Tous les mardis, de 16h30 à 17h, LCP-Assemblée nationale prolonge la séance des Questions au Gouvernement en invitant des députés pour analyser les échanges intervenus dans l'hémicycle.
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00:00Et voilà, vous avez suivi en direct, en intégralité, cette séance des questions au gouvernement.
00:07On la débriefe et ensuite le vote sur les propositions de loi de lutte contre le narco-trafic.
00:12On retrouvera lors de cette émission Stéphanie Despierre et Marco Pommier depuis la salle des 4 colonnes.
00:18Marco Pommier, vous avez assisté à la séance, une séance très largement consacrée au meurtre d'Abu Bakar Sissé,
00:24un fidèle musulman tué dans une mosquée dans le Gard.
00:26Oui, une séance qui a commencé par une minute de silence, qui ne faisait pas l'unanimité ce matin entre les forces politiques.
00:34Elbrun Pivet, avec qui l'a d'abord refusé avant de l'accepter, a adressé à la famille, aux proches d'Abu Bakar Sissé,
00:40les condamnations attristées de la représentation nationale.
00:44Une longue minute de silence dans l'hémicycle où tous les groupes politiques se sont levés sans exception,
00:48même si on a remarqué que les députés du Rassemblement national étaient peu nombreux.
00:52Regardez.
00:52Alors pourquoi ce mépris ? Pourquoi cette différence de traitement ?
01:00La République fait-elle un tri entre ses enfants ?
01:03Monsieur le Premier ministre, l'islamophobie est une réalité quotidienne, niée par l'État,
01:08parce que les ministres qui sont censés...
01:09Voilà, vous avez entendu ce son et on va écouter maintenant la minute de silence.
01:18Un moment solennel suivi d'une passe d'armes plus politique
01:46entre l'insoumis Abdelkader Lamar et Bruno Retailleau, accusé par la gauche d'avoir tardé à réagir au meurtre d'Abu Bakar Sissé.
01:55Accusé, je cite, d'utiliser des mots qui poussent au crime.
01:59Le député insoumis a rappelé au ministre de l'Intérieur ses propos.
02:02« À bas le voile », avait-il dit.
02:04Accusation balayée d'un revers de la main par l'intéressé qui a dénoncé la récupération politique.
02:09Il a accusé les insoumis de diviser la France, d'hystériser le débat politique.
02:14Et je peux vous dire que pendant cette réponse, pendant la réponse du ministre,
02:17le climat était très tendu dans l'hémicycle.
02:19On a entendu notamment des députés insoumis crier « c'est une honte ».
02:22Merci beaucoup, Marco Pommier.
02:27Retour sur ce plateau dans la salle des Pas perdus avec Géraldine Bagné.
02:31Bonjour.
02:32Député Les Démocrates de Mayenne.
02:33Gérard Leseul, bonjour.
02:35Bonjour.
02:35Les socialistes de Seine-Maritime.
02:38La séance a commencé donc par un moment d'hommage.
02:40La question du minute de silence avait été posée en conférence des présidents.
02:44Refusé, puis accepté.
02:45C'était important, Géraldine Bagné, que la représentation nationale rende hommage
02:50après l'émotion suscitée par ce meurtre.
02:52Oui, bien sûr, au vu de la réaction dans le pays.
02:55Je crois de tout à chacun par rapport à ce meurtre abominable.
02:59Maintenant, c'est vrai qu'il ne faut pas que les questions au gouvernement soient géométrie variable.
03:02Il faut que les règles soient très claires.
03:03Est-ce qu'on fait une minute de silence sur un cas individuel ?
03:08Là, ça a été le cas.
03:09Il faudra évidemment faire la même chose dans les cas similaires.
03:12Il y a une discussion parfois, Gérard Leseul, pour savoir à quel moment l'Assemblée rend hommage ou pas.
03:18Et on prend aussi en considération peut-être l'émotion du pays, le contexte.
03:21Oui, tout à fait. C'est l'émotion du pays qui a finalement présidé à la décision finale de la présidente de l'Assemblée nationale,
03:30finalement, donc, de faire une minute de silence.
03:33Vous avez eu raison de rappeler que dans un premier temps, en réunion de bureau ce matin, ça avait été refusé.
03:38Il y a eu pression de plusieurs groupes, de mon groupe politique, très clairement, de groupe de gauche,
03:44pour faire comprendre à la présidente que ce serait très maladroit de ne pas faire cette minute de silence.
03:51Cela dit, ça pose un problème que vous évoquiez, chers collègues, de fond.
03:55C'est-à-dire quelles sont les règles, finalement, qui permettent de décider ou pas, en toute objectivité, si je puis dire.
04:03Et je pense que l'Assemblée nationale a un petit travail à faire pour fixer des règles
04:07et se mettre enfin d'accord sur ce qu'il convient de faire dans des moments aussi dramatiques que celui-ci.
04:12Et Marco Pommier l'a rappelé sur le fond plus politique.
04:15C'est le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a été interpellé à plusieurs reprises.
04:19On lui a reproché d'avoir mis du temps à se déplacer, à ne s'être rendu qu'à la préfecture et non à la mosquée.
04:25Et puis d'avoir eu des discours par le passé qui n'étaient peut-être pas forcément aimables,
04:30pas forcément favorables à la communauté musulmane, Géraldine Pannier.
04:34Je crois qu'il a beaucoup insisté sur le moment d'unité qui doit, en fait, maintenant intervenir suite à ce meurtre.
04:42Ce qui est important, c'est que le pays ne se divise pas.
04:44Quand on a ce genre d'événements, c'est vrai qu'on l'attaque politiquement sur ce qu'il a pu dire par le passé,
04:51le temps qu'il a pu mettre à intervenir.
04:54Je crois qu'il a voulu rappeler aujourd'hui qu'il est intervenu et que le moment vraiment d'unité de la nation,
04:59parce que c'est ça, notre République, elle est une, elle est indivisible et elle est laïque.
05:03Et donc, on doit forcément être unis dans ces moments-là tout particulièrement.
05:07Je crois que c'est ce qu'il faut retenir à partir de maintenant et ne pas en faire un sujet de division,
05:12parce que c'est justement ce qui gangrène notre société.
05:14Sujet de division, sujet politique aussi, quand on voit les interpellations et les réponses du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, Gérard Lesselle.
05:21Oui, on voit bien qu'une partie des interpellations tournaient à la fois sur les discours qu'il a pu tenir par le passé,
05:29des discours, on le sait, musclés et parfois peu amènes, c'est le moins qu'on puisse dire, vis-à-vis de la communauté musulmane.
05:36Mais aussi, il lui a été reproché, effectivement, une réaction un peu tardive.
05:39Il s'en est défendu. Il a rappelé qu'il était intervenu, mais sans doute un petit peu à contre-temps ou un peu tardivement.
05:47Et ça a été rappelé par ma collègue, le fait d'aller en préfecture, ça a été dit très vivement dans l'Assemblée nationale,
05:54d'être allé à la préfecture et de ne pas s'être rendu à la mosquée est sans doute une erreur.
05:58Je pense qu'il ne la commettra pas deux fois.
06:01Mais en tout cas, voilà, nos collègues députés ont vraiment pointé la gravité de la situation,
06:06la nécessaire réactivité qui doit être plus importante encore aujourd'hui de la part du gouvernement
06:13pour apaiser les tensions sociales que nous connaissons dans notre pays,
06:17comme nous connaissons d'ailleurs parfois aussi à l'Assemblée nationale.
06:19Donc, je pense que c'est un avertissement au ministre de l'Intérieur.
06:23Attention, soyez réactifs, soyez objectifs, soyez garants de la laïcité.
06:28Et on a bien vu à quel point le sujet, il y avait une unanimité au début de séance, évidemment, pour rendre cet hommage.
06:35Mais après, il y a des accusations d'instrumentalisation de part et d'autre.
06:41C'est très difficile. On n'aurait pas pu avoir une séance un petit peu, je ne sais pas, pas plus digne,
06:46mais en tout cas, il y avait beaucoup de politique dans cette séance.
06:50Ce n'était pas un hommage tout à fait unanime ?
06:52Moi, je suis tout à fait d'accord. Je pense qu'il a manqué un moment d'unité nationale.
06:56Et il faut le rappeler aussi dans ces moments-là.
06:59Ce qu'il faut, c'est vraiment qu'on soit tous solidaires par rapport à ce qui s'est passé.
07:03On est tous touchés et émus par ce qui est arrivé à Boubacar Sissé.
07:07Il y a une enquête judiciaire, donc nous, on ne doit plus s'exprimer à partir de maintenant.
07:11C'est l'enquête judiciaire qui déterminera si le mobile islamophobe est retenu ou non,
07:16si c'est l'acte déséquilibré. Il y a eu ce sujet-là.
07:19Ça, c'est l'enquête qui doit faire la lumière là-dessus.
07:21Mais le moment d'unité nationale par rapport à l'émotion ressentie,
07:24l'émotion ressentie pour Boubacar, l'émotion ressentie suite au drame de Nantes,
07:29on a eu en quelques jours deux drames.
07:31Et cette émotion, ces événements-là, bien sûr,
07:35et la communauté, c'est dramatique et épouvantable pour la communauté éducative.
07:39Et donc, dans ces moments-là, la nation doit être unie
07:41et les politiques doivent faire preuve d'unité, je crois.
07:44Géraldine Bagné disait, on verra si le motif islamophobe est confirmé ou non.
07:49Le Premier ministre reprend ce thème.
07:51Il a parlé d'ignominie islamophobe.
07:54L'islamophobie, c'est un terme que certains dans la classe politique refusent d'utiliser.
07:59Le président de la République n'a pas parlé d'islamophobie.
08:02L'ERN conteste le terme.
08:04Gérard Le Seul, on peut parler dans ces cas-là de montée d'islamophobie en France ?
08:08Très clairement, il y a plusieurs termes qui ont été utilisés tout à l'heure
08:12lors de cette séance de questions au gouvernement.
08:14Islamophobie, lutte contre l'islam.
08:17On a effectivement des termes qui recouvrent des concepts un petit peu différents.
08:23Mais face à l'émotion, je pense que le terme d'islamophobie
08:27est effectivement un terme correctement choisi.
08:29Il y a eu des déclarations, on verra si effectivement la justice confirme
08:33ce que nous avons lu dans la presse,
08:35mais il y a eu des déclarations de l'assassin qui laissent quand même penser...
08:40Et l'information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation
08:43en raison de la race ou de la religion.
08:45Exactement.
08:46On va écouter très rapidement le Premier ministre François Bayrou sur cette question.
08:50La laïcité qui a été invoquée tout à l'heure, c'est très simple.
08:56C'est une règle.
08:59La foi ne fait pas la loi, mais la loi protège la foi.
09:02Chacun a le droit de sa conviction et il est protégé par pas seulement notre règle de droit,
09:11mais notre volonté nationale.
09:14Et c'est la raison pour laquelle nous ne laisserons pas faire les destructeurs,
09:18ceux qui veulent dissoudre le monde dans lequel nous vivons,
09:21pas à pas et jour après jour, nous défendrons notre devoir de vivre ensemble.
09:26Merci beaucoup.
09:27Voilà donc pour le Premier ministre interpellé aussi.
09:29On va parler des propositions de loi sur le narcotrafic.
09:32Vote dans l'hémicycle dans quelques instants.
09:34A-t-on le temps d'en parler, celle des quatre colonnes, avec Stéphanie Despierre ?
09:38Rappelez-nous, de quoi s'agit-il ?
09:40Alors brièvement, ce texte comprend des innovations.
09:43La création d'un parquet national anticriminalité organisée,
09:46la création de quartiers de haute sécurité dans deux prisons françaises,
09:50pour les 700 à 800 détenus les plus dangereux.
09:53La création également d'un dossier coffre,
09:55c'est-à-dire d'un PV distinct pour limiter les fuites
09:57et protéger les enquêteurs et les indiques.
10:00Il y a eu, pendant ce projet de loi, également de longs débats
10:03sur cette nécessité du dossier coffre.
10:06Il a été retenu dans la version finale du texte.
10:08En revanche, les enquêteurs ne seront pas autorisés
10:10à accéder aux messageries cryptées des trafiquants.
10:14Merci Stéphanie, merci Géraldine Bagné, merci Gérard Leseul.
10:17On va en séance poursuivre le vote définitif de ces propositions noires.
10:21Le rapporteur du texte, Vincent Corse, s'exprime.