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Mardi 29 avril 2025, retrouvez Enguerrand Artaz (Gérant, La Financière de l'Echiquier), Pierre Bismuth (Directeur Général et Responsable des Gestions, Myria AM) et Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Anguéran Arthaz est avec nous, stratégiste et gérant à la financière de l'échiquier.
00:16Bonsoir Anguéran.
00:17Bonsoir.
00:18Pierre Bismuth nous accompagne, directeur général et responsable des gestions de Myria Asset Management.
00:22Bonsoir Pierre.
00:23Bonsoir Grégoire.
00:24Et Valérie Gastaldi est à nos côtés également, stratégiste de Day by Day.
00:27Bonsoir Valérie.
00:28Bonsoir Grégoire.
00:29Trouet d'être là.
00:30Ravi de vous retrouver pour ces 100 jours de Donald Trump.
00:34Ça vous fait déjà sourire Valérie.
00:36Est-ce qu'on a passé à un pic de quelque chose ?
00:40Les 100 jours sont marqués notamment par cette séquence de Liberation Day jusqu'au 9 avril,
00:45la séquence du 2 au 9 avril.
00:47Je remarque que le S&P 500 n'a pas refait plus bas je crois depuis le 8 avril dernier.
00:52Est-ce qu'au moins en termes de sentiments, est-ce que les émotions se sont un peu calmées
00:57de cette séquence-là des tarifs autour du jour de libération de l'Amérique ?
01:02Et est-ce qu'on peut imaginer avoir dépassé un pic en termes de sentiments du pire si je puis dire ?
01:08Ça dépend de l'horizon de temps qu'on a.
01:12Je pense que pour quelques mois, on a vu le pire.
01:19Bon, je ne m'attendais pas à ce que ça baisse si vite la dernière fois.
01:26Je pensais qu'on avait un petit peu plus de temps.
01:28Entre le 2 et le 9 avril quoi ?
01:30Cette séquence-là ?
01:31Je suis venue le 29 mars.
01:35Je viens toujours les derniers jours du mois.
01:38Ah d'accord, oui.
01:39Ce n'est pas compliqué.
01:40Donc moins d'une semaine avant le 2 avril.
01:43Et je ne pensais pas que ça serait aussi rapide.
01:47Et finalement, ce qui s'est passé en l'espace de 10 jours, c'est la correction que j'attendais depuis un certain temps.
01:56Et on a fait à peu près tous les niveaux pertinents sur toutes les bourses européennes et américaines.
02:07En Asie, c'est un petit peu plus compliqué.
02:10Donc potentiellement, on peut faire de nouveaux sommets.
02:13D'accord.
02:14Bon, voilà.
02:15Il y a eu quand même une forme de capitulation, vous dites, à ce moment-là.
02:18Alors je sais que le terme peut se discuter, mais...
02:21Oui.
02:25Il y a eu une forme de capitulation.
02:27Ce qui est un petit peu gênant, c'est que la confiance est revenue très vite sur les marchés européens.
02:35Mais il faut donner le temps au temps.
02:38Et ce qui compte, ce n'est pas tellement...
02:40En fait, quand le marché rebondit, c'est normal que les gens se précipitent pour acheter.
02:45Parce que surtout quand ils ont réagi aussi vite que ce qu'ils ont réagi dans la baisse.
02:49Ça, c'est normal.
02:50On ne peut pas en tirer tellement de conclusions.
02:52Là où on tire les conclusions les plus importantes, c'est quand le marché se repose et que ça se décante.
02:59C'est là qu'il faut voir la façon dont le sentiment évolue et la façon dont les positionnements se font, etc.
03:04Les couvertures qui se défont ou au contraire qui sont ajoutées.
03:07Parce que quand le marché rebondit, les gens achètent tous des calls comme des fous et c'est normal.
03:13Ça ne permet pas de porter de conclusions.
03:15Ce qui compte, c'est que les niveaux qui ont été testés sont des niveaux qui ne rompent pas les tendances de...
03:22Long terme ?
03:23Moi, j'appelle ça moyen terme.
03:24D'accord.
03:25Pour moi, à moyen terme, c'est quelque chose qui peut se développer sur 3 à 9 ou 12 mois.
03:32Bon, voilà.
03:34Et ces niveaux-là, on les a respectés.
03:36D'accord.
03:37Donc, quand on respecte ces niveaux-là, la première idée qu'il faut avoir en tête, c'est qu'on va faire des nouveaux sommets.
03:42Après, il faut savoir être souple, bien entendu.
03:46Peut-être qu'on ne rebondira seulement que des deux tiers ou quelque chose de ce goût-là.
03:51Et puis, ça va peut-être dépendre des indices.
03:53Il y a déjà des valeurs qui font des nouveaux sommets.
03:55Alors qu'il y en a d'autres qui continuent à baisser.
03:57Ce sont moins nombreuses.
03:58Enfin, il y en a quand même...
04:00Voilà.
04:01On a un petit peu de tout.
04:02Donc, on va voir dans la consolidation qu'on aura les marchés qui s'en sortent.
04:10Mais une baisse de volatilité, une baisse des émotions, si je puis dire, c'est quelque chose qu'on peut avoir quand même à court terme, là ?
04:15Bon.
04:16Les gens ont une compréhension de la volatilité qui, parfois, est fausse.
04:21Parce que, quand on est dans des consolidations où on a des changements de direction réguliers, les gens disent souvent, oh là là, il y a de la volatilité.
04:28C'est volatile.
04:29Mais ce n'est pas volatile, en fait.
04:30Au sens de l'écart à la moyenne, ça n'est pas volatile.
04:35Surtout que c'est le cours de clôture qu'on prend en considération.
04:39Bon.
04:40Donc, tout ça...
04:41Donc, ça, oui, c'est peut-être ce que l'on va avoir à un moment.
04:45Non, mais sur quelques jours, parce que là, potentiellement, on peut peut-être encore remonter.
04:54Enfin...
04:55Oui.
04:56Oui, oui, c'est ce que vous dites.
04:57Le rebond est peut-être pas terminé.
05:00Bah, il n'est peut-être pas terminé, non ?
05:02Oui.
05:03Mais voilà, je...
05:07Je ne sais pas.
05:08En fait, c'est très compliqué, parce que si j'écoute les nouvelles...
05:12Oh là là !
05:13Ah bah oui, mais bon...
05:14Mais sincèrement, quand je regarde tous mes indicateurs qui sont basés que sur les prix...
05:21Enfin, ce n'est pas des indicateurs techniques, mais les cycles.
05:24Les cycles, j'attendais un point bas de cycle, j'ai eu le point bas de cycle.
05:28Voilà, je l'ai eu.
05:29Et donc, maintenant, j'ai une reprise.
05:31Alors, cette reprise, je sais qu'elle me donne plusieurs mois sur le Dow Jones.
05:36Et donc, normalement, on a vu le pire, quoi.
05:41Voilà, je peux difficilement...
05:43Sinon, je me renie.
05:45Bah non, mais...
05:46Bah oui, mais c'est très honnête de votre part.
05:48Et c'est très clair.
05:49Je trouve que vous répondez à la question, Valérie.
05:51Il n'y a pas de problème, Pierre.
05:52Sur ces 100 jours de Trump, et ce que l'on en retient en tant qu'investisseur,
05:57pour la suite, notamment.
05:59Est-ce qu'on va vivre chaque 100 jours au même rythme ?
06:02Ou est-ce qu'à un moment, quand même, je ne sais pas,
06:04les objectifs peuvent évoluer.
06:07Je trouve que, par exemple, on parle beaucoup moins de l'idée des baisses d'impôts,
06:11de la dérégulation.
06:12Scott Besant en reparle aujourd'hui en disant,
06:14attention, ça va arriver.
06:15Troisième, quatrième trimestre, la dérégulation va entrer en jeu.
06:19Les tarifs sont des ressources long terme qu'on veut pérenniser
06:24pour justement mettre en place des baisses.
06:27Il rappelle un peu une dimension du programme de Donald Trump à un moment un peu clé.
06:33Nous, on a toujours pensé, chez Myriad Asset Management,
06:36que les marchés financiers, c'était finalement des vrais défenseurs de la démocratie.
06:42Ça a été testé.
06:43Très honnêtement, moi, je trouve que les marchés financiers,
06:46moi, je tire un salut.
06:48Mon chapeau.
06:49Mr. Market.
06:50Absolument.
06:51Moi, je trouve que les marchés financiers sont vraiment très forts
06:54pour remettre le n'importe quoi.
06:56L'église au milieu du village.
06:58Vous étiez venu nous dire que c'était grand n'importe quoi.
07:00Le n'importe quoi, ça suffit.
07:03Et je trouve que vraiment, moi, j'avais dit,
07:05en fait, on a testé moins 20 sur le Nasdaq.
07:09On a testé moins 20 sur le Nasdaq.
07:10Et puis, tout le monde est revenu à la raison.
07:12Et c'est très bien comme ça.
07:14Ce qui est super dans cette crise, c'est que c'est une crise
07:17qui n'a rien de fondamental.
07:20C'est une crise qui est créée de toute pièce.
07:23Auton-infligée.
07:24Voilà, exactement, par un programme qu'on sait complètement ridicule.
07:28Donc, il y a toutes les caricatures qu'on voit sur,
07:30même sur LinkedIn, avec Trump et un ventilateur.
07:34Je regarderai.
07:36On regarde.
07:37Mais on voit très bien ce que font les tarifs.
07:39On a l'image.
07:41Et moi, je trouve que les marchés financiers ont vraiment joué leur rôle
07:44avec des marchés obligataires également
07:46qui ont été véritablement intraitables sur la période.
07:50Et peut-être le seul truc qu'il a réussi, c'est de faire baisser le dollar.
07:54Voilà.
07:55Ça, c'est ça.
07:56Voilà.
07:57Ce qui était un objectif affiché.
07:58Voilà.
07:59Si on a un petit objectif de faire baisser le dollar,
08:01mais bon, c'est quand même un peu l'épaisseur du trait.
08:03On est à 1,14.
08:04Le pétrole aussi a baissé un peu.
08:05Le pétrole, c'est bien.
08:07Oui.
08:08On est tous travaillés puisque c'est un indicateur de la croissance.
08:10Donc, alors, on dit, voilà, le pétrole a baissé.
08:12Mais ça, c'est plutôt pas bien en réalité, en termes de perception de croissance.
08:17Mais le n'importe quoi, je pense qu'il est pour l'instant derrière nous et pour un bon moment.
08:22Là, vous dites que les marchés ont fait rentrer Trump un peu dans sa boîte, quoi.
08:25En partie.
08:26Il restera l'animal qu'il est.
08:27Il n'y a pas de doute là-dessus.
08:28Mais vous dites que sur les orientations de politique publique et économique,
08:33le marché lui a mis quand même des lignes rouges assez sérieuses.
08:36Voilà.
08:37Moi, je pense qu'on a évacué le risque politique.
08:39Le risque systémique, c'est un peu réduit, quoi.
08:41Oui.
08:42En fait, c'est un peu...
08:44C'était assez drôle.
08:45Moi, je regrette de ne pas avoir réussi à attraper le point bas.
08:50Le point bas.
08:51Mais on savait qu'on allait s'en tirer par le haut.
08:53C'est vraiment...
08:55On n'est pas du tout dans le Covid.
08:56On n'est pas du tout dans une crise financière comme 2008.
08:59Enfin, on a tous...
09:01En tout cas, moi, je les ai vécues, ces crises-là.
09:02Là, vraiment, on ne comprenait rien à ce qui se passait.
09:04En tout cas, en 2008, on ne comprenait vraiment pas grand-chose.
09:06Enfin, là, c'est l'incertitude générée par un homme et son cerveau.
09:09Enfin, le Covid...
09:10Je ne dis pas que c'était simple, le Covid.
09:12Mais à partir du moment où on a vu...
09:15Alors, la réponse de politiques monétaires et de politiques budgétaires,
09:19je ne vais pas dire que c'était simple.
09:22Mais, je veux dire, il n'y avait plus beaucoup de questions à se poser, quoi.
09:25Du point de vue des marchés, en tout cas.
09:28Sauf que là, le problème qu'il y a, c'est qu'on a une politique qui est incompréhensible.
09:32Erratique.
09:33D'ailleurs, elle est tellement incompréhensible qu'en fait, il n'a pas la banque centrale avec lui.
09:37Il ne peut pas l'avoir.
09:38Puisqu'on sait tous que des droits de douane, ça fait monter l'inflation.
09:42Donc, tout ce qui réduit la croissance et qui réduit les échanges, ça ne peut faire que monter l'inflation.
09:48Donc, il ne peut pas avoir la banque centrale avec lui.
09:50Donc, les tests politiques et économiques complètement fumeux, je pense que les marchés, ce n'est même plus un risque.
10:00En fait, on s'en fiche.
10:01On a réduit l'incertitude, quand même.
10:02Ce qui est super, c'est qu'on voit que la réponse de l'Europe a, pour le coup, été à la hauteur.
10:09Mais attention, on en parlera après, si j'ai bien compris votre sommaire.
10:13On est toujours des nains géopolitiques.
10:15Mais en tout cas, d'un point de vue économique et grâce à l'Allemagne et aux élections,
10:20franchement, c'est très impressionnant de voir enfin l'Europe reprendre le lead.
10:25Moi, je trouve que les marchés européens ont été vraiment très sains.
10:29Et encore une fois, vraiment, on est bien resté sur nos fondamentaux.
10:34On sait qu'on a des défis, mais en tout cas, on n'a pas cassé le jouet.
10:39Alors qu'aux États-Unis, franchement, je pense que les dégâts sur la confiance des investisseurs peuvent être délétères.
10:46Bon, ils ont du bol, c'est le plus grand marché.
10:49Mais je pense que là, il avait eu un pistolet à un coup et il ne pourra pas vraiment s'en servir.
10:54Je comprends. Bon, réduction de l'incertitude.
10:56Et vous dites pour l'Europe, Trump a plutôt réduit le risque structurel de fragmentation de l'Europe.
11:02Ça, c'est toujours impressionnant.
11:04Pourtant, ça va très mal.
11:05C'est un vrai débat. C'est une vraie question.
11:07Oui, mais tout d'un coup, en fait, on voit que finalement, on sait mettre nos différences et puis avoir un front commun.
11:12Donc, c'est plutôt pas mal. Je trouve qu'on aurait pu redouter des francs-tireurs et finalement, il est…
11:18Pas tant que ça, vous dites.
11:19Pas tant que ça.
11:20Pour l'instant, ça se passe bien.
11:21En guérant, votre bilan descend en premier jour de Trump. On ne va pas… On restera humble sur un bilan total de la seconde mandature de Trump à ce stade.
11:30On va attendre.
11:31Les 1 360 prochains jours.
11:34Ça va être un peu long si c'est à ce terme-là.
11:37Non, ce qui est certain, là, je rejoins tout à fait l'avis de Pierre.
11:40Je pense qu'on a vu le pire sur la partie n'importe quoi, escalade, détention, surenchère.
11:47Je pense que cette partie-là, on a vu le pire.
11:49Parce que tout le monde sait que ce n'est pas soutenable.
11:52Ce n'est même pas crédible.
11:53À un moment donné, on ne va pas mettre les droits réciproques à 1 000 %.
11:56Enfin, ça n'a absolument aucun sens et personne ne croit à ça.
11:59Donc, je pense que ça, clairement, on a vu le pire.
12:02Maintenant, ce qu'il va falloir voir, c'est les conséquences à un peu plus long terme de tout ça.
12:07Parce que malgré tout, il y a des impacts concrets.
12:09Un, sur la confiance des entreprises.
12:10Parce qu'à la limite, la confiance des marchés, c'est facile.
12:13Nous, comme je disais avant, on a touché des points bas techniques.
12:18On rachète un peu.
12:19Puis si ça a bien remonté, on revend.
12:20C'est facile.
12:21Pour une entreprise qui doit peut-être repositionner ses chaînes d'approvisionnement,
12:26ses chaînes de production, revoir ses accords avec ses fournisseurs,
12:29c'est un petit peu moins évident.
12:32Donc, il y a quand même pas mal d'incertitude dans lesquelles les entreprises sont.
12:36Et malgré tout, aujourd'hui, les tarifs sont en place.
12:41La plupart des tarifs qui ont été annoncés sont encore en place.
12:44Il y a des petites exceptions annoncées.
12:45Tout n'est pas encore entré en vigueur.
12:47Mais il y a un certain nombre de choses qui sont déjà en place.
12:49Et chaque jour qu'on passe dans cette situation-là, potentiellement,
12:54ça impacte quand même les entreprises et, à terme, les consommateurs.
12:59Parce que c'est ça, la finalité.
13:01C'est que tout ça va faire monter les prix pour le consommateur.
13:04Et au-delà de la question de l'inflation par rapport à la Banque centrale,
13:07c'est qu'à la fin, le consommateur va devoir payer plus.
13:09Or, en 2021-2022, il pouvait, parce qu'il y avait toutes les aides aux ménages de l'administration Biden,
13:15il y avait les excès d'épargne du Covid, ça allait.
13:18Là, aujourd'hui, le consommateur américain,
13:20mis à part le décile le plus riche de la population,
13:24le reste, c'est un peu plus compliqué.
13:27C'est un peu plus compliqué.
13:28Donc ça, ça va quand même impacter la consommation.
13:31Et donc, encore une fois, chaque jour qui passe avec ces tarifs en place
13:35peut avoir des conséquences macro qu'on ne voit pas encore aujourd'hui.
13:38Aujourd'hui, on voit ce qu'on appelle les soft data, les données d'enquête,
13:41qui, là, ont commencé à bien bien se dégrader.
13:43Les enquêtes de PMA, les enquêtes de sentiments des consommateurs,
13:47tout ça, c'est bien dégradé.
13:48Mais les hard data, pour l'instant, il n'y a pas trop de sujets.
13:51Alors, il faut dire aussi que, pour l'instant, on a eu des hard data que sur le mois de mars.
13:56On va commencer à voir celle d'avril avec le rapport emploi cette semaine, puis un peu plus.
13:59Mais c'est tôt, pour l'instant, les impacts.
14:01Si impact il y a, c'est ça qu'il va falloir voir, on les verra plutôt dans deux ou trois mois.
14:05Pour moi, c'est ça, maintenant, où, là, peut-être qu'on n'a pas vu le pire sur cette partie-là.
14:11Sur la partie surenchère, très clairement, on n'ira pas plus loin, ce n'est pas crédible.
14:15Par contre, en fait, le choc, je pense, qu'a provoqué Trump,
14:20ce n'est pas quelque chose qui est annulable complètement du jour au lendemain,
14:24même s'il revient en arrière sur un certain nombre de choses.
14:26Je pense que le choc de confiance, les impacts que ça a eu sur le fonctionnement de certaines entreprises,
14:32vous voyez que même Walmart commence à dire, les gens commencent à se retrouver face à des rayons vides
14:37dans certains magasins Walmart, etc.
14:39Il commence à avoir des impacts concrets.
14:41Je ne sais pas quelle est la vitesse de rotation des stocks de Walmart.
14:47En moyenne, pour l'économie américaine, pour les entreprises qui forment l'économie américaine,
14:51c'est une rotation tous les trois mois, à peu près, des inventaires et des stocks.
14:54Mais évidemment, il y a des segments et des sous-segments où ça va beaucoup plus vite,
14:58sachant qu'il faut 4, 5, 6 semaines le temps que les cargos traversent et passent de Shanghai à Los Angeles.
15:05Tout ça est planifié avec un peu d'anticipation généralement.
15:09Et en parlant des cargos, justement, le volume de cargos réservés au départ des ports chinois pour les Etats-Unis,
15:14on est en baisse de 40% par rapport à l'année dernière.
15:16Donc ça dit quand même quelque chose des volumes d'échanges.
15:19Et est-ce qu'il a déjà produit dans ces 100 jours,
15:22généré des changements structurels déjà dans le comportement des entreprises,
15:29dans leur manière d'opérer à travers le monde ?
15:32Ou est-ce que c'est trop tôt pour le dire encore ?
15:34Je pense que c'est un petit peu tôt pour le dire.
15:36J'aime bien le parler avec le Covid, même s'il a certaines limites.
15:38Mais c'est vrai que dans le Covid, on a extrapolé beaucoup de choses de la période Covid
15:41en se disant que le monde a changé, changement de paradigme, etc.
15:44Bon, on voit que le commerce physique n'a pas non plus totalement disparu, etc.
15:49Que les questions se posent sur le télétravail.
15:51Donc, est-ce qu'on a déjà franchi des lignes structurelles
15:55ou est-ce que tout est encore un peu en jeu de ce point de vue-là ?
15:58Moi, je pense que c'est un peu tôt pour que vraiment,
16:00on ait structurellement changé le comportement des entreprises.
16:03Tout simplement parce que ça ne se fait pas du jour au lendemain.
16:06C'est quand même faire un pari énorme que de dire on va changer complètement.
16:09Parce qu'on est dans un monde globalement de flux tendu depuis plusieurs décennies.
16:13C'est comme ça que le monde fonctionne.
16:15De l'art passer…
16:16Le Covid avait déjà quand même instillé l'idée de la résilience,
16:19du besoin de contrôler ses chaînes de valeur…
16:21Et puis du besoin de stock…
16:22Enfin, ce n'est pas « right on time », c'est au cas où maintenant.
16:26C'est ça.
16:27Donc, peut-être que c'est le monde vers lequel on se dirige dans les prochaines décennies.
16:31Ce n'est pas impossible du tout si on a de plus en plus de comportements de cette sorte-là qui se mettent en place.
16:37Est-ce que vraiment on est rentré aujourd'hui ? Honnêtement, je pense que c'est un petit peu tôt.
16:41Évidemment, si les accords commerciaux finalement ne débouchent sur rien,
16:45parce que pour l'instant, ça parle, mais il n'y a pas grand-chose de concret,
16:48et qu'on reste comme ça pendant des mois, des mois,
16:50et qu'on commence à avoir de la représailles à droite à gauche,
16:52ce qui ne me semble pas être forcément le scénario central,
16:54mais imaginons que ça intervienne.
16:56Là, oui, sans doute qu'à un moment donné, ça changera aussi la manière de fonctionner les entreprises.
17:01Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
17:03Oui, et puis on verra, c'est un point un peu juridique,
17:05mais on verra la caractéristique juridique des accords commerciaux.
17:10Est-ce que ce sont des memorandums of understanding
17:12qui sont engageants pour l'administration Trump le temps qu'elle existe,
17:16ou est-ce que ce sont de vrais accords commerciaux passés devant le Congrès
17:20et donc engageant sur le long terme les États-Unis vis-à-vis de leurs partenaires
17:24au-delà d'une administration qui n'est qu'une administration passagère, de toute façon.
17:28C'est un point qui sera important.
17:30En sachant que de vrais accords commerciaux, entre guillemets,
17:33le temps moyen de discussion, c'est 18 mois.
17:37L'implémentation, c'est autour de 40 mois.
17:39Donc si on est là-dedans, on va vivre dans l'incertitude pendant encore un petit moment.
17:45La question du dollar, comment vous y répondez aujourd'hui, Valérie ?
17:51De la confiance des investisseurs dans le dollar.
17:54Est-ce que le dollar a perdu en partie au moins le statut qu'on pouvait lui conférer jusqu'à présent ?
18:00A priori, effectivement, on démarre un nouveau cycle baissier pour le dollar.
18:07On est encore un petit peu limite, mais ça semble...
18:19C'est dur à expliquer parce que, en fait, moi, ce sur quoi je me base, c'est des cycles long terme que personne n'a en tête.
18:29Pour que personne ne regarde.
18:32Mais si on veut illustrer les choses un petit peu différemment, si on pense à l'évolution de l'euro-dollar depuis 2000,
18:45En gros, le cours moyen, c'est 1,23, 1,25, je ne sais pas, un truc de ce bout-là.
18:50On a passé la moitié du temps au-dessus, la moitié du temps en dessous.
18:54On dit souvent que 1,20, c'est à peu près l'équilibre faire de l'euro-dollar.
19:00Je pense qu'une justification de ce qui peut se passer dans les 1 an à 2 ans qui viennent,
19:05parce que ce n'est quand même pas des choses qui se passent...
19:07Enfin, je ne pense pas qu'on va aller à 1,23 dans un mois.
19:10C'est qu'on a eu une période au cours de laquelle l'endroit où il fallait investir,
19:17c'était bien évidemment les États-Unis parce que la tech américaine et la déréglementation...
19:25Enfin, tout était bien pour les États-Unis.
19:28Et en fait, là, on peut se poser un petit peu la question de
19:31est-ce que c'est mieux d'aller aux États-Unis ou d'aller en Europe ?
19:34Parce que penser à aller plus loin, c'est quand même pour les plus hasardeux encore.
19:38Donc, c'est encore États-Unis-Europe, ce débat.
19:41Et du coup, si on ne sait pas très bien où il faut aller,
19:43c'est assez logique d'aller vers la moyenne.
19:46Bon, voilà. Donc déjà, ça veut dire qu'à un moment, il nous faut un temps pour aller jusqu'à la moyenne.
19:51Après, on verra si on retourne à des niveaux qui sont de 1,30, 1,35, 1,40, je ne sais rien.
19:57Je ne sais pas. Ça dépend de la 8. Enfin, ça dépend de trop de choses.
20:00Mais une première approche, c'est ça.
20:03Oui, je comprends.
20:04Enfin, il y a quelque chose qui change.
20:06On ne sait pas très bien vers quoi on va aller.
20:08Ça ne coûte rien de viser le retour à la moyenne.
20:10On va aller à la moyenne parce qu'au moins...
20:13Je l'illustrerai simplement comme ça.
20:17Le dollar a perdu effectivement quelque chose dans ces 100 premiers jours de Trump.
20:21Parce que là aussi, c'est vrai que les marchés bougent vite
20:24et donc les esprits bougent vite sur les marchés.
20:27Et tout de suite, on voit des nouveaux paradigmes, etc.
20:29Et je suis le premier à relayer le narratif d'une perte de statut des treasuries ou du dollar.
20:36Mais encore une fois, ça reste une vraie question dans ce monde-là
20:39où les alternatives pour une vraie monnaie de réserve mondiale sont encore assez peu nombreuses.
20:43Il faut quand même pouvoir encaisser, je ne sais pas, des trillions de demandes de dollars aujourd'hui
20:50de la part du reste du monde quoi.
20:53Donc toutes les monnaies ne peuvent pas gérer ça.
20:55Moi, je pense sincèrement que c'est le seul point positif de la position.
21:00C'est ce que vous disiez, d'avoir fait baisser le dollar.
21:02Voilà.
21:03Mais c'est une dépréciation, ce n'est pas une perte de statut.
21:05Non, mais pas du tout.
21:06En revanche, ce qui est vraiment...
21:08Encore une fois, je suis estomaqué par la puissance des marchés financiers.
21:13Je trouve que vraiment, c'est très impressionnant.
21:16On a vu quand même des mouvements extrêmement forts sur le 10 ans américain.
21:21Donc ça veut dire qu'il y a quand même des choses qui ont été shortées, qui ont été vraiment vendues.
21:2610 ans et 30 ans aussi.
21:27Enfin, ce que je veux dire, c'est que sur le 30 ans aussi, on a vu bouger des choses.
21:31Et donc, il y a quand même des flux, même si je ne crois pas super aux flux.
21:35Mais là, honnêtement, pour avoir une réévaluation aussi rapide des taux à 10 ans et des niveaux de risque implicites sur certaines zones géographiques, notamment les Etats-Unis,
21:48moi, je trouve que les marchés financiers ont vraiment, vraiment fait leur rôle de régulateurs.
21:52Honnêtement, c'est vraiment impressionnant.
21:54Et c'est de la pure prime de risque qui s'est formée dans ces 50 points de base qu'on a vus ?
21:59En tout cas, je trouve que c'est dire, attention, on a un monde à l'équilibre et là, tu es en train de le déséquilibrer.
22:06Et si tu le déséquilibres, voilà ce qui peut arriver.
22:08Ce qui était vraiment très intéressant dans la courbe des taux, c'est quand même ce plongeon du 3 ans.
22:13Donc, on avait un truc complètement, je n'ai pas vérifié avant de venir, mais au pire de la crise, on avait un truc complètement inversé entre le 0 et le 3 ans.
22:23Et ensuite, une courbe pentue.
22:25Donc, le marché financier obligataire, il disait vivement qu'on se débarrasse de l'administration Trump parce que là, on va direct vers la récession
22:32et après, on reprend un truc un peu normal.
22:34Ça, c'est vraiment intéressant.
22:36Je trouve que le rôle de régulation des marchés, encore une fois, c'est une crise créée de toute pièce.
22:43Ce n'est pas une crise fondamentale.
22:45C'est pour ça que, bon, on est parti avec des actions, bah tant pis, ça baisse et puis on sait qu'on va s'en tirer par le haut
22:52parce qu'il n'y a aucune incertitude sur l'issue.
22:57Bon, sur le marché obligataire, qu'est-ce que le marché obligataire a escompté effectivement à travers cette crise ?
23:05D'ailleurs, on notera que...
23:07Alors, oui, ce n'est pas un rallye, mais il y a quand même un peu de détente obligataire depuis quelques jours.
23:12On est passé de 4,50 à 4,20 sur le 10 ans américain.
23:14Les choses se tassent un petit peu.
23:16Et puis, on n'a pas cassé de niveau non plus.
23:18On n'est pas retourné voir les 5%, c'est ça.
23:20On n'a pas touché les 5% sur le 30 ans qui aura été, à mon avis, un certain douleur, mais on l'a approché.
23:24Pas loin.
23:25Je pense que savoir combien ça a pesé dans les revirements de Trump, c'est difficile à dire.
23:33Ça serait rentré dans la psychologie du personnage qui me semble un exercice un peu périlleux.
23:37Mais probablement que ça a joué incontestablement.
23:40Après, qu'est-ce qui a entraîné cette montée des taux ?
23:44Il y a plein de choses potentielles. Il y a effectivement un effet presque un peu de bande vigilante.
23:48Donc, des marchés obligataires qui, comme ils l'ont fait en Angleterre il n'y a pas si longtemps,
23:53ou même aux États-Unis, sous le premier mandat de Clinton de mémoire,
23:57où quelque part, le marché obligataire dit au gouvernement, là, vous faites n'importe quoi.
24:02Il y a certainement une partie de ça.
24:04Il y a une partie supposée auquel je ne crois pas beaucoup d'accélération des flux vendeurs
24:08de la part des détenteurs étrangers, Japon, Chine.
24:10J'y crois assez peu parce qu'en fait, ils font ça depuis 10 ans.
24:13Ils n'ont pas arrêté.
24:14Oui, oui, c'est ça. C'est un mouvement de long terme qui est déjà enclenché.
24:16Je ne suis pas sûr que ça ait joué beaucoup.
24:17Et après, il y a eu sans doute quand même en partie le débouclage de toutes les stratégies d'arbitrage de base des hedge funds,
24:25qui arbitrent donc l'obligation de cash versus le futur,
24:29où en fait, ça fait des très gros montants.
24:31Et quand on déboucle, ça fait des flux vendeurs assez importants.
24:34Mais je pense qu'il y a quand même une grosse partie qui a été de dire,
24:38vous faites n'importe quoi parce que d'un côté, vous promettez encore plus de déficit fiscal qui n'est absolument pas budgété,
24:46et vous fragilisez l'économie américaine par les tarifs douaniers.
24:50Donc quelque part, ça met un risque sur l'économie américaine.
24:54Alors, on peut dire naturellement que si ça risque de causer une récession, un crash de l'économie, les taux devraient baisser.
25:01Mais là, c'est une alerte qu'on envoie en disant, ce que vous faites ne va pas et c'est de la défiance.
25:05Là, ce qu'on voit depuis quelques jours, c'est que je pense quand même que le fait de clarifier,
25:11de dire non, on n'ira pas en frontal contre Jérôme Powell et contre la Fed, ça a un petit peu détendu tout le monde.
25:18Il y avait quand même de gros doutes que ce soit faisable légalement, mais malgré tout, donc la certitude est là.
25:23L'affaire là aussi, l'affaire Trump-Powell, elle est passée, ou le pire de l'affaire est derrière nous ?
25:28Je pense que de base, elle n'est pas crédible.
25:30Donc de toute façon, juridiquement, c'est extrêmement compliqué.
25:35Quel intérêt a en plus Trump de le faire alors que malgré tout, la Fed, elle est quand même plutôt dans un objectif de baisser les taux ?
25:45Peut-être pas dans le timing de Trump, peut-être pas aussi vite, etc.
25:48Mais la Fed, et Powell le premier, c'est-à-dire Powell est sans doute un des plus accommodants aujourd'hui au sein de la Fed.
25:53Powell le premier, il veut baisser les taux.
25:55Donc il n'y a aucun intérêt à jouer ce rôle-là.
25:58Il a besoin d'un adversaire politique.
25:59Voilà, mais c'est un contre-feu.
26:01Ils se battent contre quelqu'un quoi.
26:03Comme il n'y a plus personne en face.
26:05Et puis au moment où on commence à voir que la Chine ne cède pas, on va attaquer un autre adversaire.
26:09Ça permet de montrer quand même qu'on a des muscles.
26:12Mais je pense que ça, c'est pareil.
26:14Et Bessent a aussi clarifié la situation.
26:16Je pense que ça, on ne reviendra pas dessus.
26:18Peut-être qu'on aura à nouveau des petites pics sur la Fed.
26:22Il ne baisse pas assez vite, etc.
26:24Ou peut-être des critiques envers Powell, surtout plus on se rapprochera de la fin du mandat de Powell.
26:28Ce serait très probable.
26:29Mais cette hypothèse que Powell ne termine pas son mandat, je pense que ça aussi, on s'est écarté aujourd'hui.
26:37Qu'est-ce que le marché price et le marché des actions aujourd'hui en termes de scénario macro ?
26:43Ça coïncide avec un gros ralentissement américain à un certain stade cette année ?
26:49Est-ce qu'on est passé par l'idée d'une récession dans cette phase de crise dans ces 100 premiers jours de Trump ?
26:55Est-ce que le marché est allé jusqu'à escompter l'idée d'une récession américaine ?
26:58Ou est-ce qu'on s'est gardé justement d'en faire un scénario trop central ?
27:03C'est toujours difficile à dire. Ça dépend sur quoi on raisonne en termes de marché.
27:07En fonction des classes d'actifs, on n'a pas tout à fait les mêmes réponses.
27:09Si on raisonne en termes de niveau, en termes d'amplitude de drawdown...
27:13En termes, par exemple, de valorisation, on est à 21 fois le PE sur le S&P 500.
27:19Ça ne presse pas un gros ralentissement économique quand même.
27:23Le dernier point bas récent, qui n'était même pas une récession ces 2022, on était à 15.
27:28On est à 21, avec en plus des attentes de bénéfices qui n'ont pas vraiment été révisés à la baisse.
27:34Donc pour l'instant, ça presse un scénario relativement bénin.
27:40Il y a quand même un changement de paradigme, parce qu'on est quand même rebaissé par rapport aux niveaux absolus de marché ou les niveaux de valorisation.
27:49On s'est quand même redétendu par rapport aux niveaux qu'on avait atteints mi-février.
27:53Mais on ne presse pas quelque chose de vraiment très extérieur.
27:58Autant sur les marchés européens, je pense que pour le coup, le marché européen est beaucoup plus sain.
28:03Aujourd'hui, le marché européen, la valorisation, elle ne presse pas une énorme récession mondiale, mais c'est assez logique.
28:12Parce que sur toute l'Europe, on était à 0,5, 0,7 de croissance prévue.
28:18Avec l'impact de l'écart commercial, ça sera peut-être 0,1, 0,2, mais ça ne change pas fondamentalement la tendance.
28:24Et puis, il y a toujours ces plans d'investissement qui vont venir après.
28:27Là, sur les marchés européens, ce qui est pricé, c'est assez faire.
28:31Sur les marchés américains, on presse un scénario qui est assez bénin.
28:35Peut-être qu'il peut être un peu plus méchant et qu'à un moment donné, on peut avoir un petit peu de repricing supplémentaire.
28:41Surtout si, à un moment donné, comme on disait tout à l'heure, on a les hard data qui confirment le message des soft data,
28:46ce qui n'est pas acquis pour l'instant.
28:48Et quelque part, c'est logique.
28:50Le marché aujourd'hui presse la désescalade et la détente.
28:53C'est logique, puisque c'est la tendance des dernières semaines, donc c'est ce que le marché presse.
28:57Sans doute qu'on restera dans cette tendance à la détente.
29:02Après, c'est l'impact réel sur l'économie qu'il va falloir mesurer.
29:06Pour l'instant, le marché ne presse, à mon sens, pas totalement.
29:09Vous disiez, Valérie, tout à l'heure, aller au-delà du marché européen,
29:13c'est-à-dire en Asie et donc en Chine, ça reste encore assez hasardeux aujourd'hui, vous dites, pour vous ?
29:19Il n'y a pas de résilience du marché chinois ?
29:22Là, ce n'est pas quelque chose qui vous inspire encore ?
29:25Non, pas encore.
29:27À la rigueur, on peut se poser des questions sur le Japon, mais il n'y a toujours pas de signal net.
29:37Et je n'étais pas tout à fait d'accord avec ce qui se disait sur les obligations, parce que pour moi, quand même, le signal est très clair, parce qu'on a une pontification forte de la courbe de taux.
29:51Moi, je trouve qu'il ne s'est pas passé grand-chose sur les taux longs en eux-mêmes dans l'absolu, puisqu'effectivement, on n'a pas franchi des seuils clés, on n'a pas fait des nouveaux sommets ni quoi que ce soit en taux.
30:03En revanche, sur la pontification, ça a été très rapide et ça a été très rapide sur le 10-30 aussi, parce que le 10-30, il ne bougeait pas.
30:11Ça faisait deux ans que c'était extrêmement contenu. Et là, on a fait sauter une limite sur le 10-30. Donc, en fait, on a le message très clair que c'est la prime de terme qui est en train de nous constituer.
30:27Donc, que la signature américaine est en train de perdre de la qualité, parce que oui, maintenant, il faut quand même nous payer plus. Et c'est des mouvements, quand ils se mettent en place,
30:38qu'on n'arrête pas jusqu'à ce qu'on atteigne... Enfin alors, qu'on n'arrête pas, attention. Ça se déploie sur deux ans.
30:45Quand on enclenche ce genre de mouvements et de stratégies, on ne revient pas dessus dès le lendemain.
30:49Et la récession est devant dans l'économie réelle. Elle n'est pas derrière quand la courbe de taux se pontifie. La récession est devant nous.
30:55La récession, c'est au deux tiers de la pontification de la courbe de taux. Enfin, elle n'est pas facile. Ça dépend des fois, etc.
31:03Il y a d'abord la phase d'aplatissement et la violente pontification qui...
31:06Voilà. C'est quand ça devient inévitable et que, boum, on va dans le mur et qu'on va à la récession.
31:10Donc, la récession, elle est pour cette année aux États-Unis. Ça, c'est clair. Pour moi, c'est ce que nous disent les marchés financiers.
31:16Et donc, sur les actions, on a une période de répit. Mais ce n'est pas du beau temps. Enfin, ce que je dis depuis un petit moment, c'est qu'on est en train de construire des sommets importants sur tous ces marchés.
31:34Et on ne peut pas savoir le rythme et la façon dont on va construire ces sommets. Il faut casser les dynamiques précédentes.
31:42Et en fait, il faut donner des coups de boutoir pour venir à bout de l'optimisme de Pierre.
31:48Non, mais je comprends. Il reste bien ancré.
31:52Je suis optimiste. Mais effectivement, moi, j'ai trouvé ça très intéressant que ça s'inverse complètement. Et alors là, pour le coup, qu'elle s'aplatisse, mais négativement, très fortement sur le 0,3 ans.
32:03Ça, c'était intéressant. C'est que cette période, cette période sur le 0,3 ans, le 3 ans qui...
32:08Donc, le reste du mandat de Trump.
32:09Donc, ça veut dire qu'en fait, on a...
32:11On a une vue très négative sur les 3 prochaines années.
32:14Parce que le taux s'effondre. Donc, le prix des élections remonte. Mais entre 0 et 3 ans. Et après, ça se repentifie.
32:21Moi, j'ai trouvé ça très intéressant. Et que la pression...
32:25Ça joint bien l'idée que le marché a pricé, en tout cas, à travers certains instruments, l'idée d'une récession pour cette année ou en tout cas pour la fin, d'ici la fin du mandat de Trump.
32:36Comment ça se passe s'il y a une récession aux Etats-Unis, là, un jour ?
32:38En tout cas, moi, je trouve que le marché... Alors là, pour le coup, actions. C'est pour ça que je ne suis pas si optimiste sur les marchés actions.
32:44Je trouve que le Nasdaq à moins 10...
32:47Revenu à moins 10, ouais.
32:49Ouais, je parlais quand même d'un joint un peu cassé. Et quand les marchés sont évalués à la perfection, il faut vraiment que le monde soit parfait.
32:57Et là...
32:58Quelque chose vous dit que...
33:00Et là, en fait, le monde n'est plus parfait. Et ce qui va être très intéressant, c'est de voir la différence entre les fournisseurs de biens et les fournisseurs de services.
33:09Ça, ça va vraiment être passionnant, je pense. Et notamment dans les 7 magnifiques. En fait, franchement, quand on voit la partie d'échec qui est en train de se mettre en place, c'est vraiment passionnant.
33:18Parce qu'on a un Musk qui arrête la politique très rapidement. On va voir si les dégâts sur Tesla, ils sont rédhibitoires ou pas. Parce que je pense qu'ils ne s'attendaient pas du tout à une fronde pareille et à un effondrement des ventes de voitures.
33:32Vraiment, l'effondrement des ventes de voitures...
33:34Les problèmes de capacité, des usines qui ne te vendent plus non plus. Enfin, je veux dire, quand on ne produit plus, c'est compliqué de vendre.
33:40Ça, c'est quand même très intéressant de savoir si, en fait, les ventes vont rester à moins 60. Parce que les dégâts sur la marque sont quand même vraiment très importants.
33:50Moi, je ne pensais pas du tout.
33:52Moi, je ne pensais pas que...
33:54Moi, les phénomènes de boycott, je n'y crois pas trop. Et puis, c'est rarement durable.
34:01Non, mais ce n'est pas un phénomène de boycott. Je pense que c'est un phénomène de désaffection.
34:04Et que finalement, en fait, on est...
34:07Non, mais je pense que, par exemple, Apple ne voudrait pas perdre ce statut sur les téléphones portables.
34:15Et Tesla, c'était une référence. Et en fait, tout d'un coup, on s'est dit qu'il y a peut-être d'autres alternatives.
34:19Donc, ce n'est pas juste politique, vous dites. C'est aussi la concurrence à côté. D'accord.
34:23Moi, je pense que la désaffection, c'est bien plus que le boycott.
34:27Et on va voir comment ça se passe sur les fournisseurs de services, notamment les méta.
34:31On voit que Netflix... Là, on parlait de nouveau plus haut.
34:35Netflix, c'est un truc assez mondial.
34:39Personne n'a pris partie politiquement. Et je pense que c'était salutaire de ne pas le faire.
34:43Et on voit bien que Netflix, ils peuvent annoncer des résultats formidables.
34:47Personne ne se dit qu'on n'aime pas la culture américaine, on va se désabonner de Netflix.
34:53Pas du tout. On n'est pas du tout dans ce truc-là.
34:55Donc, on a, d'un point de vue, les biens culturels, plutôt services, on va dire, qui sont épargnés par ce délire.
35:04On va voir comment on se sentit...
35:05On verra combien de temps ils sont épargnés.
35:06Je veux dire, c'est des boîtes qui peuvent typiquement se retrouver à un moment dans le conflit commercial entre l'Europe et les Etats-Unis.
35:12Puisqu'on a cet excédent de service, les Américains ont un excédent de service chez nous, s'il faut à un moment, quand même, mettre en place des représailles.
35:21Oui, mais c'est d'autant plus délirant.
35:22C'est d'autant plus délirant que, en fait, les tarifs ne s'attaquent qu'au bien sans tenir compte des services.
35:28Ça, c'est quand même...
35:29Non, mais c'est pour ça que...
35:30Oui, c'est une vision parcellaire du monde.
35:31Non, mais ça, il n'y a pas de doute.
35:32Ça, en fait, les marchés financiers, cette vision parcellaire du monde, ne peuvent pas accepter.
35:37Oui.
35:38Bon, ben, qu'est-ce qu'on fait dans ces marchés, alors, Pierre ?
35:41Eh bien, nous, on concerne notre biais pro-européen, c'est que c'est surprenant, 2025.
35:46Donc là, il y a quand même l'idée que le schéma de marché, ce qu'on a vécu de l'ultra-dominance boursière des Etats-Unis à travers une poignée de valeurs,
35:55comparé au reste du monde, vous dites que ce schéma-là, il est quand même amoindri, il est d'accord.
36:02Donc, en relatif, on peut avoir...
36:04Moi, je trouve qu'en fait, autant de 2024, il n'y avait aucune question à se poser.
36:082025, vraiment, c'est...
36:11Le jeu est plus ouvert, quoi.
36:12Oui, beaucoup, beaucoup plus ouvert et beaucoup plus ouvert vers l'Europe.
36:15Parce qu'en fait, encore une fois, les crises politiques, c'est très compliqué à gérer, donc moi, je pense qu'il ne faut pas les gérer.
36:22Mais en revanche, ça donne de l'information.
36:25Quand on a une crise politique d'un côté et finalement une ambiance où tout le monde se serre l'écoute de l'autre côté,
36:34franchement, c'est quand même beaucoup plus clair d'aller investir en Europe.
36:37D'autant plus qu'on sort des taux négatifs, on voit de certains secteurs, de secteurs value qui deviennent croissance, comme les banques.
36:44Donc, c'est quand même assez rare.
36:46Donc, franchement, on a quand même beaucoup...
36:49Le fait que l'euro est monté, parce qu'un des arguments était de dire, si jamais il y a des tarifs sur l'Europe,
36:54et il y en a aujourd'hui un plancher à 10%, le change permettra de s'ajuster et avec un peu de baisse de l'euro, on s'en sortira, etc.
37:03Là, on a eu le mouvement inverse sur l'euro-dollar.
37:05Mais c'est un euro-dollar, oui.
37:07Donc, on va dire que les échanges sont principalement...
37:10Même trade-whited, même pondérer des échanges commerciaux face aux devises partenaires, l'euro a quand même bien remonté.
37:18Non, mais c'est sûr.
37:19Mais en tout cas, on a une zone commerciale qui est quand même relativement forte en Europe.
37:23Donc, ça protège quand même pas mal.
37:25Et surtout, ça donne de l'air à la Banque Centrale.
37:29Oui, oui, oui.
37:29C'est un argument en moins pour ne pas baisser les taux.
37:35On parlait du pétrole, franchement, on voit que ça se détend.
37:38Deux arguments en moins pour ne pas baisser.
37:41Elle peut appliquer sa politique tranquille.
37:43Oui.
37:44Bon.
37:44Sur la logique d'investissement, qu'est-ce qui vous paraît intéressant aujourd'hui, Anguéran ?
37:49On a un petit peu la même vision.
37:51On a quand même un biais européen beaucoup plus fort aujourd'hui, pour plusieurs raisons.
37:57D'abord, il y a toujours un excès de valorisation aux États-Unis qu'il n'y a pas en Europe.
38:01On n'est pas à bargain, mais il n'y a pas vraiment de sujet de valorisation en Europe.
38:06On a, je dirais, un impact sur les perspectives de croissance.
38:09Je le disais tout à l'heure, bon, ça sera peut-être revu un peu à la baisse sur 2025,
38:13mais l'écart n'est pas énorme.
38:14Et on a toujours cette perspective de réaccélération à horizon 2026-2027.
38:20Là où aux États-Unis, on est plutôt en fermeture d'out-pout-gap.
38:24On était au-dessus de la croissance potentielle pendant plusieurs années.
38:27Là, on va revenir probablement à la croissance potentielle, voire un peu en dessous.
38:31Donc là, le gap va être beaucoup plus important.
38:33Et puis, au niveau des banques centrales, on a une Fed qui, même si, on le disait tout à l'heure,
38:38elle est quand même dans l'optique de baisser les taux,
38:40elle ne va pas pouvoir agir de manière très forte, en tout cas pas de manière préemptive par rapport à un ralentissement.
38:45Elle le subira, le ralentissement ou la cession s'il y en a.
38:47Elle sera en réaction.
38:48Elle sera en réaction, il n'y a pas de problème, mais elle le subira.
38:50Là où la BCE, elle, est en train d'agir, on en a parlé il y a quelques mois,
38:55je disais qu'il faut qu'elle aille en dessous du tonneau.
38:57Elle vous a écouté, elle vous a entendu.
38:59Ce n'était pas être grand clair que de le dire.
39:00Tout était parfaitement logique qu'elle aille là.
39:03Elle a eu un argument.
39:04Voilà, il fallait qu'elle ait les arguments, il fallait convaincre quelques réticents,
39:07comme le gouverneur de la Banque d'Autriche, qui est le haut-quiche des haut-quiches par excellence.
39:12Bon, il fallait convaincre quelques personnes, mais maintenant, elle va y aller.
39:14Donc, on a finalement une croissance qui ne va pas être trop affectée des perspectives positives,
39:19une valeur raisonnable et une banque centrale accommodante.
39:22C'est quand même pas mal.
39:23Ce n'est pas un choix par défaut.
39:24Non, ce n'est pas un choix par défaut.
39:27Et d'ailleurs, si on va dans le même sens, l'autre pays qui, quelque part, coche des cases aussi,
39:32de ce point de vue-là, même si c'est peut-être un peu plus audacieux d'y aller, c'est la Chine.
39:36Chine, malgré tout, il y aura l'impact de la guerre commerciale, très clairement,
39:41qu'il va falloir prendre en compte.
39:42Mais le gouvernement chinois probablement sortira un bazooka à ce moment-là, pas avant.
39:47Il ne faut pas attendre, à mon avis, quelque chose avant.
39:49Donc là, il y a encore des mesures à venir.
39:51Si l'impact est trop fort, il y aura des mesures.
39:53J'en suis un peu répersuadé.
39:54Et on voit, par ailleurs, ce qui était le gros frein de la Chine depuis 2-3 ans,
39:58c'est-à-dire la confiance des consommateurs et des ménages,
40:01commence à repartir petit à petit,
40:03et donc avec des perspectives sur la consommation intérieure qui peuvent être un peu plus intéressantes.
40:07Donc, aller très progressivement re-regarder ce qu'il y a en Chine,
40:10notamment sur la tech chinoise, qui fait preuve d'innovation de manière très importante.
40:16Ça ne me semble pas une mauvaise idée.
40:18Dans les 100 jours, le mandat de Trump a commencé avec Dipsic.
40:21Voilà, et puis là, on a les annonces de Huawei.
40:23Oui, ça continue. 40 secondes sur l'investissement ?
40:26Oui, moi, je préfère le Japon à la Chine.
40:28Et quitte à jouer la relance de la Chine, on peut la jouer par le Japon,
40:30parce que quand même, leurs échanges sont assez étroits.
40:32Et a priori, ils ne peuvent que s'intensifier.
40:35Donc, c'est bon pour le Japon.
40:37La hausse de l'euro, moi, je vois ça d'un œil favorable, effectivement, pour la zone euro,
40:43parce qu'en fait, historiquement, le moment où la bourse européenne surperforme,
40:46c'est le moment où l'euro est fort.
40:49Et puis, ça va nous permettre, effectivement, d'avoir une banque centrale qui sera beaucoup plus cool.
40:54Moins d'inflation à importer, pas de problème sur la devise.
40:56Enfin bon, tout ça, c'est bien.
40:58On est déficitaire en pétrole, donc c'est bien, enfin, en matière première.
41:01Donc, c'est bien aussi d'avoir un euro fort.
41:03Ça ne peut qu'aider notre croissance.
41:06Boursiellement, on n'a pas encore beaucoup de signaux, mais peut-être qu'ils vont venir.
41:10Je veux dire, le fait qu'on ait trouvé un point bas pour un ou deux ans dans la performance relative est possible.
41:20Maintenant, dans quelle mesure on va réussir à surperformer ?
41:23Je ne sais pas.
41:26Je ne sais pas.
41:27Jusqu'où ça va aller, cette surperformance ?
41:30À suivre.
41:31Bon, ben voilà.
41:32Il faut quand même acheter au bon prix, quoi.
41:34Il ne faut pas se jeter dans...
41:36Je crois que l'aspect de valorisation revient quand même comme étant un facteur aujourd'hui important.
41:40Il faut être très tactique.
41:41Il faut être très tactique.
41:41Parce que le dollar continue de baisser, les actions américaines...
41:45Ah ben oui, c'est la double peine.
41:46Ah ben ça, c'est la double peine.
41:48Merci à vous trois d'avoir été les invités de Palais de Marché ce soir.
41:51Anguéran Arthaz, la financière de l'échiquier, Valérie Gasteldi, Day by Day, Pierre Bismuth, Myria Asset Management.

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