• il y a 3 jours
Les clefs d'une vie avec Souad Amidou

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-03-25##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous avez débuté sur les planches de Deauville,
00:08et quelques décennies plus tard, vous avez choisi d'en fouler d'autres,
00:11en allant à la rencontre du public pour défendre des causes aussi chères à votre cœur
00:16que tous les personnages que vous avez incarnés à l'écran.
00:19Bonjour, sois d'amis doux.
00:20Bonjour, Jacques Pessis.
00:21Alors, on va évoquer votre parcours qui est riche en souvenirs.
00:25On va évoquer votre spectacle, votre nouvelle aventure sur scène
00:29à Paris et à Avignon cet été.
00:32Mais le principe des clés d'une vie, c'est de raconter votre parcours à travers des dates clés.
00:36Et la première que j'ai trouvée, c'est le 20 mai 1966,
00:39le jour où ce film reçoit une palme d'or à Cannes.
00:49Une palme d'or que personne n'attendait.
00:51Le matin même, Claude Lelouch faisait des interviews,
00:53et il y avait une interview par hasard, personne ne le regardait, tout le monde s'en moquait.
00:57Et il se trouve que ce film a marché,
00:59et que ce film marque à 6 ou 7 ans vos débuts à l'écran, sois d'amis doux.
01:03À peu près, oui.
01:05J'avais fait un court-métrage avant, j'avais à peu près 3 ans,
01:09qui s'appelait Un thé à la menthe.
01:11Exactement.
01:12De Pierre Cafian.
01:14Mais un homme et une femme était mon premier rôle, on va dire,
01:17un vrai rôle au cinéma,
01:20donc j'étais la fille d'Anoukémé dans le film.
01:22Oui, comment c'est arrivé ça ?
01:24Parce que mon papa, ami doux, était comédien,
01:28et travaillait beaucoup avec Claude Lelouch,
01:30avait fait ses premiers films,
01:32dont La vie, l'amour, la mort.
01:34Exactement.
01:35C'était un film extraordinaire,
01:37et donc Claude Lelouch avait besoin de deux enfants,
01:41donc il a pris le fils de son meilleur copain,
01:45et la fille de son meilleur comédien du moment.
01:48Le fils de Gérard Cyr, Antoine Cyr.
01:51Exactement.
01:52Gérard Cyr qui était un homme de radio extraordinaire,
01:54capable d'écrire un scénario en un week-end,
01:56et Antoine Cyr a repris le rôle,
01:59a été le fils de Jean-Louis Trintignon,
02:01de Jean-Louis Duroc,
02:02et il a repris ce rôle, comme vous, dans les films suivants.
02:05Oui, il a dû faire l'autre suite,
02:10moi j'y étais pas, j'étais dans Le dernier,
02:13les plus belles années d'une vie,
02:15et puis il a pris la suite de son papa,
02:17puisque maintenant il écrit aussi pour le cinéma,
02:20il écrit des livres sur les acteurs et les actrices d'Hollywood.
02:23Exactement, il se trouve que le producteur Pierre Brombergé,
02:26qui avait été sollicité par Lelouch,
02:27avait refusé le projet en disant
02:29ce film ne marchera jamais,
02:30il n'y a que les James Bond qui marchent à cette époque-là.
02:33Il s'est un peu trompé.
02:34Alors il se trouve effectivement que votre père,
02:37Amidou, est acteur,
02:40et il a tourné dans le premier film de Lelouch en 61,
02:43où il y avait Janine Magnan, Claude Lelouch et lui.
02:47Je ne sais pas si vous le savez.
02:48Une fille et des fusils, non ?
02:49Non, bien avant.
02:50Le premier film, c'était...
02:53Je ne me souviens plus du titre,
02:54mais il y avait un film que Lelouch a tourné,
02:56et le premier acteur à avoir tourné avec lui était votre père.
02:59Très bien.
03:01Et il se trouve qu'ensuite,
03:03il a fait effectivement pas mal de second rôles,
03:05on l'avait surnommé le Belmondo marocain, je crois.
03:07Exactement.
03:08Le Belmondo méditerranéen, exactement.
03:10Il lui ressemblait étrangement,
03:12il avait un peu le nez cassé comme ça,
03:15la belle bouche pleine,
03:17et il avait ce côté aussi...
03:20Il avait le sens de la comédie, mon père.
03:23Il avait été formé au conservatoire.
03:25Oui, en fait, il était arrivé à Paris.
03:27J'ai retrouvé le titre du film,
03:28c'était Le Propre de l'Homme,
03:29le premier film de Lelouch.
03:30Il était venu au conservatoire,
03:32il était arrivé à Paris à 17 ans.
03:34Il était le premier marocain, je crois,
03:36à être admis au conservatoire.
03:37Le premier maghrébin, même, on peut dire.
03:39Oui, tout à fait.
03:40C'est extraordinaire comme destin.
03:41Oui, d'autant que rien ne le destinait à la comédie,
03:44puisque nous, par ma famille marocaine,
03:47on est issus d'une famille très traditionnelle,
03:50très modeste,
03:52de la Médina de Rabat, au Maroc,
03:54et donc rien ne le destinait à ça.
03:56Mais il avait la foi,
03:57il avait commencé à faire du théâtre au Maroc,
03:59il était aussi un petit peu petite star dans son quartier,
04:03il faisait de la radio.
04:05Il avait vraiment commencé quelque chose,
04:07il était animé, vraiment,
04:09par la foi de ce métier,
04:12il était convaincu qu'il était fait pour ça.
04:15Il a fait le voyage en bateau
04:17avec les 210 rames que son papa lui a données,
04:19c'est-à-dire l'équivalent de 200 francs, anciens,
04:22et il s'en est sorti.
04:24Il a passé d'abord la rue Blanche,
04:26comme on disait avant,
04:27puisqu'il y avait une grande école de théâtre rue Blanche
04:30dans le IXe,
04:31et il l'a passé avec succès.
04:32Après, il a passé le concours du conservatoire
04:34et il en est sorti avec un prix.
04:36Exactement.
04:37Et ensuite, il a travaillé à l'Odéon, quand même,
04:39avec Jean-Louis Barreau et Manette Renaud,
04:40c'est quand même pas n'importe quoi.
04:41Non, non, c'est pas n'importe quoi.
04:43Il a fait une très belle carrière,
04:45un très beau parcours.
04:46Et il a créé une pièce très importante,
04:48les paravents de Jean Genet,
04:50à l'Odéon,
04:51qui est une pièce mythique.
04:53Ah oui, oui, c'était extraordinaire.
04:55En fait, ils ont eu affaire
04:58à des manifestations d'extrême droite,
05:02parce que ça parlait de la colonisation,
05:06sujet brûlant à l'époque
05:08et sujet brûlant aujourd'hui.
05:11Si vous avez remarqué.
05:13Jouez vaguement, oui.
05:15Et du coup, ils ont pris quelques tomates
05:18sur la figure, à la première.
05:21Et il y avait un service d'ordre
05:25qui était là pour garder le...
05:28Je cherchais le nom, c'était...
05:31Patrice Chéreau était dans le service d'ordre.
05:34Il avait gardé...
05:35Parce que je dis ça, c'est amusant,
05:37parce qu'après il a fait une mise en scène aussi
05:39de départ avant.
05:40Exactement.
05:41Et il a même, je crois, votre père,
05:42tourné aux Etats-Unis, en Angleterre,
05:44avec William Friedkin et John Frankenheimer.
05:46Entre autres, oui.
05:47C'est extraordinaire.
05:48Oui, il est allé accomplir son rêve de Hollywood.
05:52Et je crois même,
05:53parce qu'il faut quand même lui rendre hommage,
05:54que Martin Scorsese lui a remis un jour un trophée.
05:57Certainement.
05:58En 2005, pour l'ensemble de sa carrière,
06:00au Festival du film de Marrakech.
06:02Ah oui, non mais...
06:03Oui, oui, oui.
06:04Mais j'y étais, en fait.
06:06J'étais là.
06:07Je ne peux pas me souvenir de Martin Scorsese
06:09lui remettant le prix.
06:10Mais moi, je sais que j'étais là
06:12et que je lui ai remis aussi son prix à ce moment-là.
06:17Alors, soit Damidou, au départ,
06:19quand on a un père acteur,
06:20on se dit on va devenir actrice.
06:21Sauf qu'au départ,
06:22votre papa ne voulait pas que vous fassiez ce métier.
06:25Oh, il ne s'est pas opposé.
06:27Il n'a pas été opposé.
06:28Il a été sympa quand même.
06:29Parce que bon, à l'époque,
06:32être comédien déjà dans les familles,
06:35ça ne se faisait pas beaucoup.
06:37Mais comme j'étais une enfant de la balle,
06:40parce que j'ai une tante aussi comédienne,
06:42côté français, Casanova.
06:44Donc, mon père avait épousé une famille de saltimbanques,
06:48un peu du côté de ma mère, côté français.
06:50Et donc, ce n'était pas quelque chose d'étranger pour nous.
06:56Mais il avait très peur pour moi.
06:58Oui, il avait peur du vodétariat.
07:00Non, il avait peur que je sois obligé
07:02de me prostituer, entre guillemets,
07:05pour arriver, pour parvenir à mes fins.
07:09Parce que c'était un petit peu ça,
07:11le problème pour les femmes à l'époque.
07:15Il y avait quand même une supposition
07:20qu'il fallait, il y avait un petit peu,
07:22comment on appelle ça, la promotion canapé.
07:24C'est ça, oui.
07:25Ça a changé depuis, je crois.
07:26Un petit peu.
07:27Alors, je crois que votre mère vous a aidé, justement.
07:29Vous avez pris discrètement des cours
07:31entre 12 et 17 ans.
07:32Oui, oui, effectivement.
07:34Même avant, 12 ans, parce que je prenais des cours de danse
07:36depuis enfant, des cours de chant.
07:40Et donc, effectivement, maman m'a soutenue
07:43et je suis devenue comédienne,
07:45en grande partie grâce à ma famille maternelle.
07:47Mais je voudrais quand même rendre hommage à mon père,
07:50qui, quand même, ne s'est pas opposé.
07:52Et il m'a laissé, il m'a donné l'autorisation
07:54de porter son nom d'acteur,
07:56Amidou n'étant pas notre vrai nom de famille,
07:58d'accoler mon prénom à son nom d'acteur,
08:00soit d'Amidou, ce qui a quand même aidé pas mal à mes débuts,
08:03parce qu'il avait un nom quand même important.
08:06Bon, on me recevait,
08:08et puis on retenait mon nom, disons, pour les castings.
08:10C'était quand même quelque chose d'important.
08:12Il se trouve que vos études,
08:14c'est le Nouveau Carré Sylvia Monfort.
08:16En fait, Sylvia Monfort avait été virée des Télégraphes,
08:19elle avait fait un scandale.
08:20Elle a récupéré ce qui est aujourd'hui le Musée Picasso,
08:23où vous avez travaillé pour vos études,
08:27et où Alexis Gruss a créé son cirque.
08:29Au Conservatoire des Arts du Cirque et du Mime,
08:31où je suis lauréate.
08:34Et d'ailleurs, Bernard Giraudot a démarré aussi dans ce même lieu,
08:37avec une pièce qui s'appelait
08:39« Pourquoi la robe d'Anna ne veut pas redescendre ».
08:41Alors, il se trouve qu'ensuite,
08:43il y a eu Jean-Louis Martin Barbaz,
08:44il y a eu John Strasberg,
08:45et il y a eu Woudzinas.
08:47C'est quand même très sérieux tout ça.
08:48Ah oui, oui, j'étais très sérieux, je suis très sérieux.
08:50J'aime bien la scolarité, moi j'aime bien apprendre.
08:53Et j'ai appris comme ça, avec des maîtres,
08:55en théâtre, en danse.
08:57J'avais eu Glegolski en danse classique.
08:59J'ai appris aussi la danse moderne.
09:04J'aime beaucoup apprendre, j'ai des maîtres en chant aussi.
09:09Et aussi, vous avez appris sur le terrain,
09:11quand vous avez fait des castings,
09:12et tourné quelques petites choses,
09:14et joué quelques pièces de théâtre,
09:15avant vraiment de débuter.
09:17Oui.
09:18J'ai commencé aussi, assez jeune,
09:20en montant des troupes de théâtre avec des copains,
09:22et en partant sur les routes et sur les péniches,
09:25tourner de ville en ville, de campagne en campagne,
09:28de maison en maison, comme dit Molière.
09:31Avec des pièces, avec des classiques ?
09:33Avec des pièces, avec des classiques,
09:35oui, des comédies, toutes sortes de choses.
09:39On y croyait, on n'était pas forcément très très bons,
09:42mais on avait tellement la foi.
09:46Et puis évidemment, on ne gagnait pas un rond,
09:48mais par contre, on s'est bien amusés,
09:50et puis j'ai appris beaucoup.
09:51J'ai appris à tout faire à cette époque-là,
09:53j'ai appris de mon métier.
09:55J'ai appris vraiment le théâtre par sa forme la plus physique,
10:01c'est-à-dire ramasser des câbles,
10:05participer aux costumes,
10:08m'occuper de la lumière, m'occuper de la régie,
10:10m'occuper des autres, maquiller les copines,
10:13réparer à toute vitesse quelque chose de cassé,
10:17pas seulement être sur scène, sous la lumière si vous voulez,
10:20j'ai appris tout ce qu'il y a autour.
10:22Mais en même temps, c'est le meilleur des apprentissages,
10:25on ne le fait pas assez souvent aujourd'hui.
10:27Oui, surtout si vous voulez, par exemple,
10:30au cinéma et à la télévision,
10:32on est quand même assez protégés.
10:33Quand on est comédien, on est comédien,
10:35on vient nous chercher, on nous maquille,
10:37on nous habille, on nous infantilise un petit peu.
10:39C'est très agréable, on se sent très important,
10:42c'est très agréable.
10:45Mais au théâtre, et surtout quand on est dans des conditions un peu difficiles,
10:49on fait tout soi-même et c'est vraiment une bonne école.
10:53Et l'école vous a permis justement d'accéder à différents succès
10:57et on va évoquer une soirée importante dans votre vie,
10:59le 26 février 1983.
11:02A tout de suite sur Sud Radio avec Swad Amidou.
11:05Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessus.
11:08Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité Swad Amidou.
11:11On évoque votre parcours, on a évoqué vos débuts au cinéma
11:15dans Un homme et une femme, mais vous n'avez pas fait que ça.
11:17Et vous allez être sur scène avec un spectacle Rencontres,
11:21à la fois à Paris et à Avignon cet été, on va en parler tout à l'heure.
11:24Mais on en revient à votre parcours avec une date importante,
11:27le 26 février 1983.
11:30Vous êtes au Grand Rex, une soirée présidée par Catherine Deneuve,
11:34où on évoque ce film.
11:39Le Grand Frère, où vous êtes nommée dans la catégorie du meilleur espoir féminin.
11:43Vous vous souvenez de ce soir-là ?
11:45Oh oui ! Oh là là oui !
11:47Quelle émotion !
11:49Je crois que c'est La Boum 2, avec Sophie Marceau, qui a obtenu le prix.
11:54C'était gagné d'avance pour elle.
11:56Pas forcément.
11:58Non, je ne suis pas passée loin.
12:00D'après ce qu'on m'a dit, je ne suis pas passée loin.
12:04D'abord, elle méritait largement son prix,
12:06parce que c'est une grande actrice,
12:08et puis le film avait fait un carton, contrairement au Grand Frère,
12:10qui n'avait pas très bien marché.
12:12Il faut bien dire ce qu'il y a aussi.
12:14C'est le jeu, quoi.
12:16En plus, quand on se souvient de Sophie Marceau,
12:18que La Boum, le premier jour, a été un bide,
12:20les quatre premiers jours ont été un bide,
12:22et c'est le week-end suivant que ça a commencé.
12:24C'est de bouche à oreille.
12:26Sinon, le film ressortait de l'affiche au bout d'une semaine.
12:28Alors, Le Grand Frère, au départ,
12:30c'est l'adaptation d'une série noire,
12:32qui est tournée à Marseille,
12:34où Francis Giraud est venu vous chercher.
12:36Oui, il a fait un grand casting.
12:38On était énormément d'actrices sur le coup.
12:40Et il a eu la chance,
12:42parce que j'ai eu beaucoup de chance de faire ce film,
12:44bien sûr, qu'il m'a lancé,
12:46mais lui, il a eu la chance de tomber sur une actrice
12:48qui était vraiment d'origine maghrébine,
12:50il n'y en avait pas beaucoup à l'époque,
12:52et qui acceptait de faire des scènes
12:54qui étaient un petit peu osées,
12:56on va dire, un peu dénudées, quoi.
12:58Il y avait quelques scènes d'amour
13:00avec Depardieu,
13:02qui étaient assez crues, quand même.
13:04Donc, j'ai quand même évité
13:06le chaos avec ma famille
13:08en exigeant
13:10qu'on ne me filme pas entièrement nu,
13:12parce que ça, c'était absolument rédhibitoire.
13:14Je ne voulais pas.
13:16J'ai réussi à sauver ma poitrine et mes fesses,
13:18mais je n'ai pas pu
13:20sauver mon dos, qui était magnifique,
13:22parce que je faisais beaucoup de danse,
13:24donc j'étais roulée comme une papesse.
13:26Et en plus, ce qu'il avait
13:28de bien pour le film, c'est que j'étais
13:30vraiment d'origine marocaine,
13:32donc il y avait
13:34ce qu'il recherchait dans le film,
13:36c'était une famille.
13:38Smahine faisait mon grand frère,
13:40et puis le petit Hakim Ghanem
13:42qui faisait mon petit frère,
13:44et donc il avait une famille authentique
13:46comme ça.
13:48C'était l'histoire d'un
13:50berger qui abat son assaillant à Marseille,
13:52qui croyait mort,
13:54et c'est l'histoire d'une vengeance.
13:56Il se trouve qu'avoir Gérard Depardieu
13:58pour débuter, c'est formidable.
14:00En plus, je crois qu'il a été très gentil avec vous,
14:02il vous laissait presque regarder la caméra
14:04plus que lui, il vous donnait des conseils.
14:06Oui, alors là, je voudrais dire vraiment que c'est quelqu'un
14:08avec ses partenaires qui est
14:10particulièrement généreux,
14:12qui donne beaucoup de
14:14conseils, de bons conseils. En plus, moi,
14:16j'étais une fille plutôt timide,
14:18et j'étais
14:20vraiment pas sûre de moi du tout, et il m'a
14:22vraiment fait comprendre beaucoup de choses,
14:24de la relation avec la caméra,
14:26et puis moi, évidemment, j'aurais pas
14:28osé m'avantager, et lui
14:30me tournait toujours les épaules vers la caméra
14:32en me disant, lève les yeux,
14:34pour que je sois au mieux.
14:36Et puis,
14:38il m'a dit, il a dit devant moi
14:40et très rapidement au réalisateur et à toute
14:42l'équipe qu'il me trouvait vraiment formidable,
14:44donc ça m'a beaucoup aidé,
14:46ça m'a tranquillisé,
14:48et puis on a beaucoup ri ensemble, il a été gentil,
14:50vraiment il a été sympa.
14:52C'est important de le dire en ce moment. Oui, c'est très important de le dire.
14:54Et il a fait la même chose avec Pierre Richard,
14:56quand Francis Weber a pensé à Pierre Richard
14:58pour lui donner la réplique dans ses premiers films,
15:00ils ont fait un déjeuner ensemble,
15:02et tout le déjeuner de Gérard Depardieu
15:04est tombé sur la cravate de Pierre Richard,
15:06il y a beaucoup qui ne s'est même pas rendu compte de ça,
15:08et ça a créé des liens d'affection entre les trois,
15:10et ils ont très bien travaillé ensemble,
15:12encore une fois dans l'amitié.
15:14Alors, ce film était important, d'autant plus
15:16qu'on parlait de racisme, on n'en parlait pas
15:18beaucoup à l'époque, et c'était déjà un sujet
15:20qui vous concernait, soit d'amis d'où ?
15:22Ça parlait, oui, ça parlait de la migration
15:24de la deuxième génération,
15:26en fait, qui était une nouveauté
15:28dans le paysage français,
15:30parce que jusqu'à présent, il y avait des gens
15:32de la génération de mon père, donc les premiers arrivants,
15:34si vous voulez, des suites de la colonisation,
15:36et là,
15:38ce propos,
15:40s'intéressait
15:42à ces mômes, à ces jeunes, qui sont nés ici,
15:44et qui sont déracinés,
15:46encore, qui ne sont pas tout à fait
15:48intégrés, et donc,
15:50c'était intéressant, oui.
15:52Et là, Francis Giraud était en avance sur son temps avec ce film.
15:54Oui, il y avait pas mal de choses,
15:56mais ce que je trouvais le plus intéressant
15:58dans ce film, si vous me permettez,
16:00c'est le huis clos,
16:02en fait, parce que tous les à-côtés du film,
16:04toute l'enquête, toute la vengeance,
16:06tout ça, je trouvais que le film se perdait
16:08un petit peu. Pour moi, franchement,
16:10c'est pas parce que j'étais dans le film, mais je trouvais
16:12que les moments les plus beaux et les plus intéressants
16:14étaient dans la maison, était le huis clos
16:16entre Depardieu, le petit garçon,
16:18Hakim Ghanem et moi-même, et
16:20quelques visiteurs dans la maison qui venaient briser
16:22ce huis clos, qui nous dérangeaient,
16:24et ça, c'était vraiment fort. C'était les moments
16:26les plus forts du film.
16:28Et ce film est devenu un classique, il y a des cinémathèques
16:30qui le projettent aujourd'hui.
16:32Oui, il est beau, il est profond,
16:34et Depardieu est très
16:36fragile dans ce film,
16:38très beau.
16:40Et Francis Giraud a toujours été un peu
16:42en avance sur son temps dans les thèmes qu'il a choisis.
16:44Quand il a tourné Le Bon Plaisir,
16:46adapté du roman de François Giraud,
16:48c'est l'histoire d'un secret
16:50d'une fille de président
16:52dont personne ne veut parler, c'est l'histoire
16:54de Mazarine, bien avant qu'on parle d'elle.
16:56Donc, c'était vraiment un metteur en scène
16:58qui savait, qui suivait
17:00l'actualité et qui était en avance.
17:02Alors, ça vous a ouvert, bien sûr, d'autres voies,
17:04puisque ce film a été un vrai succès
17:06pour vous, en tout cas.
17:08Oui, pour moi, ça a été un grand succès.
17:10J'ai été tout de suite repéré
17:12par d'autres producteurs,
17:14et j'ai beaucoup travaillé
17:16dans les 20 années qui ont suivi.
17:18L'un des premiers, c'était Gérard Lausier,
17:20avec Les Souvenirs d'un jeune homme
17:22adapté au cinéma. Travailler avec lui
17:24aussi, c'était joyeux.
17:26Oui, il était
17:28très intelligent.
17:30C'était une flèche, ce monsieur.
17:32Et il avait un humour
17:34très incisif. Alors,
17:36Le Souvenir d'un jeune homme, c'était le titre de la bande dessinée,
17:38et le film s'appelait Petit Con.
17:40Exactement.
17:42Oui, c'était très drôle, et malheureusement
17:44il est très peu rediffusé, celui-là,
17:46même jamais. Je ne l'ai jamais vu rediffusé.
17:48Il avait une caractéristique un peu particulière,
17:50Gérard Depardieu, quand il faisait
17:52des bandes dessinées, il y a des bulles...
17:54Gérard Lausier, pardon.
17:56Il se trouve qu'il faisait des fautes à chaque mot.
17:58Il était incapable
18:00d'écrire un mot sans une seule faute.
18:02C'est très particulier.
18:04Mais il le reconnaissait lui-même.
18:06Et puis, il y a eu aussi Lévi et Goliath,
18:08qui a été aussi de Gérard Horry,
18:10un film assez étonnant, et où vous avez joué aussi.
18:12Oui.
18:14La scène qui a le plus marqué les spectateurs,
18:16c'est celle où j'ai un accident
18:18sur mon scooter. Alors ça, c'est quand même
18:20un peu vexant, parce que ce n'est pas moi
18:22qui étais dessus.
18:24C'est un cascadeur.
18:26Mais non, le film était sympa, puis il y avait
18:28des grands acteurs. Dans ce film, c'était...
18:30Prestigieux.
18:32Une fille d'archi-musulmane face à deux juifs,
18:34c'était là aussi un peu en avance sur son temps.
18:36Oui, c'était assez précurseur.
18:38C'était un moment où aussi on commençait
18:40à parler des problèmes
18:42israélo-palestiniens.
18:44Et...
18:46Il y avait eu... Horry a toujours été préoccupé
18:48par ça, parce que quand même, là où il a été
18:50le plus précurseur, c'est quand même avec
18:52Rabbi Jacob. Il avait déjà
18:54entamé cette
18:56conversation
18:58entre l'islam et le
19:00judaïsme à travers ses films.
19:02Donc c'était une espèce de suite
19:04un peu, ce Lévi-Goliath.
19:06Et c'est ça qui était bien. C'était intéressant
19:08d'aborder ce propos
19:10dans le cadre de la comédie, comme ça.
19:12Et puis, il y a une chose extraordinaire quand même,
19:14parce que c'est un privilège, soit d'Amidou,
19:16vous avez tourné sous la direction de
19:18Steven Spielberg, dans Munich. Ça aussi,
19:20c'est étonnant.
19:22Oui. Ce qui est étonnant, c'est que
19:24c'est le rôle le plus court de ma vie.
19:26Parce que j'ai fait...
19:28J'ai crié A.
19:30Voilà.
19:32J'avais passé un casting
19:34assez complexe pour ce
19:36film. J'étais revenue plusieurs
19:38fois, donc j'ai été prise.
19:40J'ai fait un casting en anglais.
19:42Et puis, au final,
19:44à force de coupure, finalement,
19:46j'ai eu le temps de crier A.
19:48Parce qu'ils ont tiré avant que je dise
19:50non, non, surtout ne faites pas ça.
19:52Donc les soldats ont tiré et je suis morte
19:54avant d'avoir eu le temps de dire ma phrase.
19:56C'était effectivement
19:58un film inspiré par le tragique attentat
20:00à Munich en 1972,
20:02aux Jeux Olympiques.
20:04Et Spielberg, vous l'avez rencontré ?
20:06Oui, il était sur le plateau. Je l'ai rencontré, bien sûr.
20:08Très délicieux.
20:10Très timide, j'ai l'impression.
20:12Oui, il est surtout
20:14très professionnel.
20:16Il sait ce qu'il veut.
20:18Et puis il a une équipe autour de lui
20:20qui est une armée.
20:22C'est impressionnant quand même.
20:24J'ai pas tourné beaucoup sur les plateaux américains,
20:26mais mon père me l'a dit aussi. Il m'a dit
20:28c'est une armée en marche.
20:30Alors là, chacun a son poste.
20:32On ne déborde pas de son poste.
20:34Il faut demander à l'assistant
20:36qui va demander à l'assistant
20:38avant d'arriver
20:40au réalisateur
20:42ou au producteur ou la personne
20:44à qui on veut parler. C'est très impressionnant.
20:46Il y avait beaucoup de Français dans ce film.
20:48Oui, il y avait des Français.
20:50Il y avait des Juifs.
20:52Il y avait des musulmans.
20:54Il y avait les deux parties.
20:56Donc on était des acteurs
20:58représentant les deux communautés.
21:00Et puis une équipe française.
21:02Et une équipe...
21:04On a tourné à Malte.
21:06Dans l'équipe, il n'y avait pas beaucoup
21:08d'Arabes.
21:10Je ne sais pas quoi.
21:12Il est censé se passer
21:14dans plusieurs pays.
21:16Ce film.
21:18Mais tout ce qui se passait en Palestine
21:20a été tourné à Malte.
21:22Bien sûr.
21:24C'est le rôle le plus court de votre vie,
21:26mais un rôle beaucoup plus long.
21:28On va l'évoquer à travers la date du 8 avril
21:301988.
21:32Sur Sud Radio avec Souad Amidou.
21:34Sud Radio, les clés d'une vie.
21:36Jacques Pessis.
21:38Sud Radio, les clés d'une vie.
21:40Mon invité Souad Amidou.
21:42Nous parlerons tout à l'heure de rencontre,
21:44votre spectacle à Paris et au Festival d'Avignon.
21:46On en revient à votre parcours.
21:48On a évoqué vos débuts au cinéma.
21:50Francis Giraud, Spielberg, c'est pas n'importe qui.
21:52Et puis le 8 avril 1988,
21:54débute un feuilleton en 8 épisodes.
22:02La valise en carton
22:04où vous vous incarnez à l'écran
22:06à la télévision Lina de Souza.
22:08Ça aussi c'est une aventure incroyable.
22:10Ah oui, c'était une aventure,
22:12un bonheur de chaque instant.
22:14Comment c'est arrivé ?
22:16J'ai passé un casting.
22:18Et je l'ai eu
22:20en passant
22:22d'ailleurs des textes classiques.
22:24Ah bon ?
22:28Le réalisateur Michel Wynne
22:30voulait quelqu'un
22:32qui sache vraiment jouer la comédie.
22:34Il avait demandé à des actrices de théâtre
22:36de venir le voir.
22:38J'étais quand même connu.
22:40Il m'avait repéré déjà il y a longtemps.
22:42Il m'a dit qu'il m'avait repéré
22:44dans un film que j'avais tourné avant
22:46Le Grand Frère
22:48qui est Les filles de Grenoble.
22:50Votre premier film.
22:52Mon premier vrai cachet
22:54d'actrice et mon premier vrai rôle
22:56au cinéma
22:58c'était Les filles de Grenoble.
23:00Un film sur la prostitution.
23:02Oui, sur les prostituées de Grenoble
23:04qui avaient en fait
23:06porté plainte contre
23:08leurs souteneurs.
23:10Pour la première fois, il y avait eu des plaintes
23:12et donc il y avait eu un procès.
23:14Et donc,
23:16Michel Wynne m'avait repéré là
23:18et donc il m'a demandé de venir.
23:20J'ai passé aussi plusieurs fois le casting
23:22et j'ai été retenu
23:24pour ce rôle extraordinaire.
23:26Michel Wynne, il faut savoir qu'il avait
23:28réalisé La Demoiselle d'Avignon, feuilleton culte
23:30qui a dormi pendant deux ans
23:32dans les placards
23:34de la télévision.
23:36Personne ne voulait le sortir.
23:38Et Pierre Sabag, un jour, par hasard, grâce à sa secrétaire
23:40visionne 10 minutes et dit je vais le programmer tout de suite.
23:42On sait le succès que ça a été.
23:44Oui, et puis il a fait beaucoup de succès.
23:46Je suis toujours en relation
23:48avec lui et Michel Wynne, il joue au théâtre.
23:50Ah bon ?
23:52Oui, il est au théâtre du Nord-Ouest et il joue
23:54des oeuvres qu'il écrit, il fait des lectures
23:56maintenant.
23:58Allez le voir, c'est passionnant.
24:00Et on va le recevoir dans la clinique de vie parce que c'est un monsieur passionnant.
24:02Alors, effectivement, pour une Marocaine
24:04jouer une Portugaise, c'est pas évident
24:06à départ.
24:08Je suis
24:10Corse par ma
24:12maman et Marocaine par mon père
24:14ce qui me donne la possibilité
24:16aussi d'aller visiter toute la Méditerranée.
24:18Oui, donc le Portugal, ça va parfaitement.
24:20C'était très bien.
24:22Qu'est-ce que t'as de Sousa, ses chansons, son livre ?
24:24Alors, j'avais bien sûr entendu parler d'elle
24:26mais grâce à ce film
24:28j'ai pu aller la voir sur scène,
24:30j'ai fait sa connaissance, je l'ai entendue chanter.
24:32Elle chantait merveilleusement bien,
24:34elle avait une voix extraordinaire,
24:36elle emballait le public d'une façon
24:38incroyable. Elle chantait le fado en français.
24:40Bien sûr.
24:42Elle avait vraiment fait sa petite
24:44révolution à l'époque parce que chanter
24:46le fado en français, c'était un peu
24:48tabou
24:50pour la communauté portugaise
24:52mais elle avait fait ça
24:54merveilleusement bien. Il se trouve que le livre
24:56aussi avait été une révolution, c'est-à-dire que
24:58Pascal Aurias, son producteur, avait été
25:00voir Michel Laffont qui ouvrait une maison d'édition
25:02il travaillait à l'époque avec Claude François
25:04dans Podium. Ils avaient eu l'idée de faire ce livre
25:06en laissant des fautes de français
25:08pour qu'on ait vraiment l'impression que
25:10c'est Linda de Sousa qui l'avait écrit.
25:12Et ça a fait un million d'exemplaires, ça a été une révolution.
25:14Et Linda de Sousa,
25:16on l'a reçue dans les Clés d'une Vie juste avant sa disparition,
25:18elle avait eu un passage à vide
25:20mais elle remontait, elle était en pleine forme
25:22elle était physiquement et moralement
25:24prête à repartir. C'était une battante, il faut
25:26voir de ce qu'elle a vécu.
25:28C'était incroyable, c'était une
25:30bagarreuse, elle se laissait pas faire.
25:32Alors ce tournage a eu lieu je crois
25:34à Lisbonne, on a même retrouvé
25:36la maison d'enfance, reconstituée la maison d'enfance
25:38où elle avait grandi. C'est ça.
25:40Et c'est Irène Papas qui jouait
25:42ma maman, vous vous rendez compte.
25:44Irène Papas. C'est fou. Ah oui.
25:46Alors là vraiment, il y avait un casting
25:48extraordinaire et puis il y avait
25:50des paysages,
25:52il y avait ce pays, le Portugal,
25:54que j'ai adoré, j'ai vécu
25:56là-bas quand même pendant presque 3 mois.
25:58Et ça m'a
26:00rappelé un peu le Maroc d'ailleurs,
26:02un Maroc chrétien on va dire,
26:04catholique, mais il y a des traditions,
26:06les maisons,
26:08les décorations qui ressemblent
26:10beaucoup, vous savez, ou
26:12les petites mosaïques, je crois qu'on appelle ça
26:14ou charabées ou je sais pas comment
26:16je sais pas comment ça s'appelle,
26:18vous savez les toutes petites mosaïques,
26:20on fait ça sur les murs,
26:22ils en ont beaucoup au Portugal, comme ça,
26:24des petites ruelles,
26:26des petits commerces,
26:28ça ressemble un peu à la Médina, ça m'a rappelé beaucoup
26:30le Maroc, mais avec
26:32des traditions chrétiennes. Et le Portugal
26:34d'ailleurs, beaucoup de Français y vivent aujourd'hui
26:36et pas seulement parce que lorsqu'on est Français,
26:38on a 10 ans sans impôts lorsqu'on s'installe
26:40au Portugal. Vraiment ?
26:42C'est autre chose.
26:44Le Maroc, vous êtes souvent allé là-bas ?
26:46Oui, de temps en temps, bien sûr. Quand j'étais
26:48enfant, j'y allais tous les ans,
26:50j'allais chez ma grand-mère et
26:52j'avais ma famille, j'ai toujours de la famille là-bas,
26:54mais maintenant que mon père est parti
26:56vers d'autres cieux,
26:58j'y vais beaucoup moins.
27:00Et votre grand-mère, je crois, ne parlait
27:02pas un mot de français ? Pas un mot.
27:04Je me débrouillais, mon père me posait
27:06chez elle, il me disait débrouille-toi
27:08et je me débrouillais.
27:10Et c'est grâce à lui
27:12et grâce à elle que maintenant je peux m'exprimer
27:14en arabe. Et ce feuilleton
27:16a marqué votre carrière aussi parce que vous êtes
27:18devenue très populaire en jouant à la valise
27:20en carton. Ah oui, alors ça c'était
27:22une autre forme de popularité. C'est marrant
27:24d'ailleurs parce que je suis devenue
27:26plus populaire auprès du public,
27:28mais moins crédible au cinéma,
27:30parce qu'à l'époque, quand on faisait de la télévision,
27:32on était moins...
27:34On était moins... Bankable, alors qu'on est en français.
27:36Voilà, c'est ça, moins bankable.
27:38Ça a un petit peu changé maintenant, il y a plus d'interactivité
27:40entre les deux, mais à l'époque, c'était un petit
27:42peu fermé, c'était cloisonné un peu.
27:44Oui, il y avait Micheline Prel et
27:46Daniel Gélin qui avaient accepté de faire les Saint-Cheri
27:48à feuilleton. Deux personnes
27:50du cinéma qui viennent à la télévision, c'était une
27:52véritable révolution. Alors,
27:54dans ce sens-là, ça va. Une personne
27:56de cinéma qui va à la télévision, elle a une petite
27:58chance de retourner au cinéma
28:00après, si
28:02il n'y a pas eu trop de succès à la télé, parce que
28:04attention, il ne faut pas non plus...
28:06C'est un peu clivé quand même.
28:08Mais bon, en tout cas,
28:10j'étais bien contente parce que j'ai été reconnue
28:12du grand public grâce à ça.
28:14Et vous avez tourné d'autres mini-séries.
28:16Il y a par exemple eu Roca,
28:18où pendant six épisodes, vous êtes l'inspectrice
28:20Fred Dubreuil.
28:22Là aussi, il n'y avait pas encore
28:24beaucoup de femmes flics à la télévision.
28:26Il n'y en avait pas beaucoup, et puis surtout,
28:28ce qui était sympa, c'est que comme les producteurs
28:30savaient que je pratiquais les arts martiaux,
28:32on m'avait donné,
28:34on avait commencé à me donner des rôles d'action.
28:36Donc, où il y avait de la bagarre,
28:38où il y avait de la plongée sous-marine,
28:40où il y avait, voilà,
28:42de la cascade.
28:44Donc, je m'amusais beaucoup et j'ai enchaîné
28:46comme ça quelques séries
28:48où j'ai pu m'amuser
28:50à utiliser mon corps, parce que je faisais
28:52beaucoup de sport, et en particulier
28:54la danse et les arts martiaux.
28:56Depuis toujours les arts martiaux ?
28:58Je les pratique, mais d'une manière beaucoup plus douce.
29:00Maintenant, je fais le tai chi, le qigong,
29:02la gymnastique chinoise, avec la respiration intérieure.
29:04Maintenant, tout est à l'intérieur,
29:06parce que mon corps ne suivrait plus,
29:08mais parce que c'est le dos,
29:10en fait, qui a pris un petit peu...
29:12Avec la pratique de la danse
29:14intensive et de la boxe,
29:16le kickboxing,
29:18ça massacre un petit peu le dos, on va dire.
29:20Et dans cette série,
29:22le rôle du commissaire était joué
29:24par un comédien qui a été très célèbre,
29:26mais qu'on a oublié aujourd'hui, qui était Raymond Pellegrin.
29:28Raymond Pellegrin, c'est une voix,
29:30c'est un monument, Raymond Pellegrin.
29:32Il a tourné en Angleterre, il a la voix de Fantomas.
29:34La voix de Fantomas, non, mais c'est une voix,
29:36c'est un immense comédien.
29:38Et un peu oublié aujourd'hui.
29:40Et moi, je me souviens d'lui,
29:42c'est un souvenir personnel.
29:44Enfant, car sa fille, Danielle,
29:46était dans la même classe que moi, donc je le voyais à la sortie de l'école
29:48et on me disait, c'est Raymond Pellegrin,
29:50il était vraiment une star à l'époque.
29:52Moi, je connaissais Pascale, sa fille, Pascale Pellegrin,
29:54elle était avec nous sur le tournage.
29:56C'est sa première fille, Danielle.
29:58Avec Doradole, voilà.
30:00Ah oui, avec Dora, oui, elle est passée nous voir,
30:02d'ailleurs, Doradole.
30:04Voilà, et qui vit dans le Midi aujourd'hui.
30:06Il y a aussi une série qui s'appelle Mission Protection Rapprochée.
30:08Ça aussi, c'est quelque chose.
30:10Voilà, alors là, j'avais été vraiment embauchée
30:12dans cette série parce que
30:14j'étais donc devenue vraiment
30:16très performante en arts martiaux
30:18et là, ils le savaient,
30:20parce que moi, j'avais écrit quelque chose
30:22qui se rapportait à... J'avais imaginé
30:24que j'étais la patronne d'une entreprise
30:26de...
30:28de protection, Rapprochée,
30:30et puis je l'ai fait parvenir à TF1,
30:32et ils m'ont contacté, ils m'ont dit, écoute, il y a quelque chose
30:34qui est en train de s'écrire, qui est à peu près pareil,
30:36est-ce que tu veux faire le personnage,
30:38mais tu n'écriras pas la série ? J'ai dit, bah ouais, OK.
30:40Je veux bien faire le personnage, ça m'intéresse.
30:42Les filles gardent du corps, là aussi,
30:44c'était totalement novateur.
30:46Oui, puis j'étais avec une partenaire,
30:48donc il y avait un côté comédie,
30:50on était un petit peu
30:52en bisbille, toutes les deux.
30:54On se tirait
30:56la bourre, toutes les deux, mais c'était amusant.
30:58Le plus amusant dans tout ça,
31:00si vous voulez, c'est de casser
31:02la figure à des grands types barraqués,
31:04qu'évidemment,
31:06on ne les touche pas, parce que c'est que de la...
31:08C'est de la cascade.
31:10On ne les effleure pas, mais ils s'envolent,
31:12vous savez, vous leur donnez une piche nette, ils s'envolent
31:14en criant de douleur.
31:16Ça, c'est très très très amusant.
31:18Et soit d'Amidou, il y a eu également une saga de l'été,
31:20La maison des Rochevilles, réalisée
31:22par Jacob Mesguine, qu'on a reçue, voici,
31:24quelques temps pour le pianiste, pour le choix du pianiste.
31:26Là aussi, une saga de l'été,
31:28c'était aussi un événement.
31:30Oui, je n'avais jamais participé
31:32à ce genre de choses,
31:34et j'ai bien aimé. Alors c'était un peu comme pour
31:36la valise en carton, j'avais un parcours
31:38en âge, puisque je commençais là
31:40à 17 ans, 18 ans,
31:42et je finissais à
31:4475. Donc
31:46j'ai eu le maquillage
31:48qui a suivi, la silhouette, la démarche,
31:50j'ai travaillé sur mon
31:52attitude corporelle pour passer de
31:5418 à 75 ans.
31:56Il y a eu aussi au théâtre beaucoup de choses,
31:58et quand je parle du côté novateur,
32:00il y a un spectacle très célèbre que vous avez été
32:02l'une des premières à jouer, qui est
32:04Les Monologues du Vagin.
32:06C'était une très belle expérience, je l'ai joué pendant presque 3 ans.
32:08Et à l'époque, personne ne connaissait,
32:10ça débutait à peine. Aujourd'hui, c'est un classique.
32:12Quand j'ai vu le titre sur les
32:14colonnes de Maurice, au début, j'ai fait
32:16qu'est-ce que c'est que ça ? On ne disait pas ce mot-là.
32:18À l'époque, quand j'ai vu le mot vagin
32:20écrit en gros sur les
32:22colonnes de Maurice, j'ai fait mais qu'est-ce que c'est
32:24que ce truc ? Qu'est-ce que
32:26c'est que cette invention ? Après, j'ai compris,
32:28parce que j'ai suivi le parcours
32:30de cette pièce, où ça
32:32voulait aller, quelle revendication,
32:34quelle histoire. Eve Ensler
32:36avait toute une histoire avec ça, puisqu'elle
32:38avait elle-même été victime de violences.
32:40Et je suis rentrée, d'ailleurs,
32:42grâce à cette pièce, je suis rentrée dans
32:44le
32:46militantisme, en fait,
32:48pour les droits des femmes et
32:50pour les luttes contre les violences intrafamiliales.
32:52Oui, cette pièce
32:54est un tournant. Ah oui, oui, vraiment.
32:56Ça a provoqué quelque
32:58chose d'important, oui. Puis vous avez fait de la
33:00mise en scène. Je crois qu'il y a eu
33:02du Molière, d'abord,
33:04les femmes savantes. Vous avez joué
33:06le bourgeois Antigone et vous avez mis en scène
33:08René de Robaldia.
33:10Oui. C'était votre
33:12Grasse matinée, je crois. Grasse matinée.
33:14Oui, c'était marrant. Et il était
33:16venu voir la première.
33:18Il avait beaucoup aimé.
33:20La mise en scène, c'est aussi un autre travail
33:22par rapport à tout ce que vous avez fait.
33:24Oui, mais ça fait partie
33:26d'un tout pour moi. Comme je vous ai dit
33:28tout à l'heure, au théâtre, vous savez, on apprend
33:30à faire tout, donc j'ai appris aussi
33:32à regarder, j'ai appris à regarder les autres.
33:34Et puis, moi, j'aime bien aussi
33:36être
33:38à l'initiative des choses.
33:40Pas
33:42juste attendre qu'on ait besoin
33:44de moi, qu'on ait envie de moi dans un projet.
33:46Mais j'aime bien susciter un projet
33:48aussi, produire, réaliser,
33:50mettre en scène, regarder
33:52les autres travailler. J'aime bien donner
33:54des cours, j'aime bien coacher,
33:56j'aime bien regarder les autres travailler.
33:58Oui, et puis vous avez aussi beaucoup travaillé.
34:00Et René de Robaldia a énormément travaillé.
34:02On l'avait reçu dans les clés d'une vie pour
34:04son centième anniversaire. À l'époque,
34:06à 95 ans, il disait j'ai 105 ans.
34:08Il a vécu jusqu'à 103 ans en
34:10travaillant jusqu'au bout. C'était un homme d'une gentillesse
34:12et d'une culture incroyable. Il était collé-monté,
34:14mais au vrai sens du terme.
34:16Il avait un col très haut.
34:18Je ne sais pas s'il était venu comme ça vous voir.
34:20Il portait le col très très haut.
34:22Et il avait une dignité.
34:24Il se portait très droit. Il portait
34:26même pas de canne. Il était
34:28vraiment extraordinaire cet homme.
34:30C'est l'un des auteurs français
34:32les plus joués dans le monde encore aujourd'hui.
34:34Et avec une joie de vivre,
34:36jusqu'au bout, il sortait le soir.
34:38Vous voulez rencontrer les gens et avoir des idées ?
34:40Oui. Un peu comme vous parce que vous
34:42continuez à avoir des idées et on va
34:44en parler à travers la date du 2 mars
34:462025. A tout de suite sur Sud Radio
34:48avec Swad Amidou.
34:50Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
34:52Sud Radio, les clés d'une vie.
34:54Mon invité Swad Amidou, on a évoqué
34:56votre parcours au cinéma,
34:58à la télévision,
35:00au théâtre et surtout
35:02votre envie d'aller toujours plus loin.
35:04Et c'est pour ça que le 2 mars 2025
35:06est né un spectacle
35:08qui s'appelle Rencontres.
35:10Un spectacle où vous êtes seule en scène avec des
35:12musiciens. Un spectacle dont l'idée
35:14vous trottait dans la tête depuis longtemps je crois.
35:16Ce qui me trottait dans
35:18la tête surtout c'était de chanter.
35:20Oui. De jouer
35:22de la guitare et de chanter
35:24mes propres chansons.
35:26Et j'avais vraiment pas
35:28osé le faire jusqu'à
35:30ce qu'il devienne
35:32crucial de le faire.
35:34C'est devenu crucial et je crois que vous avez profité du confinement
35:36pour commencer à vraiment
35:38travailler la guitare.
35:40Oui, j'avais plus le choix. J'avais que ça à faire
35:42toute la journée et ça a duré pendant
35:44presque deux ans.
35:46J'ai profité de ce temps-là
35:48si vous voulez, après
35:50être passé par une phase un peu de peur.
35:52Surtout la peur de plus voir les
35:54miens et d'être séparé
35:56de mes amis pour le
35:58restant de la vie.
36:00Et si vous voulez, je pense que
36:02le titre...
36:04J'y ai pensé il n'y a pas longtemps et puis je me suis dit
36:06finalement Rencontre,
36:08j'ai intitulé ce spectacle
36:10vraiment d'une manière complètement
36:12inconsciente mais avec ce désir
36:14vraiment d'aller à la rencontre
36:16des gens. Et c'est ce que je fais dans le
36:18spectacle en fait. Je vais vraiment à la rencontre
36:20des gens, du public
36:22et puis des gens dont je
36:24parle aussi dans le spectacle.
36:26On va en parler et puis Rencontre c'est aussi le titre
36:28d'une des chansons du spectacle.
36:30J'ai fait un tout petit pas
36:32vers toi. Tu as
36:34reculé un peu, effrayé
36:36non, tu n'avais pas
36:38l'air bien méchant. Je suis
36:40sûre que je suis bien plus méchante
36:42que toi.
36:44Alors il se trouve que Rencontre
36:46effectivement, pour vous
36:48quand vous dites que c'était crucial au départ, vous aviez
36:50vraiment envie de porter
36:52ces messages ?
36:54Oui, en fait c'était...
36:56J'avais effectivement
36:58chaque chanson
37:00porter un message c'est peut-être un grand mot
37:02mais dit quelque chose
37:04que j'avais envie de raconter
37:06et comment raconter des choses.
37:08Est-ce qu'on peut écrire un roman ?
37:10Une nouvelle ? Une pièce de théâtre ?
37:12Et comme il y a beaucoup
37:14de choses, j'ai besoin de dire beaucoup de choses
37:16moi par exemple Rencontre parle
37:18d'un loup que j'ai rencontré, c'est une
37:20fiction dans un Paris
37:22dystopique dans le futur
37:24que j'ai imaginé détruit
37:26par les guerres et les épidémies
37:28puisqu'on était en pleine épidémie
37:30et que j'imaginais que la guerre
37:32avait ravagé Paris
37:34et sa banlieue et que les animaux sauvages
37:36se rapprochaient de nous
37:38et ça, ça me préoccupe
37:40mais je ne vais pas en faire un livre
37:42si vous voulez, donc en quelques mots concis
37:44et une musique un peu
37:46étrange comme ça, basée sur
37:48une basse très présente
37:50et un rythme, j'ai raconté
37:52cette histoire et puis j'en ai raconté d'autres
37:54je me suis raconté
37:56dans Bombas
37:58rencontrant mon histoire de
38:00femme depuis que j'étais jeune fille jusqu'à mon
38:02âge mûr avec les hommes
38:04enfin voilà
38:06je ne sais pas si vous avez la chanson
38:08en Bombas on devrait la voir quelque part
38:24Là aussi effectivement
38:26C'est assez explicite
38:28C'est très explicite mais c'est partie de vos combats
38:30parce que la violence anticonjugale
38:32fait partie de vos combats aussi
38:34La violence intraconjugale
38:36en fin de compte, ce qu'on appelle aussi
38:38la violence faite aux femmes
38:40mais il y a aussi les enfants
38:42il y a aussi parfois des hommes victimes
38:44de violences
38:46mais c'est une histoire
38:48qui est très très très
38:50très très très très très très très
38:52mais c'est une chose
38:54vraiment moi qui me préoccupe
38:56depuis très très
38:58très longtemps parce que c'est une violence
39:00muette et les portes
39:02sont closes et
39:04derrière les portes il se passe des choses effroyables
39:06et il faut que tout le monde
39:08soit vraiment
39:10au courant qu'on est au courant
39:12Oui mais en même temps depuis
39:14le début de l'émission on dit que vous avez toujours été en avance
39:16sur plein de sujets, là aussi
39:18parce que vous avez pensé à ce sujet à l'époque
39:20où personne n'en parlait, c'était tabou
39:22Oui enfin
39:24on en parle mais si vous voulez pour en faire une chanson
39:26c'est un peu compliqué de faire une chanson là dessus
39:28parce que
39:30ça peut aussi être quelque chose de
39:32terriblement lourd
39:34j'ai préféré
39:36m'intéresser au côté un petit peu rock'n'roll
39:38de l'affaire, c'est à dire aussi moi
39:40jeune fille, tout le monde
39:42me regarde, je subis
39:44un peu le harcèlement de rue et puis petit à petit
39:46voilà je me marie et puis après je deviens trop vieille
39:48après le gars s'en va
39:50avec une fille plus jeune et je me retrouve toute seule
39:52et quoi ?
39:54et ben en fait j'ai jamais autant ri
39:56et je me suis jamais autant amusée
39:58que maintenant
40:00donc voilà c'est aussi un message positif
40:02Et chaque chanson finalement
40:04de ce spectacle quand on les écoute
40:06c'est un petit scénario de cinéma ?
40:08Un petit scénario, voilà exactement
40:10Parce que ça c'est chaque fois, écrire une chanson c'est pas évident
40:12quand on a jamais fait ça
40:14C'est pas évident, c'est vraiment un exercice
40:16Là je m'y suis frottée
40:18je me suis dit allez Cocotte essaye de dire ce que t'as à dire
40:20et c'est vraiment, faut choisir les mots
40:22là j'en ai écrit encore
40:24une, elle m'a pris pratiquement un an
40:26à ce qu'elle soit
40:28bien ficelée pour raconter
40:30ma passion pour la musique en fait
40:32pour ma guitare, mais c'est aussi
40:34un message de
40:36un peu
40:38sur le corps, sur l'érotisme
40:40sur la passion
40:42mais à travers la musique
40:44sur le rythme
40:46C'est vrai que les chansons c'est pas facile
40:48Brel disait toujours
40:50le génie c'est 5% de travail
40:52et après c'est le travail
40:54et lui il se mettait 18h par jour
40:56debout derrière un chevalet pour ressentir
40:58la souffrance qu'il écrivait dans ses chansons
41:00C'est aussi très particulier
41:02Oui c'est particulier
41:04Mais il y a une souffrance, moi je ressens bien
41:06c'est à dire
41:08il y a un peu de la sueur et des larmes quand on écrit une chanson
41:10en ce qui me concerne
41:12je sais qu'il y a des gens qui écrivent très facilement
41:14et tant mieux pour eux
41:16ils ont la grâce
41:18moi je suis laborieuse
41:20c'est à dire
41:22je travaille, je bosse beaucoup
41:24C'est une souffrance et une libération quand même derrière
41:26C'est extraordinaire
41:28Quand enfin elle est bouclée et qu'on arrive à la chanter
41:30avec les copains musiciens
41:32qui viennent me donner un petit coup de main et que ça tourne
41:34et qu'on est content
41:36et qu'elle va pouvoir être chantée en scène
41:38c'est magique
41:40C'est un moment où j'ai envie d'applaudir le public
41:42applaudir ou taper des mains
41:44ou reprendre le refrain avec moi
41:46mais j'ai jamais vécu quelque chose
41:48d'aussi extraordinaire
41:50jamais
41:52de toutes les expériences
41:54que j'ai menées, celle-ci est la plus extraordinaire
41:56Et vous avez depuis longtemps envie de chanter
41:58Oui j'avais toujours eu envie de chanter
42:00mais je ne me sentais pas légitime
42:02je ne me stimais pas
42:04au niveau des chanteuses
42:06quand j'entends des voix
42:08je ne sais pas
42:10les plus belles voix du monde
42:12les voix classiques
42:14Céline Dion
42:16je ne sais pas
42:18les plus grandes voix qu'on puisse imaginer
42:20je suis
42:22tétanisée
42:24je me dis
42:26non, reste chez toi, ne chante pas
42:28tu ne peux pas chanter, ce n'est pas possible
42:30tu n'as pas le droit
42:32Dans ce spectacle qu'on va continuer à évoquer
42:34il y a une chanson qui s'appelle Mixomatos
42:38Où sont nos racines ?
42:40Rabat de Casa
42:42Oh bien belle ville
42:44Quand on m'arrive
42:46à la maison
42:48La égolonna
42:50Mes deux doigts
42:52J'arrive là-bas
42:54Alors là aussi
42:56ce sont vos racines justement
42:58J'ai fait un clip d'ailleurs là-dessus
43:00entre Rabat et Paris
43:02puisque je suis vraiment
43:04de Paris et de Rabat
43:06Je suis une titi parisienne
43:08et je suis une Rabatilla
43:10c'est-à-dire une fille de Rabat
43:12et vraiment là je ressens
43:14mes racines profondes
43:16d'un côté et de l'autre
43:18alors c'est très marrant parce qu'il y a une dichotomie totale
43:20entre les deux
43:22mais c'est comme ça
43:24Ce spectacle il a bien fallu le monter
43:26parce que vous avez même pensé à prendre un pseudonyme
43:28à un moment d'ailleurs
43:30et puis finalement vous avez gardé votre nom
43:32Oui, j'ai commencé en m'appelant Sou
43:34tout court parce que je me suis dit
43:36oui, on va me voir me dire oui, t'es une comédienne
43:38qui travaille plus alors tu t'es mise à chanter
43:40on va me reprocher
43:42voilà
43:44et puis je me sentais pas légitime
43:46vraiment je me suis dit il faut que je m'invente
43:48une identité de chanteuse, que je sois autre chose
43:50c'est pas moi, c'est une chanteuse
43:52et puis finalement c'est quelqu'un
43:54qui m'a dit mais enfin n'importe quoi
43:56n'importe quoi, t'as un nom, pourquoi tu l'utilises pas
43:58et tu as le droit
44:00et tu es une très bonne chanteuse
44:02j'ai décidé de chanter, chante, assume, lève la tête
44:04et chante, lève la tête parce que ma première affiche
44:06en plus, non seulement je m'appelais pas
44:08soit Damidou mais Sou
44:10mais en plus j'avais la tête baissée
44:12sur ma guitare, alors là
44:14la personne en question m'a dit non vraiment là tu fais
44:16n'importe quoi, lève la tête
44:18remets ton nom entier et assume
44:20et en fin de compte
44:22j'assume
44:24Vous avez trouvé un théâtre pour débuter parce que c'est une longue aventure
44:26pour l'instant vous passez les dimanches
44:28à 18h15, on va redonner les dates
44:30un théâtre qui s'appelle le Paris de l'Humour
44:32qui n'est pas forcément le théâtre le plus connu
44:34mais vous êtes tranquille devant un public qui vient vous voir
44:36Oui et puis il est bien situé
44:38ce joli petit théâtre
44:40il faut savoir qu'au Paris de l'Humour
44:42il y a beaucoup de gens célèbres comme Coluche
44:44par exemple qui ont débuté, qui ont fait leur petite scène
44:46là-bas, donc la scène est minuscule
44:48mais il y a quand même 50 places
44:50donc c'est pas si petit que ça
44:52il y a beaucoup beaucoup de théâtres de 50 places dans Paris
44:54et
44:56il a beaucoup de charme ce théâtre
44:58il est facile d'accès puisque je joue
45:00les dimanches on peut
45:02se garer facilement si on vient de loin
45:04et puis on peut venir en transport en commun
45:06c'est au métro Pyrénées
45:08donc voilà c'est agréable, c'est bien
45:10Et parmi les prochaines dates il y a le 13 et 20 avril
45:1211 et 25 mai à 18h15
45:14et puis Avignon ensuite parce qu'Avignon
45:16là c'est vraiment la rampe de lancement
45:18que vous cherchez
45:20Oui parce qu'Avignon, le festival d'Avignon
45:22c'est un endroit où on va
45:24donc on est en festival off
45:26donc ce sont des autoproductions
45:28et on y va
45:30essentiellement pour trouver ce qu'on appelle des programmateurs
45:32c'est à dire des gens
45:34qui éventuellement viennent acheter le spectacle
45:36pour le jouer en province
45:38ou en région
45:40parisienne
45:42ou dans un théâtre à Paris
45:44pour qu'il y ait un maximum de gens
45:46qui sachent que ce spectacle existe
45:48et que je puisse enfin le faire vivre
45:50Et d'ailleurs le théâtre s'appelle Optimiste
45:52ce qui correspond à votre caractère
45:54Ah oui oui oui
45:56et le caractère aussi des gens qui y travaillent
45:58et je voudrais aussi mentionner
46:00les personnes qui jouent avec moi en scène
46:02Justement il y a 3 musiciens
46:04je crois qu'il y en a 2
46:06il y a le fils de Jean Constantin
46:08Ah non alors oui oui
46:10j'ai compris pourquoi vous dites 3 musiciens
46:12parce qu'à une époque, au début quand j'ai lancé le spectacle
46:14j'ai fait des showcases
46:16avec 3 musiciens en scène
46:18donc effectivement Jean Constantin
46:20François Constantin
46:22François Constantin
46:24percussionniste
46:26et qui est d'ailleurs le percussionniste
46:28de Véronique Sanson actuellement
46:30et aussi
46:32donc avec Nicolas Leroy
46:34ou Jérôme Septian à la guitare
46:36et donc
46:38là pour l'instant je suis avec ou l'un ou l'autre
46:40on n'est que 2, mais j'ai aussi une grande formation
46:42il y a aussi Maurice Zemmour
46:44bassiste de
46:46Nagui
46:48sur Taratata
46:50et moi la bande qui a fait des interventions
46:52de basse sur Mixtomato
46:54c'est sa basse qu'on entend
46:56et qui m'a dit, promis, qu'il viendrait nous rejoindre
46:58si on était en formation
47:00à 5, mais à Avignon et au Paris de l'Humour
47:02on n'a pas les moyens d'être 5 sur scène
47:04c'est pas possible, donc là on est 2
47:06Mais là il faut les trouver ces musiciens aussi
47:08Bah oui, mais je les ai trouvés
47:10Mais il fallait aussi connaître cet univers
47:12c'était pas au départ votre univers
47:14total
47:16c'est à dire que vous connaissiez pas forcément la musique quand on est comédienne
47:18Non mais en fait
47:20je la connais parce que
47:22j'aime la musique
47:24et puis je la pratique quand même depuis pas mal d'années
47:26je la pratique à la maison
47:28je pratiquais le piano d'abord
47:30et puis je me suis mise à la guitare
47:32il y a une dizaine d'années
47:34et en fait
47:36je fréquentais quand même pas mal de musiciens aussi
47:38j'étais un peu
47:40choriste aussi pour Achita
47:42j'ai fréquenté quelques
47:44musiciens, j'ai participé à quelques albums
47:46mais comme ça
47:48j'osais pas vraiment y aller
47:50mais quand même
47:52je tournais autour
47:54Et là vous y allez, et une des chansons de ce spectacle
47:56c'est « Battre mon cœur »
47:58« Battre mon cœur » a commencé
48:00Et moi, dans tout ça, est-ce que je compte ?
48:02référence au film
48:04« Déjà qu'il est temps »
48:06Mes petits tourments, mes amours ratés
48:10Mes nuits blanches, mes doux baisers
48:12Mes doux baisers
48:14Est-ce qu'il compte ?
48:16C'est des paroles de la musique
48:18ce qui n'est pas si courant aujourd'hui
48:20soit d'Amidou
48:22Je fais effectivement paroles et musique
48:24Et de « Battre mon cœur »
48:26a commencé, votre cœur bat
48:28parce que c'est une aventure qui peut vous mener loin
48:30et que vous allez mener le plus loin possible
48:32Je me le souhaite
48:34C'est une envie, un désir ?
48:36Oui, oui, vraiment
48:38C'est-à-dire que je pense que c'est ma dernière aventure
48:40Ah bon ?
48:42Personnelle, oui
48:44C'est très difficile ce que je suis en train de faire
48:46Je produis, je réalise
48:48Je compose
48:50J'écris
48:52Je joue, je m'entraîne
48:54Je gère les facteurs humains
48:58C'est énorme
49:00Et en même temps
49:02c'est une très belle aventure
49:04mais ça ne sera pas la dernière en tant que comédienne
49:06ou en tant qu'interprète
49:08et peut-être qu'un jour on m'appellera pour d'autres choses
49:10mais moi en tout cas j'ai décidé que c'était ma dernière aventure
49:12donc je compte la mener le plus loin possible
49:14C'est tout le mal qu'on vous souhaite
49:16Je rappelle que c'est à Paris, au Théâtre
49:18le Paris de l'Humour
49:20le 13, 20 avril, 11 et 25 mai
49:22à 18h15
49:24et puis à Avignon cet été au Théâtre Optimiste
49:26Ce n'est que le début
49:28Merci, merci beaucoup, j'apprécie
49:30Merci, sois d'Amidou, les clés d'une vie c'est terminé
49:32Pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt
49:34Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio