Les clefs d'une vie avec José Paul, acteur et metteur en scène.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-20##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous êtes souvent au théâtre un homme de l'ombre,
00:08ce qui ne vous a jamais empêché de trouver votre place au soleil.
00:11Vos pièces affichent complet pendant des centaines de représentations.
00:15Seule l'émolière se montre envers vous particulièrement avare.
00:19Bonjour José-Paul.
00:20Bonjour Jacques.
00:21Alors, vous êtes un metteur en scène, comédien,
00:23avec des tas d'histoires qui sont arrivées dans votre vie
00:26qu'on va évoquer, c'est le principe des clés d'une vie.
00:28Et l'actualité, c'est à la fois une île géniale,
00:32une île géniale qui est au théâtre des variétés
00:33et qui triomphe depuis des mois et des mois.
00:36Et puis, il y a aussi mon jour de chance,
00:38une pièce de Patrick Hautecoeur.
00:40Et puis à Toulouse, il y a encore Je n'aime que toi,
00:43une pièce que vous aviez travaillée avec Sébastien Castro.
00:47Oui, J'ai envie de toi.
00:48J'ai envie de toi.
00:49C'était la première pièce de Sébastien
00:52que j'avais mis en scène et qu'on avait joué au Théâtre Fontaine à l'époque.
00:54Alors, on va évoquer votre carrière à travers des dates clés,
00:57c'est le principe de l'émission.
00:58Et la première date que j'ai trouvée, c'est le 10 novembre 1988.
01:02Écoutez ce générique.
01:03Tout le monde s'éclate à la queuleuleu.
01:07Tout le monde se bat.
01:08La classe, c'est à la queuleuleu, ça a fait la fortune d'André Bézu,
01:12qui était attaché de presse de films comme Les Valseuses
01:14et qui a débuté comme comédien en jouant Shakespeare et Mirabeau.
01:18Et Marie-Lou.
01:18Comme quoi.
01:19Comme quoi, on peut changer.
01:21Alors, c'est votre première apparition
01:23dans un sketch qui s'appelle Mauvaise Rencontre.
01:26Alors là, j'en ai fait 200.
01:27Voilà.
01:28Donc celui-là, je l'ai un peu oublié.
01:29C'est le premier.
01:30Ah, c'est le premier. D'accord.
01:31Et vous êtes en duo avec Alain Goisan.
01:33Absolument.
01:34Qui a travaillé beaucoup avec vous
01:36et dont la première télé, d'ailleurs, était au Théâtre ce soir de La Biche.
01:39Oui, moi.
01:40En 68.
01:42Absolument, tout à fait.
01:43Alors, l'arrivée dans la classe, c'est quand même un événement
01:46parce qu'il y avait Michel Larocque, Muriel Robin qui débutait et quelques autres.
01:49Comment êtes-vous arrivé là-dedans, José-Paul ?
01:52Tout à fait par hasard, en fait.
01:53C'est parce que j'avais failli faire déjà le petit théâtre de boulevard
01:57de boulevard, pardon, avec Isabelle de Botton.
02:01Et puis, je n'en avais pas très envie.
02:04Donc, et quelques années plus tard, Alain Goisan,
02:07donc avec qui je jouais souvent au Café Théâtre,
02:10pas beaucoup même, au Blanc-Manteau
02:11et dans d'autres lieux emblématiques du Café Théâtre à l'époque,
02:14avait très envie d'une reconnaissance.
02:17Voilà, qu'on soit un tout petit peu plus populaire.
02:19Donc, il m'avait demandé de faire l'émission avec lui.
02:22Dans un premier temps, j'ai refusé.
02:24Et puis, il l'a fait avec un autre acteur.
02:25Mais en fait, toute l'équipe de la classe
02:28qui avait l'habitude de nous voir au Café Théâtre
02:30ont demandé à ce que je vienne aussi avec Alain.
02:33Donc, du coup, pendant trois ans, j'ai fait avec lui cette émission.
02:37Mais en fait, il n'y avait pas de volonté de ma part de la faire.
02:39Et puis, on s'est bien amusé pendant trois ans.
02:42Je n'ai aucun regret par rapport à ça.
02:44Oui, la classe, au départ, c'est une idée de Guy Lux qui avait fait la maquette
02:47et qui a cédé sa place à Fabrice,
02:49qui a fait de la télévision pour la première fois de sa vie
02:51et qui a fait un triomphe avec cette émission.
02:52Ah oui, un gros, gros, gros succès.
02:54Oui, il était très à l'aise.
02:56Et puis, ce qui était agréable avec Fabrice,
02:58c'est qu'il aimait le théâtre, vu ses origines.
03:02Il y a deux pères, vous savez.
03:04Il y a René Simon et puis son père adoptif qui est Maurice Bessy,
03:07journaliste qui a été directeur du Festival de Cannes.
03:09Absolument.
03:10Donc, c'était très agréable, en fait, de travailler sous le regard de Fabrice
03:14parce qu'il avait une empathie pour nous, acteurs de théâtre.
03:17Alors, il se trouve quand même que 200 sketches,
03:19dont un par jour quelques fois, ce n'est pas simple, José-Paul.
03:22Non. Alors, la chance qu'on avait,
03:24c'est qu'on avait tout un pôle d'auteurs qui écrivait pour Alain et moi.
03:27Le plus compliqué, c'était d'apprendre tous ces sketches régulièrement.
03:31On en faisait des fois quatre par semaine.
03:34Donc, c'était assez lourd.
03:36Mais bon, on était jeunes.
03:37C'était le moment de le faire et on l'a fait.
03:40Et il y avait Muriel Robat, Michel Larocque que personne ne connaissait à l'époque.
03:43Non, Michel Larocque avec qui j'ai travaillé ensuite
03:46puisqu'on avait joué une pièce qui s'appelait La Drague au Théâtre Tristan-Bernard.
03:50Et puis Muriel, il y avait toute une équipe,
03:53Jean-Marie Wigard, Lagaffe, enfin tous ces gens emblématiques de cette époque-là.
03:58Mais il y avait une ambiance, plutôt une très bonne ambiance.
04:01Il y avait une empathie envers les uns et les autres.
04:05Voilà, le but, c'était de faire la meilleure émission possible.
04:07Oui, ce n'est pas toujours le cas aujourd'hui.
04:08Quand on voit à la télé ce genre d'émissions, ça manque, José-Paul.
04:12Oui, oui, c'était...
04:14Moi, je me souviens des chiffres qui étaient surréalistes.
04:16On faisait quand même 7 millions d'audimats tous les soirs.
04:19À 20 heures ?
04:20À 20 heures. Mais moi, je voyais bien, même dans la rue, ma vie a changé.
04:24Ah bon ?
04:25Ah oui, oui, oui.
04:27Puis c'était des jeunes qui regardaient beaucoup, des très jeunes.
04:30Donc, c'était un peu compliqué.
04:33On était, à l'époque, des rockstars. C'était incroyable.
04:36Nous, on faisait des galas en province et on jouait devant 2000 ou 3000 personnes.
04:40C'était tout à fait surprenant.
04:41Mais malgré tout, ce n'était pas ce que j'avais envie de faire.
04:44Voilà, ça a été un passage que j'en ne regrette pas.
04:47Mais mon envie était de faire du théâtre.
04:49Voilà. Alors, le théâtre, ça a commencé beaucoup plus discrètement que devant 2000 ou 3000 personnes.
04:54Au théâtre des Blancs-Manteaux, c'était les Sacrés Monstres de Roland Dubillard
04:58qui a été important parce que je crois que c'est là que vous avez rencontré Alain Goison.
05:01Absolument. On était ensemble élève chez Jean-Laurent Cochet.
05:06Et on s'est très vite entendus, tant humainement qu'artistiquement.
05:11Vous savez ce que c'est quand tout d'un coup, il y a un couple qui se forme comme ça, naturellement.
05:15Et puis moi, j'avais vu à la télévision à l'époque, il y avait une émission de José Arthur
05:20qui s'appelait Le Petit Théâtre de José Arthur.
05:21Et je crois que c'était... Je me souviens plus très bien.
05:25Je crois qu'il y avait Claude Piéplu et Roland Dubillard.
05:27Et j'avais été fasciné par l'écriture de Roland Dubillard.
05:30Et j'ai beaucoup joué Roland Dubillard.
05:32Et c'est comme ça qu'avec Alain, je dis, allez, on se lance,
05:35on fait ces fameux diablogues et autres interventions à deux voix.
05:38Et on s'est régalé. C'est une écriture absolument incroyable, d'une modernité, d'une fantaisie.
05:45C'était un bonheur, un vrai bonheur.
05:46Et vous parlez de José Arthur.
05:48Il se trouve qu'au départ, le théâtre s'appelait à Pizza du Marais.
05:51Quand la salle de théâtre a été ouverte, José Arthur a dit, on ne peut pas appeler un théâtre à Pizza du Marais.
05:56Et c'est lui qui a trouvé le titre et le nom des Blancs Manteaux.
05:59Alors ça, vous voyez, je l'ignorais. Comme quoi, j'ai bien fait de venir.
06:02Vous aviez déjà joué dans Des Bulles dans l'Encrier de Robert Boudet.
06:07Oui, c'était mon premier gros succès au café-théâtre.
06:11Ça, on l'a joué pendant deux ans avec toute une équipe d'acteurs, tous des élèves de Jean-Laurent Cochet, en fait.
06:16Et Robert Boudet, c'était un auteur de livres pour enfants au départ.
06:20Absolument, tout à fait.
06:21Ça n'a rien à voir avec le théâtre.
06:22Absolument. Et on avait pris des tas de...
06:24Enfin, c'était un spectacle un peu foutrac, mais j'avais trouvé une ligne conductrice par rapport à tous ces textes.
06:31Et puis, oui, bon, c'était notre premier gros succès au café-théâtre.
06:36C'est comme ça qu'on a commencé à exister.
06:37Et la découverte du théâtre, pour vous, José-Paul, je crois que c'est à la Comédie Française,
06:41quand vous avez vu Ruy Blas avec Michel Etcheverry.
06:44Absolument. C'était un choc. C'est ma grand-mère qui m'a emmené pour la première fois au théâtre.
06:48C'était donc Rémy Rouleau qui avait mis en scène Ruy Blas.
06:51Il y avait Robert Etcheverry, Jean-Pierre, Michel Etcheverry, pardon.
06:54Jean-Pierre, il y avait une distribution absolument éblouissante, un décor et une mise en scène incroyable.
07:00Et ce jour-là, j'ai eu le choc. Je me suis dit, voilà, c'est ce que je veux faire.
07:02Vous étiez tout petit encore.
07:06Etcheverry, on l'a un peu oublié aujourd'hui. Il a passé 23 ans à la Comédie Française.
07:10Il avait débuté comme régisseur de Louis Jouvet avant d'entrer dans sa troupe.
07:13Et surtout, il a été instituteur en 40 et il a été viré parce qu'il a refusé d'apprendre aux enfants Maréchal Neuvola.
07:20Mais ça ne m'étonne pas. Un très grand acteur. Un très grand acteur.
07:25Alors le théâtre, quand même, vous êtes dans une famille.
07:27Vous avez grandi dans une famille où la musique et le théâtre comptaient, José-Paul.
07:31Voilà. Il y avait deux parts dans ma famille.
07:33Mon père qui était ouvrier boulanger et mon grand-père qui était ouvrier imprimeur.
07:36Et puis du côté féminin, en effet, ma grand-mère était premier violon et ma tante, elle, était choriste à l'opéra.
07:46Donc, voilà, j'ai eu ces deux éducations qui ont été pour moi, en tout cas, extrêmement importantes.
07:53Et quand vous avez décidé de tenter votre chance à l'école de théâtre, personne n'a dit non.
07:59Personne n'a dit non, mais tout le monde avait peur de ma famille.
08:04Et ils avaient raison parce que vous avez échoué dans toutes les écoles.
08:07Absolument. J'ai échoué au conservatoire, à la rue Blanche, à la classe libre de chez Florent.
08:12Oui, oui, c'est ma carrière a démarré sur une suite d'échecs.
08:15Mais comment ça se fait ?
08:16Oh, ça, alors ça, ça s'est joué à rien. Au conservatoire, je l'ai passé trois fois.
08:22Les trois fois, j'ai été au dernier tour. J'étais dans les derniers.
08:25Et puis bon, c'est comme ça que j'ai échoué au café-théâtre.
08:28Oui, parce qu'au départ, votre rêve, José-Paul, c'était la comédie française.
08:31Puisque c'est là que tout a démarré pour moi. Oui, bien sûr.
08:34Et votre culture théâtrale, vous l'avez faite en devenant contrôleur au théâtre de la Michaudière.
08:40Absolument. Alors, vous savez tout. Oui, oui. Pendant trois ans, j'étais à la Michaudière.
08:44Et là, c'était merveilleux pour moi parce que j'ai croisé tous ces merveilleux acteurs.
08:48Robert Hirsch, en particulier, quand j'ai démarré, il jouait les papanes dans les armoires.
08:52Je ne savais pas que quelques années plus tard, j'allais jouer avec lui.
08:55Et puis que des acteurs, François Perlier, Daniel Auteuil, que des acteurs merveilleux.
08:59Et pour moi, ça a été Jean Poiret, Pierre Mondy, évidemment, avec qui j'ai tourné ensuite.
09:05Mais j'ai pu côtoyer tous ces gens-là et c'était extrêmement enrichissant.
09:08Oui, François Perlier qui avait dirigé à une époque le théâtre de la Michaudière.
09:11Absolument. Avec Yvonne Printemps et Pierre Frenet.
09:13Et chaque fois qu'Yvonne Printemps apparaissait pour engueuler Pierre Frenet, il se cachait.
09:18Vous avez aussi rencontré, je crois, Maria Pacôme.
09:21Oui, quand elle jouait Joyeuse Pâques. Elle était absolument merveilleuse, éblouissante.
09:27Je me rappelle parce qu'elle le jouait depuis un certain temps, comme moi, avec l'été chénial.
09:31Elle n'en pouvait plus. Je lui disais, mais moi, vous en pouvez, Maria, plus vous êtes rayonnante et magnifique sur scène.
09:35Et elle continuait sans problème.
09:37Sans problème, bien sûr.
09:38Elle était cabotine.
09:39Ah oui, mais elle était merveilleuse dans ce spectacle parce qu'elle était d'une retenue, mais ça fonctionnait merveilleusement bien.
09:46Oui, et en même temps, je me souviens du Noir se va si bien avec Jean Lepoulin, où c'était un numéro de musical.
09:51C'était à qui serait le plus cabot des deux.
09:53Absolument, oui.
09:54Il y avait aussi une loge Yvonne Printemps, vous vous en souvenez, au Théâtre de la Michaudière ?
09:59Non.
09:59Il y avait une loge Yvonne Printemps que Jacques Crépineau, le directeur, avait reconstruit.
10:03On arrivait et tout l'univers de Pierre Frenet et d'Yvonne Printemps était dedans.
10:07Ah, c'est merveilleux.
10:08Vous n'avez pas eu accès à ça.
10:08Mais non, je n'ai pas eu accès.
10:10Ce qui était drôle, c'est que j'ai travaillé comme contrôleur sous les ordres de Jacques Crépineau.
10:14Et puis, 30 ans plus tard, je suis revenu à la Michaudière pour jouer, cette fois-ci, le dîner de cons.
10:19Mais en même temps, il y avait le contrôleur et il y avait l'acteur, car après la Michaudière, vous alliez jouer.
10:24C'était l'avantage d'être contrôleur.
10:26Le dimanche, je faisais toute la journée au Théâtre de la Michaudière,
10:30parce qu'à l'époque, il faut savoir que les pièces ne se jouaient pas le samedi en matinée,
10:35mais elles se jouaient le dimanche en matinée et à 18h30.
10:38Et donc, je faisais toutes mes gardes ce jour-là.
10:40Ce qui fait que la semaine après avoir fait rentrer le public, je repartais au Blanc-Manteau pour aller jouer.
10:46Et vous avez joué une pièce qui ne vous correspond pas du tout à cette époque.
10:50On fait ça pour l'argent, parce qu'au théâtre, on ne le faisait pas pour l'argent.
10:54Non, surtout au Café Théâtre.
10:56C'est-à-dire que vraiment, il fallait se débrouiller avec des bouts de ficelle ?
10:58Oui, mais ça permet d'ouvrir aussi l'imagination.
11:03C'est bien, c'est très bien.
11:06C'est la meilleure école ?
11:08Oui, bien entendu.
11:09Puis même la proximité avec le public aussi, qui est très exigeante.
11:12Puis on le ressent au théâtre, même si on est proche du public.
11:16Il y a quand même une forme de mur entre lui et nous.
11:20Pas au Café Théâtre. Au Café Théâtre, on est dans la fosse.
11:23Voilà, ça c'était les débuts.
11:24Après, il s'est passé d'autres choses.
11:26Il y a une date importante dans votre carrière, c'est le 1er mai 1997.
11:30A tout de suite sur Sud Radio avec José-Paul.
11:32Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:35Sud Radio, les clés d'une vie.
11:37Mon invité José-Paul, nous parlerons tout à l'heure d'Une idée géniale
11:40et également de Mon jour de chance, votre actualité.
11:43Mais on en revient à votre parcours de comédien et de metteur en scène.
11:47Le 1er mai 1997, ça vous dit quelque chose ?
11:50Écoutez.
11:56Le 19e épisode des Cordiers, le 4e de la saison 4, l'adieu au drapeau.
12:00Et vous arrivez dans le rôle de l'inspecteur Lambert.
12:04Oui, je ne savais pas que c'était pour moi le 1er mai.
12:07C'est la diffusion.
12:09Oui, tout à fait, la première diffusion.
12:11Comment vous êtes arrivé dans cette aventure ?
12:13Un casting.
12:15J'ai passé des essais et j'ai été pris pour jouer le rôle.
12:19Je ne m'y attendais pas vraiment,
12:23parce que la série marchait déjà très bien quand je suis arrivé dans la série.
12:27Et puis ça a été 3 ans de bonheur avec Pierre Mondy.
12:32Vous avez remplacé le lieutenant Dumas, je crois, qui disparaissait.
12:36Et l'épisode qui est l'adieu au drapeau,
12:39ce sont deux lieutenants dans un régiment d'élite qui arrivent à Paris en train.
12:43Et l'un d'eux arrive, il est mort.
12:45On ne sait pas ce qui se passe.
12:47Et ça, vous allez enquêter.
12:49Et Pierre Mondy, finalement, vous le retrouvez,
12:51parce qu'il vous avait fasciné dans Joyeux Pâques.
12:54Oui, parce qu'à l'époque, il avait repris le rôle de Jean Poiret
12:57au Théâtre de la Michaudière.
12:59Évidemment, moi, j'allais voir souvent la pièce,
13:02parce que j'étais assez envoûté par ce qui se passait sur le plateau.
13:06Donc j'apprenais beaucoup.
13:07Et puis je l'ai vu aussi, Pierre, je l'ai vu aussi travailler.
13:11Je me rappelle quand il y avait justement la pièce avec François Perrier.
13:16Je l'ai vu faire des raccords.
13:18Donc j'étais très attentif.
13:19Et puis ça a été un bonheur quand on a tourné ensemble,
13:22puisqu'évidemment, il y avait des tas de choses qui nous rejoignaient l'un et l'autre.
13:24Donc on avait cette culture, et puis cette envie,
13:27et puis cette passion du théâtre.
13:28Il se souvenait de vous à la Michaudière ?
13:30Non.
13:31Pas du tout ?
13:32Non. On en a parlé, on en a ri.
13:33Mais non, il ne se souvenait pas de moi, non, non.
13:35Mais Pierre Mondy, il ne faut pas l'oublier,
13:36c'est le premier à avoir mis en scène La Cage aux Folles.
13:38Absolument.
13:39À l'époque où personne n'y croyait.
13:40Ah non.
13:41Jean-Michel Roussière, le directeur, a failli arrêter à la 30e représentation,
13:47parce que ça ne marchait pas.
13:48Ah, je ne savais pas que ça avait démarré difficilement.
13:50Ah, difficilement.
13:51Et quelques jours avant la fin, miracle,
13:53le téléphone a commencé à sonner par le bouche à oreille,
13:55car les critiques avaient été désastreuses.
13:57Oui, mais je me rappelle aussi des palmes de M. Schutt,
13:59qui avait monté Gérard Caillot,
14:01et ça a été terrible pendant deux mois.
14:03On lui a tous dit de s'accrocher, qu'il allait se passer quelque chose,
14:06mais c'était terrible, terrible.
14:08Et puis c'est parti.
14:09Je crois que c'était à la 70e représentation que ça a commencé,
14:12et ils en ont fait 1500 à Paris.
14:14Oui.
14:15Ça valait le coup, l'attente.
14:16Oui.
14:17Alors, arriver dans une équipe des Cordiers,
14:19qui est déjà bien rodée, c'est pas compliqué ?
14:21J'ai eu un petit peu peur au départ,
14:23mais c'est toute l'humanité, tout le talent de Pierre Mondy.
14:28C'est-à-dire qu'il m'a tout de suite accueilli,
14:31de façon fraternelle, enfin...
14:34Non.
14:35Voilà, j'ai eu peur, mais en fait, j'ai très vite été rassuré.
14:39Et puis, de fait, c'était un bonheur pendant ces trois ans.
14:43Vous connaissiez la série ? Vous l'aviez vue ?
14:45Je l'avais, oui, vaguement vue.
14:47Je savais qu'elle existait.
14:48À partir du moment où j'ai su que j'étais engagé dedans,
14:50j'ai regardé, et voilà, je connaissais la série.
14:52Oui, c'était évidemment aussi pareil.
14:54C'était un gros succès, on faisait 10 millions tous les soirs.
14:56Et ça a été créé par Alain Page,
14:59qui a commencé comme auteur de romans policiers,
15:01dans les spéciales police,
15:03et qui a fait deux romans adaptés au cinéma,
15:05qui ont été des succès.
15:06C'est La Piscine et Ciao Pantin.
15:08Oui, pas des moindres.
15:09Pas des moindres.
15:10Alors, finalement, ça évolue votre personnage
15:12pendant les trois saisons où vous allez être là.
15:14C'est-à-dire que vous devenez lieutenant.
15:17Je deviens lieutenant.
15:18Surtout qu'au départ, ils avaient écrit le rôle
15:20pour un inspecteur qui était un as de la voiture,
15:24mais je n'avais pas mon permis.
15:26Donc ça démarrait très mal,
15:27donc j'ai passé mon permis.
15:28Et puis, au fur et à mesure,
15:30mon personnage a évolué,
15:32et je suis devenu plutôt un personnage un peu victime,
15:35quelqu'un qui fait beaucoup de gaffes.
15:38Donc le personnage est orienté vers la comédie.
15:41Et c'est là où j'ai pris du plaisir.
15:43Et je n'étais pas le seul,
15:44parce que Pierre en prenait aussi beaucoup,
15:46parce qu'il n'y a rien de plus drôle
15:47que d'engueuler quelqu'un qui fait que des bêtises.
15:49Et là encore, côté populaire, ça s'est bien passé.
15:52C'est énorme, c'est énorme.
15:54Chaque passage était autour de 10 millions.
15:57Le dernier épisode, lorsque je suis assassiné,
16:0112 millions de téléspectateurs regardaient.
16:04C'est une autre époque.
16:06Et pourquoi avoir été assassiné ?
16:07Pourquoi être parti, José-Paul ?
16:09Parce que j'avais fait le tour.
16:11Et puis, il y a une chose importante pour moi,
16:13c'était le théâtre.
16:14Et c'était très difficile pour moi de jouer.
16:17À l'époque, je me rappelle, j'ai joué Colombe.
16:19C'était une pièce assez longue, de Hanouille aux Champs-Élysées.
16:22Et je dormais 3-4 heures par nuit.
16:25À 5 heures du matin, j'étais levé.
16:27Je tournais toute la journée, le soir.
16:29Et ma passion, c'est le théâtre.
16:32Ça n'a jamais été l'image.
16:34Moi, ce que j'aime, c'est d'être sur un plateau.
16:36Et donc, au bout de deux ans, j'ai voulu partir.
16:38Mais je ne m'étais pas rendu compte,
16:39j'avais signé un contrat de trois ans.
16:41Donc on m'a dit, non, il y a encore une année à faire.
16:43Donc je l'ai fait avec plaisir.
16:46Mais je savais qu'il y a un moment...
16:47C'est comme la classe, j'ai arrêté au bout de trois ans.
16:49Il y a un moment où je sais ce que je voulais faire.
16:53Il y avait aussi Charlotte Valandré qui nous manque.
16:55Absolument, oui.
16:56Elle était rayonnante sur Les Cordiers.
16:58Mais oui, elle l'était véritablement.
17:01Alors, il y a eu ensuite d'autres émissions de télévision, d'autres séries.
17:04Mais la première série de télévision,
17:06c'était une série qu'on a un peu oubliée aujourd'hui
17:08qui s'appelait Sexy Zap, qui n'avait rien à voir avec Les Cordiers.
17:10Ah oui, non, ça c'était une affaire financière en ce qui me concerne.
17:14Oui, oui, j'étais pas très riche.
17:18Et lorsqu'on m'a proposé de faire ça, je me suis dit, allez...
17:21J'avais commencé avec Artus de Penguin, qui est là, ce n'est plus là,
17:24qui avait réalisé plein de petits sketchs pour cette émission.
17:28Et puis quand ils m'ont rappelé, quelques années plus tard...
17:31Alors, on en parle beaucoup en sachant que j'ai tourné trois jours.
17:34Oui.
17:35C'est-à-dire que juste trois jours de tournage
17:37et on continue à me parler de cette émission, c'est merveilleux.
17:39C'était sexy, c'était une parodie de la télé des années 90.
17:42Absolument, tout à fait.
17:43Et puis il y avait La Classe qui devenait Le Cours,
17:45Fort Boyard qui devenait Fort Gaillard,
17:47et tourné Manèche, c'est tourné Désir.
17:49Oui, voilà, c'est ça exactement.
17:50Et puis il y avait quelques actrices à Friolante.
17:52Absolument, oui, oui, c'était pas désagréable.
17:53Et vous avez tourné quel rôle ?
17:55Alors, c'était Alain Discret.
17:57Oui, c'est ça.
17:58Voilà, je me souviens.
17:59J'entrais dans les maisons et j'allais interviewer des couples coquins.
18:05Voilà.
18:06Et après, ça marque aussi ce genre de choses.
18:08On vous en parle dans la rue, non ?
18:09Ah oui, bien sûr, bien sûr.
18:11Les trois choses dont on parle, c'était justement cette émission,
18:13c'était évidemment La Classe et évidemment Les Cordiers.
18:15Voilà.
18:16Alors, il y a eu d'autres apparitions plus courtes,
18:18parce que toutes les séries récurrentes,
18:20comme Joséphine, Ange Gardien, Camping Paradis,
18:22vous avez régulièrement participé, José-Paul.
18:24Oui, oui, oui, j'en ai fait.
18:26Oui, mais c'était pas une envie profonde.
18:32Enfin, je vais pas dire que c'était pour faire plaisir à mon agent,
18:34mais un peu pour ça, voilà.
18:36J'ai jamais éprouvé un plaisir fou.
18:38Alors, c'était toujours très agréable,
18:39parce que j'ai eu la chance de travailler qu'avec des gens agréables.
18:42Je me rappelle aussi, quand j'ai fait Le Sang de la Vigne avec Pierre Arditi,
18:46j'étais trop heureux d'être le partenaire de Pierre Arditi.
18:50Donc, il y avait ce plaisir-là.
18:52Mais pour moi, il n'était pas comparable à celui d'être sur un plateau.
18:55Avec Arditi, il y avait le vin aussi, l'amour du vin.
18:57Ah ben, Le Sang de la Vigne.
18:58Exactement.
18:59Voilà.
19:00Alors, il se trouve aussi que vous avez eu le privilège
19:02de travailler avec Jean-Paul Belmondo au cinéma, d'être son fils.
19:05Mais non.
19:06Alors, ça, c'est une erreur.
19:07Ah bon ?
19:08Mais oui.
19:09Ça, c'est une erreur.
19:10Je sais bien.
19:11C'était le...
19:12Le Magnifique.
19:13Le Magnifique.
19:14Oui, oui.
19:15On m'en parle beaucoup.
19:16Et en fait, non.
19:17Ce n'est pas moi.
19:18C'est quelqu'un qui me ressemble.
19:19T'es fou.
19:20Mais oui.
19:21J'aurais adoré être aux côtés de Jean-Paul Belmondo.
19:22Mais ça, en fait, oui.
19:23Je sais que sur Internet, ils en parlent.
19:26Partout.
19:27On vous attribue ce film Le Magnifique.
19:28Absolument.
19:29Tout à fait.
19:30Vous voyez, je vous dis la vérité.
19:31Voilà.
19:32Comme ça, on rétablit la vérité.
19:33Voilà.
19:34On profite de cette émission pour rétablir la vérité.
19:36Je n'étais pas le fils de Belmondo dans Le Magnifique.
19:38Parlons vrai.
19:39Le second dessus de radio.
19:40Donc, on dit la vérité toujours ici.
19:41Absolument.
19:42Alors, il y a eu quand même aussi le remake de L'Emerdeur avec Patrick Timsit.
19:46Oui.
19:47Tout à fait.
19:48Ça, c'était une autre aventure.
19:49Vous étiez un photographe, je crois, dedans.
19:50Absolument.
19:51Oui.
19:52J'avais...
19:53C'était peu de choses.
19:54C'était deux petites scènes avec...
19:55C'était évidemment Francis Weber qui avait réalisé ce film.
19:59Francis Weber, avec qui j'ai retravaillé ensuite.
20:02Bien sûr.
20:03J'ai fait Le Dîner de cons.
20:04Le film, d'ailleurs, a été un échec.
20:05Parce que 35 ans après, le remake d'un film aussi culte que L'Emerdeur, ça n'a pas marché.
20:10Alors que la pièce au théâtre a marché.
20:12Absolument.
20:13Mais il n'y a rien à faire.
20:14Il n'y a rien à faire.
20:15Le film avec Ventura et Brel est resté chez les gens comme LE film essentiel.
20:23Après, c'est très compliqué.
20:26On l'a déjà vu au théâtre ou au cinéma.
20:28Vous essayez de refaire des choses, on se dit mais non, mais non.
20:30Le souvenir qu'on a, il est impérissable.
20:32Il est trop fort.
20:34Oui, c'était sûrement une erreur de faire ce remake.
20:37Et il l'a reconnu, Francis Weber.
20:38Oui.
20:39Ça prouve son honnêteté.
20:40Absolument.
20:41Il y a eu quand même aussi un film dont on doit vous parler aussi.
20:43C'est Deux jours à tuer de Jean Becker.
20:45Oui.
20:46Oui, oui, oui.
20:47Alors ça, c'est assez amusant.
20:48C'est amusant.
20:49C'est qu'en fait, je ne devais pas jouer ce rôle que j'ai fait au cinéma.
20:54C'était Guillaume de Tonquedec qui devait faire ce rôle-là.
20:57Mais comme ce rôle-là était un peu plus long au niveau des journées de tournage,
21:00Guillaume avait une impossibilité.
21:03Donc, Guillaume m'a appelé en me disant,
21:04« José, est-ce que ça t'ennuie que je fasse ton rôle et que tu me fasses le mien ? »
21:08Moi, je dis, « Très bien, Guillaume, faisons ça. »
21:10Mais je dis, « Est-ce que le réalisateur, quand même, est d'accord ? »
21:14Et il me dit, « Oui, oui, j'en ai parlé. »
21:16Alors, je dis, « Très bien. »
21:17La seule chose, c'est que j'ai fait ce film.
21:19Donc, en effet, j'ai eu, je ne sais plus, une dizaine de journées de tournage.
21:23Mais je tournais à plus de 60 kilomètres de Paris.
21:26Donc, je me levais encore tôt.
21:27Enfin, bon, bref.
21:29Et telle n'a pas été ma surprise, un matin, de me lever,
21:31de sortir de chez moi, mais vraiment de chez moi,
21:33et de voir en face, en face de chez moi,
21:36Guillaume en train de tourner ce que j'aurais dû tourner moi.
21:39Voilà. Là, c'était à une minute à pied de chez moi.
21:41Oui, oui.
21:43Ça, c'est pour l'anecdote, en même temps.
21:45C'est pour l'anecdote.
21:46Mais j'ai pris un plaisir fou.
21:47Puis, c'était incroyable parce que le nombre d'acteurs,
21:49il y avait cette fameuse scène autour de la table.
21:51On était une douzaine d'acteurs et pas des moindres.
21:54Et non, c'est un grand souvenir.
21:56Alors, le cinéma, la télé, c'est ça.
21:58Mais le théâtre, on va y revenir à la date du 30 mai 2022.
22:01A tout de suite sur Sud Radio avec José-Paul.
22:07Sud Radio, les clés d'une vie.
22:08Mon invité, José-Paul, comédien, metteur en scène.
22:11À l'affiche, actuellement, une idée géniale,
22:14qui est un triomphe à Paris.
22:15Après un triomphe, voici quelques années à Paris et en tournée.
22:19Une date importante dans votre vie, mais pas la meilleure nouvelle.
22:22Le 30 mai 2022, vous êtes nommé au Molière
22:25pour la mise en scène de Berlin Berlin.
22:28Je crois que c'est l'une de vos neuf nominations.
22:30Et comme d'habitude, le Molière vous échappe.
22:32Oui.
22:34Alors, malgré tout, s'il y a quelques années, on m'avait dit
22:37« Est-ce que tu veux un Molière ou est-ce que tu veux une dizaine de nominations ? »
22:41J'aurais signé pour dix nominations.
22:43Parce que ça prouve que je suis encore là.
22:45J'ai la chance de continuer à faire ce métier.
22:47Le plus dur dans ce métier, c'est de ne pas le faire.
22:49Donc, je ne regrette rien.
22:51Et si on me dit « Tu vas encore avoir une dizaine de nominations,
22:54mais tu n'auras jamais de Molière », je signe tout de suite les yeux fermés.
22:57Mais ce n'est pas triste de se trouver dans la salle à chaque fois et de se dire…
23:01Non.
23:03Sincèrement, non.
23:07C'est difficile à expliquer, mais ce n'est pas l'essentiel.
23:12Ça fait plaisir à nos proches, ça fait plaisir à la famille.
23:17Déjà, c'est merveilleux d'être nommé.
23:20Je le prends en tant que tel.
23:21Et d'être nommé aussi régulièrement.
23:24Vraiment, sincèrement.
23:26Je dis même ma terreur, c'est quand ils ouvrent le petit papier et qu'ils disent
23:29« Le Molière est attribué à José-Paul ».
23:31Je me dis qu'il va falloir monter sur scène et dire quelque chose.
23:34Et à chaque fois, le cœur s'arrête.
23:37C'est un soulagement quand je dis « Ah ben non ».
23:41On vous appelle le record man d'ailleurs.
23:43Oui.
23:44Je crois que personne d'autre que vous n'a reçu autant de nominations
23:47comme comédien ou comme metteur en scène.
23:49Oui.
23:51La mise en scène justement, parce qu'on a parlé du comédien,
23:54ça a démarré très tôt au Maturin avec le Minotaure de Marcel Aimé.
23:57Oui.
23:58Première pièce importante.
23:59Oui, absolument.
24:00C'était Gérard Cailliau qui m'avait demandé,
24:02il était directeur du Théâtre des Maturins,
24:04et il m'avait demandé si je pouvais monter une pièce au petit Maturin.
24:08Et mon choix s'est porté sur le Minotaure,
24:11que je trouvais extrêmement réjouissant.
24:13Et puis ça a été un joli petit succès dans cette petite salle.
24:16Et puis ça a été un plaisir fou.
24:18Ce tracteur quand même qu'il a fallu faire rentrer sur cette scène.
24:23C'était quelque chose d'incroyable.
24:25Et en même temps, Marcel Aimé, cette pièce avait été diffusée
24:28sur la première chaîne de ORTF en 1969, le 7 mars,
24:31dans Haut Théâtre Ce Soir.
24:33Vous avez été marqué par Haut Théâtre Ce Soir.
24:35Bien sûr.
24:36Comment ne pas l'être ?
24:37Vous le regardiez ?
24:38Évidemment que je l'ai regardé.
24:39On parlait du Noir, te va si bien.
24:42Mais le nombre de pièces que j'ai regardées,
24:45avec avidité, chaque vendredi soir.
24:48Et justement, quand Alain Goison a joué Haut Théâtre Ce Soir,
24:51c'était la première fois que j'allais à Marigny en tant que spectateur.
24:54Et que j'ai assisté au tournage de cette pièce.
24:57C'est un souvenir marquant.
25:00Et vous saviez comment les spectateurs étaient choisis
25:02pour venir assister à Marigny ?
25:04Vous allez m'apprendre quelque chose.
25:05C'était les retraités, avec la Sécurité sociale
25:08et je ne sais plus quel organisme,
25:10qui offraient des places à leurs adhérents.
25:13Et quand on était retraité, on avait droit à une place gratuite chaque semaine
25:16pour aller voir Haut Théâtre Ce Soir.
25:18C'est extraordinaire.
25:19Et c'était plein à chaque fois.
25:21Alors il y a eu aussi,
25:23Marcel Aimé fait partie aussi des auteurs
25:25que vous montez,
25:27mais qu'on ne connaissait plus dans ces années 80.
25:30Non.
25:33L'Illuminator est une pièce courte,
25:36délicieuse, une fantaisie,
25:39mais il a écrit d'autres pièces.
25:42Je ne sais plus,
25:44la mémoire a manqué,
25:46mais il y a eu quand même une pièce qui a été montée
25:48il y a quelques années, je ne sais plus.
25:50Il y a eu le passe-muraille,
25:51adapté par Yvan Covelart et Michel Legrand.
25:54Et avec Michel Legrand.
25:56Et Michael Jackson est venu voir la pièce un soir
25:58et a songé à la monter.
26:00Au Bouffe Parisien.
26:01Mais sinon, il y avait très peu de choses de Marcel Aimé.
26:03Non, c'est vrai.
26:04Et d'ailleurs, il a été remis au jour grâce à la Pléiade,
26:08avec son édition.
26:09Seulement, il y a eu un problème dans la Pléiade,
26:11c'est que l'éditeur a fait une erreur.
26:13Il a trouvé sur le bureau de Marcel Aimé deux textes
26:15qui n'étaient pas de lui.
26:16Qui étaient une copie d'un fan.
26:18Et le fan a écrit en disant
26:19« Je suis dans la Pléiade, mais ce n'est pas Marcel Aimé. »
26:21Ce qui a fait un gros scandale.
26:22Oui, j'imagine.
26:23Alors, vous avez eu accès à des grandes salles.
26:27Il a fallu attendre quelques temps,
26:28peut-être parce que vous jouiez beaucoup.
26:30La première nomination pour les Molières,
26:33c'est « Pour l'amour et enfant de salaud ».
26:35Oui, en tant que metteur en scène.
26:38Metteur en scène.
26:39Oui, absolument.
26:40C'était « Pour l'amour et enfant de salaud ».
26:42C'était Dominique Besnard
26:44qui m'avait apporté cette pièce-là.
26:47Et c'était Michel Blanc
26:49qui avait fait une adaptation merveilleuse de la pièce.
26:52Mais merveilleuse.
26:54Élégante, drôle.
26:56Vraiment un talent fou.
26:58On s'était très bien entendu avec Michel Blanc
27:00parce que j'avais beaucoup coupé
27:01par rapport à la version originale d'Alain Egbourne,
27:04la version anglaise.
27:06La pièce durait 2h45
27:07et j'avais coupé une petite heure avec Michel Blanc.
27:10Et j'ai coupé parfois difficilement.
27:12C'était tellement drôle, tellement bien.
27:15Michel Blanc dont on va écouter la voix,
27:17tiens, pour se souvenir.
27:18J'aime surtout jouer la comédie.
27:20Jouer la comédie sans a priori de genre.
27:24Je crois qu'il y a des bons films et des mauvais films,
27:27mais je ne crois pas qu'il y ait de genre supérieur
27:28et de genre inférieur.
27:29Ça vous correspond finalement, José-Paul ?
27:31Oui.
27:32La comédie est un noble art.
27:34On ne dit pas assez.
27:36C'est quelque chose d'extrêmement compliqué.
27:39C'est un travail...
27:40Justement, on parlait du metteur en scène.
27:41C'est un travail, je le vois bien même là,
27:45encore avec la dernière pièce que j'ai montée.
27:47C'est ce travail-là avec les acteurs.
27:49La comédie, c'est quelque chose de viscéral,
27:52de musical,
27:55mais ce qui n'empêche pas une véritable sincérité,
27:57de toujours raconter l'histoire.
27:59C'est une alchimie à trouver
28:02et cette alchimie, oui, elle est complexe.
28:05Michel Blanc n'avait rien à voir comme auteur ou adaptateur
28:08avec le personnage de Jean-Claude Dusse
28:10qui a fait son triomphe.
28:11Non, mais non.
28:12C'était un homme merveilleux,
28:14d'une élégance,
28:16d'une drôlerie dans la vie.
28:19Je vais vous assurer que son adaptation d'Eggbourne,
28:23ça a été, pour moi en tout cas,
28:25ça a été le socle du succès de cette pièce.
28:28C'est que l'adaptation était formidable.
28:30Il y a eu d'autres Eggbourne de montée
28:31et qui n'ont pas eu ce succès-là.
28:33Oui, parce que l'humour anglais n'est pas facile à adapter en français.
28:36Du tout.
28:37Pourquoi ?
28:38Parce que c'est une autre culture.
28:41C'est juste une autre culture.
28:43Et c'est aussi la force de Michel Blanc,
28:45c'est d'avoir adapté sans trahir Alain Eggbourne,
28:48mais pour nous, public français,
28:51d'être totalement accessibles.
28:53Et ça, pour moi, c'est une vraie prouesse.
28:56Il se trouve qu'Alain Eggbourne,
28:57en France, on ne le connaît pas beaucoup,
28:59mais c'est l'un des auteurs britanniques les plus prolifiques.
29:01Il a été anobli par la reine Elisabeth.
29:03Cette année-là, il a divorcé et il s'est remarié.
29:06Il a dit, j'ai choisi cette période pour que mes deux femmes,
29:08mes deux ladies, soient anoblies.
29:10C'est merveilleux.
29:11C'est assez joli comme histoire.
29:13Alors, il se trouve aussi qu'il y a eu
29:15d'autres choses que vous avez vécues.
29:18Vous avez enchaîné ces nominations entre 2005 et 2007.
29:21Il y a des choses très différentes.
29:23La Locandiera et la Sainte-Catherine
29:25et Chocolat-Piment, c'est quand même très différent.
29:28Oui.
29:29À la fois comme acteur et metteur en scène.
29:30La Locandiera, évidemment, étant un grand classique de Goldoni.
29:34Là, c'était auteur Antoine.
29:36C'était une équipe merveilleuse.
29:38C'était Alain Sax qui avait mis en scène celui-là.
29:41C'était un très gros succès.
29:43Et la Sainte-Catherine, qui n'a pas failli se faire,
29:46mais moi j'avais beaucoup aimé cette pièce de Stefano Vojtović.
29:49J'avais très envie de la monter et on a réussi à le faire.
29:52Une pièce qui parle de la guerre de 14.
29:55Mais pareil, on était plus proche du pamphlet
29:58que de la comédie sociale.
30:00Et puis Chocolat-Piment, c'est une comédie de mœurs de Christine Revero.
30:03Et ce qu'on ne sait pas, c'est que cette femme a été élevée dans un cirque
30:07avec une famille de circassiens
30:09et que ses parents ont créé le Zoo des Sables d'Olonne en Vendée.
30:12Oui, je la connais bien Christine, mais ça je ne savais pas.
30:15Et c'est vrai que là aussi, c'est tout à fait différent.
30:17À chaque fois, on ne travaille pas de la même façon, José-Paul.
30:19Non.
30:20Dans le travail, moi, en tant que metteur en scène,
30:23si je prends Chocolat-Piment, qui est une comédie humaine,
30:27et comme je vous disais, La Sainte-Catherine,
30:30qui est une comédie plus pamphlétaire.
30:32Mais malgré tout, moi, en tant que metteur en scène,
30:34avec mes acteurs dans la direction,
30:36je travaille néanmoins de la même façon
30:38sur deux pièces qui sont totalement différentes,
30:40dont les deux genres sont presque à l'opposé.
30:42Et puis, c'est là votre honnêteté.
30:44Vous avez coussigné certaines pièces,
30:46notamment avec Agnès Boury.
30:48Et Agnès Boury a été votre assistante.
30:50Et vous dites, José-Paul, qu'elle vous a appris l'art du théâtre.
30:54Elle m'a appris beaucoup sur la mise en scène.
30:56Je lui dois énormément.
30:58En effet, elle était mon assistante,
31:00puis un jour, je trouvais ça injuste qu'elle ne soit que mon assistante.
31:03Donc, on a co-réalisé ensuite certains spectacles à la mise en scène.
31:07Mais c'est fou.
31:10Je lui dis toujours,
31:13si je suis le metteur en scène que je suis là,
31:16je lui dois énormément.
31:17Qu'est-ce qu'elle vous a appris ?
31:19Je pense qu'elle m'a appris,
31:21peut-être une chose qui est essentielle au théâtre,
31:23c'est que tout est important.
31:25C'est que souvent on entend,
31:27si le public regarde ça,
31:28c'est qu'il ne s'intéresse pas à la pièce.
31:30Non, et elle a raison.
31:31Tout est essentiel.
31:33Dans la scénographie, dans les accessoires,
31:35le réalisme, la véracité des situations.
31:40Ce n'est pas parce qu'on fait du théâtre que ça ne doit pas être vrai.
31:43Donc, elle m'a appris ça à avoir l'œil partout.
31:45Elle a cet œil pointu, acéré,
31:48sur ce qu'on fait, sur le travail qu'on fait.
31:51Et vous avez aussi mis en scène une pièce de Barry Aigrelis
31:54ce qui n'était pas évident non plus.
31:56Barry Aigrelis, j'ai joué Barry Aigrelis.
31:59Oui, avec Gérard Caillou et Micheline Boudet.
32:01Avec Micheline Boudet, oui.
32:03Une pièce, je crois que c'est leur dernière pièce.
32:06Leur dernière pièce qui s'appelait Magique Palace,
32:09au Théâtre des Mathurs.
32:11Là, j'ai eu la chance,
32:12c'est une chance,
32:13de jouer avec Micheline Boudet.
32:14Vous savez, tous ces acteurs que j'admire au français,
32:16et que j'ai eu la chance de parler de Jean-Paul Roussillon,
32:18de Robert Hirsch, de Micheline Boudet,
32:20c'est qu'ensuite j'ai travaillé,
32:21j'ai eu la chance de travailler avec eux.
32:23Et ça, ça c'est...
32:25C'est un privilège.
32:26Ah oui, un véritable privilège.
32:27Alors, il se trouve aussi que Barry Aigrelis
32:29travaillait avec Jacqueline Mayant.
32:30Jacqueline Mayant avait la réputation,
32:32et elle le faisait,
32:33de changer des choses quand elle avait envie.
32:35Et les auteurs n'étaient pas prévenus.
32:37Mais vous, en revanche, vous ne changez rien.
32:39Et si vous êtes autant engagé par les directeurs de théâtre,
32:41c'est que vous avez la réputation d'être un maître d'hommes,
32:43José-Paul.
32:44Oui, c'est-à-dire que déjà,
32:47chaque aventure est prête
32:50trois, quatre jours avant la première.
32:52Voilà, ça c'est de toute façon stimulable.
32:54Alors, ça demande deux, trois mois de répétition.
32:56Mais pour moi,
32:58il est essentiel que le jour de la première,
33:00les gens qui ont payé leur place,
33:02ils voient un spectacle fini.
33:04Mais tous les acteurs le savent.
33:06C'est le travail qu'on fait.
33:08Un texte su,
33:09dès la première répétition.
33:11On n'attend pas...
33:12Je ne travaille jamais avec le manuscrit à la main,
33:15avec les acteurs.
33:16C'est une chose, voilà,
33:17qui savent,
33:18qui est essentielle au travail.
33:19Et puis, évidemment,
33:20et puis après le reste,
33:21là, hier après-midi,
33:22j'étais au Théâtre Fontaine.
33:24Et bon, tout se passe très bien.
33:26Mais voilà, je suis vigilant surtout.
33:28Je veux que le spectacle garde son authenticité.
33:30C'est ce qui se passe aussi aux États-Unis et en Angleterre.
33:32C'est la méthode américaine et la méthode anglaise.
33:34D'ailleurs, il y a un metteur en scène
33:36avec qui vous avez travaillé,
33:37qui est prestigieux.
33:38Et c'était sa première mise en scène au théâtre,
33:40c'est John Malkovich.
33:41Absolument.
33:42Vous avez travaillé avec Malkovich.
33:43Oui.
33:44Un homme délicieux.
33:46Alors, c'est assez drôle,
33:47parce que j'ai failli ne pas faire la pièce.
33:50Donc, John m'a rappelé plusieurs fois.
33:53Et ça, c'est l'avantage de ne pas être français.
33:56Il pensait que j'étais une grande vedette.
33:58Donc, il m'a appelé en me disant
34:00« Mais si, il faut faire la pièce,
34:01ça, c'est très bien. »
34:02Donc, évidemment, je l'ai faite.
34:04Et je l'ai faite avec grand plaisir.
34:05Et je me suis merveilleusement entendu avec lui.
34:07Un homme, voilà.
34:08Vous savez, quand on parle des Anglais,
34:10qui sont d'une espèce d'élégance naturelle.
34:12Voilà ce qu'il avait.
34:14Voilà, merveilleux.
34:16La pièce s'appelle « Goût de canarie », je crois.
34:18Et ça a été un gros succès aussi.
34:20Absolument.
34:21Parce qu'il a eu, je crois, un Molière, lui.
34:22Oui, oui, absolument.
34:24Avec Christiane Aréalier, avec Vincent Elbaz,
34:26avec une équipe d'acteurs merveilleux.
34:28Et John Malkovich, d'ailleurs, est francophile.
34:30Il a vécu pendant des années en Provence.
34:32Et un soir, il était avec Gérard Depardieu.
34:34Ils ont bu quelques coups.
34:35Et Depardieu dit « Tu connais pas Johnny ? »
34:36« On va le voir. »
34:37Ils ont pris la moto de Depardieu.
34:39Et puis Depardieu s'est dit
34:40« Mais je n'ai plus l'adresse de Johnny. »
34:42Et il a arrêté les gens dans la rue
34:43pour savoir où habitait Johnny.
34:45Et ça a marché.
34:46Au bout de cinq minutes,
34:47il a eu des souvenirs comme ça extraordinaires.
34:49Alors, il y a aussi...
34:51Tout ce que vous avez fait jusqu'à maintenant,
34:53c'est une passion.
34:55La passion ne s'éteint jamais ?
34:57Non.
34:58Non, je vous dis la vérité,
34:59c'est que chaque soir, là, par exemple,
35:01que je sois dans la salle,
35:02en tant que metteur en scène
35:03ou en tant qu'acteur sur le plateau,
35:05hier, quand je suis arrivé au Théâtre Fontaine
35:07pour voir le spectacle
35:09et faire les notes ensuite aux acteurs,
35:11quand je suis arrivé et que j'ai vu
35:13la salle pleine à craquer,
35:15je reste émerveillé de me dire
35:17que tous les jours,
35:19au Théâtre Fontaine, c'est complet.
35:21Tous les jours.
35:22Ça me fascine.
35:23Et le soir, ça m'arrive,
35:25au Théâtre des Variétés,
35:26avant d'entrer sur scène,
35:27où les jambes un peu lourdes...
35:31Mais je pense, je me dis
35:33« Mais quelle chance ! »
35:35Tu te rends compte, tu joues dans ce magnifique théâtre
35:37avec une troupe merveilleuse
35:39et la salle est pleine.
35:41Ce Théâtre des Variétés
35:42a 800 places et est plein.
35:44Donc j'y pense,
35:46quand je suis un peu fatigué.
35:48Justement, cette pièce, un idée géniale,
35:50on va l'évoquer à travers la date de sa reprise,
35:52le 12 septembre 2024.
35:54A tout de suite sur Sud Radio avec José Paul.
35:56Sud Radio, les clés d'une vie.
35:58Jacques Pessis.
35:59Sud Radio, les clés d'une vie.
36:01Mon invité José Paul,
36:02on a évoqué votre carrière
36:04de comédien, de metteur en scène,
36:06vos débuts,
36:07et le 12 septembre 2024,
36:09a repris au Théâtre des Variétés
36:11une pièce qui est déjà un triomphe et on va en parler.
36:13Une idée géniale, voici la bande-annonce.
36:15Oh, c'est Jules !
36:17Mon frère !
36:18Non, non, non, c'est pas votre frère.
36:20Ah bah c'est moi, non ?
36:22C'est forcément mon frère au moins.
36:24Et c'est là où le suspense commence,
36:26parce que cette pièce, je crois que vous en êtes
36:28à la 600e représentation.
36:30On approche la 700e.
36:32Mais c'est fou, c'est une histoire de dingue,
36:34parce que vous l'avez jouée 400 fois à Paris,
36:36au Théâtre Michel, je crois.
36:38Vous l'avez fait en tournée et là vous revenez.
36:40C'est un miracle ?
36:42Oui, c'est un miracle.
36:44C'est aussi tout le sel de ce métier.
36:46Quand on travaille sur une pièce,
36:48on ne peut pas imaginer
36:50que cette pièce va être le succès qu'elle est,
36:52et que ça va durer trois ans,
36:54et qu'on va remplir les salles,
36:56que ce soit en province ou à Paris.
36:58Ça c'est merveilleux.
37:00On crée une pièce et deux mois après c'est fini.
37:02Oui, un mois plus tard quelquefois.
37:04Oui, voilà.
37:06Là c'est une chance, oui.
37:08C'est Sébastien Castro qu'on a reçu dans Les Clés d'une Vie,
37:10et au départ c'est une idée originale
37:12de Sosie,
37:14parce que c'est une matière
37:16fabuleuse pour la comédie.
37:18Oui, Sébastien est
37:20un fan
37:22absolu du théâtre de boulevard.
37:24C'est sa raison de vivre.
37:26Oui.
37:28Ce qui est formidable
37:30avec Sébastien,
37:32c'est une vraie culture.
37:34Il a failli
37:36faire une thèse de l'importance
37:38du canapé au théâtre de boulevard.
37:40C'est fascinant.
37:42Il connaît tout.
37:44Évidemment, il connaît bien le théâtre.
37:46Il connaît bien le théâtre
37:48de Fédot, de Récounet en particulier.
37:50Quand il avait vu
37:52la pièce, c'était les trois frères.
37:54Je ne sais plus comment s'appelait cette pièce avec Michel Lep
37:56qui était au Théâtre des Valetés.
37:58Trois partout.
38:00Il s'en est inspiré pour écrire
38:02une idée géniale.
38:04L'histoire, c'est très simple.
38:06Il y a un monsieur, une femme et une dame
38:08qui visitent un appartement pour le louer.
38:10La dame semble avoir une faiblesse
38:12pour l'agent immobilier.
38:14Là, il va y avoir un enchangement de sosies.
38:16Oui, absolument.
38:18Tout à fait par hasard,
38:20moi, le mari de cette dame,
38:22je vais croire dans le RER
38:24voir cet agent immobilier.
38:26Mais en fait, non. Ça n'a rien à voir.
38:28C'est son sosie. J'ai déjà vécu ça une fois dans la vie.
38:30Voir un véritable sosie,
38:32c'est assez fascinant.
38:34Je me dis que je vais me servir de ce garçon
38:36pour faire croire qu'il est l'agent immobilier
38:38et devenir un vrai goujat
38:40face à cette femme
38:42pour la dégoûter
38:44du petit crotch qu'elle a eu.
38:46Mais comme toujours,
38:48les choses ne vont pas se passer comme prévu.
38:50Il y a quelqu'un qui était fasciné par les sosies
38:52depuis le début de sa carrière.
38:54C'est Philippe Bouvard. Dès 1958,
38:56dans une émission avec Michel Arnault,
38:58il voulait faire un concours de sosies.
39:00Quand je travaillais avec lui, on devait trouver les sosies.
39:02Je vous assure que les sosies de Michel Sardou
39:04et Richard Anthony, pendant dix ans,
39:06ils m'ont appelé pour savoir comment ils pouvaient repasser
39:08dans l'émission car ils faisaient des galas
39:10comme sosies officielles.
39:12Ils se prenaient pour la star.
39:14Vous avez un sosie, d'ailleurs ?
39:16Je ne crois pas.
39:18Peut-être le fils de Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique.
39:20Un jour,
39:22Fred Addison, un chef d'orchestre
39:24des années 50, m'a abordé.
39:26Il m'a pris pour Jean-François Kahn
39:28le sommaire des prochaines émissions.
39:30J'ai donné sans problème.
39:32Le succès de Il est génial,
39:34c'est fait par le bouche à oreille.
39:36Oui, comme souvent.
39:38C'est une comédie.
39:40C'est la force aussi de Sébastien.
39:42On a beaucoup travaillé.
39:44On a quand même fait 39 versions.
39:46C'est une chose importante.
39:48Lorsque vous préparez une pièce,
39:50il y a différentes versions.
39:52Oui, c'est-à-dire qu'on travaille
39:54comme la prochaine pièce de Sébastien.
39:56Je ne suis pas auteur.
40:00Je vois ce qui pourrait fonctionner
40:02ou moins fonctionner.
40:04Je commence à travailler avec l'auteur,
40:06ce qui s'est passé avec Mon jour de chance.
40:08Ils m'ont proposé une première version,
40:10puis une deuxième, puis une troisième.
40:12C'est comme ça que sur Une idée géniale,
40:14Sébastien m'a dit qu'on a fait 39 versions
40:16à l'écriture.
40:18Quand on commence à répéter, ça y est.
40:20C'est rare, ce genre de choses.
40:22C'est ce qui fait que je n'en ai pas 3 pièces par an.
40:24En même temps, vous êtes acteur et metteur en scène.
40:26Ce n'est pas facile.
40:28Cometteur en scène.
40:30J'ai fait intervenir Agnès Boury
40:32pour m'aider à la mise en scène.
40:34Il se trouve que,
40:36tout à fait par hasard,
40:38elle ne devait jamais jouer dans cette pièce
40:40car Agnès n'a jamais joué au théâtre.
40:42On a fait une lecture un jour de travail.
40:44On lui a demandé de lire le rôle de la voisine
40:46parce qu'on n'avait personne,
40:48avant de faire les auditions.
40:50On s'est dit, pourquoi on cherche ?
40:52C'est comme ça qu'on a demandé à Agnès de jouer le rôle.
40:54Elle avait joué dans quelques séries télé,
40:56notamment Marie-Renaissance dans Hérocorp
40:58de Simon Astier.
41:00Elle a eu un Molière avec cette pièce.
41:02Première fois, première nomination.
41:04Contrairement à moi,
41:06elle a été au bout parce qu'elle a eu le Molière.
41:08Je ne sais pas si elle était contente.
41:10Elle le mérite en tout cas.
41:12On travaille avec 39 versions,
41:14mais ensuite à l'instinct.
41:16Comment ça se passe Sébastien ?
41:18C'était sur scène ?
41:20C'est une mécanique, vous l'avez dit tout à l'heure.
41:22Il n'y a rien de changé.
41:24Il n'y a pas un mot de changé chaque soir.
41:26Après, on est plus ou moins
41:28en connexion
41:30entre nous
41:32et avec les réactions du public.
41:34Je dis bien les réactions, on ne joue pas du tout avec le public.
41:36Moi, le quatrième mur, il est fermé.
41:38C'est-à-dire qu'on est vraiment entre nous.
41:40Mais évidemment, on entend le public.
41:42Seul le public est un autre partenaire.
41:44Bien évidemment.
41:46Mais nous, on continue à raconter la pièce.
41:48L'important, je le dis toujours, c'est la narration.
41:50Une aventure collective,
41:52ce que peu de gens font au théâtre.
41:54Absolument, toujours.
41:56On en parlera peut-être avec l'autre pièce.
41:58Mais d'une manière générale, j'ai toujours travaillé comme ça.
42:00Quelles que soient les pièces,
42:02comme Berlin Berlin,
42:04ou même quand j'ai monté La Gersonnière,
42:06où il y avait 12 acteurs sur scène,
42:08c'était une grosse entreprise.
42:10Il y avait un esprit de troupe très fort.
42:12Pour moi, ça m'importe.
42:14C'est ce que fait Ricounet.
42:16Il la joue lui-même pendant quelques mois
42:18en tournée en Angleterre.
42:20Il va faire évoluer avant d'arriver à Londres.
42:22Ricounet qui est venu vous voir d'ailleurs un jour.
42:24Absolument.
42:26Mais il est venu sur l'amour et enfant de salaud.
42:28Il est venu à la couturière.
42:30Je n'ai pas prévenu les acteurs,
42:32parce que je dis qu'ils vont être terrorisés.
42:34Il parle anglais. Je ne suis pas anglophone.
42:36Donc il y avait un traducteur.
42:38J'avais l'impression d'être à l'OTAN.
42:40J'avais très très peur.
42:42Avec Michel Blanc, on avait coupé une heure.
42:44Il était partout dans la pièce.
42:46Il ne s'y est pas attendu.
42:48Mais le plus merveilleux, c'était la femme de Ricounet
42:50qui m'a dit quand le rideau s'est levé
42:52et que j'ai vu le décor.
42:54Elle m'a dit à la fin de la pièce
42:56que je n'imaginais pas la pièce se jouer dans un autre décor.
42:58C'est fou.
43:00Parce que la scénographie,
43:02pour moi, c'est comme la dramaturgie.
43:04La scénographie, si elle dit tout au départ,
43:06ce n'est pas bien.
43:08Le décor a aussi une dramaturgie.
43:10Le décor doit vivre tout au long de la pièce.
43:12Il doit dire quelque chose tout au long de la pièce.
43:14Ce qui est important,
43:16c'est que dans une idée géniale,
43:18comme dans les autres pièces que vous mettez en scène,
43:20il y a toutes les générations dans la salle.
43:22Certains ont dit que le théâtre de boulevard était mort.
43:24C'est faux.
43:26Là, on l'a vécu véritablement.
43:28Je l'ai vécu même là, avec Berlin,
43:30avec Mon jour de chance.
43:32Et là, maintenant, avec une idée géniale.
43:34On est même hallucinés.
43:36Oui, c'est comme on dit avec Tintin,
43:38c'est de 7 à 77 ans.
43:40Et les jeunes découvrent ça avec bonheur.
43:42Même s'ils ne connaissent pas le théâtre de soirée.
43:44Il y a aussi,
43:46dans la dialectique,
43:48une vraie modernité.
43:50Sébastien fait du théâtre de boulevard,
43:52mais là, aujourd'hui,
43:54ce n'est pas un théâtre de boulevard
43:56où on reprend les vieilles ficelles.
43:58Non, non, non.
44:00Il a cette malice-là, cette intelligence-là.
44:02Il parle aux gens.
44:04Ce qu'on raconte parle aux gens.
44:06Il se trouve qu'il y a d'autres pièces,
44:08notamment.
44:10Votre rencontre avec Patrick Hautecœur
44:12a été déterminante, José-Paul.
44:14Vous êtes connu avec le dîner de cons
44:16que vous avez joué ensemble.
44:18Absolument.
44:20On s'est merveilleusement entendus,
44:22tant humainement et artistiquement.
44:24C'est un bonheur de partager la scène
44:26avec lui.
44:28En plus, c'était compliqué.
44:30C'était lourd pour lui,
44:32déjà, de reprendre le rôle de François Pignon.
44:34On s'est rapprochés.
44:36J'ai un ami qui s'appelle Berlin-Berlin.
44:38Il m'intéresse.
44:40Je lui dis que je suis en vacances.
44:42Il m'envoie la pièce.
44:44Je la lis.
44:46Je l'ai lu l'après-midi.
44:48Le soir même, je l'appelais.
44:50Francis Weber a un point commun avec vous.
44:52C'est la précision du travail.
44:54Lorsqu'il écrit un scénario,
44:56il appelle des copains pour le lire.
44:58Il en tient compte.
45:00Ensuite, quand les comédiens
45:02sont engagés, il passe huit jours
45:04renfermés à la montagne
45:06pour faire apprendre le texte d'un film.
45:08Oui.
45:10J'ai vu sur le tondage.
45:12Après chaque scène, on allait au combo.
45:14Il disait que ça ne va pas.
45:16On refait ça.
45:18Oui.
45:20Berlin-Berlin, c'est un énorme succès aussi.
45:22Oui, c'était.
45:24Berlin-Berlin, dès que je l'ai lu,
45:26ce qui m'a intéressé,
45:28c'était de ne pas faire ce que j'ai l'habitude de faire.
45:30Là, on est dans une comédie d'aventure.
45:32On traite d'un fait historique.
45:34En l'occurrence, la chute du mur.
45:36Ça me rappelait certains spectacles
45:38de Jacques Fabry.
45:40Quand il faisait ses spectacles,
45:42comme Je veux voir Mewsoft.
45:44Je trouvais qu'on ne faisait plus ça à Paris,
45:46qu'il n'y avait plus de spectacle
45:48de comédie historique.
45:50Je trouvais que,
45:52encore une fois, ce qu'ils avaient écrit tous les deux
45:54était merveilleux.
45:56On a fait un gros boulot, un gros travail.
45:58Ce n'était pas simple, mais on s'est régalé.
46:00Et puis, vous avez continué avec Mon jour de chance,
46:02qui est à l'affiche actuellement au Théâtre Fontaine.
46:04Absolument.
46:06Là aussi, il y a eu beaucoup de versions.
46:08On a fait beaucoup de lectures.
46:10Avant de trouver véritablement l'axe
46:12de la pièce.
46:14Mais ça a été...
46:18Pareil, c'était un risque.
46:20Mais comme Berlin.
46:22Ce que j'aime bien dans la comédie,
46:24ça n'a absolument rien à voir.
46:26Là, on est sur un jour sans fin,
46:28sur Mon jour de chance.
46:30C'est ça aussi qui me passionne.
46:32Une idée géniale, on est sur le théâtre de Boulevard Pur.
46:34Ce que je n'aime pas,
46:36c'est de reproduire, quand je monte une pièce,
46:38ce que j'avais fait précédemment.
46:40Et votre précision est telle, José-Paul,
46:42que certains pensent qu'il y a de la magie
46:44dans le décor de Mon jour de chance.
46:46Oui.
46:48Et aussi, même sur Berlin.
46:50Parce que sur Berlin, il y avait deux décors importants.
46:52Et j'avais dit aux auteurs,
46:54le problème, c'est comment on va passer
46:56du premier décor au second décor,
46:58qui n'ont absolument rien à voir.
47:00Et je dis, moi, j'ai pas envie de couper le robinet.
47:02J'ai pas envie d'arrêter la narration.
47:04Alors, je leur ai proposé,
47:06on peut faire quelque chose, c'est une chanson,
47:08entre les deux, on prend le général allemand,
47:10qui va faire une chanson.
47:12Et ce qui n'est l'air de rien,
47:14il va passer le public
47:16sur une autre sphère.
47:18Ce qui fait, quand il a fini la chanson,
47:20les gens ont beaucoup rigolé, applaudi.
47:22Le rideau s'ouvre, et tout d'un coup,
47:24c'est totalement différent.
47:26Comment ils ont fait ça ?
47:28Parce qu'en fait, ils ont été perturbés par cette chanson.
47:30C'était toute petite chose.
47:32C'est le principe de la magie.
47:34Là, on a la magie dans mon genre de chanson.
47:36Moi, je pensais pas que ça serait de la magie.
47:38Tous les soirs, il y a une onde de choc dans la salle.
47:40Comment ils font ?
47:42Comme avec Sébastien,
47:44sur les jumeaux.
47:46C'est pareil, sur Une idée géniale,
47:48les gens ne parlent que de ça.
47:50Comment vous faites ? Vous êtes combien ?
47:52Pour ceux qui nous écoutent à Toulouse,
47:54ils sont nombreux,
47:56parce que c'est notre fief aussi,
47:58il y a au Café les 3 T,
48:00J'ai envie de toi, qui est votre première pièce
48:02que vous avez travaillée avec Sébastien Castro.
48:04La première pièce de Sébastien Castro,
48:06qui se joue au Café les 3 T,
48:08où nous avions rodé, déjà, J'ai envie de toi,
48:10il y a quelques années,
48:12Une idée géniale.
48:14C'est un lieu merveilleux.
48:16Je salue vraiment la direction de ce théâtre.
48:18Et là aussi, quand on parle de modernité dans le boulevard,
48:20tout parle d'une erreur de textos
48:22qui n'existait pas jadis.
48:24Voilà, ce que je vous disais tout à l'heure,
48:26comment ça parle aux gens, tout de suite.
48:28Il se sert de ça.
48:30Comme ça, il y a une prise absolue sur le spectateur.
48:32Et du coup, on n'est pas dans un vieux théâtre.
48:34Et vous n'avez qu'une angoisse,
48:36je crois, José-Paul,
48:38c'est que votre pièce soit la dernière.
48:40Même au bout de 10 000 représentations,
48:42vous avez encore le trac.
48:44Non seulement j'ai le trac,
48:46le jour de la dernière, je parle de l'acteur,
48:48le jour d'une dernière représentation d'une aventure.
48:50Je me dis, bah oui,
48:52c'est peut-être la dernière fois que je joue sur scène.
48:54Et ça sera pareil là,
48:56quand on va arrêter une idée géniale fin décembre.
48:58Je vais me dire la même chose.
49:00C'était peut-être ma dernière pièce.
49:02Alors, vous avez déjà d'autres projets ?
49:04Oui, mais...
49:06bon...
49:08C'est pas une superstition
49:10superflue.
49:12C'est une vraie...
49:14Oui, c'est ancré.
49:16Je sais que ce métier,
49:18il est fragile.
49:20N'oublie jamais cette phrase.
49:22Le plus compliqué dans ce métier, on peut parler de tas de choses,
49:24c'est de ne pas le faire.
49:26À partir du moment où on le fait, tout va bien.
49:28Tout va bien pour l'instant, entre une idée géniale aux variétés,
49:30avec Bonjour de Chance au Théâtre Fontaine
49:32et à Toulouse, les 3 T.
49:34Et la prochaine pièce de Sébastien,
49:36sur laquelle on travaille, pour le Théâtre des variétés,
49:38en rentrée 26.
49:40Vous êtes loin d'avoir terminé.
49:42J'espère.
49:44C'est tout pour aujourd'hui. On se retrouve bientôt.
49:46Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.