• avant-hier
Avec Françoise Dorner, comédienne et romancière française.

🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

________________________________________

🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

________________________________________

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC

##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-04##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05La comédienne que vous êtes a décidé un jour de tourner la page
00:09avec l'espoir d'avoir voix au chapitre pour vivre l'amour de l'écriture.
00:13Un fil que vous avez tiré en suivant le chemin qui vous a mené à un roman
00:18qui s'intitule justement « L'amour ne tient qu'à un fil ».
00:21Bonjour Françoise Dorner.
00:22Bonjour.
00:23Alors vous publiez ce livre chez Albin Michel, ce roman « L'amour ne tient qu'à un fil ».
00:27Il y a votre parcours de romancière, il y a votre parcours d'auteur de théâtre et de comédienne.
00:31Et le principe des clés d'une vie, c'est de revenir sur ce parcours à travers des dates clés.
00:35Et vous avez un parcours assez varié.
00:37Alors la première date que j'ai trouvée, elle remonte au 29 novembre 1966, votre première télévision.
00:48En votre âme et conscience.
00:50Ah oui, je viens de jouer la gamine de 14 ans qui avait tué son enfant.
00:54Voilà, c'est votre première apparition à la télévision.
00:56Vous êtes Angélina qui a perdu son bébé et vous êtes accusée de complicité de meurtre et acquittée par le jury.
01:02Oui.
01:03Vous vous en souvenez ?
01:04Oui, je m'en souviens, c'était la première fois.
01:06Et c'est en direct en plus.
01:07Ah bon, c'était en direct ?
01:08Oui, c'était la dernière émission en direct de Barma.
01:12Il y avait Maurice Garel, plein de comédiens.
01:16Oui, merveilleux.
01:17Et moi je ne me rendais pas compte du tout que c'était en direct.
01:20Puis j'ai dit, je peux refaire peut-être.
01:22Alors Barma, il m'a dit non pas du tout, c'est en direct.
01:25Oui, c'était à 20h30 en direct au but chaumont.
01:28Au but chaumont, oui.
01:29Car en effet, la télévision avait demandé que l'émission se déroule dans un vrai prétoire et le ministère de la justice avait refusé.
01:36Avait refusé, oui, oui, oui, exact.
01:39Et en votre âme et conscience, ceux qui ne connaissent pas, ça a été une des premières émissions de télévision à 20h30.
01:45À 20h30 et surtout en direct.
01:47Voilà, et c'était Pierre Dumayet qui évoquait une affaire judiciaire qu'on transformait en fiction.
01:52Et surtout une affaire qui avait existé.
01:54Voilà, et Claude Barma alors vous a repéré, car je crois que c'est lui qui vous a repéré par son agent qui était votre agent aussi, Françoise Dorner.
02:02Oui, il m'a repéré, d'accord, mais j'ai fait un essai quand même.
02:08Et donc ça a marché parce qu'il fallait une fille qui fasse 14-15 ans, donc c'était parfait comme je démarrais.
02:14Voilà, ça tombait bien.
02:15Il sort à l'époque d'un immense succès, Claude Barma, qui est Belphégor.
02:20Je ne sais pas si vous le savez, mais Belphégor de samedi soir pendant 4 semaines a vidé les salles de cinéma.
02:25C'est pas mal.
02:27Et Juède Gréco revient un jour du Japon, elle ne savait pas que ça avait eu du succès,
02:31et quand le douanier lui dit bonjour Madame Belphégor, elle a compris que ça avait marché.
02:36Alors, vous vous passez dans une émission, quelques jours plus tôt, qui s'appelle Au-delà de l'écran, je ne sais pas si vous vous en souvenez.
02:43Vous êtes interviewé, c'est l'ancêtre des médias, et vous ne répondez à rien.
02:49C'est-à-dire, vous expliquez que vous n'avez rien fait et que vous n'avez envie de rien faire.
02:53C'est vrai en plus.
02:55C'est vrai ?
02:56Non, c'est-à-dire que j'avais très très peur, quand on ne connaît pas bien ce métier,
02:59on a très peur des questions et des réponses.
03:01Voilà.
03:02Et vous dites que vous vivez avec des personnages imaginaires dans votre quotidien, c'est vrai ?
03:06C'est vrai.
03:07Qu'est-ce que c'était ?
03:08C'était tout le manque de famille, tout ça, donc je me créais des familles personnelles,
03:14parce qu'à part ma mère, je n'avais personne, donc c'était très bien ça.
03:18Ça me plaisait beaucoup.
03:19C'est vrai que vous avez eu une enfance pas simple, je crois qu'il y a eu le pensionnat pendant des années.
03:23Oui, on m'a mis au pensionnat à 4 ans, ce qui est un peu petit quand même,
03:28mais ma maman n'était pas bien, donc j'ai passé mon temps là-bas.
03:35C'était un personnage de jeune fille assez rigoureux, je crois.
03:39Oui, c'était comme les jésuites.
03:42C'est-à-dire qu'on n'avait le droit de rien faire ?
03:44On n'avait le droit de rien faire, après je me suis rattrapée.
03:47Comment ça se passait les journées là-bas ?
03:49On se levait très tôt, puis on allait à la messe, même petit.
03:54Avant, on faisait son lit dans le dortoir, on se lavait, mais on était quand même habillés,
03:59parce qu'on ne pouvait pas montrer son corps, donc on se lavait en relevant les trucs et tout.
04:05Et puis après, on allait à la messe, après on pouvait prendre un petit déjeuner,
04:10qui était dégueulasse puisque le beurre, il n'y avait pas de frigo,
04:14le lait, on vous foutait la crème dessus, j'avais envie de vomir tout le temps.
04:19C'était vraiment un beau souvenir.
04:21Mais comment on se remet d'une telle enfance ?
04:26Il y a Cyrulnik qui disait la résilience, alors c'est quand même pas une enfance,
04:29je n'étais pas dans les camps et tout ça.
04:33En revanche, vous aviez un fort accent alsacien, je crois, à l'époque.
04:36Oui, et grâce à Fernand Ledoux, qui m'a fait faire pendant six mois
04:40un exercice, il y avait 252 exercices à faire tous les matins,
04:46et je les ai faits, et au bout de six mois, on ne savait pas d'où je venais.
04:50Vous veniez d'Alsace au départ ?
04:52J'étais née à Paris, et on est retournés en Alsace.
04:56Un peu comme Bashung, qui a été élevé par ses grands-parents en Alsace,
05:00qui a passé dix ans là-bas, d'ailleurs qui a découvert le rock'n'roll en étant enfant de coeur à l'église,
05:05et qui était taiseux, il disait les Alsaciens sont taiseux.
05:09Oui, peut-être, mais je n'ai pas un très bon souvenir non plus,
05:16parce que j'avais sept ans, comme ma grand-mère,
05:18elle s'est mis une balle dans la tête, on était à côté,
05:21donc ce n'était pas très amusant.
05:23Ce qui vous a sauvé, finalement, Françoise Dorner, c'est le théâtre.
05:27Vous avez commencé à prendre des cours de théâtre, comment c'est venu ?
05:30J'ai appelé Fernand Ledoux.
05:32Qui est un comédien très célèbre.
05:34Oui, et puis surtout, il était au conservatoire,
05:38et il m'a dit, ma petite, par téléphone, je ne donne pas de cours privés.
05:43J'ai dit, je voudrais juste vous voir, parce que je ne connais rien d'idiot.
05:47Donc j'y suis allée, et il m'a donné des cours privés, sans me faire payer ni rien,
05:52pour une seule raison.
05:54Il avait deux chats.
05:56Et quand il m'a installée dans son bureau, Rue Notre-Dame-des-Champs, il habitait,
06:04les deux chats sont arrivés et se sont mis sur mes genoux.
06:08C'était extraordinaire.
06:09Et il m'a dit, je vous prends.
06:11C'est extraordinaire.
06:12Alors c'était un grand comédien, qui a été d'ailleurs le doyen des comédiens français
06:15après la mort de Charles Vanel.
06:17Exactement.
06:18Et c'était un monsieur merveilleux.
06:20Et vous l'aviez appelé comme ça, par hasard ?
06:22Par hasard, oui, parce que je l'avais entendu parler de lui,
06:26je l'avais vu un peu au cinéma, disons.
06:31Et il me paraissait, j'avais l'impression que c'était quelqu'un
06:34avec qui on pouvait un peu se reposer gentiment.
06:37Et le théâtre vous attirait ?
06:38Oui.
06:39Il y a eu le court Raymond Girard ensuite.
06:41Oui, avec Patrick Devers, qui à l'époque s'appelait Morin.
06:45Voilà, et on va écouter sa voix.
06:48Non, je ne serai jamais vieux.
06:49C'est-à-dire ?
06:50Moi, vieux, c'est pas dans la...
06:52On devient vieux à partir du moment où on a peur du lendemain.
06:58Voilà, vous avez été un premier, à Françoise Dorner,
07:00à croire en Patrick Devers, qui s'appelait Patrick Morin d'ailleurs.
07:03Patrick Morin, oui.
07:04Et puis comme sa maman trouvait qu'on se ressemblait,
07:06enfin qu'on avait un peu les mêmes regards,
07:09Patrick était quelqu'un de formidable quand il était dans les cours,
07:14impeccable, droit, enfin, il jouait de la guitare,
07:17il imitait Georges Brassens.
07:19Et c'était un garçon merveilleux qui n'était pas sûr de lui du tout.
07:24Et je pense que quand il a réussi tout d'un coup ce grand succès,
07:29il a eu tellement peur qu'on sait tous comment ça s'est terminé.
07:34C'est vrai que c'était un comédien remarquable.
07:36Et à l'époque, vous lui aviez parlé beaucoup de Marlon Brando, je crois.
07:39Oui, mais comment vous le savez ça ?
07:41Pourquoi ?
07:42Parce que je trouvais qu'à l'époque,
07:45bon, j'étais très jeune, mais je trouvais que Brando,
07:48il avait quelque chose quand il regardait sans voir,
07:53et puis il avait une façon de bouger la tête, bouger le corps, très animale.
07:57Et j'avais dit à Patrick, tu devrais aller voir ses films,
08:00parce qu'on n'a pas des types comme ça en France.
08:02Et ce n'est pas qu'il ressemblait à Brando,
08:04mais il avait ce côté animal un peu, Patrick.
08:06Il faut savoir que Brando, c'est un grand comédien,
08:08mais c'est aussi un grand farceur, je ne sais pas si vous le savez.
08:10Il adorait les coussins péteurs.
08:12Et un jour, Johnny Depp lui a offert un coussin péteur électronique
08:16et il a dit, c'est extraordinaire, j'ai trouvé Dieu.
08:19C'est horrible.
08:21C'est horrible, mais c'est comme ça.
08:23Alors, les cours vous ont donné le point de départ de votre carrière
08:26après votre inconscience.
08:28Et il y a eu le premier grand rôle, c'est dans ce feuilleton.
08:32Feuilleton totalement oublié,
08:34mais qui est un feuilleton qui a eu beaucoup de succès,
08:36c'est Le Petit Monde de Marie Plaisance.
08:38Ah oui, bien sûr.
08:40Il y a longtemps,
08:42mais il me semble qu'il n'y avait pas les enfants des autres
08:44qui avaient été un feuilleton très regardé.
08:46Oui, mais aussi le premier,
08:48c'était Le Petit Monde de Marie Plaisance,
08:50où vous avez tourné en Provence,
08:52dans une Provence où les touristes ne se bousculaient pas encore.
08:54Non, pas du tout.
08:56Par contre, ce qui se bousculait, c'est les moustiques.
08:58Je m'en souviens.
09:00Et c'était un feuilleton qui mettait en valeur la nature,
09:02l'écologie avant la nature.
09:04Oui, absolument.
09:06Comment vous êtes arrivée dans ce feuilleton ?
09:08J'ai fait des essais sûrement, je ne m'en souviens pas,
09:10mais c'était tout simple,
09:12on faisait des essais à l'époque
09:14et puis ça marchait ou pas,
09:16mais je n'ai jamais eu de problème comme maintenant,
09:18mitou et tout ça.
09:20Non, mais en fait, à l'époque, pour être comédienne,
09:22il y avait le couloir de la mort au but de Chaumont.
09:24Absolument, on était toutes là
09:26et on attendait de faire un essai.
09:29Il fallait se battre pour faire des essais,
09:31pour être choisie.
09:33Non, il fallait travailler,
09:35on donnait le texte, on travaillait et puis on passait l'essai.
09:37Et vraiment, le début de votre carrière
09:39sont les feuilletons, parce qu'il y a eu aussi
09:41le temps de vivre, le temps d'aimer.
09:43Ah oui, avec Pascal Roberts.
09:45Et il y avait aussi les enfants des autres,
09:47qui a été un feuilleton qui a aussi marqué la télévision.
09:49Oui, parce que c'était à l'époque,
09:51on ne parlait pas encore de ça,
09:53c'était sur l'adoption.
09:55La jeune femme ne pouvait pas avoir d'enfant,
09:57au moment où ils en adoptaient,
09:59elles tombaient enceintes.
10:01Et je crois que c'est en vous voyant dans un feuilleton
10:03qu'Alain Delon vous a repéré et que vous avez tourné
10:05Flick Story, Françoise Dornier.
10:07Oui, non, alors là, non non,
10:09j'ai tourné avec Eric Leung
10:11un film qui s'appelait La rage au point.
10:13On va en parler.
10:15Et c'est là qu'il m'a repéré
10:17et un soir, et puis j'étais un peu
10:19au chômage comme beaucoup d'acteurs à ce moment-là,
10:21et je l'entends,
10:23bonjour c'est Alain Delon,
10:25c'est une belle blague ça encore,
10:27et non c'était vrai.
10:29Et dans Flick Story, vous avez joué la logeuse des 1800.
10:31Oui, sa petite amie en principe.
10:33Exactement.
10:35En fait, Alain Delon avait repéré Roger Borniche,
10:37lui avait fait écrire Flick Story,
10:39et elle a fait le film ensuite.
10:41Lui-même a dit un jour, c'est qu'il vous avait vu dans les feuilletons de télévision.
10:43Oui, aussi.
10:45Donc c'est pour ça qu'il vous a repéré à plusieurs reprises.
10:47Ça a été le point de départ de votre carrière,
10:49et il y a une autre date importante
10:51dans votre vie, c'est le 22 novembre 1985.
10:53On en parle tout de suite sur Sud Radio
10:55avec Françoise Dorner.
10:57Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
10:59Sud Radio, les clés d'une vie,
11:01mon invité Françoise Dorner pour ce livre
11:03L'amour ne tient qu'à un fil,
11:05chez Albin Michel,
11:07mais vous avez une carrière de comédienne également
11:09qu'on a commencé à évoquer,
11:11et qu'on va continuer à évoquer à travers une date,
11:13le 22 novembre 1985,
11:15le début de cette série à la télévision.
11:19Ah, vous êtes là.
11:22C'est-à-dire que moi aussi, j'en ai une.
11:24Madame et ses flics.
11:26Madame et ses flics, pendant deux saisons,
11:28vous allez être Françoise Dorner, le commissaire Valance,
11:30une femme qui est à la tête
11:32de la 7e brigade territoriale,
11:34qui dirige les hommes, ce qui n'est pas facile.
11:36Non, c'était la première commissaire,
11:38si je peux dire, qui a été faite à la télé.
11:40Comment c'est arrivé ça ?
11:42Aussi, par casting, ou alors,
11:44c'est venu comment ?
11:46J'ai quand même fait
11:48des essais là, oui.
11:50Et c'était
11:52Didier et
11:54Richard Caron qui avaient écrit.
11:56Et on a quand même fait
11:58des essais, mais comme j'avais fait beaucoup, beaucoup
12:00de télé avant et tout ça,
12:02il n'y avait pas trop de problèmes.
12:04Alors, les femmes commissaires, effectivement,
12:06n'existaient pas à la télévision.
12:08Et avant de jouer votre rôle, vous avez rencontré Martine Montaigne.
12:10Martine Montaigne, oui, qui était une femme remarquable.
12:12Qui a été la première femme commissaire.
12:14Oui, absolument.
12:16Elle vous a reçue et nous a expliqué comment elle travaillait ?
12:18Oui, elle nous a reçue et surtout,
12:20elle a été très...
12:22Je la trouvais très belle, moi, en plus.
12:24Alors, j'écoutais
12:26en plus. Et une femme très sensible,
12:28très douce,
12:30qui vous prêtait de l'attention.
12:32J'ai beaucoup aimé cette femme
12:34qui a appris deux, trois petits éléments pour pas
12:36avoir l'air trop ridicule.
12:38En même temps, elle vous a expliqué son métier.
12:40C'est pas si fréquent qu'un commissaire donne
12:42ses secrets comme ça ?
12:44Ce n'était pas vraiment des secrets.
12:47Mais disons, elle a donné quelques bases
12:49pour que ce soit
12:51vrai.
12:53Elle a été la première femme à diriger la police judiciaire.
12:55Elle est aujourd'hui conseillère du président
12:57du directoire du groupe Partouche.
12:59Et elle est membre de droit
13:01du prix des Orfev comme tous les anciens
13:03commissaires de la police judiciaire.
13:05Donc, elle continue.
13:07Cette série, finalement, ça vous a apporté une forte popularité
13:09Françoise Dorner.
13:11Oui, à l'époque, vous savez, tout passe.
13:13Mais à l'époque, ça a été très très fort.
13:15Très très fort, oui.
13:17Ça s'est manifesté comment ?
13:19J'ai fait pas mal de télé
13:21après. Et puis, après,
13:23j'ai fait beaucoup beaucoup de théâtre.
13:25Et on vous reconnaissait dans la rue en disant
13:27Madame la commissaire ?
13:29Oui, j'avais surtout, vous savez, le papier
13:31comme quoi j'étais commissaire de police.
13:33Alors, dès que je sentais que j'étais un peu embêtée,
13:35je le sortais. Je faisais commissaire.
13:37Et ça marchait ?
13:39Oui, oui, ça a marché deux fois.
13:41C'est Raymond Soupers qui a fait ça aussi
13:43avec le commissaire Bourrel pour les 5 dernières minutes.
13:45Il avait une fausse carte de l'APJ
13:47et quand il la montrait aux policiers,
13:49il passait sans problème.
13:51Mais là, je la sors plus, c'est trop dangereux.
13:53Mais à l'époque, la police vous appelait Madame la commissaire ?
13:55Oui, oui, c'était
13:57très très gentil.
13:59Alors, finalement, il y a eu beaucoup de télévision, effectivement.
14:01Et ce qui est étonnant, Françoise Dorner,
14:03c'est que vous êtes toujours passée à la télévision
14:05d'un genre à un autre.
14:07Oui, c'est-à-dire, on a fait La Petite Fadette,
14:09Lazare Iglesias.
14:12Ça a été important.
14:14Très, parce qu'on a eu le prix,
14:16le premier prix, je crois, à Monaco.
14:18Le prix du Festival de Monaco.
14:20C'est d'or, là, voilà.
14:22Et après, j'ai tourné avec Bernard Lecoq
14:24un scénario écrit
14:26par Jean-Claude Carrière qui s'appelait Lundi.
14:28Tout de suite après,
14:30qui était une fille
14:32qui devait faire du striptease
14:34parce qu'elle ne gagnait pas sa vie.
14:36Ce qui est étonnant aussi, c'est que La Petite Fadette,
14:38finalement, elle vous ressemblait quelque part
14:40par sa naïveté.
14:42C'est vrai, à l'époque, oui.
14:44C'est-à-dire ?
14:46C'est-à-dire ce côté un petit peu décalé,
14:48mis hors du temps comme elle était
14:50parce qu'elle était pauvre
14:52et puis elle devait se faire toute seule.
14:54Et après, quand elle rencontre
14:56l'amour, ça marche.
14:58Donc c'est un petit peu votre destin.
15:00Il se trouve que La Petite Fadette,
15:02c'est un roman de Georges Sand.
15:04Je ne sais pas si vous le savez,
15:06la première adaptation du roman
15:08en 1915, un film muet,
15:10avec Marie Pickford qui jouait le rôle de La Petite Fadette.
15:12Oh, je ne l'ai pas vue, ça.
15:14C'est introuvable aujourd'hui.
15:16Il y a aussi
15:18une époque, justement,
15:20où on pouvait beaucoup tourner pour la télévision.
15:22Il n'y avait pas beaucoup de chaînes,
15:24mais les rôles étaient nombreux.
15:26Oui.
15:28C'était...
15:30Moi, j'aimais beaucoup...
15:32Ça doit être différent maintenant
15:34parce qu'il y a Netflix ou ça,
15:36on travaillait bien, disons.
15:38Avec des conditions techniques tout à fait simples.
15:40Même les feuilletons étaient
15:42très bien faits.
15:44On avait tourné un feuilleton
15:46qui passait tous les jours avec Michel Auclair
15:48qu'avait fait Agnès Delarive
15:52sur une courtisane.
15:54Puis les gens aimaient bien.
15:56C'était plus familial, disons.
15:58C'est-à-dire qu'il fallait apprendre son texte
16:00mais on n'avait pas dix minutes pour apprendre son texte.
16:02On prenait le temps de le répéter.
16:05Lazare Iglesias a été important
16:07dans votre vie car vous avez travaillé deux fois
16:09avec ce réalisateur.
16:11Oui.
16:13J'ai tourné La jeune femme en verre aussi.
16:15C'était quoi ça ?
16:17Je m'en souviens pas.
16:19Mais Lazare Iglesias, en fait,
16:21c'est un monsieur qui a fait de la radio aussi,
16:23qui a été au club d'essai
16:25et qui est à l'origine de la première
16:27pièce de théâtre en stéréo à la radio.
16:29C'est lui qui l'a réalisé.
16:31Il avait beaucoup de talent, Lazare.
16:33Vous vous rendez compte que vous avez été
16:35une pionnière de la télévision ?
16:37Oui, c'est magnifique. Je trouve ça formidable.
16:39C'est vrai qu'il y avait
16:41les buts de Chaumont, il y avait la rue Gagnac-Ger,
16:43on passait de l'un à l'autre.
16:45Il y avait Boulogne aussi.
16:47Et là, il n'y avait aucun contrôle, il n'y avait rien.
16:49Tout était normal.
16:51Maintenant, c'est pas pareil.
16:53Effectivement,
16:55vous avez joué aussi une bonne sœur dans La Possédée.
16:57Ah oui, d'Éric Loung.
16:59Avec Ludmilla Czerina.
17:01Exactement. Ludmilla Czerina qui était une danseuse
17:03reconvertie
17:05dans le tout Paris.
17:07D'ailleurs, elle avait chez elle
17:09sur sa table de chevet
17:11et sur la table du salon, une lettre
17:13de De Gaulle et elle l'a montrée à tout le monde
17:15en permanence. C'était la lettre
17:17de sa vie. C'était le côté parisien.
17:19Et finalement, Éric Loung,
17:21il a été à l'origine de vos
17:23débuts au cinéma. Avec La Rage au Point.
17:25La Rage au Point, dont voici
17:27une bande-annonce.
17:31Je ne sais pas si vous connaissez cette voix, c'est Joëlle.
17:33C'est Joëlle.
17:35Le groupe, il était une fois.
17:37Elle était merveilleuse.
17:39Elle était venue sur le plateau.
17:41Elle avait enregistré et j'ai dit, cette fille,
17:43elle a une voix qui vous
17:45prenait complètement.
17:47Malheureusement.
17:49Mais Éric avait fait un film à l'époque
17:51qui était très en avance.
17:53C'est un film qui a été
17:55réalisé à l'époque.
17:57C'est un film qui a été réalisé
18:00qui était très en avance
18:02dans une banlieue
18:04et
18:06qui arrivait en ville, si je peux dire.
18:08Qui arrivait en ville et qui faisait de l'extorsion.
18:10Mais en même temps,
18:12l'histoire, c'est qu'il y avait un des membres de la bande
18:14qui voulait devenir clean.
18:16Et c'est vrai qu'à l'époque, on ne parlait pas des banlieues
18:18comme aujourd'hui. Non, c'est un très beau film.
18:20Et pourquoi il était une fois ?
18:22Car il a fait la musique, mais en même temps,
18:24ils ont réalisé un documentaire qui est le seul
18:26documentaire qui existe sur le groupe.
18:28Et qui a duré 15 minutes et qui passait en première partie
18:30du film au cinéma.
18:32Et c'est vrai que ça a été vos débuts au cinéma ?
18:34Vous n'aviez jamais fait de cinéma avant ?
18:36Non. Si, j'ai dû faire quelque chose,
18:38mais je ne m'en souviens pas.
18:40Mais c'était une envie de faire du cinéma
18:42ou c'était venu comme ça ?
18:44Non, il fallait travailler à l'époque.
18:46Puis Éric, j'avais tourné La Possédée
18:48et c'était un metteur en scène
18:50qui était vraiment
18:52un très bon metteur en scène.
18:54Franchement.
18:56Et quand il faut travailler
18:58et gagner sa vie,
19:00on travaille.
19:02Ce n'est pas une question, je vais faire cinéma,
19:04je vais faire théâtre. Non, pas du tout.
19:06Quand on n'a pas le choix, bon,
19:08il y a des choses qu'on ne fait pas,
19:10mais on fait le théâtre.
19:12J'étais 5 ans chez Barreau.
19:14On va en parler.
19:16C'était formidable.
19:18Et tous les théâtres.
19:20J'ai joué Antigone, La Galiga et tout ça.
19:22Et c'était très bien d'avoir tout ça.
19:25Oui, il fallait.
19:27Mais c'est très difficile.
19:29On voit aussi les jeunes actrices qui galèrent aujourd'hui.
19:31Vous avez eu, je dirais,
19:33un peu de chance. Vous dites toujours que le facteur chance
19:35vous a aidé. Je ne crois pas.
19:37Bien sûr, il y a un petit peu de chance.
19:39Mais je ne crois pas.
19:41Parce que moi, le matin, je me levais très tôt,
19:43je voulais faire du doublage avec Pierre Arditi
19:45d'ailleurs et tout ça.
19:47On doublait et le soir,
19:49j'allais au théâtre pour travailler.
19:51Donc on travaillait.
19:53On essayait de gagner notre vie.
19:55Mais en même temps, il fallait se battre.
19:57Ce n'était pas comme aujourd'hui.
19:59Il n'y avait pas les réseaux sociaux.
20:01Il fallait courir avant les tuyaux.
20:03C'était plus simple.
20:05Pour faire du doublage,
20:07on y allait.
20:09On faisait un essai.
20:11J'ai doublé Jessica Lange.
20:13J'ai doublé
20:15Geneviève Bijol.
20:17On faisait des essais.
20:19Ça marchait.
20:21Je pense que quand on doit gagner sa vie,
20:23on trouve du travail.
20:25Vous aviez envie vraiment de faire ce métier.
20:27C'était comment l'envie de faire ce métier, Françoise Dorner ?
20:29Parce qu'il n'y avait pas grand-chose à côté.
20:31Ça vous tentait depuis toujours ?
20:33Oui, j'aimais bien.
20:35Par exemple, au pensionnat,
20:37on m'avait fait jouer à 5 ans le petit chaperon rouge.
20:39Donc ça, j'aimais bien.
20:41Parce qu'à ce moment-là,
20:43il y avait comme une petite famille autour.
20:45C'était sympa.
20:47Ça vous a aidé à surmonter les épreuves.
20:49Il y a un petit cinéma et théâtre.
20:51Il y en a une autre qu'on va évoquer
20:53à travers la date du 8 novembre 2004.
20:55A tout de suite sur Sud Radio avec Françoise Dorner.
21:01Sud Radio, les clés d'une vie.
21:03Françoise Dorner, mon invitée.
21:05L'amour ne tient qu'à un fil.
21:07Un roman chez Alain Michel qu'on va évoquer tout à l'heure.
21:09Mais vous avez un parcours assez particulier
21:11qui a commencé par le théâtre, le cinéma, la télévision.
21:13Et puis il y a un changement
21:15le 8 novembre 2004.
21:18Car ce jour-là, vous recevez la bourse Goncourt
21:20du premier roman pour un livre
21:22La fille de Rendez-Rire.
21:24Vous vous souvenez de ce jour-là ?
21:26Oui, très bien.
21:28Richard Ducosset,
21:30qui était un des directeurs d'Albin Michel,
21:32m'a téléphoné en me disant
21:34ma petite Françoise, je t'appelle
21:36parce que tu viens d'avoir le Goncourt du premier roman.
21:38Et pourtant,
21:40je n'ai passé aucun coup de fil.
21:42Il était drôle.
21:44C'était un type merveilleux.
21:46C'était les bourses Goncourt
21:48au départ, qui étaient devenues le prix du premier roman.
21:50Et à voir, quand on apprend
21:52qu'on écrit un livre et qu'on a le Goncourt
21:54pour le premier coup, qu'est-ce qu'on ressent ?
21:56On se dit, mince, je peux continuer peut-être.
21:58Vous l'avez cru ou c'était...
22:00Je n'imagine jamais.
22:02Ce qui était formidable, c'était de pouvoir rencontrer
22:04tous ces auteurs
22:06chez Drouant,
22:08de pouvoir leur parler,
22:10d'être à côté
22:12de François Nourissier.
22:14J'ai apprécié cet homme
22:16peut-être parce qu'il était en fin de vie
22:18et qu'on sentait
22:20qu'il y avait Etouche, Ander Nagor...
22:22Tous les membres de l'Académie Goncourt.
22:24On se retrouve chez Drouant dans le salon des Goncourt.
22:26Et on déjeune.
22:28Ils ont des couverts
22:30avec leurs noms.
22:32Chaque membre du Goncourt
22:34de l'époque a un couvert au fil des saisons,
22:36au fil des années.
22:38Le couvert de Sacha Guitry,
22:40de tous ceux
22:43qui ont travaillé un jour ou l'autre par l'Académie Goncourt.
22:45Je n'avais pas remarqué ça.
22:47Qu'est-ce qu'on ressent dans ces moments-là ?
22:49Il y a surtout de l'émotion.
22:51Oui.
22:53Et en même temps, on ne s'en rend pas très bien compte.
22:55À un moment,
22:57je me suis dit qu'ils ont dû se tromper.
22:59Enfin, ils ne s'étaient pas trompés.
23:03Le souvenir surtout
23:05d'avoir beaucoup parlé avec Nourissier,
23:07ça m'a le plus touchée, je crois.
23:09François Nourissier, qui était à l'époque
23:11secrétaire générale de l'Académie Goncourt.
23:13La fille de rang derrière, c'était l'histoire d'une femme
23:15qui se dissimulait dans le costume d'une autre
23:17pour tenter de séduire son mari.
23:19Oui.
23:21Comment c'était venu, ça ?
23:23C'était venu parce qu'un jour,
23:25j'étais au cinéma,
23:27ça a l'air bête,
23:29et quelqu'un m'a touché le dos.
23:31Enfin, comme ça.
23:33Je me suis retournée
23:35et tout d'un coup, ça m'est venu.
23:37Je me suis dit, si je ne me retourne pas,
23:39qui est derrière ? Je ne sais pas.
23:41C'était drôle quand même.
23:43Il faut savoir, ce qui est étonnant, c'est que
23:45Laurent Godet reçoit, le même jour que vous,
23:47le Prix Goncourt pour le Soleil d'Escorta,
23:49et jusque-là, c'était un auteur de théâtre aussi.
23:51Et lui, il devient romancier.
23:53Parce qu'à l'époque,
23:55vous êtes comédienne,
23:57il n'y a aucune raison que vous deveniez
23:59auteur de roman.
24:01Non, c'est-à-dire que j'avais écrit quand même
24:05une pièce de théâtre
24:08qui s'appelait Le Parfum de Jeannette.
24:10On va en parler, oui.
24:12J'avais écrit avec Jean-Claude Carrière
24:14un one-woman show
24:16qui s'appelait Les Rondelles
24:18que j'avais joué.
24:20Et j'avais écrit une autre pièce.
24:22Et entre-temps, j'avais écrit aussi
24:24pour la télé, pour Marianne Sagerbrecht,
24:26qui a joué deux fois
24:28les scénarios que j'ai écrits,
24:30qui était une femme que j'aimais beaucoup.
24:32Et l'écriture, ça avait commencé,
24:34je crois, des Patrick Devers,
24:36avec qui vous écriviez des petites scénettes.
24:38Oui, c'est vrai.
24:40Qu'est-ce que c'était ?
24:42Je ne m'en souviens pas.
24:44Je louais une chambre chez une dame
24:46et j'avais le droit d'aller dans la cuisine.
24:48Il venait souvent dîner
24:50parce qu'on n'avait pas beaucoup de sous.
24:52Je lui disais, je t'ai fait une truite.
24:54Je faisais toujours une truite.
24:56Devers, à l'époque,
24:58tu n'étais même pas encore au Café de la Gare.
25:00C'était vraiment un inconnu total.
25:02Au Café de la Gare, il avait une spécialité.
25:04Quand c'était complet, il sortait
25:06avec le tuyau d'arrosage
25:08et il arrosait le public en disant, revenez demain.
25:10On ne peut plus imaginer ça aujourd'hui.
25:12Il se trouve que
25:14l'écriture, justement, ce roman
25:16est un succès et surtout
25:18vous êtes saluée par la critique
25:20en France et aux Etats-Unis.
25:22Il y a un metteur en scène très connu
25:24en Amérique,
25:26je ne sais plus son nom parce qu'il y a quand même 20 ans,
25:28qui a
25:30pris le roman
25:32mais à ce moment-là,
25:34il y a eu la grève des scénaristes
25:36parce que vous vous souvenez qu'il a duré des mois et des mois
25:38et donc ça ne s'est pas fait.
25:40Mais ça vous a surpris que les Américains
25:42aiment cette histoire ?
25:44Ah oui, ils aimaient beaucoup, oui, c'était curieux.
25:46Vous avez tout de suite inventé un style
25:48qui est devenu un style très propre
25:50à vous, d'une sorte de roman
25:52à la fois qui sont des contes fantastiques
25:54et des histoires d'amour.
25:56Oui, j'aime bien les histoires d'amour.
25:58Et l'envie d'écrire, ça vous a pris depuis toujours ?
26:01Oui, j'aimais bien parce que
26:03quand ça n'allait pas, je marquais pourquoi
26:05et quand ça allait, je marquais aussi
26:07mais je n'ai jamais tenu
26:09de journal.
26:11L'écriture, c'est quand même
26:13la suite de l'interprétation de textes classiques
26:15parce que vous avez travaillé
26:17en tant que comédienne, avec de grands
26:19de théâtres, parmi lesquels
26:21une femme qui est
26:23évoquée en filigrane
26:25dans une chanson, puisque cette chanson
26:27est celle d'un spectacle à succès.
26:31J'ai changé les couleurs du temps
26:33J'ai changé les couleurs
26:35du monde
26:37Le soleil, le vent
26:39Les couleurs du temps de Guy Béart
26:41qui a servi de musique à Harold Desmaud
26:43avec Madeleine Renaud.
26:45Et Madeleine Renaud a été
26:47très importante dans votre vie.
26:49Très importante. C'est grâce à elle
26:51que j'ai joué
26:53pendant 5 ans des rôles magnifiques.
26:55Je m'entendais très bien avec elle
26:57alors qu'on m'avait dit
26:59qu'elle n'avait pas un très bon caractère.
27:01Moi je n'ai pas trouvé.
27:03Comment vous l'avez rencontrée ?
27:05J'ai fait un essai pour Barrault
27:07pour jouer
27:11une pièce à l'époque
27:13au théâtre d'Orsay
27:15un truc du 18ème siècle
27:17et donc
27:19il voulait une
27:21Arletti qui a beaucoup d'abattage
27:23Je me suis dit mon dieu
27:25il faut que je me...
27:27Et donc j'ai passé l'essai
27:29et Madeleine était dans la salle
27:31pour les essais
27:33et il y avait beaucoup de filles
27:35très bien, j'ai trouvé
27:37et Madeleine a dit c'est elle.
27:39Et comme ça je suis rentrée là-dedans.
27:41Et vous avez joué avec elle entre autres
27:43des journées entières dans les arbres.
27:45Oui avec Jean-Pierre Aumont
27:47et elle un très beau souvenir
27:49on a fait l'Amérique, le Japon
27:51on a tout fait.
27:53Parce qu'en fait cette pièce
27:56c'était un succès mondial car on a oublié
27:58ce que représentaient Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault à l'époque.
28:00A l'époque c'était
28:02ils ont été reçus en Amérique
28:04parce qu'on a été la jouer à New York
28:06et Jean-Pierre Aumont nous avait dit
28:08je te préviens on est à New York
28:10si le public
28:12ne fonctionne pas
28:14on est partis demain.
28:16J'ai dit quoi ?
28:18C'était la première fois que j'allais à New York en plus.
28:20Donc on a joué des journées entières dans les arbres
28:22il y a eu un silence
28:24je me suis dit oh la la
28:26et ça a été tellement
28:28fort
28:30ils ont applaudi après et tout
28:32qu'on a joué un mois à bureau fermé.
28:34C'est incroyable.
28:36Mais ça c'était Madeleine aussi et Jean-Pierre qui étaient adorés
28:38des Américains.
28:40Oui mais on n'imaginait pas que Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault
28:42étaient aussi connus dans le monde entier.
28:44Dans le monde, le Japon je vous dis pas, ils étaient reçus comme des rois.
28:46Alors qu'à la fin de leur vie
28:48ils ont été méprisés.
28:50Je me souviens je suis allé chez eux
28:52ils étaient les voisins de l'appartement
28:54que Johnny Hallyday occupait avec Sylvie Hartan
28:56et personne ne venait les voir.
28:58Non, ils venaient pas.
29:00Mais même dans leur maison qu'ils avaient en dehors de Paris
29:02ils ont été
29:04quand Jean-Louis est allé
29:06au rond-point des Champs-Elysées
29:08ça a été la fin.
29:10Tout le monde a essayé, enfin les gens qui voulaient
29:12prendre sa place, de l'éjecter
29:14et...
29:16Il faut savoir qu'à l'époque où vous jouez
29:18il était au Théâtre d'Orsay
29:21Le Théâtre d'Orsay aujourd'hui était un théâtre.
29:23Un théâtre magnifique parce qu'en plus
29:25Jean-Louis avait créé un restaurant
29:27donc tout le monde se retrouvait
29:29et c'était une ambiance formidable.
29:31C'était une salle noire
29:33avec une immense scène au milieu.
29:35Et il y avait un petit théâtre à côté
29:37où on avait joué aussi avec Arditi
29:39et tout ça là-bas.
29:41C'était l'ancienne gare d'Orsay
29:43qui s'apprêtait à être transformée en musée.
29:45Et ensuite il a repris le théâtre du rond-point
29:47qui était une patinoire je crois.
29:49Et on lui a redonné
29:51là où il avait démarré.
29:53C'est là où il a démarré.
29:55Mais c'est fou que des gens comme ça
29:57soient jetés de cette manière.
29:59Est-ce que ce n'est pas une injustice ?
30:01Je pense que ça fait partie
30:03un peu de ce métier.
30:05Vous savez bien comment jettent les gens.
30:07Il n'y a que dans ce métier.
30:09Vous avez vraiment touché à tous les gens aussi
30:11puisque vous avez joué une pièce
30:13de Pascal Jardin, Madame est sortie,
30:15quelques mois seulement après sa disparition.
30:17Avec Brialy
30:19et Christine Fabregas
30:21qui jouait dedans.
30:23C'était merveilleux. Et puis avec Jean-Claude
30:25on a joué 3-4 pièces avec lui
30:27et c'était un ami.
30:29C'était pas du tout quelqu'un
30:31enfin c'était
30:33quelqu'un de formidable.
30:35Qui avait un extérieur comme ça
30:37mais qui avait un cœur d'or.
30:39Oui parce qu'on dit toujours
30:41qu'il était un mondain. Il travaillait énormément.
30:43Il travaillait comme un fou. Comme fou Jacques.
30:45Il travaillait comme un fou mais surtout
30:47il aidait beaucoup les gens.
30:49Il aidait les gens. Beaucoup.
30:51Et il ne disait jamais rien.
30:53Il organisait des soirées quand il a fait...
30:55Pour Arletty par exemple.
30:57Il a aidé Arletty. Il a aidé complètement
30:59jusqu'à la fin. Arletty vivait seule
31:01dans un petit appartement proche
31:03dans Paris, dans le 16ème rue Rémusa.
31:05Et c'était l'un des rares à venir la voir
31:07et la soutenir. Et surtout elle lui envoyait quelqu'un
31:09qui lui faisait la lecture et qui s'occupait d'elle.
31:11C'est fou hein.
31:14Il ne le montrait pas. Il ne voulait pas le montrer.
31:16Surtout pas. Pourquoi ?
31:18C'est comme ça. Plus d'heures.
31:20Et puis il y avait les tournées car les tournées
31:22on n'imagine pas aujourd'hui ce que représentait
31:24une tournée de théâtre.
31:26C'était des mois et des mois.
31:28Oui on partait. Lui il partait.
31:30Il avait trois chiens mais là il n'y en a que deux qui partaient.
31:32Oui.
31:34On était partout avec lui.
31:36C'était
31:38au Maroc, partout.
31:40En riant beaucoup. Oui.
31:42Claude avait une façon de raconter
31:44des blagues qui était formidable.
31:46Il inventait aussi quelque chose.
31:48Il inventait sur sa vie.
31:50Il vous racontait quelque chose de le contraire le lendemain.
31:52Mais c'est une race
31:54d'acteurs en voie de disparition
31:56qui n'existe plus. Pourquoi ?
31:58Parce qu'on n'a plus cette joie de vivre ?
32:00Je pense que oui.
32:02Peut-être.
32:04Il y a plus d'intérêt je pense.
32:06D'intérêt.
32:08Et puis avec tous les mouvements qui se passent
32:10à ce moment que je comprends
32:12mais je veux dire les gens
32:14ont un peu peur les uns des autres.
32:16Et puis il y a eu aussi Anouilh que vous avez joué à deux reprises.
32:18Jean Anouilh, grand auteur de théâtre
32:20qui a eu une traversée du désert
32:22et vous avez joué deux pièces
32:24de Jean Anouilh.
32:26On a joué Antigone
32:28avec Michel Auclair
32:30Ornifle.
32:32Oui.
32:34Et puis
32:36Vive Henri IV qui s'appelait au départ La Galigaille.
32:39Donc je jouais La Galigaille.
32:41Et là aussi c'est un univers très différent.
32:43Il faut être très précis.
32:45Au plus que précis La Galigaille.
32:47Et puis j'en reviens effectivement à Lirondel que vous avez cité
32:49car vous avez commencé à écrire pour le théâtre avec Lirondel
32:51avec Jean-Claude Carrière.
32:53Comment c'est venu ça ?
32:55Jean-Claude on se connaissait puisque
32:57il travaillait avec Barraud aussi.
32:59Et
33:01j'avais écrit
33:03Lirondel
33:05et j'avais été le voir
33:07et il m'a dit est-ce que tu peux regarder
33:09est-ce que tu peux me dire si ça va
33:11ou qu'est-ce qu'il faut couper
33:13parce que moi j'aime bien couper
33:15et donc il a jeté un coup d'oeil
33:17il m'a donné des conseils
33:19il a dit là non il faut supprimer
33:21enfin bon il a fait son travail merveilleux
33:23et après il m'a dit
33:25tu mets pas mon nom
33:27j'ai dit pourquoi t'as honte ?
33:29Il m'a dit non
33:31j'ai dit non
33:33tu as travaillé dessus
33:35où vous étiez habillée d'abord
33:37d'une façon très particulière
33:39en première communiante
33:41et vous finissiez en scriptise
33:43oui en première communiante
33:45et c'est comme Michel Déon aimait beaucoup
33:47il était venu 3 ou 4 fois
33:49et il avait emmené plusieurs personnes
33:51de l'académie française
33:53et il avait dit
33:55et c'est comme ça que j'ai eu le prix du jeune théâtre
33:57de l'académie française
33:59non seulement le concours mais l'académie française pour un début
34:01est-ce que vous le mesurez
34:04non pas du tout
34:06j'ai jamais eu de prix donc je ne savais pas très bien ce que ça voulait dire
34:08je ne sais pas si vous le savez
34:10mais la première critique de cette pièce à la télévision
34:12c'est Isabelle Jordano
34:14dans Bouillon de Culture
34:16qui a fait un reportage sur cette pièce
34:18on vous voit un extrait de cette pièce dans Bouillon de Culture
34:20chez Pivot
34:22vous avez trouvé ça ?
34:24incroyable
34:26alors ça c'était effectivement Bouillon de Culture
34:28c'était logique que vous y passiez pour les romans
34:30mais pas pour le théâtre au départ
34:32on va les évoquer à travers la date du 30 janvier 2025
34:34à tout de suite sur Sud Radio
34:36avec Françoise Dorner
34:38Sud Radio les clés d'une vie
34:40Jacques Pessis
34:42Sud Radio les clés d'une vie
34:44mon invité Françoise Dorner
34:46nous avons évoqué votre carrière multiple
34:48la télévision, le théâtre, l'académie française
34:50le concours
34:52l'actualité c'est donc le 30 janvier 2025
34:54un nouveau roman qui s'appelle
34:56L'amour ne tient qu'à un fil
34:58qui sort chez Albain Michel
35:00c'est assez particulier
35:02au départ c'est un homme et une femme qui se rencontrent
35:04et qui se quittent
35:06c'est banal sauf que ça va évoluer
35:08c'est à dire que
35:10cette femme ne va jamais
35:12perdre
35:14cet homme de son coeur
35:16et en plus il va oublier un violon chez elle
35:18c'est ça le point de départ
35:20c'est né comment cette idée ?
35:22alors c'est né parce que
35:24c'est idiot mais
35:26il y a eu un moment où ma mère
35:28il y a quelques années
35:30elle a eu la maladie de charcot
35:32j'ai l'air comme ça
35:34et
35:36un jour
35:38je suis arrivée, le médecin m'avait dit
35:40ça dure un an
35:42j'ai dit comment un an ?
35:44à l'époque on ne savait pas, charcot on n'en parlait pas
35:46comme maintenant
35:48je ne raconte pas du tout de l'histoire
35:50ça a duré 7 ou 8 ans
35:52vous savez comment on se termine
35:54on finit dans un fauteuil roulant
35:57elle finissait dans le lit
35:59en verre de terre
36:01il me disait
36:03votre maman a une très bonne prise de sang
36:05je suis ravie
36:07mais ce n'est pas ça
36:09j'ai écrit le roman
36:11un jour je suis arrivée
36:13elle me regarde
36:15elle me dit
36:17tu t'appelles comment ?
36:19c'est la dernière séance
36:21je lui ai dit
36:23Françoise
36:25comme ma fille
36:27mais elle est morte à 20 ans
36:29là je me suis dit
36:31c'est le pompon, le bouquet final
36:33c'est à dire non seulement
36:35pour mon père je n'ai jamais existé
36:37mais pour ma mère maintenant je suis morte
36:39ça m'a donné l'envie
36:41de récupérer toute une histoire familiale
36:43dans ce roman
36:45et ce roman
36:47se passe à Néry-Slébin
36:49qui est au coeur de l'Auvergne
36:51qui est une station thermale qui existe
36:53qui a été liée
36:55aux prémices de l'histoire du thermalisme
36:57puisqu'il y avait des piscines
36:59gallo-romaines
37:01absolument j'ai été voir
37:03d'ailleurs ma mère
37:05c'est pas un roman autobiographique
37:07mais c'est assez terrible
37:09à voir parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont
37:11un peu zinzins
37:13c'est surtout les nerfs
37:15vous avez visité cette station
37:17vous avez choisi vraiment de faire l'histoire
37:19dans ce lieu
37:22très très joli et très intéressant
37:24c'est pas du tout le côté mondain
37:26des stations
37:28qui bront et autres
37:30et donc
37:32les cures thermales c'est un univers
37:34qui vous attirait au départ ou pas du tout ?
37:36pas du tout
37:38les premiers curies je ne sais pas si vous le savez
37:40c'est dans les Hautes-Pyrénées
37:42ça s'appelait Aubonne c'est assez drôle
37:44et c'est le grand-père du futur Henri IV
37:46Jean d'Albret
37:48qui avait constaté les effets bénéfiques de ces cures
37:50sur les blessures par arc-bus
37:52de ses soldats
37:54c'est comme ça qu'elle s'en est
37:56c'est fou hein ?
37:58donc dans cette station
38:00le point de départ c'est un kiosque à musique
38:02comme il y en a un peu partout
38:04oui il y a des musiciens qui jouent
38:06comme c'est une jeune femme
38:08qui a une vie
38:10un peu très spéciale
38:12donc elle voit ce monsieur
38:14elle lui trouve de jolies mains
38:16ça commence comme ça
38:18et puis il lui laisse son violon
38:20parce qu'il doit partir à Paris
38:22il est violoniste ?
38:24c'est un violoniste quoi
38:26un musicien de cure
38:28comme il y en a beaucoup
38:30et effectivement
38:32elle entend ça et puis elle entend une mélodie
38:34qui va la marquer à vie
38:44la sonate pour violon de Robert Schumann
38:47pourquoi avoir choisi cette mélodie
38:49de Robert Schumann ?
38:51c'est Schumann qui me l'a demandé
38:53il voulait être dans le livre
38:55vous aimez la musique classique ?
38:57j'aime beaucoup
38:59Schumann c'est quand même un compositeur de légendes
39:01qui a eu une paralysie de la main très jeune
39:03et qui a terminé avec la maladie d'Alzheimer
39:05en laissant une oeuvre considérable
39:07et ce musicien
39:09est-ce que vous aviez entendu déjà cette oeuvre
39:11ou est-ce que c'est venu comme ça ?
39:13non c'est venu comme ça
39:15d'ailleurs il faut savoir que le père
39:17de Robert Schumann
39:19August Schumann
39:21c'est lui qui a introduit Walter Scott et les romans d'Ivan Noé
39:23dans son pays
39:25bravo !
39:27l'idée de ce roman
39:29c'est que cette jeune femme est en cure
39:31et puis ce musicien tombe amoureux
39:33ils vont vivre une courte histoire
39:35d'amour mais il va repartir en laissant son violon
39:37voilà mais il ne reviendra pas
39:39voilà c'est ça le problème
39:41alors qu'il devait revenir la semaine suivante
39:43on peut le dire parce que
39:45sur la quatrième c'est marqué
39:47donc comme elle a eu l'habitude
39:49d'avoir des photos
39:51parce que
39:53ils sont sans père
39:55en fille
39:57et donc là elle se dit
39:59que ce petit
40:01est quand même un triangle
40:03pas que la mère
40:05l'amour d'une mère
40:07c'est très important
40:09mais il faut quand même qu'il y ait
40:11quelqu'un d'autre
40:13oui parce qu'il faut savoir que pendant cette période
40:15elle tombe enceinte et elle va avoir
40:17un enfant qu'elle va aimer toute seule
40:19qui s'appelle François et donc elle a un peu un subterfuge
40:21elle se dit
40:23il n'y aura pas une photo comme moi j'ai eu
40:25et elle veut faire un mannequin
40:27d'après une photo qu'elle a du musicien
40:29et un vrai mannequin articulé
40:31que j'ai été voir au musée Grévin
40:33donc c'était parfait
40:35qui est en latex
40:37et qui bouge et tout
40:40et donc quand il est petit
40:42ce qui est très bien c'est qu'il peut sauter sur ses genoux
40:44il ne se rend pas très bien compte
40:46parce que moi ce qui m'a toujours manqué quand j'étais petite
40:48c'est que la porte
40:50de la chambre
40:52que ça ne s'ouvre pas
40:54que le père ne rentre pas
40:56et dise bonsoir ma chérie
40:58hop il vous met sur ses épaules
41:00il vous fait jouer
41:02moi ça m'a toujours manqué ça
41:04votre père est parti ?
41:06il n'est pas venu
41:08comme beaucoup de femmes
41:10et d'hommes
41:12ce n'est pas un cas unique malheureusement
41:14il ne faut pas
41:16vous avez créé ce mannequin
41:18qui est à l'image de ce musicien
41:20dont elle a perdu toute trace
41:22oui absolument
41:24tant qu'il est petit il peut s'amuser
41:26il tire les fléchettes
41:28il fait ce qu'il veut avec lui
41:30elle trouve ça très bien
41:32et après évidemment il en a marre
41:34de voir ce violon
41:36parce qu'elle lui met le violon dans les mains
41:38quand il est ado
41:40ce type l'énerve
41:42ce mannequin
41:44c'est pas le père, c'est pas un type avec qui il peut parler
41:46qui peut le guider
41:48et donc il veut vendre le violon
41:50comme c'est un violon un peu spécial
41:52il y a un type qui arrive
41:54et qui ressemble comme deux gouttes d'eau
41:56exactement
41:58c'est là où l'histoire commence
42:00il faut savoir que ce violon
42:02qui n'est pas un Stradivarius
42:05c'est un violon qui s'appelle un Pharasius
42:07c'est quoi vous vous êtes renseignée ?
42:09non Pharasius j'ai regardé
42:11le Stradivarius c'est impossible
42:13ça coûte des millions
42:15mais celui là non c'est normal
42:17voilà donc
42:19et c'est vrai que c'est un violon
42:21qui permet aux jeunes musiciens
42:23d'apprendre les bases de la musique
42:25et Stradivarius
42:27il faut savoir que Stradivari a créé
42:29environ un millier
42:31de violons Stradivarius
42:33et ça vaut une fortune
42:35et je crois que le secret
42:37c'était un vernis spécial
42:39qui permettait de donner
42:41une musique particulière
42:43vous n'avez jamais joué
42:45du violon vous même ?
42:47non j'ai joué un peu de piano
42:49mais du violon non
42:51il se trouve que ce monsieur va revenir
42:53et ça va être le point de départ
42:55de l'histoire
42:57et là aussi il y a une suite de secrets
42:59qu'on ne va pas révéler
43:01trouver l'histoire de ce monsieur Françoise Dorner
43:03trouver l'histoire vous voulez dire quoi exactement ?
43:05savoir pourquoi
43:07il était parti
43:09mais ça je ne peux pas le raconter
43:11parce qu'après il n'y a plus de rôle
43:13il est parti mais on va découvrir petit à petit
43:15qu'il y a un secret derrière
43:17oui il y a un secret derrière ça
43:19et ce qui est terrible
43:21quand vous avez aimé quelqu'un
43:23que vous l'avez mis sur un piédestal pendant tant d'années
43:25pendant 20 ans
43:27ce monsieur qui revient et qu'elle revoit
43:30c'est fou finalement au départ
43:32ce n'est pas du tout l'homme qu'elle croyait aimer
43:34il n'est pas celui
43:36qu'elle aimait
43:38c'est un petit monsieur qui a pris 20 ans
43:4025 ans
43:42dans ses petits mots croisés
43:44ce n'est pas du tout le héros qu'elle imaginait
43:46il se trouve aussi que derrière ce roman
43:48il y a une idée c'est peut-on rattraper
43:50le temps perdu ?
43:52c'est une chose qui vous tient à coeur ?
43:54oui le temps non
43:56parce qu'on ne le rattrape pas
43:58peut-on
44:00réaimer une personne
44:02qu'on a aimée vraiment
44:04parce qu'elle l'a vraiment aimée
44:06quand il y a eu des aventures
44:08quand il y a eu vraiment de l'amour
44:10et qu'on n'a pas connu quelqu'un d'autre
44:12et qu'on voit cette personne
44:14donner une seconde chance
44:16à l'amour c'est ça qui me plaît
44:18et ça c'est la base de ce livre
44:20qu'on va découvrir en lisant ses pages
44:22il y a aussi une femme qui apparaît
44:24dans ce livre mais une femme
44:26le livre est dédié écouter sa voix
44:28touchons du bois mon amour
44:30mon amour
44:32touchons du bois pareil amour
44:34Alipha Tellini
44:36Alipha Tellini à qui vous avez dédié le livre
44:38et qui est présente dans cette histoire
44:40Françoise Pornéa
44:42oui pardon j'ai un petit coup au coeur
44:44on le sent dans sa voix c'est normal
44:46car elle était chère à votre coeur
44:48plus que chère oui
44:50bon c'est pas sympa
44:52d'avoir fait ça
44:54mais en même temps il faut savoir
44:56Alipha Tellini qui est un peu oubliée aujourd'hui
44:58elle a été femme clown
45:00elle a été extraordinaire
45:02l'école du cirque Alipha Tellini
45:04qui était une école magnifique
45:06et moi j'étais
45:08amie avec Alipha Tellini
45:10j'ai toujours aimé cette personne
45:12et
45:14on s'est rapprochés
45:16un petit peu parce qu'un jour
45:18je devais faire des photos
45:20elle me dit viens faire des photos
45:23tu montes sur le fil
45:25j'ai dit j'ai jamais fait le fil
45:27elle m'a dit c'est pas haut
45:29écoute on fera une photo ça sera très joli
45:31bon pour ton film
45:33bon j'y vais
45:35je me dis oh le fil
45:37je me mêle
45:39tu fais juste le balancer avec les mains
45:41j'ai dit d'accord
45:43finalement je traverse tout le fil
45:45vous étiez à un mètre du sol
45:47vous avez traversé le fil comme ça
45:49et à ce moment là
45:51elle me dit attends
45:53c'est impossible que tu passes comme ça
45:55elle me dit repasse
45:57c'est peut-être le hasard
45:59bon ça peut arriver
46:01j'ai dit dans le temps j'ai fait de la poutre
46:03de la barre asymétrique c'est peut-être ça
46:05non non je repasse je tombe pas
46:07elle me dit mais
46:09il paraît que il paraît
46:11comme j'avais un grand père
46:13qui était un grand grand
46:15funambule
46:17elle me dit ça plaît comment
46:19elle me dit c'est pour ça que tu marches sur le fil
46:21elle me dit tu te rends pas compte
46:23c'est un héros
46:25bon
46:27et donc petit à petit
46:29on a
46:31on était plus qu'amis
46:33c'est quelqu'un que j'aimais
46:35vraiment
46:37et quand elle a eu son cancer
46:39elle a continué à donner des cours
46:41à son école jusqu'au bout
46:43et c'est pas ça
46:45la dernière fois
46:48dans son
46:50dans son cirque
46:52elle était en coulisse avec les deux
46:54comment ça s'appelle
46:56pour marcher
46:58avec les deux béquilles sous le bras
47:00avec son cancer
47:02et au moment où c'était elle avec son petit
47:04appareil l'imbandonnéon
47:06elle est rentrée
47:08elle a lâché les béquilles
47:10et elle a fait son numéro
47:12et elle est ressortie
47:14on lui a remis les béquilles directement
47:16c'était une femme clown extraordinaire
47:18aujourd'hui toutes les écoles de cirque
47:20dépendent
47:22sont les descendantes de l'école
47:24absolument
47:26et d'ailleurs elle a été mariée à Pierre Etex
47:28metteur en scène génial de Yo-Yo
47:30et autres films
47:32qui a pendant 30 ans été éloigné
47:34des cinémas parce qu'il y avait eu une escroquerie
47:36lui aussi c'était un homme de cirque
47:38c'était un couple de cirque extraordinaire
47:40oui il faisait le clown blanc
47:42c'était ça
47:44vous avez évoqué ce field
47:46en évoquant dans votre livre
47:48le vide
47:50les magiciens du vide
47:52c'est une chose qui vous a marqué ?
47:54oui
47:56c'est à dire que ces magiciens
47:58il y avait un monsieur qui s'appelait Henry
48:00je ne sais pas si vous le connaissez
48:02c'est le plus grand funambule du monde
48:04il est dans le livre des records
48:06il a passé 6 mois sur un câble
48:08au dessus du casino de Montieu près de Saint-Etienne
48:10il a vécu sur le câble pendant 6 mois
48:13oui
48:15l'autre là celui dont je parle
48:17il faisait
48:19il tendait le fil très très haut
48:21évidemment
48:23avec la mer en bas
48:25et il s'arrêtait
48:27et il avait un appareil spécial
48:29il faisait cuire des oeufs
48:31il cuise les oeufs sur le fil avec son appareil
48:33c'est incroyable
48:35des gens comme ça vous ont marqué
48:37finalement tout ce que vous avez vécu
48:39se retrouve un peu au fil des pages de ce livre
48:41ça marque un peu un type
48:43qui fait des oeufs plats sur un fil
48:45effectivement
48:47il y a beaucoup d'autres choses dans ce livre
48:49l'amour ne tient qu'à un fil
48:51et non seulement il y a cette histoire
48:53mais il y a aussi l'émotion que vous vous faites passer
48:55car pour vous un roman, une histoire d'amour
48:57ça passe par une émotion très forte et personnelle
48:59c'est vrai
49:01il y a
49:03je trouve que l'amour c'est
49:05quand on
49:07je trouve que quand on
49:09commence à rentrer dans l'âge
49:11on comprend que c'est la chose
49:13la plus importante
49:15qu'est-ce que c'est l'amour ?
49:17c'est comme le couple
49:19le don c'est donner
49:21donner et donner
49:23et vous vous donnez beaucoup
49:25de votre personne dans ce livre
49:27l'amour ne tient qu'à un fil
49:29je recommande à celles et ceux qui nous écoutent
49:31continuez ainsi, ne changez rien
49:33merci Jacques
49:35on se retrouve bientôt
49:37à l'écoute de Sud Radio

Recommandations