Avec Jacques Otmezguine, réalisateur de films au cinéma.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-01-28##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:06Le cinéma c'est votre vie, mais paradoxalement dans la vie, vous n'en faites jamais.
00:11En quatre décennies, c'est seulement le sixième film que vous réalisez pour le grand écran.
00:15Il s'intitule « Le choix du pianiste » et les notes d'émotion sont particulièrement présentes.
00:20Bonjour Jacques Otmesguine.
00:22Bonjour Jacques Pessis.
00:24Alors, on connaît vos films parce qu'ils ont tous eu du succès.
00:27On connaît maintenant votre parcours et à l'occasion de la sortie du choix du pianiste « Demain sur les écrans »,
00:32on va évoquer ce parcours à travers des dates clés.
00:35C'est le principe des clés d'une vie sur Sud Radio.
00:37Et la première date que j'ai trouvée, c'est le 11 février 1978,
00:42la première fois que vous réalisez cette émission.
00:5130 millions d'amis et ce jour-là, vous recevez les frères Jolivet qui parlent de leur chien et de leur chat.
00:55Vous vous en souvenez ?
00:56Oui, très très bien. C'était des amis.
00:58Et c'est vrai que 30 millions d'amis, c'était quelque chose d'extraordinaire.
01:02Enfin, c'est curieux parce que j'étais beaucoup assistant réalisateur et à un moment je me suis dit
01:09« Je vais quand même réaliser quelque chose ».
01:13Et à l'époque, la télévision était fermée, fermée aux gens de cinéma.
01:17Ils voulaient que des auteurs.
01:20Et il y avait des petites émissions qui proposaient à des réalisateurs, des assistants,
01:27des gens qui voulaient passer à la réalisation, de faire des petits sujets.
01:32Ça me paraissait très étrange de faire des films sur les animaux.
01:35J'aimais les chats, j'avais des chats.
01:38Vous connaissiez quelques cabots aussi ?
01:40Oui, absolument. Ils me demandaient justement, quand je suis allé les voir,
01:44ils espéraient en prenant des gens qui venaient du cinéma, d'avoir des acteurs.
01:50Parce que c'était le début du people.
01:53J'aurai dit « Oui, oui, bien sûr ».
01:55J'avais deux copains à l'époque, c'était Pierre et Marc, qui faisaient des duétistes comiques.
02:01Ils faisaient un réchaud et frigo, si je me souviens bien.
02:04Absolument. Ils faisaient un sketch, notamment avec le fils d'Hitler.
02:08Le fils d'Hitler, oui.
02:09Qui n'avait pas connu sa mère.
02:11Et ça, ça ne me faisait plus rien de rire.
02:13Et donc je leur ai dit « Est-ce que tu veux faire avec moi un reportage ? »
02:17Parce qu'on était payés au reportage.
02:19Et on n'était pas officiellement réalisateurs.
02:21On faisait reporter.
02:23Et donc ils me disent « Oui, avec plaisir ».
02:26Ils avaient un chien, je ne sais plus ce qu'ils avaient.
02:28Un chien qui avait disparu et ils avaient lancé des recherches pour ce chien.
02:32Ah d'accord. Vous avez une meilleure mémoire que moi.
02:36Et donc on s'est bien marrés.
02:39On avait, j'allais dire, détourné un peu le sujet.
02:44On est avec eux, on ne pouvait pas faire quelque chose de sérieux.
02:47Ça a bien plu à la production.
02:50Et on m'a dit « Si tu veux en faire d'autres, reviens ».
02:54Donc j'avais une liste de copains.
02:56De toute façon, je ne me suis pas gêné.
03:00À l'époque, Joe Dassin, ce n'était pas un copain.
03:03Mais enfin, il y avait plein de gens que j'ai fait.
03:06J'ai un peu oublié.
03:08Joe Dassin avait des chiens qui se faisaient Marity et Gilbert en souvenir des Carpentiers.
03:11Oui, c'est vrai.
03:12Il y avait Hugo Frey.
03:13Hugo Frey, ça a été un grand moment.
03:15Parce qu'il adorait la canature.
03:16Marie-Paul Bell.
03:17Oui, Marie-Paul.
03:18Et Jean Lefebvre qui imitait des bris d'oiseaux.
03:19Voilà.
03:20Je connaissais très bien sa fille qui était monteuse.
03:23Et elle me dit « Pourquoi tu ne fais pas le sujet sur mon père ? »
03:25J'ai dit « Avec plaisir. Il fait tellement rire qu'il n'y a pas de problème. »
03:28Donc ça s'est fait tout seul.
03:31Il imitait les oiseaux.
03:33Je n'ai pas une mémoire exacte de ce qu'on a fait.
03:38Je n'en ai tellement fait depuis.
03:39D'autres que « 30 millions d'amis ».
03:41Et d'autres émissions sont venues me voir.
03:43J'avais rencontré Henri Slottine.
03:45On avait fait une émission qui était formidable qui s'appelait « 4 saisons ».
03:48On a fait des clips.
03:50Je faisais une émission policière avec un copain à moi qui était auteur de Polar qui s'appelait Michel Lebrun.
03:57Qui était vraiment mon parrain.
03:59On va en parler bien sûr.
04:00Du scénario.
04:01Il se trouve que « 30 millions d'amis » au départ c'est Jean-Pierre Hutin qui l'a créé.
04:06A l'époque c'était pour lutter contre la souffrance animale.
04:08Il était même presque en même temps que Bardot.
04:10Il débutait en même temps.
04:12Oui, c'était vraiment le début de ce genre d'émission.
04:17Et surtout, à l'époque je disais vous devez faire un magazine papier.
04:21Il y a tellement de clients.
04:22Il y a tellement de gens.
04:23Et il me dit « Ah bon ? Vous croyez ? Ce n'est pas tellement mon truc. »
04:26Jean-Pierre Hutin c'était un militaire.
04:28Pour le remercier de ce qu'il avait fait, on lui avait donné une émission de télé.
04:32Parce qu'à l'époque la télé c'est très la télé d'État.
04:35Et donc on récompensait à tous ces gens-là.
04:38On leur donnait une émission de télé.
04:40Et lui il adorait les animaux.
04:41Il avait un chien, Mabrouk, qui était le...
04:44Quand on projetait les films, quand il aboyait, Jean-Pierre disait
04:47« Ah, il a aimé Mabrouk. Alors donc c'est bon Jacques ou Pierre. »
04:52Et beaucoup de gens se sont entraînés à faire des films avec intérêt.
05:00Et puis musicalement on pouvait mettre tout ce qu'on voulait.
05:03C'était formidable.
05:04C'était formidable.
05:05Alors ça ce sont vos débuts à la télévision.
05:06Vos débuts dans la vie histo-baroque.
05:08Je crois que vous êtes né à Casablanca.
05:09C'est ça, oui.
05:10Dans une famille assez pauvre d'ailleurs.
05:12Oui, mes parents...
05:14Vous savez le ghetto là-bas à Casa s'appelle le Mela.
05:17Le Mela.
05:18Et la Médiana c'était le Mela mais de bourgeois.
05:22Et mon père venait de là.
05:25Et il n'a pas voulu rester dans cette communauté un peu...
05:30Comment dirais-je...
05:32un peu rétrograde.
05:33C'était dur pour lui.
05:34C'était dur pour lui.
05:35Il avait un autre état d'esprit.
05:36Il était jeune.
05:37Il avait 13 ans.
05:38Il arrivait des montagnes.
05:40Parce qu'il y avait des juifs dans les montagnes juifs berbères.
05:44C'est une histoire que je voulais raconter.
05:46Faire un documentaire justement assez gros là-dessus.
05:49Et je l'ai toujours en projet.
05:51Et lui il est sorti.
05:54Et ils étaient très cachères.
05:56Très enfermés dans la tradition.
05:59Et lui il est sorti de là.
06:00Et il a été un mécréant presque.
06:02Rejeté par sa famille.
06:03Il est allé travailler avec des Italiens.
06:05A l'époque il y avait beaucoup d'Italiens qui faisaient des glaces à Casablanca.
06:08Ils étaient au bon endroit.
06:09Et lui il les suivait.
06:10Il avait 8-9 ans.
06:12Il est rentré comme ça avec eux comme apprenti.
06:14Et il a fini sa carrière comme glacier.
06:18Il a monté après au Maroc à Casas ses propres magasins.
06:22Et puis bon il y a eu des soucis avec l'indépendance d'Algérie.
06:27Le climat s'est détérioré au Maroc aussi.
06:30Et donc on est parti.
06:32Alors juste avant de partir vous avez quand même commencé vos études au lycée Lyotet.
06:36Absolument.
06:37Qui était le lycée des bourgeois.
06:39Et moi ils me regardaient quand même.
06:41Il a fallu que je passe un examen.
06:43J'étais un peu...
06:44A l'époque on ne savait pas.
06:45J'étais un peu surdoué.
06:46On ne connaissait pas mes instituteurs.
06:50Ils ne comprenaient pas pourquoi j'allais plus vite que tout le monde.
06:53On ne savait pas.
06:55Donc ils m'ont fait passer un examen.
06:57Parce qu'ils me disaient tu ne devrais pas aller dans les écoles de l'Alliance Israélite.
07:01Qui justement prenait les enfants d'Émilat pour leur donner une éducation européenne.
07:06Enfin une éducation francophone.
07:09Et moi je n'ai pas suivi ce cursus parce que les instituteurs m'ont pris en main.
07:13C'est incroyable.
07:14Et ma mère ne voulait pas.
07:15Mes parents ne voulaient pas.
07:16Ils disaient mais non nous on veut qu'il soit caché, qu'il ne soit pas...
07:19Sauf mon père.
07:20Mon père non.
07:21Lui il était d'accord.
07:22Il trouvait ça très bien.
07:24Il était chez un glacier italien en face d'un cinéma.
07:28Alors si ça vous intéresse, je vais vous raconter d'où vient ma vocation.
07:32Mes parents n'avaient pas les moyens de se payer une nounou.
07:40J'avais deux soeurs au-dessus de moi et une qui va arriver après.
07:48C'est presque un film de Fellini.
07:51Donc les glaciers étaient en face des cinémas parce qu'il y avait l'entracte.
07:55Et à l'entracte ils ne vendaient pas des esquimaux.
07:58L'ouvreuse disait c'est l'entracte.
08:00Alors tout le monde sortait.
08:01On leur donnait un petit ticket pour pas qu'il y ait des resquilleurs après.
08:04Et ils allaient au café glacier en face.
08:06Et en face c'était mon père qui travaillait avec les Italiens, qui donnait les glaces.
08:10C'est complètement italien.
08:12Et quand l'entracte était fini, elle sortait, elle disait l'entracte est fini.
08:16Alors tout le monde se précipitait dans ce cinéma.
08:19Donc mon père avait ses entrées dans ce cinéma et les ouvreuses étaient ses amies.
08:23Donc quand l'après-midi il ne savait pas quoi faire de moi,
08:26ils m'emmenaient au cinéma et ils me mettaient au balcon l'ouvreuse.
08:30Et je regardais des films toute la journée.
08:33Je devais avoir 5 ans jusqu'à...
08:36Après c'est devenu presque normal.
08:38Quand mes copains allaient à la plage, moi j'allais au cinéma.
08:41Ils ne comprenaient pas.
08:43Vous alliez tout voir.
08:44Tout voir.
08:45Donc j'ai vu je ne sais pas combien de films.
08:47Et d'ailleurs quelquefois je revois des films,
08:49parce que je suis un fou des films des années 50 et 40, des westerns.
08:52Et je me dis mais je l'ai vu.
08:54Mais quand je l'ai vu ?
08:55Donc c'est-à-dire qu'il y a une mémoire comme ça sélective qui restait de certains films.
09:00Alors ce qui est étonnant c'est qu'après, Jacquot-Mesquine, vous venez à Paris,
09:03vous allez au lycée et vous allez être rétrogradé de deux classes.
09:06Ben dis donc vous en savez des choses.
09:08Oui parce qu'à l'époque, quand on arrivait comme ça,
09:11il y avait une grosse arrivée de pieds noirs.
09:13Mais nous on n'était pas d'Algérie.
09:15Donc on n'avait pas les mêmes avantages.
09:17Et rétrograder les élèves qui arrivaient en disant
09:21ah ben c'est pas le même programme.
09:22Alors que c'était exactement le même programme,
09:24puisqu'on était sous protecteur à français avant.
09:26Donc on gardait le programme.
09:28Et moi j'ai même des amis qui m'ont raconté la même histoire.
09:31Mais eux comme ils étaient plus riches que moi,
09:33c'était des vrais colons, les parents les gueulaient.
09:37Mes parents qui étaient quasi analfabètes,
09:39ils ne pouvaient pas les gueuler.
09:41Ils étaient très contents au moins qu'on me prenne dans un collège.
09:45Donc j'ai commencé au collège de Charenton-Ecole,
09:47car mon oncle habitait Saint-Maurice,
09:50et le collège était de Charenton-Ecole.
09:52Et alors je passais mon temps à faire les devoirs des copains.
09:56Parce qu'ils me disaient mais tu sais tout.
09:58Ben j'ai dit ouais, je devais presque passer en troisième.
10:01Quelque chose comme ça.
10:02Donc j'ai rétrogradé.
10:04Et là l'ennui m'a pris.
10:06C'était horrible.
10:07Donc je voulais sortir.
10:09Donc vous avez décidé, alors que vous étiez surdoué,
10:11d'arrêter vos études Jacques Otmeski ?
10:13Ben j'ai carrément arrêté mes études à ce moment-là
10:15pour rentrer dans un collège technique.
10:17Parce qu'en France, la communauté juive s'organisait bien.
10:22On avait des écoles juives à Montreuil.
10:28Et ça s'appelait L'Orte.
10:29Et je suis rentré là-dedans, on m'a dit qu'est-ce que vous voulez faire ?
10:31A l'époque j'étais fou de Michel Vaillant, le pilote.
10:34Donc je lisais l'album dessiné.
10:36Je veux faire pilote de course.
10:37Ils m'ont dit bon d'accord, tu vas faire de la carrosserie.
10:40Donc je me suis retrouvé dans un atelier avec des jeunes de mon âge
10:46qui, eux, étaient absolument nuls en tout.
10:49Et moi, je leur faisais encore une fois les devoirs.
10:52Et eux, ils faisaient mes pièces.
10:53Parce qu'on faisait des pièces.
10:54Vous voyez, j'ai des petites mains.
10:56Et je me tapais plus sur les doigts que sur la pièce.
10:59Et le prof il disait, bon, Jacques, laissez tomber, arrêtez.
11:08Vous ne pouvez pas continuer dans ce boulot.
11:10Vous vous tapez dessus tout le temps.
11:11J'ai dit, mais j'ai mes copains qui font les pièces.
11:13Bon, donc j'ai tenu un an.
11:15Puis je me suis retrouvé à la rue, mon père et ma mère, désolés, désespérés.
11:18Mais qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ?
11:20A l'époque, je disais, je vais être caméraman.
11:23Justement, on va en parler à travers une autre date
11:26qui est importante dans votre vie, le 9 juillet 1986.
11:30A tout de suite sur Sud Radio avec Jacques Hottemesguine.
11:33Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:36Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Jacques Hottemesguine.
11:39Nous parlerons tout à l'heure de ce choix du pianiste.
11:41Un film événement qui sort demain.
11:43Déjà présenté dans des festivals en avant-première et visiblement apprécié.
11:48Pour l'instant, on revient à votre parcours.
11:50On a vu l'époque de vos jeunes années.
11:52Vous n'avez pas fait d'études.
11:54Il y a une date importante.
11:55Le 9 juillet 1986 sort votre premier film, Prunelle Blues.
11:59Et ça, c'est une aventure qui a commencé par un livre.
12:02Grâce à Michel Lebrun que vous avez évoqué.
12:04C'était simple.
12:06J'étais assistant et je réalisais ces émissions dont on a parlé, entre autres.
12:11Ces émissions m'ont amené vers le film d'entreprise, vers la publicité.
12:18J'étais réalisateur à temps plein de choses qui ne me plaisaient pas.
12:22J'étais content de faire mon métier.
12:24Tout ça m'a énormément servi.
12:26Je dis que le métier de réalisateur, c'est important en réalisant.
12:30En même temps, vous avez appris votre métier dans une agence de photos.
12:34Où vous êtes entré par hasard.
12:36Par hasard.
12:38Je reviens à l'époque où je quittais les écoles.
12:42Mes parents désespéraient.
12:44Mon père, faisant des glaces dans un restaurant en couscous tunisien,
12:49il me dit, qu'est-ce que tu vas faire ?
12:51Je lui dis, je vais faire photographe.
12:52Mon père est désespéré.
12:53Pour lui, photographe, c'était photo dans la rue.
12:56On faisait ça au Maroc.
12:58Il y avait des photographes dans la rue.
13:00On sortait, ils nous faisaient des photos.
13:02Ils nous donnaient le ticket.
13:03On allait chercher les photos.
13:04Ce qu'on fait aujourd'hui, c'est le festival de Cannes.
13:06Il y a des photographes qui passent leur temps derrière nous,
13:09à nous photographier parce qu'on est au smoking.
13:12Il croyait que c'était ça.
13:14Je lui dis, non, ce n'est pas ça.
13:15Il me dit, il trouve un travail.
13:17Désespérément, il a essayé de me faire entrer chez ses copains,
13:21qui étaient des horlogers,
13:22qui arrivaient tous de Tunisie, d'Algérie ou du Maroc.
13:25Il y avait une petite communauté, rue du Faubourg-Montmartre.
13:31C'était vraiment devenu le nouveau quartier juif.
13:35Rue Bergère, il y avait plein de gens.
13:39Je suis allé chez ses copains, lui, faire de l'horlogerie.
13:44Je voyais bien qu'à passer mes journées avec une petite...
13:47Je n'ai aucun mépris pour l'horlogerie,
13:49mais je savais que ce n'était pas pour moi.
13:51Je lui dis, j'arrête, ce n'est pas possible.
13:54Je ne gagne pas ma vie.
13:56J'avais 15-16 ans, même pas.
13:58Il m'envoie chez un autre copain, lui.
14:01Il me dit, si tu veux faire, j'ai de la photo,
14:03mais j'ai besoin d'argent pour acheter un appareil photo.
14:06Elle me dit, rentre, mais tu me fais les livraisons.
14:09Je lui dis, d'accord.
14:10Là, c'est encore un bon truc de film.
14:12Il réparait toute l'horlogerie des quartiers chics.
14:19J'étais à la Madeleine.
14:22Là, il allait chez les grandes marques,
14:26la Lippe, etc.
14:28Ce sont des montres très chères.
14:30Il me disait, tu vas les livrer là-bas,
14:32je te mets tout dans la poche,
14:34personne ne pensera que tu as des millions sur toi.
14:37Je trouvais ça très original.
14:40Ça m'amusait, j'étais un peu voyou.
14:43Il me mettait ça dans les poches,
14:45je prenais le métro, j'arrivais.
14:47J'arrivais à la Madeleine,
14:49il y avait un grand horloger,
14:51je ne sais plus le nom.
14:52Maintenant, c'est devenu une boutique de mode.
14:54Quand je rentrais,
14:56les petits gars qui rentrent,
14:58les vendeurs de tout,
14:59qui étaient très sérieux à l'époque,
15:01costumes, cravates, noirs,
15:03vraiment,
15:04qu'est-ce que tu fais là, toi, gamin ?
15:06Je viens livrer les montres.
15:07Il me sautait dessus,
15:09en me disant, ce n'est pas vrai.
15:11Je sortais mes montres.
15:13Il dit, il est fou, ton patron.
15:15Je dis, oui.
15:16J'ai fait ça plusieurs fois.
15:18Comme je voulais faire de la photo,
15:20je lisais beaucoup les journaux.
15:22Je voyais toujours Agence Keston,
15:24les photos.
15:25C'est bien.
15:26Un jour, je change de trottoir.
15:28J'avais toujours le même trottoir.
15:30C'est à l'époque.
15:32Je change de trottoir.
15:34Je passe et je vois Agence Keston.
15:36Je dis, ce n'est pas possible.
15:38Ils sont là ?
15:39Pour moi, c'était un rêve.
15:41Je vais monter.
15:42À l'époque, il n'y avait pas de code digital,
15:44donc je grimpe.
15:45J'arrive à l'agence,
15:47je sonne.
15:48On m'ouvre.
15:49Un grand monsieur me dit,
15:51qu'est-ce que tu veux, mon gars ?
15:53Je ne cherchais pas un apprenti.
15:55L'annonce n'est même pas sortie.
15:57Il m'a engagé tout de suite.
15:59C'est fou.
16:00C'est incroyable.
16:01L'agence Keston a été réquisitionnée
16:03par les nazis pendant la guerre.
16:05Par miracle, toutes les archives
16:07n'ont pas été détruites.
16:09À l'époque, c'est là que j'ai découvert
16:11tout l'univers de ces photographes.
16:13Ils étaient tous des héros.
16:15Ils avaient fait les photos
16:17que j'avais devant les yeux.
16:19La dame des archives me disait,
16:21je vais te donner un boulot.
16:23Je faisais les reproductions
16:25des photos d'archives.
16:27Je passais mes journées à faire ça.
16:29On les tirait toute la journée,
16:31nous, les petits apprentis.
16:33C'est comme ça qu'on apprenait
16:35notre boulot de tireur de photos.
16:37Mais pas de reporter.
16:39Je pensais que j'allais devenir
16:41reporter là-dedans.
16:43Michel Lebrun vous a découvert.
16:45C'est dans la collection
16:47Engrenage que vous avez créé.
16:49Vous êtes arrivé à la littérature,
16:51ce qui n'était pas votre idée.
16:53J'écrivais des scénarios.
16:55J'ai rencontré Michel quand,
16:57à l'époque, j'ai voulu réaliser
16:59un long métrage.
17:01Je m'appuyais sur un roman.
17:03Je tombe sur un bouquin à lui
17:05qui était formidable.
17:07Le hasard a fait qu'une copine
17:09était une amie à moi.
17:11Je lui ai dit de me présenter Michel.
17:13C'était le baroudeur,
17:15barbu, cigarette au bec,
17:17un personnage de roman.
17:19On l'appelait le pape du polar.
17:21Je crois qu'il a écrit des livres
17:23sous différents pseudonymes.
17:25Michel Lenoir, Michel Leclerc,
17:27Olivier King, Laurence Nelson,
17:29Lou Blanc.
17:31J'ai tous ces bouquins.
17:33Je suis arrivé à une période de sa carrière
17:35où il se posait des questions.
17:37Il voulait faire des best-sellers.
17:39Je trouvais ses best-sellers formidables.
17:41A chaque fois que j'allais le voir,
17:43je lui disais que j'étais en train d'écrire.
17:45J'ai pas le temps de lire, mon pote.
17:47Lui, c'était cigarette,
17:49whisky et petite pépée.
17:51Il a écrit pour Eddy Constantin.
17:53Il a écrit des scénarios
17:55pour Eddy Constantin.
17:57J'étais fasciné par ce type.
17:59Il avait un métier.
18:01Je ne sais pas si on peut le dire.
18:03Il était le nègre de Michel Audiard.
18:05Il en avait quelques-uns, dont lui.
18:07Absolument.
18:09Un jour, il me dit...
18:11On l'appelait pour changer
18:13plein de scénarios.
18:15J'ai une liste de noms.
18:17À l'époque, il y avait Claude Sauté
18:19qui voulait faire un scénario avec lui.
18:21Il refuse.
18:23J'ai dit pourquoi.
18:25Il me crie dans les oreilles.
18:27Je peux pas supporter ce mec.
18:29J'ai une passion pour Claude Sauté.
18:31Pour moi, ce mec me fascinait.
18:33Ça a été mon prof de scénario.
18:35Prunelle Blues, c'est comment ?
18:37Ce premier livre et ce premier film ?
18:39Lui me dit, arrête d'écrire des scénarios.
18:41Les producteurs ne les lisent pas.
18:43Je les connais bien, les producteurs.
18:45Il commençait à avoir plus de 50 ans.
18:47Il écrit un bouquin.
18:49J'ai dit, j'ai jamais écrit de livre.
18:51Tu sais lire, tu sais écrire.
18:53Un mois d'août, je n'avais pas de boulot.
18:55Je me mets à écrire
18:57Prunelle Blues.
18:59Je voulais faire un film
19:01entièrement dans une chambre d'hôpital
19:03avec un type qui recevait
19:05les voyous qu'il attaquait, etc.
19:07J'écris 70 pages
19:09et je me bloque.
19:11Je dis, Michel, excuse-moi de t'emmerder.
19:13J'étais vraiment l'emmerdeur.
19:15J'étais derrière lui tout le temps.
19:17Il m'a dit, t'as écrit combien de pages ?
19:1970 pages.
19:21Si t'as fait 70 pages, tu peux en faire 140.
19:23Je suis bloqué dans l'hôpital.
19:25Fais-le sortir.
19:27Je remets à l'envers
19:29cette idée.
19:31Et là, ça a été le déclenchement
19:33étonnant parce que cette collection
19:35en grenage a révélé
19:37plein d'auteurs.
19:39Nino Buenakista,
19:41tous les gens qui sont devenus après,
19:43tous révélés par Michel Lebrun.
19:45Donc, ça a été
19:47tout de suite pris
19:49en grenage.
19:51Michel a beaucoup appuyé la sortie de ce bouquin
19:53et c'est allé chez les producteurs.
19:55Il y a une anecdote.
19:57À l'époque, j'avais
19:59quelqu'un qui était agent,
20:01agent de tavernier, agent de plein de choses,
20:03plein de gens comme ça. Aline Dumonté,
20:05elle s'appelait.
20:07Et Aline, j'avais
20:09pas oublié Prunelle Blues,
20:11mais je me disais, s'ils veulent l'acheter, il n'y a pas de problème.
20:13Elle m'appelle, elle me dit qu'il y a Alain Sartre qui veut l'acheter.
20:15J'ai dit, Alain Sartre, c'est incroyable.
20:17Pourquoi il veut le faire ?
20:19Il a deux, trois réalisateurs
20:21qui pourraient peut-être le faire.
20:23Je lui ai dit, avec plaisir.
20:25Je ne le ferai même pas, le scénario, tout va bien.
20:27Finalement, les réalisateurs...
20:29Alain, à l'époque, voulait faire un film pas cher,
20:31parce qu'il avait à côté Harem
20:33d'Arthur Joffé,
20:35qui avait causé une fortune,
20:37qui était en train de ruiner, de le mettre par terre.
20:39Et donc,
20:41on a commencé
20:43à rêver sur les réalisateurs.
20:45Et à chaque fois, les réalisateurs de l'époque,
20:47Alain Sartre, le plus gros producteur de Paris,
20:49qui travaillait avec Frédéric Polanski,
20:51avec tout le monde,
20:53Georges Lautner régulièrement, tout le monde,
20:55avec Pierre Estramblier, qui l'a fait débuter,
20:57ils avaient toujours des budgets énormes.
20:59Et lui, il voulait faire un film pas cher.
21:01Alors, il disait, ça se passe dans le faubourg Montmartre,
21:03en plus, moi, j'ai fait vraiment un film ethnique,
21:05si j'ose dire, ça se passait tout
21:07dans le faubourg Montmartre.
21:09Alors, il disait, ça ne coûte pas cher, dans un hôpital,
21:11et donc,
21:13je vais faire un petit film.
21:15Et tous les mecs qui vont arriver,
21:17j'ai les noms, je ne veux pas les balancer,
21:19ils ne voulaient pas faire un film pas cher.
21:21À l'époque, pas cher, c'était déjà
21:237 millions d'euros, aujourd'hui.
21:25Et alors, il me regarde,
21:27un jour, il me dit, mais Jacques,
21:29tu es réalisateur, tu n'arrêtes pas de faire
21:31des pubs, des machins,
21:33tu peux faire le scénario.
21:35J'ai dit, il n'y a pas de problème, moi, je fais le scénario,
21:37ça lui plaisait bien.
21:39Et il dit, on a économisé
21:41beaucoup avec toi, quand même,
21:43alors, tu vas le réaliser.
21:45Moi, j'avais déjà écrit un deuxième scénario,
21:47un projet que j'avais, qui était sur son bureau.
21:49Et il ne savait pas que c'était moi.
21:51Il a fallu qu'Aline du Monde,
21:53un jour, Aline va le voir, pas pour
21:55Prunelle Blues, mais pour un autre scénario.
21:57Elle lui dit, tu n'as toujours pas lu le scénario
21:59de Jacob Mesguine ?
22:01Il dit, comment tu dis ?
22:03Jacob Mesguine, il lui sort Prunelle Blues,
22:05le bouquin, il lui dit, voilà, c'est ça que je veux faire.
22:07Elle dit, mais c'est lui, c'est Jacob Mesguine, c'est l'auteur de l'autre scénario.
22:09Et c'est comme ça que vous avez débuté
22:11comme réalisateur. Voilà.
22:13C'était le point de départ, et après, il y a eu d'autres choses importantes
22:15dans votre vie, et une autre date
22:17aussi clé de votre parcours, c'est le
22:1928 septembre 2010.
22:21A tout de suite sur Sud Radio, avec Jacques Otmesguine.
22:23Sud Radio,
22:25les clés d'une vie, Jacques Pessis.
22:27Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité
22:29Jacques Otmesguine, nous parlerons tout à l'heure
22:31du choix du pianiste, un film qui sort demain,
22:33qui est un film à l'ancienne,
22:35mais un événement en même temps, on en parlera.
22:37On en revient à votre parcours, on a vu comment
22:39vous avez débuté par hasard au cinéma avec
22:41Prunelle Blues, mais il y a eu aussi la
22:43télévision, et le 28 septembre
22:452010, c'est le premier épisode
22:47de cette série à la télévision.
22:53La Maison des Rochevilles,
22:55qui a été un événement
22:57qui a duré 5 épisodes,
22:59et c'est une saga qui se passait
23:01dans une maison vivante entre
23:031895 et 1968.
23:05Alors ça vient de Nelly Kavski,
23:07c'était à ce moment, j'ai rencontré Nelly
23:09un peu de temps avant, productrice,
23:11moi j'oublie
23:13toujours de dire qu'elle est productrice, parce qu'elle
23:15est naturellement.
23:17En fait,
23:19elle m'avait rencontré,
23:21j'avais un temps de latence au cinéma,
23:23entre deux projets,
23:25Chabrol disait toujours, j'ai toujours un film
23:27d'avance, et j'aurais dû
23:29entendre ça. Alors à l'époque, j'avais écrit ce
23:31scénario, il était dur à monter,
23:33Alain Sartre voulait de long,
23:35de long il ne voulait pas, enfin voilà.
23:37Et Alain, ferme sa boîte.
23:39Donc moi,
23:41je rencontre Nelly, qui me dit, tu ne vas pas rester
23:43tu n'as rien à faire, tu as fait un chouette
23:45succès,
23:47j'ai un film à te proposer.
23:49Et elle me propose
23:51un film que je voulais réaliser
23:53et
23:55avec qui je ne m'étais pas
23:57entendu, avec l'auteur,
23:59elle était un peu folle.
24:01C'est appelé Tropique du Valium.
24:03Je ne sais pas si vous vous souvenez de ça.
24:05Et donc,
24:07j'ai abandonné, et elle revient avec ce scénario
24:09écrit par Pierre Huitier-Robin.
24:11J'ai trouvé le scénario formidable.
24:13Et je lui dis, Nelly, on s'était promis
24:15de ne pas jamais travailler ensemble, on était amis.
24:17Et elle me dit,
24:19je lui dis, je ne saurais jamais
24:21tourner en 25 jours,
24:2326 jours, ce n'est pas possible.
24:25Elle me dit, bon, je te laisse quand même
24:27réfléchir.
24:29Bon, j'ai réfléchi. A l'époque, les gens de cinéma
24:31à la télé, comme je vous l'ai dit, aussi bien pour les reportages
24:33que pour
24:35les téléfilms, c'était pas
24:37bienvenu.
24:39C'est ce que je veux dire.
24:41Micheline Prel et Daniel Gellin ont fait Les Saintes Chéries.
24:43Avec Jean Becker, dont j'étais l'assistant.
24:45Et ça a fait scandale.
24:47Et je me souviens,
24:49j'ai dit, bon, je vais faire
24:51de la télévision, je vais prendre les meilleurs.
24:53Donc j'ai pris André Henault, qui est un chef d'opérateur
24:55exceptionnel, j'ai pris son cadreur,
24:57j'ai pris des gens de la télévision
24:59qui travaillaient comme des gens de cinéma. Il n'y avait aucun problème.
25:01Ce n'était pas les buts
25:03chaumonts. Il y avait une différence
25:05entre la production indépendante et les buts chaumonts.
25:07Les buts chaumonts, il y avait des réalisateurs installés
25:09comme Bluval, tout ça.
25:11Bluval, que j'aime beaucoup,
25:13que j'aimais beaucoup. Le Don Juan qu'il a fait est exceptionnel.
25:15Bluval a été un des premiers
25:17réalisateurs de la télévision et il a réalisé
25:19le premier feuilleton télé, on l'oublie,
25:21qui était l'inspecteur Leclerc, qui passait le dimanche.
25:23Et c'est lui qui a ouvert la voie
25:25aux séries télévisées.
25:27Et vraiment, Marcel,
25:29moi j'aimais beaucoup. Il a une force de personnalité.
25:31Donc son Don Juan,
25:33il reste, il n'en a pas fait mieux.
25:35Moi, à un moment,
25:37je me suis retrouvé sur cette série
25:39Les Rochesvilles avec Alex Brasser.
25:41Je lui ai dit, tu ne veux pas qu'on refasse Don Juan ?
25:43Il me dit, ah c'est une bonne idée, je fais le rôle de papa.
25:45Je lui ai dit, ouais.
25:47Et donc, après réflexion,
25:49je me suis dit, je ne peux pas faire mieux.
25:51Alors, cette maison des Rochesvilles,
25:53c'est vraiment une série, vous tournez dans le Bordelais,
25:55dans des vrais châteaux Bordelais.
25:57Absolument. Et il fallait
25:59absolument raconter, parce que
26:01ce projet que j'avais de cinéma aussi, qui ne se montait pas,
26:03était situé
26:05dans un château dans le Bordelais.
26:07Alors je me suis dit, tiens, une revanche à prendre.
26:09Et j'ai dit à Nelly, j'aimerais bien
26:11qu'on le fasse dans le Bordelais. Elle me dit, il n'y a pas de problème.
26:13Donc on a travaillé, on a fait
26:15le scénario, et
26:17il y avait deux autres scénaristes
26:19avec moi, et on a fait
26:21de 1905
26:23à 1968.
26:25Et ça a été un travail
26:27colossal, quoi. Colossal, 5 fois 1h30,
26:29c'était comme un long-métrage.
26:31Et à l'époque,
26:33je ne veux pas dire
26:35que la télévision avait de l'ambition et qu'elle
26:37n'en a pas aujourd'hui, mais il y avait vraiment de l'ambition.
26:39On faisait des films en costume ?
26:41Exactement. Mais des films en costume
26:43qui ne parlaient pas
26:45de choses futiles ou inutiles.
26:47Au contraire, ça racontait l'histoire
26:49à travers une histoire de famille. Et ça,
26:51ça m'a donné envie, vraiment,
26:53pas que ça, mais même
26:55avant, j'ai découvert, grâce à Nelly Kowsky,
26:57que je pouvais raconter des histoires
26:59sur la longueur.
27:01Et 1h30,
27:03c'est très restrictif, en fait.
27:05Parce que, moi, j'ai beaucoup d'imagination,
27:07énormément,
27:09et sur le plateau,
27:11j'ai un besoin incessant
27:13de boulot, de travail.
27:15Et là,
27:175 fois 1h30,
27:19ça m'a épuisé.
27:21Donc, j'ai
27:23arrêté vraiment la télévision
27:25parce que j'avais des projets de cinéma aussi
27:27qui, à chaque fois, me prenaient du temps.
27:29Mais La maison de Rocheville, ça a été un gros succès.
27:31Il y a eu une partie du tournage dans le domaine de Taillon-Médoc,
27:33où a été tournée aussi la série Famille d'accueil
27:35et Cartouche, le film.
27:37Ah oui, je ne savais pas ça.
27:39Alors, il se trouve qu'à chaque fois, vous avez une particularité,
27:41Jacob Smezguine, c'est que vous trouvez des acteurs
27:43et vous êtes le découvreur.
27:45Dans vos premiers films, je crois qu'il y a
27:47Vincent Lindon.
27:49Vous avez été le premier à découvrir Vincent Lindon ?
27:51Oui, on était deux.
27:53On avait découvert
27:55ce gars qui avait des tics
27:57monstrueux.
27:59Dû à son enfance ?
28:01Oui, je n'ai jamais compris.
28:03En fait, si, ses parents se sont séparés, ça l'a traumatisé.
28:05C'est ça, il était traumatisé.
28:07Et...
28:09Comment je vais le dire ?
28:11Il était au cours Florent.
28:13Mais après, il est sorti des cours Florent
28:15et c'est Huster, à l'époque, pour qui
28:17j'écrivais un scénario,
28:19pour Paul Bougnard,
28:21pour le frère de Michel,
28:23et il m'a dit,
28:25tu veux faire
28:27Prunelle Blues ?
28:29Il me dit, il y a un acteur formidable,
28:31viens le voir.
28:33Je vais le voir et je vois un mec avec des tics
28:35monstrueux.
28:37Et quand il est sur scène, il n'avait plus de tics.
28:39Comment il fait ?
28:41Paul voulait absolument travailler
28:43avec lui.
28:45Il a commencé avec Paul Bougnard
28:47et après, moi,
28:49j'en ai hérité sur Prunelle Blues,
28:51c'est encore un projet sûr.
28:53J'ai écrit beaucoup de scénarios à ce moment-là,
28:55en attendant de faire un long-métrage,
28:57grâce à Michel Lebrun,
28:59le personnage.
29:01Et après, quand on a fait Prunelle Blues,
29:03il était évident
29:05que j'allais proposer à Alain Sartre
29:07deux acteurs pas trop connus.
29:09Michel n'avait pas encore fait Trois Hommes et un Couffin.
29:11Michel Bougnard, oui.
29:13Et Vincent, personne ne le connaissait.
29:15Alors Alain me disait, qu'est-ce que tu veux que je foute
29:17avec ces deux acteurs ?
29:19Trois Hommes et un Couffin pour Michel Bougnard.
29:21Et Vincent, je te promets
29:23qu'il va être formidable.
29:25En fait, il est allé voir Trois Hommes et un Couffin,
29:27il n'y a pas cru, comme tout le monde, Alain Sartre.
29:2912 millions d'entrées.
29:3112 millions d'entrées.
29:33Et moi, je savais que Michel avait vraiment...
29:35Moi, j'allais le voir sur scène.
29:37Il faisait vraiment ses spectacles,
29:39les magnifiques, tout ça.
29:41Et je savais qu'il avait du talent,
29:43même pour le cinéma.
29:45Et Alain a dit, on va le faire,
29:47je vais accepter une sortie en juillet.
29:49Puis Trois Hommes et un Couffin fait un carton.
29:51Fait un carton doucement
29:53progressif.
29:55C'est ce que je souhaite à tous les réalisateurs.
29:57Mais à l'époque, si le film démarrait le mercredi
29:59et qu'il ne faisait pas les entrées qu'il fallait,
30:01on ne l'enlevait pas.
30:03On lui laissait encore une chance.
30:05Et le film, toutes les semaines, augmentait.
30:07J'en ai parlé encore avec Colline Serrault,
30:09il y a 2-3 ans.
30:11Elle me dit, c'est le seul exemple de film
30:13qui grimpait toutes les semaines.
30:15Toutes les semaines, Alain Sarne me disait
30:17c'est pas possible, qu'est-ce qu'on va faire ?
30:19C'est Michel Boussina qui devient une vedette.
30:21Je lui dis, tu vois, on avait le nez
30:23avant tout le monde.
30:25Je n'ai pas fait 12 millions d'entrées
30:27parce que je venais après.
30:29Et ça a lancé beaucoup Michel.
30:31Trois Hommes et un Couffin.
30:33Il y a un autre acteur que vous avez découvert
30:35dans un autre film, mais hélas, cet acteur
30:37a disparu tragiquement, c'est Gaspard Hulliel.
30:39Gaspard, c'est comme mon fils.
30:41J'ai une photo de lui
30:43dans mon bureau.
30:45Je lui dis bonjour tous les jours.
30:47C'est un gamin que j'ai découvert,
30:49il avait 14 ans.
30:51C'était sur la série
30:53avec Jean-Claude Grimbert, pour qui j'ai une passion.
30:55Qu'on a reçu dans les clés d'une vie.
30:57C'est formidable.
30:59Et Jean-Claude, on avait écrit ensemble ce film
31:01et on cherchait le gamin.
31:03On a pris un casting pour un enfant
31:05et elle me montre le casting
31:07et elle me passe ce gosse
31:09à toute vitesse.
31:11J'ai dit attends,
31:13il faut que je vois celui-là.
31:15Elle me dit non, il a un trou dans la joue
31:17et je ne peux pas,
31:19parce qu'on devait avoir deux acteurs.
31:21Un 14 ans et un 20 ans.
31:23Je ne trouverai jamais le gars de 20 ans.
31:25Elle me repasse
31:27le casting
31:29et j'ai dit mais c'est lui, qu'est-ce que tu viens de faire là ?
31:31Elle me dit ah bon,
31:33comment je vais le retrouver ? Je le montre à Nelly Kavski
31:35qui était la productrice, qui dit la même chose.
31:37Je le montre à Jean-Claude Grimbert, il me dit la même chose.
31:39C'est vraiment lui.
31:41Donc il y a eu un consensus comme ça,
31:43auteur, producteur, réalisateur sur ce gamin
31:45et on a trouvé quand même
31:47l'autre à 20 ans.
31:49Et Gaspard est resté très proche de nous,
31:51très lié
31:53et il voulait en fait devenir assistant réalisateur.
31:55Il voulait devenir réalisateur.
31:57Et sa mère lui a fait faire du cinéma
31:59pour qu'il comprenne que c'est très dur.
32:01Au lieu de le faire dégoûter
32:03du cinéma, elle en a fait
32:05un vrai passionné.
32:07Il était toujours à côté de moi,
32:09tout le temps à me demander
32:11pourquoi tu as fait ça comme ça ?
32:13Après il a été très malheureux
32:15parce qu'il a compris que le réalisateur
32:17était le chef sur le plateau
32:19et qu'il ne pouvait pas lui demander des conseils
32:21pour devenir réalisateur comme il a pu le faire avec moi.
32:23Et il est venu me voir un jour,
32:25je préparais une série, il me dit
32:27je voudrais être ton assistant.
32:29Je lui ai dit écoute Gaspard,
32:31t'as des projets, il en avait plein comme acteur.
32:33Il avait fait le film de Téchiné,
32:35Téchiné avait vu
32:37le film
32:39Julien l'apprenti.
32:41Il avait pris pour son film
32:43et donc sa carrière partait.
32:45Je lui ai dit écoute, tu continues à faire acteur,
32:47c'est le meilleur endroit où tu vas apprendre ton métier.
32:49Il pleurait, il dit tu veux pas de moi ?
32:51Je lui ai dit tu vas faire l'acteur, continue.
32:53Donc j'ai un peu
32:55bousculé sa vocation de réalisateur.
32:57Mais je pense qu'il aurait fait une immense carrière
32:59s'il avait vécu.
33:01Absolument, il était inscrit pour faire
33:03Quand il est mort, j'ai pleuré
33:05comme si j'avais perdu un fils.
33:07Mais j'en reviens pas encore.
33:09J'arrive pas à
33:11je peux dire que
33:13le pianiste a été
33:15inspiré aussi par lui, le personnage.
33:17J'aime pas trop le dire parce qu'Oscar
33:19a appris à avoir des
33:21complexes, mais maintenant on peut le dire
33:23puisqu'il a fait le personnage. Mais je pensais à Gaspard
33:25en écrivant. Vraiment, on en avait parlé
33:27aussi, on devait se voir avant cet accident
33:29horrible pour en parler parce que lui
33:31il trouvait qu'il faisait trop vieux déjà.
33:33Et puis il y a aussi
33:35Éric Esmosnino, là aussi
33:37c'est vous.
33:39C'est lui, c'est pas moi.
33:41J'arrive à un moment clé de leur vie
33:43où il faut qu'il bouge, il faut qu'il change.
33:45Éric je le voyais au théâtre tout le temps et je le trouvais absolument
33:47sublime.
33:49Il a fait un Shakespeare
33:51à Avignon, je sais plus lequel,
33:53où il tenait
33:55tout le palais,
33:57la cour du palais, et en fait
33:59il mesure un mètre soixante ou soixante-deux
34:01et quand il monte sur scène, il est
34:03décuplé, je sais pas comment il faisait.
34:05Et un jour, je lui ai dit
34:07on fait un film ensemble ?
34:09Il me dit ah non, moi je peux pas, je suis bouqué,
34:11il était bouqué sur deux ans. Alors un jour
34:13Hippolyte Girardeau
34:15m'appelle, il me dit je dois faire un film
34:17avec Éric Esmosnino
34:19et il me quitte
34:21il veut travailler avec toi, il veut pas
34:23faire ce projet là. Je lui ai dit mais j'ai rien moi en ce moment.
34:25Et puis d'un coup j'ai pensé à
34:27lui pour une série
34:29que j'étais en train de préparer
34:31d'après le bouquin de Didier Decoy
34:33et il est arrivé
34:35là-dessus. Et ça a commencé, c'était avant
34:37Gainsbourg, avant qu'il soit repéré.
34:39Mais Gainsbourg il en repérait sur mon film.
34:41Sur La promeneuse aux oiseaux.
34:43Et il est arrivé au Café de la Paix pour un rôle qui n'était pas celui
34:45de Gainsbourg et
34:47Johan Sfar l'a repéré, il était déprimé,
34:49il a dit mais vous serez à Gainsbourg, et c'est comme ça que ça a débuté.
34:51C'est fou le nombre de gens
34:53que vous avez fait débuter, Jacob Schlesing.
34:55Je ne vous dis pas toute la liste.
34:57Il y en a un parquet.
34:59Mais c'est quoi, c'est un instinct ?
35:01Peut-être oui.
35:03Peut-être un instinct.
35:05Avant je faisais moi-même les castings.
35:07C'est peut-être ça le truc.
35:09Quand on était assistant à l'époque,
35:11on faisait nous-même les castings.
35:13On ne prenait pas un casting. Donc il n'y avait pas
35:15d'intermédiaire entre nous et les acteurs.
35:17On les suivait du début
35:19jusqu'à si on faisait le tournage,
35:21on faisait ça. Et je crois que ça vient de là.
35:23Et puis j'adore les comédiens.
35:25J'ai une passion pour les comédiens.
35:27C'est eux qui sont devant, ce n'est pas moi.
35:29Je les ai toujours préservés.
35:31Et je comprends
35:33ce qu'ils sont avant eux-mêmes.
35:35Moi j'aurais aimé que
35:37quelqu'un comprenne ce que j'étais avant moi-même.
35:39Moi je l'ai compris tout seul.
35:41Je pense que j'ai eu du bol toute ma vie.
35:43Mais eux, il faut qu'ils aient
35:45du bol à un moment.
35:47Et puis quand on tourne avec un acteur jeune
35:49qui n'a rien fait, il n'a pas de tics.
35:51À part Vincent Ladon qui avait des tics,
35:53mais dès qu'on dit moteur, Vincent n'a plus de tics.
35:55Et il est devenu
35:57un merveilleux acteur.
35:59Ce qu'il nous donne,
36:01c'est original et c'est qu'à moi.
36:03Et vous avez encore
36:05découvert d'autres acteurs et on va en parler
36:07à travers la date de demain,
36:09le 29 janvier 2025,
36:11pour la sortie du Choix du Pianiste,
36:13dans quelques instants, sur Sud Radio, avec Jacques Hottemesguine.
36:15Sud Radio, les clés d'une vie.
36:17Jacques Pessis.
36:19Sur Sud Radio, les clés d'une vie.
36:21Mon invité, Jacques Hottemesguine.
36:23On a beaucoup parlé de votre parcours méconnu.
36:25Et qu'on découvre pour la première fois.
36:27Et donc, demain, le 29 janvier 2025,
36:29sortie d'un film, le Choix du Pianiste.
36:31Donc voici un extrait de la bande-annonce.
36:33Quelqu'un m'a reconnu.
36:35Il s'appelle Annette.
36:37Elle voulait tout savoir sur moi.
36:39C'est notre professeur.
36:41Elle s'appelle Rachel.
36:43Le film est résumé en quelques phrases.
36:45C'est un film étonnant
36:47qui se déroule entre 1925 et 1945.
36:49Et qui met en scène un pianiste
36:51et une histoire d'amour.
36:53Pas comme les autres.
36:55Oui, parce que je voulais...
36:57J'avais fait une série, encore une fois,
36:59avec Ruggiero Ramondi. C'était formidable.
37:01Et moi, j'adore la musique.
37:03Toutes sortes de musiques.
37:05Mais ça, la musique classique,
37:07c'est pour moi...
37:09Comment dirais-je...
37:11Plus qu'une thérapie.
37:13J'ai découvert, après,
37:15qu'on soigne des parkinson,
37:17des choses comme ça.
37:19Et donc, cette passion,
37:21comme je dis,
37:23ça me permet de filmer l'invisible.
37:25Tout ce qu'on ressent, qu'on ne voit pas.
37:27C'est prétentieux.
37:29Après avoir filmé tellement de choses,
37:31qu'est-ce que je peux filmer ?
37:33Je me suis dit,
37:35comme ça,
37:37que ce pianiste...
37:39J'étais un peu énervé
37:41par un pianiste qui massacrait Chopin
37:43et j'ai dit, je vais quand même raconter
37:45ce pianiste.
37:47Et comme toutes les histoires d'amour,
37:49il faut un drame, le drame, c'est la guerre.
37:51La guerre 40.
37:53Le drame, c'est que sa prof est juive,
37:55par hasard.
37:57Donc, elle ne peut plus travailler.
37:59Et donc, lui, en tant que non-juif,
38:01il va découvrir l'horreur
38:03de cette situation.
38:05Lui qui vivait hors-sol,
38:07lui qui vit hors-sol,
38:09et il voit le drame de l'existence
38:11de la guerre, du rejet de l'autre,
38:13du rejet tout court
38:15de l'identité de quelqu'un,
38:17rejaillir
38:19et devenir un vrai problème.
38:21Jamais il n'y a à penser.
38:23Et donc, le fait de prendre un personnage innocent
38:25qui devient une victime
38:27et qui, en plus,
38:29vit dans l'amour et la musique,
38:31ça ne pouvait que faire des dégâts.
38:33Mais faire un film,
38:35en plus, avec une émotion folle,
38:37qui est celle de la musique.
38:39Le personnage central est devenu la musique.
38:41Oui, et en même temps, ce garçon va aller en Allemagne
38:43par amour, jouer pour les Allemands,
38:45c'est quand même pas terrible en 1940.
38:47Mais en plus,
38:49Oscar Le Sage,
38:51il est formidable
38:53dans ce projet, dans ce film,
38:55parce qu'il a cette
38:57jeunesse que le personnage
38:59a, à la fois dans les yeux
39:01et dans l'émotion. Il ne comprend rien.
39:03Et même si on lui explique,
39:05il ne veut pas comprendre.
39:07La première fois qu'il va
39:09à Berlin pour jouer,
39:11parce qu'on lui a trouvé un boulot là-bas,
39:13il découvre l'antisémitisme.
39:15Et il repart. Et donc, les Allemands
39:17lui en veulent. Parce qu'il n'est pas
39:19comme ça la Philharmonie de Berlin.
39:21Il rencontre déjà
39:23Furtwängler, qui va devenir
39:25après son protecteur,
39:27et
39:29Karajan. Donc, en 1933,
39:31Karajan, déjà,
39:33était entré
39:35dans le parti nazi.
39:37Donc, il revient à Paris, et il découvre
39:39à Paris, peu à peu,
39:41l'occupation qui va arriver.
39:43Et la fin de vie
39:45de son amour.
39:47La fin de son amour.
39:49Elle est arrêtée.
39:51Pierre Lagrange. Formidable.
39:53Rachel. Formidable.
39:55C'est une découverte. Je l'ai trouvée au théâtre.
39:57Elle est merveilleuse.
39:59Elle me rappelle un peu Ludmilla Michael.
40:01Elles ont ce charme et cette humilité
40:03et cet amour
40:05de la vie.
40:07Elle va être emmenée, et lui,
40:09pour la sauver,
40:11parce que sa sœur est collabo,
40:13à Oscar,
40:15à François,
40:17elle lui dit, on va t'aider,
40:19mais seulement, ils vont te demander
40:21d'aller jouer à Berlin, à retourner là-bas jouer.
40:23Donc, c'est une humiliation absolue.
40:25Il y va,
40:27il joue devant les nazis.
40:29Et là, il découvre vraiment l'horreur.
40:31Et puis, il a le droit de revenir
40:33à Paris, quelquefois, mais il doit retourner là-bas.
40:35Et c'est vraiment la base du film.
40:37Un film,
40:39les français qui allaient chanter
40:41ou jouer pour les nazis,
40:43il ne faut pas oublier que Piaf est allé chanter pour les allemands,
40:45mais en même temps, elle a fait des photos avec les prisonniers
40:47et ces photos ont permis de réaliser
40:49de fausses cartes d'identité et elle a fait sortir
40:51170 prisonniers, Piaf.
40:53C'est une histoire extraordinaire.
40:55Mais là, ce qui est extraordinaire dans ce film, c'est qu'il y a de l'émotion
40:57et le garçon va aller jusqu'au bout de son amour
40:59pour sauver, justement, cette jeune femme.
41:01Oui, il va aller au bout et
41:03persuader qu'on allait la libérer.
41:05C'est-à-dire qu'il a été au milieu d'un chantage
41:07et l'objet d'un chantage.
41:09Et avec son naturel
41:11et sa naïveté,
41:13il y est allé
41:15sans savoir qu'il commettait l'irréparable.
41:17Et puis, après, il découvre
41:19qu'elle est morte.
41:21On lui a menti
41:23et son amour disparaît
41:25complètement.
41:27Il va rentrer dans un
41:29processus de destruction
41:31qui est de boire.
41:33Et Oscar,
41:35ce personnage m'a été inspiré par Samson François
41:37qui passait son temps dans les boîtes
41:39de jazz après les concerts.
41:41Il avait un tel mal
41:43de vivre qu'il pouvait s'en sortir,
41:45pensait-il, qu'en buvant.
41:47Donc je suis parti de cette idée aussi.
41:49Et là, Oscar va rencontrer
41:51Zoé Adjani qui va être
41:53Annette qui va être
41:55comment on dirait
41:57la révélation de son parcours.
41:59C'est-à-dire que
42:01il a
42:03la résilience.
42:05C'est elle, le personnage, qui va l'amener
42:07à la résilience.
42:09Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'une fois de plus, vous avez découvert
42:11des acteurs. Oscar Le Sage,
42:13personne ne le connaissait. Zoé Adjani,
42:15la nièce d'Adjani, personne ne la connaissait non plus.
42:17Oui, moi, je ne la connaissais pas
42:19quand je l'ai vue. Moi, je me suis dit
42:21tiens, là,
42:23on a fait nous-mêmes le casting avec Lali.
42:25On a un casting, mais l'agent
42:27de Zoé nous a appelé. Elle nous a dit
42:29vous voyez là. Moi, j'avais peur du népotisme.
42:31Je n'aime pas ça. Et quand je l'ai
42:33vue, elle a une telle force de vie,
42:35elle est tellement naturelle
42:37que je n'ai même pas eu à la diriger.
42:39Elle était l'opposée physiquement
42:41et
42:43moralement de Pierre Lagrange,
42:45de Rachel dans sa vie.
42:47Des personnages que vous avez...
42:49Et Oscar, le jeune que vous avez
42:51choisi est comédien
42:53et musicien.
42:55Celui qui joue le rôle
42:57principal. Oui, mais il n'est pas musicien.
42:59Il est musicien, mais il n'est pas
43:01classique. On a découvert
43:03un Paul Glecoque pour le doubler,
43:05mais lui, il a travaillé pendant un an.
43:07Il ne savait même pas
43:09que le film allait se faire.
43:11Ce film, c'est un film en costume.
43:13C'est-à-dire que c'est quand même de gros investissements.
43:15Oui, bien sûr.
43:17On n'a pas été suivi par les grandes institutions
43:19et Nelly Kavski, la productrice,
43:21a dit qu'on allait se débrouiller
43:23avec l'argent qu'on a, parce qu'elle a trouvé TV5MONDE,
43:25elle a trouvé des partenaires.
43:27Les Hauts-de-France ont été formidables.
43:29Ils nous ont suivis. Parce qu'en général, on tourne les films à l'étranger
43:31maintenant. Oui, mais moi, je ne voulais pas.
43:33Je voulais vraiment...
43:35Je n'arrive pas à me déplacer mentalement.
43:37C'est-à-dire que si on me dit que je vais à Prague faire Paris,
43:39je n'y arrive pas. C'est quelque chose
43:41comme ça. Il y a des copains qui le font très bien.
43:43Je connais plein de
43:45réalisateurs qui le font très bien.
43:47Mais cette authenticité
43:49des rues françaises, j'en ai
43:51besoin. Je ne suis pas
43:53un documentariste.
43:55Je ne suis pas
43:57des documentaires, mais j'ai besoin.
43:59Moi, je ne sais pas. Peut-être parce que
44:01je suis venu en France comme un étranger
44:03et que j'ai besoin.
44:05Je suis devenu plus français que français.
44:07Et c'est votre sixième film seulement au cinéma
44:09en 40 ans, mais c'est aussi
44:11des années de travail. Parce qu'avant d'écrire ce scénario,
44:13vous avez fait beaucoup de recherches à Côte d'Ivoire.
44:15Énormément. Mais moi, je lis beaucoup.
44:17Comme je suis un surdoué,
44:19j'ai besoin de m'équiper
44:21mentalement pour vivre. Donc, je vois
44:23beaucoup de films. Je lis beaucoup d'aucuns.
44:25Et l'histoire me passionne.
44:27Et puis, le fait d'avoir fait des séries historiques,
44:29dont celle avec Jean-Claude Grimbert,
44:31et d'avoir fait
44:33justement ces longues séries,
44:35demande un investissement physique
44:37et un investissement historique.
44:39Et moi, j'adore lire l'histoire.
44:41Je lis toujours deux ou trois livres.
44:43Un livre d'art, un livre d'histoire et un essai.
44:45Si j'ai passé trois livres par
44:47semaine ou par mois, je n'y arrive pas.
44:49Et dans ce film, on voit également la vie artistique
44:51pendant l'occupation, qui a souvent été méconnue
44:53parce qu'on a aussi raconté n'importe quoi à ce sujet.
44:55Et là, vous remettez les pendules à l'heure, Jacques Otmeski.
44:57J'espère. Parce que c'était un peu aussi
44:59le projet, quoi. Le projet, c'était
45:01de faire ce travail d'imagination
45:03avec des personnages réels. Paul Paré,
45:05le chef d'orchestre que je fais vivre
45:07avec André Manoukian.
45:09Quand j'ai vu Manoukian, j'ai dit, il ressemble à Paul Paré.
45:11On l'a appelé. Je lui ai dit,
45:13tu veux jouer un chef d'orchestre ? Il m'a dit,
45:15oui, ça, je vais monter d'un grade. J'arrive.
45:17Et donc, lui et Toretton ont des petits rôles.
45:19Et Toretton, qui est un acteur merveilleux,
45:21en deux jours, il a bouclé
45:23son personnage et je le remercie
45:25encore d'être venu participer.
45:27Parce que ces acteurs
45:29qui manquent de métiers
45:31cinématographiques, il faut leur mettre
45:33en face des acteurs imparables.
45:35C'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas tricher avec eux.
45:37Il faut qu'ils soient parfaits.
45:39Et le conflit entre Toretton,
45:41le père d'Oscar
45:43et Pia,
45:45Pia n'a pas eu peur de Philippe.
45:47Dieu sait que Philippe, il a une voix qui porte.
45:49Elle a vraiment vécu
45:51cette espèce de voix qui porte
45:53et contre laquelle
45:55elle va sauver le petit,
45:57pour qu'il fasse du piano.
45:59Mais cette vie artistique pendant l'Occupation,
46:01c'est une chose qu'on retient dans le film, qui est étonnante.
46:03On a beaucoup raconté que les Allemands
46:05allaient aux folies bergères, mais c'est qu'il y avait une résistance
46:07derrière de la vie artistique.
46:09Il y a une pièce, Le Rêve de M. Belette,
46:11qui a été montée par Raymond Souplex aux deux ânes.
46:13L'occupant ne s'est jamais aperçu
46:15que c'était une pièce anti-nazie.
46:17C'est incroyable, ça.
46:19Vous avez beaucoup insisté là-dessus pour raconter
46:21ce pari un peu méconnu.
46:23Moi, j'adore. Il y a un bouquin qui vient de sortir
46:25qui s'appelle
46:29Le Serveur du Plaza.
46:33Du Ritz, pardon.
46:35Ça, ça me passionne.
46:37Pour que l'histoire,
46:39je puisse vraiment rentrer dedans,
46:41moi, je n'aime pas tourner
46:43dans une cuisine d'aujourd'hui.
46:45Parce que je rentre chez moi,
46:47je suis dans la même cuisine presque.
46:49Tandis que quand je sors d'un film
46:51des années 40 ou 30 ou 25
46:53ou même 50,
46:55je rentre chez moi,
46:57je suis dans le réel
46:59d'aujourd'hui. Mais dans le réel d'avant,
47:01pour moi,
47:03mon imagination devient réelle.
47:05C'est ça que je trouve extraordinaire.
47:07Mais ce film a été présenté dans des festivals
47:09en avant-première avec beaucoup de succès.
47:11Mais curieusement, vous êtes hors normes
47:13puisque les distributeurs ne savent pas
47:15où vous vous placez par rapport au film d'aujourd'hui.
47:17Mais c'est incroyable.
47:19Et ça, ça m'a bouleversé avec Nelly Kiosky.
47:21On se dit à chaque fois,
47:23à l'accepter, ils vont l'accepter.
47:25Au départ, il y avait un groupe qui voulait le faire
47:27et puis le type s'est fâché,
47:29il est parti.
47:31Alors on est allé voir d'autres grandes sociétés
47:33qui ont dit,
47:35Nelly a dit, je vais le produire avec vous
47:37si vous voulez. Ils trouvaient le scénario formidable
47:39et à chaque fois que les comités de lecture
47:41tombaient là-dessus,
47:43ils disaient, mais on va le mettre où ?
47:45Oui, parce que ce sont des cases maintenant.
47:47Exactement, mais même en radio,
47:49regardez-vous votre radio, vous êtes hors des cases.
47:51Oui, et fiers de l'être, on parle vrai ici.
47:53Je crois qu'on fait la même chose,
47:55on parle vrai.
47:57C'est sûr qu'on fait ce qu'on aime.
47:59Oui, mais c'est un combat.
48:01C'est un combat parce que les gens ne font plus ce qu'ils aiment.
48:03Ils font ce qu'on leur demande.
48:05Ils entrent comme des employés serviles
48:07mais on ne doit pas être servile dans le métier artistique,
48:09dans la radio, à la télévision.
48:11Tous ceux qui ne sont pas serviles,
48:13au système, réussissent beaucoup mieux.
48:15Mais le combat est lourd
48:17et va être de plus en plus difficile.
48:19Mais vous ne cessez pas le combat puisque ce film sort
48:21enfin, mais ça a été compliqué.
48:23Ça a été compliqué, heureusement on a trouvé un petit distributeur,
48:25comme on dit aujourd'hui,
48:27il n'avait pas les moyens, il n'a pas les moyens,
48:29mais il se bat et nous on fait beaucoup d'avant-premières
48:31dans toute la France
48:33et c'est les exploitants qui nous demandent.
48:35Ils ont vu le film,
48:37Destini leur envoie le film,
48:39ils le voient et ils nous demandent.
48:41Est-ce que vous voulez venir présenter le film ?
48:43On dit oui, on arrive.
48:45Les acteurs viennent quelques fois, Nelly Kavski et moi,
48:47on descend dans toutes les villes.
48:49Ce soir je vais à Marly-le-Roi,
48:51demain je suis à Fontainebleau,
48:53demain je suis à...
48:55C'est un film d'artisans
48:57comme on n'en fait plus aujourd'hui.
48:59Et c'est ce que vous souhaitiez faire ?
49:01C'est ce que vous continuez à faire ?
49:03C'est ce que je pense, qu'on est d'abord des artisans.
49:05Jeanne Moreau, elle disait,
49:07quand elle faisait partie d'un comité de lecture,
49:09elle disait
49:11si mon menuisier à qui je donne une chaise
49:13fait comme vous écrivez votre scénario,
49:15ma chaise ne la tiendrait pas sur trois pattes.
49:17Donc il y a ce métier,
49:19c'est ça que je trouve terrible,
49:21c'est qu'aujourd'hui,
49:23les mobs, les jeunes,
49:25j'ai l'impression d'être un vieux con maintenant,
49:27ils n'apprennent pas.
49:29Le nombre de jeunes qui ont à peine,
49:31qui pourraient être mes petits-fils,
49:33et encore j'exagère, me disent
49:35je suis réalisateur, qu'est-ce que tu as fait ?
49:37J'ai fait un clip. Ah bah c'est formidable.
49:39Tu ne veux pas faire assistant ?
49:41Ah non, je veux réaliser mon long métrage.
49:43Il fait un truc et il disparaît.
49:45Alors la clé de la réussite sur le long terme,
49:47c'est quand même d'apprendre son métier.
49:49Comme on le fait.
49:51Et donc ce choix du pianiste, c'est une victoire cette sortie ?
49:53C'est une victoire,
49:55et je pense que
49:57comme toutes les victoires,
49:59par exemple quand on a fait Julien l'apprenti à la télé,
50:01personne ne pensait
50:03que ça allait être ce carton.
50:05Arte a fait un de ses meilleurs scores.
50:07Donc à chaque fois qu'on nous
50:09empêche de faire les choses, ça me donne
50:11encore plus de pêche, et Nelly,
50:13elle est pareille que moi,
50:15elle est encore plus accrocheuse.
50:17C'est important d'aller voir le choix du pianiste à partir de demain
50:19sur les écrans, et surtout ne changez rien.
50:21Continuez ainsi, on a besoin
50:23comme vous, comme nous,
50:25de parler vrai, parlons vrai ensemble.
50:27Bravo, je suis tombé dans la bonne radio.
50:29Merci Jacques-Odysse Mesquine.
50:31Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
50:33On se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.