la mondialisation

01:20:34la mondialisation

01:20:35n'est pas morte

01:20:36mais elle a changé

01:20:37de nature

01:20:38à nous de changer

01:20:39notre manière

01:20:40d'y participer

01:20:41pas en nous fermant

01:20:42mais en pesant

01:20:43en disant non parfois

01:20:44quand nos intérêts vitaux

01:20:45sont en jeu

01:20:46mais surtout en disant

01:20:47voici ce que nous voulons

01:20:48la France a encore

01:20:49les moyens d'être

01:20:50une nation industrielle

01:20:51encore faut-il

01:20:52qu'elle cesse

01:20:53de douter d'elle-même

01:20:54redonner à ces territoires

01:20:55et je pense ici

01:20:56aux Ardennes

01:20:57comme à tant d'autres

01:20:58leur place

01:20:59dans la chaîne de valeur

01:21:00c'est faire le pari

01:21:01d'un avenir

01:21:01enraciné

01:21:02résilient

01:21:03et stratégique

01:21:04aussi

01:21:05monsieur le Premier ministre

01:21:07au-delà de la nécessité

01:21:08de bâtir

01:21:08une véritable stratégie

01:21:09économique européenne

01:21:10comment peut-on donner

01:21:12à nos territoires

01:21:13et nos régions

01:21:14véritablement

01:21:14les moyens

01:21:15de participer

01:21:16et d'accélérer

01:21:17cette reconquête

01:21:18industrielle

01:21:18je vous remercie

01:21:19merci

01:21:21monsieur Dominique

01:21:23de Villepin

01:21:23la réponse

01:21:24s'il vous plaît

01:21:25merci

01:21:25merci monsieur le député

01:21:26en vous écoutant

01:21:27chacun peut mesurer

01:21:28l'extraordinaire complexité

01:21:30auxquelles nous devons

01:21:31faire face

01:21:32car en effet

01:21:33il y a

01:21:34les grands équilibres mondiaux

01:21:35la nouvelle équation

01:21:37impériale

01:21:37et puis il y a

01:21:38la réalité

01:21:40de tous les jours

01:21:40auxquelles

01:21:42sont soumis

01:21:42nos compatriotes

01:21:43à travers

01:21:44des drames

01:21:44comme la désindustrialisation

01:21:46la fermeture

01:21:47d'un certain nombre

01:21:48d'usines

01:21:48et ce sont des vies

01:21:50qui basculent

01:21:51et je vois

01:21:53à quel point

01:21:53il est difficile

01:21:54à l'échelle

01:21:56du gouvernement

01:21:57ou du président

01:21:57de la république

01:21:58quotidiennement

01:21:59de tenir les deux bouts

01:22:00de cette chaîne

01:22:01et d'être capable

01:22:02de prendre en compte

01:22:03j'en discutais

01:22:04encore récemment

01:22:05avec un certain nombre

01:22:05de partenaires sociaux

01:22:06de prendre en compte

01:22:07l'inquiétude

01:22:09de notre population

01:22:10d'hommes et de femmes

01:22:11qui aujourd'hui

01:22:11se demandent

01:22:12si leur emploi

01:22:13va être supprimé

01:22:14si leur temps de travail

01:22:15va être bousculé

01:22:16donc il y a une réalité sociale

01:22:18qui s'impose à nous

01:22:19et c'est pour cela

01:22:19que je me permets

01:22:20à l'occasion de votre question

01:22:21de répondre en préambule

01:22:22qu'il y a une exigence

01:22:24que nous ne devons pas lâcher

01:22:25et qui a malheureusement

01:22:26été lâchée

01:22:27depuis trop longtemps

01:22:28dans notre pays

01:22:28c'est qu'on peut

01:22:30comme le font

01:22:32un certain nombre

01:22:32de mouvements politiques

01:22:34évoquer en permanence

01:22:36la question de l'ordre

01:22:37l'ordre

01:22:38c'est fondamental

01:22:39dans un pays

01:22:39en rappelant

01:22:40que cet ordre

01:22:41doit être républicain

01:22:42et trop souvent

01:22:43on a tendance

01:22:44à privilégier

01:22:45un ordre

01:22:45qui serait

01:22:46malheureusement

01:22:47qui nous conduirait

01:22:48malheureusement

01:22:49à sacrifier

01:22:49trop de liberté

01:22:50donc un ordre républicain

01:22:51mais cela ne peut pas aller

01:22:53sans l'exigence sociale

01:22:55et quand on a

01:22:56une politique

01:22:57qui part

01:22:58sur le mauvais pied

01:22:59et on l'a vu

01:23:00par exemple

01:23:01avec la baisse

01:23:01des APL

01:23:03ou la suppression

01:23:04de l'impôt sur la fortune

01:23:05sans donner de gage

01:23:06à aucun moment

01:23:07à la justice sociale

01:23:08en espérant

01:23:09que la justice sociale

01:23:10se réglera d'elle-même

01:23:11à travers la croissance

01:23:12et à travers

01:23:13le développement

01:23:14d'une politique

01:23:15de l'offre

01:23:15et bien on voit

01:23:16que c'est beaucoup

01:23:17de malheurs

01:23:17qui au bout du compte

01:23:18parce qu'il y a

01:23:19d'autres urgences

01:23:19qui viennent

01:23:20et que derrière

01:23:21la bataille commerciale

01:23:22il y aura demain

01:23:22une autre bataille

01:23:23et finalement

01:23:24au bout du compte

01:23:25c'est la variable humaine

01:23:26qui est celle

01:23:27de l'ajustement

01:23:27qui est celle

01:23:28qui constamment devient

01:23:29cette variable

01:23:30qui est passée

01:23:32par perte des profits

01:23:32donc la bataille

01:23:33de l'industrialisation

01:23:34elle est nécessaire

01:23:35à l'échelle nationale

01:23:36mais elle ne peut être

01:23:37conduite efficacement

01:23:39qu'à l'échelle européenne

01:23:40en tout cas

01:23:42en liaison

01:23:42avec les autres pays

01:23:43donc il y a des choix

01:23:44à faire

01:23:45sur des filières

01:23:46sur des stratégies

01:23:47sur des champions européens

01:23:48avec

01:23:49une déclinaison

01:23:51et des choix à faire

01:23:52sur les différents territoires

01:23:53ce travail

01:23:54de vision

01:23:55qui est un travail

01:23:55qui ne peut être fait

01:23:56que dans une vision

01:23:57à moyen terme

01:23:57et à long terme

01:23:58il est nécessaire

01:23:58regardez

01:23:59on a fait l'éloge

01:24:00de la batterie

01:24:01de la batterie électrique

01:24:02et on a laissé fermer

01:24:03chez nous

01:24:04des usines

01:24:05qui fabriquaient

01:24:05ces mêmes batteries

01:24:06on fait aujourd'hui

01:24:08l'éloge

01:24:08de retour

01:24:10à l'économie de guerre

01:24:11et on laisse

01:24:12un certain nombre

01:24:12d'entreprises

01:24:13qui sont spécialisées

01:24:14dans ces secteurs

01:24:15fermer

01:24:16donc ça montre bien

01:24:18la difficulté

01:24:18à tenir l'ensemble

01:24:20de ces exigences

01:24:21donc cette bataille

01:24:22elle est globale

01:24:23mais elle doit être

01:24:24soucieuse

01:24:25de l'application

01:24:26sur chaque territoire

01:24:27sur chaque secteur

01:24:29sur chaque filière

01:24:30c'est véritablement

01:24:31pour le pouvoir

01:24:33aujourd'hui

01:24:33gouvernemental

01:24:35et présidentiel

01:24:36un défi exceptionnel

01:24:37et je ne suis pas sûr

01:24:39que nous ayons

01:24:39les outils

01:24:40nécessaires

01:24:41à une mobilisation

01:24:43exceptionnelle

01:24:44c'est pas par des mots

01:24:45qu'on mène

01:24:46la bataille

01:24:47les mots

01:24:48ils servent à mobiliser

01:24:49mais c'est aussi

01:24:50par des outils

01:24:50nous n'avons pas

01:24:51aujourd'hui

01:24:52les outils

01:24:53qui permettent

01:24:53d'assurer

01:24:53la cohérence

01:24:54des territoires

01:24:55je prends un exemple

01:24:56j'avais été sidéré

01:24:57en arrivant en 95

01:24:58à l'Elysée

01:24:59comme secrétaire général

01:25:01que le seul véritable

01:25:02outil fonctionnel

01:25:03de notre république

01:25:03c'était le conseil

01:25:04des ministres

01:25:05qui était un ordonnancement

01:25:06tout prévu d'avance

01:25:07chacun devait dire

01:25:09la phrase au bon moment

01:25:10tout était ordonnancé

01:25:11et nous n'avions pas

01:25:12par exemple

01:25:13un conseil des territoires

01:25:14qui permettait

01:25:14au président de la république

01:25:15et au premier ministre

01:25:16en liaison avec

01:25:17l'ensemble des présidents

01:25:19de région

01:25:19toutes les semaines

01:25:20ou tous les 15 jours

01:25:21de se réunir

01:25:22pour avoir ce retour

01:25:23de la vie du pays

01:25:24cela manque

01:25:25et on se retrouve

01:25:26bien des années après

01:25:27avec la fracture territoriale

01:25:30l'effondrement

01:25:31des services publics

01:25:32qui est une des grandes causes

01:25:33et l'impuissance de l'Etat

01:25:34qui est une des grandes causes

01:25:36de la montée des populismes

01:25:37en France

01:25:38et en Europe

01:25:38voilà pour les réponses

01:25:40de Dominique de Villepin

01:25:41aux orateurs

01:25:42des groupes politiques

01:25:43représentés

01:25:44à l'Assemblée nationale

01:25:46l'ancien Premier ministre

01:25:47de Jacques Chirac

01:25:48s'est montré

01:25:49vous l'avez entendu

01:25:49très critique

01:25:50sur la gestion française

01:25:52de la crise diplomatique

01:25:53qui s'était déclenchée

01:25:55entre Paris et Alger

01:25:56alors officiellement

01:25:57la page est tournée

01:25:59mais cette crise

01:26:00va laisser des traces

01:26:01à estimer

01:26:02l'ancien Premier ministre

01:26:03de Jacques Chirac

01:26:04une audition

01:26:05que vous pouvez bien sûr

01:26:06revoir sur lcp.fr

01:26:08ainsi que des extraits

01:26:09sur nos différents réseaux

01:26:11on se retrouve très vite

01:26:12sur LCP

01:26:12à bientôt

01:26:13Sous-titrage Société Radio-Canada

01:26:16Sous-titrage Société Radio-Canada

La séance est ouverte ! - Situation internationale : audition de Dominique de Villepin - 09/04/2025

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