Mardi 4 mars 2025, retrouvez Florian Ielpo (Responsable Macro au sein de l'équipe Multi-Asset, Lombard Odier IM), Pierre Bismuth (Directeur Général et Responsable des Gestions, Myria AM) et Gustavo Horenstein (Responsable Recherche Macro et Allocation d'Actifs, Dorval AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:003 invités avec nous chaque soir autour de cette table pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:14Pierre Bismuth est avec nous, directeur général et responsable des gestions de Myria Asset Management.
00:18Bonsoir Pierre. Bonsoir Grégoire.
00:20Gustavo Reinstein nous accompagne, responsable de la recherche macro et de l'allocation d'actifs de Dorval Asset Management.
00:25Bonsoir Gustavo. Bonsoir.
00:26Et Florian Yelpo est également dans notre compagnie, responsable macro chez Lombard Audier IM. Bonsoir Florian.
00:31Bonsoir Grégoire.
00:32Florian, vraie question, est-ce que le marché est risconne ou riscoff ?
00:36C'est vrai que ce début d'année a été marqué quand même par l'idée que certes la performance des actifs américains
00:42était un peu en demi-teinte voire plutôt en baisse mais que derrière ça on avait un mouvement de balancier
00:47qui redonnait du vent dans les voiles à d'autres actifs, les actions européennes, les actions chinoises
00:54et donc le consensus était plutôt dans l'idée que c'était un bon moment de prise de risque, de diversification,
01:01on sortait de la forte concentration du marché américain pour déployer des investissements au-delà des seuls 7 magnifiques.
01:09On est toujours dans cette situation au moment où on se parle ou est-ce qu'on est dans un ambiance un peu plus riscoff désormais ?
01:15On est au milieu du guet entre les deux, c'est-à-dire qu'on est face aujourd'hui à une rotation qui a commencé en début d'année
01:23qu'on trouve plutôt bienvenue, qui est assez naturelle parce qu'on rentre dans une phase de reprise des canards boiteux,
01:32de ceux qui étaient un petit peu à la traîne dans ce cycle, c'est-à-dire l'Europe, la Chine, l'Asie plus globalement
01:38et ça a plutôt été porteur, on a eu la meilleure saison européenne de résultats depuis 8 trimestres selon les chiffres qu'on peut regarder.
01:48Tout ça était assez porteur de cette rotation et il y a eu une rotation plutôt bullish.
01:52Nous on a une métrique qui nous sert à mesurer l'appétit au risque dans les marchés,
01:58cette métrique elle regarde la liquidité, elle regarde les spreads de crédit,
02:01elle regarde les volatilités implicites dans les marchés actions et elle regarde la volatilité sur les marchés d'échange.
02:06On a eu une période de 3-4 mois au cours de laquelle on a eu un peu une espèce de barbel,
02:13c'est-à-dire une opposition entre d'un côté la vol d'échange qui était assez bériche,
02:18l'élection de Donald Trump n'a fait que renforcer le fait que se couvrir sur le marché d'échange est en fait de plus en plus coûteux
02:24et le reste, le crédit, les volatilités implicites plutôt faits, plutôt contractés, donc plutôt des signaux bullish.
02:32Donc on s'est un petit peu creusé les ménages, savoir est-ce que c'était possible que la vol,
02:35il faudrait que c'est raison, la vol action et qu'elle puisse transmettre un choc en l'espace de plusieurs mois.
02:41C'est un petit peu ce qui semble se produire.
02:44Aujourd'hui, je pense qu'il est vraiment trop tôt pour commencer à se dire qu'on rentre dans une phase bériche.
02:49Ce qu'on est en train de réviser c'est simplement une anticipation de earnings qui était très élevée,
02:53notamment aux Etats-Unis au moment où on est rentré dans l'année et très faible en Europe
02:58où on a continué à penser que puisque l'Allemagne a semblé faible, l'Europe elle-même était faible.
03:03Pour nous, on est toujours dans ce mouvement de balancier que vous évoquiez.
03:08Simplement, on est attentif au fait qu'aujourd'hui on a un peu plus de volatilité qu'avant,
03:12que les taux restent élevés et pèsent sur la conjoncture et qu'on a deux risques qui sont en train de se matérialiser.
03:18Le premier, cette guerre tarifaire.
03:20Le deuxième, la consolidation fiscale qui pour le moment est passive du côté européen,
03:24même si avec le réarmement on est en train d'étendre quelque chose.
03:28On va pouvoir peut-être nuancer un peu cette consolidation fiscale.
03:31Exactement, mais de l'autre côté de l'Atlantique, elle est active, elle pourrait bien être active
03:34et ça c'est quelque chose qui pourrait également peser sur les perspectives économiques des Etats-Unis et seulement des Etats-Unis.
03:39D'accord. Trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
03:42Et donc ce qui se passe là aujourd'hui, en lien assez direct avec les annonces tarifaires de Donald Trump,
03:48c'est quoi ? C'est le signe que le marché était devenu peut-être un peu complaisant sur cette thématique des tarifs ?
03:53Avait fini par ne plus y croire en tout cas à 100% ?
03:56Oui, et puis quelque part on a l'Europe à 11%, le SBI en Suisse à 11%,
04:01on a les actions émergentes à 6%, il y a des raisons en tout cas à la fin de ce mois de février de prendre quelques profits.
04:08Surtout vis-à-vis d'une situation dans laquelle l'incertitude a clairement progressé d'un cran.
04:15Encore une fois, incertitude vis-à-vis de quel peut être l'impact de cette consolidation fiscale,
04:19quel peut être l'impact de cette guerre commerciale qui ne fait que s'engager.
04:23Après, je ferai une différence entre ce que les marchés obligataires pensent, je pense que Pierre en parlera plus tard,
04:29et ce que les actions peuvent penser.
04:31C'est-à-dire que le marché obligataire a de suite priceé une petite prime en termes d'inflation,
04:35on l'a vu dans les break-even d'inflation, dès que les annonces de tarifs ont été confirmées.
04:41Par contre, côté actions, dans l'ensemble, on va attendre de voir parce qu'on pense qu'il va y avoir du deal-making sous-jacent.
04:46Peut-être aussi qu'on a un mouvement de réalignement du monde des actions sur le monde des obligations tout simplement.
04:51Pierre, comment vous analysez cette phase de marché ?
04:55Effectivement, avec cette vraie question, est-ce qu'on est encore en risk-on,
04:58ou est-ce qu'on bascule vers quelque chose de beaucoup plus défensif et d'un point de vue global, j'entends ?
05:05Nous, on voit ça un peu de la manière inverse chez Myriam Asset Management.
05:09On voit que les marchés votent contre le n'importe quoi.
05:13C'est vrai qu'on a quand même eu une phase, en février, qui a commencé avec la conférence de Munich
05:19et un fameux discours de Judi Vance, complètement lunaire, en nous expliquant quels étaient les plus grands risques pour l'Europe.
05:26Et ça a continué avec du n'importe quoi.
05:30Et on se projette en mars avec, encore une fois, du n'importe quoi politique.
05:35Et quand je dis n'importe quoi politique, c'est-à-dire qu'on ne voit aucune stratégie.
05:39Autant Trump 1.0, donc 2017-2021, on avait une vraie stratégie de mettre une croissance sous stéroïde,
05:50avec des baisses d'impôts, avec énormément de liquidités, et vraiment un enrichissement.
05:55Là, entre le programme de Trump, candidat, et la mise en œuvre, la mise en œuvre est complètement délirante.
06:02Et je pense que les marchés, notamment américains, se sont réveillés.
06:08Mais si je pense que ce n'est même pas les tarifs, je pense que la séquence complètement délétère, c'était vraiment vendredi dernier avec Zelensky,
06:14où en fait, on a une sorte de réunion impensable entre les Etats-Unis et la Russie.
06:23Et cette réunion est, à mon avis, complètement contre-nature.
06:29Et je pense que les marchés américains ne peuvent pas adhérer à un truc comme ça.
06:34Donc là, le marché américain dit à Donald Trump « Monsieur le Président, vous êtes en train de faire fausse route ».
06:38Moi, je pense que le marché est très, très énervé sur tout un tas d'annonces sans aucune stratégie,
06:44avec un retour en arrière, puis on gagne un mois, puis on remet, etc.
06:49Et puis on dit « On va mettre 25% de droits de douane sur l'Europe, ultérieurement, on ne sait pas très bien quoi, sur quels biens ».
06:56Il n'y a aucune stratégie.
06:57L'effet de surprise et l'incertitude, j'allais dire, ça fait partie de la stratégie de Trump.
07:03Oui, ils savent qu'en fait on ne voit pas l'objectif à la fin de la journée.
07:07L'objectif, personne n'est capable de le dire.
07:08Si, faire des deals sur le fontanil et sur les frontières.
07:11Oui, mais c'est 1% qui transite le fontanil entre le Canada et les Etats-Unis.
07:16Donc tout ça et…
07:19Comment il s'appelle ? C'est Howard Lutnick, je crois, ou Scott Besant, l'un des deux.
07:22Howard Lutnick étant le secrétaire au commerce et Scott Besant secrétaire du Trésor.
07:25Là, ce n'est pas une guerre commerciale à laquelle vous assistez.
07:28C'est une guerre contre la drogue.
07:29Non, mais je dis ça parce que c'est important de comprendre aussi le récit pour le public américain et le citoyen américain.
07:36Il faut aussi accepter qu'il y ait des dimensions politiques domestiques qui puissent être légitimes pour un pouvoir élu.
07:46On est complètement d'accord que les discours à l'extérieur s'adressent uniquement au peuple américain.
07:50Ça, complètement, c'est pour ça que J.D. Evans pouvait dire n'importe quoi.
07:53Ce n'était pas à nous que ça s'adressait.
07:56Mais quand même, on peut avoir une certaine logique et une certaine stratégie.
08:02Et quand on voit qu'on a Elon Musk qui a l'efficacité, qui s'occupe de commerce extérieur,
08:09tout le monde, personne ne joue son rôle.
08:14C'est assez iconoclaste, oui, je reconnais.
08:16Et donc les marchés, je pense, sont un très bon contre-pouvoir.
08:21Et c'est, je pense, très salutaire que le marché se retourne comme ça.
08:26Et alors qu'on avait vraiment une rampe de lancement, tout se retourne.
08:32On a l'étau qui baisse, qui est absolument contre-intuitif.
08:34On a le bitcoin qui s'effondre et qui est en passe de perdre absolument tous les gains qui avaient été générés par l'élection de Donald Trump.
08:41On a les actions de...
08:43Le SNP a déjà renversé tous les gains depuis l'élection de Trump.
08:47Elon Musk, Tesla qui étaient montés...
08:49À moins 30.
08:51Voilà. Et en fait, pour quel résultat ?
08:54Un résultat complètement nul d'un point de vue géopolitique.
08:58Alors, ça permet...
09:00C'est vrai que c'est des réveils pour l'Europe.
09:02Mais en fait, là, on ne parle pas du tout de finance.
09:04Là, le problème, c'est que c'est des réveils politiques qui ont des implications à court terme sur les marchés.
09:09Mais là où, en fait, c'est vraiment compliqué, c'est que ce n'importe quoi fait perdre une boussole au marché
09:15où on était sur une croissance visible avec finalement des devises qui étaient relativement stables.
09:21On pensait avoir des deals et là, on n'a pas de deals.
09:23On a n'importe quoi.
09:24Donc, on a l'incertitude Trump sans le bénéfice de la politique de Trump.
09:30La séquence Zelensky, le but, c'était de pouvoir exploiter des minerais.
09:34On a un président qui est en guerre, qui quitte les États-Unis, qui ne signe pas.
09:40Alors, ça veut dire quoi ?
09:41C'est quoi l'alternative pour Trump ?
09:42Il va signer avec Poutine ?
09:45C'est quoi le truc ?
09:46Il y a encore une chance que le deal se fasse quand même.
09:49On connaît l'animal.
09:50Justement, cette stratégie de bord du gouffre...
09:53Là, ça perturbe les marchés.
09:55Le marché est plus insensible à ça.
09:57Oui, c'est contre-nature.
09:58Donc, en fait, on se dit tous, quel est l'intérêt de suivre du délire ?
10:03On attend que ça passe et franchement, replions les gaules.
10:06Ce qui est assez, je ne sais pas si c'est pervers, je n'en sais rien,
10:10mais en tout cas, dans les KPIs fixés par Trump sur les marchés,
10:13il parle beaucoup plus des taux longs que du Dow Jones, par exemple.
10:16Et donc, il a affiché la baisse des taux longs comme étant un de ses objectifs.
10:20Et c'est vrai que, pour l'instant, les taux longs baissent.
10:23Et les taux longs baissent ?
10:24Pour quelle raison ? C'est un autre sujet.
10:26Pour lui, politiquement, il est encore à un stade où il peut afficher que les taux longs baissent
10:30et que, depuis qu'il est là, les taux longs baissent.
10:32Alors, sa chance...
10:33C'est vrai qu'ils veulent de l'inflation, ils ne s'en valent pas.
10:35Mais la défiance va arriver.
10:37Ça, c'est sûr et certain.
10:39Parce que, si on continue sur les tendances des tarifs,
10:42les break-even vont arriver.
10:44Donc, sur la question risque-on ou risque-off ?
10:46Eh bien, nous, on est plutôt risque-on Europe.
10:49D'accord, risque-on Europe.
10:51Gustavo, est-ce que le marché risque-on ou risque-off ?
10:54Oui, aujourd'hui, il n'y a pas de doute.
10:55Si c'est risque-off, il n'y a pas de problème.
10:57Bon, après, est-ce que c'est durable ? On verra.
10:59Simplement, sur la partie macro-marché, il y a les droits de douane, on en a parlé,
11:02mais il n'y a pas que ça.
11:04Ce qui avait quand même le point de départ, c'était le quatrième trimestre de l'année dernière,
11:07avec l'Amérique qui prend tout, et Donald Trump arrive là-dessus,
11:11et c'est vraiment la cerise sur le gâteau de cet optimisme énorme
11:15et des attentes aussi très fortes sur l'économie américaine,
11:17au-delà des marchés, sur l'économie elle-même,
11:19avec des chiffres de croissance très fortes, la productivité, etc.
11:23Et évidemment, tout était prêt pour décevoir,
11:26et c'est un peu ce qui se passe.
11:27Quelque part, il y a une déception sur la croissance américaine,
11:30non pas à ce stade où il y a une récession qui guette,
11:35mais simplement l'optimisme était tellement élevé
11:37qu'il a suffi qu'effectivement la consommation des ménages
11:39ne soit pas aussi extraordinaire que ça.
11:41Pour des raisons techniques, les importations ont explosé
11:45en début d'année, juste avant les droits de douane.
11:48Pour des raisons techniques, non, parce que la menace tarifaire,
11:52et que je pense que le citoyen américain, depuis Trump 1.0,
11:56il a bien compris aussi ce que ça pouvait impliquer pour lui,
11:59donc il n'est pas bête, il réagit.
12:01Ce que je veux dire, c'est que si vous importez énormément maintenant,
12:03ça ne sera pas plus tard, ce ne sont pas des effets...
12:05Dans le calcul du PIB, oui, effectivement.
12:07Ça peut jouer sur le PIB du premier trimestre,
12:09ça ne jouera pas sur celui du deuxième trimestre,
12:11donc ce sont des effets un peu techniques.
12:14Mais en tout cas, il y avait vraiment...
12:16Les espoirs étaient tellement élevés que, forcément,
12:19c'est plutôt un peu la douche froide en début d'année,
12:21ce qui explique aussi une partie des inquiétudes,
12:24et notamment de la baisse des taulons.
12:27Et en Europe, c'était pile l'inverse, évidemment,
12:30aucune attente, l'endroit où il ne fallait pas être,
12:32l'extrême fragilité, tout ce qu'on veut.
12:34Et puis bon, finalement, c'est assez classique, dans le fond,
12:38et jusque-là, le marché n'a pas simplement
12:42grimpé les murs d'inquiétude sur l'Europe,
12:44il l'a même grimpé très très vite,
12:46et très honnêtement, je comprends la prise de bénéfices en ce moment,
12:50d'ailleurs, on y participe aussi un peu,
12:52il est clair qu'on est tous plutôt surpris,
12:54agréablement surpris de la performance de l'Europe.
12:56À plus de 12 en deux mois ?
12:58Pour les courageux qui disaient, nous on croit à l'Europe,
13:00bon, tout d'un coup, on ne se sent plus malin,
13:02et donc effectivement, quelques prises de bénéfices,
13:04on peut le comprendre.
13:06Après, je pense que fondamentalement, sur l'économie américaine,
13:10elle reste relativement solide malgré tout.
13:13Cette question des droits de douane,
13:14on pourrait en parler des heures et des heures,
13:16c'est extrêmement complexe, étant donné que,
13:18comme d'ailleurs dans la première présidence Trump,
13:22est-ce que c'est la réciprocité ?
13:25Est-ce qu'on fait, effectivement, on utilise les droits de douane
13:27pour au contraire augmenter le business,
13:29faire plus de business ?
13:30Est-ce que c'est pour forcer ?
13:32Par exemple, si l'idée c'est de forcer les Chinois
13:34à baisser le dumping, c'est plus de business,
13:37donc c'est positif, en fait.
13:39Ou au contraire, c'est une histoire de restriction.
13:41Il veut restreindre les importations, clairement,
13:44et dans ce cas-là, c'est moins de business.
13:46Et ça, c'est pas clair.
13:47Et les droits de douane, dans l'histoire des droits de douane,
13:49ça a toujours servi à plusieurs choses,
13:51au moins à trois choses.
13:52Les recettes, bon, il fut un temps, c'était 80% des recettes américaines,
13:56maintenant, c'est vraiment tout petit.
13:59Au tournant des années 20, c'est ça ?
14:01Quand les tarifs étaient les plus élevés ?
14:03Non, même avant.
14:04Même avant, d'accord.
14:05Non, non, non.
14:06Déjà, dans les années 20, c'était déjà...
14:08Bon, après, il y a eu le passage difficile
14:12à la mort de la Grande Dépression.
14:13Mais donc, les recettes, et il en parle.
14:16Ah oui, contrairement à 31.0,
14:19là, il en fait une source de revenus
14:21pour l'État fédéral américain.
14:22Il avait même dit, voilà, on va supprimer l'IRS
14:24et le remplacer par le ERS,
14:26l'External Revenue Services.
14:28Bon, donc ça, c'est une possibilité.
14:31Après, il y a la restriction,
14:32et parfois, il évoque cette idée de restriction,
14:35c'est-à-dire le monde entier a profité des États-Unis,
14:37mais c'est fini, donc on va restreindre.
14:39Ou c'est la réciprocité, l'histoire du fentanyl.
14:41C'est plutôt de la réciprocité.
14:43Je l'aimais, mais je ne l'aimais pas,
14:45si vous faites cela.
14:47Le problème, c'est que ces trois choses
14:49sont un peu incompatibles.
14:50Ce n'est pas pareil, ce n'est pas la même politique.
14:52Et on ne sait pas très bien, effectivement,
14:54où il en est aujourd'hui.
14:55Et ce n'est pas extrêmement clair.
14:58Et puis, on peut avoir un mix de ces logiques,
15:00en fonction, j'imagine, du pays ciblé.
15:02Oui, alors on peut cibler, effectivement.
15:04Par exemple, j'ai entendu une idée qui était apparue,
15:06c'est peut-être que Donald Trump
15:08va demander au Mexique et au Canada
15:10de participer avec les États-Unis
15:12à augmenter les droits de douane sur la Chine,
15:14de faire des blocs contre la Chine,
15:16et pourquoi pas demain l'Union européenne.
15:17Ça, c'est une idée possible.
15:18Est-ce que ça marchera ? Je n'en sais rien.
15:20Mais bon, ça peut être ce type d'idée.
15:22Mais comme on ne sait pas aujourd'hui,
15:24on va commenter ce qui se passe dans la tête de Trump,
15:27ou même ce qui se passe dans ses équipes.
15:29Ils ne sont pas tous d'accord entre eux.
15:31Donc, c'est assez difficile.
15:33Mais je crois que ce qui se passe aujourd'hui,
15:35ce n'est pas que ça.
15:36Il y a aussi un retour de ce qui s'est passé
15:38ces derniers mois.
15:39Exactement.
15:40Il y a ce mouvement un peu inverse,
15:42prise de bénéfice en ce moment.
15:45On verra ce que ça va donner dans les prochains mois.
15:47Bon, alors moi, j'aime bien suivre maintenant
15:49la présidente mexicaine,
15:50la Claudia Chaing-Bomna.
15:51Mais si, elle a eu une longue conversation
15:53avec Trump il y a quelques semaines
15:55sur le premier report de tarifs,
15:56là, elle va attendre jusqu'à dimanche
15:58avant d'annoncer des mesures de rétorsion.
16:00Et dans l'intervalle, tout est possible.
16:02C'est toujours pareil avec Donald Trump.
16:04Cette histoire de tarifs, 25%.
16:06Là, on a quand même quelques chiffres.
16:08On fait tourner quelques modèles.
16:10Enfin, je veux dire,
16:12il y a la question de savoir combien de temps
16:14ces tarifs seront en place.
16:16C'est une vraie question et c'est un paramètre important.
16:18Mais là, à date, 25% sur le Canada et le Mexique.
16:21Qu'est-ce que ça donne dans la macro de ces pays-là
16:24et dans la macro américaine ?
16:26Je ne sais pas, à l'horizon de quelques semaines,
16:28quelques mois ?
16:30Il y a deux questions.
16:31Il y a la question de l'inflation
16:33et il y a la question de la croissance, en fait.
16:35La première question, c'est celle de l'inflation.
16:37C'était un peu, je pense, ce vers quoi
16:39on s'est naturellement tourné en disant
16:41ces tarifs-là vont créer de l'inflation importée.
16:43On va la retrouver finalement
16:45dans les indices des prix globaux.
16:47Toujours et partout, les tarifs sont inflationnistes.
16:50L'histoire ne supporte pas très bien cette idée-là.
16:53On peut s'intéresser justement à l'histoire longue
16:56et revenir en 1900 et aller chercher année après année
16:58la progression des tarifs, notamment dans la période
17:00qui s'étend, la période Hoover,
17:03qui avait eu l'idée justement de monter les tarifs
17:06pour protéger l'économie américaine
17:08en pleine grande dépression.
17:10Disons que ça n'a pas très bien marché
17:12et que ça a été plutôt la source d'une déflation.
17:15Alors, ça amène de la déflation à partir du moment
17:17où les tarifs sont suffisamment élevés
17:19pour dégrader le commerce mondial
17:21et que les pays les plus exposés au commerce mondial
17:24souffrent de ce ralentissement.
17:26Et cette déflation est proportionnelle
17:28à la réciprocité des tarifs.
17:30C'est-à-dire que lorsque les Etats-Unis le font initialement,
17:32ça a un effet limité.
17:34Mais lorsque la France et la Grande-Bretagne
17:36se mettent à faire la même chose en même temps...
17:38Et dans les mêmes proportions.
17:40Exactement les mêmes proportions.
17:42C'est ça qu'il faut avoir en tête,
17:44c'est-à-dire plus de 20% de tarifs effectifs,
17:46ce qu'on n'a pas du tout vu
17:48alors l'effet inflationniste, on peut vraiment le mettre de côté,
17:50on est juste en train de tuer des earnings,
17:52de tuer de la croissance et ça s'arrête là.
17:54On n'en est pas là
17:56et il y a pour l'instant peu de chances qu'on arrive là.
17:58Maintenant, côté croissance,
18:00si on a appris quelque chose de 2018,
18:02c'est qu'il y a une différence entre
18:04les tarifs implémentés et les tarifs annoncés
18:06et que ces tarifs-là sont plutôt
18:08justement des sources de ralentissement.
18:10C'est ce qu'on a découvert.
18:12Mais dans la deuxième partie de 2018,
18:14c'est-à-dire que les tarifs initiaux,
18:16le surcroît de droits d'honneur,
18:18il est annoncé et implémenté dans la première partie de 2018
18:20et on en voit les effets macroéconomiques
18:22dans les séries, ce qu'on appelle de hard data,
18:24les séries réelles, le PIB notamment,
18:26dans la deuxième partie de l'année
18:28et c'est ça qui commence à effrayer les marchés.
18:30Là, on a une réaction un petit peu
18:32échaudée,
18:34probablement liée à l'expérience,
18:36mais je suis assez acheteur de l'idée que
18:38dans l'ensemble, la croissance américaine
18:40du premier et deuxième trimestre,
18:42elle peut décevoir,
18:44comme le GDP Now de la fête d'Atlanta,
18:46à moins de 2,8%.
18:48On devrait être loin de ces éléments-là.
18:50Et juste pour conclure,
18:52quand on regarde la progression
18:54des droits de douane collectés
18:56par les Etats-Unis, en pourcentage
18:58des imports évidemment,
19:00avant 2018 et après 2018,
19:02on voit quasiment rien.
19:04C'est-à-dire que oui, on a une hausse
19:06de droits de douane annoncée de 10%,
19:08mais quand on regarde effectivement sur certains produits,
19:10il y a même des hausses de plus de 1000% sur certains produits en particulier.
19:12Mais en fait,
19:14ce qu'il faut prendre en compte, c'est le fait que
19:16les agents économiques eux-mêmes vont faire des calculs,
19:18c'est-à-dire que quand les prix progressent d'un côté, on va détourner.
19:20La Chine s'est mise à exporter au Mexique
19:22et au Canada, ce qui a permis
19:24de dériver un petit peu le trafic.
19:26Et dans l'ensemble, les effets ont été majeurs
19:28uniquement sur la nourriture.
19:30Donc le prix de la nourriture s'est mis à progresser
19:32aux Etats-Unis, et par contre,
19:34ça a été compensé par une baisse des droits de douane collectés
19:36sur l'énergie.
19:38Et cet effet de balancier
19:40a permis d'avoir un effet relativement neutre.
19:42Et du coup, c'est ce qui explique, lui-même le dit,
19:44en 2010, je n'ai pas généré d'inflation,
19:46ce coup-ci, il n'en aura pas non plus.
19:48Alors, je pense que la vérité, elle est un peu entre les deux.
19:50C'est comment est-ce que ces droits de douane annoncés
19:52deviennent des droits de douane effectifs, et si on a
19:54réellement 10% de progression des droits de douane,
19:56ce qu'ils appellent les blanket tariffs, c'est-à-dire le fait
19:58de mettre des droits de douane globalement
20:00sans discrimination, alors on va avoir un effet
20:02temporaire d'inflation, mais surtout,
20:04on risque de ralentir globalement
20:06l'activité économique.
20:08Et si c'est réciproque, encore une fois,
20:10l'effet ne peut être que décuplé.
20:12C'est pour ça que pour nous, c'est l'un des deux risques
20:14majeurs, sur le plan macro,
20:16pas marché, mais sur le plan macro
20:18pour 2025, et notamment pour la deuxième
20:20partie de 2025. Pour l'instant,
20:22l'Europe continue d'aimer ça.
20:24Ce qui est frappant dans la séquence,
20:26c'est que dans l'optimisme
20:28qu'on avait en fin d'année sur l'économie
20:30américaine et l'arrivée
20:32de Trump, je crois que
20:34tout le monde voyait dans le programme que le côté tarifaire
20:36pouvait être un moment perdant, perdant, etc.
20:38Mais à côté de ça, on voyait le côté tout de suite
20:40pro-business, dérèglementation,
20:42baisse des impôts,
20:44maintien des tax cuts
20:46Trump, des baisses d'impôts Trump,
20:48et potentiellement une nouvelle vague de baisses d'impôts
20:50derrière. Pour l'instant, on n'a pas le côté
20:52vraiment pro-business. Dans le
20:54séquençage, dans le phasage
20:56des mesures de Trump,
20:58il va là où ça fait mal
21:00tout de suite.
21:02Pierre,
21:04je vous redonne la parole, vous disiez que c'est le grand n'importe quoi.
21:06Est-ce qu'il y a quand même l'idée
21:08que profitant d'une économie
21:10qui fonctionne bien,
21:12il vaut mieux faire passer
21:14ces genres de mesures-là dont on sait qu'elles
21:16infligent un peu de douleur dès le départ
21:18en gardant les sweeteners
21:20et les pilules adoucissantes ou les
21:22bonbons pour la suite ? Moi, franchement,
21:24je suis arc-bouté sur les objectifs
21:26et les objectifs sont
21:28invisibles et incompréhensibles.
21:30En fait, on se dit
21:32tous que tout va très vite avec Donald Trump.
21:34Moi-même, je ne suis pas du tout antitrumpiste
21:361.0 ou 2.0
21:38au départ. Vous êtes un antitrump
21:40réfléchi. Non, vous prenez,
21:42c'est la donne.
21:44Moi, je ne suis pas américain. Oui, c'est la donne.
21:46Je rigole.
21:48Je ne suis ni pour ni contre.
21:50Je suis au milieu. Mais quand même,
21:52si on se dit que tout va très vite,
21:54en fait, il va vraiment
21:56d'échec en échec.
21:58Il devait régler Gaza en 24 heures,
22:00mais en fait,
22:02globalement,
22:04c'est n'importe quoi.
22:06Sur l'Ukraine,
22:08cette alliance,
22:10Russie-Etats-Unis,
22:12il y a vraiment de quoi s'étouffer.
22:14Quand on pense aux Etats-Unis
22:16et la Russie avec des dizaines
22:18de dizaines... Est-ce que ça lui coûte politiquement ?
22:20Je pense que ça va finir par lui coûter.
22:22Les marchés se retournent vraiment.
22:24Si les marchés se retournent.
22:26Mais les marchés, franchement, n'étaient pas du tout sur
22:28cette dynamique.
22:30Moi, je trouve qu'en 43 jours,
22:32il y a quand même beaucoup d'échecs.
22:34Et beaucoup de n'importe quoi.
22:36Aucune stratégie.
22:38Et ces échecs,
22:40ce jeu avec les tarifs,
22:42il faut bien que ça aille à un sens.
22:44En plus, c'est une redite.
22:46C'est une répétition.
22:48C'est comme un mauvais film qu'on se revoit.
22:50C'est la guerre contre la drogue. C'est ça, le sens.
22:52Sauf qu'il faut des résultats.
22:54Et en fait, on sait tous
22:56que la guerre contre la drogue,
22:58du fontanil
23:00qui transite par le Canada,
23:02on sait tous que ça va être un échec.
23:04Donc, quel va être le résultat ?
23:06Ça va être un gros échec.
23:08Et je pense que c'est ça que les marchés anticipent.
23:10Les marchés anticipent simplement...
23:12J'analyse la situation.
23:14Wall Street n'est pas du tout content.
23:16Et les taux baissent
23:18parce que la croissance est en rêve.
23:20Parce que ce qui s'est passé avant,
23:22on s'en fiche un peu,
23:24c'est une histoire ancienne.
23:26On anticipe tous sur les marchés.
23:28L'anticipation, elle est très compliquée à faire.
23:30Encore une fois, l'objectif n'est vraiment pas clair,
23:32voire invisible.
23:34Et on empile des risques
23:36pour un objectif
23:38qui est incompréhensible.
23:40Moi, je pense vraiment que là où il y a de la visibilité,
23:42et franchement, je ne l'ai pas souvent dit,
23:44là où il y a quand même une grosse visibilité,
23:46c'est l'Europe. C'est quand même incroyable.
23:48Allons-y. Détaillons un peu le risk on européen
23:50puisque c'est le cas d'investissement qui vous intéresse.
23:52On l'a dit,
23:54attente extrêmement faible, mais extrêmement faible.
23:56Tellement faible que nous, on est passés
23:58sur Pont des Rois d'Europe en décembre
24:00parce que, moi, je me suis dit, c'est vraiment
24:02comme fin 2022.
24:04Fin 2022, on était tous
24:06nord-asténiques et ça,
24:08ça s'est complètement envolé.
24:10Et là, on est vraiment dans un environnement où,
24:12en plus, cette politique fait que les liens
24:14européens se resserrent. Et en fait, ils se distendent.
24:16On avait dit, oui, l'Italie
24:18veut y aller.
24:20C'est plus d'unité en Europe.
24:22Ce n'est pas plus de fragmentation, c'est plus d'unité.
24:24J'attends de voir
24:26quel embranchement on prend.
24:28C'est quand même assez rigolo parce qu'en Europe,
24:30on a toujours l'impression que ça va se distendre,
24:32mais il y a toujours quelqu'un qui fait se retendre les liens.
24:34En plus,
24:36là, c'est quand même un truc à la Molière.
24:38Personne n'a rien demandé.
24:40On n'a pas demandé à J.G. Evans
24:42d'essayer de fragmenter l'Europe. On n'a pas demandé
24:44à Trump d'être pro-riche.
24:46Tout ça fait que les liens se resserrent
24:48politiquement.
24:50Sur Ursula von der Leyen, avec son plan à 800 milliards,
24:52qui arrive en une semaine,
24:54personne n'attendait. Même si c'est des effets
24:56d'annonce, ça veut dire que quand elle peut,
24:58elle peut l'annoncer.
25:00Même s'il ne se passe rien derrière,
25:02ce n'est pas grave. En effet d'affichage,
25:04on est quand même sur une stratégie complètement différente
25:06qui offre de la visibilité, alors que
25:08de l'autre côté, on a vraiment un truc
25:10incompréhensible.
25:12Sur le cas d'investissement
25:14européen, vous disiez qu'il y a peut-être
25:16quelques profits à prendre, Gustavo,
25:18mais au-delà de ça, comment vous analysez
25:20la séquence ? C'est vrai que
25:22on met tout de suite un peu d'emphase,
25:24même si on est habitué à une Europe
25:26qui peut décevoir, mais
25:28moment historique, moment existentiel, on a tout ça
25:30en tête. Et c'est vrai que,
25:32en tout cas à travers le secteur de la défense,
25:34les annonces, le sommet
25:36de Londres, etc., même si c'est
25:38du théâtre à ce stade
25:40et de l'affichage, le marché
25:42est prêt à faire crédit quand même
25:44sur l'idée que
25:46l'Europe est en train de
25:48prendre des décisions peut-être
25:50structurelles. Oui, dans la complexité,
25:52c'est la relation de ça avec
25:54l'économie, qui n'est pas que la défense
25:56et puis de là à la bourse.
25:58Les questions
26:00géopolitiques sont extrêmement complexes,
26:02je ne suis pas un spécialiste, mais
26:04l'impact de ça sur l'économie et sur les marchés
26:06c'est variable et
26:08pas toujours aussi évident
26:10qu'il n'y paraît. Donc c'est très
26:12difficile de savoir exactement ce que ça peut
26:14faire. Est-ce que c'est très positif pour
26:16la bourse elle-même ?
26:18Ce qui compte pour la bourse, c'est quand même à la fin
26:20l'insulte à des entreprises, leurs activités.
26:22Ce sont des entreprises internationales en Europe
26:24pour la plupart. Et celles
26:26qui dépendent de la défense,
26:28c'est un tout petit morceau. Ce qui explique d'ailleurs l'énorme
26:30pression qu'il y a. Il y a très peu d'acteurs
26:32cotés. D'où l'envolée des
26:34cours. D'où l'envolée peut-être
26:36vraiment de
26:38pression très forte sur ces très peu de valeurs.
26:40On verra ce que ça va
26:42donner dans la réalité. Tout ça ce sont des programmes
26:44très très longs. De toute façon on voit bien
26:46si on reprend la question purement géopolitique
26:48le réel moment de l'Europe, c'est un programme sur
26:50la décennie qui vient.
26:52Là l'urgence c'est juste de soutenir
26:54l'Ukraine pour les trois prochains
26:56mois. Donc
26:58on verra ce qu'il en est de la défense
27:00européenne. Mais sur
27:02l'impact sur vraiment
27:04les marchés, je crois qu'il y a un
27:06effectivement une émission
27:08solidaire européenne ça pourrait être
27:10pas mal. Ça c'est quelque chose qui est positif.
27:12Sur la croissance
27:14je pense pas que ça va faire une énorme
27:16grosse différence. Par contre
27:18investir dans le secteur de la défense
27:20c'est pas forcément très
27:22productif derrière pour la
27:24croissance, pour élever le niveau de croissance
27:26potentiel d'une zone comme l'Europe. C'est
27:28trop petit.
27:30Il y a peut-être des choses qui vont arriver
27:32ça arrive mais c'est des choses
27:34ultra difficiles. On peut imaginer
27:36plein de choses. Les investisseurs c'est leur métier
27:38d'imaginer, d'extrapoler.
27:40Très concrètement
27:42c'est pas évident de multiplier par deux
27:44la production de canons César. Beaucoup
27:46d'innovation je sais pas. Peut-être dans les drones
27:48mais on est quand même
27:50des grosses économies donc je suis pas sûr que ça change
27:52énormément. Par contre des chiffres
27:54importants, la politique c'est important.
27:56Il n'y a pas que les marchés. Mais pour ce qui est des marchés
27:58financiers, c'est pas
28:00évident le rôle que ça va avoir.
28:02C'est vrai que sur la question
28:04qui avait été abordée, je suis d'accord sur cette idée
28:06de la consolidation budgétaire
28:08c'est vrai qu'elle recule
28:10un peu et donc on se sent un peu plus à l'aise
28:12au moins on va arrêter de se taper sur
28:14le doigt, ce qui fait quand même du bien.
28:16Du coup
28:18la BCE n'est pas le seul
28:20lien. C'est un meilleur équilibre
28:22qui explique en partie
28:24pourquoi les taux européens
28:26résistent.
28:28Le euro remonte.
28:30C'est contre-intuitif si on imagine que l'histoire
28:32principale c'est les droits de douane.
28:34Donc il semble qu'il y ait effectivement plein de choses
28:36simultanément et qu'on ne soit pas dans un monde
28:38de toutes choses égales par ailleurs et que tout
28:40avance simultanément.
28:42Après pour la poursuite
28:44de la hausse en Europe, il faut vraiment
28:46voir les preuves concrètes que
28:48l'économie européenne est en train de redémarrer
28:50que les pays manufacturiers
28:52ont fait leur point bas et continuent
28:54de progresser, que les services tiennent et surtout
28:56que le marché du travail en Europe
28:58notamment en Allemagne et en France
29:00qui sont un peu fragilisés
29:02tiennent le coup.
29:04Et cette histoire elle est en péril aujourd'hui ?
29:06Il faut surveiller parce que pour l'instant
29:08il n'y a que la baisse des taux qui monte un petit peu
29:10et l'environnement est quand même assez adverse.
29:12Je pense que c'est assez
29:14juste quand même.
29:16C'est pour ça d'ailleurs que cette semaine ça va être intéressant
29:18à la réunion de la Banque Centrale Européenne
29:20et quand même ils vont toujours rester
29:22à mon avis le soutien qu'ils ont
29:24été jusque là même si on peut débattre
29:26on se rapproche du Airstar.
29:28Les spécialistes en débattront.
29:30On va voir où est le Airstar.
29:32Je ne suis pas sûr que ce soit d'ailleurs un débat
29:34ultra intéressant mais dans le fond
29:36parce que je ne sais même pas
29:38s'il en existe vraiment un Airstar
29:40mais bon ça fait partie de se faire une vague idée
29:42de où on en est.
29:44Mais pour l'instant la BCE va continuer
29:46de soutenir, c'est la seule source
29:48tangible
29:50de bonnes nouvelles.
29:52La question politique est importante
29:54mais son rôle
29:56sur les marchés ne me semble plus
29:58marginal.
30:00L'effet de signal c'est quand même toujours quelque chose.
30:02Et puis il y a aussi l'Allemagne de Friedrich Schmerz.
30:04On verra bien effectivement comment les choses
30:06tournent avec les négociations de
30:08coalition mais il y a quand même
30:10un appétit ou une volonté
30:12affichée de ne pas être en reste
30:14non plus sur le soutien à la défense,
30:16les dépenses d'infrastructures, etc.
30:18La réforme du debt break.
30:20Ce qu'on entend c'est qu'il y a
30:22une meilleure entente entre
30:24Friedrich Schmerz et Emmanuel Macron.
30:28On verra à l'épreuve du pouvoir
30:30comment tout ça évolue.
30:32Sur les banques centrales, oui finalement,
30:34moins de divergences que prévues entre la BCE et la Fed cette année.
30:36Le marché reprise trois baisses de taux
30:38de la Fed désormais cette année ?
30:40Ce qui est intéressant dans cet environnement
30:42c'est que le marché se met
30:44à anticiper une détérioration de la croissance aux Etats-Unis
30:46et c'est ce qui crée,
30:48c'est ce qui retire une partie de la pression
30:50sur le dollar.
30:52Mettons-nous dans les chaussures de la BCE,
30:54une bonne façon de limiter l'inflation
30:56c'est de laisser sa monnaie progresser.
30:58Ce que Scott Besant
31:00et l'administration Trump
31:02sont en train de faire c'est peut-être
31:04de filer un petit coup de main
31:06à la BCE
31:08pour lui permettre de continuer
31:10à opérer ces baisses de taux sans pour autant
31:12le voir reculer et se mettre à importer de l'inflation.
31:14C'est une thématique que j'aime bien
31:16et puis je me dis en même temps
31:18puisque la BCE semble avoir été instrumentale
31:20dans le fait que nous on capte
31:22cette amélioration cyclique en Europe
31:24dans nos propres indicateurs.
31:26Ça se confirme ?
31:28Il n'y a pas de rupture par rapport à ce narratif-là ?
31:30Pour l'instant on est dans ce narratif-là,
31:32on aime bien ce narratif-là, on voit l'opposé aux Etats-Unis d'ailleurs.
31:34Aux U.S. on a vraiment un mouvement opposé
31:36mais en tout cas en Europe on voit cette amélioration.
31:38Tout ce qui permettra à la BCE
31:40de continuer cette séquence de baisse de taux
31:42avec l'espoir évidemment qu'elle entraîne les taux longs avec
31:44ce qui pour le moment n'a pas été
31:46très clair en tout cas
31:48va participer en fait
31:50à cette poursuite de la relance globale.
31:52On en a déjà parlé la fois d'avant
31:54mais c'est tout bête.
31:56Dans 2023 et 2024 on a à peu près
31:5870% des économies mondiales qui ont ralenti.
32:00Les U.S. étaient exceptionnels.
32:02On n'était pas dans un cycle exceptionnel.
32:04C'est juste qu'on a une majorité de pays
32:06qui était en décélération et cette majorité de pays
32:08elle est aujourd'hui en réaccélération.
32:10On a une reprise, on n'a pas eu de récession.
32:12La question c'est est-ce qu'on peut
32:14casser cette reprise-là ?
32:16Elle alimente beaucoup
32:18l'appréciation qu'on peut avoir
32:20de ces actions qui ont été délaissées
32:22et pas le stock 50 mais le stock 600
32:24c'est-à-dire un grand nombre d'actions européennes
32:26qui aujourd'hui on le vend en poupe
32:28le retour sur le devant de la scène des émergents
32:30plus timides mais qui devraient également
32:32participer de cette tendance-là
32:34pour nous. La grande question
32:36c'est est-ce qu'on peut avoir ça ?
32:38Est-ce qu'on peut avoir une tendance comme ça qui se poursuit
32:40en ayant aujourd'hui aux Etats-Unis
32:42quasiment 60% des données
32:44qui sortent qui donnent
32:46des signes de détérioration ?
32:48Je reviens un peu à la question de départ parce que
32:50pendant ces années d'exceptionalisme américain
32:52où effectivement la dynamique
32:54de la croissance mondiale était masquée par
32:56l'exceptionalisme américain
32:58le monde ralentissait mais les Etats-Unis
33:00accéléraient, les marchés boursiers
33:02se sont envolés. Est-ce qu'on peut avoir
33:04des marchés boursiers qui continuent de progresser
33:06quand on est dans le schéma inverse où c'est
33:08les Etats-Unis qui ralentissent et le reste du monde
33:10qui réaccélère ? Est-ce que c'est kiff-kiff
33:12ou est-ce que c'est quand même une situation
33:14différente du point de vue notamment des indices
33:16boursiers ?
33:18Les marchés qui caracolent
33:20sur la période, essentiellement
33:22une zone, parmi cette zone-là
33:24un secteur, parmi ce secteur-là...
33:26C'est monter jusqu'à 70% du MSCI World
33:28c'est ça ? Clairement, très grosse
33:30concentration. Maintenant
33:32je pense qu'il faut vraiment faire une grande différence
33:34dans ce monde de l'investissement passif
33:36entre ces grands indices tels que l'indice
33:38MSCI, il ne faut pas le citer, et les indices
33:40locaux qui aujourd'hui
33:42vraiment, on le vend en poupe
33:44et on voit bien, on voit assez
33:46bien au quotidien que ces tendances restent fermes
33:48dans nos screenings de tendances, on a un dashboard
33:50de tendances qu'on reçoit tous les matins dans nos boîtes mail
33:52ce dashboard de tendances, il est clairement
33:54toujours très positif sur les actions
33:56il est notamment positif sur les actions européennes
33:58et les actions émergentes globalement
34:00et ça c'est un message qu'il faut aussi savoir entendre
34:02pour arriver à
34:04contrebalancer, à renverser ce mouvement-là
34:06il va falloir une détérioration plus forte
34:08des earnings, de la perception
34:10des earnings global
34:12maintenant, cette détérioration
34:14elle se perçoit clairement aux Etats-Unis
34:16pourquoi ? Parce que les taux baissent
34:18et les actions baissent en même temps
34:20c'est-à-dire que jusqu'à présent, quand les taux baissaient, ça a plutôt
34:22une force de soutien aux actions
34:24au travers d'un effet de duration, un effet de discount factor
34:26aujourd'hui, ce n'est plus le cas du tout
34:28les taux baissent et les actions
34:30baissent avec. Bon, donc je comprends
34:32tout le monde a rebalancé un peu sur l'Europe
34:34c'est ça, c'est un peu le sens du marché
34:36aujourd'hui. Sur les taux, qu'est-ce qu'on fait ?
34:38Je veux dire, est-ce qu'on achète du 10 ans
34:40américain aujourd'hui ?
34:42A 4.10, à 4.15 ? Est-ce que le
34:44sens du voyage est de voir un 10 ans américain
34:46beaucoup plus bas encore ? Ou est-ce qu'on a déjà consommé
34:48une bonne partie de la baisse ?
34:50Je vous donne rapidement la réponse de mes collègues
34:52du Fixed Income, ce sera encore plus simple
34:54eux, ils continuent d'apprécier le boot, ils continuent
34:56d'apprécier l'OAT, ils s'attendent à ce que
34:58la BCE coupe ses taux de façon
35:00assez rapide et entraîne les taux longs avec eux
35:02Oui, les taux européens sont
35:04montés avec les taux américains, les taux américains
35:06ont baissé, ont laissé les taux européens
35:08de niveau élevé, c'est clair aujourd'hui
35:10mais ce qu'ils anticipent
35:12c'est que justement... Les taux européens vont
35:14rejoindre
35:16la dynamique des taux américains
35:18Un portage supérieur, une pente supérieure
35:20tout ça va nous amener progressivement à des rendements
35:22qui pourraient être supérieurs d'ici la fin de l'année
35:24Pierre ? Sur l'équilibre
35:26encore une fois
35:28on a quand même beaucoup plus de
35:30visibilité sur l'Europe
35:32Justement, la BCE
35:34c'est complètement tracé, la Fed
35:36je pense que ça doit être vraiment très compliqué
35:38pour la Fed de rester indépendante
35:40avec ce maelstrom
35:42et cette tornade d'informations
35:44Je voulais ajouter un truc qui est un peu
35:46tiré par les cheveux
35:48je pense que
35:50la CSRD et le package
35:52omnibus, c'est quand même
35:54un signal que l'Europe
35:56peut revenir
35:58sur une réglementation qui est visiblement
36:00aurait pu être étouffante
36:02et qu'elle laisse le marché
36:04s'autoréguler et ça en fait
36:06comme signal psychologique
36:08c'est vachement intéressant
36:10parce que l'arrivée de Trump a fait qu'on a
36:12revenu sur tout un tas d'indicateurs
36:14qui étaient obligatoires
36:16et donc on a rajouté du pragmatisme
36:18et ce pragmatisme de
36:20reporting, c'est quand même une vraie nouveauté
36:22Pour l'investisseur global
36:24c'est un signal qui ne passe pas inaperçu
36:26Pour les marchés financiers et pour
36:28l'impact sur les résultats des entreprises
36:30parce que c'est quand même des coûts très lourds
36:32je trouve que ce plus de
36:34pragmatisme quant à la finance verte
36:36ou la finance durable et en tout cas
36:38la preuve, parce que bien sûr les entreprises
36:40ont des actions de
36:42durabilité mais cette preuve
36:44et ce reporting obligatoire
36:46qui nécessite beaucoup d'investissement
36:48je trouve que laisser le marché
36:50évoluer tout seul
36:52c'est un signe de pragmatisme qui est vraiment salutaire
36:54C'est une respiration bienvenue
36:56Et je trouve qu'en termes de
36:58psychologie sur les marchés
37:00ça offre quand même beaucoup
37:02plus de visibilité, on se disait
37:04oui on n'arrête pas de réglementer
37:06on a passé 17 000 réglementations
37:08en Europe comparativement aux Etats-Unis
37:10En fait ce retour
37:12en arrière, c'est peut-être un retour en arrière
37:14mais moi je trouve que psychologiquement
37:16c'est plutôt assez salutaire, donc c'est vrai
37:18qu'on a un environnement plutôt pragmatique
37:20Go Europe bien sûr
37:22Alors sur les Etats-Unis moi j'ai quand même
37:24très très peur du break-even
37:26parce que là on n'arrive pas à quantifier
37:28Donc l'équilibre d'inflation
37:30C'est-à-dire que si on vise
37:32dans une stratégie de l'échec
37:34économique de Trump
37:36ça veut dire qu'on va avoir une croissance
37:38moins forte avec de l'inflation
37:40Donc stackflation en gros
37:42Et donc j'ai du mal à voir comment le taux d'Izan
37:44est achetable à ce niveau-là
37:46Bon sur l'équilibre en matière d'allocations
37:48qui vous intéresse Fidorval aujourd'hui
37:50Il y a du tabou court terme
37:52Non non, pur court terme effectivement
37:54c'est plutôt un retour au neutre
37:56Quelques poutes par-ci par-là quand même
37:58Un peu de protection
38:00Parce que c'est quand même un moment
38:02qui peut être un peu compliqué
38:04que le marché européen fait extrêmement bien
38:06Les banques, on en a parlé plusieurs fois
38:08C'est un de nos secteurs favoris
38:10C'est logique aussi que ça consolide un peu
38:12et quand ça arrive c'est assez violent
38:14Donc là aussi, prise de bénéfices
38:16également
38:18Après sur la partie obligataire
38:20Le problème
38:22c'est que les taux non européens
38:24le boune en termes de valo
38:26ça reste quand même pas une super affaire
38:28S'il y a 2% d'inflation
38:30il n'y a pas grand-chose à gagner là-dessus
38:32C'est un peu compliqué
38:34Mais bon, on achète plutôt du mid-curve
38:363, 4, 5 ans
38:38L'idée qu'effectivement se loquer avec des taux
38:40au-dessus de 2% ça nous va
38:42Et puis contre aux Etats-Unis
38:44on a un peu le doute
38:46On est tenté
38:48La valo pour le coup, elle est intéressante
38:50Mais c'est vrai que la situation globale
38:52est assez fluide
38:54Le risque de voir les taux repartir à la hausse
38:56c'est un risque quand même
38:58qui amène de la prudence
39:00Il y a une volatilité désagréable sur les taux longs
39:02On n'a pas peur de la Fed
39:04Mais c'est pas évident que
39:06le Doge fera le job
39:08Oui
39:10Bon, on va suivre ça
39:12Ça fait 43 jours, c'est ça Pierre ?
39:14Vous comptez le nombre de jours ?
39:16Jusqu'à la fin du mandat
39:18Oui, il y a le mid-term
39:20Ça va vite
39:22Le temps politique et le capital politique
39:24peuvent filer très très vite
39:26Merci beaucoup messieurs d'avoir été des invités de Planète Marché
39:28Pierre Bismuth, Myria Asset Management
39:30Gustave Ornstein d'Orval Asset Management
39:32et Florian Rielpeau
39:34Lombarodier IM