Les clefs d'une vie avec Philippe Gloaguen
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-04-01##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Si Jacques Offenbach était parmi nous aujourd'hui,
00:08il aurait adapté à votre parcours un couplet de la vie parisienne,
00:11je serais votre guide dans la ville splendide.
00:13Il aurait parlé de ville au pluriel,
00:15pour l'auteur et l'éditeur singulier que vous n'avez jamais cessé d'être.
00:19Bonjour Philippe Blohagen.
00:20Bonjour, merci pour l'invitation.
00:22Je suis ravi d'être là en face de vous, c'est la deuxième fois.
00:25Oui, et vous étiez venu tout au début des clés d'une vie,
00:28il y a très longtemps, il y a huit ans,
00:30et aujourd'hui vous êtes mon 1472ème invité,
00:33et vous étiez à peu près le 60ème à l'époque.
00:35Oui.
00:36Et on a passé depuis le cap du million d'abonnés sur la chaîne YouTube.
00:40Eh bien bravo.
00:41Voilà.
00:42Alors donc aujourd'hui vous êtes là parce que demain vous faites vos débuts au cinéma,
00:45on va en parler.
00:46Il y a aussi un guide du Routard,
00:48un de plus, 1000 expériences autour du monde,
00:51et puis votre parcours à travers des dates clés,
00:53vous connaissez le principe,
00:54et j'ai trouvé des dates un peu différentes de la première fois,
00:57mais il y a autre chose à se raconter.
00:58D'abord, la première date, elle ne vous concerne pas directement,
01:01mais elle est importante dans votre vie.
01:02Le 15 octobre 1970 paraît le premier numéro du journal Actuel.
01:07Et c'est vrai que le journal Actuel est lié à vos débuts, Philippe Graguen.
01:10Absolument.
01:11J'étais étudiant dans une école de commerce,
01:14je suis fils d'instituteur,
01:16donc j'ai été entouré de beaucoup d'amour,
01:19mais pas d'argent,
01:20et donc je voulais faire votre métier, Jacques.
01:24Je voulais être journaliste,
01:26je voulais être envoyé au bout du monde.
01:28Quel beau métier d'être payé pour voyager,
01:31pour se cultiver.
01:33Et au début, je voulais surtout être grand reporter,
01:37donc j'avais contacté Actuel pour qu'il m'envoie en voyage.
01:44Ce qu'il a fait, ça a bien fonctionné assez rapidement,
01:48et il m'a envoyé ma grande expérience,
01:51et la première, c'était l'Inde, la Route des Indes.
01:54Et donc, Jean-François Bizeau, fondateur,
01:58héritier de Ron Poulenc, on l'oublie,
02:02m'envoie deux mois et demi en Inde,
02:07et m'a publié, pour la première fois, six pages,
02:12donc la totalité du reportage, dans Actuel.
02:17Ce reportage, qui était une sorte d'émanation
02:22du guide du routard, qui donnait plein de petits tuyaux,
02:27comment voyager pas cher, le guide de la débrouille,
02:32provoque beaucoup de courriers de lecteurs,
02:37à tel point que Jean-François Bizeau me propose
02:40de sortir un livre et de me présenter des éditeurs.
02:44Je lui présente, six mois après, un manuscrit.
02:50Il tient parole, il me présente des éditeurs,
02:54à part que le routard n'intéressait strictement personne,
02:58et vous le savez peut-être, mon cher Jacques,
03:00c'est que le guide du routard a été refusé
03:02par 18 maisons d'édition.
03:04Oui, qui s'en bordent les doigts aujourd'hui.
03:06Alors il faut savoir que s'il vous a accordé
03:08ce reportage aux Indes, c'est que vous étiez
03:10le moins cher au départ, Philippe Le Haguen.
03:12Voilà, c'est-à-dire que moi, pour être grand reporter,
03:15bien entendu, au début, quand on est naïf,
03:17comme moi et jeune, on va voir Paris Match.
03:20Et Paris Match, il y avait deux hôtesses à l'entrée,
03:23je n'ai jamais pu réussir à franchir la barrière
03:27de ces charmantes hôtesses, et j'ai compris en fait
03:32que Paris Match ne travaillait qu'avec des vedettes.
03:35Donc c'était Philippe Labrault, c'était Jean Lacouture,
03:40des grands noms de l'édition et de la presse,
03:43et moi qui n'étais rien, je me suis dit,
03:46j'ai compris, je vais prendre des petits journaux
03:50qui n'ont pas les moyens de se payer des grands noms,
03:53et comme je suis le moins cher des reporters
03:56puisque je voyage en auto-stop au Berge de Jeunesse
04:00et je mange pas trois fois par jour,
04:03les petits journaux vont me prendre.
04:07Ce qui était le cas, puisque j'ai même été pris
04:09dans un deuxième magazine qui était plus prestigieux
04:12à l'époque, c'était Pilote.
04:15Vous avez de la mémoire, vous êtes bien documenté.
04:19Et vous apportiez, je crois, des cafés à Uderzo et à Goscinny.
04:22Voilà, donc moi je me suis retrouvé gamin de banlieue
04:25avec le nec plus ultra de la BD en France,
04:29vous avez raison, Goscinny, rédacteur en chef,
04:34Uderzo, directeur de rédaction,
04:39et il y avait Brétéchet, Mandryka, Gautlib,
04:44tous les grands noms de la BD.
04:47Moi, j'avais une toute petite rubrique gastronomique,
04:51comme tu veux, tu choises, mais surtout j'allais chercher
04:54le café le mardi, mais quel bonheur d'être
04:57en comité de rédaction tous les mardis,
05:00voir ces personnalités qui m'impressionnaient énormément.
05:03Oui, et Georges Dargaud avait fait un beau cadeau
05:06à René Goscinny, il avait décoré son bureau en forme
05:09de cabine de bateau, car il savait que Goscinny
05:12adorait les croisières.
05:14C'est génial.
05:15Et c'était le bonheur de Goscinny de travailler là-dedans.
05:18Alors c'est vrai que vous aviez aussi une spécialité,
05:21je crois que le premier reportage, vous avez fait,
05:23Philippe Gauguin, la porte de Charenton-Sri Lanka en stop.
05:26Oui, c'est très vrai.
05:29Et pour les 50 ans du routard, il y a deux ans,
05:34TF1 m'a conduit à la porte de Charenton.
05:38J'avais complètement oublié cette anecdote,
05:41et on a retrouvé exactement l'endroit où j'ai démarré
05:44mon premier kilomètre en stop, et où j'ai démarré
05:47le Guide des Routards.
05:48Alors il se trouve que, si j'en reviens au point de départ,
05:50vous avez grandi à Meudon.
05:53Votre père a d'ailleurs dirigé le collège Chint et Demont.
05:56Absolument.
05:57Qui est un collège où il y a 288 élèves aujourd'hui.
06:00Et curieusement, depuis quelques années,
06:02ils font des séjours linguistiques en Bretagne,
06:04des classes découvertes, et c'est le premier réseau breton
06:07de séjours éducatifs et sportifs.
06:09Vous m'apprenez quelque chose, je n'en savais rien,
06:11et je ne savais même pas qu'ils avaient gardé
06:13ce lien, cette consanguinité bretonne.
06:17La Bretagne, c'est la famille, et c'est Douarnenez
06:20pour vous, dans votre souvenir.
06:21Oui, c'est Douarnenez.
06:23J'avais une tante adorée, Tante Thérèse,
06:26qui était ouvrière à la criée de Douarnenez,
06:30et je logeais chez elle.
06:33Elle était gardienne d'un château,
06:36le château du docteur Philippe,
06:38celui qui a inventé la thalassothérapie.
06:41Et c'était une période d'opulence pour les médecins,
06:46c'est moins le cas aujourd'hui.
06:48Et j'étais persuadé d'ailleurs que ce château
06:52appartenait à la famille, mais comme il y avait
06:54beaucoup d'enfants, moi je logeais chez la gardienne.
06:57J'ai mis du temps à comprendre que non,
06:59je n'étais que le neveu de la gardienne.
07:03Et j'ai trouvé une chanson qui raconte
07:05et qui a marqué l'histoire de Douarnenez.
07:13Je ne sais pas si vous connaissez
07:14la chanson des sardinières.
07:16Alors, je connais d'autant plus cette chanson
07:21que les peines sardines en Breton
07:25ont été la dernière manifestation monstrueuse
07:30et terriblement terrible à vivre
07:34des femmes qui ont fait grève en 26-27.
07:40Parce que je vais vous apprendre peut-être quelque chose,
07:42c'était la dernière famine qu'on a eue en France.
07:45Il y a eu un réchauffement de la mer,
07:51les sardines qui nageaient à moins 15 mètres
07:54ont cherché le frais en plongeant
07:57dans la baie de Douarnenez,
07:59il n'y avait plus de poissons,
08:01et donc les papas étaient en mer
08:07pour la langouste en Mauritanie,
08:09et c'était les mamans qui étaient soit
08:13ouvrières dans les usines de sardines
08:19ou pêchaient la sardine dans la baie de Douarnenez,
08:22ont fait des grèves qui ont été d'une violence absolument extrême,
08:26la gendarmerie à cheval a chargé les femmes et les enfants,
08:31c'était donc une horreur totale,
08:33et il y a eu une aberration à cette époque,
08:39c'est que la Bretagne, qui est de grande tradition catholique,
08:44est devenue communiste,
08:47puisque les seuls qui ont véritablement aidé pour survivre,
08:52aider c'était de donner à bouffer aux ouvrières, aux enfants,
08:58c'était la CGT,
09:00et tout Douarnenez a basculé pendant 40 ans dans le communisme,
09:06qui était une zone catholique,
09:08c'était une aberration politique mais qui a existé longtemps.
09:13Il se trouve que le goût des voyages, Philippe de Haguen,
09:16sont vos parents qui vous l'ont donné,
09:18et je crois que l'un des premiers voyages, c'est Barcelone,
09:21pour des raisons très particulières.
09:23Oui, on était en vacances à Argelès-sur-Mer,
09:27et tous ces déplacements se faisaient en voiture, bien entendu,
09:32en Citroën,
09:34et mon père, qui voulait nous inculquer
09:40dans cette culture de l'étranger,
09:43et il y avait aussi une notion de réconciliation des races.
09:49Il avait énormément souffert pendant la guerre,
09:52il était en camp,
09:54et il voulait que les enfants connaissent les populations étrangères,
10:00donc il fallait voyager les connaître,
10:03parce que quand on connaît un peuple étranger,
10:06on ne peut pas lui faire la guerre,
10:09et donc nous sommes allés en Espagne,
10:12à Barcelone,
10:14c'était l'aventure totale,
10:17on ne parlait aucune langue,
10:19on mangeait n'importe quoi dans les restaurants,
10:22puisqu'on ne comprenait pas les cartes,
10:25ça m'a frappé,
10:28cette aventure extraordinaire,
10:31et pourtant on n'était qu'à Barcelone,
10:34on est revenus en achetant deux bouteilles de Malaga,
10:37c'était un peu comme si on était des narcotrafiquants pour mes parents,
10:41ils tremblaient,
10:43et évidemment les douaniers ont ouvert le coffre,
10:46ils ont vu les bouteilles de Malaga,
10:49ils ont dit ça y est,
10:51je vais passer la fin de ma vie à la santé,
10:53pensait mon père,
10:55ils ont fermé le coffre,
10:57et ils ont dit hasta luego amigos.
11:00C'était votre premier voyage,
11:02avant beaucoup d'autres,
11:04on va parler de tout cela avec une autre date,
11:06le 26 avril 1973.
11:08A tout de suite sur Sud Radio, avec Philippe Glohagen.
11:11Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessus.
11:14Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité Philippe Glohagen,
11:17nous parlerons tout à l'heure de vos débuts au cinéma,
11:20et de quelques autres guides,
11:22on en revient à une date importante de votre vie,
11:24j'ai trouvé un article du 26 avril 1973,
11:27c'est de Laurence Bonnet dans le Figaro,
11:30C'est incroyable que vous parliez de Laurence.
11:33Elle a eu le livre en avant-première,
11:35et elle a dit que c'est génial.
11:37Oui, je me souviens très bien,
11:39c'est vraiment un article fondateur,
11:42Laurence existe toujours,
11:44et j'ai été très surpris que ce guide du routard,
11:49qui s'adressait aux adolescents, aux jeunes un peu désargentés,
11:53soit repéré par la grande papesse du voyage et du tourisme,
11:58dans un journal si prestigieux qu'est le Figaro,
12:02et résultat, ils ont fait toute une page sur ce guide du routard,
12:09à tel point qu'Anne-Marie Pesson, sur RTL,
12:12a lu l'article à l'antenne,
12:14tellement elle a été subjuguée par ce guide,
12:18alors qu'elle ne l'avait pas eu entre les mains.
12:20Parce qu'elle avait écrit, Laurence Bonnet,
12:23il m'en a appris bien plus que tous les récits de voyage
12:25que j'ai jamais eu entre les mains.
12:27Oui, c'est gentil, je ne sais pas si c'était vrai,
12:31mais en tout cas, elle l'a écrit et je la remercie encore.
12:34Il faut savoir que vous avez eu 18 refus, je crois,
12:37et le 19ème, ça a été bon, mais ça n'a pas été réglé,
12:40parce que vous avez eu quelques soucis avec l'éditeur.
12:42Au départ, ça ne devait même pas s'appeler le guide du routard.
12:45Oui, ça s'appelait le guide Ganesh,
12:47qui était le dieu de la débrouille chez les hindous,
12:52mais bon, Ganesh, il y a quand même peu de gens qui connaissaient le nom,
12:56et on a adopté plutôt guide du routard.
13:00Je crois que le nom venait de Jean-François Bizeau,
13:03c'est lui qui vous appelait le routard.
13:05Oui, voilà.
13:06Écoutez, vraiment, vous pourriez être à ma place,
13:08parce que vous connaissez toute l'histoire, c'est vrai.
13:11Il ne se souvenait jamais de mon nom,
13:14et donc il m'appelait le routard.
13:17Et quand j'ai dû trouver un nouveau nom pour cette collection,
13:21j'ai pensé au guide du routard.
13:23Donc, vous trouvez un premier héréditeur,
13:25mais malheureusement, le destin s'en mêle.
13:27Il était âgé, il était sourd,
13:30il s'est fait écraser malheureusement par un autobus,
13:33et très vite, la maison a fait faillite.
13:35Et dans ce malheur-là, ça a été une chance,
13:39parce qu'il y a eu énormément d'articles de presse qui sont sortis,
13:44à la suite d'ailleurs du papier de Laurence Bonnet.
13:47France Inter, par exemple,
13:49j'ai été invité à toutes les émissions de France Inter,
13:52alors que je n'avais pas d'attaché de presse.
13:56Je ne connaissais personne.
13:58De Pierre Bouteiller jusqu'à José Arthur, j'ai été invité partout.
14:01Je me souviens même, dans l'émission de Philippe Bouvard où je travaillais,
14:04vous étiez venu parler du guide du routard.
14:06Oui, absolument.
14:07Première année, 73,
14:09Bouvard et Jacques Pessy m'avaient repéré.
14:11Et donc, c'était la grande,
14:15la grande, grande époque RTL,
14:19sur cette émission prestigieuse.
14:22Et donc, il y a eu une grande notoriété soudaine de ce guide
14:29qui était assez peu diffusé,
14:32puisqu'il n'y avait que 60 librairies qui le diffusaient.
14:35Et ça a été une chance,
14:36parce que les libraires ne disaient pas qu'ils ne l'avaient jamais eu,
14:40ils disaient que c'était épuisé.
14:42Alors là, ça a été une bombe.
14:44Il y a des gens qui faisaient tout pareil pour chercher ce guide.
14:49Et donc, ça a attiré des éditeurs qui m'avaient refusé quelques mois auparavant.
14:55Et j'avais Robert Laffont, j'avais Albain Michel,
15:01j'ai eu Flammarion et Hachette.
15:03Pourquoi j'ai pris et signé Hachette ?
15:05J'y suis toujours,
15:07parce que Hachette, dans la négociation,
15:10me dit si vous signez avec nous,
15:12on vous offre toute la cartographie des guides bleus.
15:15Et donc, j'avais accès à tous les plans du monde entier,
15:20Shanghai, Buenos Aires, et tout, gratuitement.
15:24Et j'ai toujours cette autorisation
15:27de sortir des plans de ville dans mes guides sans les payer,
15:33ce qui permettait de faire les guides de voyage les moins chers du marché.
15:37Au début, je vais vous avouer Jacques,
15:40on n'était pas forcément les meilleurs,
15:42on était d'abord les moins chers.
15:44Exactement.
15:45Il se trouve en plus, le goût des voyages,
15:47ça vous était venu dès l'enfance ?
15:49Je crois que dès le bac passé,
15:51vous êtes parti en Angleterre
15:53et que vous avez fait l'Angleterre en autostop,
15:56ce qui n'était pas prévu par vos parents.
15:58Oui.
15:59En fait, j'avais été une fois en Angleterre,
16:02dans une famille anglaise,
16:04et c'était vraiment abusif.
16:08C'était scandaleux, d'abord,
16:10parce qu'il y avait deux Français dans la même famille,
16:13donc on ne parlait jamais anglais.
16:15Et quand j'ai eu mon bac à 16 ans,
16:17mon père avait confiance en moi
16:20et je m'apprêtais à rentrer en prépa
16:25et je lui avais dit
16:27« Papa, ces familles anglaises, ces bidons,
16:31donne-moi pour mon bac 1000 francs, je crois,
16:37et je vais parcourir l'Angleterre en autostop
16:42avec un copain ultra costaud qui ne parlait pas anglais,
16:46mais qui était mon garde du corps,
16:49et en retour de ce périple,
16:53je te promets, je parlerai anglais. »
16:55Et c'était vrai,
16:56d'autant plus que le fait de voyager
17:03en contactant des gens très différents,
17:09bien entendu, on est obligé de baragouiner.
17:12Je baragouinais au début,
17:14et un mois après, je parlais anglais.
17:16Vous avez passé votre première nuit à l'Armée du Salut
17:19au milieu de prostituées, d'alcooliques,
17:21c'était délirant.
17:22C'est incroyable.
17:24Encore une fois, c'était à Portsmouth,
17:26j'arrive tard le soir,
17:28on s'apprêtait à dormir avec mon copain Jean-Pierre
17:31sur un banc public,
17:32les flics sont arrivés, les ennuis commencent,
17:35et pas du tout, ils nous disent
17:38« c'est pas très sécure ici, venez avec nous »
17:41et ils nous ont mis dans une cellule,
17:44ils ont viré les prostituées,
17:47et on s'est retrouvés tous les deux dans cette cellule
17:52avec le petit déjeuner le matin,
17:54« tea party » le matin avec les flics,
17:59c'était le début de la grande aventure.
18:01Et puis je crois que c'est au cours de ce voyage,
18:03Philippe Duragain,
18:04que vous avez repéré un guide américain,
18:06« Europe on $5 a day ».
18:08Voilà.
18:09Alors, c'est assez fondateur,
18:14c'est qu'il y avait ce guide
18:18qui était le guide le plus célèbre aux Etats-Unis,
18:22ce qu'on appelle un « budget guide »,
18:24c'est-à-dire un guide qui ne parle pas que de culture,
18:28mais qui parle du budget.
18:30Combien ça coûte ?
18:31Ça n'existait pas en France,
18:32il y avait les guides bleus,
18:33il y avait des guides culturels très célèbres,
18:36mais voilà l'idée que j'ai trouvée formidable,
18:40pour voyager, en faisant des économies,
18:44il suffit de mettre les prix.
18:46Et donc voilà comment est né le guide du routard
18:50avec une adaptation évidemment à la française.
18:53Exactement, et vous avez essayé de vous installer tout seul,
18:55pas d'organiser un groupe,
18:56d'avoir vos propres bureaux où vous êtes toujours.
18:59Oui, alors les bureaux ont déménagé,
19:01on s'est un peu agrandi comme vous Sud Radio,
19:04mais j'ai souhaité être indépendant
19:08pour avoir la liberté d'écrire,
19:10et quand j'ai signé avec Hachette,
19:12ils ont compris que cette indépendance était formidable
19:16pour la qualité du texte et la liberté d'écrire,
19:19et je n'ai jamais eu d'ennui avec cette liberté.
19:24En tout cas, Hachette a bien compris
19:27que c'était le secret du succès du guide du routard.
19:30Et parmi les voyages que vous avez effectués,
19:33il y a une route mythique qu'on peut évoquer par une chanson.
19:43« Route 66 » par Nat King Cole,
19:45qui est une chanson écrite en 1946 par un certain Bobby Troupe,
19:49et c'est la route mythique qu'ont emprunté les pauvres,
19:52ruinés par la crise de 1929,
19:54pour essayer d'aller faire fortune en Californie.
19:56Et cette chanson vous a marqué ?
19:58Alors cette route 66,
20:01c'est une route absolument marquante dans la culture américaine.
20:05Elle partait de Chicago,
20:07et il y a un panneau toujours,
20:10et elle arrivait en Californie, à Santa Monica,
20:13et c'était là où les ouvriers de Détroit,
20:18ce qu'on appelle la Rust Belt,
20:21la ceinture de la rouille,
20:24puisque les entreprises étaient fermées
20:26à cause de la crise de 1929,
20:28et bien ces gens partaient sur cette route,
20:31vers l'ouest, vers l'avenir,
20:33vers un soi-disant bonheur.
20:38Et je vais vous apprendre que c'est sur cette route
20:41qu'on a inventé l'autostop.
20:43Il n'y avait plus de voiture,
20:44on mettait le pouce en l'air,
20:46et l'autostop hitchhiking, en américain,
20:49est né sur la route 66.
20:51C'est fou, hein ?
20:52Et de genier l'idée, évoquer avec passion cette route 66,
20:55qu'il avait fait plusieurs fois à moto avec ses copains,
20:57et c'est vrai que cette route 66,
20:59c'est une chanson qui a aussi d'autres interprètes,
21:02et on va l'évoquer à travers une autre date,
21:04le 5 mai 2020.
21:06A tout de suite sur Sud Radio, avec Philippe Glohagen.
21:09Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:12Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité,
21:14Philippe Glohagen, le guide du routard
21:17qui a 52 ans aujourd'hui,
21:19un nouveau guide d'ailleurs,
21:201000 expériences autour du monde,
21:21qu'on va évoquer tout à l'heure.
21:23Au début au cinéma aussi, demain,
21:25on va en parler,
21:26mais j'en reviens.
21:27Alors une date qui ne vous concerne pas directement,
21:29le 5 mai 2020,
21:31il y a à la télévision américaine des images exclusives
21:34qui sont liées à quelqu'un
21:36qui a une autre version de la chanson
21:38que nous avons écoutée, voici quelques instants.
21:48Route 66, par les Rolling Stones,
21:50et je crois que c'est votre version préférée.
21:53C'est ma version préférée,
21:56d'autant plus que j'ai eu une chance dans ma vie,
21:59c'est que j'ai rencontré Mick Jagger.
22:01Mais oui, vous le saviez.
22:03Je crois que vous l'avez rencontré un peu par hasard
22:05dans un restaurant.
22:06Oui, à Tours.
22:07J'avais lancé un concours gastronomique
22:12pour les jeunes qui n'étaient pas encore étoilés Michelin.
22:16Et ça avait beaucoup de succès,
22:19et j'avais fait un déjeuner pour les journalistes
22:27en triumvirat,
22:29une entrée faite par un juif,
22:32le plat principal fait par un Palestinien,
22:35et le dessert fait par un tailleur de pierre bien français,
22:39c'était à Tours.
22:40J'avais trouvé ces gens qui ont travaillé ensemble,
22:43c'était absolument fabuleux,
22:45c'était une réconciliation des peuples,
22:48j'étais ravi de cette idée,
22:50à tel point que j'ai souhaité amener ma femme l'été suivant
22:55pour aller goûter ces plats qui étaient extraordinaires.
22:58Ils sont tous devenus étoilés Michelin.
23:01Et le restaurant, malheureusement, du Palestinien était fermé,
23:09on est allé dans un restaurant indiqué dans le guide du routard,
23:12et à côté de nous s'installe un grand type
23:18avec une casquette américaine,
23:21un enfant, et j'étais étonné,
23:24il avait une sorte de garde du corps.
23:26Et j'ai pas mis longtemps à comprendre que c'était Mick Jagger
23:32qui était venu en voisin,
23:35parce que vous le savez,
23:37Mick Jagger depuis 25 ans a un château près d'Amboise
23:41qui s'appelle le château de Fourchette,
23:44et il adore vivre en France,
23:48parce qu'on ne l'emmerde pas alors qu'en Angleterre
23:50c'est impossible pour lui de sortir dans la rue.
23:54Et ce château de Fourchette,
23:58on en parle dans le guide du routard,
24:01il faut savoir d'ailleurs que ce château de Fourchette,
24:03il l'a acheté parce qu'enfant avec ses parents,
24:06qui venaient en vacances en France,
24:07il faisait du pique-nique juste en face de ce château
24:09en rêvant de l'acheter.
24:10Oui, pique-nique et camping,
24:12c'était des campeurs,
24:14et il a voulu y retourner,
24:16il a racheté ce château.
24:19Le soir je dînais chez Gonzague de Saint-Brice à Amboise,
24:23je lui parle de Mick Jagger très fier,
24:26un peu frimeur,
24:28il me dit « Mick Jagger on le voit tous les week-ends,
24:30tu vas pas nous emmerder ».
24:32Et donc c'est là où vous allez intervenir,
24:35le rencontrer et lui donner un guide du routard.
24:37Je lui donne le guide du routard qui parle du château de Fourchette,
24:41il parle un français absolument impeccable,
24:44avec un petit accent,
24:46et il me dit « mais c'est merveilleux,
24:51c'est ma légion d'honneur ».
24:55Voilà ma rencontre avec Mick Jagger.
24:57Et il se trouve que je vous ai parlé du 5 mai 2020,
25:00parce que ce jour-là, la télévision américaine,
25:02dans un show qui s'appelait Jimmy Fallon,
25:04il a montré pour la première et dernière fois
25:06des images de ce château.
25:08On l'a vu en train de couper des légumes dans sa cuisine,
25:11de lire la Nouvelle République,
25:13de bêcher son potager,
25:14parce qu'il l'interdisait ce château à tout le monde,
25:17aux visiteurs qui venaient à la porte,
25:19et là il a voulu montrer pour la première fois,
25:21on l'a même vu habillé en berger,
25:23conduire ses brebis à travers la prairie.
25:25C'est extraordinaire.
25:26Je vais vous raconter une anecdote
25:28que m'a raconté Gonzague Saint-Brie.
25:31Il va au bistrot du village pour acheter des cigarettes
25:37et il voit un petit groupe de jeunes Français
25:41en train de régler une batterie,
25:44parce qu'il y avait un 14 juillet, le soir,
25:47dans le bistrot.
25:48Et il n'y arrive pas.
25:51Mick Jagger se rapproche en disant
25:53« Écoutez, je vais essayer, moi. »
25:55Il commence à tripoter tous les fils.
25:57Ça marche pas.
25:59Et il dit « Je pense qu'il y a un problème
26:02au niveau de la batterie.
26:05Je vais réfléchir. »
26:07Et le lendemain matin, à 9h,
26:10une camionnette arrive avec une batterie neuve
26:13pour les gamins, cadeau de Mick Jagger.
26:16Voilà la classe de Mick.
26:18Alors il se trouve que cette émission
26:20à la télévision américaine,
26:21il l'a faite pendant le confinement.
26:22Et c'est vrai que le confinement,
26:23ça a dû être un problème pour tout le monde,
26:25y compris pour vous, Philippe Gauvin.
26:26Bien entendu.
26:27Moins 85% des ventes.
26:30Ça m'a permis de créer un magazine,
26:32le magazine du Routard,
26:34pour faire travailler toutes mes équipes.
26:36Et donc on s'en est assez vite sortis,
26:41heureusement.
26:43Le confinement s'est ouvert en deux fois.
26:46On a eu l'autorisation de voyager
26:48au bout de quelques mois en France.
26:50Donc on a refait nos éditions
26:53des guides du Routard France.
26:55Et puis l'année suivante,
26:57on a redémarré nos voyages habituels.
26:59Alors il y a eu un autre problème,
27:00c'est en 83, je crois,
27:01le contrôle d'échange qui interdisait
27:04de partir à l'étranger
27:05avec plus de 5 000 francs de l'époque.
27:07On peut acheter ça aussi,
27:08c'était un problème pour vous ?
27:09Ça a été terrible.
27:10Deuxième gouvernement Fabius,
27:1383, il y avait l'exode des capitaux.
27:19Donc tout est bloqué.
27:22Et c'est à ce moment-là que je dis
27:24et achète, et bien puisqu'on ne peut plus
27:26partir à l'étranger,
27:27on va démarrer nos guides sur la France.
27:29On n'avait pas de guides sur la France à l'époque.
27:31Le guide du Routard s'adressait
27:33aux voyages un petit peu lointains et exotiques.
27:35Et en définitive,
27:38les premiers guides sortent,
27:40c'est des succès absolus.
27:41Et on vend plus de guides sur la France
27:45que bien des guides sur l'étranger.
27:47Et quand on cherche à comprendre
27:49le succès du guide du Routard,
27:51c'est que je crois aussi que vous êtes arrivé
27:52au bon moment où les voyages se développaient,
27:55Philippe Gluagen.
27:56Le guide du Routard, vous avez raison,
27:58n'a pas inventé grand-chose.
28:00Il est juste arrivé au bon moment.
28:02Les premiers charters en France
28:04sont arrivés en 67.
28:06Donc ça donnait vraiment une accessibilité
28:09aux voyageurs de partir à l'étranger
28:12pour pas cher.
28:13N'oubliez pas qu'avant cette époque,
28:15partir sur Air France à New York,
28:18c'était le prix d'une voiture neuve.
28:20C'était réservé.
28:21Je ne dis pas une Mercedes,
28:22mais en tout cas une petite voiture.
28:24C'était réservé quand même à une certaine élite,
28:27à une certaine bourgeoisie.
28:29Et donc l'arrivée des charters
28:32a été un appel d'air
28:33et une démocratisation du voyage
28:35absolument sans nom.
28:38Mais comme on achetait des vols secs,
28:41c'est-à-dire des vols avec rien au bout,
28:43pas d'hôtel, aucune réservation,
28:46il fallait à ces nouveaux voyageurs
28:48des renseignements pratiques
28:50pour trouver un hôtel, un restaurant,
28:51si possible pas trop cher.
28:53Et le guide du routard est arrivé à ce moment-là.
28:55Et le mot charter, on ne le sait pas assez,
28:57ça vient du français chartre,
28:59qui est un document autrefois signé
29:01entre un passager et un capitaine de navire.
29:03Oui, c'est ça une chartre.
29:05Exactement.
29:06Alors ça aussi, tout ça,
29:07le nombre de guides que vous avez sortis
29:09est impressionnant,
29:10mais vous avez tout supervisé
29:12en travaillant parfois jour et nuit,
29:13Philippe Le Haguen.
29:15Je suis comme vous,
29:16je suis un besogneux.
29:18Je trouve que de travailler bien,
29:21c'est un accomplissement,
29:23c'est même un bonheur.
29:25Et puis on sait au guide du routard
29:28que de trouver de bonnes adresses,
29:30de trouver de bons tuyaux,
29:31de les diffuser,
29:33on crée du bonheur pour les gens.
29:35Il y a des gens qui ont rencontré l'âme sœur
29:38grâce au guide du routard
29:40dans un endroit un peu exceptionnel.
29:42Et on connaît notre responsabilité
29:45quand on vend plus de 2 millions d'exemplaires par an,
29:48on sait qu'il y a des gens qui nous attendent,
29:51qui ont économisé toute l'année
29:53pour se payer un voyage de rêve.
29:56Et il faut que le guide du routard
29:59les accompagne bien et jusqu'au bout.
30:01Et puis vous êtes très attentif
30:03aux réactions des lecteurs.
30:04Il y a beaucoup de courriers
30:05et tout vous intéresse
30:07parce que ça peut changer beaucoup de choses.
30:09Parce que d'abord, je lis.
30:11Depuis le début du routard,
30:12je lis tout le courrier.
30:14Je suis insomniaque,
30:15donc à 2 heures du matin,
30:16je me réveille tout seul
30:18et pendant une heure et demie,
30:20je lis le courrier du routard.
30:22Ce qui me donne d'ailleurs des idées,
30:24il y a des propositions,
30:26il y a des suggestions,
30:27des nouveaux pays à découvrir,
30:31à défléchir.
30:33Et ce courrier,
30:34c'est la température vivante du lecteurat.
30:38Je n'ai pas besoin d'études de marketing.
30:4025 000 lettres et mails par an
30:42sont suffisantes pour avoir une température exacte.
30:45Les demandes de notre lecteurat.
30:47Et je sais aussi que vous êtes développé
30:50grâce à Internet
30:51car vous avez aussi compris
30:52qu'il fallait évoluer.
30:53Déjà, je crois qu'en 2001,
30:55vous avez créé le premier portail de voyage,
30:58ce qui n'était pas si courant à l'époque.
31:0096.
31:0196, j'ai ouvert routard.com.
31:06Alors, encore une fois,
31:08ce n'est pas que je sois brillant,
31:10c'est que j'avais l'expérience américaine.
31:12J'étais très souvent en Californie
31:15et j'ai vu le début d'Internet.
31:18Et donc, connaissant rien,
31:21j'ai embauché une jeune centralienne
31:24qui, une fois par semaine,
31:26me donnait un cours d'une heure et demie,
31:28deux heures sur Internet
31:30qui était quelque chose de vraiment très mystérieux.
31:34Et je me suis fait peu à peu à cette culture
31:41et j'ai ouvert un site.
31:44Et en 2002, Arnaud Lagardère
31:48fait une déclaration sur Internet
31:50et je demande un rendez-vous avec lui
31:53et je lui propose la moitié du capital de routard.com
31:58s'il me finance une plateforme.
32:02Et il l'a fait tout de suite
32:04et donc, on est devenu assez vite leader.
32:07Encore une fois,
32:08ce n'est pas qu'on soit très forts,
32:10on était les premiers.
32:11Et il y a une autre chose étonnante qu'on ne sait peu,
32:13c'est que vous avez ouvert une école hôtelier à Angkor
32:16très particulière, Philippe Blouhaguen.
32:18J'ai eu cette chance,
32:21ou en tout cas,
32:24j'ai vu le désastre du génocide cambodgien.
32:30J'ai été invité par l'ONU
32:34à l'ouverture du Cambodge officiel en 1992.
32:38J'y suis allé avec un ami, Patrick Moniz,
32:42et on a vu la catastrophe, la honte,
32:44parce que déjà, les nazis,
32:46c'était quand même pas terrible.
32:48Mais alors, eux, les Cambodgiens,
32:50ils avaient fait pire,
32:51ils avaient copié les nazis pour leur peuple,
32:53leur propre peuple.
32:54C'était inouï.
32:56Ils ont tué le tiers de la population
32:58et donc, j'ai vu dans les rues
33:01des jeunes de 14, 20 ans
33:06qui n'avaient plus de parents.
33:08Donc, il n'y a pas de pétrole au Cambodge.
33:12Eh bien, c'était prostitution.
33:15J'ai rencontré des administrateurs
33:18d'un orphelinat des Français
33:21qui m'ont demandé d'être administrateur
33:25de cet orphelinat.
33:27J'ai évidemment accepté.
33:29Et très vite, je me suis rendu compte
33:31qu'on devait payer des trithérapies
33:34pour des jeunes élèves
33:36qui avaient quitté l'orphelinat,
33:38qui se prostituaient
33:40et donc qui avaient le sida.
33:42Et j'ai proposé assez vite
33:44au conseil d'administration
33:47d'ouvrir une école hôtelière
33:49pour les enfants des rues,
33:51parce que mener les enfants
33:54jusqu'au certificat d'études,
33:56c'était très bien, lire et écrire,
33:58mais il fallait leur trouver un boulot.
34:00Or, le Cambodge,
34:02étant un des pays les plus merveilleux du monde,
34:05avec toutes ses richesses et ses monuments,
34:08cette idée a été vite acceptée.
34:12Nous, au Guide du Routard,
34:14on a cet avantage de connaître
34:16tellement de restaurateurs,
34:18tellement d'hôteliers,
34:20qu'on nous a offert,
34:22et puis des écoles hôtelières.
34:24Tous les directeurs d'écoles hôtelières parisiennes,
34:26que ce soit Ferrandi
34:28ou d'autres écoles célèbres,
34:31ont vu d'un bon oeil
34:33cette ouverture au Cambodge.
34:35On m'a offert même un laboratoire de langue
34:38qui était un peu désuet,
34:40et hop, un cargo,
34:42et on a envoyé le laboratoire de langue à Angkor.
34:45Résultat, on a pu ouvrir
34:47cette école
34:49pour 70 personnes,
34:51surtout des filles, d'ailleurs.
34:5480% de nos étudiants
34:58sont des filles,
35:00on leur apprend les 3 métiers d'hôtellerie,
35:03le housekeeping,
35:05c'est-à-dire l'entretien des chambres,
35:08le service,
35:11donc serveur,
35:13et cooking, la cuisine.
35:15Avec un avantage,
35:18Jacques, il faut que vous sachiez
35:21que si vous faites Polytechnique,
35:23c'est très bien pour vous,
35:25mais vous devriez vous débrouiller
35:27pour trouver un boulot.
35:29On s'engage, si la personne termine son cursus,
35:32on s'engage à trouver un boulot,
35:34c'est l'école qui vous case.
35:36Et on est ravis,
35:38cette école a fêté ses 20 ans
35:41il y a quelques années,
35:44et maintenant on est à 140 élèves,
35:47et on a 97 taux de succès
35:52de gens qui trouvent un boulot
35:54avec bonheur et satisfaction.
35:57En moyenne, un job fait vivre 11 personnes au Cambodge.
36:01C'est un de mes grands bonheurs
36:05que le Guide du Routard finance ce genre de choses.
36:09Et le Guide du Routard est tellement célèbre
36:12qu'il vous vaut des débuts au cinéma
36:14qu'on va évoquer à travers la date de demain,
36:16le 2 avril 2025.
36:18A tout de suite sur Sud Radio avec Philippe Glohaguen.
36:20Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
36:23Sud Radio, les clés d'une vie,
36:25Philippe Glohaguen.
36:26On a évoqué votre parcours avec la naissance
36:28et le développement du Guide du Routard.
36:30Et demain, 2 avril 2025,
36:32vous faites vos débuts au cinéma dans ce film.
36:35Dans cette vie, tu n'auras jamais duré la vacances
36:37et jamais de CDI.
36:38Moi, j'ai une idée pour que tu puisses voyager.
36:41Le Routard, un film qui est largement inspiré
36:45de votre guide,
36:47une comédie réalisée par Philippe Mechelen.
36:49D'ailleurs, je crois qu'il a eu l'idée
36:51en voyant des guides dans une vitrine
36:54pour les 50 ans du Guide du Routard.
36:55Totalement.
36:56Chez Hachette, mon éditeur,
36:58il y a une vitrine gigantaille de 5 mètres de haut
37:01où il y a des guides du Routard
37:03dans toutes les langues, tous les pays.
37:05Et c'est un lecteur.
37:07Il nous a contactés.
37:09Alors d'abord, ce n'est pas rien, Philippe Mechelen.
37:11C'est d'abord l'inventeur d'étuches.
37:1317 millions de téléspectateurs.
37:15Respect.
37:16Deuxième chose,
37:18il avait été appelé par Isabelle Magnac,
37:23directrice du livre chez Hachette,
37:25pour le scénario du dernier Astérix,
37:29qui a été un gros succès.
37:31Et ce bonhomme me contacte
37:34quelques temps plus tard
37:36pour me proposer un scénario
37:38sur le Guide du Routard.
37:40Je l'invite à déjeuner.
37:42Je sympathise avec ce bonhomme
37:46et ses deux associés,
37:47Ahmed Louati et Julien Hervé.
37:51Et dans le scénario,
37:53qui est l'histoire d'un jeune recrut
37:55du Guide du Routard,
37:57qui est un peu tricard au début
37:59et qui, par amour, devient extrêmement efficace,
38:02extrêmement compétent.
38:03C'est une comédie,
38:05mais qui est sur un fond très vrai,
38:07c'est-à-dire la réalité.
38:09Il est resté deux ans et demi, pratiquement,
38:11dans nos bureaux,
38:12à enquêter auprès des collaborateurs
38:14sur le fonctionnement du Guide,
38:17la formation.
38:19Et il a sorti ce film
38:23après 20 scénarios.
38:25Il a réécrit 20 fois le scénario.
38:29Et ce que vous voyez demain,
38:31c'est le 20e scénario.
38:34C'est quelque chose d'assez abouti.
38:36Le cadre, c'est le Maroc, Marrakech.
38:38Et c'est vous qui lui avez indiqué
38:40de tourner à Marrakech, Philippe Logan.
38:41Oui, parce que c'est une des plus belles ventes
38:43du Guide du Routard.
38:45Et c'est un pays qui est très dépaysant.
38:49Deux heures trente,
38:51vous allez quand même dans un endroit,
38:53si vous ne connaissez pas,
38:55qui est très particulier.
38:57Les gens sont habillés d'une façon différente.
38:59Il y a une façon de vivre qui est différente.
39:01Alors que deux heures et demie ailleurs,
39:06la Turquie, c'est moins exotique.
39:08Et le Maroc, c'était aussi
39:11une des premières destinations
39:13que l'on a étudié au Guide du Routard.
39:16Et très vite, tout le monde est tombé d'accord.
39:18Autre avantage du Maroc,
39:20c'est qu'ils ont des studios de cinéma au Maroc.
39:22Et donc, on a fait travailler,
39:25ils ont fait travailler une équipe
39:27d'au moins 60 Marocains ultra compétents
39:30avec un matériel absolument fabuleux.
39:33Et vous le verrez.
39:34Vous verrez la beauté du Maroc
39:36comme jamais ça a été filmé.
39:39Mais d'un point de vue technique,
39:41vous avez des scènes de cascades
39:44avec des voitures qui se cognent.
39:46Parce qu'évidemment, il y a des bons et des méchants
39:48dans cette comédie.
39:51Mais c'est d'un réalisme absolument parfait.
39:53Et vous avez des grands, grands films américains
39:55qui sont tournés à Wars Hazard,
39:57que ce soit Gladiator,
39:58que ce soit Indiana Jones,
40:02et bien d'autres.
40:06Ce film,
40:10qui s'appelle, vous avez raison,
40:12Le Routard,
40:13explique une réalité.
40:15C'est un gamin qui est coursier
40:18et qui veut absolument voyager pour Le Routard,
40:21être payé pour voyager et se cultiver.
40:24Il n'y a pas mieux comme métier,
40:27à part d'être chroniqueur chez Sud Radio.
40:30Et le rédacteur en chef, Christian Clavier,
40:36a une défection au dernier moment.
40:38« Tu veux partir au Maroc ? Tu pars demain. »
40:41Et voilà notre héros Yann Tatin dans le film,
40:46qui va découvrir ce pays
40:52alors qu'il n'a jamais voyagé.
40:53Il est un peu tricard.
40:54Et il y a un côté très rédemption dans ce film,
40:58à savoir que, par amour,
41:01il rencontre une fille magnifique
41:04qui guide à Marrakech,
41:06Manon Hazem.
41:07Et on apprend qu'il y a eu un vol de documents coraniques,
41:14chose authentique d'ailleurs,
41:16puisque c'est arrivé en 2013,
41:18ce vol à Tombouctou.
41:20Et il y a des méchants
41:22qui sont en train de racheter ce manuscrit
41:26qui est unique pour le patrimoine marocain.
41:28Il est interprété par Hakim Djemili,
41:30mais aussi Michel Blanc,
41:31c'est son dernier film finalement.
41:33Michel Blanc, ça va vous surprendre,
41:36c'est le méchant.
41:38Il est archéologue
41:40et il a un rôle de composition extraordinaire
41:44parce qu'on ne s'attend pas du tout à le voir comme ça.
41:46Il a deux gardes du corps.
41:48Et dans cette composition,
41:50il est extraordinaire d'authenticité.
41:54On y croit vraiment qu'il est méchant.
41:56Et puis, dans ce film,
41:57il y a un certain Philippe Graguen.
41:59Alors, Philippe Graguen a un petit rôle.
42:01C'est mon rôle.
42:02C'est Christian Clavier, mon rédacteur en chef,
42:04qui me présente Hakim.
42:06Et donc, il y a une petite conversation amicale
42:12pour l'envoyer en mission.
42:15Et je lui évoque la responsabilité qu'il a
42:18vis-à-vis de nos lecteurs,
42:20vis-à-vis des adresses du Guide du Rotard.
42:23Et donc, le voilà parti.
42:25C'est un beau film
42:27qui est vraiment surprenant d'authenticité.
42:34Les gens, comme on ne se présente jamais
42:37dans les adresses,
42:38les gens ne savent pas qui on est.
42:40Il y a l'anonymat qui est obligatoire.
42:42Eh bien, dans le film,
42:44les restaurateurs, les hôteliers,
42:46qui veulent savoir comment être cités
42:48dans le Guide du Rotard,
42:49ils vont comprendre quelques petits trucs.
42:51Quels sont les petits gimmicks
42:55que nous avons
42:56pour repérer les bonnes adresses.
42:58En même temps,
43:00s'il y a eu 20 scénarios,
43:01c'est parce que vous avez veillé,
43:02Philippe Gauguin,
43:03à ce que la philosophie du Rotard
43:04soit très présente dans l'histoire.
43:06Oui.
43:07C'était la condition sine qua non,
43:09c'est-à-dire que c'est une comédie,
43:11bien entendu.
43:12On rigole, c'est joli.
43:14Il y a plein de choses amusantes
43:16qui arrivent dans le scénario.
43:19Mais tout ce qui touche au Guide du Rotard
43:21est authentique.
43:22Et donc, il n'y a pas de bavure.
43:25C'est très rigoureux, c'est très exact.
43:28Et d'ailleurs, les itinéraires
43:30dans le film sur Marrakech
43:32traversent, sauf le premier,
43:35le Palais Roule,
43:36que nous n'avons pas
43:37parce que c'est un palais de luxe,
43:39mais les autres adresses sont citées
43:41dans le Guide du Rotard.
43:42Les boutiques,
43:43où il y a des événements un peu drôles,
43:45ce sont des adresses
43:46que nous avions déjà repérées
43:48dans nos guides.
43:49Et d'ailleurs, c'est tellement précis
43:51que le décor des bureaux
43:52du Guide du Rotard
43:53a été reconstitué à Marrakech.
43:56Alors, ils ont été reconstitués,
43:59je vais être moins exotique que vous,
44:01ils ont été reconstitués à Stain,
44:03en banlieue,
44:04tout simplement pour des problèmes
44:06d'éclairage,
44:07de hauteur de plafond.
44:09Et à la fin,
44:10il y a un événement incroyable
44:12qui se passe.
44:13Et là, dans mes bureaux,
44:14on n'avait pas assez d'espace.
44:17Et donc, le bureau a été agrandi
44:20trois fois,
44:21mais ils ont pris
44:234000 livres de chez nous,
44:26toute la déco.
44:27Il y avait dix décorateurs
44:29qui ont repris toute la substance
44:32en augmentant en taille
44:34les bureaux.
44:37C'est assez extraordinaire.
44:39Il y avait déjà eu un film
44:41dont le Rotard était un héros,
44:42c'était Danny Boone
44:43dans Le Plan Parfait.
44:44Bravo !
44:45Le Plan Parfait, 2012 peut-être.
44:492012, exactement.
44:50Et là, c'est une histoire
44:54moins...
44:57qui a eu un très gros succès,
44:59puisque c'était après les Ch'tis.
45:03Danny Boone était
45:05une vedette considérable,
45:07mais le scénario
45:09était à peine crédible,
45:11puisque c'est une histoire...
45:14Il y a une thématique
45:16selon laquelle,
45:18quand on se marie pour la première fois,
45:20le mariage ne tient jamais.
45:22Il faut donc épouser n'importe qui
45:24en premier mariage
45:26pour épouser en deuxième mariage
45:28l'amour de sa vie.
45:30Vraiment tiré par les cheveux,
45:32c'était un peu bidon.
45:34Le film a été très bien suivi,
45:39amusant,
45:40mais il n'y avait pas une grande crédibilité
45:42comme Le Rotard,
45:44que vous verrez peut-être demain.
45:46Là, il y a une thématique
45:50qui est authentique.
45:51Le vol de manuscrits a existé.
45:53Tout est crédible,
45:56tout est possible,
45:57mais il y a une concentration d'événements
45:59en une heure et demie
46:00qui ne vous arrive jamais, évidemment,
46:02et qui est amusante,
46:03parce que c'est un film qui est rapide,
46:05c'est de l'aventure,
46:06il y a des courses-poursuites,
46:08mais vous voyez les sous comme jamais,
46:10vous le verrez.
46:11Jemma Elfna, la nuit,
46:13avec ses petits restaurants,
46:15éclairés aux lampes acétylènes,
46:18il y a une scène démentielle à Jemma Elfna.
46:22Je suis très fier de ce film.
46:25Merci Philippe Mechelin.
46:27Et puis merci aussi d'avoir fait un nouveau guide
46:29avec mille expériences autour du monde.
46:30C'est Le Dernier Routard,
46:31parce qu'à chaque fois que vous évoluez,
46:33ce livre-là, ce recueil,
46:35c'est encore quelque chose de très différent.
46:37Très différent parce qu'on présente
46:40plein de pays,
46:42mais pas sous l'aspect culturel,
46:44sous l'aspect activité.
46:46C'est-à-dire, vous allez faire
46:48de la randonnée kayak en Croatie,
46:52ou vous allez faire de la plongée
46:55dans tel endroit,
46:57découvrir des cascades en Norvège,
47:01un tas d'endroits sur le côté un peu sportif,
47:04de façon un peu familiale,
47:06où on peut quand même se balader
47:08et faire ses activités avec des enfants.
47:10Il vient de sortir,
47:12et je crois qu'on va le réimprimer d'ici quelques jours.
47:14Vous pensiez, il y a 52 ans,
47:16quand vous avez commencé,
47:17que vous en seriez là, Philippe Gluagen ?
47:18Absolument pas, et je vais vous dire pourquoi.
47:21Parce que quand on doit chercher,
47:23pendant un an et demi,
47:2418 éditeurs qui vous disent merde,
47:26ça calme et ça rend très simple.
47:28Et l'avenir ?
47:29L'avenir, je ne sais pas.
47:31Tant que je suis en bonne santé,
47:33je continue.
47:34C'est quand même formidable d'être payé
47:36pour voyager, pour découvrir.
47:38Cette histoire de film est inouïe.
47:42Hier, j'ai vu la direction de Canal+,
47:46qui est producteur du film.
47:48C'est très impressionnant.
47:50D'abord parce que c'est des sommes
47:52beaucoup plus importantes que dans le livre.
47:55C'est un nouveau métier,
47:57c'est un nouveau concept,
48:00mais c'est toujours le même bonheur.
48:03Et puis, on dit que les voyages forment la jeunesse.
48:05Les voyages permettent de la conserver ?
48:08Oui, peut-être.
48:09Peut-être.
48:10Il faut essayer d'y croire, en tout cas.
48:13En tout cas, il y a donc une double activité.
48:15Ce sont vos débuts au cinéma,
48:17si j'ose dire, avec Christian Clavier,
48:19Michel Blanc et beaucoup d'autres,
48:21dans Le Routard qui sort demain sur les écrans.
48:23Et ce guide du Routard,
48:251000 expériences autour du monde,
48:26qui est un gros guide d'ailleurs,
48:27qui est tout à fait différent,
48:28mais qui ne vous empêche pas
48:29de continuer les autres.
48:31Bien entendu.
48:32Jacques, un grand merci pour votre invitation.
48:37Et je suis stupéfait par votre culture.
48:40Moi, je suis stupéfait par tout ce que vous réussissez à faire,
48:43avec le sourire et dans le calme.
48:45Continuez ainsi, ne changez surtout rien.
48:47Merci Jacques.
48:48Merci Philippe Gohagen.
48:49L'écrit d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:51On se retrouve bientôt.
48:53Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.