Dans Parlons Femmes, Judith Beller reçoit Christine Orban, écrivaine, dramaturge et critique littéraire - auteure de ‘Mademoiselle Spencer’ aux éditions Albin Michel
"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !
Une émission de Judith Beller.
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##DESTIN_DE_FEMMES-2025-04-26##
"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !
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NewsTranscription
00:00La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente
00:05Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:09Bonjour et bienvenue dans Parlons Femmes, l'émission du féminisme autrement à toutes et tous.
00:13Parlons vrai, parlons femme, ensemble, femmes et hommes confondus.
00:16Et pour toutes les femmes, quelle que soit leur culture, leur religion ou leur courant politique,
00:19sur Sud Radio, on parle sans barrière, on parle vrai, évidemment.
00:22Il est de ces livres qui vous touchent au cœur.
00:25Et c'est ce qui s'est passé pour ma part avec le nouveau roman de Christine Orban,
00:27Mademoiselle Spencer, sortie chez Albain Michel.
00:30Christine, vous êtes une auteure et dramaturge française reconnue
00:32et vous avez choisi pour cet ouvrage de donner une voix à la regrettée Lédidie.
00:36C'est à travers elle que nous découvrons son histoire,
00:38à travers ses mots que nous comprenons son enfer.
00:40Un point de vue nouveau et un acte féministe en soi que se partie prie.
00:43Christine Orban, bienvenue dans Parlons Femmes.
00:46Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:49Alors, Christine Orban, ici on parle vrai et quand on parle vrai, on parle femme sur Sud Radio.
00:53Est-ce que vous êtes prête pour quelques questions bien senties ?
00:56Absolument.
00:57Alors, rapprochez-vous du micro quand vous parlez.
00:59Je vais me permettre de...
01:00Voilà, super.
01:02Alors, le premier, quel mot ou quelle image vous vient spontanément quand on vous parle de féminisme ?
01:07De féminisme ?
01:09Moi, je vois immédiatement Virginia Woolf.
01:11Ah, c'est une bonne référence.
01:14C'est une bonne référence.
01:15Pourquoi elle ?
01:15Et j'ai écrit sur Virginia et Vita.
01:18Et sa position est finalement la mienne.
01:24D'ailleurs, on lui demandait pourquoi elle écrivait surtout sur des femmes et elle répondait tout simplement, mais c'est ce que je connais le mieux.
01:30Et c'est ce que vous avez envie de répondre aussi ?
01:32Oui, évidemment.
01:33Et puis, sa façon de lutter, c'était en écrivant des livres.
01:36Donc, ça, je comprends.
01:38Je fais la même chose.
01:39Et quand elle écrit Orlando, en fait, c'est pour permettre à Vita d'hériter.
01:45Alors, elle ne peut pas hériter dans la vraie vie parce qu'en Angleterre, en 1927, les femmes ne peuvent pas hériter.
01:50Mais Orlando, devenu homme, le grand pouvoir de l'écrivain, peut hériter.
01:57Donc, tout ça, c'est magique, c'est génial.
02:00Et si je suis féministe, c'est à sa manière, en écrivant.
02:05Si vous pouviez supprimer un seul stéréotype sur les femmes d'un claquement de doigts, lequel c'est ce que ça serait ?
02:11Eh bien, peut-être celui qu'on donnait à Marie-Antoinette, sur qui j'ai écrit aussi.
02:18Oui, tout à fait.
02:19Et c'est les a priori.
02:22Et moi-même, je me suis rendu compte que j'avais été contaminée, que j'avais un a priori sur Marie-Antoinette,
02:28que je pensais qu'elle était futile, légère.
02:32Et au fond, en étudiant sa vie, je me suis rendu compte qu'elle a été d'un courage incroyable
02:38quand elle est aux tuileries et quand elle est emprisonnée.
02:45C'est vraiment tout le contraire de ce qu'on a dit.
02:48Donc, je me bats contre les a priori faites aux femmes.
02:52Et ça, il y en a toujours.
02:54Il y en a toujours et tellement, effectivement.
02:56Alors, justement, quelle mesure concrète aujourd'hui autour du droit des femmes, selon vous, a vraiment changé la donne ?
03:03Autour, pardon ?
03:04Qu'est-ce qui a fait que dans le droit des femmes, est-ce qu'il y a une mesure concrète qui a fait que la donne a changé ?
03:08Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ?
03:09L'égalité des salaires, pas si on y est exactement...
03:13On n'y est pas tout à fait à priori.
03:14Pas tout à fait, vous voyez.
03:15Encore 24% de moins pour les cadres.
03:17Ah oui.
03:19Mais se battre pour l'égalité des salaires et je trouve...
03:24L'argent, quoi. L'argent, c'est le nard de la guerre.
03:25Juste.
03:26Oui, bien sûr.
03:27Et qu'est-ce qui vous agace, s'il y avait quelque chose qui vous agace dans le féminisme d'aujourd'hui, Christine Orban ?
03:32Contre les hommes.
03:33Oui.
03:35On peut être féministe sans être contre les hommes.
03:38C'est ce qu'on fait ici.
03:38Me semble-t-il.
03:39Oui, tout à fait. C'est important de le dire.
03:41Alors, on parle de femmes ici, on parle de vous.
03:43Parlons vrai sur Sud Radio.
03:44Simone de Beauvoir nous disait, on n'est pas femme, on le devient.
03:47Elle disait ça dans le second sexe.
03:48Est-ce que vous savez quand vous êtes devenue femme, vous, Christine Orban ?
03:51Si je sais quand est-ce que je suis devenue femme, oh là là, je n'ai pas chanté comme Nicole.
03:55On croise-t-il dans les bras d'un homme.
03:59J'ai mis beaucoup de temps.
04:01J'ai joué à la poupée extrêmement longtemps, ce qui a follé mes parents.
04:07Je n'avais pas très envie de devenir femme.
04:09Ce mot me faisait peur.
04:11J'avais envie de rester une petite fille.
04:15D'ailleurs, j'ai écrit mon premier livre, c'est « Les petites filles ne meurent jamais ».
04:18Je pense qu'on demeure la petite fille qu'on a été.
04:22Donc peut-être qu'on n'est jamais vraiment femme, finalement.
04:23En tout cas, si je le suis, c'est assez récent.
04:27D'accord.
04:30J'ai mis beaucoup de temps.
04:31Je ne voulais pas quitter mes chevaux.
04:33Je ne voulais pas quitter le monde de l'enfance.
04:37J'ai eu du mal.
04:38Non, je ne me suis pas sentie femme très tôt.
04:43Peut-être maintenant un peu, oui.
04:44Je rappelle votre livre, Christine Orban.
04:47Votre livre, c'est « Mademoiselle Spencer » qui est sorti chez Elbin Michel.
04:51Donner sa voix à Lady Ditt, tel que vous le faites, c'est donner son point de vue, je le disais.
04:55Ça marche.
04:56Vous arrivez à nous donner l'impression que c'est vraiment elle qui nous raconte l'histoire.
04:59Des fois, on se perd là-dedans, d'ailleurs.
05:01Le cœur se serre, souvent.
05:03Ça marche, ça prend au trip, Christine Orban.
05:04Est-ce qu'on a envie de savoir comment vous l'avez abordée ?
05:08Comment vous avez pris ce risque ?
05:10Parce que c'est un risque aussi littéraire de donner sa voix à quelqu'un d'aussi important.
05:14Oui, c'était un risque aussi parce qu'il y avait aussi beaucoup d'a priori sur elle.
05:20Bien sûr.
05:20C'était un personnage people.
05:22Alors, je suis protégée parce qu'avant, j'étais avec Jacqueline Pascal et Blaise Pascal.
05:28Oui, on va en reparler.
05:29Si je m'intéresse à elle, c'est qu'il y avait quelque chose...
05:31Elle est beaucoup plus profonde que ça, en fait.
05:33Elle n'est pas du tout people.
05:34Elle n'est pas malgré elle, presque.
05:36Et puis, c'est aussi le drame d'une femme qui a été choisie pour un mariage presque forcé,
05:43pour lui aussi, d'ailleurs.
05:45Elle est complètement convaincue par sa famille qu'il faut épouser le prince d'Angleterre.
05:53C'est une famille royaliste.
05:55À part sa sœur qui lui dit, n'y va surtout pas.
05:57Tu vas te retrouver dans une prison dorée, c'est l'enfer.
05:59Exactement.
06:00Qui, elle, d'ailleurs, s'arrange pour pas y aller aussi.
06:02Elle n'est pas assez sûre d'elle pour dire non.
06:05Et puis, elle est amoureuse aussi.
06:06Elle est amoureuse comme presque toutes les petites anglaises.
06:10Elle est tombée amoureuse, elle, très tôt, à 8 ans.
06:13Elle sait que c'est...
06:15Elle est fascinée le jour où la reine d'Angleterre intronise son fils, prince de Galles.
06:21Elle est là, elle est devant la télé, alors que son père a fait venir un éléphant
06:25pour fêter ses 8 ans dans le jardin.
06:28Elle veut...
06:29Donc, le jour du mariage, elle se dira, il m'a vu 10 fois.
06:32Moi, je l'ai vu 200 fois à la télé.
06:35Alors, c'était aussi une féministe qui s'ignore quelque part les didis.
06:39Parce que, grâce à son histoire, vous le dites, ça, les mariages arrangés sont chose du passé
06:43dans la famille royale anglaise et en général.
06:45C'est plus pratique qu'usuel aujourd'hui.
06:47Oui, je pense.
06:47Donc, elle, c'est un acte important quand même.
06:49Elle a...
06:50Exactement, grâce à elle.
06:52Non seulement, grâce à elle, je pense que l'attitude va changer.
06:57Elle a porté de la grâce de l'humanité.
07:00Mais en plus, ça a été un tel drame, ce mariage obligé, avec la fin devant la BBC,
07:06que forcément, il n'y aura plus de mariage forcé.
07:11D'ailleurs, vous n'allez pas plus loin que cette fin-là.
07:13Pourquoi ?
07:14Surtout pas plus loin, parce qu'après, elle part en vrille.
07:17Et ça n'était pas mon objectif.
07:20Mon objectif, c'est la libération de cette femme.
07:24Et sa libération, c'est ce courage d'aller dire sa vérité devant la BBC.
07:30Elle va tout balancer.
07:31C'est complètement fou.
07:33C'est complètement dingue.
07:34C'est une sorte de suicide.
07:37Elle va dire que le prince n'est pas capable d'être roi,
07:40qu'elle a des amants, qu'elle l'adore.
07:43Tout ça est de la vengeance, évidemment.
07:45Elle aurait rêvé d'un mariage d'amour.
07:50Mais c'est ça qu'on apprend aussi, parce que c'est vrai qu'on a parfois peut-être tendance à l'oublier,
07:55qu'en fait, au départ, c'est une femme blessée.
07:57C'est une femme blessée.
07:58Donc, je commence ce livre par cette blessure qui va la poursuivre toute sa vie.
08:03C'est quand sa mère l'abandonne, abandonne ses enfants.
08:06Pour un homme, d'ailleurs.
08:08Voilà.
08:08Le traumatisme de l'abandon qui va la poursuivre.
08:11Alors, forcément, elle va vivre de manière encore plus dramatique
08:15la tromperie de Charles.
08:20Et elle retourne le couteau contre elle.
08:23Son drame est en fait un drame qui se passe, évidemment, dans la monarchie,
08:28mais qui peut toucher tout le monde.
08:29aimer quelqu'un qui ne vous aime pas ou qui en aime une autre,
08:33c'est une chose qui peut être commune et qui peut se passer dans tous les...
08:36Oui, qui a dû arriver à peu près au moins une fois à tout le monde.
08:39Voilà, dans tous les milieux.
08:40Et elle, elle n'est pas sûre d'elle.
08:42Et si Charles ne l'aime pas, elle ne peut pas s'aimer.
08:45Mais surtout, elle est coincée, quoi.
08:46Elle est coincée, exactement.
08:48Elle est coincée, mais elle retourne le couteau contre elle.
08:50Elle se scarifie, elle s'ouvre les poignets, elle se jette dans l'escalier.
08:54Et puis, elle est boulimique, etc.
08:56Puis, il y a aussi une histoire sur le destin,
08:58parce que, donc, on le dit, c'est sa sœur qui lui dit
09:00surtout n'y va pas, qu'elle dit non.
09:03Et puis, c'est la grand-mère de Diana qui l'a choisie à sa place.
09:06C'est une proche de la grand-mère, de la reine.
09:10Et puis, finalement, c'est une petite décision de se laisser aller
09:14et de ne pas aller contre, en fait, cette volonté parentale,
09:17en tout cas des grands-mères, qui change complètement sa vie.
09:20Donc, c'est un moment, un instant, cette décision-là
09:22qui change totalement le cours de sa vie ensuite.
09:25Donc, vous nous parlez du destin, des choix.
09:27Oui, ça m'intéresse beaucoup.
09:30La main du destin, dans beaucoup d'héroïnes que j'ai étudiées,
09:34la main du destin tombe sur elle.
09:37Et en étudiant Diana, on se rend compte qu'on ne peut pas en sortir.
09:41À chaque fois, elle va prendre la mauvaise porte, la mauvaise route.
09:46Et que ça va finir comme ça finit, contre un mur.
09:52Et avant, ce suicide social, elle ne veut pas divorcer.
09:57Mais le divorce, évidemment, la reine l'appelle le lendemain de l'émission.
10:00C'est fini.
10:01Mais elle fait tout pour qu'on la divorce.
10:06Elle était pleine de contradictions, quoi, aussi.
10:08Comme on est toutes, en fait, finalement.
10:10Elle voulait, en fait, c'est comme une enfant.
10:13Elle voulait la vérité.
10:14Elle voulait que les gens sachent qu'elle n'était pas heureuse.
10:17et que les photos sur lesquelles on la voit, souriante, un bibirose sur la tête...
10:24Un bonbon.
10:25Voilà, un bonbon et un bouquet de fleurs, sont de la triche.
10:30Ce n'est pas vrai.
10:31Elle est comme une enfant.
10:32C'est triché.
10:33Ce n'est pas vrai.
10:33Elle veut qu'on connaisse la vérité au-delà des photos cartes postales.
10:38Sur Sud Radio, les femmes sont au centre.
10:41Et notre voix reste forte.
10:42On parle femme parce qu'on parle vrai.
10:43Christine Orban, écrivaine, dramaturge et auteure de Mademoiselle Spencer chez Albain Michel,
10:48reste avec nous.
10:48Eh bien, on revient.
10:49A tout de suite.
10:50La Caisse d'épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes,
10:54vous présente Sud Radio.
10:57Parlons femmes, Judith Belair.
10:59Bienvenue dans Parlons femmes sur Sud Radio,
11:01l'émission qui dépoussière le féminisme
11:02pour en faire un terrain d'union entre femmes et hommes.
11:04Au nom de l'égalité, ici, nous parlons vrai.
11:07Et aujourd'hui, une voix sensible et percutante pour vous,
11:09Christine Orban, plume acérée, esprit libre et autrice
11:12de Mademoiselle Spencer chez Albain Michel.
11:14Même si je préfère dire auteur, avec un E à la fin, c'est plus joli.
11:17Qu'est-ce que vous en pensez, Christine Orban ?
11:18Oui, absolument.
11:19Vous êtes d'accord ?
11:19Je préfère auteur.
11:20C'est quand même bizarre, cette féminisation des mots.
11:22On peut en parler deux minutes.
11:23Vous qui êtes écrivain, justement, écrivaine, vous pourriez dire.
11:27Qu'est-ce que vous...
11:29Pourquoi est-ce que vous pensez que c'est aussi important
11:31pour certaines féministes de les féminiser ?
11:33Et pourquoi, finalement, ça n'a pas tant d'importance que cela ?
11:37Je trouve que ça n'a pas d'importance parce que notre personnalité suffit.
11:41Et puis, comme moi, on a écrit 25 romans,
11:45on a été auteur, écrivain.
11:48Alors après, on vous rajoute un E, pourquoi pas ?
11:51Mais autrice, je trouve que c'est laid.
11:56Oui, c'est ça.
11:57Voilà, c'est le problème.
11:59Ce n'est pas un mot joli.
12:00Oui, je préfère auteureux, pourquoi pas ?
12:03Écrivaine, pourquoi pas ?
12:05Mais romancière, c'est joli, romancière aussi.
12:08Oui, très joli, tout à fait.
12:10Mais autrice, il y a un mot dur, il y a de la tristesse dedans.
12:16Il y a tout à fait de la tristesse dans autrice, c'est vrai, je n'y avais pas pensé.
12:20Il faut faire attention à comment on fait évoluer le langage.
12:22Finalement, pour mon livre, j'ai osé dire non.
12:25On va garder auteur avec un E.
12:28C'est bien, bravo.
12:29Alors justement, Christine Orbon, au sujet de Diana, je rappelle votre livre,
12:32Mademoiselle Spencer chez Elbin Michel, vous parlez d'achever ce qu'elle voulait.
12:38Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
12:39Vous parlez d'achever ce qu'elle voulait, en fait ?
12:41Oui, de la continuer, en fait.
12:44Pour moi, c'était important de continuer son oeuvre.
12:51Elle l'a extrêmement maladroitement exprimée devant la BBC.
12:56Et elle s'est créée des ennemis, forcément, en Angleterre.
13:03Et malgré ça, les gens ont quand même compris.
13:07Mais tout ce qu'elle voulait dire, j'ai pris tous ces interviews,
13:14j'ai pris ces discours, ces écrits, ces petites phrases,
13:18et je l'ai reconstituée, je l'ai continuée.
13:23Voilà, j'ai continué Diana et j'ai l'impression que je suis dans ce qu'elle voulait exprimer.
13:33En tout cas, c'est ce qu'on ressent, on vous lise, on a vraiment l'impression de la lire elle.
13:36Je pense que c'est ce qu'elle voulait qu'on dise.
13:39Vous savez, c'est une des personnes les plus aimées au monde des femmes,
13:42les plus aimées, une des trois les plus célèbres.
13:45On n'atteint pas ce niveau d'amour et de la princesse des cœurs
13:51s'il n'y a pas quelque chose d'exceptionnel dans cette femme.
13:56Comment elle a lutté contre sa douleur, en fait, en aidant les autres.
14:01C'est comme ça qu'elle s'est consolée.
14:04En allant voir Mère Thérésa, en embrassant les malades du sida, les enfants.
14:13Donc, elle a aussi un côté, et en vendant toutes ses robes,
14:18donc le côté glamour que certains pouvaient lui reprocher,
14:21elle a tout vendu pour donner à son association.
14:24C'était une sacrée bonne femme, comme on dirait.
14:27Est-ce que vous êtes, toutes ces femmes sur lesquelles vous écrivez,
14:29on n'a pas de Marie-Antoinette aussi, puis la sœur de Pascal,
14:32est-ce que vous vous êtes sentie parfois habité par elle ?
14:35Est-ce qu'elle rentre en vous ?
14:38Comment ça se passe quand vous écrivez sur elle ?
14:40Totalement.
14:41D'abord, ça reste mes meilleurs amis.
14:43J'ai des meilleurs amis très chics.
14:47Mais ça correspond à quelque chose de très profond en moi.
14:52Et on me pose souvent la question de passer de la famille Pascal à Buckingham,
14:58de Port-Royal à Buckingham.
15:01Mais à chaque fois, il y a quelque chose.
15:04Ce sont toutes des femmes qui sont mortes entre 36 et 38 ans.
15:09Et au fond, je vais faire une petite analyse très sauvage là,
15:12mais je me suis aperçue que ma petite sœur était morte entre 36 ans aussi.
15:18Vous vous êtes aperçue de ça de quand ? Quand est-ce que ça vous est venu ?
15:21Je l'ai découvert peut-être avant-hier.
15:26D'accord.
15:28Cette passion pour prolonger la vie de ces femmes
15:32correspond très probablement à quelque chose de très profond en moi.
15:38Et de les garder, de les étudier,
15:42j'ai toujours beaucoup de mal à rendre mon livre.
15:45Je n'ai pas envie, je me sens bien avec elle.
15:47Et même, c'était...
15:49Vous voyez, Virginia Woolf, son mari était aussi éditeur comme le mien.
15:54Il y avait une vraie comparaison.
15:56Même Marie-Antoinette, il y avait des choses qu'on avait en commun
16:01dans les souffrances, dans les regards des autres.
16:05Et là, c'est vrai que c'était plus compliqué.
16:08Eh bien non.
16:10Diana, je me suis très bien entendue avec elle.
16:13Elle devait être incroyablement exquise, cette femme, en fait.
16:17Oui, et je me suis fondue en elle.
16:20Et j'ai eu envie, ce que j'utilise rarement, en fait,
16:24d'utiliser, j'appelle ça ma caméra intérieure.
16:27D'accord.
16:28De me glisser en elle.
16:30Donc vous avez écrit en voyant, quoi, c'est ça ?
16:32Oui, oui, en étant elle, c'est un peu douloureux,
16:39parce qu'elle va vivre des choses avec Charles qui sont très douloureuses,
16:44même si je ne l'attaque pas, parce qu'il est une victime lui aussi.
16:50Évidemment, il fait des choses.
16:51Oui, non, mais je raconte, tous les faits sont vrais.
16:54Oui, oui, non, mais c'est une victime, mais bon.
16:56Ils se sont passés, ben oui, il aime une autre femme.
16:58Oui, oui.
16:58C'est son drame à lui, c'est un héros de tragédie.
17:03Il est cartelé entre l'amour du pouvoir,
17:07il aurait pu dire non comme son oncle,
17:09et l'amour d'une femme,
17:12et finalement, il se dit, je vais pouvoir cumuler deux femmes et le pouvoir.
17:16Les trois.
17:16Oui, les deux maintenant.
17:17Vous aimez Marie-Antoinette, toutes ces femmes-là,
17:23maintenant Diana.
17:25Vous aimez nous parler des femmes que l'histoire a mis en cage aussi.
17:28Que l'histoire a mis en cage, ces femmes-là.
17:30Ah, vous avez raison.
17:31Oui, oui.
17:33Il y en a plein d'autres.
17:35Il y a aussi Cali Crudel, il y a toutes ces femmes-là, en fait.
17:38Perroine de Méricourt.
17:40Oui, mais c'est leur libération.
17:42Et en fait, je fais dire à Diana ce qu'elle pense,
17:45c'est parce que je porte une couronne sur la tête,
17:47on ne va jamais croire à mon chagrin, à mon désespoir.
17:51C'est vrai qu'on se dit, il ne faut pas exagérer,
17:54mais je pense qu'on était plus heureux à Port-Royal qu'à Buckingham,
17:57quand on n'est pas aimé.
17:58Ça a été terrible pour elle.
18:00Alors, bon, on a moins de pitié pour une princesse qui pleure,
18:05et c'est peut-être aussi, ça fait partie de sa tragédie aussi.
18:10La douleur n'a pas de couleur ou de position sociale.
18:13Ça, c'est important de le dire aussi.
18:15Elle ne peut pas être aimée.
18:16Quand on veut être aimée, Diana ne veut pas être reine.
18:20Ce n'est pas une ambitieuse.
18:21Elle ne veut pas être reine, elle veut être aimée de Charles.
18:23Mais elle se prend pour la princesse de la Belle au bois dormant un petit peu.
18:27Exactement.
18:28Le fait d'écrire, ça répare.
18:31Est-ce que vous les réparez, elle, quelque part, un petit peu,
18:34Christine Orban, ces femmes-là ?
18:35En tout cas, en leur donnant cette continuité.
18:37Qu'est-ce que vous réparez en vous, mis à part votre sœur ?
18:40Sûrement beaucoup de choses, mais je sais que l'écriture fait partie de ma vie,
18:46que je vis un petit pied dans la réalité et un grand bien posé dans l'imaginaire,
18:53que sans l'imaginaire, donc sans cette vie magique,
18:57je ne supporterais pas la vie.
19:00Donc, on refait le monde comme on l'aime.
19:04On voyage au travers aussi, j'ai une grande curiosité,
19:07des siècles, vers les situations.
19:13C'est infini, en fait.
19:15Oui, c'est magique.
19:17On demeure la petite fille qui ne meurt jamais,
19:20qui jouait à la poupée, qui s'amusait à inventer des destins.
19:24Alors là, je le fais différemment avec mon stylo
19:27et avec des personnages qui me fascinent.
19:33Mais j'ai aussi écrit sur un homme, sur Gustave Courbet.
19:36Oui, tout à fait.
19:36Ce n'est pas n'importe qui non plus.
19:38Non, mais sa relation avec Johanna Yferman
19:41pendant l'essai On se dépose,
19:44et ça, c'est un sujet pour les féministes.
19:46Comment une femme a osé,
19:47pourquoi essayer de comprendre, poser dans cette...
19:50C'est aussi un acte féministe.
19:52Bien sûr.
19:53Qu'est-ce que vous diriez à la jeune femme
19:55que vous étiez à 20 ans, d'aujourd'hui ?
19:58Qu'est-ce que vous lui enverriez comme message ?
20:00Écoutez, j'ai toujours été, finalement, assez sage.
20:13Peut-être de l'être un peu moins.
20:15D'accord.
20:15J'ai écrit un livre qui s'appelle
20:17« Est-ce que tu danses la nuit ? »
20:19Au fond, je n'ai peut-être pas assez dansé la nuit.
20:21D'accord.
20:21Donc, je vais vous dire « Il va en boîte de nuit. »
20:24Va danser, va danser.
20:25C'est un bon conseil.
20:28Si vous aviez un souhait, Christine Orban,
20:30réalisé comme ça, un souhait,
20:32quel serait le premier souhait que vous auriez envie de réaliser ?
20:36Là, tout de suite,
20:39trouver un petit refuge à la campagne
20:42pour m'éloigner.
20:44Pour écrire ?
20:46Oui.
20:46Vous avez besoin de vous isoler quand vous écrivez ?
20:48J'ai besoin.
20:50Non, à Paris, je suis seule toute la journée
20:53et je me promène une heure ou deux par jour.
20:57Mais sinon, je reste seule.
21:00Oui, il faut du silence, évidemment, et de la solitude.
21:05Vous avez des horaires précis de création ?
21:07Très tôt le matin.
21:08D'accord.
21:09Vous n'êtes pas la première écrivaine à me dire ça,
21:12que c'est le matin.
21:13Ah oui, très tôt.
21:14Mais je me lève tout le temps à 5h du matin.
21:16J'ai un petit déjeuner, puis je vais travailler.
21:19Et je ne me sens jamais seule
21:20parce que je suis avec mes personnages de romans
21:24et il m'habite incroyablement.
21:27Là, on me dit, sur quoi tu écris ?
21:30Je dis, mais je suis avec Diana.
21:32Je ne peux pas écrire pour l'instant,
21:34pendant ce moment de promotion.
21:35Écoutez, elle m'a déjà marquée aussi, Diana.
21:39Très, très joli livre que je vous recommande
21:40à toutes et à tous.
21:42Mademoiselle Spencer, c'est sorti chez Albin Michel
21:44de Christine Orban.
21:45Merci d'être venue par chez nous.
21:46Je vous dis, merci.
21:47A très bientôt.
21:48Nous, on a rendez-vous samedi prochain
21:50pour un nouveau Parlons Femmes.
21:51Et puis demain, c'est excellent, à 19h.
21:53Merci à Quentin qui réalise pour vous aujourd'hui.
21:55Puis bisous, bisous.
21:56Bye.
21:56Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
22:00Avec la Caisse d'épargne Ile-de-France,
22:02fière de soutenir toutes les femmes.