Les clefs d'une vie avec Yona Brant
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-04-24##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celle de mon invité, voici exactement 50 ans, Mike Brandt nous quittait à la stupéfaction générale.
00:10Depuis, son étoile ne s'est jamais éteinte. Sa voix et ses chansons touchent encore et toujours les générations d'aujourd'hui.
00:16Vous êtes sa nièce et vous vous êtes donné pour mission de continuer à faire briller la flamme dans les yeux de ses fans.
00:23Bonjour, Yona Brandt.
00:24Bonjour, Jacques. Bonjour à tous.
00:25Alors, vous êtes effectivement la nièce de Mike Brandt, c'est-à-dire la fille de son frère.
00:29De son frère cadet.
00:30Exactement. Et donc, votre mission aujourd'hui, c'est de faire briller ses étoiles, car vous vous occupez de Mike Brandt, de son image, de sa postérité.
00:38Écoutez, je suis née un peu grâce à lui, puisque c'est une rencontre entre mon père et ma mère, ma mère ayant bien connu Mike, le jour de ses funérailles.
00:45Donc, je pense que j'ai été portée effectivement par son souvenir depuis sa disparition.
00:51Je suis née un an après sa disparition et oui, je suis en fonction des demandes, de l'amour que les gens ont encore pour lui.
00:58Et de ce que je ressens.
01:00Voilà. Alors, on va évoquer Mike Brandt selon les principes des clés d'une vie, c'est-à-dire à travers des dates clés.
01:05Et la première que j'ai trouvée, c'est le 18 septembre 1963.
01:10C'est le nouvel an de l'année juive, 5724.
01:13Et Mike se produit à l'hôtel Zion à Haïfa.
01:16Et c'est un tournant.
01:16Exactement. Sa première scène.
01:19Il est tout jeune. Il chantait déjà avant, bien sûr, puisqu'il a commencé très tôt, à l'âge de 6 ans.
01:24Mais là, c'est sa première scène.
01:26Et je crois qu'il a un orchestre qui s'appelle les Chocolates et qui s'appelle les Sky Masters.
01:30Exactement. Et ce soir-là, Mike a une extinction de voix.
01:34Il est stressé et dès qu'il arrive sur scène, ça explose.
01:38La voix est là et c'est un très beau souvenir pour lui.
01:41À partir de là, il a fait de plus en plus de scènes dans les hôtels de la ville et encore plus loin, jusqu'à chez nous.
01:50Il faut savoir qu'il est entré dans cet orchestre parce que son frère Zvi, qui était accordéoniste, lui avait laissé à la place.
01:57Oui. Mon père trouvait que l'accordéon se mariait mal avec le pianiste.
02:02Il a demandé à Mike de venir, d'intégrer la voix au groupe et ça a matché.
02:05Et The Sky Masters a continué la route.
02:08Il s'appelle encore Moshe Brandt.
02:10Oui. Parfois, à 16-17 ans, il commence à se faire appeler Mike.
02:14Oui. Mais comme ça, c'est venu.
02:16Parce que ça américanise un petit peu son nom.
02:18Voilà. Il se trouve que ce soir-là, il a un costume, je crois, qui a été prêté par l'épicier.
02:22Oui, exactement. Le groupe n'avait pas trop de quoi s'offrir un beau costume et ça a été prêté par l'épicier.
02:28Ses premiers concerts, je crois, c'est dans les synagogues.
02:32Oui, c'est exactement. À la synagogue et à la chorale de son école en tant que soliste.
02:37Oui. Et il avait tout de suite la voix ? Comment ça se passait ? Qu'est-ce qu'il chantait ?
02:42Ah oui, c'est un don de naissance. Je crois qu'il a chanté avant de savoir parler. Il a parlé tardivement.
02:49Et dès qu'il a commencé à parler, il a chanté très très vite. Et on va dire qu'il a commencé à intégrer les groupes à l'école ou à la synagogue vers 6 ans.
02:56Naturellement, la voix était là.
02:58La voix était là. Elle est restée, il ne la travaillait pas, elle était naturelle.
03:01Alors, il la travaillait, mais en autodidacte. Il y avait des cours à la synagogue, mais il ne voulait pas. Il disait, j'ai pas envie que ma voix devienne trop lyrique.
03:09J'ai pas envie de devenir un chanteur d'opéra, un cantateur, pardon, je ne sais plus le mot.
03:15Et donc, par contre, en autodidacte, il passait des heures avec son petit magnétophone à s'enregistrer, à enregistrer sa voix pour la perfectionner.
03:24Alors, il se trouve ensuite qu'il y a un cabaret qui s'appelle le Rondeau, où il va se produire.
03:29Exactement. Le Rondeau, c'est une salle attenante à un hôtel assez prestigieux à Raïfa, où se retrouvaient les starlets et les stars du métier, le monde de la mode, divers artistes.
03:41Il a été engagé là-bas avec son groupe pour chanter plusieurs fois par semaine, pendant 2-3 ans.
03:47Alors, ce qui est étonnant, c'est qu'au départ, il ne parlait pas jusqu'à 3 ans.
03:51Il a parlé tardivement. Alors, il y a une légende qui pousse un petit peu les murs en disant qu'il avait 5, 6 et quelques.
03:58Non, c'était quand même plus tôt que ça. Mais par rapport aux autres enfants et à une certaine norme, entre guillemets, il a parlé beaucoup plus tardivement.
04:05Et je crois que c'est à cause d'un marchand de glace qu'il a commencé à parler, ma grande.
04:09Oui, exactement. À l'époque, il n'y avait pas de réfrigérateur. On livrait ce qu'on appelle des pains de glace pour conserver les aliments.
04:15Et sa maman attendait ce pain de glace. Mike s'est mis à la fenêtre et en le voyant arriver, il a dit en hébreu, glida, glida, kerach, pardon, kerach, donc glace, maman glace.
04:25Mais c'est extraordinaire. Pourquoi ne parlait-il pas ? Parce que je crois que les médecins s'interrogeaient et ne trouvaient pas de solution.
04:30Effectivement. Alors, les médecins ne trouvaient pas de solution, n'étaient cependant pas si inquiets que ça, parce qu'ils ont dit à ma grand-mère, donc à la maman de Mike,
04:38ne vous inquiétez pas, madame Brand, quand votre fils parlera, il ne s'arrêtera plus de parler.
04:43Donc, ne vous inquiétez pas. Et c'est vous qui reviendrez nous voir pour nous dire...
04:48Mais par contre, c'est vrai que ma grand-mère était très inquiète de ça et elle a mis ça sur le compte des séquelles de l'Holocauste. Voilà.
04:56Parce qu'effectivement, il faut savoir que ses parents, Brogna et Fichel, se sont connus juste à la fin de la guerre.
05:03Exactement. Chacun avait perdu leur famille respective pendant la Shoah et ils se sont rencontrés dans des circonstances de rescapés.
05:12Et mon grand-père était beaucoup plus âgé que ma grand-mère. Il avait perdu sa première famille.
05:17Ma grand-mère avait perdu tout le monde. Et ils se sont trouvés dans cette horreur et ils ont reconstruit une nouvelle vie.
05:23Et pour construire cette nouvelle vie, ils sont partis de Marseille, je crois, en bateau.
05:27Et ça évoque justement un film et une exode.
05:33Chanson magnifique d'Edith Piaf, Exodus, tiré du film d'Autoprappinger, qui évoque les événements associés à l'État d'Israël.
05:55Car ce qu'ils ont vécu, les parents de Mike Brandt, c'est Exodus.
05:58Exactement. Ce sont les mêmes conditions. La fin est un petit peu plus heureuse.
06:01Mais malgré tout, le bateau a été détourné à Chypre, sous mandat britannique à l'époque.
06:07Et donc, ils n'ont pas pu rejoindre tout de suite la Palestine, qui est devenue un État israélien par la suite.
06:12Donc, Mike est né dans les camps de réfugiés.
06:15Oui, c'est ce que vous alliez dire, Jacques.
06:17Il est né dans le camp de réfugiés. Il est resté plusieurs mois à grandir dans ce camp de réfugiés.
06:21Exactement. Ma grand-mère a découvert qu'elle était enceinte de Mike, de Moïché, sur le bateau, dans des conditions assez périlleuses.
06:28Et en arrivant, enfin, ils ont été stoppés. Ils sont arrivés dans ces camps d'internement, je dirais.
06:35De nouveau, des conditions assez compliquées.
06:37On parle de camps de réfugiés, moi, je dirais vraiment des camps d'internement.
06:41Et Mike est né là. Un beau bébé, de 4,5 kg.
06:47Et voilà, tout de suite, il a illuminé cette nouvelle vie.
06:51Enfin, il n'a pas illuminé ses professeurs à l'école, car je crois que c'était plutôt un chahuteur qu'autre chose.
06:56Il est un petit comique, le petit clown de la classe, des copains.
07:01Mais je crois qu'il avait... Il était très autodidacte, Mike.
07:05Parce que par la suite, il adorait lire, il adorait apprendre.
07:08Il dessinait très bien, il peignait très bien.
07:11Jean Renard me raconte souvent qu'il s'intéressait à beaucoup de choses pour se cultiver.
07:16Mais c'est un autodidacte, comme la guitare, d'ailleurs.
07:18Exactement, il l'a appris tout seul.
07:19Mais son père, quand même, lui a dit, un jour, tu seras clochard, tu finiras dans la rue.
07:23Et il a répondu, papa, ne t'inquiète pas pour moi, je serai vedette, je serai star ou clochard.
07:29Je crois qu'il a été renvoyé de l'école pour un discipline, non ?
07:32Oui, oui. On a appelé mon grand-père, on lui a dit, venez chercher votre clown.
07:37En fait, il faisait des imitations à l'époque.
07:41Et moi, je me souviens d'une émission de télévision de Philippe Bouvard, samedi soir,
07:45où il a fait une extraordinaire imitation de Louis Armstrong.
07:47C'est extraordinaire.
07:57C'est extraordinaire.
07:58C'est comme Mike, il n'était pas scolaire, mais il n'était pas pour autant moins brillant ou doué pour plein de choses.
08:06Et puis, alors, les imitations, il adorait ça.
08:08Il imitait les bruits d'animaux, d'oiseaux, les gens.
08:11Armstrong, Jerry Lewis.
08:14Voilà. Alors, en faisant ses études, il va faire de l'apprentissage.
08:18Je crois qu'il va apprendre à réparer des réfrigérateurs.
08:22Oui, oui, il s'essaye à plein de petites jobs, comme on dit.
08:25Il vend même ce qu'on ne sait pas forcément, on appelle ça des sabras, des figues de barbarie.
08:30Oui, les fruits des cactus, il essaie plein de trucs.
08:34Il va aussi prendre des cours de théâtre et il joue des pièces, Rode d'Antigone ou autre.
08:40Il fait plein de choses.
08:40Il va être guide dans un musée, je crois.
08:42Musée océanographique de la ville de Raïfa, effectivement.
08:46Et sa seule distraction, c'est d'écouter la radio, Mike Brandt.
08:48Et un jour, il entend cette chanson.
08:50Les Platers, qui est un des premiers groupes afro-américains,
09:06qui a eu 40 chansons au Hit Parade.
09:08Et ces chansons ont été reprises, celles-là, par Freddie Mercury et Elvis Presley.
09:13Et ça, c'est le déclic pour Mike Brandt.
09:14Oui, et notamment la chanson My Prayer.
09:17Et il reçoit ce disque de sa maman pour ses 10 ans.
09:20Et là, il a le coup de foudre.
09:22Et il dit, voilà, je veux devenir ça.
09:25Je veux être un crooner américain.
09:26Mais quand on écoute Mike Brandt, on voit les inflexions,
09:29on entend plutôt les inflexions des Platers.
09:32Oui, oui, effectivement.
09:33Mais il est très inspiré de toutes ces figures de l'époque,
09:39toutes ces figures emblématiques,
09:41que ce soit Anne Burding, que ce soit Elvis,
09:45que ce soit même Nina Simone.
09:48Enfin, toutes ces limites blues américains.
09:50Il adore ça.
09:51Et je crois qu'il est engagé au Music Hall d'Israël par miracle.
09:55Oui, par miracle.
09:56Il vient de perdre son papa à l'âge de 20 ans.
09:59Son père décède d'un infarctus.
10:02Mike reste très, très choqué de ça, très bouleversé.
10:04Comme son père n'était pas trop partant pour que Mike fasse ce métier-là,
10:10il jette sa guitare.
10:12Il dit à sa mère, c'est de ma faute, je ne monterai plus sur scène.
10:16D'autant plus qu'il arrive trop tard au décès de son père,
10:20puisqu'il est en tournée à ce moment-là.
10:23Ma grand-mère lui dit, Mike, tu es fait pour ça.
10:24Tu te trompes.
10:25Ton père est fier de toi.
10:27Il avait juste peur pour toi.
10:29Et boosté par sa maman, il va passer le casting.
10:33C'est le grand Music Hall d'Israël
10:35qui fait une tournée mondiale pour représenter le pays.
10:39Avec un folklore israélien.
10:40Avec des danseurs.
10:42Il y a un duo phare dans ce spectacle.
10:46Mike arrive limite en retard au casting.
10:50Le casting est terminé.
10:52Et puis, Jonathan Carmon, le grand chorégraphe de ce spectacle,
10:56aperçoit ce grand gars comme ça, au fond, beau, magnifique, solaire.
11:02Et il se dit, bon, là, je n'ai pas trouvé mon bonheur.
11:04Tant pis s'il chante mal, je le brieferai.
11:06Mais prenez-le-moi, montrez-le-moi.
11:08Mike rentre.
11:09Et quand il ouvre la voie, effectivement, a cappella,
11:13il tombe des nus et il dit, incroyable, j'ai trouvé mon...
11:17Et alors, plus que ça, c'est-à-dire qu'il était censé faire un duo, Mike,
11:20avec une chanteuse.
11:22Et Jonathan Carmon lui dit, non, je ne vais pas te prendre en duo.
11:26Mike déçue, je vais te prendre en solo.
11:28C'est comme ça que ça a débuté.
11:30C'est comme ça que ça a débuté.
11:31Une autre date importante, le 23 janvier 1970, pour Mike Brandt.
11:35On en parle dans quelques instants sur Sud Radio avec Yonah Brandt.
11:39Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:41Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Yonah Brandt,
11:44pour évoquer Mike Brandt, votre oncle,
11:47qui nous a quittés, demain, ça fera exactement 50 ans, en 1975.
11:52Donc, on évoque son parcours.
11:53Et il y a une date importante, c'est le 23 janvier 1970,
11:57un gala au Midem de Cannes.
12:00Et ça, ça a été aussi un événement.
12:02Ah, c'est le lancement.
12:02C'est le lancement de sa carrière en France.
12:04Parce que Mike, avant, il a quand même, on oublie souvent,
12:06mais il a quand même un parcours assez riche.
12:08On va en parler.
12:10Et donc, le Midem, il arrive sur scène avec un smoking,
12:12il y a une sorte de jabot, je crois, devant les professionnels.
12:15Le Midem, c'est à l'époque un marché du disque,
12:17créé par Bernard Chevry quelques années auparavant.
12:19Il y a Joe Cocker, Nicoletta, Jiglia Cinquventi ce soir-là.
12:23Et il arrive sur scène.
12:24Et c'est un miracle avec cette chanson.
12:27Alors, quand on voit les images de la bande,
12:48on voit ces gens un peu coincés dans la salle
12:50qui souvent se déchaînent.
12:51Exactement.
12:52On peut dire ça.
12:53Qu'est-ce qui s'est passé ?
12:54Il commence d'ailleurs, il arrive, il est un petit peu tendu quand même.
12:58On sent que la voix est un peu fragile.
13:01Il n'était pas fragile, mais il n'est pas encore en pleine voix,
13:05en pleine possession de sa force habituelle.
13:08Il y a le track et puis il commence les premières notes.
13:10Et là, bam, il donne tout d'un naturel exceptionnel.
13:15Et le public, effectivement, un public de professionnels,
13:18je ne dirais pas blasés, mais qui a l'habitude de voir
13:21beaucoup, beaucoup, beaucoup d'artistes
13:22et qui sont quand même des personnes importantes
13:24qui, sur le marché du disque,
13:26et bien là, ils sont sidérés.
13:29Ils sont sidérés.
13:30Et à la fin de la prestation,
13:31donc Mike fait deux chansons à ce moment-là,
13:33Laisse-moi t'aimer et Félix Gita.
13:35Il ne connaît pas encore très bien son texte,
13:37mais peu importe, il chanterait n'importe quoi,
13:39que ça s'envole.
13:39Et là, c'est négovation, c'est-à-dire que là,
13:42les gens sont...
13:43Ce parterre de professionnels-là est subjugué.
13:46Alors, il faut savoir que tout a commencé à Téhéran,
13:49dans un cabaret qui s'appelle le Baccarat,
13:53où ils chantent un soir,
13:54et il y a Sylvie Vartan et Carlos.
13:55Oui, il est repéré.
13:57Donc, après la tournée folklorique avec Jonathan Carmen,
14:01il revient en Israël.
14:03Il pense qu'il a fait son temps là-bas.
14:04Il est parti en Amérique pendant un an,
14:06l'Afrique du Sud,
14:08il a fait des très grandes scènes américaines,
14:10il adore l'Amérique,
14:11mais il se dit, voilà,
14:12je sens, il est très intuitif,
14:14je sens que ce n'est pas encore ma voie.
14:15Il repart en Israël.
14:17Là, il est repéré pour ce fameux Baccarat,
14:21qui est un hôtel assez...
14:23Enfin, même très, très prestigieux.
14:25Un carrefour assez important.
14:27D'ailleurs, le chat d'Iran s'y rend avec son épouse.
14:31Et donc, il part à l'aventure là-bas.
14:33Il suit son instinct comme d'habitude.
14:35Il part pour quelques mois.
14:37Et là, effectivement, un soir de représentation.
14:40Sylvie et Carlos sont là.
14:42Et Carlos, à l'époque, est le secrétaire de Sylvie,
14:45mais il chante aussi avec elle de 1 minute 35 de Bonheur.
14:47Donc, il l'accompagne sur scène.
14:49Et là, il dit à Mike Brown,
14:51si tu viens à Paris, viens me voir.
14:53Oui, je crois que Sylvie lui dit, ou Carlos...
14:56Non, Sylvie lui dit, on a besoin d'artistes comme toi en France, on en manque.
15:00Alors, viens nous voir et on te présentera à des personnes qui pourront peut-être t'offrir une carrière en France.
15:06Ils y croient.
15:07Et Mike arrive à Paris, il casse sa tirelire, il prend un billet pour Paris.
15:12Et puis là, c'est le drame.
15:14Exactement.
15:14Alors, il avait quand même économisé, il gagnait quand même pas mal sa vie avant.
15:19Je reviens juste, pardon, quand il chantait au Rondo, à 16-17 ans,
15:23son ami pianiste me disait, mais on était les rois du monde,
15:27parce qu'on gagnait plus qu'un médecin.
15:30Donc, il avait quand même, il a gagné très très vite sa vie, Mike.
15:33À 16-17 ans, il gagnait sa vie.
15:35Ce qui tranchait beaucoup avec l'aspect modeste de départ.
15:40Et donc, il arrive en France, effectivement, il prend quand même ses dernières économies.
15:43Et il essaie de joindre Sylvie.
15:46Il ne prend pas la mesure que Sylvie, c'est une grande star et qu'elle est en tournée
15:50et que personne ne répond.
15:52Évidemment, à la légère, aussi facilement.
15:55Donc, après dix jours d'errance dans Saint-Germain-des-Prés,
15:59aussi charmant soit cet endroit, il doit repartir.
16:03Donc, il sort à l'aéroport, il sort sa dernière pièce.
16:06C'est effectivement vrai.
16:08Un dernier appel, ça ne répond pas.
16:11Un appel à Carlos et ça décroche.
16:13Car Carlos rentre avec ses valises de tournée à ce moment-là.
16:16Oui.
16:17Et il va lui dire, mais ne prends pas l'avion, viens chez moi.
16:19Voilà, les chemins...
16:22C'est le destin.
16:23C'est le destin, voilà.
16:25Et donc, Carlos va s'occuper de lui.
16:26Les étoiles s'alignent, pardon.
16:27Et Carlos va s'occuper de lui, va l'emmener au Bistingu qui l'anime tout le temps.
16:32Déjà, il lui dit, viens mon pote, viens à la maison, je vais t'héberger.
16:36Donc, c'est extraordinaire avec le tempérament de Carlos.
16:39Donc, Carlos héberge maille plusieurs jours.
16:41Puis, à un moment donné, il se dit, qu'est-ce que je vais faire de ce grand gars qui chante tout le temps chez moi ?
16:46Et il appelle Jean Renard.
16:48Qui est un compositeur qui a chanté, d'ailleurs, sous le pseudonyme de Big Twist, on ne le sait pas assez à ses débuts.
16:53Et il a composé le premier bonheur du jour pour François Zardy et Par amour, Par pitié pour Sylvia Artin.
16:58Oui.
16:59Et donc, là, je crois qu'il a une musique qu'il a fait entendre à Carlos.
17:03Oui, il avait gardé dans ses tiroirs une chanson qu'il pensait offrir à Dick Rivers avec un tempo très adapté.
17:09Et puis, quand, effectivement, il rencontre Mike, déjà, pareil, il lui fait essayer quelques notes.
17:16Il lui dit, tu chantes quoi ?
17:18Il lui dit, je chante ce que tu veux.
17:20Bon, fais-moi quelque chose.
17:23Et donc, Mike sort la voix, les premières notes, Summertime.
17:27Et là, Jean, il se dit, mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui faire chanter ?
17:31Il ressort de ses tiroirs ce titre-là, Laisse-moi t'aimer.
17:34Voilà.
17:34Mais alors, le problème, c'est que Mike ne parle pas français.
17:37Il ne parle pas français.
17:39Alors, il parle un petit peu Ibaragouine plusieurs langues puisqu'il a chanté.
17:42Il chantait quand même des titres français.
17:44Voilà, en tournée, il adorait chanter Charles Aznavour, Christophe.
17:50Même, j'ai entendu l'autre jour qu'il chantait du France Gall.
17:55Mais c'est vrai qu'il ne parle pas assez français pour comprendre un texte intégral.
18:00Et là, il a une idée.
18:01Il se dit, je vais écrire en phonétique mes chansons.
18:05Voilà.
18:05Donc, on lui traduit quand même.
18:07Contrairement à la légende où on pense qu'il ne savait pas du tout ce qu'il chantait.
18:10Il savait très bien ce qu'il chantait.
18:12Mais effectivement, pour interpréter ces mots-là, il travaille des heures et des heures.
18:17Il y a plus de 300 séances d'enregistrement en studio pour arriver aux résultats qu'on connaît.
18:22Et la chanson est repérée à l'époque par Monique Lemarcy, qui est directrice artistique de RTL.
18:27Il va passer sur les ondes de RTL.
18:29Et moi, je crois avoir fait la première préparation d'une interview de Mike pour Philippe Bouvard dans RTL Non-Stop.
18:35Et c'est vrai qu'on avait du mal à comprendre ce qu'il disait.
18:38Oui, oui, oui.
18:39Non, mais c'est évident parce que si moi, je me rends au Japon maintenant, je ne suis pas sûre d'arriver à Baragouine, ne serait-ce que le bonjour en japonais.
18:47Donc, effectivement, ce n'était pas facile.
18:49C'est une langue pas facile pour, en tout cas, les Israéliens.
18:53De la même manière que l'ébreu est difficile pour nous.
18:55Mais il a trouvé des astuces, il s'est débrouillé.
18:57Et puis, après un an et demi, il arrivait quand même à parler beaucoup mieux.
19:03La seule chose qui était la plus compliquée pour lui, c'était les subtilités de la langue française.
19:09L'ironie qu'il peut y avoir dans les mots, les doubles, triples, quadruples sens à travers les mots.
19:14Je ne sais pas si vous le savez, mais grâce à lui, Carlos a gagné une caisse de Bordeaux.
19:20Joe Dassin lui avait dit, ton Mike Brown, ça ne marchera jamais.
19:22Et Carlos a dit, je te parie que ça marchera.
19:25Et ça lui a goûté une grosse caisse de Bordeaux Grand Cru.
19:27Vous me la prenez.
19:29Il se trouve ensuite qu'il y a un grand prix international de la chanson.
19:32Et il va gagner ce grand prix avec cette chanson.
19:34Mais dans la lumière
19:39Des yeux pris bien plus fort
19:44Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime
19:47Mais dans la lumière
19:50Il y a l'Angleterre, l'Allemagne, les Pays-Bas, il bat tout le monde.
19:55Exactement.
19:56Et là, portée internationale.
19:58Enfin, en tout cas, à travers l'Europe.
20:00Alors, ce qui est fascinant avec Mike Brown, c'est que tout le monde le reconnaît, c'est son magnétisme, Yona Brandt.
20:05Oui, c'est vrai, on me le dit souvent, on le voit.
20:08Oui et non, parce que quand je montre des photos de Mike à mon père, pour des choix d'albums ou autres,
20:15je lui dis, écoute, regarde, papa, elle est magnifique, cette photo, il est beau sur cette photo, qu'en penses-tu ?
20:19Il me fait, non, non.
20:20Et je lui dis, comment ça, non, non ?
20:21Il me dit, non, Mike était beaucoup, beaucoup plus beau en vrai.
20:25Voilà.
20:25Mais en même temps, il était très surpris de ce succès.
20:29Comment, est-ce que votre père vous a raconté, comment il a vécu ça au départ ?
20:32Il l'a vécu, alors, il était très heureux, très heureux, c'était un peu, vous savez, il avait 20 ans, 21 ans,
20:38il a écrit à un de ses amis sur une pochette d'album, tu vois, je sors du midem, c'est un grand succès ici,
20:49c'est un rêve qui devient réalité, et voilà, pour lui, c'était, il était comme un fou,
20:54il était fou de joie, il n'était pas encore, il n'avait pas conscience encore de tout ce système du show business.
21:02Il ne pensait pas show business, en fait, il pensait chanter, donner, aimer, partager, c'est ça qu'il avait en tête.
21:08Et là, comme c'était le cas, il était heureux.
21:10Et en même temps, moi, je me souviens de lui, il était très timide.
21:14Oui, il était très timide, il était très pudique, c'est quelqu'un de secret, qui ne parlait pas tellement,
21:19qui gardait tout pour lui, un petit signe du verso, sans rentrer dans...
21:26Et c'est vrai, il n'était surtout pas sûr de lui, il ne se trouvait pas beau, il se trouvait trop grand, trop maigre, tout ceci, tout ça.
21:33Mais bon, il y a été, il a suivi son parcours, et c'est vrai que je pense qu'au-delà de ce...
21:41En fait, ce qu'il ne voulait pas, c'est qu'on ne voit que son physique.
21:44Il avait envie qu'on entende ses performances vocales, pour lesquelles il se donnait beaucoup, beaucoup de mal.
21:49Et puis, c'est vrai qu'il avait ce truc naturel, c'est ce qu'on appelle le charisme, l'aura, c'est...
21:57Et ça a marché.
21:58Ça, on a beau le travailler, on l'a ou on l'a pas.
22:00Il l'avait. Alors, il y a eu ensuite une autre date importante, mais pour d'autres raisons, c'est le 23 novembre 1971.
22:07A tout de suite sur Sud Radio, avec Yona Brandt, pour parler de Mike Brandt.
22:11Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
22:14Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Yona Brandt, pour évoquer Mike Brandt, votre oncle,
22:19qui nous a quittés, voici 50 ans demain, et après un parcours incroyable,
22:24et il est toujours aujourd'hui dans le cœur de nombreux fans, on a évoqué ses débuts à Paris.
22:29Alors, il y a le 23 novembre 1971, c'est son premier Olympien en première partie.
22:34Je crois que c'est Dalida et Orlando qui lui ont demandé d'assurer cette première partie.
22:39Exactement.
22:41Mike et Dalida ont beaucoup de points communs sur leur sensibilité, leur réceptivité.
22:45Attention, je ne dis pas fragilité, je parle de sensibilité.
22:49Ils viennent tous les deux d'un pays du soleil, et ils se reconnaissent dans l'âme.
22:55Donc, Dalida et Orlando, effectivement, l'invitent, chacun pour des raisons différentes.
22:59Et Mike ne peut pas refuser une telle demande.
23:02Déjà, par amitié pour Dalida, et deuxièmement, c'est une très belle opportunité.
23:06Il se trouve que c'est un Olympia assez particulier, car Dalida a changé de style.
23:12Bruno Cocatrix a refusé de la produire en disant, avec le temps, ça ne marchera jamais.
23:17Il y a des grandes affiches sur les Champs-Elysées, et il a triomphé avec ce nouveau style.
23:22Mais le problème, c'est qu'il n'avait pas prévenu Jean Renard, je crois.
23:25Oui, parce que Jean s'opposait à cet Olympia, dans la mesure où il pensait que Mike n'était pas prêt pour affronter ce genre de public-là.
23:35Effectivement, il aurait peut-être fait la même salle en Amérique, je pense qu'il aurait cartonné.
23:40Mais là, pour le public et une certaine presse de l'époque, Jean se dit, ah non, Mike n'est pas encore prêt.
23:47Ce qui n'était pas faux, d'ailleurs.
23:48Ce qui n'était pas faux pour ce public-là et cette salle-là.
23:51Bien sûr.
23:52Et cette mentalité-là.
23:53Voilà, c'est-à-dire que Mike Brandt, il fallait attendre un an et il aurait fait l'Olympia en star, c'est évident.
24:00C'est ce qu'il pensait.
24:01Donc, je crois que Jean Renard est furieux et va porter chez l'éditeur un paquet de bandes dans un carton.
24:08Exactement.
24:09Qu'est-ce qui s'est passé ?
24:10Alors, à partir de là, c'est la rupture.
24:13Jean lui dit, tu n'as plus de producteur.
24:16Mike, voilà, c'est la rupture.
24:19Alors, mais c'est très émouvant, comme Jean parle aujourd'hui de cette histoire-là, parce qu'ils se sont retrouvés peu de temps après le 25 avril, à la mort de Mike.
24:30Je n'aime pas dire ce mot-là.
24:31Et je pense que Jean a compris que c'était peut-être un petit coup d'égo de trop, qui a engendré beaucoup de choses après.
24:41Mike, pareil, il est jeune, il a envie de prendre son envol, il a envie de composer aussi Mike, il a envie de faire d'autres choses.
24:49Il ne renie pas du tout le talent de Jean et son premier, comme une sorte de papa à tout niveau, artistique.
24:58Mike, voilà, il lui apprend plein de choses en France.
25:01Sam Mike, lui, en est très, très reconnaissant.
25:03Mais je crois qu'il a envie simplement de devenir adulte et de faire ce qu'il a au fond de lui et ce qu'il a toujours voulu faire.
25:11À mon avis, pardonnez-moi, cette rupture, finalement, elle était inévitable, que ce soit par l'Olympia ou autre chose.
25:19Exactement, d'autant plus que quelques temps plus tôt, il s'était présenté à Sanremo au festival avec une chanson qu'il avait découverte.
25:28Qui saura, qui saura, qui saura, qui saura me faire oublier, dites-moi, ma seule raison de vivre, essayez de me le dire.
25:46Qui saura, qui saura, oui, qui saura.
25:50Cette chanson, d'ailleurs, au départ, c'est Jimmy Fontana, un compositeur italien, qui l'a créée.
25:55Et c'est un musicien portoricain qui l'a interprétée.
25:59Et ça a été aussi un immense succès.
26:00Oui, Mike avait craqué sur cette chanson.
26:03Michel Jourdan en a adapté les paroles.
26:05Et Jean ne voulait pas sortir cette chanson.
26:07Il voulait la garder dans les tiroirs pour X raisons.
26:10Et notamment, peut-être qu'il s'est dit, effectivement, c'est un titre fort.
26:13Donc, en cas de baisse de vente de l'artiste, on ressortira ce titre.
26:17Bon, peu importe.
26:19Et Mike, il l'avait dans le cœur, cette chanson-là.
26:21Donc, c'est le titre qu'il a réussi à sortir dès la rupture.
26:27Enfin, un peu de temps après la rupture.
26:28Oui, parce qu'il a fallu ensuite, et c'était le problème pour Marie-Grant,
26:31constituer une nouvelle équipe.
26:32Et vous parlez de Michel Jourdan.
26:34Je crois qu'il était essentiel.
26:35Parce que Michel Jourdan, c'est un parolier
26:37qui a écrit pour Fuguin, prends ta guitare.
26:40Qui a écrit Les Vendanges de l'amour pour Marie Laforêt.
26:42Qui a écrit L'Édilet pour Pierre Grocolat.
26:45Et Pauvre Diable pour Julio Eglésias.
26:46C'est pas n'importe qui.
26:47Et une chanson que j'aime beaucoup, personnellement,
26:49c'est Si Seulement Je Pouvais Lui Manquer, de Calot de Géraud.
26:52Exactement.
26:52Très, très belle chanson.
26:54La rencontre est importante entre les deux.
26:55La rencontre, elle passe.
26:57Ils ont tous les deux une maman qu'ils appellent Mamina.
27:02Et surtout Michel Jourdan.
27:05comprend les compositions de Mike.
27:10En apporte des paroles adaptées.
27:14Le mariage, ça se marie super bien.
27:18Ça matche entre les deux.
27:20Et à partir de là, Mike commence à oser composer ses chansons.
27:24Et c'est le début d'une grande histoire.
27:25Et d'une deuxième aventure qui va vraiment marcher.
27:29À partir de là, Mike aura composé pratiquement la plupart de ses titres.
27:32Il faut savoir aussi que la méthode de travail est très particulière.
27:36Mike a une idée à n'importe quelle heure de jour ou de la nuit.
27:38Et il appelle Michel Jourdan.
27:40Et à l'époque, il n'y a pas de portable.
27:41Il n'y a pas de portable.
27:42Et puis Mike voyage beaucoup.
27:43Parfois, il est à l'autre bout du monde.
27:45Pour un reportage, un concert, peu importe.
27:47Et il ne prend pas la mesure du décalage horaire.
27:49Et puis, c'est vrai qu'il est dans sa création.
27:52Il est dans son truc.
27:53Et Michel lui répond à...
27:55Oui.
27:57Écoute, j'ai une idée.
27:58Il prend sa guitare.
27:59Michel Nancou, il entend un A, un O.
28:01Il pose les mots dessus.
28:03Ils étaient jeunes.
28:04Ils étaient talentueux.
28:07Ils étaient fous.
28:08Et tout était possible.
28:09Oui.
28:09Et j'imagine les notes de téléphone qui devaient être assez fortes à cette époque-là.
28:13J'imagine.
28:14Alors, il se trouve qu'il devient Monsieur Hitparade parce que Mike Brandt a des succès en permanence.
28:20Et le premier succès, je crois, de Michel Jourdan et de Mike Brandt, c'est cette chanson.
28:24Rien qu'une larme dans tes yeux
28:29C'est toujours ta seule réponse
28:37Quand je te dis qu'il vendrait mieux
28:43Et là, Mike Brandt va partir au Canada, en Allemagne, en Afrique, au Japon, partout.
28:49Ah oui.
28:50Mais comment ça se fait ? On l'a repéré ?
28:51Il part même au Canada.
28:52Il part beaucoup au Canada.
28:53Il aime beaucoup.
28:54Il revient même en Israël.
28:56Dites-moi, pardon.
28:58Les pays sont venus directement.
29:00Alors, déjà à l'époque, ça avait commencé avec Jean Renard.
29:03C'est-à-dire que quand il y avait un tube, on le chantait en plusieurs langues.
29:06On le traduisait en plusieurs langues.
29:07Et puis, c'est vrai que là, il y a une portée, déjà avec Luxembourg, avec la deuxième récompense qu'il a reçue.
29:16Mais c'est vrai que là, les magazines l'appellent pour des reportages en Thaïlande, au Japon.
29:21Il commence à partir partout.
29:23Il y a le festival de Rio aussi.
29:25Il part au Bahamas.
29:27Bon, il n'arrête pas, effectivement.
29:28Oui, et il y a aussi ces concerts en France.
29:31Moi, je me souviens des images des palais d'hiver à Lyon, où c'est une émeute.
29:36C'est un gros concert, oui.
29:37Mais j'ai vu un jour, regardé Mike Brandt.
29:40Bon, Claude François, c'était quelque chose.
29:42Mike Brandt, c'était multiplié par dix.
29:44Ah oui, je ne sais pas si c'était multiplié par dix.
29:47Mais en tout cas, à un moment donné, oui, c'est vraiment...
29:50Il ne peut plus sortir de chez lui.
29:51Ça prend une ampleur énorme.
29:55Il y a aussi la salle Vallée, je crois, à Marseille.
29:57Ça a été important.
29:58Oui, pour son anniversaire, il a enchaîné deux jours.
30:01Donc, il a été à Lyon, il a fait le palais d'hiver et la salle Vallée de Marseille.
30:07Donc, Lyon et Marseille en deux jours.
30:09Et les filles sont hystériques ?
30:11Oui, je crois qu'elles sont plus que charmées, oui.
30:15Je crois que la police intervient en permanence.
30:17Est-ce qu'on vous a raconté comment ça se passait ?
30:19Oui, parfois, en sortant de scène, il est obligé de s'esquiver rapidement.
30:23Le camion s'est retrouvé renversé plusieurs fois.
30:26Je dis camionnette parce qu'il devait être accompagné parfois de gendarmes.
30:31Et le camion se retrouve renversé plusieurs fois.
30:35Oui, oui, c'était...
30:36Mais c'était l'époque aussi.
30:40Il faisait partie de ces grandes stars de l'époque en France, oui.
30:42Et je crois qu'un jour, une admiratrice l'a mordu.
30:46Allez.
30:47Alors, mordu, je ne sais pas.
30:49Mais en tout cas, il y a effectivement une grande, grande fan qui est montée sur scène
30:52avec une paire de ciseaux pour lui, pour partir avec un souvenir, une mèche de cheveux.
30:57Mais c'est terrible.
30:59À l'époque, il n'y avait pas les services de sécurité qu'il y a aujourd'hui.
31:02Oui, ce n'était pas aussi pointu qu'aujourd'hui.
31:07Et puis, c'était...
31:09Je ne sais pas si...
31:10Oui, je pense que cette folie existe encore aujourd'hui avec certaines grandes stars internationales.
31:15En France, je ne sais pas si on a encore des artistes...
31:18Je ne dénigre pas.
31:19Je ne sais pas si on a encore des artistes qui offrent cette...
31:23Vous savez, qui font monter les poils comme ça, à ce point-là, d'hurler dans la salle.
31:29Il se trouve qu'il a déménagé sans arrêt pendant ces quelques années.
31:33Moi, je me souviens, j'ai un carnet encore où j'ai une dizaine de numéros de My Brandt.
31:37Il changeait son numéro en permanence.
31:40Les fans le trouvaient en dix jours.
31:42En tout cas, d'appartement.
31:43Il a dû changer sans doute de numéro de téléphone.
31:45Ah oui, tout le temps.
31:46Ah, vous avez plusieurs cartes ?
31:48Oui, j'en ai une, mais...
31:50Formidable.
31:52Il était obligé, il était obligé.
31:54Bon, il était beaucoup à dormir.
31:56Et c'est pour ça qu'il allait beaucoup dormir chez les amis ou chez l'entourage professionnel.
32:01Parce que c'est vrai qu'il ne pouvait plus monter dans la cage d'escalier.
32:04C'était noir de monde.
32:06Il ne pouvait plus accéder à chez lui.
32:08En même temps, je crois que les volets étaient fermés en permanence.
32:10Oui, ça c'était pour les photographes de presse.
32:13Pour ne pas être photographié dans son intimité.
32:16Finalement, au début, ça l'amuse.
32:18Mais après, ça va le rendre particulièrement nerveux, Mike Brandt.
32:21Alors, ça le rend nerveux parce que c'est finalement pas quelqu'un de show business, ni de lui.
32:27Il veut faire ce métier quand une fois il a envie de faire son métier parce qu'il aime ce métier-là.
32:31Mais tout ce qui est flonflon autour, tout ce qui est too much, tout ce qui est trop, c'est pas pour lui.
32:36En fait, finalement, Mike, c'est quelqu'un de simple.
32:38C'est quelqu'un d'authentique.
32:40Il aime ce qu'il fait, mais dans la simplicité.
32:43Et là, ça devient trop fort pour lui.
32:45Moi, je me souviens un jour, il m'a dit, mon rêve aurait été d'être Liza Minelli en homme.
32:49Ah, c'est joli.
32:50D'ailleurs, Liza, qui l'a rencontrée, qui est une très grande artiste.
32:55Je crois qu'il avait beaucoup de respect pour elle.
32:56Ils ont dû se rencontrer, je crois, que je ne dise pas de bêtises, mais à Cannes, effectivement.
33:01Peut-être lors du Midem.
33:02C'est vrai qu'il aurait aimé être un crooner américain ?
33:04Oui.
33:05En smoking sur scène à Broadway ?
33:06Ah, c'était son rêve.
33:08À mon avis, il serait parti, oui, à Broadway, à Vegas peut-être pas, mais enfin, en tout cas, il serait parti en Amérique.
33:14C'était son but.
33:15Il y a eu, bon, ben voilà, une étoile qu'il a déviée sur la France et il en a appris plein de choses.
33:20Mais il pensait continuer après là-bas.
33:22Et puis, il avait une autre passion et il était un maître en la matière.
33:25C'était le jeu d'échecs, Mike Brandt.
33:26Oui, et pardonnez-moi, je pense à quelque chose.
33:28Et aussi, vocalement, il a vraiment des capacités multiples.
33:31On a parlé des imitations, mais en fait, il a beaucoup de choses dans sa voix.
33:36Et je pense qu'effectivement, il avait tout pour aller encore plus loin.
33:42Les jeux d'échecs.
33:43Ah oui, Mike, il adore jouer aux échecs.
33:46Il adore jouer aux boules, à la pétanque, à Saint-Tropez dans le sud.
33:54En fait, Mike, il a encore un côté, finalement, il aime déconner, il aime s'amuser.
34:04Un jour, il s'est déguisé en Père Noël pour aller fêter Noël auprès des enfants.
34:10Un jour, sur la route, il trouve qu'il y a un spectacle de sosie.
34:15Alors, qu'est-ce qu'il fait ? Il se dit, je veux le faire.
34:18Son producteur, il devient fou.
34:20Il dit, non, mais tu rigoles ou quoi ? On ne va pas retourner dans les spectacles de bal, quand même.
34:24Et il fait, mais si, justement, c'est ce que j'aime.
34:27J'aime être auprès des gens.
34:28J'aime être avec le public.
34:29Parce qu'il aimait ça, contrairement à ce qu'on croit.
34:32Et là, qu'est-ce qu'il fait ?
34:32Il achète une perruque, des lunettes de soleil.
34:35Et à votre avis, qui a-t-il limité ?
34:37Mike Brown.
34:38Exactement.
34:39Et personne ne l'a reconnu.
34:40Alors, à la fin, il enlève quand même sa perruque, son truc.
34:43Et là, c'est l'hystérie.
34:44Il est obligé de filer en catimini.
34:46Remarquez, c'est arrivé à Cannes avec Robert De Niro dans un concours de sosie au festival de Cannes.
34:50Il n'y avait que des sosies, sauf le vrai De Niro.
34:52Et personne ne demandait le mois d'orthographe à De Niro.
34:56Ah non, c'est incroyable.
34:57Et puis, il y avait aussi la cuisine française.
34:59Quand il aimait un plat, je crois qu'il disait « c'est la fin du monde ».
35:02Oui, ça se dit comme ça en hébreu.
35:04C'est un mot qui dit « c'est la fin du monde » pour dire « c'est génial ».
35:07Voilà.
35:08Donc, effectivement, quand il dit « c'est la fin du monde » à un Français, il va dire
35:12« oh là là, mais il y a un problème ce garçon ».
35:14Alors que non, il dit « c'est génial ».
35:16Voilà.
35:16Mais il était génial et on va l'évoquer justement avec la date de demain, le 25 avril 2025.
35:22A tout de suite sur Sud Radio avec Yona Brandt pour parler de Mike Brandt.
35:26Sud Radio, les clés d'une vie.
35:28Jacques Pessis.
35:28Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Yona Brandt pour célébrer les 50 ans de
35:34la disparition de Mike Brandt, le 25 avril 2025.
35:38Et c'est vrai que cet événement est important.
35:40D'abord parce que je crois que Mike Brandt est encore dans le cœur de beaucoup de gens.
35:44Ce qui vous surprend presque, Yona Brandt.
35:46Oui, ça me surprend beaucoup.
35:48Je me souviens avoir commémoré les 30 ans, les 40 ans.
35:51Et chaque fois, on se disait « bon, c'est la dernière fois, c'est la dernière fois. »
35:54Et non, là, on arrive à 50 ans.
35:5650-50 de carrière également.
35:59Oui, ça me surprend beaucoup.
36:00Alors bien sûr qu'il n'est pas écouté forcément par tout le monde.
36:03Mais je crois qu'il a dépassé l'écoute.
36:05Même s'il y a encore des gens qui adorent ses chansons.
36:07Parce qu'il est rentré dans le cœur de la variété française.
36:11Je pense pour longtemps.
36:12Comme ses confrères artistes peut-être de cette époque.
36:17Mais ça va au-delà.
36:18Je crois qu'il avait une telle authenticité.
36:20Il avait ce truc dans la voix aussi.
36:22On vient souvent vers moi en me disant « Mike, il me fait du bien.
36:26Pendant les moments difficiles de ma vie, il a été là.
36:29Il m'a aidé à guérir. »
36:30Enfin, guérir c'est un grand mot.
36:31Mais il m'a soutenu avec sa voix, ses mélodies.
36:34Je crois qu'il avait ce talent-là de transmettre un truc qui fait du bien aux gens.
36:39Il y a des clubs Mike Brandt qui se réunissent chaque année.
36:42Oui, il y a le fan club Mike Brandt.
36:44Il y en a un en Israël.
36:45Enfin, je parle des officiels.
36:46Parce qu'après, il y a des sous-groupes, des sous-sous-groupes.
36:48Et chacun a le droit d'avoir son Mike, bien sûr.
36:50Mais il y en a un en Israël.
36:52Et il y en a un en France qui couvre toute l'Europe.
36:56Et ils connaissent tous Mike Brandt ?
36:58Ils connaissent tous.
36:58Et pire que ça, quand je dis pire dans le bon sens,
37:01ils recherchent le moindre truc.
37:03Ils peuvent, voilà, une photo inédite, un document inédit, rare.
37:08Et ce qui est extraordinaire avec Mike,
37:10c'est que même pas cinq ans de carrière en France,
37:14et pourtant, on trouve encore et toujours des choses le concernant.
37:19Une photo, un enregistrement.
37:21C'est là qu'on voit qu'il a une vie de dingue.
37:23Et il a dit à ma grand-mère un jour,
37:25« Maman, ne t'inquiète pas pour moi. »
37:28Parce qu'elle était un petit peu inquiète pour sa carrière en France.
37:30« Ne t'inquiète pas pour moi.
37:32Si je meurs demain, j'aurai mieux vécu que sans homme. »
37:35C'est une belle phrase.
37:36Alors, il se trouve aussi, d'ailleurs,
37:37que quand on voit ces fans,
37:39il y a les enfants et petits-enfants des fans de Jadis qui sont là.
37:42Ah bah oui, écoutez, là, on est...
37:44On peut dire qu'on a passé cinq générations.
37:49Et oui, cinquantenaire, donc c'est extraordinaire.
37:52Alors, on ne va pas se mentir,
37:54les adolescents n'écoutent pas forcément ça.
37:56Ou à travers Eminem et 50 Cent,
37:59qui ont repris quand même un sample de « Mets dans la lumière »,
38:01donc c'est quand même extraordinaire.
38:04« Crack in the bottle ».
38:05Je ne sais pas si vous avez entendu ce sample-là.
38:08C'est phénoménal.
38:09Avec l'intro de « Mets dans la lumière », qui est génial.
38:13Mais c'est vrai qu'on a, parfois, on a des tout jeunes.
38:16Là, j'ai entendu parler d'un jeune garçon
38:18qui chante dans les EHPAD ou des petits spectacles.
38:21Je ne le connais pas, mais je l'ai trouvé formidable.
38:24Et il a quoi, 16 ans, 17 ans ?
38:27Pardonne-moi, jeune homme, je n'ai plus ton prénom,
38:29mais bravo à toi !
38:31C'est super émouvant de voir que, vous savez,
38:34les bonnes chansons ou les vrais artistes,
38:38ils peuvent rester très très longtemps,
38:40de génération en génération.
38:41Alors, Yona Brand, je crois que pour les 50 ans,
38:43il y a des manifestations prévues,
38:44notamment à Paris, quelque chose d'important.
38:47Oui, on va se réunir le 24 avril.
38:50Nous aurons une soirée chez Warner Musique France,
38:53une soirée privée pour les proches de l'artiste,
38:56pour se souvenir de lui, être ensemble et partager son souvenir.
39:02Et surtout, un grand événement qui nous tient à cœur,
39:04c'est le 25 avril, heure pour heure, jour pour jour,
39:0950 ans après son grand départ,
39:11nous aurons la joie d'avoir l'inauguration de la place Mike Brandt.
39:16Le 16e arrondissement offre à Mike Brandt,
39:19une place en face de son premier appartement.
39:21lorsque Mike est arrivé à Paris en 69,
39:24il a été chez Carlos,
39:25et après, il a eu son premier appartement,
39:28avenue Victor Hugo.
39:29Donc, la place Mike Brandt,
39:31elle doit être en face du 181-183,
39:34là où il a habité.
39:35Et on aura l'inauguration le 25 avril à 11h du matin.
39:39Alors, il se trouve aussi qu'il y a ça,
39:42il y a des rééditions sans arrêt des albums et des intégrales.
39:45Oui, oui, écoutez, tant que les gens l'écoutent encore
39:48et demandent, on est heureux de partager
39:51et de ressortir ou rééditer des albums,
39:55comme le Picture Disque ou le 33 Tours
39:57qui sort chez Warner Music France
39:59avec une photo exceptionnelle,
40:01Mike est de toute beauté, si je peux me permettre.
40:05Et oui, tant que les gens seront là et auront envie,
40:09quelles que soient les générations,
40:11eh bien écoutez, nous, on sera avec eux.
40:13Alors, il se trouve qu'on commence à reconstituer
40:15les pièces du puzzle depuis quelques décennies
40:17pour savoir quel était son état d'esprit
40:19parce que, finalement, il avait dit un jour,
40:22un chanteur, c'est comme un yo-yo,
40:23ça monte et ça descend.
40:25Et il avait peur de ça.
40:26Oui, parce qu'il était quand même assez conscient des choses.
40:29Je pense qu'il n'était pas si naïf que ça.
40:31Après, il était jeune, avec cette ferveur.
40:36Des fois, on fonce, on ne pense pas,
40:37on ne réfléchit pas trop.
40:38Mais quand même, il est hypersensible.
40:42Donc, il capte les choses, il capte les gens.
40:44Des fois, il lui faut un petit temps pour le faire.
40:46Mais quand il se trompe rarement.
40:48Mon père me dit souvent qu'il était très intuitif
40:50et que quand il rentrait dans une pièce,
40:52il savait tout de suite l'état d'esprit de la personne.
40:55Après, il a été pris dans un engrenage
40:59parce que c'est le métier.
41:01et spécialement les gens qui ont croisé sa route.
41:05Mais j'ai perdu mon fil.
41:08Moi, ce que je note, c'est cette dépression
41:12qu'il a commencé à avoir pour toutes sortes de raisons
41:15et sa mère lui a demandé de rentrer en Israël
41:18et il n'a pas voulu.
41:19Alors, c'est un peu compliqué pour moi
41:22d'entendre ce mot dépression
41:24parce que je n'adhère pas forcément.
41:26Alors, effectivement, il y a une image
41:28qui a été, voilà, une légende
41:30qui s'est construite après sa disparition
41:31que j'entends très bien
41:33parce que, voilà, incompréhension,
41:36entourage trouble,
41:38plein de choses un peu
41:39qui prêtent à questionnement, je l'entends.
41:42Mais du coup, il y a une légende
41:43qui s'est formée et qui a perduré sur ça
41:46qui a été aussi, voilà,
41:49par certains faits,
41:51qui a germé.
41:53Mais quand même,
41:54quand on discute avec
41:56les gens qui l'ont bien connu,
41:59la famille,
42:00les amis,
42:02le vrai entourage de Mike
42:04et je parle aussi des gens en Israël,
42:06des gens en France, partout,
42:09en fait,
42:10le dépressif, ça ne lui colle pas à la peau
42:11contrairement à l'image qu'on veut lui donner.
42:15Mike, avant tout,
42:16c'est quelqu'un qui prend sa vie en main,
42:18qui quitte son pays,
42:19qui quitte tout.
42:20Il ne quitte pas,
42:21mais je veux dire,
42:22qui part un moment
42:23parce que pour lui, dans sa tête,
42:24il n'a pas quitté son pays.
42:25Il a été chercher son destin.
42:28Il ne parle pas un mot de la langue
42:29dans les pays dans lesquels il va.
42:31Il va avec quelques sous dans la poche.
42:33Il sait ce qu'il veut
42:34et il y arrive.
42:36C'est quelqu'un qui ne s'écoute pas
42:37quand il est malade,
42:38qui va sur scène,
42:40qui encourage les autres
42:41à foncer, etc.
42:42C'est quelqu'un qui a de la pugnacité,
42:44qui est un grand déconneur,
42:46qui dit lui-même
42:46qu'il adore la vie,
42:47qu'il adore les femmes,
42:48qu'il adore manger.
42:49Il a tout ça en lui.
42:51Il a ce truc super fort en lui.
42:53Il a une famille
42:54qui a vécu des drames.
42:56Il sait que pour sa maman,
42:58pour ses parents,
42:59c'est lui qui va trouver la force
43:01de remonter toute cette fierté-là
43:03qui a été perdue pendant la guerre.
43:05C'est lui qui s'occupe de mon papa,
43:07son petit frère,
43:08quand ça ne va pas.
43:10Moi, personnellement,
43:12j'ai du mal avec ce mot dépression
43:13parce qu'on peut avoir un moment dépressif
43:16sans être un vrai dépressif.
43:19Exactement.
43:19Il a des passages à vide,
43:21peut-être de temps en temps,
43:22parce que justement,
43:22il est dépassé par les événements.
43:24Oui, mais à qui n'en serait ?
43:25On le serait tous.
43:26Je pense qu'on est tous passés
43:28par des périodes
43:28en étant fatigués,
43:30en ayant des déceptions,
43:33peu importe,
43:34de travail,
43:35chagrin d'amour.
43:36On a tous ces moments de down.
43:38Mike, il les a eus
43:38comme tout le monde.
43:39C'était sans doute décuplé
43:40parce que c'était une vie folle
43:43extraordinaire
43:44et folle en même un tourbillon
43:46de dingue.
43:47Donc, bien sûr qu'il a eu
43:48des moments de down
43:49et qu'il avait des moments
43:50des fêlures
43:52et des fragilités,
43:53de sensibilités.
43:56Mais il avait beaucoup d'humour.
43:57Un jour, on l'interroge
43:58est-ce que vous allez vous marier ?
43:59Il répond non
44:00parce que je ne peux pas épouser
44:01toutes mes fans.
44:02Il avait beaucoup d'humour.
44:03Oui, oui, beaucoup d'humour.
44:04Il y a aussi ce qu'on dit
44:06à propos de ces choix de production
44:08qui n'ont pas été les bons.
44:09Qu'est-ce qu'on peut raconter là-dessus,
44:11Yona Bante ?
44:12Oui, alors c'est vrai qu'il y a eu
44:13trois changements de production.
44:15La première, ce n'est pas de son fait
44:17puisque Jean a eu cette première rupture
44:21avec Jean Renard.
44:22La deuxième, un producteur très compétent
44:26mais qui avait beaucoup d'artistes
44:28et qui n'entourait peut-être pas.
44:29Mike, vous savez,
44:30il avait besoin de se sentir en famille,
44:33de se sentir un peu...
44:35Il avait besoin de ce côté chaleureux
44:40et familial.
44:41C'est ce qu'il recherche.
44:42D'ailleurs, il se retrouve souvent
44:44dans les familles, des amis, etc.
44:46Il va dormir chez les uns les autres
44:47pour jouer avec les enfants,
44:51jouer avec les chiens dans le jardin.
44:53Lui, il aime la nature,
44:54il aime tout ça.
44:56Et puis, je pense qu'il en a vraiment besoin
44:57et il vient de là.
44:58Il vient de cette source naturelle.
45:02Et là, la deuxième production,
45:06elle est très efficace,
45:07elle est très bien.
45:07Il vit des super trucs
45:08mais ça n'encadre pas assez Mike.
45:13C'est vraiment là,
45:14on est dans le cœur du métier, etc.
45:15Et puis après, il fait la rencontre
45:17de quelqu'un qui parle la même langue que lui,
45:20auprès de qui il peut s'exprimer.
45:23Ils peuvent évoquer beaucoup de choses en commun
45:25dont leur passé respectif familial,
45:28les tragédies du passé
45:29qu'ils ont en commun, etc.
45:30Donc là, il pense avoir trouvé quelqu'un
45:33en qui il peut avoir confiance.
45:37Il faut dire aussi qu'il est entouré de personnes
45:38qui profitent vraiment de lui.
45:41À un moment donné,
45:41il ne sait plus trop vers qui se tourner
45:42et il pense avoir trouvé la personne de confiance.
45:45Voilà, et effectivement,
45:46ce n'est peut-être pas la personne de confiance.
45:48Et puis, il y a ce 22 novembre 1974,
45:51à Genève,
45:52où il fait une tentative de suicide,
45:54ce que personne n'imaginait.
45:55Et il s'en sort par miracle.
45:57Oui, c'est un accident.
45:58Oui, c'est un accident.
45:59C'est un accident.
46:00C'est-à-dire que c'est fou.
46:01Pour vous, c'est un accident.
46:03C'est un accident.
46:03Voilà.
46:04Il le dit d'ailleurs.
46:05Il le dit, c'était un moment fou.
46:08J'avais trop...
46:09Enfin, voilà.
46:10Vous savez, on peut vouloir...
46:12Ces mots ne viennent pas de moi.
46:13Je vais me permettre de lui prendre
46:15parce que ça m'a beaucoup...
46:18Le jour où il m'a dit cette phrase,
46:20cet ami cher,
46:22ça m'a vraiment remis beaucoup de choses en place.
46:24Et il m'a dit, comme ça,
46:27on peut vouloir mettre fin à une situation
46:30sans vouloir mettre fin à sa vie.
46:33D'où le mot accident.
46:34Et après, chacun pensera ce qu'il veut.
46:36Et moi, je me souviens,
46:37à l'avoir interviewé après,
46:38il disait,
46:38mais non, je ne recommencerai jamais.
46:40Enfin, il était convaincu
46:42que ça allait repartir.
46:44Et d'ailleurs,
46:44il se préparait à sa rentrée à l'Olympia
46:46avec une nouvelle chanson.
47:04Et puis, il y en a brant,
47:05il y a ce 25 avril 75,
47:08où encore il recommence,
47:10et là, ça ne rate pas.
47:12Qu'est-ce qu'on peut dire là-dessus ?
47:14Qu'est-ce que vous en pensez ?
47:15Parce qu'il y a tellement d'hypothèses qui circulent.
47:17Alors, je ne pense pas
47:19que ça fasse partie de ma mission de mémoire
47:21d'affirmer une théorie
47:23ou de donner,
47:2450 ans après,
47:25même tout au long de ces années,
47:27de donner,
47:28tant que je n'en ai pas la preuve concrète,
47:31une raison.
47:35Cependant, il y a, pour moi,
47:37des théories complètement absurdes.
47:40Quand vraiment on se penche
47:41sur tous les éléments,
47:43j'ai eu la chance d'avoir
47:44beaucoup, beaucoup de témoignages,
47:46d'avoir beaucoup de documents,
47:48au fur et à mesure des années de ma vie,
47:51des analyses se sont faites,
47:53etc., etc.
47:54Donc, je sais qu'il y a des théories
47:56qui sont complètement,
47:57vraiment qu'on peut mettre à la poubelle.
47:59Ça, c'est sûr.
48:01Et qu'il reste finalement deux choses.
48:05Voilà.
48:05Est-ce que c'est un suicide ?
48:07Est-ce qu'il a été tué,
48:08d'une manière ou d'une autre ?
48:10Chacun se fera son opinion.
48:12Je ne donnerai pas mon avis.
48:14Mais par contre,
48:16juste qu'on réfléchisse un petit peu
48:17au parcours de Mike
48:18et qu'on se dise, voilà.
48:21Ce qui compte aujourd'hui,
48:22c'est qu'il soit bien là où il est.
48:24Et j'aimerais qu'il sache
48:25comme il est aimé encore aujourd'hui.
48:27Et que finalement,
48:28il a réussi bien plus
48:29que ce qu'il espérait.
48:30Et une chanson résume ce parcours.
48:32Je suis convaincu que dans 50 ans,
48:53on parlera encore de Mike Brandt.
48:54Il y en a moins.
48:55Parce que c'est évident.
48:56Il n'y a pas deux artistes comme ça ?
48:58Alors, écoutez, déjà,
48:59aujourd'hui, pour nous,
49:00pour notre famille,
49:01c'est exceptionnel.
49:03Même si on est heureux pour lui
49:05parce qu'il le mérite.
49:06Il le mérite artistiquement.
49:08Il le mérite humainement.
49:11Donc d'abord, voilà,
49:12j'espère qu'il voit
49:14à quel point ça a dépassé
49:16les frontières,
49:17les générations.
49:18Mais alors là,
49:19si vous me dites que dans 50 ans,
49:20on pensera encore à lui,
49:22ce serait un très beau cadeau pour lui.
49:24Vous restez la gardienne du temple
49:26pour l'instant.
49:27Tant qu'on me le demandera,
49:28tant que je le ressentirai,
49:29tant qu'il me le demandera,
49:30à sa manière, oui.
49:32Avec grand plaisir.
49:33Eh bien, en tout cas,
49:34on a eu le plaisir
49:34d'avoir vraiment raconté Mike Brandt
49:36tel qu'il l'a mérité,
49:37tel que vous ne l'avez pas connu,
49:38mais tel que je l'ai connue.
49:40Et je suis convaincu, effectivement,
49:41que ces chansons
49:42feront encore vivre
49:43bien des cœurs
49:44et pendant plusieurs décennies.
49:46Merci à l'avance.
49:47Merci à vous, Jacques.
49:48L'Écoute d'une vie,
49:48c'est terminé pour aujourd'hui.
49:49On se retrouve bientôt.
49:50Restez fidèles à l'Écoute de Sud Radio.