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  • 27/03/2025
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-03-27##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie. Celle de mon invité.
00:06Vous réalisez depuis plusieurs décennies un parcours long dans un circuit court.
00:10Vous avez démontré que le spectacle peut être une petite famille
00:14avec une grande fille dont vous pouvez être très fier.
00:16Bonjour Marca.
00:17Bonjour.
00:18Alors c'est vrai qu'on vous connaît peu en France.
00:21Il y a des tas de choses, vous avez fait des tas de succès,
00:24même jusqu'en Asie d'ailleurs.
00:25Oui.
00:26Et puis là vous sortez un nouvel album.
00:27Donc c'est l'occasion d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:31Votre parcours en Belgique, en France et ailleurs.
00:33C'est le principe des clés d'une vie.
00:34Avec plaisir.
00:35Alors on va commencer par une date qui est le 20 décembre 1997.
00:39Ce sont vos débuts à Paris au Sentier des Halles.
00:41Premier concert, vous vous souvenez ?
00:43Oui, très bien.
00:44J'avais préparé une reprise de la chanson de Caroline,
00:48la chanson d'MC Solar.
00:49Tout à fait.
00:50Parce que j'avais eu l'occasion de rencontrer Claude
00:53au Francophonie de Spa.
00:56Il était de passage.
00:57Et la raison pour laquelle j'avais demandé à lui parler,
01:00c'est d'abord que j'étais fan de son premier album.
01:03Et puis j'avais l'intention de...
01:06Comme je savais qu'il était fan de ma chanson accouplée,
01:09qui passait pas mal en radio à l'époque,
01:13je me sentais assez fort pour aller lui parler.
01:16Et puis on est devenus potes.
01:17Et puis j'ai dit voilà, j'aimerais bien reprendre ta chanson Caroline.
01:21Il m'a dit, avec, comment dire,
01:24toute l'intelligence qu'il caractérise,
01:26il m'a dit, si tu le fais, je suis sûr que ce sera bien.
01:29Très, très sympa.
01:30Et on est devenus potes.
01:31On se voit encore.
01:33Et puis aujourd'hui, juste pour votre info, sur mon album,
01:36il y a une chanson qui s'appelle Reine et Roi
01:38et qui n'est jamais que la suite de l'histoire de Caroline.
01:41On va en parler tout à l'heure.
01:42On va écouter d'ailleurs un extrait.
01:44Alors, il faut savoir que le Sentier des Ailes à l'époque,
01:46c'est une salle qui est ouverte en 1982.
01:49Et c'est une toute petite salle dans Paris
01:52où ont débuté Morane,
01:53les Têtes Raides, Arthur H.,
01:56Manon Solo et Linda Lemay.
01:57Et vous aussi.
01:58Et moi aussi.
01:59C'était une salle idéale pour les jeunes artistes.
02:01C'est une salle qui se retrouvait rude à bouclir,
02:05qui était dans une cave voûtée.
02:08Ça n'avait l'air de rien parce qu'on descendait par un escalier.
02:10On ne savait pas très bien où on arrivait.
02:12Mais elle était teintée d'une âme.
02:15Et puis surtout, il y avait une dame qui s'appelle Nicole Magasson,
02:18Londex, qui s'en occupait
02:20et qui était vraiment une dame
02:22avec laquelle j'ai encore des contacts aujourd'hui,
02:24qui était une amoureuse des artistes
02:26et qui se pliait vraiment littéralement en quatre voire en mille
02:29pour faire que le séjour...
02:31Parce que quand on venait au Sentier des Ailes,
02:33on venait pour qu'un jour ou trois semaines
02:35se passait bien
02:37et pour qu'on puisse vraiment avoir le temps de s'installer.
02:39Un peu comme dans votre émission, finalement.
02:41On a le temps de s'installer
02:42et on a le temps de montrer qui on est.
02:44Et le Sentier des Ailes, au départ,
02:45c'est elle qui avait trouvé cette cave abandonnée
02:48et l'avait transformée en salle de spectacle.
02:50Et ça a marché pendant des années.
02:51Il se trouve aussi qu'il y avait un peu de public,
02:54mais je ne suis pas sûr que les dirigeants de maisons de disques
02:57venaient vous voir...
02:59J'avais la chance de déjà être signé à ce moment-là.
03:01Donc ils sont venus.
03:02Je me rappelle que même le Big Boss de Columbia, à l'époque,
03:06était venu avec sa femme.
03:08Non, non, non, détrompez-vous, il y en a qui se déplaçaient.
03:10C'est un miracle parce qu'en général,
03:12les maisons de disques,
03:13quand il y a un jeune artiste, en plus belge, qui arrive,
03:16il faut savoir s'il est rentable ou non.
03:18Et au départ, vous avez été jugé peu rentable pour la France, Marc-Arnaud.
03:21Probablement, oui, mais vous savez,
03:23moi, je ne fais pas de la musique pour la rentabilité,
03:25je fais de la musique pour me faire plaisir
03:26et je pars du principe que dès le moment où je me fais plaisir,
03:29j'arriverai probablement à faire plaisir à ceux qui sont en face de moi.
03:32Exactement, et toujours en indépendance,
03:34ce qui est votre caractéristique.
03:36Alors, vous êtes né à Boisfort,
03:38dans la banlieue de Bruxelles.
03:39Il faut savoir que quelqu'un très célèbre a vécu à Boisfort
03:42entre 1939 et 1953, c'est Hergé.
03:45OK.
03:45Hergé habitait là.
03:46Pendant la guerre, les Allemands...
03:49la police venait le chercher pour l'arrêter.
03:51Ils disaient, on cherche M. Georges Rémy,
03:53mais ce n'est pas moi, je suis Hergé.
03:55Et puis, c'est là où Raymond Leblanc l'a trouvé un jour.
03:58Elle lui a dit, on va faire le journal Tintin
04:00et il a réussi à blanchir Hergé
04:02et a créé cette hebdomadaire qui a été
04:04l'hebdomadaire des 7 à 77 ans.
04:06OK.
04:07Ben, je l'ignorais.
04:08Alors, il se trouve qu'il y a en Belgique un problème,
04:10c'est les Wallons et les Flamands.
04:12Oh, il y a les Allemands aussi.
04:13Oui.
04:14Nous avons... on parle trois langues en Belgique.
04:16Mais entre les Wallons et les Flamands,
04:17on pense que Boisfort, c'est à la fois un côté Wallon,
04:19un côté Flamand.
04:20Ce n'était pas simple au départ.
04:21Non, en fait, moi, je venais à cette époque.
04:25Moi, je suis originaire de Molenbeek,
04:27qui est tristement connu.
04:29Mais qui, à l'époque, était un endroit très calme.
04:31Oui, qui était un endroit très calme,
04:32qui est encore calme aussi aujourd'hui.
04:35Mais les mamans allaient accoucher de l'autre côté de la ville
04:38parce qu'il y avait un hôpital,
04:41on va dire une clinique du Parti socialiste
04:43et que donc, comme mes parents étaient affiliés
04:45à la mutualité socialiste,
04:47on allait accoucher à Boisfort.
04:48Ce qui faisait de nous des gens chics
04:49le temps d'une soirée, le temps de naître.
04:52Alors, au départ, vous vous prénommez Serge Van Laken.
04:54Oui.
04:56Marcasse est venu, je crois, d'un t-shirt au départ.
04:58Tout à fait.
04:59Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:00Alors, ma maman travaillait pour un grossiste en salaison.
05:04Ce n'est pas du tout glamour à ce que je vais vous raconter.
05:08Mais c'est la vérité.
05:09Et parlons vrai sur ce drame.
05:11Allons là, on parle vrai.
05:11Je peux vous dire que j'avais reçu un t-shirt à l'effigie
05:14d'une saucisse, un saucisson qui s'appelle Marcassou.
05:17Et j'étais allé sonner chez un copain
05:19pour lui remettre un instrument.
05:20Mais c'est son frère qui a ouvert la porte,
05:22qui faisait aussi partie du groupe de mon copain.
05:24Mais il ne me connaissait pas.
05:26Quand il a expliqué à son frère,
05:27tiens, il y a un gars qui est venu déposer une guitare,
05:32Marcassou, il a repris le nom qu'il avait vu sur le t-shirt.
05:34À partir de là, on m'a appelé Marcassou.
05:36Puis, c'est devenu Marcas.
05:38C'est un petit peu comme si j'avais porté un t-shirt
05:40à l'effigie de Justin Bridoux.
05:42Aujourd'hui, je m'appellerais Brida.
05:44Voilà.
05:44Bon, c'est Marcas.
05:46Marcas, vous avez été élevé surtout par vos grands-parents.
05:48Tout à fait.
05:49Par vos parents, je crois.
05:51Oui, parce que disons qu'à la maison,
05:54il n'y avait pas une ambiance géniale.
05:56D'ailleurs, j'en parle dans le disque.
05:58Oui.
05:59Et si le disque s'appelle aujourd'hui Appelez-moi Serge,
06:02c'est aussi parce que c'est justement le petit enfant
06:05dont vous parlez qui a été élevé par ses grands-parents,
06:07qui aujourd'hui, à près de 64 ans,
06:10raconte un peu son parcours,
06:12on va dire un peu chaotique au sein d'une famille
06:15qui était vraiment chaotique.
06:17Oui, et je crois que vos grands-parents,
06:18Marcas, n'avaient pas confiance dans votre père.
06:20C'est le moins qu'on puisse dire, oui.
06:24Mais ils avaient raison aussi,
06:25parce que mon père était vraiment un être particulier.
06:27Voilà.
06:28Et d'ailleurs, je crois, et on peut le dire,
06:29que vous êtes né d'un heureux accident.
06:31Je suis né d'un heureux accident.
06:34Vous savez, ce qui est très drôle,
06:35c'est que nous sommes ici à Paris
06:37et que le père de mon père a eu une histoire parisienne aussi.
06:42Ah bon ?
06:42Parce que le père de mon père était pickpocket
06:45et faisait toutes sortes de métiers.
06:47Entre autres, il travaillait dans un cirque.
06:49Ce cirque belge était de passage à Paris.
06:51Vous savez, les journées sont longues.
06:53Donc, il était dans une troupe de gens
06:57qui font une planche comme ça,
07:00qu'on met sur un rondin.
07:01Il y en a un qui se met une extrémité,
07:03l'autre qui saute et qui fait des acrobaties.
07:05Il y en a un qui les rattrape.
07:06Mon grand-père était celui qui les rattrapait.
07:08Toute cette troupe, pendant la journée,
07:10quand il n'avait pas de travail,
07:11il les emmenait et il leur apprenait
07:13à comment voler dans le métro.
07:15Il s'est fait choper.
07:17Et on a retrouvé ça dans la presse belge.
07:20Après, Henri Van Laken s'est fait choper
07:23sur le métro à hauteur de Barbès.
07:25Et donc, mon grand-père était pickpocket chez vous
07:28alors qu'il était déjà en Belgique.
07:30Il a passé l'essentiel de sa vie en tôle, en gros.
07:33Mais vous, vous avez volé des bonbons aux étalages.
07:35Oui, si vous le dites, je ne m'en rappelle même pas.
07:41Vous disiez que c'était des emprunts à durée indéterminée.
07:44Oui, c'est ça.
07:45Des bonbons.
07:46J'ai dû en piquer quatre.
07:48En même temps, la Belgique, c'est le pays du chocolat.
07:51Moi, je me souviens de la gare du Midi, à une époque
07:54où il y avait la chocolat Côte d'Or.
07:55On arrivait, il y avait l'odeur du chocolat.
07:57L'odeur du chocolat, fantastique.
07:58C'était extraordinaire.
08:00Alors, il se trouve aussi que votre mère, je crois,
08:03travaillait un petit peu aussi.
08:05Mais surtout, vous la considérez comme une soeur
08:06plutôt que comme une mère, Marcin.
08:08Oui, parce que j'ai été élevé par mes grands-parents
08:11et que mes parents, je les voyais le week-end,
08:13mais je n'allais pas vraiment avec beaucoup de plaisir chez eux
08:15parce qu'il y avait une ambiance qui n'était pas très cool.
08:19Donc, pour moi, c'était comme une grande soeur
08:22qui venait me chercher.
08:23Et mon père, c'est un grand frère.
08:24En plus, mon père n'était pas très, très sérieux.
08:26Donc, il me faisait rire.
08:28Et c'était presque comme un pote ou un grand frère.
08:31Oui, en effet.
08:32Et votre vraie passion, c'était le football déjà.
08:34Oui, le football et puis le cyclisme.
08:36Parce que je ne vais pas avec des Français parler de football
08:40parce que là, je vais en prendre plein la poire.
08:41Pourquoi ?
08:42Les Belges, on se fait chaque fois battre par les Français.
08:44Par contre, si vous me le permettez,
08:46je vais revenir sur Eddy Merckx,
08:49qui, durant les années 60, était le plus fort du monde
08:51et l'est toujours aujourd'hui à nos yeux.
08:53Donc, c'est vrai que j'ai grandi avec Eddy
08:54comme père de substitution, je dirais.
08:57Bien sûr, mais le football, en même temps,
08:59il faut savoir que le football,
09:01la Belgique était un des premiers pays du continent
09:04à organiser un championnat national en 1895.
09:06Ah ben, vous me l'apprenez.
09:08Eh oui, c'était le pays du football.
09:10Et le nombre de spectateurs,
09:12proportionnellement par rapport au nombre d'habitants,
09:15est très grand en Belgique.
09:17Ah oui, ça c'est vrai.
09:18Et vous avez fait partie, je crois,
09:19d'un club ou supporter du Racing Wild Daring de Molenbeek.
09:22Tout à fait, je suis toujours supporter de ce club.
09:24Et je peux rajouter une petite chose,
09:26c'est qu'aujourd'hui encore, je suis coach d'une équipe de jeunes.
09:30Oui.
09:30C'est-à-dire que tous les mercredis après-midi,
09:32les vendredis après-midi, je les entraîne.
09:34Ce sont des U11, donc des garçons de 10 ans.
09:37Il y a même des filles qui jouent avec nous.
09:38Et nous avons match le samedi matin.
09:40Et donc, je fais ça toutes les semaines.
09:42Et ça me fait un bien fou d'être en contact avec des jeunes gens.
09:45Je crois que dans cette équipe, il y a un problème de matricule
09:47qui n'est pas très clair avec ce...
09:50Le 1e ?
09:51Oui.
09:51Ah oui, oui, oui, oui.
09:53On n'a pas ça en France.
09:54Vous n'avez pas les matricules ?
09:55Non, non.
09:56Ah, OK.
09:56Non, on doit racheter des matricules.
09:58Oui, enfin, ce n'est pas très important.
10:00Bon, ce qui est plus important, c'est vraiment vos débuts dans la chanson.
10:03Et vous avez commencé comme road movie...
10:05Comme road, oui.
10:06Rudy, je crois exactement.
10:08Tout à fait.
10:08Ce qui vous a donné envie de faire de la musique.
10:10Oui, en fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai changé d'école.
10:13Je suis passé de l'Athénée Léon Lepage à l'Institut Léon Lepage,
10:17qui était dans le même bâtiment à Bruxelles.
10:19Et dans l'Institut, il y avait des punks.
10:21J'avais peur de rentrer dans la classe des punks.
10:23Nous étions en 1978.
10:24Il me faisait peur.
10:25Et je suis naturellement arrivé dans la classe des punks.
10:28Et ce sont ces gars-là qui après m'ont appelé Marc Asso.
10:31Ce sont ces gars-là avec qui j'ai découvert la possibilité
10:34pour des jeunes gens de 17-18 ans de rentrer dans des groupes.
10:37Et plutôt que de m'acheter une guitare d'abord,
10:40j'ai porté le matériel pour eux.
10:41J'ai appris à accorder les guitares, à monter la batterie, la démonter et tout.
10:45Et puis, naturellement, j'ai voulu faire comme eux.
10:47C'était mes grands frères.
10:48J'ai commencé à jouer de la basse.
10:50Et trois ans après, je me suis retrouvé dans un groupe
10:52dont vous parlerez peut-être, qui s'appelle Allez Allez.
10:55Justement, on a une chanson.
10:59C'est un groupe fondateur du punk, je crois, en Belgique.
11:02C'est un groupe fondateur de, pas du punk, mais de la, comment dire,
11:06de ce qu'on appelait à l'époque le funk blanc.
11:08C'était juste après le punk.
11:10Oui.
11:10Et c'est chouette que vous ayez choisi cette chanson-là
11:13parce que la basse, c'est moi qui tiens la basse dans le morceau.
11:16Oui.
11:16Et il n'y a rien de plus joli.
11:19D'abord, il y a tous les souvenirs qui sont liés à mes 20 ans
11:22et qui ont fait qu'on a eu la possibilité de jouer de la basse.
11:24Oui.
11:25D'abord, il y a tous les souvenirs qui sont liés à mes 20 ans
11:27et qui ont fait qu'on a eu énormément de succès.
11:29On a joué en Belgique, en France, en Hollande, en Angleterre.
11:32On a été signé chez Virgin et tout ça.
11:34C'était une expérience.
11:35Vous savez que j'ai eu une société en Angleterre, moi.
11:38J'avais le même, j'avais le même avocat que les Sex Pistols.
11:41Oh, ça fait chier.
11:42Et que de police, c'est beau quand même.
11:43Ça valait la peine que je vienne pour vous raconter ça.
11:45Voilà.
11:46Et la société s'appelait Jowell Snow.
11:48Et donc voilà, pourquoi est-ce que je vous raconte ça ?
11:50Parce que ce sont des magnifiques souvenirs,
11:52mais il y a aussi...
11:53Un jour, j'ai rencontré un gars, un technicien de télé
11:58qui me dit, tiens, je joue de la basse
11:59et j'ai appris la basse grâce à African Queen,
12:02grâce à la basse que tu...
12:03Et ça, c'est magnifique quand on te dit ça.
12:04Alors, il y a eu d'autres dates importantes dans votre parcours
12:07et il y en a une que je vais évoquer avec vous
12:09dans quelques instants.
12:10C'est le 19 juillet 2000.
12:12À tout de suite sur Sud Radio avec Marc A.
12:15Sud Radio, les clés d'une vie.
12:16Jacques Pessis.
12:17Sud Radio, les clés d'une vie.
12:19Mon invité Marc A.
12:20Nous parlerons tout à l'heure de ce nouvel album
12:22« Appelez-moi Serge ».
12:23On en revient à votre parcours qui a commencé en Belgique,
12:26un petit peu par hasard dans la musique.
12:29Et j'ai trouvé une date le 19 juillet 2000.
12:32Ce jour-là, c'est le début des francopholies de Spa
12:35avec un hymne dont vous êtes le compositeur.
12:37Ah oui, c'est vrai.
12:39C'est vrai qu'en fait, avant que les francopholies n'existent en Belgique,
12:44elles existaient déjà depuis quelques temps en France,
12:47j'avais été jouer à Spa.
12:49Et il se fait que le gars qui avait organisé mon concert dans les années 90-91,
12:54un truc comme ça,
12:56a formé les francopholies de Spa plus tard.
13:00Et c'est lui, Charles Gardier,
13:02un des deux patrons des francopholies,
13:04qui m'a dit « Est-ce que tu ne voudrais pas faire un hymne ? »
13:06Et donc je leur ai fait l'hymne des francopholies de Spa.
13:09Et qui est d'ailleurs, je crois, le point de départ de chacun de vos concerts aujourd'hui.
13:13Oh non !
13:14Mais qui est le point de départ de tous les concerts aux francopholies en tout cas.
13:17Il se trouve qu'il y a quelqu'un aussi qui a composé un hymne,
13:19on l'a un peu oublié,
13:20c'est l'hymne des Jeux Olympiques de Grenoble de 68,
13:23qui a été entendu dans le monde entier,
13:25c'est Michel Fuguin,
13:26qui l'a fait comme ça, il avait un copain dedans,
13:28il débutait, et il a composé avec une chanteuse,
13:30l'hymne des Jeux Olympiques.
13:31Comme quoi, ça peut marcher.
13:33Et il se trouve que ces francopholies de Spa,
13:36c'est la suite de celles de Jean-Louis Foulquier,
13:38et qui ont marché,
13:40et ça a tellement marché,
13:41que tout le monde vient aux francopholies de Spa.
13:44Ah oui, c'était un festival notoire,
13:46surtout du côté francophone,
13:48parce que vous savez, chez nous,
13:49il y a la moitié du pays qui parle une langue,
13:51qui est le flamand,
13:52et qui n'écoute pas spécialement
13:54les artistes du côté francophone,
13:56mais du côté francophone,
13:58les francopholies, c'est énorme.
14:00C'est le lieu, en effet,
14:01où tout le monde se croise aujourd'hui.
14:03Voilà, et je crois qu'il y a quelqu'un
14:04qui est venu vous voir lors d'une répétition
14:06avec qui vous étiez amis,
14:07c'est Annie Cordy.
14:08Ah, en fait, j'ai appelé Annie Cordy
14:11pour voir si elle voulait bien chanter avec moi
14:14lors d'une soirée de 2004, je crois.
14:18Et cette soirée, en fait,
14:20je n'invitais que des femmes sur scène.
14:23Et Annie Cordy ne me connaissait pas,
14:26mais elle a accepté.
14:27Je peux vous raconter comment ça s'est passé ?
14:29J'avais pris le thalys pour la rejoindre à Paris,
14:32faire sa connaissance.
14:33Je suis arrivé à 10 heures chez elle,
14:35précise, parce qu'elle était d'une précision incroyable.
14:39Je suis arrivé chez elle,
14:40elle avait un petit Walkman,
14:41elle écoutait ma chanson,
14:42qu'elle découvrait.
14:43Elle s'est présentée à moi
14:45et elle était habillée tout en training,
14:47sur vêtements gris, comme ça, vous voyez.
14:49Elle avait déjà, je crois, 76 ans.
14:52C'est important pour ce que je vais vous raconter après.
14:54Et puis elle m'a dit,
14:55voilà, j'aime bien votre chanson et tout.
14:57Qu'est-ce que vous voudriez faire ?
14:58Est-ce que vous bougez sur scène ?
14:59J'ai dit oui, je bouge un peu, je danse.
15:00Montrez-moi !
15:01Et je me reçus retrouvé à 10h05 du matin,
15:04tout seul, avec ma guitare,
15:05à danser dans l'appartement d'Annie Cordy.
15:09On a échangé deux, trois choses.
15:11Elle m'a dit, voilà, j'aimerais bien qu'on fasse
15:13un medley de Tata Yo-Yo et Show Kakao,
15:16ce que j'ai naturellement accepté avec beaucoup de plaisir.
15:18Et puis elle s'est assise dans son fauteuil,
15:21elle a pris sa jambe,
15:22qu'elle a tendue et qu'elle a ramenée sur son visage,
15:24parce qu'elle faisait des étirements.
15:26Il était 10h30,
15:27elle m'a dit, je vais vous mettre dehors maintenant,
15:29parce que j'ai une longue journée devant moi,
15:30elle devra partir en concert.
15:32Et donc je me suis retrouvé à 10h35,
15:34sur le pas de la porte.
15:36Et la fois d'après où je l'ai vue,
15:37c'était au Francophonie de Spa.
15:39Et je peux encore ajouter une petite chose,
15:41sur le moment,
15:42toutes les femmes sont montées sur scène,
15:44les unes après les autres,
15:45entre autres ma fille,
15:47dont on parlera peut-être tout à l'heure,
15:48c'est son premier concert,
15:50avec son papa sur la scène des Francopholies.
15:52Mais quand Annie Cordier est montée sur scène,
15:55je tenais bien le truc,
15:57la scène c'est mon truc, j'adore ça.
15:59Mais là j'ai eu l'impression,
16:00une fois, de piloter à F-16.
16:02Parce que les gens sont devenus dingues
16:04et je ne me rendais pas compte de ce qui m'arrivait.
16:07C'était simplement la furie qui montait sur scène
16:10et qui à 76 ans a mis le feu aux Francopholies.
16:13De toute façon, elle ne vivait que pour la scène.
16:15Elle m'a expliqué un jour que si elle tenait autant sur scène,
16:17c'est qu'elle avait un cœur qui battait très lentement.
16:19Ce qui l'a beaucoup épédé dans ses tournées.
16:21Elle partait en tournée, dans la voiture,
16:23elle tricotait,
16:24et puis après elle se déchaînait sur scène.
16:25Le cœur qui bat lentement, c'est le comédie Merckx.
16:27Exactement, c'est le même combat.
16:29Encore une spécialité belge de talent.
16:32Alors, il se trouve qu'il y a eu Annie Cordier,
16:34les Francopholies,
16:35et puis il y a eu d'autres choses avant.
16:36Il y a eu un groupe qui s'appelait Bla Bla Bla.
16:39Oui, ça c'était une blague.
16:41C'était une blague.
16:42C'est à l'époque des débuts du rap.
16:45Je ne sais pas si vous vous souvenez des Beastie Boys.
16:48Et on s'est dit pourquoi pas faire un Beastie Boys en français.
16:52Et donc voilà, avec des potes, on a enregistré une chanson.
16:55C'était vraiment sans aucune prétention.
16:57Et voilà, on a sorti un single qui a été distribué en France
17:01par je ne sais plus quoi.
17:03Je sais qu'on a fait un plateau télé ici chez vous.
17:05Mais bon, c'est plus une blague.
17:07Oui, mais la chanson, quand on l'écoute, elle en rappelle une autre.
17:16Car c'est exactement « Tu parles trop des chaussettes noires ».
17:18C'est tout à fait.
17:19En tout cas, cette phrase-là que le parolier qui s'appelle Riton Libman,
17:22avec qui je travaille toujours aujourd'hui, avait écrite.
17:25C'était une référence à cette chanson-là des chaussettes noires.
17:29Et vous savez que les chaussettes noires, Eddy Mitchell a appris
17:31que ça s'appelait ainsi sur scène
17:33lorsqu'il a vu le 45 tours.
17:35C'était un accord entre Eddy Barclay et Jean Prouveau
17:37qui fabriquaient des chaussettes noires à Roubaix,
17:39des grandes lanières, et c'est né comme ça.
17:41C'est magnifique.
17:43Alors justement, Riton Libman qu'on a reçu,
17:45et voici quelques mois pour son livre,
17:47ça a été un personnage incroyable.
17:48D'abord, il a débuté avec Bertrand Billet,
17:50il nous l'a raconté dans « Préparez vos mouchoirs ».
17:52Et vous avez fait même des bandes originales de films.
17:54Notamment celle de Gérard Mordillat.
17:56Oui, tout à fait.
17:58En fait, Riton travaillait comme comédien dans ce film.
18:01Et à l'époque, nous enregistrions pour lui
18:03une chanson reggae qui s'appelait
18:05« Mon lit, ma couette, mon matelas et mes draps »
18:07et que Riton chantait à tue-tête.
18:09Toujours est-il que le réalisateur, Gérard Mordillat,
18:13lui dit « Mais pourquoi est-ce que tu ne placerais pas
18:15cette chanson dans le film ? »
18:17Frangin.
18:18Oui, mon cher frangin.
18:19Et en fait, on s'est retrouvé face à un petit souci,
18:22c'est que le film se passait, je crois, en 1957
18:24et que le reggae n'était pas encore arrivé en Europe.
18:26Donc on a décidé d'en faire une version rock'n'roll,
18:29rockabilly, qui n'a existé que pour ce film.
18:33Riton Lindemann a également travaillé sur vos albums,
18:35sur vos premiers 45 tours.
18:37Tout à fait. En fait, Riton, avec qui je jouais au foot
18:39le dimanche après-midi,
18:41et avec qui j'avais écrit la chanson
18:43« Mon lit, ma couette et mon matelas et mes draps »,
18:45un jour m'a écrit une chanson qui s'appelle « Reviens ».
18:47Le refrain est assez particulier,
18:49mais marchait très bien, en tout cas,
18:51quand je la chantais en live.
18:52C'est « Reviens, je ne te ferai rien.
18:53C'est promis, je te jure.
18:54Demain, si t'es pas là, je te casse la figure. »
18:56C'était à prendre au second degré, naturellement.
18:58Ce que les radios n'ont pas fait.
19:00Et quand le morceau est sorti, ça n'a pas marché du tout.
19:02Alors ce qu'il y a de drôle,
19:04c'est que ce morceau-là, je l'avais chanté
19:06à l'anniversaire de Gilles Verland,
19:08qui est un journaliste belge qui a fait carrière en France,
19:10qui n'est plus là aujourd'hui.
19:12Et j'avais été remarqué
19:16par le patron de « Played Against Sam »
19:18Pias, qui s'appelle Kenny Gates.
19:20Et Kenny Gates m'avait dit « On va en faire un 45 tours. »
19:22J'ai fait un album, et c'est Kenny Gates
19:24qui m'a mis le pied à l'étrier
19:26pour devenir chanteur,
19:28comme je le suis encore aujourd'hui, marquant.
19:30Et ce qui est très drôle,
19:32c'est qu'après ça, j'ai été signé
19:34sur plein d'autres labels et tout ça,
19:36mais que le dernier album, dont nous allons parler tout à l'heure,
19:38« Appelez-moi Serge », se retrouve de nouveau
19:40chez Kenny Gates.
19:42Parce que quand je l'ai appelé au mois de septembre,
19:44je lui ai dit « Tu te rappelles, t'as signé mon premier album.
19:46Est-ce que t'as pas envie de signer mon dernier ? »
19:48Puis il a éclaté de rire, il m'a dit
19:50« Oui, on va trouver quelque chose. »
19:52Et voilà, je suis distribué chez Intégral,
19:54Kenny Gates.
19:56Et il y a quelqu'un qui a compté aussi pour vous,
19:58c'est Jacques Duval, qu'on connaît pour avoir été
20:00notamment le parolier de Lyo.
20:02Tout à fait, Jacques Duval m'a écrit une chanson
20:04au minimum par album, et au début,
20:06dans le contrat qu'on avait ensemble,
20:08normalement, il ne pouvait écrire
20:10que des chansons avec des prénoms.
20:12C'est pour ça que sur le premier album, il m'a écrit Elisabeth
20:14et une autre chanson qui s'appelle Désirée.
20:24« Désirée, je voudrais bien limiter ton chemin. »
20:30Personnage étonnant. Ce qui est étonnant avec
20:32la Belgique, c'est qu'il y a très peu d'auteurs
20:34compositeurs, beaucoup moins qu'en France.
20:36Jacques Duval, il a travaillé pour tout le monde
20:38et il est très connu,
20:40mais il n'y a pas eu beaucoup d'autres Jacques Duval.
20:44Depuis lors, on a quand même eu Stromae.
20:46Oui, ça fait un.
20:50C'est un petit pays.
20:52Oui, mais rappelez-vous que
20:54si nous sommes 10 ou 11 millions,
20:56là-dedans, il faut déjà enlever 6 à 7 millions
20:58de flamands.
21:00Nous ne sommes plus que 4 millions.
21:02Ça fait très peu.
21:04Au ratio, c'est normal qu'on ait moins d'auteurs
21:06compositeurs que vous.
21:08En tout cas, ces albums vous ont permis d'aller au-delà de la Belgique.
21:10Vous avez été jusqu'en Allemagne.
21:12Vous avez été à Sofia, en Bulgarie.
21:14C'est assez particulier. Il faut le faire.
21:16Oui, j'ai fait les francopholies de Sofia.
21:18J'ai joué au Japon, en Chine.
21:20J'ai joué au Vietnam.
21:22J'ai joué aux États-Unis, au Canada,
21:24à Cuba,
21:26au Sierra Leone, au Sénégal.
21:28Comment c'est venu tout ça ?
21:30Toutes les occasions qu'on me propose,
21:32je les prends.
21:34Je pars du principe que
21:36c'est des pays où je n'aurais
21:38pas été normalement.
21:40J'aurais peut-être même pas pu me payer les voyages.
21:42Le Japon, ça coûte cher.
21:44Mais j'ai eu une occasion qui s'est présentée
21:46et j'ai dit oui.
21:48Sans tenir compte du fait que je vais aller là-bas
21:50et que, naturellement,
21:52de un, je ne suis pas connu, et de deux,
21:54je ne vais rien gagner.
21:56Mais j'y vais pour le plaisir.
21:58Et vous gagnez à être connu.
22:00Après, je commence à chanter en japonais.
22:02Je fais des émissions à la télé japonaise.
22:04Petit à petit, il y a des choses qui se passent.
22:06Il faut profiter de tous les moments.
22:08Ce métier,
22:10je le fais avec
22:12beaucoup de plaisir. Surtout le métier de la scène.
22:14C'est ce que j'adore le plus.
22:16Finalement, vous vous rendez compte
22:18que si vous êtes capable de faire passer
22:20des sentiments
22:22ou des choses, on n'a pas besoin
22:24spécialement de comprendre
22:26les paroles. Vous savez, qui connaît les paroles
22:28des chansons de Prince, par exemple,
22:30ou de Michael Jackson ? On les aime tout simplement
22:32parce qu'il y a quelque chose qui passe en plus des paroles.
22:34Et avec vous, il y a la scène, mais pas seulement.
22:36Et on va en parler avec une autre date,
22:38le 13 mars 2020.
22:40A tout de suite sur Sud Radio, avec Marc A.
22:42Sud Radio, les clés d'une vie.
22:44Sud Radio, les clés d'une vie.
22:46Mon invité Marc A pour ce nouvel album
22:48Appelez-moi Serge, un album intime
22:50qu'on va évoquer tout à l'heure.
22:52On a évoqué vos débuts, vos premiers concerts.
22:54Et le 13 mars 2020,
22:56j'ai trouvé un concert insolite.
22:58C'est le premier concert pré-confinement
23:00en live sur Facebook que vous donnez.
23:02Ah oui !
23:04Vous n'avez pas attendu le confinement
23:06pour donner un concert pré-confinement.
23:08Oui, j'ai profité de...
23:10En fait, il y a
23:12un chanteur français très connu
23:14qui est un chanteur de téléphone
23:16qui m'avait inspiré
23:18cette manière de faire.
23:20Et je l'ai
23:22simplement reporté en Belgique
23:24au moment où nous étions
23:26obligés de rester à l'intérieur.
23:28Et donc, j'ai donné rendez-vous
23:30semaine après semaine
23:32le samedi
23:34vers 14 heures, je crois.
23:36J'avais des invités,
23:38mais des invités qui étaient parfois
23:40pas là, parce que je leur demandais de m'envoyer
23:42des bandes qu'ils enregistraient de chez eux.
23:44Je les passais sur des écrans, c'était un montage
23:46incroyable. Mais j'ai
23:48eu beaucoup de retours.
23:50Et en fait, ce qui était très drôle, c'est que j'étais étonné
23:52d'être le seul artiste belge à le faire.
23:54Et donc, du coup, tous les journaux étaient
23:56intéressés. Et donc, c'était relayé par la presse
23:58écrite qui continuait à travailler
24:00malgré tout. Et donc, ça a été un très gros...
24:02J'avais à peu près entre 12 et 15
24:04000 personnes qui me suivaient
24:06par samedi, ce qui est quand même énorme.
24:08C'est énorme. Pour la Belgique, rappelons-le.
24:10Et le reste du temps aussi, vous faisiez
24:12beaucoup de jardinage. Oui.
24:14Je suis le roi de la tomate. C'est-à-dire ?
24:16Là, je viens de planter
24:18mes semences
24:20que je récolte de mes
24:22tomates de l'année d'avant. Parce que
24:24les semences de tomates ont
24:26une mémoire. Et donc, si on les
24:28soumet à des stress hydriques et tout ça,
24:30elles le retiennent et elles vont se
24:32renforcer pour la génération qui
24:34suit. Donc, moi, je garde mes tomates.
24:36J'enlève les
24:38semences. Je viens de les planter.
24:40Là, elles vont grandir à l'intérieur.
24:42Quand il y aura les premiers frimas qui auront
24:44disparu, les derniers frimas qui auront disparu,
24:46je les mettrai dans le sol. Je vais les suivre.
24:48Puis, j'en aurai plein au même moment.
24:50Et je serai obligé de faire
24:52du jus de tomates et des
24:54conserves de tomates. Oui, je vous plains. Effectivement.
24:56Alors, il se trouve que... J'aurais dû vous
24:58en amener. Il y a ce côté légumes
25:00et il y a le côté grosse légumes, c'est-à-dire
25:02avec votre famille. D'abord,
25:04il y a votre femme, Laurence,
25:06qui a commencé comme
25:08humoriste, notamment dans la version...
25:10Elle a été Miss Bricolat dans une version
25:12des nuls en Belgique. Tout à fait.
25:14Qui s'appelait Les Nuls, qui était à mourir
25:16de rire, qui était très belge, naturellement.
25:18Et ma femme campait
25:20un personnage qui ne
25:22parlait pas et qui
25:24secondait un professeur
25:26qui s'appelait le professeur Décodeur,
25:28rapport au Décodeur de Canal Plus
25:30à l'époque. Et donc,
25:32elle s'est fait connaître du grand public grâce
25:34à ses trois ou quatre années de
25:36télévision et ses rendez-vous qui étaient aussi
25:38chaque fois le samedi, il y avait un rendez-vous
25:40de cette émission sur les télés de Canal Plus Belgique.
25:42Et vous vous êtes retrouvé ensuite sur un spectacle musical
25:44qui s'appelait À nous deux.
25:46Oui, on a fait un spectacle à deux. On a travaillé
25:48deux fois à deux et c'était
25:50très chouette, mais nos enfants
25:52s'en plaignaient parce que
25:54visiblement, quand les parents ont
25:56le même métier et qu'ils travaillent
25:58le même projet, ils en parlent
26:00trop. Et donc, les enfants, à un moment,
26:02nous ont fait comprendre qu'il valait peut-être
26:04mieux, voilà, on n'arrêtait pas de
26:06parler du spectacle et on leur
26:08parlait pas assez,
26:10on leur donnait pas assez de temps, je crois.
26:12Donc, on a
26:14décidé de ne plus travailler ensemble.
26:16Il y avait un autre spectacle, Monsieur et Madame, je crois.
26:18Alors, il y avait un jeu, vous savez, Monsieur et Madame
26:20ont un fils qui est un jeu.
26:22Oui, oui.
26:24Je n'ai pas trop de
26:26souvenirs de ça. Mais par contre,
26:28Monsieur et Madame, on a voyagé aussi, on a été jouer
26:30au Japon, entre autres, parce qu'on avait fait une version
26:32d'une chanson en japonais.
26:34Et Monsieur et Madame, en fait, c'est un jeu, Monsieur et Madame ont un fils
26:36et c'est un jeu de mots. Et la première
26:38à avoir fait ça, en 1935, dans une
26:40chanson, c'est Joséphine Becker. D'accord.
26:42Donc, c'est quelque chose
26:44de très ancien.
26:46Alors, justement, vos enfants,
26:48d'abord,
26:50je crois que vous avez rendu fou, un officier d'état
26:52civil, quand vous avez déclaré la
26:54naissance de votre fils, Roméo Marcar.
26:56Ah ben oui, parce que j'étais très content
26:58de l'appeler Roméo. À l'époque,
27:00donc, en 1992,
27:02j'ai toujours réfléchi, parce que nous, on dit 92.
27:04Je suis
27:06arrivé à la commune pour
27:08déclarer le nom de mon fils.
27:10C'était Roméo. Il y en avait très peu.
27:12Roméo Becker n'était pas encore né.
27:14Et puis surtout, ma femme et moi,
27:16on n'avait pas voulu le dire à nos proches, parce qu'on
27:18avait très peur que les gens
27:20nous donnent du « mais tu vas quand même pas
27:22l'appeler Roméo ? » et tout ça.
27:24Donc, on l'appelait secrètement.
27:26Entre nous, on l'appelait Kiki.
27:28Donc, quand je suis arrivé là-bas,
27:30je leur ai dit « Voilà,
27:32Van Lincoln, comment est-ce qu'il s'appelle ? Roméo.
27:34Et comme deuxième prénom, je lui ai dit
27:36Elvis. » Le mec m'a
27:38regardé, puis je lui ai dit « Mais c'est pas tout,
27:40parce qu'il faudra aussi rajouter Johnny. »
27:42C'était en référence à Johnny Hallyday, naturellement,
27:44donc le type a écrit ça. Il était content, parce qu'il y avait
27:46les trois prénoms. J'ai dit « Non, on va en rajouter un quatrième.
27:48J'aimerais bien que vous indiquiez en plus Kiki. »
27:50Et là, il n'en revenait pas, quoi.
27:52Il m'a regardé halluciné,
27:54et puis je lui ai dit « K-I-K-I. »
27:56Ce qui fait que, c'est véridique, si jamais
27:58mon fils vient ici pour lui demander sa carte d'identité,
28:00il y a écrit Kiki dessus.
28:02C'est beau, hein ?
28:04René Goscinny a essayé, lorsque sa fille Anne est née,
28:06c'était après Mai 68, d'obtenir
28:08le prénom de Anne Barricade.
28:10Le fiscalisé civil n'a jamais voulu.
28:12Alors, bien sûr, il y a votre fils,
28:14et puis il y a la fierté de votre vie, bien sûr,
28:16votre fille.
28:22La cérémonie des Jeux Olympiques de Paris 2024,
28:24Angèle.
28:26Une Belge à Paris.
28:28Une Belge à Paris, et pas n'importe quelle Belge,
28:30parce que finalement, elle fait un parcours incroyable
28:32que vous n'auriez jamais imaginé, Marc-André.
28:34Mais bien sûr, mais vous me dites,
28:36la fierté de ma vie, mon fils fait partie
28:38de la fierté de ma vie aussi.
28:40Les deux aussi.
28:42Et ce qui leur arrive est tout simplement incroyable.
28:44Et je ne peux que penser
28:46à la carrière que j'ai menée,
28:48qui a été une carrière, on va dire,
28:50pas toujours facile, en dents de scie,
28:52mais avec la volonté de vouloir absolument
28:54continuer mon métier,
28:56envers et contre tout, je dirais.
28:58Et je crois que je l'aurai...
29:00Leur talent, c'est leur talent,
29:02j'y suis pour rien.
29:04Mais je crois que je leur ai insufflé
29:06une envie de faire de ce métier,
29:08parce que j'ai toujours été, avec le sourire,
29:10ils me voyaient partir jeudi, vendredi, samedi
29:12pour faire mes concerts,
29:14ils me voyaient revenir fatigué, mais souriant.
29:16Donc je suppose qu'ils ont dû se dire
29:18que c'est un chouette
29:20moyen de gagner sa vie.
29:22Donc voilà, je suppose
29:24que c'est ce que je leur ai légué.
29:26Maintenant, de voir
29:28que sa propre fille chante cette chanson-là
29:30et que dans le monde entier
29:32on la découvre,
29:34c'est tout bonnement... C'est anormal même,
29:36je dirais. C'est anormal.
29:38C'est la plus grande visibilité
29:40de l'histoire en une minute sur l'application Shazam.
29:42Un milliard de vues.
29:44C'est fou. Comment vous expliquez ça ?
29:46Je ne l'explique pas.
29:48Franchement, il ne faut pas trop
29:50que j'y pense, parce que quand je vois ce que moi je représente
29:52sur Shazam, c'est à mourir de rire.
29:54Parlons d'autre chose !
29:56Franchement,
29:58quand elle a débuté,
30:00est-ce qu'elle avait un don particulier ?
30:02Est-ce qu'elle travaillait de façon particulière ?
30:04Moi, je suis fasciné par le succès d'Angèle.
30:06Nous le sommes tous, mais non, moi je ne me l'explique
30:08absolument pas. Je n'ai pas du tout
30:10vu, par exemple... Je vais vous raconter une histoire.
30:12Elle a joué pendant un an et demi avec moi, Angèle.
30:14Elle était ma claviériste,
30:16avant de sortir son premier 45 tours.
30:18Et un jour, nous avons joué
30:20un concert,
30:22et les gens étaient...
30:24C'était une soirée pour des scouts.
30:26Les scouts étaient
30:28au bout de la salle. Il y en avait quelques-uns devant
30:30qui regardaient mon concert,
30:32on va dire de manière
30:34très très peu intéressée.
30:36Et puis ma fille est montée
30:38sur scène, et j'ai vu arriver tout le monde.
30:40Et ils se sont tous
30:42mis devant elle,
30:44ils la regardaient avec la langue par terre,
30:46et elle s'est mise à chanter.
30:48Elle ne faisait que les chœurs,
30:50mais elle avait une espèce
30:52de charisme,
30:54que je n'ai pas mesuré à l'époque.
30:56Je me suis dit, c'est du hasard,
30:58ils viennent parce que c'est une jeune fille
31:00et que c'est la fille
31:02du chanteur, et donc...
31:04Mais non, en fait, il s'est passé quelque chose ce jour-là,
31:06mais que je n'ai pas mesuré du tout,
31:08que je n'ai pas pu comprendre, c'était impossible.
31:10C'était quelque chose de l'ordre de la...
31:12Je ne sais pas,
31:14c'est quelque chose que je n'ai pas pigé.
31:16Après un an et demi,
31:18elle a décidé d'arrêter de jouer avec son papa.
31:20Et elle m'a dit, voilà,
31:22je voudrais me lancer, et je lui ai dit, mais tu as une chanson,
31:24qu'est-ce que tu vas faire ? Oh, je vais en écrire d'autres.
31:26Et voilà. Et à partir de là,
31:28je ne m'explique plus rien.
31:30En même temps, quand on voit ses interviews,
31:32elle n'a pas changé moralement, elle n'a pas pris la grossesse,
31:34elle est d'une simplicité totale.
31:36Elle est d'une simplicité totale,
31:38et elle s'est avérée être très intelligente aussi.
31:40Et c'est une bosseuse,
31:42on est tous des bosseurs dans la famille,
31:44et là,
31:46elle a quelque chose de...
31:48Oui, il y a une intelligence
31:50qui ne vient pas de moi, en tout cas,
31:52ça je peux vous le dire, voilà.
31:54Il y a une chose étonnante, un jour, on m'a expliqué,
31:56c'est Paul Missraki, grand compositeur,
31:58qui m'a expliqué qu'un artiste avait une lumière ou non.
32:00Maurice Chevalier, à 80 ans,
32:02il arrivait sur scène, il y avait une lumière.
32:04D'autres, qui avaient 20 ans, n'avaient pas de lumière.
32:06C'est toute la différence.
32:08Mais je crois que vous avez raison,
32:10et ça rejoint ce qu'a dit...
32:12On est très amis avec un humoriste belge
32:14qui s'appelle Guillermo Guiz,
32:16et qui disait qu'on sent qu'Angèle
32:18est faite pour le succès.
32:20Et je crois que c'est vrai.
32:22Et nous ne sommes pas tous faits pour le succès,
32:24et sûrement pas pour un succès pareil.
32:26Je crois qu'il y a une hiérarchie,
32:28et on a beau faire ce qu'on veut,
32:30on va arriver jusqu'à un certain point.
32:32Ce point-là, pour nous, va peut-être être suffisant,
32:34mais il y en a d'autres qui vont arriver beaucoup plus haut,
32:36et on ne s'explique pas pourquoi eux et pas nous.
32:38Alors, vous aussi, vous avez eu des succès,
32:40et l'un des premiers, c'est celui-ci.
32:42La pétive est en mangeant
32:46la fortune
32:48L'idiomatique.
32:50Chanson à titre insensé.
32:52Tout à fait.
32:54Mais en fait,
32:56c'est une idée,
32:58je ne sais pas comment je l'ai eue,
33:00mais après l'avoir chantée,
33:02j'ai découvert que Jacques Dutronc avait fait une chanson
33:04qui s'appelait « Les Proverbes ».
33:06Et pourtant, je vous assure, je n'en savais rien.
33:08Pourtant, j'étais fan de Jacques Dutronc, mais je n'avais pas cet album-là.
33:10Vous avez fait « Les Cactus » aussi ?
33:12Oui, c'était un hommage à Jacques Dutronc,
33:14on s'appelait « Les Cactus ».
33:16« Les Cactus » avait eu un grand succès,
33:18parce qu'en pleine Assemblée nationale,
33:20Georges Pompidou, qui était Premier ministre,
33:22avait parlé des cactus,
33:24et ça avait lancé la chanson.
33:26C'est comme ça que c'est né.
33:28Il se trouve aussi que vous avez rendu un hommage
33:30à Bobby Lapointe, maintenant.
33:40« Mon père est sévère »,
33:42hommage à Bobby Lapointe.
33:44Comment c'est venu, ça ?
33:46C'est une proposition qui m'est venue,
33:48j'ai accepté directement, parce que ma femme, en plus,
33:50était fan de Bobby Lapointe.
33:52Moi, je dois bien avouer qu'à ce moment-là,
33:54je ne connaissais pas, et je vais vous avouer un autre truc,
33:56c'est que j'ai eu beaucoup de mal à chanter cette chanson.
33:58Les textes se sont écrits
34:00d'une telle manière
34:02que je n'arrivais pas
34:04à comprendre ce que je chantais.
34:06Il y a tellement de manières de le lire,
34:08c'est tellement complexe,
34:10que pour moi, c'était complètement absurde.
34:12Mais on a réussi une chouette version,
34:14et on a pris beaucoup de plaisir
34:16d'ajouter de l'accordéon dans cette chanson,
34:18où à la base, il n'y en avait pas.
34:20Il se trouve qu'effectivement,
34:22Bobby Lapointe, de son vivant, n'avait aucun succès.
34:24Aujourd'hui, il est culte.
34:26Il a fait un concert dans un petit théâtre
34:28d'un cabaret, le Cheval d'Or,
34:30à Paris, oui.
34:32Et comme il était très traqueur,
34:34il oubliait ses paroles en scène,
34:36et c'est le public qui lui soufflait.
34:38Quand il y avait du public,
34:40parce qu'il y avait 10 personnes,
34:42et un jour, il est rentré sur scène,
34:44habillé en homme-grenouille,
34:46personne ne l'a remarqué.
34:48C'était des fous.
34:50Et puis, il y a une autre chanson,
34:52dont vous avez fait une nouvelle version.
34:56Oui, parce que...
34:58Pour deux raisons.
35:00Parce que j'étais fan des Négresses Vertes,
35:02et que quelque part,
35:04cette chanson,
35:06quand je l'ai composée,
35:08elle avait été...
35:10J'étais sous l'influence des Négresses Vertes.
35:12Et donc, quand j'ai eu l'occasion
35:14de les rencontrer au cours d'un festival
35:16en Belgique,
35:18j'ai eu l'occasion
35:20de les rencontrer
35:22au cours d'un festival
35:24en Belgique,
35:26alors que ma fille jouait
35:28à la même affiche qu'eux.
35:30J'ai été me présenter, on a discuté un petit peu.
35:32Et puis, ils m'ont dit
35:34qu'ils connaissaient ma chanson.
35:36Et ça, c'est quand même magique, parce que tu vois,
35:38t'as des gens que t'as portés
35:40comme ça, au nu,
35:42et qui te disent « Ah, mais nous, on est fans de ta chanson. »
35:44Et puis, j'ai eu l'idée
35:46de leur dire « Si vous voulez, on pourrait la refaire ensemble. »
35:48Et puis, ils ont dit « Top, là,
35:50on l'a faite. » Et ça a donné ça.
35:52Ça a donné ça. Et puis, maintenant, il y a une nouvelle chanson
35:54qu'on va évoquer à travers la date du
35:567 mars 2025. A tout de suite
35:58sur Sud Radio avec Marka.
36:00Sud Radio, les clés d'une vie.
36:02Jacques Pessis. Sud Radio, les clés d'une vie.
36:04Marka, mon invité. On a évoqué
36:06votre long parcours. On a évoqué
36:08votre famille. Et on revient à vous
36:10avec le 7 mars 2025.
36:12Un nouvel album.
36:14Appelez-moi Serge, même si dans cet album,
36:16vous parlez d'Orelsan.
36:18Comme le dit Orelsan.
36:20Comme le dit Orelsan.
36:22Tout va bien.
36:24L'avenir est précis.
36:26Je suis serein.
36:28On verra demain.
36:34Faut rester actif.
36:36Faut garder un sens à sa vie.
36:38C'est impératif.
36:40Alors, le sens de la vie,
36:42effectivement, c'est vous. Pourquoi cette chanson d'abord ?
36:44Parce que,
36:46comme vous le disiez, je fais de la musique depuis
36:48longtemps. Et que
36:50je continue quelque part
36:52envers et contre tout.
36:54Et que je me rends compte
36:56que la meilleure manière de bien vieillir,
36:58c'est d'être actif.
37:00De se bouger.
37:02Je vais avoir 64 ans au mois de mai.
37:04Tous les gars
37:06qui ont commencé en même temps que moi,
37:08à l'exception peut-être d'un chanteur, ont arrêté.
37:10Pour mille et une raisons.
37:12Moi, j'ai envie de continuer.
37:14Il faut continuer. Il faut continuer à se faire plaisir.
37:16Et en tout cas, à faire du live.
37:18Parce que c'est magique. Ça me tient en forme.
37:20Moi, c'est comme un sport.
37:22Donc voilà, j'ai écrit
37:24cette chanson-là
37:26où je dis qu'un jour n'est pas l'autre.
37:28C'est pas évident. Des fois, on se lève,
37:30on a du mal, mais on le fait quand même.
37:32Et puis,
37:34quelque part aussi dans le refrain,
37:36quand je dis « On verra demain », c'est la même chose.
37:38C'est valable pour ce qui se passe aujourd'hui.
37:40Ce qu'on a vu avec le président
37:42des Etats-Unis qui a reçu Zelensky.
37:44Je sais pas de quoi demain est fait. Il faut qu'on continue à vivre.
37:46Il faut pas qu'on se laisse trop avoir
37:48par toute cette merde.
37:50Il faut qu'on positive le plus possible.
37:52Et qu'on choisisse
37:54notre vie, nous, et de la mener à bien.
37:56Alors, le titre de cet album,
37:58c'est « Appelez-moi Serge », parce que
38:00c'est un album presque autobiographique
38:02où vous évoquez qui vous êtes
38:04de façon très intime,
38:06ce qui n'était pas le cas jusqu'ici.
38:08Non. Peut-être que c'était le moment.
38:10J'ai perdu ma maman l'année dernière,
38:12il y a un an et demi.
38:14Et puis, je lui ai dédié
38:16deux chansons. Une chanson qui s'appelle
38:18« Ma mère ou ma mère », et puis une autre chanson qui s'appelle
38:20« Pour elle », où j'ai mis « elle »
38:22au pluriel, parce que ma mère, en fait,
38:24était une femme qui était une femme battue.
38:26Voilà. Donc, j'ai voulu
38:28en parler dans une chanson. J'en parle aussi
38:30dans un livre, parce qu'au moment où sortira
38:32le CD
38:34« Appelez-moi Serge », il y a un livre qui s'appelle
38:36« Appelez-moi Serge » aussi,
38:38et qui est un complément d'information
38:40à toutes les chansons que j'écris dans cet album.
38:42J'ai voulu rendre
38:44hommage à... Ma maman
38:46et moi, on a toujours eu du mal à bien
38:48s'entendre, parce que, comme je vous l'ai
38:50dit, j'ai été élevé par mes grands-parents et je ne l'ai peut-être pas
38:52assez considéré comme ma maman.
38:54Ça a toujours été un petit peu difficile, mais en même temps,
38:56j'ai trouvé qu'elle était
38:58une
39:00féministe incroyable. Elle a
39:02réussi à quitter mon père, à partir
39:04et à sortir de cet enfer qui
39:06était le sien. Plus le sien que le mien,
39:08d'ailleurs, parce que je n'ai pas vu grand-chose,
39:10et tant mieux. Mais voilà,
39:12j'ai voulu lui rendre hommage dans cette chanson,
39:14et c'est pour ça que j'ai appelé cet album « Serge »,
39:16parce qu'il n'y a que le petit Serge qui peut lui rendre hommage.
39:18Marca, pour ma maman, ça ne voulait rien dire.
39:20Elle m'a
39:22mise au monde
39:24il y a bien longtemps
39:26Elle s'est
39:28faite pour moi pas mal de
39:30cheveux blancs
39:32Elle aurait voulu
39:34que j'ai une vie peinard
39:36Malheureusement
39:38je préférais
39:40la guitare
39:42C'est vraiment autobiographique.
39:44C'est autobiographique. C'est une chanson que j'ai écrite
39:46avec Riton Liebmann, encore une fois.
39:48Il y a une autre chanson qui
39:50compense ce malheur que vous évoquez,
39:52c'est « Heureux ». Pourquoi cette chanson ?
39:54Encore une fois, c'est Riton Liebmann.
39:56Pourquoi cette chanson ? Tout simplement
39:58parce que c'est vrai que
40:00ça rejoint encore une fois ce
40:02positivisme où on peut se
40:04rendre compte que
40:06notre vie, elle est longue.
40:08Ça fait 64 ans que je suis sur Terre.
40:10J'essaye de mener
40:12à bien
40:14ma vie de père dans un
40:16premier temps, de chanteur et tout ça.
40:18Tous les jours,
40:20c'est pas facile, mais ça c'est valable
40:22pour tout le monde. Et je trouve
40:24que quand on dit
40:26que je suis heureux,
40:28il faudrait écouter le texte.
40:30Vous pourriez la passer peut-être ?
40:32On va écouter un extrait.
40:34Il y a des fois, je suis
40:36heureux. Pas tous
40:38les jours, mais je fais ce que je peux.
40:40Il y a des fois
40:42où je m'en fous.
40:44Et quand je m'en fous,
40:46c'est plus doux.
40:48Le seul mantra qui vaille
40:50le coup me dit après
40:52tout, je m'en fous.
40:54Voilà, vous en écoutez. C'est une façon
40:56de vivre sa vie
40:58dans son univers en
41:00pensant aux siens et pas aux autres.
41:02Je sais pas si c'est en pensant.
41:04En tout cas, sa vie, on doit la vivre.
41:06De temps en temps, relativiser
41:08et se foutre de certaines choses.
41:10On est obligé de s'en foutre de certaines choses pour pouvoir passer
41:12à travers tout. Sinon,
41:14on n'en sortira pas indemne.
41:16En considérant toujours qu'il y a de l'humour.
41:18Oui, puisque je suis belge.
41:20C'est vrai que l'humour
41:22au milieu de toutes vos épreuves, vous en avez eu,
41:24a toujours été très important.
41:26C'est ce qui m'a aidé
41:28à tenir le coup, je crois.
41:30Peut-être que j'ai fait trop d'humour.
41:32Peut-être que je me suis pas assez pris au sérieux.
41:34Je sais, par exemple, que j'ai manqué d'ambition.
41:36Oui, je crois que mes enfants
41:38ont plus d'ambition que moi.
41:40Mais peut-être qu'ils ont appris en voyant leur père
41:42que je manquais d'ambition et se sont dit
41:44si je veux faire ce métier, je dois en avoir plus.
41:46Donc, quelque part, je leur ai insufflé
41:48une ambition.
41:50Et puis, on comprend
41:52à travers cet album aussi que vous aviez des angoisses,
41:54une certaine fragilité.
41:56Oui, mais vous ne le montrez pas.
41:58Je ne le montre pas ?
41:59Avant, vous ne le montriez pas.
42:00Ah non, non, non.
42:02Il ne faut pas tout montrer.
42:04Mais c'est vrai que cette fragilité, ces angoisses,
42:06ça vous a posé des problèmes. Vous l'évoquez dans cet album.
42:08Oui, probablement.
42:10Oui, oui.
42:12Vous savez,
42:14là, on a besoin de beaucoup de temps
42:16pour en parler.
42:18Oui, j'ai appris à me découvrir.
42:20Vous savez, je viens d'un milieu
42:22compliqué,
42:24de l'autre côté de Bruxelles.
42:26On dit chez nous, il y a le canal qui passe et qui coupe
42:28la ville en deux. Moi, je viens du Nord.
42:30Le Nord, ce n'était pas cool.
42:32Donc, quand j'ai commencé
42:34à devenir un artiste, j'étais dans le Sud
42:36parce que les artistes étaient là. J'ai découvert
42:38d'autres gens
42:40qui avaient eu une autre éducation.
42:42J'ai dû m'y faire.
42:44J'ai dû réapprendre certains codes et tout ça.
42:46Oui, mais je ne suis pas le seul.
42:48En même temps, il y a les codes des maisons de disques,
42:50les codes de ce métier que vous avez découvert
42:52qui ne sont pas toujours faciles à saisir.
42:54Non, ils ne sont pas faciles, en effet.
42:56Ils n'ont évolué pas très bien, en plus.
42:58Oui, ils ont évolué.
43:00Ce n'est pas à moi de dire s'ils ont bien évolué.
43:02Vous voulez me faire dire quoi ?
43:04Non, parce que je pense, aujourd'hui,
43:06Charles Trenet disait, comment peut-on être directeur
43:08et artistique ? Vous êtes un artiste
43:10qui travaille dans votre univers et c'est
43:12de moins en moins le cas aujourd'hui, Marc-André.
43:14Moi, je n'ai pas de directeur artistique.
43:16Vous savez,
43:18c'est un métier jeune, la musique.
43:20Ah oui, oui,
43:22je veux dire, la musique qui passe en radio,
43:24on passe des jeunes, on ne passe pas de vieux,
43:26ou très très peu.
43:28Nous, si on veut continuer à faire de la musique
43:30pour essayer de passer en radio,
43:32il faut être patient pour avoir un créneau.
43:34Donc, on fait notre métier sur la scène
43:36et on le fait
43:38en interview avec vous.
43:40Je tiens à vous remercier de me recevoir
43:42et de passer une heure avec vous.
43:44C'est un moment magique, mais c'est rare.
43:46Je tiens à vous le dire.
43:48Dans tout ce que vous faites, il y a une sincérité
43:50et une fraîcheur, Marc, que vous avez conservée
43:52au fil des années.
43:54Je suis très content de vous l'entendre dire.
43:56Je ne vais pas en parler moi-même.
43:58Je vais plutôt prendre
44:00vos paroles et les boire.
44:02Vous êtes un artisan, finalement.
44:04Ça, c'est vrai.
44:06Le premier artisan dans ce métier, c'était Henri Salvador,
44:08qui est le premier à avoir créé un label,
44:10Les Disques Rigolos, parce qu'il ne voulait plus entendre
44:12parler des maisons de disques. Et vous avez, vous aussi,
44:14travaillé en circuit court.
44:16Après m'être fait virer
44:18chez Columbia en 1999,
44:20j'ai créé mon propre label
44:22et je suis en autoproduction
44:24depuis tout ce temps-là.
44:26Et c'est aussi simple que ça.
44:28Mais je ne savais pas que M. Salvador avait fait ça.
44:30Le premier.
44:32Merci pour l'info.
44:34Autre chanson de cet album, Appelez-moi Serge,
44:36c'est Reine et Roi.
44:46Ça aussi, il y a un côté nostalgique
44:48dans cette chanson, Marca.
44:50Elle est magnifiquement écrite,
44:52c'est M. C. Solar qui l'a écrite.
44:54C'est la suite de l'histoire de Caroline.
44:56C'est un cadeau magnifique qu'il m'a fait.
44:58Et j'ai voulu la rechanter
45:00parce qu'elle est sortie sur un album
45:02en 2002.
45:04C'est la suite de l'histoire de Caroline.
45:06C'est un cadeau magnifique qu'il m'a fait.
45:08Et j'ai voulu la rechanter
45:10parce qu'elle est sortie sur un album
45:12en 2002.
45:14C'est un cadeau magnifique qu'il m'a fait.
45:16Et j'ai voulu la rechanter
45:18parce qu'elle est sortie sur un album
45:20en 2002.
45:22Mais un album qui était sorti
45:24de chez une firme de disques française
45:26a un cas qui malheureusement
45:28a fait faillite au moment où mon album est sorti.
45:30Donc elle était quelque part passée inaperçue.
45:32J'ai voulu la rechanter
45:34et j'ai beaucoup de plaisir.
45:36Pendant toutes ces années, j'ai chanté
45:38naturellement la version Caroline d'M. C. Solar
45:40avec beaucoup de plaisir.
45:42J'ai honnêtement aimé que Claude la chante
45:44avec moi, mais il n'était pas libre.
45:46Il était en promo, il avait sorti un album.
45:48Ce n'était pas possible.
45:50Le cadeau, il est là.
45:52Je suis un des rares
45:54qui puisse dire qu'il a écrit une chanson
45:56avec M. C. Solar.
45:58Je lui suis vraiment
46:00très reconnaissant.
46:02Il y a une photo culte
46:04où on le voit devant le Kremlin
46:06en train de chanter à Moscou.
46:08Et derrière lui, tout petit dans un coin,
46:10il y a un débutant qui est Booba.
46:12Cette photo existe.
46:14Autre chanson de ce nouvel album
46:16Appelez-moi Serge, Les Roses.
46:18Il y a un temps
46:20pour chaque chose
46:22Et chaque chose
46:24en son temps
46:26Puis vient le
46:28temps des roses
46:30Pour aller
46:32de l'avant
46:36Un jour, tout s'éclaircit
46:40Les doutes, les mensonges
46:42qui entretiennent
46:44lui descendent
46:46Alors là, c'est vraiment un message positif.
46:48Aller de l'avant. Car finalement,
46:50vous continuez à aller de l'avant, Marka.
46:52Oui, c'est une chanson que j'ai faite
46:54en pensant à la fois à mon fils
46:58et puis aussi à Thierry Robrecht
47:00qui est mon parolier avec lequel
47:02j'ai écrit l'essentiel
47:04de mes chansons. Ici, c'est moi qui ai écrit
47:06les paroles. J'avais envie de le rendre
47:08un hommage
47:10par rapport à des moments un petit peu difficiles
47:12pour eux. Thierry a eu
47:14un double AVC.
47:16Sa vie en est complètement bouleversée
47:18depuis lors.
47:20Et donc, voilà, c'est des chansons que je dédie
47:22à des êtres qui me sont
47:24chers. Et où, j'espère,
47:26les gens vont pouvoir se retrouver et j'espère
47:28qu'elle est, comment dire,
47:30pleine d'humanité et qu'elle va parler à beaucoup
47:32de monde. J'en suis convaincu comme cette chanson
47:34qui évoque votre passé
47:36et votre vie.
47:56Ça, ça aussi, c'est un bilan
47:58de l'homme qui a observé
48:00la société.
48:02J'étais assis à la terrasse
48:04d'un restaurant et il y avait un type qui parlait
48:06pour toute l'Assemblée
48:08et qui avait réponse à tout et il m'énervait.
48:10J'avais juste envie de lui dire, mais tais-toi.
48:12Et plutôt que de lui dire,
48:14j'ai pris des notes et j'ai commencé à écrire cette chanson.
48:16C'est vrai que vous observez beaucoup
48:18le monde qui vous entoure.
48:20Oui, parce que le monde est magnifique et que
48:22les gens sont capables de dire des trucs incroyables.
48:24Souvent très drôles. Ils disent beaucoup
48:26de bêtises et parfois des méchancés, mais parfois
48:28c'est très drôle aussi. Et ça, vous le notez
48:30pour d'autres chansons parce que cet album,
48:32c'est un nouvel album, vous n'allez pas vous arrêter là.
48:34D'abord, il y a une tournée qui est prévue.
48:36Il y a le Club de l'Étoile à Paris le 10 avril
48:38et une tournée en France et en Belgique.
48:40Vous faites bien de le spécifier.
48:42Je jouerai en effet au Jazz Club Étoile
48:44à Paris
48:46le 10 avril et je serai aussi
48:48au Poinçonnet, qui est un petit village
48:50au sud de Paris.
48:52Le Poinçonnet
48:54et ça, c'est vers le 24
48:56ou le 25 avril.
48:58Et la tournée ensuite en Belgique et en France
49:00Vous n'allez pas vous arrêter de tourner ?
49:02Ah non, jamais de la vie. Moi, je veux mourir sur scène.
49:04Le plus tard possible parce que vous allez continuer.
49:06Oui, je vais continuer.
49:08J'espère qu'on se reverra.
49:10Pour votre prochain album, vous avez une énergie ?
49:12Quels sont les secrets de votre énergie ?
49:14J'en sais rien. J'ai beaucoup d'énergie,
49:16c'est vrai. Vous savez,
49:18pour soi, ça va, mais pour les autres, c'est pas toujours facile.
49:20Ça veut dire que
49:22quand on a beaucoup d'énergie, les gens qui sont à côté,
49:24parfois, ils doivent vous endurer.
49:26C'est vrai que je crois que je dois être
49:28hyper actif
49:30et donc j'ai besoin de m'occuper de l'esprit
49:32et parfois, j'arrache la tête des autres, malheureusement.
49:34Oui, mais en même temps, les autres sont très
49:36heureux de vous écouter.
49:38Et de vous suivre, surtout.
49:40J'espère, oui.
49:42En tout cas, conservez cette énergie, cet humour
49:44et cette observation de la vie
49:46et avec cet album, Appelez-moi Serge,
49:48je vous souhaite tout le succès que vous méritez.
49:50Je vous remercie grandement.
49:52Merci, Marc Calle. Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:54On se retrouve bientôt. Restez fidèles.
49:56À l'écoute de Sud Radio.