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Les clefs d'une vie avec Catherine Tanvier

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-04-08##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Les clés d'une vie, celles de mon invité, les revers ont fait votre bonheur mais aussi
00:07votre malheur, tout au long de tournois de tennis qui ont fait de vous une championne
00:11en herbe mais sur terre battue.
00:12Vous racontez aujourd'hui dans un livre comment vous êtes devenue, loin des cours, une enfant
00:16de la balle.
00:17Bonjour Catherine Tanvier.
00:18Bonjour, bonjour.
00:19Merci.
00:20On connaît votre parcours de championne, on va découvrir aujourd'hui grâce à un
00:25livre, un film à rôle, votre parcours d'actrice chez Jean-Luc Godard qui est aussi une façon
00:32de connaître Godard autrement mais le principe des clés d'une vie, puisque vous connaissez
00:36l'émission, c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates-clés et la première
00:39que j'ai trouvée, c'est le 18 mai 1982, votre première télé, ça s'appelle La Championne,
00:45le patron et la patronne, un reportage d'Alain Escoubet, je ne sais pas si ça vous dit quelque
00:49chose.
00:50Pas du tout.
00:51C'est un reportage de 7 minutes où on dit que vous êtes un espoir du tennis féminin
00:56et où on fait votre panégérie pendant 7 minutes.
01:00Vous ne vous souvenez pas de ce reportage ?
01:01Absolument pas.
01:02Ça a été tourné au Cap d'Agde où vous vous entraîniez.
01:04C'est fou hein ?
01:07J'ai aucun souvenir mais je suis pro déjà depuis un an et demi.
01:11Exactement, vous avez 17 ans là, vous aviez commencé à 15 ans et ce reportage est présenté
01:17comme une fable alors que vous avez toutes les chances, dit le journaliste, de vivre
01:20un conte de fées car effectivement on croit en vous.
01:23Oui, absolument.
01:24De toute façon, j'avais déjà un an et demi de circuit professionnel.
01:29Je suis la meilleure joueuse française à 17 ans et je commence de manière très précoce,
01:36c'est sûr.
01:37Donc je ne laisse pas les gens indifférents.
01:38Et puis le tennis féminin à l'époque est encore balbutiant.
01:42Il faut savoir qu'il a été présent, je ne sais pas si vous le savez, Catherine Tanvier,
01:46dès les premières éditions des Jeux Olympiques en 1900.
01:48Il y avait déjà du tennis féminin bien avant que Suzanne Lenglen devienne la reine
01:52des cours.
01:53Oui, et d'ailleurs elle sera privée des Jeux Olympiques parce que c'est une professionnelle.
01:57Exactement.
01:58Et on l'avait considérée comme une diva à l'époque.
02:00Mais c'était une diva.
02:02Elle avait un jeu extraordinaire pour l'époque.
02:04Oui, elle séduisait aussi toute l'aristocratie à l'époque.
02:07Elle était demandée pour des exhibitions.
02:09C'est un parcours hors normes, la vie de Suzanne Lenglen.
02:13Si, titre à Wimbledon, ce qui est énorme pour une femme.
02:16Et la première championne femme plus jeune de l'histoire, c'est Leighton Ewitt qui a
02:23eu son premier titre à 16 ans et 10 mois à Adelaide en 1998.
02:27Ce n'est pas Brisbane ?
02:28Non, c'est Ewitt avant.
02:29Elle avait quelques mois de moins.
02:30C'est ça alors.
02:31C'est fou, hein ?
02:32Brisbane.
02:33Ce n'était pas Brisbane qui fait le Grand Prix, son premier Grand Prix.
02:35C'est marrant.
02:36Mais vous avez peut-être raison, il n'y a pas de soucis.
02:38Alors, votre naissance, dans ce reportage, on dit que vous êtes née à Oran alors que
02:43vous êtes née à Toulouse.
02:45Oui, en fait, je vois le jour à Oran, en Algérie, puisque je n'ai pas de souvenirs
02:50avant.
02:51Je suis bien née pourtant à Toulouse.
02:53Très vite, dès que vous étiez enfant ?
02:55Oui, à l'âge de 3 ans, puisque je vivrai à Oran cette année, c'est là-bas que j'apprends
03:01à jouer au tennis.
03:02Déjà, c'est venu très jeune ?
03:04Oui, vous savez, on avait l'habitude de passer nos fins de journée et les week-ends dans
03:11un club de tennis, où il y avait aussi la natation, avec ma sœur qui adorait aussi
03:15la natation et qui est devenue d'ailleurs championne.
03:17Et votre mère aussi faisait du tennis ?
03:19Mes parents faisaient du tennis, nous étions une famille vraiment sportive, oui, à la
03:25base.
03:26Et tout de suite, on a compris que vous aviez quelque chose de plus, Catherine Tanvier.
03:29En tout cas, je l'ai fait comprendre.
03:31En fait, mon premier tournoi, c'était celui de mon club, quand j'ai 10 ans et je demande
03:39à jouer chez les Dames.
03:40Il y avait le tournoi des Dames et on me dit non, non, non, va jouer au mur, on me rejette
03:43encore au mur.
03:44Je dis non, non, non, je veux, j'ai commencé vraiment avec l'insistance, et je suis acceptée
03:50finalement dans le tableau.
03:51Le président a à peine de me voir réclamer, donc il me dit, allez d'accord, tu rentres
03:57dans le tournoi et en fait, je le gagne.
03:59Et voilà.
04:00Mais je crois aussi que vous avez un jour battu votre mère, elle était en demi-finale
04:04et vous l'avez battue.
04:05C'est elle qui se fait battre et je dois jouer la femme qui l'a battue et elle se
04:12désistera en finale, trop peur de devoir subir une défaite contre moi.
04:18Elle part au Maroc prétextant une excuse.
04:21Donc je gagne mon premier tournoi en fait, sans jouer ma finale.
04:23Alexandria, en fait, votre mère était aussi une championne de tennis.
04:27Non, elle a été plutôt dans l'athlétisme, elle a été, je crois, championne de France
04:33par équipe du, vous savez, le 4x80, universitaire, où il y avait déjà une championne à la
04:41famille.
04:42Alors, ce qui est extraordinaire, c'est que dans ce reportage, il y a votre coach,
04:44Steve Myers, qui dit qu'au départ, il vous avait pris pour un garçon, Catherine Tanguier.
04:49Oui, mais j'étais assez garçon manqué à l'âge de 14 ans, 15 ans, puis après,
04:55je me suis...
04:56Au départ, il pense que je suis un garçon, donc il demande à jouer parce que j'étais
05:00encore sur les cours à 7 heures du soir.
05:02Je vois arriver ce grand gaillard et trop content de trouver encore un partenaire avec
05:05qui taper la balle.
05:06J'accepte son invitation et là, il remarque à un moment donné que je ne suis pas un
05:10garçon, donc une fille.
05:11Il est plutôt impressionné par mon niveau et il s'intéresse à moi et je suis à un
05:17an de tournée professionnelle, donc là, il accepte de m'entraîner.
05:22Vous savez, ce n'était pas n'importe qui, Steve Myers faisait partie, à l'époque,
05:27de cette équipe australienne, Peter McNamara, Paul McNamé, donc c'était vraiment le trio
05:35à l'époque.
05:36Il avait été d'ailleurs champion d'Australie Junior, mais à 25 ans, il sent qu'il décroche
05:41et il tombe sur moi et là, je l'intéresse et moi, je suis à une année de passée pro,
05:49donc là, on travaille ensemble.
05:50Il se trouve que ce côté garçon aussi, vous l'avez manifesté dans l'enfance où
05:54vous ne jouiez pas avec des poupées, mais avec les garçons au foot, Catherine Tanguier.
05:58En fait, au foot, ça c'est quand je rentre en France, mais au tennis, au mur, je joue
06:03avec Mohamed, le fils du concierge, encore une fois, je n'ai pour partenaire qu'un mur
06:10et à côté, j'ai tous les garçons, les jeunes garçons du club qui viennent jouer
06:15aussi au mur.
06:16Comme moi, nous n'avions pas le droit au cours de tennis, donc je me retrouvais avec
06:20cette bande de copains avec qui jouer contre le mur.
06:24Et la première qui vous a repéré et entraîné dans cette direction, c'est votre mère aussi.
06:28Elle, elle voit le niveau que je présente très rapidement.
06:32C'est elle qui va m'orienter, alors quand on rentre en France, c'est en 1975, très
06:37vite, elle m'inscrit dans un club important à Rambouillet et nous habitons les Yvelines
06:45et de là, je commence à gagner le championnat de ligue d'abord, puis ensuite, je suis invitée
06:52à aller faire le championnat de France et je crois que je finis dans les cinq premières
06:55en l'espace de six mois, depuis mon retour d'Algérie.
06:57C'est fou, vous avez été aussi championne de France cadette.
07:00Après, ça va très vite.
07:01D'abord Minime, un an et demi après, ou deux, je deviens championne de France Minime
07:06et ensuite cadette.
07:07Mes cadettes, c'était à Paris parce que j'étais déjà professionnelle, alors j'ai
07:11voulu faire ça pour m'amuser.
07:12Vous êtes bien amusée ! Alors il se trouve aussi que tout ça s'est fait au détriment
07:16de vos études car vous avez été très peu à l'école.
07:20J'arrête mes études en début de quatrième tout simplement parce que j'avais quasiment
07:26tout gagné et que la voie internationale s'ouvrait à moi d'une manière logique,
07:32par déduction.
07:33Donc, je tente ma chance sur la scène internationale.
07:37Je gagne déjà ma vie en faisant des tournois, comme on dit, de plage, qui m'apportaient
07:42un peu de finance car je me suis totalement autofinancée dès l'âge de 15 ans et je
07:47prends la route internationale pour ensuite en découdre avec les pros, tout simplement.
07:52Mais les études, ça ne vous a pas manqué, Catherine Tanvier ?
07:55Non, parce que j'ai l'ambition de suite de partir sur la scène internationale.
07:59Quand on est jeune, franchement, les études, c'est la dernière chose à laquelle on dit
08:03« ah non, j'en veux encore ».
08:04Non, c'était tout le contraire.
08:05Moi, j'ambitionnais vraiment une carrière professionnelle et ça se présentait à ce
08:10moment-là.
08:11C'était un chemin logique pour moi, par déduction, puisque j'avais tout gagné au
08:18pays.
08:19Votre mère a d'ailleurs dit qu'on ne peut pas faire des études tout en faisant du tennis
08:22en France, on peut le faire aux Etats-Unis et elle citait comme exemple Yehudi Minouine
08:25qui avait arrêté les études très tôt pour devenir un violoniste hors normes.
08:30Ah ben voilà, oui.
08:31Écoutez, il n'y a pas de haut niveau sans sacrifice et pour moi, ça passait par le sacrifice
08:36des études.
08:37Ça va me manquer après.
08:38C'est-à-dire que là, vous le dites sur le moment, mais dans les 2-3 ans, je dirais
08:43à mes 17-18 ans, il me manque vraiment de la connaissance.
08:48Je sens que je présente du retard et ce souci-là va m'accompagner encore quelques années
08:55et je vais commencer à m'intéresser aux livres, si vous préférez, pour m'apporter
09:01une connaissance.
09:02Une culture générale.
09:05Exactement.
09:06Alors, à cette époque-là, on vous compare à un très grand champion dont vous allez
09:10reconnaître la voix.
09:11Well, I don't think you were right because he lost the match, so...
09:14Björnsborg, qui a été le premier à se concentrer sur le terrain, rien ne le perturbait.
09:19On l'appelait Heisborg et c'était vraiment une caractéristique particulière.
09:23Alors, il faut savoir que j'ai des origines suédoises.
09:25Ça, c'est la première chose, de par ma grand-mère maternelle.
09:28Quand j'entends parler de banque, c'est ma mère qui me rapporte l'info de France car
09:34j'avais un frère hémophile qui était dans une institution spécialisée pour hémophiles
09:39justement dans les Yvelines, du côté de la queue des Yvelines.
09:42Et un jour, elle rentre de France, donc elle revient à Oran et elle me parle de ce champion
09:47suédois.
09:48Et étrangement, je jouais déjà comme lui, donc ça me frappe qu'elle m'en parle et quand
09:54je rentre en France à mes dix ans et demi, là, je le découvre et c'est un choc.
09:58Et d'un seul coup, forcément, beaucoup d'amour, évidemment, puisque pour moi, ça devient
10:03le modèle de référence sur lequel m'identifier forcément.
10:08Vous savez, on a toujours besoin de modèles et ensuite, au fur et à mesure qu'on grandit
10:13avec ce modèle-là, on s'en détache pour devenir finalement autre chose ou du reste
10:18soi-même, différemment.
10:19D'ailleurs, vous portiez un bandeau dans les cheveux.
10:22Oui, c'est ça, mais encore une fois, mes origines suédoises, j'étais blonde et puis
10:27j'avais un revers à deux mains, comme lui, à l'époque, c'était plus d'une main.
10:31Bref, tout était réuni pour que je m'identifie à ce grand champion que j'adorais par-dessous
10:39de tout.
10:40Puis, vers mes 15-16 ans, je commence à m'intéresser à McEnroe, au petit service volé et je deviendrai
10:46une attaquante et plus quelqu'un qui défend.
10:48Mais bon, ce qui est extraordinaire, c'est que les bandeaux de l'époque sont encore
10:51en vente à des tarifs exorbitants sur Internet aujourd'hui, ça, les années 80.
10:55McEnroe, c'était autre chose, c'était quand même un grand numéro.
10:59C'était une autre forme de jeu, un jeu atypique d'une génialité absolue et c'est ce que
11:06j'ai de suite admiré et adoré chez lui et mon jeu s'oriente d'un seul coup vers l'attaque.
11:11Voilà, des attaques, il y en a eu d'autres qui vous ont permis de remporter des titres
11:15et j'ai trouvé une autre date importante dans votre carrière, qui est le 11 août
11:181984.
11:19A tout de suite sur Sud Radio, avec Catherine Danvier.
11:28Nous parlerons tout à l'heure de ce livre, un film à rôle que vous avez publié récemment.
11:34On revient à votre parcours, on a vu vos débuts de Tennis One Prodige et si je parle
11:39du 11 août 1984, ça vous dit quelque chose ?
11:42Oui, ce sont les Jeux Olympiques qui, à ce moment-là, sont en démonstration, c'est
11:46important de le dire.
11:47C'est un tournoi qui est proposé aux joueuses professionnelles, certes, mais de moins de
11:5721 ans.
11:58A ce moment-là, j'ai 19 ans, Stéphie Graf gagnera le tournoi à 17 ans.
12:03Elle a remporté, je crois, 107 titres en simple dame entre 1982 et 1999.
12:08Vous l'avez rencontrée ?
12:10Ça a été aussi ma partenaire en double.
12:12Et vous avez gagné ensemble ?
12:14Et nous avons gagné ensemble, oui.
12:15C'est aussi une joueuse hors du commun ?
12:17En fait, elle a détenu le record jusqu'à Serena Williams, qui est du chip, la 23ème.
12:23Elle a gagné 22 titres de grand chélin, c'est historique.
12:28Vous vous retrouvez à Los Angeles aux Jeux Olympiques, c'est quand même un moment très
12:32fort pour vous.
12:33Oui, à ce moment-là, honnêtement, quand je m'y rends, comme c'est en démonstration,
12:39j'ai dans la tête d'aller faire une méga-exhibition, je ne me rends pas compte, puisque c'était
12:45en démonstration.
12:46Parmi d'autres athlètes qui, eux, étaient aux Jeux Olympiques et pas du tout en démonstration,
12:53j'y vais un petit peu.
12:54Pas légèrement, je suis à deux semaines de Flushing Meadow, donc je n'y vais pas
12:59pour me préparer en vue de l'US Open, mais avec l'idée finalement de profiter, c'était
13:06une parenthèse enchantée, pour les Jeux Olympiques, en démonstration, il n'y avait
13:10pas trop de pression.
13:11Sauf que je tire au premier tour une Américaine, et là, ça change tout.
13:14Pourquoi ? Je suis au premier tour, je suis envoyée sur le central contre cette joueuse
13:19américaine dont je n'ai plus trop le nom en tête.
13:23Et quand je rentre, c'est salle comble, le stadium est plein, et là je me rends compte
13:29que je suis vraiment aux Jeux Olympiques et pas en démonstration.
13:32Là, les choses changent viscéralement, et là je prends très au sérieux le match parce
13:41que j'ai tout le public contre moi.
13:44Et j'entends deux athlètes au fin fond en haut de la tribune, je m'en souviens
13:49comme si c'était hier, me crier « Tu n'es pas toute seule, Cathy, on t'aime, on est là ! »
13:53C'était formidable.
13:54Ils venaient d'une autre délégation, je ne sais pas, mais ces deux supports ont été
13:58formidables jusqu'à la fin, parce que je finirais par gagner.
14:01Et médaille de bronze quand même.
14:03Je finis médaille de bronze.
14:04Là, c'est un moment fort pour vous.
14:06Oui, c'est un moment fort et un petit peu frustré, car malheureusement en quart de finale,
14:10je me blesse en fin de match, que je gagne, et le lendemain pour ma demi-finale, je ne
14:17peux pas jouer, je ne peux pas défendre mes chances pleinement.
14:21Et ces Jeux Olympiques, il faut le savoir, c'était la première fois dans l'histoire
14:24de l'Olympisme qu'il y avait eu un seul candidat, Los Angeles, personne d'autre ne voulait faire
14:28les Jeux Olympiques cette année-là.
14:30C'est-à-dire ?
14:31C'est-à-dire que les autres pays ne voulaient pas faire les Jeux Olympiques, et les Américains
14:35ont eu Los Angeles tout de suite par volonté olympique.
14:37Ah bon ? Vous m'apprenez quelque chose, je ne savais pas.
14:40Et puis il y a eu aussi une autre nouveauté, c'est la première fois qu'il y a eu un marathon
14:43féminin.
14:44Il y a eu une grosse pression, et c'est une Américaine, Johanne Benoit, qui s'est échappée
14:49depuis le début, et qui a gagné le premier marathon féminin aux Jeux Olympiques de l'histoire.
14:53D'accord.
14:54Parce que c'est vrai que les femmes n'étaient toujours pas très considérées dans tous
14:57les sports, y compris le tennis à l'époque.
14:59Pas à mon époque en tout cas, mais attention, on a eu des grandes figures aussi dans le
15:06sport, avec déjà Suzanne Lenglet, donc le tennis était marqué déjà quand même par
15:10de grandes figures.
15:11Mais dans d'autres sports, vous avez raison.
15:12Absolument.
15:13Il y a aussi, lorsqu'on parle des Etats-Unis, une chanson qui vous tient à cœur, c'est
15:18celle-ci.
15:27Bob Dylan, dont vous êtes une inconditionnelle Catherine Tanguay.
15:30Oui, je connais tous ses albums.
15:33C'est un homme fascinant d'ailleurs, qui rappelle Jean-Louis Godard dans sa manière
15:41de, comment dire, c'est un monde particulier, leur univers musical, autant chez Godard que
15:48chez Dylan.
15:49Il y a du génie, franchement, il y a des morceaux, si vous comprenez un peu l'anglais,
15:55ça raconte nos vies, ce sont des histoires, des films à eux tout seuls, mélodiquement
16:01c'est fort avec Dylan aussi, mais lyrique, ses lyriques racontent des histoires qui,
16:06en tout cas pour moi, m'ont parlé et m'ont bouleversé.
16:09Mais il y a du génie, forcément, dans ces deux grands auteurs, qui sont des auteurs
16:17en quelque sorte, autant cinématographiques pour Godard que musicales chez Dylan.
16:23Je suis allée le voir une fois en concert, je crois que c'était en Irlande, à Cork,
16:30j'en ai pleuré quand je l'ai vu rentrer, c'était tellement unique.
16:34Oui, et c'est un homme de discrétion absolue, il n'a pas voulu recevoir le prix Nobel,
16:38il ne s'est pas rendu au prix Nobel à Stockholm, il a écrit un mot après.
16:42Je sais qu'il reçoit l'ordre du mérite, je crois, à Paris, mais c'est pas quelqu'un
16:51qui parle, il prend, il remercie, c'est indiscret, mais un géant sur scène, un homme formidable
16:59sur le plan créativité, c'est très beau et encore aujourd'hui, il monte toujours
17:05sur scène, il écrit de merveilleuses chansons qui me bouleversent.
17:11Alors j'en reviens au tennis, Catherine Tanvier, parce que je me suis un peu renseigné
17:15sur vos spécialités, et votre spécialité c'est le service volé.
17:19C'était, c'est devenu, oui.
17:21Et c'est vrai que c'était quelque chose qu'on ne voyait pas forcément, même à Roland-Garros,
17:25mais que vous faisiez à merveille.
17:27Alors, à Roland-Garros ça n'a jamais été ma service favorite, et j'attendais avec
17:31beaucoup d'impatience Wimbledon, parce que c'était sur l'air, mais là, franchement,
17:38les surfaces rapides, c'est là où je pouvais déployer mon jeu pleinement.
17:42Parce que je pouvais effectuer du service volé, sur terre battue, il faut un peu lutter
17:46du fond, c'était toujours difficile pour moi, les filières longues, c'était pas
17:50mon fort.
17:51Mais le service volé, il faut des mois pour le manier.
17:54Pour vous, mais nous, le fait de s'entraîner tous les jours, on arrive à le faire quand
18:00même de manière plus naturelle, si vous préférez.
18:04Mais non, c'est un autre jeu, plus créatif d'abord, parce que les points ne se ressemblent
18:08pas du tout.
18:09Vous faites un service volé qui n'est jamais le même avec le suivant, alors que les points
18:12du fond court se ressemblent un petit peu.
18:14Oui, donc il y avait un peu plus de créativité.
18:17Il y a une spécialiste du genre, c'est Martina Navratilova.
18:20C'était la plus grande, oui, à mon époque, et je pense qu'elle est, sur le terme, vraiment
18:25ça, le service volé, ça reste la plus belle dans ce secteur de jeu.
18:30Et quand on pense qu'elle a été déchue de sa nationalité, qu'elle a dû aller aux
18:34USA pour faire carrière et qu'aujourd'hui elle a la double nationalité, c'est quand
18:37même étonnant.
18:38Elle demande asile politique, c'est pire que ça.
18:40Elle demande asile politique, elle quitte la Tchécoslovaquie, qui à l'époque était
18:43très dure, pour demander asile politique pendant l'US Open.
18:48Ce qu'elle fait à 19 ans, c'est énorme.
18:51On ne se rend pas compte, mais à l'époque, à 19 ans, quittée son hôtel parce qu'elle
18:55avait deux agents secrets du KGB ou je ne sais pas qui la surveillaient, elle prend
19:02la porte de secours pour courir jusqu'à l'ambassade américaine et demander asile politique à
19:0819 ans.
19:09J'aurais été incapable de faire ça.
19:10C'est formidable, c'est incroyable ce qu'elle fait.
19:12C'est étonnant, mais aujourd'hui, elle est rétablie dans ses droits totalement.
19:15Oui, totalement, oui.
19:16Puis elle est retournée, surtout en Tchécoslovaquie, depuis qu'il n'est plus d'accord, d'ailleurs,
19:20avec la Tchécoslovaquie, puisque ça a changé.
19:22Et une autre de vos spécialités, Catherine Tanvier, c'est le revers lâché à une main.
19:26C'est-à-dire que ce que fait Federer.
19:28Oui, mais ça, c'est mon rêve absolu.
19:30Quand j'étais joueur, à un moment donné, je rêve de ce revers à une main.
19:35Je vais le prendre à un moment donné parce que je trouve que mon revers à deux mains
19:37est poussif.
19:38Donc, je suis un peu seule pour partir sur ce jeu-là, qui est très technique à la
19:44base.
19:45Je n'ai pas malheureusement les connaissances pour qu'il soit parfait, comme je l'ai aujourd'hui.
19:54Aujourd'hui, je joue à une main.
19:56Je comprends mieux les passages techniques, si vous préférez, que je n'avais pas à
20:00l'époque.
20:01Mais c'est tellement plus beau.
20:02Je me suis un peu renseignée sur Federer, qui a tout gagné, sauf une fois, il a été
20:05battu 6-0, 6-0 à 10 ans, dans un tournoi junior, par un garçon qui est devenu ensuite
20:11agent de police.
20:12Ah bon ?
20:13C'est sa seule défaite, oui.
20:146-0, 6-0 ? Mais il avait quel âge ?
20:1610 ans.
20:1710 ? Ah oui, c'est ça.
20:18On a tous pris 6-0, 6-0.
20:21Oui.
20:22Ce qui a aussi marqué votre vie, ce sont les voyages, car vous avez visité beaucoup
20:25de pays sans jamais les voir véritablement.
20:27J'ai essayé.
20:28Ça, c'est le bon côté des défaites, c'est-à-dire que vous perdez dès le premier
20:34tour au deuxième.
20:35Vous avez un petit 48 heures avant de partir dans la destination suivante, et bien vous
20:40en profitez pour visiter un peu.
20:43Ça m'est arrivé de le faire, heureusement.
20:45Et votre carrière, quand on fait le bilan, c'est 12 titres importants, dont 11 en double.
20:51Alors non, j'ai 22 finales en Grand Prix en double, bien que ma spécialité c'était
20:56quand même les simples.
20:57Je ne suis pas une joueuse de double, mais j'ai très bien réussi aussi en double,
21:00en atteignant 22 finales de Grand Prix et en en gagnant 11.
21:04C'est un véritable parcours très fort qui aurait pu continuer.
21:08Alors oui, je suis arrêtée brutalement à l'âge de 26 ans et demi par une blessure
21:13au niveau des genoux.
21:14Et ma carrière s'arrête brutalement, ce qui est une chose étrange quand vous êtes
21:18dans la force de l'âge.
21:19C'est bizarre de se dire que votre vie professionnelle s'arrête, et je ne suis pas du tout préparée
21:26par l'après-carrière, bien sûr.
21:27Bien sûr.
21:28Justement, on va en parler à travers une autre date qui a marqué votre vie, c'est
21:32le 10 mai 2007.
21:33A tout de suite sur Sud Radio avec Catherine Tanvier.
21:38Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Catherine Tanvier, nous parlerons tout à
21:42l'heure de ce livre, un film à rôle, qui est édité chez En Exergue, un livre qui
21:47raconte votre parcours cinématographique.
21:49On en revient à votre parcours tout court avec l'écriture, puisque le 10 mai 2007
21:54sort déclassé, un livre qui devient un événement.
21:57Oui, parce que je pense qu'il surprend pas mal de monde du fait que d'abord c'est
22:01inhabituel de voir une sportive d'un niveau écrire.
22:05Oui.
22:06Ça m'a pris des années pour en arriver là, à écrire un livre.
22:10D'abord parce que je me suis intéressée d'abord à la lecture avant d'être écrivain.
22:15Issue d'un parcours difficile aussi quand même, parce que comme je viens de le dire,
22:21j'arrête à 26 ans et demi, on n'est pas préparé.
22:23Donc je vis très mal l'après-carrière, d'abord parce que je suis blessée.
22:27Je vais mettre cinq ans pour retrouver une santé au niveau des genoux, ce n'est pas
22:31un genou, mais deux.
22:32Et ensuite, pour parler un petit peu de cette carrière qui a été très, très chamboulée
22:38par déjà un parcours chaotique, notamment dans la sphère privée, puisque au niveau
22:47de la famille, j'étais issue d'une famille dysfonctionnelle où je deviens support de
22:52famille à 15 ans et demi.
22:53C'était très lourd pour moi à porter sur mes épaules et je pense que ce n'est pas
22:57anodin quand je viendrai à me blesser à 26 ans et demi.
23:01Tout cela est lié forcément par cette pression énorme que j'ai ressenti ou je me suis sentie
23:06exploitée.
23:07Tout cela va rentrer en compte dans ce premier livre qui va frapper forcément les esprits
23:12du milieu.
23:13Car là, je révèle pas mal de choses, mais pour l'avoir écrit, ça m'a pris quand
23:18même des années parce qu'encore une fois, j'étais un culte, je me suis intéressée
23:21aux livres pendant que j'étais blessée et jeune, blessée et brutalement arrêtée.
23:25Trouver des références qui me plaisent, ça m'a pris des années parce qu'on a besoin
23:29de modèles forcément.
23:31Et je les trouverai, ces références, à travers Rimbaud, à travers Céline et là, je commence
23:39à poser sur le papier un peu tout ce que je ressens et ça va mettre encore des années
23:44pour arriver à déclasser à ce premier livre.
23:46Oui, au départ, ce sont 455 pages directéographiées avec une reliure en plastique où il y a effectivement
23:53des textes, mais aussi des poèmes, toutes sortes de choses.
23:57Exactement.
23:58C'est un mélange de choses que j'écris, on y trouve de tout, oui.
24:04Et alors, il se trouve qu'un éditeur entend parler de votre livre, alors qu'il n'est
24:08pas publié, à la radio un jour et c'est comme ça qu'il va vous repérer ?
24:12Alors non, en fait, c'est un ancien journaliste de l'équipe qui...
24:17Oui, il y a un article dans l'équipe.
24:21C'est ça.
24:22Et lui, il s'était déjà retiré, mais on lui...
24:25Il y a une amie journaliste qui travaille à l'équipe, qui lui fait part de mon manuscrit.
24:28Il s'en empare et là, il est subjugué par l'histoire, par le contenu et il va en parler
24:34justement à ce premier éditeur, Marc Greensta, aux éditions du Panama.
24:38Et du jour au lendemain, l'éditeur dit oui.
24:40Alors, ce qui est étonnant, c'est que dans ce livre, et on a vu des émissions de télévision,
24:44vous racontez tout et ça stupéfait ceux qui vous écoutent parce qu'il y a quand même
24:49votre père qui a battu votre mère.
24:51C'était violent.
24:52Encore une fois, je raconte vraiment des choses violentes qui ont traversé ma vie et forcément
24:58je prends un peu tout le monde à contre-pied parce que tout le monde pensait que j'avais
25:01mené une belle vie.
25:02Evidemment, par rapport à ce que je donnais comme image parfaite d'une fille qui réussit
25:07dans le monde professionnel, je faisais rêver pas mal de monde et en fait, c'était juste
25:11que l'apparence...
25:12Oui, mais au départ, vous ne vous rendez même pas compte de ce qui se passe autour
25:15de vous.
25:16Vous êtes tellement concentrée sur votre...
25:17Non, non, non.
25:18Moi aussi, encore, je vous ai parlé de cette dominance, j'étais exploitée, je le vivais
25:26très mal, mais je le taisais parce que je ne savais pas comment me défendre par rapport
25:30à ça.
25:31Donc, je vis très mal ma carrière professionnelle.
25:33Et puis surtout, l'argent que vous avez gagné, il a disparu.
25:38Il disparaît parce que tout le monde m'en demande.
25:40Encore une fois, je suis complètement exploitée à tout point de vue et du jour au lendemain,
25:45quand je me retrouve blessée, il ne reste plus rien.
25:47Je suis aussi rattrapée par les impôts parce que j'ai quand même des agents qui doivent
25:50s'en occuper et qui ne font pas leur travail.
25:53Ils le sapent même parce que je ne re-signe pas avec eux.
25:56Donc, vous voyez, c'est un coup bas qui me met d'un seul coup à nu.
25:58Et lorsque j'ai les inspecteurs des impôts qui arrivent et qui ne comprennent pas ma
26:03situation, vu que je donnais une image si parfaite de la fille éclatante qui réussit,
26:09en fait, c'était tout le contraire.
26:10C'est là où mon besoin d'écrire est très fort et je ne voulais pas le rater, ce premier
26:16livre. C'est pour ça que ça a mis des années, justement.
26:18Oui, et ça a marché.
26:19Surtout, vous avez découvert autrement tel que vous étiez.
26:22En fait, c'était une manière de me réinventer, vu qu'il n'y avait pas, pour moi, d'après
26:27carrière bien écrite.
26:29J'étais larguée. Je me suis retrouvée au RMI et aujourd'hui encore, je suis au RSA
26:35parce que je ne vis pas assez.
26:36Je vis de mon écriture, mais ce n'est pas une vie qui vous permet d'en vivre.
26:43Et je suis aussi aide familiale auprès d'une maman de 85 ans que j'aide.
26:46Donc, c'est du boulot du matin au soir.
26:48Bien sûr, vous avez aussi coaché quelques jeunes aussi.
26:51Ça, c'est pour le plaisir, pour garder un pied.
26:53Ça, c'est vraiment le plaisir et avec tout l'esprit, vous savez, des petits clubs de
26:57tennis où il y a tous les gars du club qui sont évidemment heureux de m'avoir dans leur
27:01club. Et moi, je passe un moment fou.
27:03Ça me permet aussi de garder toujours un pied dans le tennis, d'en jouer aussi.
27:08J'ai toujours plaisir à en jouer et de donner en donnant deux, trois cours.
27:12Oui, mais ce qui est étonnant aussi, c'est que vous trouvez des jeunes qui peuvent un
27:15jour assurer la relève.
27:17Ça, c'est compliqué parce que préparer un apprenti champion jeune, ça se prend dès
27:23l'âge de 7, 8 ans et à 10, il faut déjà jouer 3, 4 fois dans la semaine avec 2 heures.
27:29Il faut trouver le jeune qui a envie d'avoir mal parce qu'on apprend déjà à avoir mal
27:32à l'âge de 10 ans. C'est un sport très, très, très, très difficile.
27:37Alors, quand on lit votre livre déclassé, on se demande comment vous avez fait pour
27:41résister à tout ça.
27:43On résiste, mais on apprend, monsieur, à être dur dès l'âge de 15 ans.
27:48Quand on prend un sport de haut niveau, la première chose qu'on vous apprend sans
27:54mauvaise intention, c'est d'être dur dans le travail, c'est d'être dur dans le mal.
27:58Donc, tout ça, le dur, c'est un bon problème quand on veut le voir de manière
28:04positive. Donc, tout ce qui m'est arrivé, vous savez, il y a cette phrase dans la
28:08chanson de Brel qui dit j'ai fait de la boue, j'ai fait de l'or, un truc comme ça.
28:13C'est exactement ce que j'ai voulu faire de ma vie.
28:18C'est pas moi qui me suis planté.
28:21J'ai eu une carrière, j'étais 20e, j'ai été, comment dire, une championne, tout
28:28simplement. Mais après, ma chute, ce n'est pas la mienne, en fait.
28:34C'est celle de votre entourage.
28:35Oui, voilà. Donc, j'ai voulu de ce problème là.
28:37Je voulais en faire un bon problème et en faire une belle histoire, me défendre
28:41d'abord. Mais pas en parler comme ça, c'est en parler plutôt littérairement, vous
28:47voyez. Faire quelque chose de beau tant qu'à faire.
28:49Oui, et non seulement c'est beau, mais vous parlez en un temps où la parole sur ce
28:53sujet n'est pas courante.
28:54On n'est pas aujourd'hui.
28:56Oui, mais on se la donne la parole quand on veut.
28:59Il y a une manière aussi d'affronter les choses et j'ai voulu l'apprendre par le
29:03biais de la littérature.
29:04Et à partir de là, beaucoup de portes peuvent s'ouvrir.
29:08Tout le monde a des histoires à raconter.
29:10On peut tous raconter des histoires.
29:11C'est la manière qui diffère.
29:13Et j'ai voulu le prendre par la littérature.
29:16C'est pour ça que je vous ai parlé de Rimbaud, je vous ai parlé de Céline.
29:19Je pourrais vous parler de Violette Leduc.
29:21Les classiques aussi m'ont beaucoup aidée.
29:24J'ai commencé par le classique, la lecture classique.
29:28Ça, ça m'a drôlement éduquée.
29:31Ça m'a apporté cette culture livresque.
29:32Et puis, vous avez écrit votre livre, ce qui n'est pas si courant.
29:35Il y a un sondage qui a été fait récemment.
29:36Il y a 30% des gens qui signent un livre qui l'ont véritablement écrit.
29:43Alors, ça a continué parce qu'il y a eu un roman, le tour de ma vie,
29:46inspiré par une histoire vraie.
29:48Non, non, non, non, oui, c'est une histoire vraie d'une amie.
29:50Exactement.
29:50Oui, d'une amie australienne.
29:52Oui, c'est une amie australienne.
29:54Et là aussi, un roman, c'était très différent, Catherine Tanguy.
29:57Mais ça, mais alors là, celui-là, ça a été un livre de au moins 500 pages
30:03qui va, j'ai mis neuf mois pour l'écrire.
30:06C'était très facile.
30:07Je pense que je suis quelqu'un qui peut écrire des romans basés vraiment
30:10sur une certaine réalité.
30:13Après, on peut inventer deux, trois choses, mais j'ai besoin de réalité
30:16pour écrire. Je ne suis pas quelqu'un qui peut inventer facilement.
30:19Oui, mais la réalité, elle est transformée en roman.
30:21Ce n'est pas toujours évident.
30:22J'y réussis, oui.
30:24Et au fur et à mesure, vous avez découvert une seconde carrière.
30:27En tout cas, c'est une manière sans, sans, sans, sans, sans y penser.
30:31Absolument. Mais c'est une manière de me réinventer, oui.
30:34Et de vous reconvertir en même temps.
30:36Réinventer, de me reconstruire.
30:38Exactement.
30:39Reconstruire plus, oui, spirituellement.
30:42Bien sûr, voilà.
30:43Il y a quelqu'un, d'ailleurs, avec qui vous avez fréquenté les cours
30:46à votre époque, qui lui aussi a trouvé une nouvelle manière
30:49de réussir, de se reconvertir.
30:57Ça aussi, c'est une pianique nova, c'est extraordinaire.
30:59Tout ce qu'il a touché, il en a fait de l'or.
31:02Il a été extrêmement doué.
31:04Tout ce qu'il a fait, il a toujours réussi.
31:08Quand il est arrivé, quand il a gagné la Coupe Davis et que tout le monde
31:11a dansé sur sa gala africain, c'était extraordinaire.
31:13Oui, mais écoutez, il a voulu être capitaine.
31:15Il est devenu, il a gagné la Coupe Davis, il a voulu chanter.
31:19Il n'a pas une grande voix, mais vous savez, tout le monde peut chanter
31:21sur une belle musique et des petites paroles qui correspondent
31:24bien à votre personnalité.
31:28Quel est le titre de la chanson?
31:30Cette chanson-là lui correspond magnifiquement bien à Saga Africa.
31:35Donc vous voyez, ça s'y est parfaitement au personnage.
31:38Oui, c'est un homme qui a très bien réussi sa reconversion.
31:41Et on disait à l'époque que vous étiez son pendant féminin.
31:44Catherine Tanvier.
31:46Lui, je suis championne de France à 17 ans.
31:50Lui, il est à 19, il a un an, il a cinq ans plus que moi.
31:53Il a 22 ans. On joue les mixtes ensemble.
31:56On devient champion de France et un an plus tard, il gagne Roland-Garros
31:59en France. Donc oui, j'étais la version féminine.
32:05Il y a eu un autre livre, Je lâche mes coups, qui lui aussi,
32:08vous avez réglé vos comptes avec la Fédération et vous avez dit tout haut
32:11ce que beaucoup pensaient, Thauvin.
32:13Oui, certains passages. Après, je parle beaucoup aussi.
32:16J'essaie de confronter deux époques.
32:19Mon époque tennistique et celle d'aujourd'hui.
32:22Comment le tennis s'est industrialisé.
32:26Comment l'argent a pris le dessus sur les rapports.
32:31Vous savez qu'aujourd'hui, on ne peut plus approcher un champion
32:35sans se confronter à l'agent, à un entourage.
32:38Il est dur d'arriver, d'accéder aux joueurs.
32:41Alors qu'à mon époque, on venait quasiment directement nous voir.
32:46C'est valable aussi pour le spectacle ou pour voir un comédien.
32:48Alors qu'on avait son numéro de téléphone, il y a 15 personnes qui vous bloquent
32:51le passage. Il n'est même pas au courant.
32:54Vous avez quand même affaire à des jeunes qui, en gagnant un tour à Roland-Garros,
32:58repartent à la maison avec 100 000 euros.
33:01Vous voyez que l'argent change aussi les rapports, change les mentalités
33:06beaucoup plus que quelqu'un qui va donner un spectacle qui, lui, à la fin
33:09de la soirée, il ne repart pas avec 100 000 euros.
33:11Je ne pense pas.
33:12Non, c'est rare. Il y a aussi un moment très fort qui vous a beaucoup ému.
33:15C'est que lorsque vous avez fait une dédicace au musée de Roland-Garros,
33:19beaucoup de championnes sont venues vous voir.
33:21Beaucoup de tennis women.
33:22Elles m'ont fait la surprise de venir
33:26me prendre le lit parce que je faisais une dédicace là-bas.
33:29Et ça a été une belle surprise de les voir toutes.
33:32Mais j'ai toujours eu de bons rapports avec les joueuses que j'étais pour elles.
33:38D'abord, la première à être professionnelle à plein temps.
33:40Donc, j'ai ouvert une espèce de voie, si vous voulez,
33:43la voie de professionnalisme à l'époque, en 1980.
33:47Et toutes ces jeunes, ces joueuses-là se sont engouffrées derrière moi.
33:50Et elles ont été, si vous préférez, mes petites sœurs.
33:54On a toujours eu de très bons rapports.
33:56Elles m'ont fait une belle surprise.
33:57C'est encourageant de voir que vous avez ouvert une voie
34:00parce qu'aujourd'hui, d'autres s'engouffrent et peut-être d'autres s'engouffreront ensuite.
34:04Oui, ça y est, c'est parti pour longtemps.
34:07Avec Maurice Meaux aussi qui arrive derrière et qui gagne derrière Marie Pierce
34:11aussi les premiers Grands Chalets, chose que je n'ai jamais fait.
34:16Mais le tennis féminin a beaucoup mieux marché que chez les garçons.
34:22Après Yannick Noir.
34:23Et puis, effectivement, et puis vous défendez, vous avez défendu,
34:26vous continuez à défendre ce que vous appelez les vraies valeurs du tennis.
34:29J'essaie, j'essaie, mais c'est en écrivant des livres, c'est en partageant.
34:32Mais vous savez, tout ça, ça parle de passion.
34:34Ce n'est juste de la passion.
34:36Je parle de ce que j'ai vécu
34:39dans ma vie à moi, dans ma vie antérieure, dans tout ce que j'ai ressenti.
34:42Et je me suis... Pourquoi on est des êtres vivants ?
34:44C'est parce qu'on a vécu plein de péripéties aussi belles que difficiles.
34:49C'est ça qui nous compose à la fin.
34:52Eh bien, justement, la littérature, on va continuer à en parler
34:55à travers la date du 10 janvier 2025.
34:57A tout de suite sur Sud Radio avec Catherine Tanvier.
35:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité Catherine Tanvier.
35:06On a beaucoup parlé de votre parcours de championne, de ce qui s'est passé ensuite.
35:11Et le 10 janvier 2025 est sorti un livre,
35:14qui s'appelle Un film à rôle, aux éditions en exergue.
35:17Et ce livre est lié à un film dont voici la bande-annonce.
35:21Moi, je ne veux pas mourir sans avoir vu l'Europe heureuse,
35:27sans avoir vu le mot Russie.
35:30Film socialisme de Jean-Luc Godard, dans lequel vous avez tourné.
35:34Est-ce que vous racontez dans le livre ?
35:35Car ce livre, c'est le récit justement de ce tournage.
35:38Et en même temps, parler de Jean-Luc Godard.
35:39Pourquoi écrire ce livre aujourd'hui ?
35:41Un petit peu les coulisses du film.
35:44L'idée n'est pas venue de moi.
35:45C'est justement venue de mon premier éditeur que j'avais cité
35:50au début de l'émission, Marc Christa,
35:53des éditions du Panama de l'époque, qui était férue de Jean-Luc Godard.
35:57Et c'est lui qui va m'apprendre que Jean-Luc veut me rencontrer.
36:00Nous sommes en fin d'une journée de promotionnel.
36:02Et il me dit, juste en me ramenant à l'hôtel, il me dit
36:04Au fait, il y a Jean-Luc Godard qui a appelé, il voudrait vous rencontrer.
36:07Je lui dis pardon.
36:08Il me dit, vous avez très bien entendu, parce que j'avais montré une stupeur
36:13au nom Godard.
36:14Je dis, non, mais c'est quoi ça ?
36:16Et puis, écoutez, il me dit, c'est lui qui vous le dira.
36:19Voilà. Et je suis à ce moment-là, à cinq mois de le rencontrer.
36:22Et vous le rencontrez.
36:23Je crois que dans la famille, votre mère était une inconditionnelle de haute souffle.
36:27Voilà.
36:28D'abord, elle a eu la même coiffure d'un bout de souffle
36:31que Jean Siber, voilà.
36:34C'est Jean, son prénom, Jean Siber.
36:36Donc, elle m'a toujours parlé de Godard.
36:39Oui, en tout cas, de ses films cultes avec le pire ou le fou.
36:44Elle est les plus connues.
36:45Et à bout de souffle, c'était un scénario de François Truffaut basé sur l'histoire vraie.
36:49C'est vrai.
36:49Alors, vous vous retrouvez un jour à Paris, dans un bureau avec Jean-Luc Godard.
36:54Attendez, vous allez trop vite, parce que pendant cinq mois,
36:56moi, je sais qu'il veut me rencontrer.
36:57J'ai le temps d'y penser.
36:58Moi, actrice, ce n'est pas possible.
37:00Alors, à deux, trois heures de mon rendez-vous, le jour de son anniversaire,
37:04la rencontre pour moi est encore improbable, improbable.
37:08Je n'arrive pas à y croire, parce que c'est...
37:13Je sais qui je vais rencontrer.
37:15C'est une légende du cinéma.
37:16C'est peut-être un des deux plus grands cinéastes du siècle dernier.
37:21Je suis à la fois émerveillée de le rencontrer, mais aussi très nerveuse.
37:26Donc, vous arrivez dans un bureau où il fume le cigare.
37:29Je fume. Alors, je suis reçue, en fait,
37:32dans la maison de l'homme qui s'occupe de lui, en quelque sorte, de son bras droit.
37:37Jean-Paul. Et donc, c'est dans un appartement.
37:40Il me reçoit chez lui.
37:41Et donc, il y a une discussion qui n'a rien à voir avec le cinéma.
37:44Vous allez parler tennis.
37:45Je pense qu'il parle tennis pour qu'on nous puisse...
37:49D'abord, c'est un féru de tennis.
37:50C'est ça qui me laisse penser qu'il m'appelle parce qu'il adore le tennis.
37:55Ça, je le savais.
37:56Donc, ça me rassurait en quelque sorte.
37:58Et on se met à discuter de tennis, je pense, pour aussi me détendre
38:03et pour faire connaissance, tout simplement.
38:05Puis parce qu'il était passionné de tennis.
38:06Et puis, le film viendra en second plan.
38:09On a le temps.
38:10C'était plutôt dans ce sens.
38:11Et vous découvrez un homme très timide, d'ailleurs.
38:13Oui, oui, extrêmement timide.
38:16Enfin, pas timide, mais d'une courtoisie aussi.
38:22Je crois que c'est aussi la courtoisie qui l'amène à être timide.
38:26Mais je suis enchantée de le rencontrer.
38:29Je sens qu'il y a le même enchantement en face de moi.
38:31Oui, et en même temps, il ne vous teste pas et ne vous donne pas une scène.
38:36C'est vraiment une discussion.
38:37C'est sa manière.
38:38Oui, oui, en fait, il veut me connaître.
38:41On parle tennis et il me dit ne faites pas attention à la caméra.
38:44C'est juste pour une histoire technique qui est quand même à 50 centimètres de moi.
38:48Oui, vous êtes tournée.
38:49Oui, et on parle.
38:51On parle tennis et je me rends compte à quel point il est connaisseur.
38:55D'ailleurs, il avait votre livre.
38:56Il avait des classés.
38:57Oui, ça, je le remarquerai quand je serai, quand j'irai à Rôle
39:01pour justement commencer le film,
39:06comment on appelle ça, le tournage, le tournage, tout simplement.
39:09Il était sur son bureau.
39:11C'est extraordinaire.
39:11Il se trouve que cette façon de tester les comédiennes,
39:13il l'a fait un jour à Chantal Goya en 66.
39:16Il la convoque au bar des théâtres et elle attend un quart d'heure.
39:19Elle voit un vieux monsieur avec un vieil imperméable.
39:22Il avance vers elle, c'est Godard.
39:23Au bout d'un quart d'heure, je vous engage.
39:25Il l'a vu de loin.
39:27Ben oui, écoutez, me prendre moi pour lui, c'est un parti pris.
39:31Parce que je pense qu'il me prend pour le contre-emploi que je présente,
39:36c'est à dire avec toutes mes failles, toutes mes trouilles,
39:39toutes mes vulnérabilités.
39:40Et puis, c'est la première fois, surtout, ne riez pas,
39:44mais c'est la première fois que j'allais travailler pour quelqu'un.
39:49Je n'avais jamais travaillé avant.
39:50Et cette première personne, c'est Jean-Luc Godard.
39:52C'est pas mal, c'est pas mal.
39:54En plus, vous lui dites, je ne suis pas comédienne et il s'en moque totalement.
39:57Mais en fait, l'inquiétude arrive quand on parle du film.
40:00Alors, il m'explique le rôle que je vais tenir.
40:02J'entends tout ça.
40:03Et à la fin, je lui dis, après, je suis gênée parce que je dis, mais Jean-Luc,
40:07c'est que je ne suis pas actrice, moi.
40:09Et là, tout simplement, le plus naturellement possible,
40:12il me dit, mais qui vous demande d'être actrice ? Soyez juste vous-même.
40:14Mais pour lui, il n'y a pas de difficulté du tout.
40:17Tout ça, je vais le ressentir
40:21quand j'arriverai au tournage.
40:23C'est à dire que pour lui, donc, inutile de vous dire
40:25que je ne joue pas film socialiste.
40:27Je joue pour Jean-Luc, surtout pour ne pas le décevoir.
40:30Et je suis sous son coaching par rapport à mes partenaires
40:34qui étaient professionnels.
40:36Il y avait une fluidité, une aisance.
40:38Moi, je suis complètement coaché par lui et lui, il n'est pas du tout soucieux.
40:41Mais on y arrive à la fin.
40:44Il rit beaucoup et ça vous aide ?
40:45Oui, oui, oui.
40:47Oui, il n'est pas forcément dans le travail,
40:49mais une fois que c'est dans la boîte, le petit sourire.
40:53C'est tout été merveilleux.
40:55Vous vous retrouvez donc à Rôles, dans le canton de Vaud, où il habite.
40:58Rôles est célèbre pour une raison.
41:00C'est que dans un album de Tintin, L'affaire Tournesol,
41:03l'ambassade de Borduri se situe à Rôles.
41:06Voilà, alors il se trouve que vous allez retrouver dans un appartement,
41:10un appartement très modeste.
41:11C'est le sien.
41:12Oui, on fait dans l'artisanat dans le sens
41:17le plus noble du mot, c'est à dire Godard se sert des choses simples
41:22et son intérieur est minimaliste.
41:25Tout ce que j'aime, c'est un homme simple et on tourne.
41:29On tourne chez lui, dans son appartement.
41:31Vous allez même faire la vaisselle, d'ailleurs, pendant le tournage.
41:33Une vaisselle qu'il n'avait pas faite manifestement.
41:36Et cette scène est drôle parce que
41:40je fais la vaisselle en devant dire ma réplique, c'est une citation.
41:45On sait l'amour qu'il a pour les lettres.
41:49Et je vous assure que faire la vaisselle
41:52en balançant une citation, ce n'est pas naturel.
41:56Et j'ai un blanc, je connais pourtant mon texte.
41:59Je ne fais pas la vaisselle, je l'aurais sorti, mais naturellement.
42:03Mais là, en faisant la vaisselle, ce n'était pas cohérent du tout.
42:06Et là, il me dit ne vous inquiétez pas, c'est justement normal.
42:11Il me colle le texte juste à côté et dans le film,
42:14vous voyez que je tourne un petit peu le regard là dessus, mais ça se voit à peine.
42:17Faut le savoir que j'ai regardé, j'ai dû relire mon texte.
42:19Oui, en plus, vous avez fait beaucoup de progrès au cours du tournage,
42:22car je crois que la première scène, 4ème temps, vous avez tourné huit fois.
42:27Je crois que douze, en plus de dix.
42:29Ouais, oh non, non, huit, c'est trop court, vous plaisantez.
42:32Et quand bien même c'est dans la boîte, il me dit,
42:34allez, on en fait une autre pour le plaisir.
42:36Mais c'est un homme qui trouvait vraiment le bonheur dans le travail.
42:40Gros bosseur, mais son bonheur était vraiment dans le travail.
42:43Mais vous l'avez vu allongé en train de vérifier les lumières.
42:46Oui, il avait 78 ans à ce moment là, il s'allonge pour vérifier la lumière
42:51dans le sens artisanal du terme.
42:53C'était un homme qui n'avait pas du tout de superficialité.
42:59C'était un homme vraiment de terrain.
43:02Et puis, un homme généreux que vous avez découvert.
43:04Oui, totalement.
43:05Comme toute l'équipe, d'une courtoisie extraordinaire,
43:08passionné par ce qu'il fait.
43:11Finalement, j'ai trouvé aussi un écrivain.
43:14C'était un écrivain, Jean-Luc Godin.
43:16Un auteur, un auteur qui, à un moment donné, devait juste
43:21s'arrêter pour faire des ratures et recommencer.
43:24Parce qu'on avait l'histoire qui arrivait au fur et à mesure.
43:26Donc, j'avais rencontré aussi un écrivain qui écrivait sur place.
43:30Nous avions les grandes lignes.
43:32Et quand il était en mal d'aspiration,
43:34il m'appelait pour aller faire un petit tennis.
43:37Non, c'était vraiment
43:41magnifique.
43:42C'était une parenthèse enchantée pour moi.
43:45Jouer au tennis avec Jean-Luc Godin sur un cours à rôles.
43:48Bon, il fallait faire attention.
43:49Il ne fallait pas l'épuiser non plus.
43:51J'avais reçu surtout des instructions du fameux Jean-Paul
43:54qui s'occupait tout le temps de Jean-Luc et qui me dit surtout,
43:57s'il te plaît, ne me le tue pas.
43:58Donc, je me suis bien arrangée de bien le faire jouer surtout.
44:02Et lui, de bien me faire courir pour bien me montrer qu'il savait jouer au tennis.
44:07C'était drôle.
44:07Il y avait toujours une tarte et un café.
44:09Avant, c'était notre rituel.
44:11Ça commençait comme ça et ça finit comme ça.
44:12Alors, dans ce livre, il y a aussi...
44:13C'était un gourmand et je l'étais aussi.
44:16Ça tombe bien.
44:17Il se trouve que dans ce livre, il y a aussi une chose qu'on n'a jamais vu
44:19et que je pense que ceux qui s'intéressent à Godard n'ont jamais écrit.
44:23C'est comment on travaille, comment on se prépare à une scène,
44:26comment on apprend d'abord le texte des autres avant d'apprendre le sien.
44:29Ça, c'est du Godard pur et dur.
44:30En fait, quand je reçois cette information,
44:35je me dis non, ce n'est pas pour moi ça.
44:38Déjà, j'ai du mal à apprendre mes textes.
44:39Je ne vais pas commencer à apprendre ceux de mes partenaires.
44:42Et il se passe cinq longues minutes dans ma chambre.
44:45Quand je reçois cette information, je remonte avec le travail.
44:48Je découvre ça.
44:49Je dis quoi ? Apprendre les textes de mes...
44:51J'ai déjà du mal à apprendre avec mes textes.
44:53Je ne suis pas professionnelle.
44:55Je laisse ça au pro.
44:57Moi, je suis une amateur.
44:58Je vais me référer qu'à mes textes et on verra.
45:00En fait, le plus dur, vous voyez, c'était surtout les citations.
45:04Je sais que pour lui, c'est une manière de rendre hommage
45:08aux oeuvres littéraires, philosophiques et même musicales.
45:12Puisqu'il adorait ça.
45:15Mais franchement, pour moi,
45:17c'est sorti des répliques,
45:22des répliques où il y avait justement ces textes difficiles.
45:25Le parler de tous les jours, du quotidien, c'était plutôt facile pour moi.
45:28C'est un exercice plus facile.
45:29En plus, les textes évoluaient certains jours.
45:32C'était jamais le même.
45:33Alors, il y a aussi une chose étonnante qu'on apprend dans votre livre.
45:35C'est que la Fédération française de tennis a refusé un film à Jean-Luc Gagnon.
45:39Il va me le dire.
45:40Oui, ça, ça m'a sidéré.
45:42Qu'on puisse refuser un tel cinéaste.
45:46J'aurais tellement aimé voir comment, lui, il aurait filmé le tennis.
45:50Eh bien, on ne le saura pas parce qu'au sein de la Fédération,
45:54ils n'ont pas su le mettre à disposition.
45:56Évidemment, tout ce qu'il aurait demandé, c'est une totale liberté.
45:59C'est tout, tout simplement.
46:00On s'est privé de ça et c'est bien dommage.
46:02Parce que dans notre discussion, dans les 20 premières minutes
46:05avant qu'il m'explique le film, il me parle justement
46:07de la manière dont les caméras, je le dis.
46:11Donc, il avait une autre vision.
46:13Et j'aurais tellement aimé voir comment, lui, il aurait filmé le tennis
46:16derrière le joueur, au plus près, au cœur.
46:19On ne le saura jamais.
46:20On ne le saura jamais.
46:20En revanche, on sait que vous êtes allé au Festival de Cannes
46:22puisque le film a été sélectionné pour un Cintergat.
46:25Ça aussi, c'était un moment pas simple pour vous, je crois.
46:28Pas simple parce qu'en fait, il se désistera pour des problèmes médicaux.
46:35Je pense aussi que le Festival de Cannes, il l'avait suffisamment vu, il connaissait.
46:40C'est une période où le Festival de Cannes s'est énormément pipolisé.
46:44C'est comme ça qu'on peut dire ?
46:45Oui, oui, oui.
46:46On comprend.
46:46Oui, oui, oui.
46:48Ce n'est plus les grandes actrices et les grands acteurs d'époque
46:51qui ont fait rentrer du grand monde et du grand n'importe quoi.
46:56Et il y a tous ces gens, people, qui arrivent, qui débattent.
47:00Ils n'ont rien à voir avec le monde du cinéma.
47:02Et qui font du cinéma eux-mêmes.
47:04Et qui font du cinéma eux-mêmes et qui prennent la place au monde.
47:06Donc, j'ai compris que la place de Jean-Luc Godin n'était plus là.
47:09C'est tout.
47:10On était passé à une autre époque, honnêtement.
47:11En même temps, vous avez eu une standing ovation à la fin du film.
47:14Oui, mais ça, c'était les professionnels qui étaient dans la salle.
47:17Ils ne se sont pas trompés.
47:18C'était très, très beau.
47:19Très impressionnant de retrouver le film en entier de Jean-Luc.
47:23Quand je le découvre, j'en prends plein les yeux.
47:25C'était beau.
47:26Et vous vous rendez compte finalement que vous pourriez continuer dans le métier d'actrice ?
47:29Alors, vous dire, comment vous dire ça ?
47:32En 15 ans, ça fait 15 ans que ce film, c'est en 2007, donc ça va faire 15, 16, 17, 17 ans.
47:37Je n'ai pas rencontré, figurez-vous, de public après ma prestation.
47:40Donc, non, je n'étais pas faite pour être actrice.
47:43Sinon, ça se saurait aujourd'hui et j'aurais fait d'autres festivals de Cannes.
47:47Et en revanche, vous êtes faite pour continuer à écrire.
47:49Peut-être.
47:50Vous allez continuer.
47:50Je crois qu'il y avait un roman en cours.
47:52Il y a toujours des tournées.
47:53J'ai toujours des manuscrits.
47:54Là, je suis en train de reprendre un manuscrit.
47:56Je remanie un manuscrit sur encore le monde sportif.
47:59Je reviens dans le monde sportif.
48:00Et votre avenir, Catherine Tanguy ?
48:02Mon avenir, il est avec vous.
48:03Il est tout présent.
48:04Il n'est pas trop, trop loin devant.
48:07Je suis quelqu'un qui vit beaucoup plus dans l'instant avec les
48:12avec les aléas de la vie, les hauts et les bas.
48:15J'essaie, disons, de voir dans tous les problèmes les bons côtés,
48:18les bons problèmes dans les problèmes.
48:20Et quand il y a des moments de bonheur,
48:23j'essaie vraiment de le vivre à fond parce que les jours sont précieux.
48:27Et l'avenir, pour moi, c'est un commence
48:31toujours au présent. C'est plus facile.
48:33Et le présent, c'est de lire ce livre, justement, qui est un moment de bonheur.
48:37Un film à rôle aux éditions En Exergue, Catherine Tanguy,
48:39parce qu'on vous découvre avec une écriture très belle.
48:42Et en plus, on découvre Jean-Luc Godard, ce qui n'est pas rien.
48:45Parce que je pense que des vrais cinéphiles ne racontent pas Godard comme vous.
48:48Mais c'est très gentil à vous.
48:49En fait, j'essaie de rendre vraiment compte
48:52des coulisses d'un tournage vu par quelqu'un qui n'est pas acteur.
48:57Voilà, mais qui a d'autres qualités.
48:58Merci. Merci, Catherine Tanguy.
49:00Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:02On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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