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  • aujourd’hui
Depuis la guerre en Ukraine, jamais la Chine, la Russie et l'Iran n'ont semblé aussi ouvertement s'aligner sur la scène internationale contre un ennemi commun : l'Occident et la démocratie. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche va-t-il changer la donne ?

Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit : Bruno Tertrais, politiste, Arancha González, doyenne de la Paris School of International Affairs à Sciences po, et Frédéric Encel, géopolitologue et professeur.

LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:01...
00:00:14Bienvenue à tous dans Débat Doc.
00:00:17Depuis la guerre en Ukraine, jamais la Chine, la Russie et l'Iran n'ont semblé aussi ouvertement alignés
00:00:22sur la scène internationale contre un ennemi commun, l'Occident et la démocratie.
00:00:28Voilà en tout cas le constat dressé dans le documentaire qui va suivre, Russie-Chine-Iran,
00:00:34la revanche des empires réalisée par Sophie Lepot et Julian Blum.
00:00:39Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau
00:00:43en compagnie du politiste Bruno Tertrait, du géopolitologue Frédéric Ancel
00:00:48et de la doyenne de la Paris School of International Affairs à Sciences Po, Arantxa-Gonzalez.
00:00:55Avec eux, nous nous interrogerons sur la réalité de cette alliance visant à bâtir un monde alternatif au monde occidental
00:01:02depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:01:07Bon Doc.
00:01:07Les Army Games, organisés chaque année par le président russe Vladimir Poutine
00:01:21depuis sa première invasion de l'Ukraine en 2014,
00:01:25ressemblent à une véritable démonstration de force.
00:01:28Tirs de char, biathlon, course d'obstacles, relais, épreuve de déminage et même concours de danse.
00:01:58Pour cette édition d'août 2022, organisée au Venezuela, en pleine guerre en Ukraine,
00:02:08le président russe a réussi à rassembler 34 pays amis,
00:02:14quasiment tous sous sanctions internationales.
00:02:17Ces jeux militaires sont surtout l'occasion pour Vladimir Poutine, à ce moment-là,
00:02:29de montrer que son pays n'est pas seul
00:02:31et qu'il peut compter sur de puissants alliés,
00:02:35au premier rang desquels la Chine
00:02:37et l'Iran,
00:02:39qui se sont révélés quelques mois auparavant
00:02:42comme ses deux plus fidèles soutiens
00:02:45dans une guerre cette fois bien réelle.
00:02:49La relation entre la Chine,
00:02:51la Russie et l'Iran
00:02:52repose sur une coopération étroite.
00:02:56Nous devons être unis,
00:02:58maintenir la cohésion
00:02:59pour contrer la domination occidentale,
00:03:01car un pays tout seul est trop faible
00:03:02pour faire face à l'hégémonie.
00:03:04Le 24 février 2022,
00:03:24le monde se réveille au son des chenilles russes
00:03:26franchissant les plaines boueuses
00:03:28qui séparent la Russie de l'Ukraine.
00:03:34En déclenchant l'invasion,
00:03:36Vladimir Poutine a acté
00:03:38le retour de la guerre
00:03:38sur le continent européen.
00:03:48Une guerre est menée contre nous
00:03:51et nous sommes obligés de réagir.
00:03:53C'est l'Occident que nous combattons
00:03:55sur le territoire de l'Ukraine.
00:03:57Plutôt, l'Occident se bat contre nous.
00:03:59Les Ukrainiens sont un peuple malheureux,
00:04:01trompés et transformés
00:04:03en chair à canon.
00:04:05Nous sommes désolés pour eux.
00:04:07Mais nous ne combattons pas l'Ukraine.
00:04:09Nous combattons l'OTAN et l'Occident
00:04:11et nous gagnerons.
00:04:16Vladimir Poutine justifie son offensive
00:04:18par le rapprochement de ses frontières
00:04:20des bases militaires de l'OTAN,
00:04:22l'alliance de défense mutuelle
00:04:24Etats-Unis-Europe
00:04:25créée après la Seconde Guerre mondiale.
00:04:27On nous a menti pendant très longtemps
00:04:44en nous disant que l'expansion de l'OTAN
00:04:46ne nous menaçait pas,
00:04:48que les pays qui rejoignaient l'OTAN
00:04:50seraient plus amicaux.
00:04:52Nous en avons assez
00:04:56d'entendre ces mensonges.
00:04:59Nous disons maintenant
00:05:01tout ce que nous pensons.
00:05:03L'OTAN est une alliance d'agresseurs.
00:05:06Aujourd'hui, nous ne faisons que punir
00:05:08une organisation de voyous
00:05:10en l'empêchant d'étendre sa zone de contrôle.
00:05:13On dit parfois que
00:05:14à force de s'étendre
00:05:17l'alliance atlantique,
00:05:18l'OTAN aurait provoqué
00:05:20Vladimir Poutine.
00:05:22Sauf que ce n'est pas l'OTAN
00:05:24qui s'est étendue,
00:05:27ce sont les pays
00:05:28de l'ex-Union soviétique
00:05:30qui se sont rapprochés
00:05:31de l'Occident.
00:05:34C'est l'Ukraine qui a littéralement
00:05:36largué les amarres
00:05:37et a souhaité
00:05:38se rapprocher de l'Europe.
00:05:39Pour bien comprendre
00:05:40la guerre en Ukraine,
00:05:42il faut avoir à l'esprit
00:05:43le fait que le Kremlin
00:05:45était convaincu
00:05:46de remporter une victoire décisive
00:05:48en 72 heures.
00:05:50L'objectif n'était pas tant
00:05:51d'envahir le pays
00:05:52que de chasser le gouvernement
00:05:54en place
00:05:54pour le remplacer
00:05:55par un gouvernement favorable
00:05:57au Kremlin.
00:06:00Le 2 mars 2022,
00:06:0252 pays sur 193
00:06:04ne condamnent pas
00:06:05l'agression russe
00:06:06lors du vote de l'ONU.
00:06:09Un silence assourdissant
00:06:11qui rebat les cartes
00:06:12des forces en présence.
00:06:13Parmi eux,
00:06:14l'Iran
00:06:15et surtout la Chine
00:06:17dont les Occidentaux
00:06:18attendaient une condamnation claire.
00:06:35Le 18 juin 2022,
00:06:37l'imposant avion présidentiel russe
00:06:40atterrit à l'aéroport
00:06:41de Téhéran.
00:06:43C'est la première grande visite
00:06:44à l'étranger
00:06:44de Vladimir Poutine
00:06:45depuis le début
00:06:46de la guerre en Ukraine.
00:06:58Sa poignée de mains chaleureuses
00:07:00avec le guide suprême
00:07:01Hamenei,
00:07:02sous le regard
00:07:02du président iranien,
00:07:04l'ultra-conservateur
00:07:05Raisi,
00:07:06dit toute l'importance
00:07:07du soutien de l'Iran
00:07:08à la Russie.
00:07:22Lorsque Poutine
00:07:23avait désespérément besoin
00:07:25de soutien militaire
00:07:26et en particulier
00:07:27de drones bon marché,
00:07:29le pays vers lequel
00:07:30il pouvait se tourner
00:07:30était l'Iran
00:07:31et les Iraniens
00:07:33en tireraient
00:07:33eux aussi profit.
00:07:34L'Iran aurait même envoyé
00:07:40des militaires iraniens,
00:07:43donc des gardiens
00:07:44de la révolution,
00:07:45en Crimée
00:07:46et en Russie
00:07:47pour former
00:07:49les militaires russes
00:07:50à l'emploi
00:07:51de ces drones.
00:07:52Et là aussi,
00:07:53ce serait la première fois
00:07:54que l'Iran envoie
00:07:56des militaires iraniens
00:07:57en dehors
00:07:58de sa zone d'influence habituelle
00:08:00qui est le Moyen-Orient.
00:08:01L'Iran a donc clairement
00:08:03choisi son camp.
00:08:10Mais le principal soutien
00:08:12pour le régime russe
00:08:13se situe de l'autre côté
00:08:14de sa frontière orientale,
00:08:16du côté de la Chine
00:08:16de Xi Jinping
00:08:17que Vladimir Poutine
00:08:19vient rencontrer
00:08:19trois semaines à peine
00:08:21avant d'engager
00:08:21son offensive en Ukraine.
00:08:22Et dans le pacte d'amitié
00:08:32sans limite
00:08:33et sans précédent
00:08:34qu'il signe à cette occasion,
00:08:36les deux dirigeants
00:08:36exposent les piliers
00:08:37de ce nouveau monde
00:08:38et surtout
00:08:39la bataille collective
00:08:40qu'ils veulent mener
00:08:41contre l'Occident
00:08:42en donnant
00:08:44leur propre définition
00:08:45des droits de l'homme
00:08:45et de la démocratie.
00:08:50Et en s'arrogeant
00:08:51chacun des zones d'influence
00:08:53sur lesquelles
00:08:54ils s'octroient
00:08:55des droits historiques.
00:08:59Ils remettent en cause
00:09:00les principes fondamentaux
00:09:01du droit international
00:09:03qui faisait l'unanimité
00:09:04après la Seconde Guerre mondiale
00:09:06pour préserver la paix.
00:09:08Ce droit dit universel
00:09:09inscrit dans la Charte
00:09:10des Nations Unies
00:09:11de 1945
00:09:12et sa déclaration
00:09:14des droits de l'homme.
00:09:14Dans leurs déclarations
00:09:19conjointes,
00:09:20les premiers paragraphes
00:09:21s'attaquent directement
00:09:22à l'universalisme
00:09:23en redéfinissant
00:09:24cette notion
00:09:25des droits de l'homme
00:09:25en disant que
00:09:26les droits de l'homme
00:09:26finalement c'est une notion
00:09:27qui a été créée
00:09:28et imposée
00:09:29par les Occidentaux
00:09:30et que
00:09:32ces deux pays
00:09:33sont totalement légitimes
00:09:34pour promouvoir
00:09:34leur propre approche
00:09:35des droits de l'homme
00:09:36et alors
00:09:37bien sûr
00:09:38ça pose un problème
00:09:39parce que
00:09:40quand des pays autoritaires
00:09:42qui violent
00:09:42les droits de l'homme
00:09:44se positionnent
00:09:45en défenseurs
00:09:46des droits de l'homme
00:09:46bien sûr
00:09:46ça crée une confusion
00:09:48qui si elle n'est pas
00:09:50clarifiée
00:09:52peut embrouiller
00:09:54si je puis dire
00:09:54certains pays.
00:09:55Xi Jinping
00:09:55et Vladimir Poutine
00:09:57se sont rencontrés
00:09:58plus souvent
00:09:59que n'importe quel autre dirigeant
00:10:00au cours des dix dernières années.
00:10:01Mais en annonçant
00:10:02un partenariat sans limite
00:10:04les deux hommes
00:10:04ont clairement indiqué
00:10:05qu'ils étaient là
00:10:06pour gagner.
00:10:07C'est une alliance
00:10:08où maintenant
00:10:09un grand pays
00:10:10la Chine
00:10:11économiquement
00:10:11deuxième du monde
00:10:13et la Russie
00:10:14grandes puissances militaires
00:10:15peuvent
00:10:16avec d'autres
00:10:17changer
00:10:18l'équilibre du monde
00:10:20à condition
00:10:21d'être alliés.
00:10:26C'est là que
00:10:27le troisième partenaire
00:10:28arrive.
00:10:29Il faut toujours
00:10:29dans une alliance
00:10:31qu'il y a un partenaire
00:10:33qui vient faire
00:10:34ce que les autres
00:10:34ne peuvent pas faire
00:10:35officiellement.
00:10:37C'est l'Iran.
00:10:38La guerre en Ukraine
00:10:39est une clarification
00:10:40inédite des liens
00:10:41qui unissent l'Iran,
00:10:42la Chine et la Russie.
00:10:47Elle va mettre au jour
00:10:48une alliance économique
00:10:49parallèle
00:10:50au centre de laquelle
00:10:51se trouve le régime iranien
00:10:52et ses flottes fantômes.
00:10:54Une collaboration
00:10:55particulièrement utile
00:10:56pour contourner
00:10:57les sanctions internationales
00:10:59qui frappent l'économie russe.
00:11:00L'Iran est sous sanction
00:11:02américaine
00:11:03depuis plusieurs décennies,
00:11:04occidentale
00:11:05à cause de son programme
00:11:06nucléaire illégal
00:11:07depuis très longtemps aussi.
00:11:09La Russie
00:11:10a à ce moment-là
00:11:12besoin
00:11:12de savoir
00:11:14comment
00:11:14contourner
00:11:15ces sanctions
00:11:16qui sont en train
00:11:17de lui tomber dessus.
00:11:18L'Iran a envoyé
00:11:20des conseillers
00:11:20en Russie
00:11:21pour expliquer
00:11:22au régime russe
00:11:23comment ils ont fait
00:11:24pour gérer les sanctions
00:11:25au cours des 30
00:11:26ou 40 dernières années
00:11:27et pour aider les Russes
00:11:29à contourner les sanctions
00:11:30car l'Iran est désormais
00:11:31un spécialiste en la matière.
00:11:35Le marché parallèle existe
00:11:36malgré les sanctions américaines.
00:11:40Le marché pétrolier,
00:11:41par exemple,
00:11:41n'est pas un marché
00:11:42très contrôlable
00:11:43et nous l'avons utilisé
00:11:44pour vendre notre pétrole.
00:11:48L'idée,
00:11:49c'est de construire
00:11:49des flottes,
00:11:50par exemple,
00:11:50100% russes
00:11:51qui n'ont absolument
00:11:53aucun lien
00:11:54avec n'importe quelle
00:11:55entreprise occidentale,
00:11:56donc pas de compagnie
00:11:56d'assurance,
00:11:57pas de compagnie
00:11:57de transport maritime,
00:11:59vraiment aucun lien.
00:12:00La devise qui est employée
00:12:02pour faire tout ce commerce
00:12:03ne peut pas être
00:12:03une devise occidentale.
00:12:07Bien sûr,
00:12:07nous ne sommes pas restés
00:12:08les bras croisés.
00:12:11Oui,
00:12:12en Russie,
00:12:13il existe ce qu'on appelle
00:12:14une flotte
00:12:14de pétroliers fantômes.
00:12:16Nous les avons rachetés
00:12:18partout dans le monde
00:12:19pendant que vous faisiez
00:12:20des bêtises
00:12:21en essayant de bloquer
00:12:22la Russie.
00:12:24Oui,
00:12:25nous avons environ
00:12:26600 tankers
00:12:27qui peuvent transporter
00:12:28nos produits pétroliers
00:12:29vers n'importe quel point
00:12:31de la planète.
00:12:34Le système de flotte fantôme,
00:12:36inspiré par le régime iranien,
00:12:38permet à la Russie
00:12:39d'exporter son pétrole
00:12:40à un prix plus bas,
00:12:42mais sans laisser de traces.
00:12:43Nous vendons du pétrole
00:12:51à l'Union européenne
00:12:52en ce moment.
00:12:56Maintenant,
00:12:56notre pétrole
00:12:57est à vos stations-services
00:12:58et nous gagnons de l'argent.
00:13:03On vend ce pétrole
00:13:04plus cher
00:13:04que le plafond établi
00:13:06par les idiots
00:13:07des pays occidentaux.
00:13:08nous transbordons
00:13:10le pétrole
00:13:11la nuit,
00:13:12nous le transbordons
00:13:13à certains endroits,
00:13:15sur vos pétroliers,
00:13:17y compris
00:13:18les pétroliers français,
00:13:19vos pétroliers français.
00:13:23Au moins une vingtaine
00:13:25de navires
00:13:25utilisés par les Iraniens
00:13:27servent aujourd'hui
00:13:28à l'exportation illicite
00:13:29de pétrole russe.
00:13:30Et le premier acheteur
00:13:33n'est autre que la Chine,
00:13:35dont le volume
00:13:36de commandes
00:13:36à la Russie
00:13:37ne cesse d'augmenter
00:13:38jusqu'à atteindre
00:13:39une hausse
00:13:39de 40%
00:13:40en 2023.
00:13:45Les Américains
00:13:46et les Européens
00:13:47pensent que
00:13:48les sanctions économiques
00:13:49peuvent détruire
00:13:50leur adversaire.
00:13:51Mais ils se trompent.
00:13:53Ils surévaluent
00:13:53leur capacité.
00:13:55Et en plus,
00:13:56d'un point de vue historique,
00:13:57les sanctions
00:13:58n'ont jamais fonctionné.
00:13:59grâce à ces méthodes
00:14:03de contournement,
00:14:04l'économie russe
00:14:05a résisté
00:14:05à l'effondrement
00:14:06et continue
00:14:07à soutenir
00:14:08son effort de guerre.
00:14:11Fort de ce succès,
00:14:13la Russie,
00:14:14l'Iran et la Chine
00:14:15tentent d'organiser
00:14:16une coopération
00:14:17économique globale
00:14:18indépendante
00:14:20du système occidental
00:14:21auquel ils ne veulent
00:14:22plus rendre aucun compte.
00:14:27À Samarkand,
00:14:28en Ouzbékistan,
00:14:29le 15 septembre 2022,
00:14:32sept mois après le début
00:14:33de l'invasion russe
00:14:33en Ukraine,
00:14:35le triangle Chine-Russie-Iran
00:14:37sort de l'ombre
00:14:37lors du sommet annuel
00:14:39de l'Organisation
00:14:40de coopération
00:14:41de Shanghai,
00:14:42l'OCS.
00:14:44Ce sommet anti-occidental
00:14:45a été créé en 2001
00:14:46par la Chine et la Russie
00:14:48pour concurrencer
00:14:49les institutions
00:14:50internationales existantes.
00:14:52Xi Jinping
00:14:52et Vladimir Poutine
00:14:54renforcent leur entente
00:14:55en présence
00:14:56de nouveaux alliés.
00:14:58Ils viennent de décider
00:14:58d'intégrer
00:14:59un partenaire stratégique
00:15:00du Moyen-Orient,
00:15:02l'Iran.
00:15:02L'un des principaux enjeux
00:15:15ici est d'organiser
00:15:16des coalitions
00:15:17avec les pays du sommet,
00:15:18mais aussi avec d'autres
00:15:19qui seraient prêts
00:15:20à jouer avec des règles
00:15:21différentes,
00:15:22différentes de celles
00:15:23fixées par les États-Unis.
00:15:25Au niveau géopolitique,
00:15:27l'Iran est le pays
00:15:28le plus important
00:15:29du Moyen-Orient.
00:15:29Il entretient des liens étroits
00:15:31avec la Russie
00:15:32et la Chine
00:15:33en matière de diplomatie
00:15:34et de sécurité.
00:15:38Les trois parties
00:15:39unissent leurs forces.
00:15:41En effet,
00:15:42un pays tout seul
00:15:42est trop faible
00:15:43pour contrer
00:15:44l'hégémonie américaine.
00:15:48Ce que les Iraniens,
00:15:49les Russes
00:15:50et les Chinois
00:15:50essaient de faire
00:15:51en consolidant
00:15:52leurs relations
00:15:53et en se présentant
00:15:54au reste du monde
00:15:55comme un modèle alternatif,
00:15:57c'est aussi
00:15:58de mettre en place
00:15:58de nouvelles institutions
00:16:00internationales.
00:16:03Les pays réunis
00:16:04autour de Xi Jinping
00:16:05et de Vladimir Poutine
00:16:07vont sceller
00:16:07un nouveau pacte
00:16:08contre l'Occident
00:16:09dans lequel ils dévoilent
00:16:11les bases
00:16:11de leur propre système
00:16:12de droit international.
00:16:15Une revanche
00:16:16sur le monde
00:16:16après plus de 30 ans
00:16:18de domination
00:16:18américaine et occidentale.
00:16:22Il est conçu
00:16:25spécifiquement
00:16:26pour garantir
00:16:27un endroit sûr
00:16:27au dictateur.
00:16:28Un environnement
00:16:29dans lequel
00:16:32personne
00:16:33ne viendra
00:16:33se mêler
00:16:34de ses affaires internes.
00:16:38À l'avenir,
00:16:39le sommet de Shanghai
00:16:40sera peut-être
00:16:41de plus en plus
00:16:42axé sur la défense.
00:16:44On ne peut pas
00:16:45l'exclure.
00:16:47Dans un média chinois
00:16:48contrôlé par le parti communiste,
00:16:51cette adhésion surprise
00:16:52de l'Iran
00:16:52au sommet de Shanghai
00:16:53est célébrée.
00:16:55Un nouveau concept
00:16:56apparaît.
00:16:57Un triangle de fer
00:16:58entre la Chine,
00:16:59la Russie et l'Iran
00:17:00est en train
00:17:01de se former
00:17:01et on sait que le triangle
00:17:03est la forme
00:17:03la plus stable
00:17:04et indestructible.
00:17:05Cela va non seulement
00:17:06détruire l'hégémonie
00:17:07militaire des États-Unis,
00:17:09mais aussi faire souffler
00:17:10un vent nouveau
00:17:10dans le monde entier.
00:17:12Depuis le début
00:17:13de la guerre en Ukraine,
00:17:14les pays autoritaires
00:17:16ne craignent plus
00:17:16d'affirmer clairement
00:17:17leur vision du monde
00:17:18et leurs ambitions.
00:17:19jamais les régimes
00:17:21chinois,
00:17:22russes et iraniens
00:17:23n'ont été aussi alignés
00:17:24contre un ennemi commun,
00:17:26l'Occident.
00:17:31Chacun des pays
00:17:32de ce nouvel axe
00:17:33cultive dans son récit national
00:17:35un événement fondateur
00:17:37sur lequel reposerait
00:17:38sa justification
00:17:39de la détestation
00:17:40de l'Occident.
00:17:42Pour le régime iranien,
00:17:43l'origine de la haine
00:17:44anti-américaine
00:17:45remonte à un événement
00:17:47bien précis.
00:17:51Au XIXe siècle,
00:17:52l'Empire perse,
00:17:54vaincu par les Russes
00:17:54et les Britanniques,
00:17:56est partagé
00:17:56entre les puissances occidentales.
00:18:00Après la décolonisation,
00:18:02la Perse devient
00:18:03la monarchie d'Iran
00:18:03en 1935,
00:18:05dirigée par le Shah,
00:18:07mais le pays reste
00:18:08sous emprise économique
00:18:09de l'Occident.
00:18:12L'Iran devient même
00:18:14le principal pilier
00:18:15de la politique américaine
00:18:16au Moyen-Orient.
00:18:17Et en 1953,
00:18:19quand le premier ministre iranien
00:18:21Mossadegh
00:18:21veut nationaliser
00:18:22les puits de pétrole iraniens,
00:18:24la CIA,
00:18:25qui craint
00:18:25la mainmise soviétique,
00:18:27organise un coup d'État
00:18:28pour le renverser.
00:18:29C'est un tournant
00:18:37pour la vision
00:18:38qu'avaient les Iraniens
00:18:39des États-Unis.
00:18:42Après cet événement,
00:18:44le slogan
00:18:44« Mort à l'Amérique »
00:18:45s'est répandu
00:18:46et les conseillers militaires
00:18:48américains présents en Iran
00:18:50sont devenus
00:18:51des personnages détestés.
00:18:53qui ont été
00:18:54des personnages
00:18:54qui ont été
00:18:55menfourent
00:18:55dans l'Iran.
00:18:55L'ayatollah Khomeini engage alors une révolution islamique, renverse le Shah d'Iran et installe une dictature religieuse en 1979.
00:19:07Son successeur, l'ayatollah Khomeini, porte son héritage, redonner à l'Iran la grandeur perdue de l'Empire perse et exporter la révolution islamique.
00:19:17Il développe alors un axe de résistance aux Etats-Unis et à Israël en finançant des milices guerrières en Syrie et en Irak,
00:19:26des groupes terroristes comme le Hezbollah au Liban, le Hamas ou le djihad islamique dans les territoires palestiniens ou les Houthis au Yémen.
00:19:34Une zone d'influence très active aux ordres de Téhéran.
00:19:38Pour le régime chinois, ce sont les guerres de l'opium menées par les Britanniques contre l'Empire de Chine au milieu du XIXe siècle
00:19:49qui constituent la plus grande humiliation et le symbole de la domination occidentale.
00:19:56Les crimes que l'Occident a commis contre la Chine, on n'a même pas besoin d'en parler.
00:20:02En 1840, on nous a infligé les guerres de l'opium.
00:20:05Comment peut-on imaginer aujourd'hui qu'un pays européen ait utilisé la force pour imposer la vente d'opium à la Chine ?
00:20:16Après avoir mis les Chinois sous dépendance de l'opium,
00:20:19des traités qualifiés d'inégaux permettent aux flottes américaines, japonaises et européennes
00:20:24de naviguer en plein cœur de la Chine sur le Yangtze-Kyang et de profiter des ports de commerce chinois.
00:20:30Quand Mao prend le pouvoir en 1949, il fixe au Parti communiste chinois l'objectif de sauvegarder la révolution communiste
00:20:40et de rétablir l'unité du territoire.
00:20:44Mettre au pas le Tibet et le Xinjiang,
00:20:47reprendre coûte que coûte le contrôle des territoires perdus,
00:20:50comme Hong Kong, resté sous protectorat britannique,
00:20:53et l'île de Taïwan, qui a fait sécession avec la Chine communiste.
00:20:57Enfin, retrouver sa zone d'influence maritime en mer de Chine du Sud.
00:21:04C'est cet héritage que porte Xi Jinping.
00:21:12Si pour l'Iran et la Chine, les humiliations de la colonisation sont transmises en héritage aux dirigeants actuels
00:21:18comme leitmotiv anti-occidental,
00:21:21pour le régime russe, l'humiliation est plus récente.
00:21:24Elle est même vécue, de l'intérieur, par Vladimir Poutine lui-même,
00:21:30alors en poste au KGB en Allemagne de l'Est.
00:21:34Il assiste en direct à la fin de la guerre froide,
00:21:37entre le régime communiste russe et le régime libéral américain,
00:21:41et à l'effondrement du bloc soviétique.
00:21:42L'URSS, l'Union des républiques soviétiques socialistes, se dissout.
00:21:5614 républiques soviétiques, comme l'Ukraine, proclament leur indépendance.
00:22:00Chaque néo-empire a son histoire d'humiliation,
00:22:16qui se base souvent sur des faits réels,
00:22:19mais qui est constamment exagérée, mythifiée, instrumentalisée,
00:22:23et parfois même réécrite,
00:22:24pour emmener les peuples concernés vers la confrontation avec l'Occident.
00:22:32En une vingtaine d'années à peine, tous les pions sont posés.
00:22:36Les régimes russes, iraniens et chinois
00:22:38forment désormais un triangle stratégique et pragmatique,
00:22:42avec des entraînements militaires conjoints de plus en plus fréquents.
00:22:48Ils s'entraînent sur des scénarios
00:22:50conçus pour refléter ce qu'ils considèrent
00:22:52comme les principales menaces auxquelles ils sont confrontés.
00:22:57Et si ces trois pays, la Chine, la Russie et l'Iran,
00:23:01voient l'Occident comme un ennemi,
00:23:03nous devons en être pleinement conscients,
00:23:05et nous devons comprendre ces systèmes.
00:23:08Nous devons être en mesure de connaître leur puissance militaire,
00:23:11le potentiel de leur service de renseignement,
00:23:14ainsi que les intentions de leurs dirigeants.
00:23:19Dès la fin des années 1990,
00:23:21les trois puissances ont déjà commencé à unir leurs forces
00:23:24sur d'autres terrains,
00:23:26à travers une guerre hybride contre l'Occident
00:23:27qui va se jouer sur tous les fronts,
00:23:29visibles et invisibles en même temps.
00:23:34L'objectif ?
00:23:36Semer le chaos dans les démocraties.
00:23:41Persuadés que les Etats-Unis sont responsables
00:23:46de l'effondrement de l'URSS,
00:23:48Vladimir Poutine remobilise le redoutable arsenal
00:23:50des services secrets soviétiques,
00:23:52comme les mesures actives,
00:23:54des actions d'ingérence créées par le KGB
00:23:56pour déstabiliser les démocraties de l'intérieur.
00:23:59C'est une guerre de l'information
00:24:06qui utilise la désinformation.
00:24:09Il s'agit de cyberopérations,
00:24:12attaquer et collecter des renseignements.
00:24:15On a affaire à différentes formes de guerres économiques,
00:24:18de corruption et de financements occultes.
00:24:22Ainsi, lorsque Poutine entreprend de restaurer l'État russe,
00:24:25il va en premier lieu renforcer ses services de renseignement
00:24:28pour continuer à mettre en œuvre des mesures actives.
00:24:32L'un des problèmes que l'on a pour comprendre
00:24:34la rivalité qui émerge de plus en plus
00:24:37entre d'un côté l'Occident
00:24:39et de l'autre côté un certain nombre de régimes autoritaires,
00:24:43notamment la Russie et la Chine,
00:24:45c'est notre tendance à penser la question de la guerre
00:24:51de manière binaire.
00:24:53Soit on est en guerre, soit on est en paix.
00:24:54Or, si on veut comprendre la situation dans laquelle on est,
00:24:58il faut casser cette dichotomie
00:25:00pour comprendre qu'entre l'état de guerre
00:25:04et l'état de paix,
00:25:06il y a tout un tas d'autres positions
00:25:08où on ne sera pas véritablement en paix,
00:25:11mais pas non plus complètement en guerre.
00:25:13C'est-à-dire qu'on ne va pas utiliser des chars,
00:25:16des missiles, des avions, etc.
00:25:17Mais on va quand même se faire la guerre
00:25:19par d'autres moyens.
00:25:21Et cette guerre, c'est une guerre de l'ombre.
00:25:24Pour la première fois,
00:25:26les trois régimes s'alignent véritablement
00:25:28sur une campagne de désinformation commune
00:25:31lors de l'épidémie du Covid
00:25:33déclarée en 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine.
00:25:36Dès le début de la pandémie,
00:25:45le régime russe va propager
00:25:47de fausses informations sur l'origine du virus.
00:25:50Des articles et des émissions
00:25:51affirment que le Covid-19
00:25:53serait une arme biologique d'origine américaine
00:25:56développée par les Etats-Unis
00:25:57à destination de ses ennemis.
00:25:59C'est-à-dire qu'il y a de l'épidémie de l'épidémie de l'épidémie de l'épidémie de l'épidémie.
00:26:29Un réseau iranien de désinformation
00:26:59sur les réseaux sociaux
00:27:00va alors s'employer à diffuser du contenu
00:27:03accusant les Etats-Unis d'avoir fabriqué le Covid
00:27:05et loue les attitudes de la Russie et de la Chine
00:27:08pour leur rôle dans la lutte contre le virus.
00:27:11Et nous voyons apparaître à nouveau
00:27:14un ensemble de récits
00:27:15qui incitent les gens à mettre en doute la vérité,
00:27:18la réalité dans laquelle ils vivent.
00:27:22C'est ça véritablement la stratégie russe.
00:27:24A l'image de la guerre de l'information initiée par le régime russe,
00:27:31la Russie, la Chine et l'Iran
00:27:32mènent aujourd'hui ensemble ou séparément
00:27:35une guerre hybride totale contre les régimes démocratiques.
00:27:39En 2023, la CIA et les services de renseignement
00:27:43d'une dizaine de démocraties occidentales
00:27:45placent ces trois régimes autoritaires
00:27:47au sommet de la liste des menaces les plus inquiétantes.
00:27:56Dans l'Union européenne,
00:27:58la Suède, démocratie exemplaire,
00:28:01pacifique, soucieuse des droits de l'homme,
00:28:04neutre depuis deux siècles,
00:28:06est l'une des cibles privilégiées de ces trois pays.
00:28:09Ce que nous avons constaté,
00:28:12c'est que ces pays coopèrent d'une manière inédite,
00:28:14que l'on ne connaissait pas il y a quelques années.
00:28:16Et nous avons observé cela de très près.
00:28:19C'est intéressant pour nous,
00:28:21surtout lorsque la sécurité nationale est en jeu.
00:28:27Début 2023, la Suède se retrouve plus que jamais
00:28:30dans le viseur russe après sa demande d'intégration
00:28:33à la force militaire de l'OTAN
00:28:34pour protéger ses frontières de la menace.
00:28:37Les représentants de leur gouvernement ont dit à la Suède
00:28:59« Si la Suède rejoint l'OTAN,
00:29:02vous serez une cible pour la Russie d'une manière ou d'une autre. »
00:29:07À une semaine d'un vote décisif de la Turquie,
00:29:10dernier membre de l'OTAN a barré la route à l'adhésion de la Suède,
00:29:14un événement va bouleverser le cours des négociations.
00:29:16Un militant d'extrême droite suédois
00:29:33brûle un Coran devant l'ambassade même de la Turquie à Stockholm.
00:29:38Il est filmé par un journaliste affilié au réseau Pro-Russe
00:29:41qui aurait financé l'opération.
00:29:43Dans cette affaire suédoise,
00:29:48on est en présence de ce que les Russes appellent une mesure active.
00:29:51C'est-à-dire qu'il s'agit d'amplifier un phénomène,
00:29:55ici d'amplifier la perception d'actes contre les musulmans
00:29:59en organisant une mise en scène d'un Coran brûlé par un Suédois
00:30:05devant l'ambassade de Turquie,
00:30:07dans un contexte qui est celui de négociations très serrées
00:30:10entre la Turquie et la Suède
00:30:11à propos de l'intégration de la Suède dans l'OTAN.
00:30:16Le coup de téléphone qu'il a fait venir
00:30:20provenait d'un reporter d'un de ses médias alternatifs
00:30:23qui travaillait pour le groupe le plus ouvertement pro-russe.
00:30:30C'est typiquement ce genre de réseau
00:30:31que l'on dit affilié au service de renseignements extérieurs russes.
00:30:36Dès le lendemain de ce pseudo-événement médiatique,
00:30:41la Turquie a annoncé momentanément
00:30:43ne plus soutenir l'adhésion de la Suède à l'OTAN.
00:30:47Ces actions de déstabilisation se propagent dans le monde entier
00:30:56via les médias russes, chinois, iraniens
00:30:59qui diffusent les images provocatrices dans les pays arabes.
00:31:02Ce que l'on sait de source sûre,
00:31:12c'est que la Russie alimente la désinformation
00:31:14dans les pays arabes sur ce corps embrulé
00:31:16et met en avant ces éléments
00:31:18pour provoquer des réactions fortes
00:31:20de la part du monde arabe.
00:31:22Ces affaires, ces actions
00:31:28se sont répandues comme une traînée de poudre
00:31:30à l'échelle internationale
00:31:32et de manière plutôt agressive.
00:31:35Et nous savons pertinemment que la Russie et l'Iran
00:31:37ont tout intérêt à faire passer la Suède
00:31:40pour un pays opposé à l'islam.
00:31:45C'est l'une des questions les plus complexes
00:31:48que nous ayons à traiter à ce sujet.
00:31:52Bien sûr, la Russie est impliquée.
00:31:54Bien sûr, l'Iran est impliqué.
00:31:58Mais par procuration,
00:32:01par procuration, c'est la stratégie des Russes.
00:32:04Ils s'efforcent donc de déstabiliser,
00:32:07de répandre la désinformation
00:32:09pour s'assurer que la Suède soit attaquée
00:32:12et retarder notre demande d'adhésion à l'OTAN.
00:32:15La guerre de l'information, c'est une guerre à mort
00:32:18entre les régimes démocratiques
00:32:20et les régimes autoritaires.
00:32:22Une guerre dont les régimes autoritaires
00:32:26sont persuadés aujourd'hui de pouvoir sortir vainqueurs.
00:32:33Pour s'assurer de la bonne diffusion
00:32:35de leur propagande sur leur population,
00:32:37les États autoritaires développent et partagent
00:32:39des technologies sécuritaires de plus en plus sophistiquées.
00:32:42Et le maître en la matière
00:32:44qui inspire les autres régimes autoritaires,
00:32:47cette fois, c'est le régime chinois.
00:32:52La Chine dispose de moyens industriels,
00:32:56technologiques, financiers
00:32:57que n'ont pas la Russie et l'Iran.
00:33:01La Chine, de ce point de vue-là,
00:33:02est pourvoyeuse de technologies,
00:33:04de savoir-faire, d'ingénieurs, d'infrastructures.
00:33:08Donc il y a une forme d'avance technologique chinoise
00:33:14dont ses alliés entendent tirer bénéfice.
00:33:19En juillet 2017,
00:33:21une délégation de fonctionnaires
00:33:22de l'agence de censure et de propagande russe
00:33:24rend visite à ses homologues chinois.
00:33:28Des fuites inédites montrent l'intérêt de la Russie
00:33:30pour le système chinois de contrôle d'Internet
00:33:32et l'amorce d'une coopération entre les deux régimes.
00:33:38Grâce à notre expérience,
00:33:40nous avons mis au point un système de contrôle
00:33:41de l'information très efficace.
00:33:44Seulement 0,18% des informations étrangères
00:33:47interdites chez nous échappent à nos blocages.
00:33:53Il serait très intéressant pour nous
00:33:55de venir en Chine
00:33:55et de voir comment le bouclier d'or chinois
00:33:57fonctionne dans la pratique.
00:33:58Parce que plus de 95% des informations interdites
00:34:02dans la fédération de Russie
00:34:04proviennent de l'étranger.
00:34:08Avec la numérisation des données personnelles,
00:34:11la surveillance des réseaux sociaux
00:34:13et les caméras dotées d'intelligence artificielle,
00:34:16le régime chinois développe
00:34:17une véritable boîte à outils
00:34:19de censure et de répression
00:34:20qu'il exporte à ses partenaires
00:34:22dans le cadre d'accords commerciaux.
00:34:24En quoi consiste réellement
00:34:30cette boîte à outils
00:34:31de répression numérique ?
00:34:32Ce que nous savons,
00:34:34c'est qu'il s'agit essentiellement
00:34:35d'un ensemble d'outils de surveillance.
00:34:37Ils permettent d'identifier rapidement
00:34:39des individus susceptibles
00:34:41de poser problème.
00:34:44Et cette sorte de boîte à outils
00:34:46d'autoritarisme numérique,
00:34:47pourrait-on dire,
00:34:49les Chinois sont en mesure
00:34:50de la fournir.
00:34:51Et la Chine commence à l'exporter
00:34:53non seulement vers la Russie,
00:34:54mais aussi vers d'autres pays.
00:34:57Le régime russe a lancé début 2023
00:34:59son propre système de surveillance
00:35:01et de contrôle nommé Oculus,
00:35:03inspiré du système chinois.
00:35:07Depuis peu, le régime iranien
00:35:08peut aussi compter sur l'appui technologique
00:35:10d'une entreprise chinoise
00:35:11nommée Tiandi.
00:35:15Tiandi est l'entreprise
00:35:16la plus dangereuse au monde
00:35:17et personne ne la connaît.
00:35:19Tiandi utilise des caméras
00:35:23dotées d'une intelligence artificielle
00:35:24qui peut détecter l'ethnie
00:35:26et la race.
00:35:28Elle produit des appareils
00:35:29comme la chaise du tigre
00:35:30qui sont utilisés
00:35:31pour des interrogatoires
00:35:32pas seulement en Chine,
00:35:33mais aussi dans le monde entier.
00:35:36Les Chinois ont vendu
00:35:37des produits Tiandi en Iran
00:35:38aux gardes de la Révolution,
00:35:40aux services de renseignement
00:35:41et à la police iranienne.
00:35:43Ils ont ensuite été déployés
00:35:45dans tout le pays
00:35:45contre les mouvements
00:35:47de protestations
00:35:48qui ont déstabilisé
00:35:49le régime
00:35:49au cours des deux dernières années,
00:35:51y compris contre
00:35:51le mouvement des femmes.
00:35:52un plan de coopération
00:35:55pour l'instalation
00:35:56de 15 millions de caméras,
00:35:57et un plan de coopération
00:35:58Ils ont fait un plan de coopération et de leur souveraineté.
00:36:05Ils ont fait un plan de coopération.
00:36:08Ils ont fait un plan de coopération.
00:36:12Ils ont fait un plan de coopération.
00:36:16Un plan de coopération Chine-Iran prévoit l'installation
00:36:21de 15 millions de caméras dans 28 villes iraniennes.
00:36:24Les données seraient transférées vers deux centres de contrôle.
00:36:27L'un à Téhéran, l'autre en Chine.
00:36:33Et c'est ainsi que ce type de technologie est devenu
00:36:36une proposition commerciale pour la Chine.
00:36:39Ils s'entraident et les Chinois en profitent pour promouvoir
00:36:42ces technologies répressives auprès de leurs partenaires
00:36:45afin de renforcer ces mêmes autocraties et d'affaiblir les démocraties.
00:36:50Cette nouvelle coalition contre les démocraties
00:36:56parvient même à déstabiliser les plus hautes institutions internationales.
00:37:01A Genève, en Suisse, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU
00:37:05est devenu leur cible privilégiée.
00:37:08L'Union européenne a été créée pour protéger la soviétude
00:37:13de tous les États.
00:37:15Mais un régime qui utilise ce pouvoir
00:37:18pour violer les droits de son propre peuple
00:37:21est violer les valeurs de notre nation européenne.
00:37:27Avec le temps, l'Iran comme la Chine ont réussi à s'imposer
00:37:32dans cette institution qui pourtant les condamnait régulièrement.
00:37:39Il y a une dizaine d'années, on disait
00:37:40« Ok, très bien, la Chine investit dans les organisations multilatérales,
00:37:43à l'ONU et ailleurs, mais elle n'y arrivera pas,
00:37:47elle n'y arrivera pas à fédérer les pays de taux de ses oppositions
00:37:50parce que c'est trop gros, parce qu'elle a des gros sabots,
00:37:53parce que tout le monde est bien confiant des violations
00:37:57des droits de l'Homme sur le territoire chinois.
00:37:58Mais en fait, aujourd'hui, elle y arrive. »
00:38:06En septembre 2022, alors que 25 pays du Conseil des droits de l'Homme
00:38:10réclament une commission d'enquête sur les persécutions
00:38:12de la minorité musulmane Ouïghour,
00:38:14la délégation chinoise réussit à retourner la situation.
00:38:23Les Chinois parviennent à convaincre 11 pays de s'abstenir,
00:38:2819 à voter contre la commission d'enquête
00:38:31en s'appuyant sur une lettre de soutien.
00:38:36Le texte est signé par 50 ambassadeurs à l'ONU,
00:38:39dont les délégations russes, iraniennes,
00:38:42mais aussi leurs partenaires comme la Syrie, la Corée du Nord, le Venezuela.
00:38:47« Quand on regarde la liste des membres,
00:38:52on se rend compte qu'environ deux tiers d'entre eux
00:38:54sont soit des dictatures à part entière,
00:38:56soit d'autres formes de non-démocratie. »
00:38:59« On pourrait justement voir une certaine solidarité
00:39:03entre des régimes autoritaires.
00:39:04C'est-à-dire que là où la violation des droits de l'Homme
00:39:07pose problème aux démocraties,
00:39:09en tant que telle, ce n'est pas un problème pour beaucoup de pays. »
00:39:12« C'est le niveau le plus bas jamais atteint
00:39:14dans l'histoire du Conseil des droits de l'Homme.
00:39:16C'est-à-dire, en fait, depuis 1946. »
00:39:22Ce coup de théâtre va révéler les stratégies du régime chinois
00:39:25pour influencer le Conseil des droits de l'Homme,
00:39:28comme l'organisation de cette exposition
00:39:30sur le bien-être des Ouïghours au sein même de l'ONU,
00:39:37ou la création de fausses ONG
00:39:39pour monopoliser le temps de parole.
00:39:41Et donc, la Chine, par exemple, va favoriser la prise de parole d'ONG,
00:39:50qui sont, en fait, ce qu'on appelle des « Gongos »,
00:39:52qui sont des fausses ONG,
00:39:54qui sont des ONG contrôlées par le pouvoir chinois, en fait.
00:39:57Ils sont des organismes, en fait, d'État, quasiment,
00:40:00et qui, elles, prétendent faire du travail en faveur des droits de l'Homme,
00:40:06mais vont insister sur des sujets qui sont sans conséquences pour la Chine,
00:40:11par exemple, la sortie de la pauvreté.
00:40:13Elles parasitent l'opportunité énorme que les ONG,
00:40:17les vraies ONG, peuvent avoir.
00:40:20La Chine, l'Iran et d'autres régimes
00:40:22déploient des « Gongos » pour empoisonner le système.
00:40:25Merci.
00:40:27La stratégie de la Chine au sein du Conseil des droits de l'Homme est double.
00:40:30C'est à la fois une stratégie de coalition,
00:40:32fédérée autour d'elle, un maximum de pays,
00:40:35en mesure de soutenir ses positions sur les questions sensibles,
00:40:38et en même temps,
00:40:40redéfinir au maximum les termes qui lui posent problème.
00:40:44La Chine a activement
00:40:48promu sa propre définition des droits de l'Homme
00:40:57en indiquant que le premier droit serait le droit à la prospérité,
00:41:02et donc les libertés individuelles ne seraient pas finalement des droits prioritaires.
00:41:08Chaque pays doit avoir sa propre définition des droits de l'Homme.
00:41:12On ne peut pas tous avoir la même définition.
00:41:14Nous n'avons pas tous les mêmes valeurs,
00:41:16elles dépendent des étapes de développement du pays,
00:41:18des traditions, de l'Histoire.
00:41:20Il existe des particularismes et non pas un universalisme.
00:41:27Chaque nation doit choisir le mode de gouvernance
00:41:30qu'elle juge la plus efficace.
00:41:34Et pour moi, la démocratie est la pire façon de gouverner qui soit.
00:41:39Et nous développons un nouveau concept des droits de l'Homme
00:41:42qui sera bien sûr plus conforme aux véritables besoins de l'Homme
00:41:47et à une nouvelle façon de concevoir l'humanité.
00:41:51Quelque part, ce que la Chine essaye d'introduire,
00:41:55c'est la fin de l'universalisme.
00:41:58C'est-à-dire qu'il n'y a plus de conception,
00:42:00selon elle, il n'y a pas de conception universaliste du droit.
00:42:03Le droit occidental ne peut pas s'appliquer tel quel
00:42:09à la population chinoise qui a une autre histoire,
00:42:12une autre trajectoire, une autre culture.
00:42:14Et donc, il faut un droit qui soit conforme à cet héritage.
00:42:18Fin 2023, alors que l'Iran préside le forum social du Conseil des droits de l'Homme,
00:42:23la Chine a réussi à prendre la présidence de 4 des 15 agences des Nations Unies.
00:42:32Ils ont élaboré un plan.
00:42:34Ils se sont dit qu'ils allaient devoir travailler ensemble
00:42:36et faire appel à une coalition de pays beaucoup plus large dans le monde antique.
00:42:40Des changements géopolitiques sont aujourd'hui à l'œuvre dans le monde.
00:42:46Des changements qu'on n'a pas connus depuis 100 ans.
00:42:49Et quand nous travaillons ensemble, nous prenons la tête de ces changements.
00:42:54Prenez soin de vous, cher ami.
00:43:00En plus de créer le chaos dans les pays démocratiques
00:43:03et de neutraliser les valeurs universelles des droits de l'Homme,
00:43:05ce nouvel axe de pays autoritaire mené par la Chine est en train d'organiser un véritable monde parallèle alternatif au monde occidental.
00:43:18Pour restructurer le monde à leur avantage et engager ces changements historiques,
00:43:23la Chine et la Russie veulent rassembler derrière eux une coalition bien plus vaste,
00:43:28afin d'isoler l'Occident.
00:43:29Fin août 2023, c'est l'heure du sommet des BRICS, de Johannesburg,
00:43:36qu'ils vont concrétiser la première étape de leur plan.
00:43:42C'est sur ce groupe des BRICS qu'ils misent avant tout.
00:43:47Ce club de nouvelles puissances économiques créé à la fin des années 2000 par la Chine et la Russie pour contrer la domination des États-Unis sur le monde,
00:43:58avec le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud.
00:44:01Ils ont commencé à tester et à examiner d'autres structures mondiales en se demandant
00:44:08« Pouvons-nous constituer une puissance assez forte ?
00:44:12Y a-t-il suffisamment de pays comme nous qui haïssent les États-Unis,
00:44:16qui détestent l'ordre mondial libéral et qui seraient prêts à unir leurs forces aux nôtres ? »
00:44:22Mais ce sommet va être le théâtre d'un événement majeur.
00:44:27À la suite de tractations entre la Chine et la Russie d'un côté,
00:44:32le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud de l'autre,
00:44:35les BRICS annoncent l'intégration de 5 nouveaux pays émergents.
00:44:39La Chine et la Russie ont obtenu l'intégration de la République islamique d'Iran depuis si longtemps isolée.
00:44:46Pour le régime iranien,
00:44:50c'est une victoire historique qui valide sa politique de rapprochement avec l'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud.
00:45:12Pour le régime iranien, c'est une victoire historique qui valide sa politique de rapprochement avec la Chine et la Russie.
00:45:21Ils pensent que l'économie de l'Iran a un niveau suffisamment élevé pour faire partie de cette organisation.
00:45:35La Chine, la Russie, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil se considèrent comme des pays à l'avant-garde de la future économie mondiale et ils veulent avoir l'Iran à leur côté.
00:45:50Plus vous nous mettez des bâtons dans les roues, plus nous nous rapprochons entre nous et plus nous devenons dangereux pour vous.
00:46:04Et l'idée d'élargir les BRICS, que les Chinois ont soutenu de manière agressive, vise simplement à montrer au reste du monde qu'il existe une demande pour ce que les BRICS offrent.
00:46:15C'est une victoire diplomatique majeure pour les Chinois.
00:46:20Pour la Chine, cette nouvelle coalition est surtout l'occasion de créer enfin un monde économique alternatif indépendant de l'Occident.
00:46:29Car avec les nouvelles adhésions, les BRICS représentent désormais presque la moitié de la population mondiale et un tiers de ses richesses.
00:46:39Sans compter les nouvelles candidatures d'adhésion.
00:46:42Le plan est qu'à long terme, des pays comme l'Iran, la Russie et la Chine vont éroder la capacité des Etats-Unis à utiliser les sanctions comme outils politiques au niveau international.
00:46:57Parce qu'ils vont créer des mécanismes alternatifs pour contourner les sanctions américaines et pour contourner la domination du dollar.
00:47:07Ce qui rendra plus difficile pour les Etats-Unis l'utilisation de leurs systèmes de sanctions.
00:47:12Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des économies suffisamment puissantes semblent donc en mesure de créer un espace commercial, économique et financier à l'abri de la puissance du dollar.
00:47:28Pour la Chine, l'enjeu est de Thaï car cet espace alternatif l'immuniserait contre les sanctions occidentales dans le cas d'une annexion de l'île de Taïwan.
00:47:42Évidemment, en ligne de mire, il y a le caractère agressif des positions de la Chine vis-à-vis de Taïwan.
00:47:48Il n'est pas à exclure que la Chine cherche à envahir Taïwan peut-être en 2030, autour de ces années-là en tout cas,
00:47:56quand la Chine deviendra probablement la première puissance économique mondiale.
00:48:01Mais la Chine souhaiterait d'ici là avoir des mécanismes financiers alternatifs pour que ces sanctions en fait soient inefficaces.
00:48:10En créant un monde parallèle à l'abri des sanctions et en forgeant des coalitions toujours plus vastes,
00:48:15l'objectif pour la Chine, la Russie et l'Iran est de pouvoir enfin mener à bien leurs ambitions respectives sans se soucier des conséquences éventuelles.
00:48:26L'Iran se présente plus que jamais comme le plus grand opposant des Américains au Moyen-Orient.
00:48:40Il avance aujourd'hui ses pions, bénéficiant du chaos provoqué par l'attaque terroriste du 7 octobre et les représailles sanglantes d'Israël.
00:48:48Ces oppressions répétées et cumulées ont abouti à un soulèvement de la population de Gaza et de l'axe de résistance qui ont donné un coup décisif au régime israélien le 7 octobre dernier.
00:49:03Il n'y a absolument aucune surprise dans l'attitude iranienne.
00:49:07Téhéran soutient le Hamas, continue à soutenir le Hezbollah, se félicite de ce qui s'est passé, se pose en champion de la cause palestinienne,
00:49:16tout en encourageant sans doute le Hezbollah ou les Houthis et le Hamas à en faire toujours plus.
00:49:22Les milices soutenues par l'Iran, comme le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen, menacent de provoquer une escalade qui risque de déstabiliser encore davantage les Occidentaux.
00:49:37Une évolution importante est en train de se dérouler dans la région.
00:49:42Les groupes de l'axe de résistance y sont devenus des acteurs plus importants et l'architecture future de la région devra tenir compte de la place de ces groupes.
00:49:52D'une certaine manière, les trois pays concernés bénéficient, une sorte d'effet d'aubaine, bénéficient de ces attentats.
00:50:00L'Iran, puisqu'il se met au centre du jeu proche oriental, la Russie parce qu'elle se pose comme défenseur des peuples opprimés, comme la Chine d'ailleurs,
00:50:12et que Pékin et Moscou voient avec une grande satisfaction les observateurs internationaux se détourner de l'Ukraine ou de Taïwan pour se focaliser sur le Proche-Orient.
00:50:26Donc chacun à leur manière, la Russie, la Chine et l'Iran bénéficient politiquement du 7 octobre.
00:50:34Dans ce monde où l'Occident n'est désormais plus le leader incontesté, le régime iranien, comme ses partenaires russes et chinois, semble plus libre que jamais d'atteindre leurs objectifs.
00:50:44C'est-à-dire qu'on aurait à priori des petits systèmes régionaux qui interagiraient les uns avec les autres, et puis à la tête de ces systèmes régionaux,
00:50:55la puissance qui se pense être la plus légitime pour régner en quelque sorte dans la zone.
00:51:00Donc typiquement au Moyen-Orient, ce serait un système dirigé par l'Iran, en Eurasie, un système dirigé par la Russie, et puis en Asie du Sud, un système dirigé par la Chine.
00:51:11Dans ce monde fragmenté, l'Europe se retrouve frontalement confrontée à la question de son indépendance stratégique.
00:51:20Puisqu'on a un bloc mené par les Etats-Unis, un bloc mené par la Chine, un bloc des économies en voie de développement,
00:51:26et donc toute la question est de savoir si l'Union européenne peut émerger en tant que quatrième bloc autonome,
00:51:31ou si l'Union européenne devra se ranger quelque part derrière les Etats-Unis.
00:51:35L'Union européenne est aujourd'hui courtisée par la Chine, qui a entrepris de la faire sortir du bloc occidental.
00:51:43La Chine est très désireuse de consolider son amitié avec l'Europe, d'accroître les échanges commerciaux et de renforcer la compréhension mutuelle.
00:51:53Suivre les Etats-Unis vous mènera à la ruine.
00:51:58Les coalitions peuvent donc être flexibles. Demain, elles pourraient également inclure de nombreux autres Etats d'Europe et d'ailleurs.
00:52:05La plupart des pays du monde ont une attitude neutre ou neutre positive à notre égard.
00:52:14Seule une minorité de pays, de moins en moins nombreux, sans avenir et de plus en plus faibles, se battent contre nous.
00:52:22C'est l'ancien Occident. Il finira lui aussi par se diviser. Et de nombreux pays occidentaux et même européens rejoindront la Grande Eurasie.
00:52:39Cette nouvelle ère, instable par essence et à durée indéterminée, pousse chaque puissance à revoir ses positions.
00:52:51Les forces de l'OTAN organisent depuis 2023 les exercices militaires les plus importants depuis la fin de la guerre froide, mobilisant 90 000 soldats issus des 31 pays alliés.
00:53:02Je ne dis pas qu'il va falloir demain demain, mais nous devons réaliser que ce n'est pas un événement que nous sommes en paix.
00:53:11Et c'est pourquoi nous avons les plans.
00:53:13Paix ont l'impression d'être juste autour de l'un.
00:53:18Mais pas tout le monde a pris le memo.
00:53:23En fait, nos adversaires ont mobilisées.
00:53:26Beaucoup ont dit cela avant moi.
00:53:29Mais laissez-moi le faire avec la force d'événement.
00:53:32L'événement d'événement et d'événement d'événement.
00:53:36Cela peut être un guerre, c'est vrai.
00:53:38Qui es-tu si le guerre arrive ?
00:53:41Alors que le soutien des États-Unis à l'OTAN pourrait connaître des soubresauts et que l'Europe pourrait se retrouver seule à soutenir l'Ukraine contre la Russie, l'Union européenne est plus que jamais confrontée à son destin de puissance militaire.
00:53:57Si Poutine devait gagner cette guerre parce que nous, Européens et Américains, ne soutenons plus l'Ukraine, ce serait un très mauvais signal pour les autres dictatures et régimes autocratiques dans le monde.
00:54:15Il suffirait de brutalité et de temps pour opprimer son voisin. Ce serait un message totalement catastrophique à envoyer.
00:54:24Et pour l'Europe, c'est la grande question. Jusqu'où on peut s'organiser pour montrer que c'est pas simplement un grand marché, une monnaie, mais un continent qui sait se défendre et qui sait se faire respecter.
00:54:39Et puis la deuxième façon, c'est tout simplement de nous réinvestir dans nos démocraties, de nous réengager, de nous remettre à formuler des valeurs qui peuvent être universelles.
00:54:54Pour les régimes qui défient aujourd'hui l'Occident, toute la question est de savoir s'ils parviendront à surmonter leur propre fragilité et à contrôler des populations qui ne cessent d'exprimer leur désir de liberté et qui croient en la victoire de la démocratie.
00:55:11Depuis la guerre en Ukraine, jamais la Chine, la Russie et l'Iran n'ont semblé aussi ouvertement alignés sur la scène internationale contre un ennemi commun, l'Occident et la démocratie.
00:55:27Tel était donc le constat dressé dans ce documentaire réalisé par Sophie Lepot et Julian Blum.
00:55:34Qu'en est-il réellement depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ?
00:55:38Eh bien, nous allons en débattre maintenant avec nos invités présents aujourd'hui sur ce plateau de débats d'oc.
00:55:44Bruno Tertrait, pour commencer. Bienvenue à vous, Bruno Tertrait.
00:55:47Nous vous avons vu témoigner dans ce documentaire.
00:55:51Vous êtes politiste, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et conseiller géopolitique à l'Institut Montaigne.
00:55:58En lien direct avec le documentaire que nous venons de voir, vous avez publié dans la collection Alpha chez Human6 une version mise à jour
00:56:08et augmenté de la guerre des mondes, le retour de la géopolitique et le choc des empires.
00:56:13Et votre dernier ouvrage s'intitule, quant à lui, « La question israélienne » et il est disponible, quant à lui, aux éditions de l'Observatoire.
00:56:22Aaron Chagonsalès est également avec nous. Bienvenue à vous.
00:56:25Vous êtes doyenne de la Paris School of International Affairs à Sciences Po.
00:56:30Vous avez été ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne et de la coopération de l'Espagne.
00:56:36C'était entre 2020 et 2021 et vous êtes aussi ancienne sous-secrétaire générale des Nations Unies.
00:56:46Et puis enfin avec nous, Frédéric Ancel. Bienvenue à vous, Frédéric Ancel.
00:56:49Merci pour votre fidélité dans cette émission.
00:56:51Vous êtes géopolitologue et CI, spécialiste du Moyen-Orient, professeur à Paris School Business et maître de conférences à Sciences Po Paris.
00:57:01Et votre dernier livre, il vient de sortir et il s'intitule « La guerre mondiale n'aura pas lieu »
00:57:06publié chez Odile Jacob.
00:57:09Bruno Tertrait, nous venons de voir ce documentaire.
00:57:11Il a été tourné peu de temps avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:57:16On va y revenir.
00:57:17Pour autant, est-ce que vous validez le constat dressé dans ce film,
00:57:21cet axe anti-occidental qui s'est construit au fil des ans, depuis maintenant quelques années,
00:57:28pour essayer de mettre en place un modèle alternatif au monde occidental et à la démocratie ?
00:57:35– On peut totalement le valider.
00:57:38Je pense que ce que vous appelez un axe est effectivement très solide,
00:57:41que ces trois pays sont alignés mais pas alliés formellement,
00:57:45c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'alliance, d'engagement de défense de l'Iran envers la Chine, de la Chine envers la Russie.
00:57:51– Donc alignement, mais pas pour autant alliance ?
00:57:54– Alors pas une alliance au sens strict du terme,
00:57:56c'est-à-dire qu'on a vu que la Corée du Nord s'était engagée à défendre la Russie et réciproquement.
00:58:02Il y a un traité d'alliance entre les deux.
00:58:04En revanche, il n'y a pas le même traité d'alliance formelle entre la Chine et la Russie,
00:58:09entre la Chine et l'Iran, entre l'Iran et la Russie.
00:58:11Mais ce qui se passe aujourd'hui, c'est effectivement la consolidation d'un axe ou d'un ensemble de trois pays
00:58:17qui était un peu le monde rêvé déjà par la Russie de Boris Yeltsin.
00:58:22On l'a oublié, mais Yevgeny Primakov, qui a été ministre des Affaires étrangères,
00:58:28puis brièvement Premier ministre de Russie,
00:58:31a été quelqu'un qui avait théorisé cette idée d'un axe anti-occidental.
00:58:36Nous sommes, nous, Russie, disait-il à l'époque, plus faible que nous l'étions auparavant.
00:58:40Nous avons besoin d'alliés.
00:58:42Or, face à l'Occident, l'alliance naturelle, c'est avec la Chine et avec l'Iran.
00:58:49Et donc, c'est quelque chose de très profond et de très durable
00:58:51qui s'inscrit aujourd'hui dans le paysage international.
00:58:56C'est d'abord un, j'allais dire, un mariage d'intérêts, plus qu'un mariage d'idéaux.
00:59:02Ce n'est pas un mariage d'amour.
00:59:05C'est vraiment des intérêts communs.
00:59:07Contrer l'Occident, échapper aux sanctions.
00:59:09On l'a très bien vu, d'ailleurs, dans ce film.
00:59:12Tout à fait.
00:59:12Se donner des trucs pour échapper aux sanctions, on en parle très bien dans le documentaire.
00:59:17Et puis, se vendre des matériels militaires.
00:59:19Tout ceci ne se fait pas forcément de manière coordonnée en permanence.
00:59:23Mais en tout cas, ce trio très bien présenté dans le documentaire,
00:59:27il est aujourd'hui extrêmement solide.
00:59:28Est-ce que l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022
00:59:33a accéléré en quelque sorte cette alliance, ou en tout cas...
00:59:37Quasi-alliance.
00:59:38Cette quasi-alliance entre l'Iran, la Chine et la Russie.
00:59:43On a vu dans ce documentaire, on a rappelé dans ce documentaire
00:59:46que l'Union européenne était désappointée de voir la Chine ne pas condamner explicitement
00:59:51cette agression de la Russie en Ukraine.
00:59:55Ça a été un moment de bascule important ?
00:59:57D'abord, je dirais que les trois...
01:00:00La colle qui unit les trois, c'est un sentiment anti-américain.
01:00:05Plutôt qu'un agenda qui serait en commun.
01:00:08Sachant que les trois pays, c'est des trois pays très différents.
01:00:12L'un, très petit d'un point de vue économique et très petit d'un point de vue militaire,
01:00:17qui est l'Iran.
01:00:18L'autre, très fort d'un point de vue militaire, très petit d'un point de vue économique,
01:00:22la Russie et l'autre, la Chine, qui est fort à la fois dans l'économie et dans les militaires,
01:00:28qui a une vocation plutôt globale, tandis que les autres, une vocation plutôt régionale.
01:00:35Donc, ces trois animaux très différents, simplement, ils se unissent par un désir
01:00:40des contrées, ce qu'ils considèrent comme une hégémonie américaine.
01:00:49Une hégémonie américaine qui prédate la guerre en Ukraine, l'ambassion russe en Ukraine,
01:00:56mais qui s'est accélérée à ce moment-là aussi,
01:01:00parce que c'est le moment où il y a eu toute une série de mesures qui ont été prises,
01:01:04notamment à l'encontre de la Russie, et qui ont fait réfléchir aux autres,
01:01:10et notamment à la Chine, sur leur faiblesse, que l'interdépendance des États-Unis,
01:01:16à la fois commerciale, financière, aurait pour elles,
01:01:20si jamais elles voudraient prendre une mesure en Asie,
01:01:24notamment concernant les Taïwans,
01:01:27qui la mettrait en risque par rapport, surtout, aux États-Unis.
01:01:32Et je vais introduire cet élément, parce que ce qu'on va discuter un peu plus tard dans cette émission,
01:01:39qui est les basculements américains, a un impact très très fort aussi sur cette convergence d'intérêts.
01:01:44Mais de toute façon, alliance anti-américaine, et pas seulement anti-américaine et anti-européenne.
01:01:52Il y a deux poids, deux mesures dans ce qu'on appelle les occidentaux,
01:01:55du côté chinois, du côté iranien et du côté russe ?
01:01:58Je crois que, clairement, du côté chinois, pas tellement du côté russe,
01:02:02mais du côté européen, la cible très claire aussi est la Russie.
01:02:08Par rapport à la guerre en Ukraine, la cible principale de l'Union européenne,
01:02:13et là où l'Union européenne a mis un effort considérable,
01:02:18et c'est normal, parce que c'est les voisins d'un côté,
01:02:20concernant la Russie.
01:02:22– Que peut-on dire de plus sur ce constat dressé dans ce documentaire,
01:02:27de ce qui a déjà été dit sur ce plateau à l'instant ?
01:02:30– C'est un exercice très difficile.
01:02:32Je souscris à ce qui a été dit, peut-être pour la beauté du débat,
01:02:35deux nuances, une nuance de forme, une nuance de fond.
01:02:37Quand on dit la revanche, d'une part, on parle de représentation,
01:02:42revanchiste ou revancharde, par rapport à ce qui a eu existé,
01:02:45et puis empire, le terme d'empire, il n'est pas anodin quand même.
01:02:50La Russie est très clairement un empire.
01:02:51Monsieur Poutine est un impérialiste au dernier degré,
01:02:54là-dessus il n'y a pas de problème, de toute façon il le dit lui-même,
01:02:56les frontières de la Russie s'arrêtent là où elle veut bien qu'elle s'arrête.
01:03:02Pour la Chine, on a un revanchisme,
01:03:04et c'est évidemment le siècle des humiliations,
01:03:06depuis la guerre de l'opium en 1839,
01:03:09et pratiquement jusqu'aux années 1930-40,
01:03:12c'est comme ça que l'historiographie chinoise fonctionne,
01:03:15et entre parenthèses, c'est aussi vrai vis-à-vis de la Russie.
01:03:18Il ne faudra pas l'oublier à terme.
01:03:19Notamment sur la Manchourie septentrionale,
01:03:22ou ce qu'on peut appeler aussi la Sibérie orientale.
01:03:24C'est un autre problème.
01:03:25Après, la Chine fonctionne moins à la manière d'un empire historiquement parlant.
01:03:32Quant à l'Iran, c'est encore autre chose.
01:03:35La République islamique d'Iran au pouvoir depuis 1979
01:03:37fonctionne davantage comme une nation religieuse,
01:03:41ou un pôle religieux, mais qui a utilisé le nationalisme
01:03:44pour se maintenir au pouvoir,
01:03:46et qui, a priori, ne revendique pas de territoire
01:03:50outre ses frontières internationalement reconnues,
01:03:52sauf que les proxys, comme on les appelle,
01:03:54permettent évidemment à l'Iran un impérialisme
01:03:56moyen-oriental très important.
01:03:58Bon, ça, c'était pour la forme.
01:04:00Sur le fond, je souscris à ce qui a été dit,
01:04:03j'irai plus loin, Bruno Tertré disait
01:04:05qu'il n'y a pas d'alliance militaire, il a raison de le rappeler.
01:04:06Mais je vais plus loin.
01:04:07Alignement, oui. Alliance, non.
01:04:09C'est ça.
01:04:09C'est ce que j'ai obtenu, ce que vient de dire Bruno Tertré.
01:04:10C'est ça.
01:04:10Alignement contre les États-Unis, ce qui a été dit là aussi,
01:04:12je le partage.
01:04:13Et même, au-delà de ça,
01:04:15alignement antidémocratique.
01:04:16C'est-à-dire qu'on a là une détestation du système démocratique
01:04:19au-delà même des États-Unis,
01:04:21au-delà même de l'Europe.
01:04:23Mais je vous dirais que,
01:04:25non seulement ils ne sont pas alliés militairement,
01:04:27mais quand on prend l'exemple de la Russie,
01:04:29de M. Poutine,
01:04:30qui abandonne en race campagne l'Arménie en 2020
01:04:34contre l'Azerbaïdjan.
01:04:35Or, il y avait un traité d'alliance entre ces pays.
01:04:39Lorsque M. Poutine abandonne en race campagne
01:04:41Bachar el-Assad,
01:04:43il y a un traité d'alliance militaire entre eux.
01:04:45C'est tellement vrai qu'il y a deux bases,
01:04:47russes en Syrie.
01:04:49Et ça date, cette alliance,
01:04:51de la fin des années 50, de l'URSS.
01:04:54Quand on regarde à quel point M. Poutine
01:04:56est dupli, s'y compris vis-à-vis de ses alliés
01:04:58et de ses partenaires,
01:04:59on imagine difficilement qu'il interviendra
01:05:02en faveur de l'Iran si jamais il devait y avoir
01:05:04une montée de tensions
01:05:06et en fait, une véritable guerre,
01:05:08par exemple, entre l'Iran et Israël.
01:05:10Quant à la Chine,
01:05:11alors écoutez, juste d'un mot,
01:05:12la Chine a rappelé de manière assez forte
01:05:14ces trois dernières années d'invasion russe en Ukraine
01:05:17qu'elle était ultra-conservatrice
01:05:18sur le dossier nucléaire.
01:05:20À chaque fois que M. Poutine brandit
01:05:22l'épée de Damoclès en carton ou pas,
01:05:24d'ailleurs, parce qu'on prend l'instant,
01:05:25il n'y a pas eu réellement de préalerte nucléaire,
01:05:27mais à chaque fois qu'il brandit
01:05:28des risques d'apocalypse,
01:05:29dont il rend bien évidemment toujours
01:05:31les Occidentaux et les Ukrainiens responsables.
01:05:33M. Xi Jinping le rappelle à l'ordre.
01:05:35Et ça, ça me paraît quelque chose
01:05:36d'assez intéressant.
01:05:37Donc oui, je suis d'accord avec ce qui a été dit,
01:05:40avec, voilà, assez de nuances près.
01:05:42– Il y a quand même, je crois,
01:05:45chez ces trois pays,
01:05:46une logique que j'appelle néo-impériale,
01:05:49autrement dit, même si Frédéric Ancel
01:05:51a raison de le rappeler,
01:05:52la République islamique d'Iran,
01:05:53c'est un objet politique très différent
01:05:54de l'Empire perse,
01:05:55mais les nations, les pays ont de la mémoire.
01:05:58Cette mémoire est inscrite profondément.
01:06:00La Perse a été un empire,
01:06:02la Chine a été un empire,
01:06:03la Russie aussi.
01:06:05Et j'ajouterais peut-être,
01:06:06s'il fallait faire le compte total
01:06:09de ces néo-empires revanchistes,
01:06:12peut-être la Turquie,
01:06:13dans une certaine mesure aussi,
01:06:14parce que la représentation du monde
01:06:17qui est présentée par Yed Recep Tayyip Erdogan,
01:06:20le président turc,
01:06:21c'est quand même celle d'un ancien empire
01:06:23qui veut retrouver sa place au soleil.
01:06:25Et puis, j'ajouterais peut-être des satellites,
01:06:28des satellites autour de ce cœur de trois pays
01:06:30très bien représentés.
01:06:32La Corée du Nord, bien sûr,
01:06:34qui n'est pas du tout un pion de la Chine,
01:06:36comme on le dit parfois,
01:06:37et le traité d'alliance qu'elle a signé
01:06:39avec la Russie est plutôt une manifestation
01:06:41d'indépendance vis-à-vis de la Chine.
01:06:43Mais tout de même,
01:06:44on a un pays qui s'inscrit dans la même logique
01:06:48et qui a beaucoup de points communs
01:06:50avec ces trois autres.
01:06:51On peut aussi, bien sûr,
01:06:53ajouter la Biélorussie,
01:06:55qui est alors, lui, pour le coup,
01:06:56devenu un vrai satellite de la Russie,
01:06:58qui est totalement inclus
01:06:59dans l'orbite de défense de la Russie
01:07:02et qui est un vrai traité de défense mutuelle.
01:07:05Donc, on a quand même un monde
01:07:06qui se dessine au-delà de la Russie,
01:07:09de l'Iran et de la Chine.
01:07:10On a quand même un monde qui se dessine,
01:07:12qui est un monde de logique néo-impériale
01:07:15et qui sont, je terminerai en rappelant
01:07:18ce qu'a dit Frédéric tout à l'heure,
01:07:19quand même, qu'à force de vouloir s'agrandir,
01:07:25ces néo-empires pourraient se faire concurrence.
01:07:27Et effectivement, il y a des contentieux potentiels,
01:07:30notamment entre la Chine et la Russie.
01:07:33Alors, depuis la réalisation de ce film,
01:07:35il y a eu le retour de Donald Trump
01:07:36à la Maison-Blanche.
01:07:38C'était le 20 janvier 2025.
01:07:40Il y a aussi eu la chute du régime
01:07:41de Bachar el-Assad.
01:07:42On parle, bien entendu, de la Syrie.
01:07:44Et puis, il y a un certain nombre d'annonces
01:07:46de la part de Donald Trump,
01:07:47de son administration concernant les droits de douane,
01:07:50donc la guerre commerciale.
01:07:52Et puis, évidemment, la guerre tout court
01:07:53concernant l'Ukraine, d'une part,
01:07:55et puis, d'autre part,
01:07:56le conflit entre Israël
01:07:58et le Hamas au Proche-Orient, bien entendu.
01:08:03Beaucoup de choses se sont passées
01:08:04depuis la réalisation de ce documentaire.
01:08:06Mais c'est surtout, évidemment,
01:08:08le changement qui s'est opéré
01:08:10à la Maison-Blanche,
01:08:11qui peut, a pu, peut-être,
01:08:13remettre en cause ce qui a été dit
01:08:14dans ce film, tout ou en partie.
01:08:17C'est le cas ?
01:08:18Oui, je crois que c'est le cas.
01:08:20N'oublions pas qu'il y a quelque chose
01:08:22qui s'est passé aussi entre-temps.
01:08:24C'est un conflit entre Pakistan et Inde.
01:08:26On n'a pas parlé de l'Inde,
01:08:27mais si on parle des grands pays
01:08:31qui ont une histoire
01:08:33et une volonté de projeter l'histoire
01:08:35dans le futur, il ne faut pas oublier
01:08:37non plus l'Inde et les conflits
01:08:38aujourd'hui avec les Pakistans.
01:08:40Mais pour revenir à Donald Trump...
01:08:41Avec une tradition de pays non-aligné,
01:08:43l'Inde, peut-être ce qui le distingue
01:08:45peut-être d'Inde.
01:08:46Moi, je parle plutôt des polyamour
01:08:48que des non-alignements aujourd'hui.
01:08:50Je ne crois pas...
01:08:51On dit multi-alignement.
01:08:52Je ne crois pas qu'on puisse parler...
01:08:54Je ne crois pas qu'on puisse parler
01:08:57des non-alignements aujourd'hui.
01:08:58Est-ce que ça a changé fondamentalement
01:09:00ce retour de Donald Trump ?
01:09:01Ces annonces faites depuis son retour
01:09:03à la Maison-Branche,
01:09:04au regard du film que nous n'avons de voir.
01:09:08Forcé de constater que cette notion d'Occident
01:09:10est très mise en cause
01:09:12par le retour de Donald Trump
01:09:14à la Maison-Branche.
01:09:15À la fois du côté économique,
01:09:19faisant la guerre,
01:09:20à commencer la guerre avec l'Union européenne,
01:09:23sur le plan militaire et géopolitique,
01:09:26avec un alignement très profond
01:09:29de la part de Donald Trump
01:09:31avec M. Poutine.
01:09:35Et c'est un alignement
01:09:36qui n'est pas simplement temporaire.
01:09:41C'est assez profond.
01:09:43C'est un alignement idéologique.
01:09:45Et puis, un questionnement
01:09:46de la démocratie en Europe.
01:09:48N'oublions pas que les mêmes questionnements
01:09:50qui viennent de la part de la Chine,
01:09:53de la part de la Russie ou de l'Iran,
01:09:55maintenant, viennent de la part
01:09:56du vice-président américain
01:09:58qui se présente à Munich
01:09:59pour faire la campagne
01:10:02de l'extrême droite allemande
01:10:04et refusant de rencontrer
01:10:06les chanceliers allemands.
01:10:08C'est aujourd'hui une Europe
01:10:10qui est plutôt seule
01:10:13dans ce qui était auparavant
01:10:18l'Occident
01:10:19et qui oblige l'Union européenne
01:10:21à prendre, si elle veut vraiment
01:10:23continuer ce schéma
01:10:24d'une économie ouverte,
01:10:27une défense de la démocratie
01:10:29et une défense du droit international,
01:10:33demande de l'Europe
01:10:33beaucoup plus de courage
01:10:35et de volonté politique.
01:10:37Oui, je crois que les conséquences
01:10:39du retour de Donald Trump
01:10:40sont différenciées
01:10:41en fonction de ces trois pays.
01:10:43Tout à fait d'accord
01:10:43sur l'alignement moralement catastrophique,
01:10:46me semble-t-il,
01:10:46de l'administration Trump sur Poutine.
01:10:50Regardez à quel point, néanmoins,
01:10:52M. Trump, baffroit la Chine,
01:10:54notamment en termes de surtaxation
01:10:57des produits annoncés
01:10:59il y a quelques temps de cela
01:11:01et de la guerre économique
01:11:03qu'il maintient.
01:11:04Je dis bien qu'il maintient
01:11:05parce que ses prédécesseurs
01:11:06entretenaient,
01:11:07depuis Bush-Fiss pratiquement,
01:11:08donc on est au début des années 2000,
01:11:09entretenaient vis-à-vis de la Chine
01:11:11un rapport qualifié
01:11:13de stratégiquement très antagoniste
01:11:15en réalité,
01:11:16et sans doute d'ailleurs
01:11:16à juste titre.
01:11:17Donc de ce point de vue-là,
01:11:18et les Chinois le savent bien,
01:11:19et on voit bien à quel point
01:11:21ils essayent de revenir
01:11:22dans les bonnes grâces
01:11:23des Européens
01:11:24et d'aller chercher
01:11:25d'autres marchés,
01:11:26y compris d'ailleurs
01:11:27à leur voisinage immédiat
01:11:28dans le sud-est asiatique,
01:11:29par exemple.
01:11:30Donc là,
01:11:31on a quelque chose
01:11:31de différencié
01:11:32d'avec la Russie.
01:11:34Et puis en Iran,
01:11:34c'est encore autre chose
01:11:35parce que là,
01:11:35pour le coup,
01:11:36on a un prisme saoudien
01:11:38très fort
01:11:39chez M. Trump.
01:11:40Je rappelle que
01:11:40son premier voyage officiel
01:11:42lors de sa première élection,
01:11:44enfin de son premier mandat,
01:11:45c'était l'Arabie saoudite,
01:11:46ce qui était une première,
01:11:47pour un président américain,
01:11:48premier absolu.
01:11:49Là,
01:11:50il y retourne
01:11:52et il a toujours considéré
01:11:54que l'Arabie saoudite,
01:11:55notamment parce que
01:11:55c'est un pays considéré,
01:11:57à juste titre,
01:11:57comme extrêmement solvable,
01:11:59sans doute pour des années,
01:12:00voire des décennies,
01:12:01un pays qui va continuer,
01:12:02en tout cas selon
01:12:03les espoirs de Donald Trump,
01:12:04des espoirs fondés,
01:12:05à investir et à acheter
01:12:06énormément aux États-Unis,
01:12:08eh bien,
01:12:08il faut défendre
01:12:09l'Arabie saoudite.
01:12:10Israël, oui,
01:12:11mais c'est un cas un peu à part.
01:12:12Et par conséquent,
01:12:13l'Iran,
01:12:13considéré,
01:12:14avec raison,
01:12:15par Riyad,
01:12:16par l'Arabie saoudite,
01:12:17comme un danger
01:12:18à plusieurs titres d'ailleurs,
01:12:19et notamment
01:12:19l'éventuelle nucléarisation
01:12:21de l'Iran comme un danger,
01:12:22comme un péril mortel,
01:12:23en réalité,
01:12:23pour l'Arabie saoudite,
01:12:24encore une fois,
01:12:25avec raison,
01:12:26ça, je pense que Trump
01:12:27ne laissera pas faire.
01:12:28Et par conséquent,
01:12:28vous voyez,
01:12:28on a, me semble-t-il,
01:12:31plusieurs combinaisons différentes
01:12:33et donc on ne peut pas parler
01:12:34de bloc face à
01:12:36Donald Trump numéro 2,
01:12:38en tout cas,
01:12:39pas sur les trois pays
01:12:39qu'on a travaillés
01:12:41sur le documentaire.
01:12:42– On en est arrivé
01:12:42à se demander,
01:12:43la question est peut-être
01:12:44un peu naïve,
01:12:46si Donald Trump
01:12:47ne fait pas partie
01:12:48du clan des autocrates
01:12:49qui sont évidemment
01:12:51bien mis en avant
01:12:52dans ce documentaire,
01:12:53que sont Vladimir Poutine,
01:12:54Xi Jinping.
01:12:55– Oui,
01:12:55mais je crois que vous mettez
01:12:56le doigt sur la question,
01:12:58je crois que vous mettez le doigt
01:12:59sur la question essentielle,
01:13:01à savoir,
01:13:01est-ce que l'Amérique de Trump
01:13:03est en train
01:13:04de devenir
01:13:05un néo-empire
01:13:07comme un autre ?
01:13:08Autrement dit,
01:13:09est-ce que
01:13:10la manière
01:13:11dont Trump
01:13:12se comporte,
01:13:13est-ce que
01:13:13ses objectifs affichés,
01:13:14dès son message
01:13:16sur l'état de l'Union
01:13:16fin janvier,
01:13:19est-ce que ce n'est pas
01:13:20en train de faire
01:13:20de l'Amérique
01:13:21quelque chose
01:13:22de différent
01:13:22qui n'est plus
01:13:23dans cette culture
01:13:25commune occidentale
01:13:26que nous avons
01:13:27parfois un petit peu
01:13:29exagérée,
01:13:30mais en tout cas
01:13:30qui est une réalité
01:13:31et qui n'a d'ailleurs
01:13:32à mon sens
01:13:33pas totalement disparu,
01:13:34c'est quand même
01:13:35l'Amérique de Trump,
01:13:35c'est la moitié de l'Amérique,
01:13:37pas plus.
01:13:38Mais lorsque vous avez
01:13:39un pays
01:13:40comme les Etats-Unis
01:13:41qui annonce
01:13:42une volonté
01:13:42d'expansion territoriale
01:13:44en disant
01:13:45nous devons renouer
01:13:46avec le rêve
01:13:47de nos fondateurs,
01:13:48celle d'une expansion
01:13:49naturelle,
01:13:50la destinée manifeste
01:13:51de l'Amérique,
01:13:53le Canada,
01:13:53pourquoi n'est-il pas
01:13:54aux Etats-Unis
01:13:55un nouvel Etat
01:13:57des Etats-Unis,
01:13:58le Groenland
01:13:59devrait appartenir
01:14:01aux Etats-Unis,
01:14:02le canal de Panama,
01:14:03etc.
01:14:04Vous avez
01:14:04dans les faits
01:14:06une logique expansionniste,
01:14:07en tout cas
01:14:07un désir
01:14:08d'expansion territoriale
01:14:10qui fait qu'il est
01:14:11tout à fait légitime
01:14:11de se demander
01:14:12si l'Amérique de Trump
01:14:13n'est-elle pas
01:14:14en train de devenir
01:14:16un néo-empire
01:14:17comme un autre.
01:14:17Alors bien sûr,
01:14:19la question
01:14:19l'Amérique
01:14:20est-elle un empire,
01:14:21elle est vieille
01:14:21comme...
01:14:22Elle est vieille
01:14:23depuis...
01:14:24Elle existe depuis 1945.
01:14:26C'est une très vieille question.
01:14:27Les politistes
01:14:28et les géopolitologues
01:14:29ont différentes manières
01:14:31d'y répondre.
01:14:32Mais là,
01:14:33ce qui est intéressant,
01:14:34c'est qu'on a un discours,
01:14:35en tout cas,
01:14:36peut-être pas des actes,
01:14:37on verra,
01:14:37mais en tout cas
01:14:38un discours
01:14:38chez Trump
01:14:39qui ressemble
01:14:40à celui d'un Poutine
01:14:42ou d'un Xi Jinping.
01:14:43Est-ce qu'on n'est pas
01:14:43tout de même
01:14:44sur une réaction à chaud ?
01:14:45Est-ce que le temps
01:14:46de la géopolitique
01:14:47n'est pas un temps long ?
01:14:48Est-ce qu'on n'est pas
01:14:49un peu en train
01:14:49de surréagir
01:14:51du côté occidental
01:14:52et notamment
01:14:53du côté de l'Union européenne
01:14:55par rapport
01:14:56à ce qu'ont été
01:14:56les déclarations,
01:14:58prises d'une première
01:14:59prise d'initiative
01:15:00de Trump
01:15:00et de son administration ?
01:15:02Non, je ne crois pas
01:15:02qu'on est en train
01:15:03de surréagir
01:15:04et je ne crois pas
01:15:07qu'on puisse sous-estimer
01:15:09les dommages
01:15:10faits déjà
01:15:11par les déclarations,
01:15:12mais il n'y a pas
01:15:12que des déclarations.
01:15:14Si on voit
01:15:15comment Donald Trump
01:15:17a tapé sur l'économie
01:15:18de l'Union européenne,
01:15:20sur le commerce
01:15:20de l'Union européenne,
01:15:22si on voit
01:15:22l'ingérence constante
01:15:24dans les processus
01:15:25électoraux
01:15:26dans l'Union européenne,
01:15:28si on voit
01:15:29la manière
01:15:30dont ils nous sont
01:15:31clairement sortis
01:15:33de la négociation
01:15:34concernant l'Ukraine
01:15:36et surtout,
01:15:39si on est les Denmarques
01:15:40et qu'on entend
01:15:41tous les jours
01:15:41que les Groenlandes
01:15:43est l'objet
01:15:45du désir
01:15:46du président
01:15:47des Etats-Unis,
01:15:48je ne crois pas
01:15:48qu'on puisse
01:15:49sous-estimer
01:15:51les menaces
01:15:52ou dire
01:15:52que c'est simplement
01:15:53et que tout ça passera.
01:15:55Il y a quelque chose
01:15:56qui s'est cassé,
01:15:58qui est
01:15:58les liens
01:15:59de confiance.
01:16:00quand on est allié
01:16:01de quelqu'un,
01:16:02quand on partage
01:16:03avec quelqu'un
01:16:03le plus intime
01:16:04qu'on peut partager
01:16:05qui est sa propre sécurité,
01:16:08la défense
01:16:08de son territoire,
01:16:11là,
01:16:12on a coupé
01:16:13quelque chose
01:16:14de très,
01:16:15très,
01:16:15très important.
01:16:16je crois
01:16:17qu'il faut prendre ça
01:16:18au sérieux,
01:16:19il ne faut pas non plus
01:16:19faire de la surenchère,
01:16:21je crois que l'Union européenne
01:16:22d'ailleurs
01:16:22n'en fait pas,
01:16:24elle est en train
01:16:25de gérer ça
01:16:25d'une tête
01:16:26très froide.
01:16:27d'ailleurs,
01:16:29quand je regarde
01:16:29les Européens
01:16:30et je vois la manière
01:16:31dont ils sont en train
01:16:32de répondre
01:16:33à la guerre commerciale
01:16:34américaine,
01:16:34je me dis
01:16:35qu'ils ont appris
01:16:35des Chinois,
01:16:37ils font
01:16:38de l'art de la guerre,
01:16:40ils attendent
01:16:41que les marchés financiers
01:16:42et les marchés du trésor
01:16:44fassent leur boulot
01:16:45sans devoir
01:16:46trop s'émouiller,
01:16:47la meilleure guerre
01:16:48est celle
01:16:48dont on ne doit pas
01:16:50aller en bataille,
01:16:52mais ne sous-estimons pas
01:16:55l'énorme changement
01:16:58pour l'Union européenne
01:16:59de voir son allié
01:17:01transformer
01:17:03un pays prédateur.
01:17:06Le cas de l'OTAN
01:17:07est intéressant,
01:17:07il va y avoir
01:17:08un grand sommet
01:17:08de l'Alliance atlantique
01:17:11dans les prochaines semaines.
01:17:13L'OTAN,
01:17:13pour vous,
01:17:15ça reste d'actualité
01:17:18avec Donald Trump,
01:17:19il va maintenir
01:17:20son engagement plein
01:17:21et entier,
01:17:23un pour tous,
01:17:24tous pour un,
01:17:25au sein de l'OTAN,
01:17:26dans le camp occidental.
01:17:27Alors au moment
01:17:28où nous parlons...
01:17:28Est-ce que ça,
01:17:28c'est un symbole important, ça ?
01:17:29Ah bah oui,
01:17:30c'est plus qu'un symbole.
01:17:31Au moment où nous parlons,
01:17:32statutairement,
01:17:33l'OTAN existe toujours,
01:17:35ses règles de fonctionnement
01:17:36n'ont pas changé.
01:17:37Je ne sais pas
01:17:38dans quelle mesure
01:17:38M. Trump ne va pas vouloir
01:17:40la vider de sa substance.
01:17:41Il peut très bien
01:17:42ne pas en sortir
01:17:43avec pertes et fracas,
01:17:45mais enfin,
01:17:46si la vide de sa substance
01:17:47c'est 80, 85%,
01:17:48peut-être même davantage
01:17:49des hommes,
01:17:50des moyens financiers,
01:17:51des matériels
01:17:51qui correspondent à l'OTAN.
01:17:53Donc je pense,
01:17:54comme Mme Sanchez,
01:17:55que les Européens
01:17:56réagissent bien
01:17:57sur le plan économique.
01:17:58D'ailleurs,
01:17:59ils ont réagi assez bien
01:18:00sur le plan énergétique
01:18:01et même finalement politique,
01:18:02la Hongrie étant un cas à part,
01:18:04depuis l'invasion de l'Ukraine
01:18:05par la Russie globalement.
01:18:06Seulement,
01:18:07moi je suis de ceux
01:18:08qui considèrent
01:18:08que ça ne suffit plus.
01:18:10C'est-à-dire que là,
01:18:11sur le plan économique,
01:18:13ce qu'on sait faire
01:18:14depuis le traité d'homme de 1957,
01:18:15dont je rappelle
01:18:15qu'il était à vocation économique,
01:18:17l'Europe est un objet économique,
01:18:18fondamentalement au départ,
01:18:20même si c'est un peu politisé.
01:18:22Je pense que là,
01:18:23on doit maintenant basculer
01:18:24dans l'autre dimension,
01:18:26c'est-à-dire accepter
01:18:26de nous agglomérer
01:18:28l'autre dimension de la puissance,
01:18:29la primordiale,
01:18:30c'est un vieux géopolitologue
01:18:32qui vous parle,
01:18:33je le crois,
01:18:33elle est primordiale,
01:18:34c'est la dimension politique,
01:18:35qui dit politique des militaires.
01:18:37Et je pense qu'il faut
01:18:37aller vers l'Europe puissance.
01:18:38Alors je ne suis pas certain,
01:18:40en revanche,
01:18:40je suis moyennement optimiste,
01:18:41je ne suis pas certain
01:18:42qu'un certain nombre d'Européens
01:18:43ne se disent pas
01:18:44Trump,
01:18:45il est là pour quatre ans,
01:18:47M. Vance,
01:18:48bon,
01:18:48il aura été seulement vice-président
01:18:49et puis bon,
01:18:50et on n'en parlera plus,
01:18:51et un démocrate,
01:18:52ou un républicain,
01:18:52j'allais dire,
01:18:53vieille mode,
01:18:54mais là,
01:18:55je pense qu'il ne faut plus
01:18:56trop y compter,
01:18:57un démocrate va revenir
01:18:57et on oubliera tout ça.
01:18:59Je crains
01:18:59qu'un certain nombre
01:19:01de pans des opinions
01:19:02en Allemagne,
01:19:03au Benelux,
01:19:04en Europe orientale,
01:19:06où on a toujours juré
01:19:07que par Washington,
01:19:08ne cherchent pas
01:19:10à faire le gros dos
01:19:11en attendant,
01:19:12le hérisson,
01:19:13en attendant
01:19:13l'élection
01:19:15d'un prochain président.
01:19:16Je le crains,
01:19:17il faudrait vraiment
01:19:18qu'on aille rapidement
01:19:19vers l'Europe puissance.
01:19:21Au fond,
01:19:22moi,
01:19:22je crois qu'Emmanuel Macron
01:19:23avait raison
01:19:24en octobre 2019
01:19:25lorsqu'il disait,
01:19:26il parlait de la mort cérébrale
01:19:28de l'OTAN.
01:19:29En fait,
01:19:30il parlait de l'Alliance atlantique.
01:19:31Il faisait une distinction
01:19:32entre l'OTAN,
01:19:33l'organisation militaire
01:19:35et l'Alliance atlantique.
01:19:37C'est-à-dire,
01:19:37qu'est-ce que c'est au fond
01:19:38d'être des alliés,
01:19:40des alliés de l'Amérique
01:19:40de Trump,
01:19:41c'était Trump à l'époque,
01:19:42des alliés aussi
01:19:43de la Turquie d'Erdogan.
01:19:45Pourquoi est-ce qu'il disait ça ?
01:19:46Parce qu'en gros,
01:19:47sur la Syrie,
01:19:48on était en désaccord frontal,
01:19:50nous Français,
01:19:51avec nos alliés américains
01:19:52et turcs.
01:19:53Et cette dichotomie,
01:19:55finalement,
01:19:55elle existe pleinement
01:19:56aujourd'hui.
01:19:57A savoir que l'OTAN,
01:19:58je suis d'accord
01:19:58avec Frédéric,
01:19:59l'OTAN,
01:20:01en principe,
01:20:01sur le papier,
01:20:01tout va bien.
01:20:02Les Américains ont maintenu
01:20:03leur engagement.
01:20:04En revanche,
01:20:05l'Alliance atlantique,
01:20:06qui était censée être
01:20:07une alliance à la fois
01:20:08d'intérêt et de valeur,
01:20:09on peut se demander
01:20:11effectivement
01:20:11si elle existe toujours.
01:20:13Et là,
01:20:14je crois qu'il s'est quand même
01:20:16passé,
01:20:16à cause du premier mandat
01:20:17de Trump,
01:20:18un basculement mental
01:20:20dans la tête
01:20:21de la majorité,
01:20:22pas tous,
01:20:23mais de la majorité
01:20:24des Européens.
01:20:25Autrement dit,
01:20:25parce qu'on a déjà vécu
01:20:26le premier mandat de Trump,
01:20:28on sait que là,
01:20:29on ne peut plus
01:20:29faire comme si
01:20:31les choses
01:20:31pouvaient reprendre,
01:20:32j'allais dire,
01:20:33le cours normal,
01:20:34si tenté,
01:20:35qui est un cours normal
01:20:35des relations internationales,
01:20:37mais le cours normal
01:20:38des choses qu'on a connues
01:20:39qu'à un,
01:20:40qu'à un,
01:20:40une histoire compliquée,
01:20:41mais quand même
01:20:42de vrais alliés
01:20:43européens et américains.
01:20:45Et je crois que du côté européen,
01:20:47les choses sont en train
01:20:47de basculer vers,
01:20:49il faut,
01:20:49on ne peut plus
01:20:50se reposer entièrement
01:20:52sur les Américains,
01:20:53nous devons partir
01:20:55du principe
01:20:55qu'il pourrait
01:20:56casser le contrat
01:20:57de confiance transatlantique,
01:20:59mais vous avez bien fait
01:21:00de mentionner
01:21:01le sommet
01:21:02de l'OTAN
01:21:03de la fin juin,
01:21:04c'est là que tout
01:21:05se déterminera
01:21:06par l'attitude personnelle
01:21:08de Trump,
01:21:08j'allais dire presque
01:21:09son langage corporel,
01:21:11ses discours,
01:21:12ses sorties,
01:21:12là,
01:21:13ça sera vraiment
01:21:13une étape très importante.
01:21:15Vous évoquiez tout à l'heure
01:21:16la conférence de Munich
01:21:17qui a eu lieu
01:21:18en février 2025,
01:21:20c'était le vice-président
01:21:21américain
01:21:22qui avait pris la parole
01:21:23et il avait laissé
01:21:24tout de même entendre
01:21:25qu'il entendait
01:21:25et son pays entendait
01:21:27briser les alliances
01:21:28de Poutine
01:21:28avec la Chine,
01:21:29l'Iran
01:21:30et la Corée du Nord.
01:21:32Sortir la Russie
01:21:34et essayer de déconnecter
01:21:35la Russie de la Chine,
01:21:36est-ce que ça fait partie
01:21:37néanmoins
01:21:38des objectifs
01:21:39affichés par l'administration
01:21:40américaine aujourd'hui ?
01:21:41Je crois qu'on affiche
01:21:42à l'administration américaine
01:21:44une stratégie
01:21:46qu'à mon avis,
01:21:47elle n'a pas.
01:21:48Parce qu'on fait une chose
01:21:50et ils font une chose
01:21:51et l'air contraire.
01:21:52On disait tout à l'heure
01:21:53que c'est vrai
01:21:54que d'un point de vue économique,
01:21:56ils traitent la Russie
01:21:57d'une manière différente
01:21:58de celle de la Chine,
01:21:59mais c'est normal.
01:22:00Parce que la Russie
01:22:01d'un point de vue
01:22:01commercial, économique
01:22:03est un nain.
01:22:04Tandis que la Chine
01:22:05est un géant.
01:22:07Mais moi,
01:22:08j'attends de voir
01:22:08comment se termine
01:22:09cette négociation
01:22:11entre la Chine
01:22:11et les Etats-Unis
01:22:12concernant les volets
01:22:14commercial et économiques.
01:22:16Et à mon avis,
01:22:16ils vont finir
01:22:17par se mettre d'accord
01:22:18parce qu'ils sont
01:22:19en interdépendance
01:22:20et que les Américains
01:22:21commencent à sentir
01:22:22l'impact des mesures
01:22:24qu'ils ont prises
01:22:24contre la Chine
01:22:26comme les Chinois
01:22:26commencent à sentir
01:22:27les mesures prises
01:22:28contre les Américains.
01:22:30Donc, je n'accorde pas
01:22:32trop d'importance
01:22:33à ça.
01:22:35Je crois
01:22:35qu'aux Etats-Unis,
01:22:36ils n'ont pas
01:22:37de stratégie.
01:22:38Ils chutent
01:22:39dans toutes les directions.
01:22:42Il y a
01:22:43des différents clans
01:22:44autour du président.
01:22:46Après,
01:22:46il y a ce que le président
01:22:47décide de faire
01:22:48lui-même,
01:22:49des par-dessus,
01:22:50ce que les différents
01:22:51clans voudraient.
01:22:53Et nous,
01:22:53on essaye de rationaliser
01:22:55ceci
01:22:56comme s'il y avait
01:22:56une grande stratégie
01:22:57derrière.
01:22:58La seule chose
01:22:59qui est claire
01:23:00dans tout ce qu'on a
01:23:01entendu de la part
01:23:02de cette administration,
01:23:04je distingue
01:23:05l'administration
01:23:06des Etats-Unis,
01:23:08c'est une certaine
01:23:09détestation
01:23:10vers l'Union européenne,
01:23:12un mépris
01:23:13vers ces modèles
01:23:14qui représentent
01:23:15l'Union européenne
01:23:16qui est certes
01:23:17aux antipodes
01:23:18de ce qui représente
01:23:20cette administration américaine.
01:23:21Sur ça,
01:23:22ils sont clairs.
01:23:22– D'où la solitude
01:23:24que vous avez évoquée
01:23:25concernant l'Union européenne
01:23:26peut-être aujourd'hui ?
01:23:27– Oui, effectivement.
01:23:28– Je ne crois pas
01:23:29qu'il y ait une sous-couche
01:23:30stratégique ou philosophique
01:23:31chez M. Trump.
01:23:32Ça, j'en suis tout à fait convaincu.
01:23:33En revanche,
01:23:33– Il n'essaie pas
01:23:34de nous faire une Kissinger,
01:23:35par exemple,
01:23:36qui avait essayé
01:23:36de détacher
01:23:37la Chine du bloc communiste
01:23:39en 1972 ?
01:23:41– Alors,
01:23:42ça sera encore à démontrer.
01:23:43Je ne suis pas certain
01:23:44que M. Trump
01:23:45sache qui est M. Kissinger.
01:23:47En revanche,
01:23:48je pense qu'il y a
01:23:49un or de sa boussole,
01:23:50comme je dis souvent,
01:23:51c'est le mercantilisme absolu.
01:23:53Il pense qu'effectivement,
01:23:54M. Trump,
01:23:55il a du business
01:23:56à faire avec la Russie.
01:23:57Et de ce point de vue-là,
01:23:59il s'agit de sacrifier
01:24:00une Ukraine
01:24:00dont le volume d'échanges
01:24:02avec les États-Unis
01:24:03était ridicule
01:24:04il y a trois ans,
01:24:04quatre ans de ça,
01:24:05alors qu'il pense,
01:24:06M. Trump, toujours,
01:24:07qu'avec M. Poutine,
01:24:08il pourrait faire
01:24:08des affaires extrêmement juteuses
01:24:10et peut-être même
01:24:10plus juteuses encore
01:24:11qu'avec l'Union européenne.
01:24:13– Il y a toujours,
01:24:14aux États-Unis,
01:24:16mais en Europe aussi,
01:24:17y compris en France,
01:24:18des gens qui rêvent
01:24:18de détacher la Russie
01:24:20de la Chine,
01:24:21comme si c'était nous
01:24:22qui avions jeté la Russie
01:24:25dans les bras de la Chine.
01:24:25J'emploie un vocabulaire
01:24:26qui est celui détenant
01:24:28de cette thèse.
01:24:29C'est vraiment méconnaître,
01:24:31ce qui est très bien expliqué
01:24:32dans le documentaire,
01:24:33la convergence d'intérêts,
01:24:34la solidité des liens
01:24:36qui ont été tissés
01:24:36depuis 25 ans,
01:24:38pas seulement depuis quelques années,
01:24:39mais depuis 25 ans,
01:24:40par Moscou et Pékin.
01:24:42Et franchement,
01:24:42espérer séparer
01:24:44la Russie de la Chine
01:24:46au bénéfice de l'Amérique
01:24:47ou de l'Europe,
01:24:48pour ceux des Européens
01:24:49qui en parlent.
01:24:51C'est une sorte de fantasme
01:24:52géopolitique
01:24:53qui n'a, à mon avis,
01:24:54absolument aucun sens
01:24:55et qui fait fi,
01:24:57tout simplement,
01:24:57d'une chose très simple,
01:24:58c'est que la Russie
01:24:59est un grand pays
01:25:00qui a ses propres intérêts
01:25:01et sa propre stratégie
01:25:03et elle ne veut plus,
01:25:04aujourd'hui,
01:25:05se rapprocher de l'Europe.
01:25:06Ça sera le mot de la fin.
01:25:07Vraiment un grand merci
01:25:08tous les trois
01:25:08d'avoir participé
01:25:09à ce débat d'hoc
01:25:10aujourd'hui,
01:25:11après ce documentaire
01:25:12sur cet axe
01:25:14anti-occidental
01:25:15qui nous a été décrit
01:25:17dans ce film.
01:25:18Vos réactions,
01:25:19ça sera sur
01:25:19hashtag débattoc.
01:25:20Merci à Félicité Gabalda,
01:25:22Yasmine Benaïssa
01:25:23qui m'ont aidé
01:25:24à préparer cette émission.
01:25:25Je vous donne rendez-vous
01:25:26pour un prochain débattoc.
01:25:27Ça sera bien sûr
01:25:28avec son documentaire
01:25:29et son débat.
01:25:30à bientôt.

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