• il y a 10 heures
Avec Serge Elhaïk, auteur du livre "Les Arrangeurs de la chanson française."

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-01-15##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessy.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous avez consacré dix années à mettre en lumière des musiciens de l'ombre.
00:10Le résultat est un livre de plus de 2000 pages auquel vous ajoutez aujourd'hui un chapitre audio,
00:16trois CD en hommage à Quincy Jones. Bonjour Serge Halaïc.
00:20Bonjour Jacques Pessy.
00:21Alors on connaît votre nom, on sait que vous êtes un passionné de musique
00:25et là vous avez fait un monument qu'on va évoquer tout à l'heure
00:28sur les arrangeurs de la chanson française, un livre de 2000 pages.
00:31Et Quincy Jones qui nous a quittés il n'y a pas longtemps,
00:34eh bien vous lui rendez hommage dans un triple CD.
00:36C'est exactement ça.
00:37Mais vous n'avez pas fait que ça et le principe des clés d'une vie, c'est de raconter votre parcours.
00:41Je sais.
00:42Voilà, et j'ai trouvé une date importante dans votre vie, le 25 octobre 1991, les entretiens de Bichat.
00:48Ça n'a rien à voir avec la chanson.
00:50Non, rien du tout.
00:50Parce que ce jour-là vous êtes primé pour un film de 60 minutes,
00:55les traitements collioscopiques à ventre fermé en gynécologie.
00:58Mais comment vous trouvez tout ça ? C'est impressionnant.
01:00Ça n'a rien à voir avec Quincy Jones ou les arrangeurs.
01:03Non, rien du tout.
01:04Qu'est-ce que c'était ce film ?
01:06C'était un film musical, vous voyez je commence à dire des bêtises.
01:10C'était un film médical mais avec de la musique.
01:13Et j'ai couplé déjà mes deux passions, la médecine et la musique.
01:17Voilà.
01:18Donc le thème du film lui-même, c'était au début de la cellioscopie
01:26qui était une méthode chirurgicale mais sans ouvrir le ventre.
01:30Alors elle était d'abord gynécologique cette méthode-là.
01:33Ça a débuté, maintenant c'est pour toutes les disciplines chirurgicales,
01:38mais au départ, et moi j'étais gynécologue,
01:41c'était une pratique uniquement gynécologique
01:45et qui permettait de ne pas ouvrir le ventre pour des interventions
01:48qui habituellement nécessitaient d'ouvrir le ventre.
01:51Et vous avez fait un film sur ce sujet ?
01:52J'ai fait un film.
01:53Mais comment on peut faire un film sur ce sujet à cette époque-là ?
01:55Eh bien parce que tout ce que je faisais,
01:57je l'enregistrais avec la caméra qui était branchée sur le cellioscope.
02:02Et donc mon ami à l'époque, Jacques Dangean,
02:04parce que je dis à l'époque parce qu'il est malheureusement décédé,
02:06Jacques Dangean, un grand arrangeur français
02:09qui a fait la renommée de plein d'artistes comme Christophe,
02:14eh bien il m'a offert la musique qui accompagne tout le film.
02:19Et ce film a été projeté entre autres à l'académie de chirurgie ?
02:22Tout à fait, absolument, mais vous savez tout comme d'habitude.
02:25Et alors il se trouve que les anciens de Bichat, on ne le sait pas assez,
02:28ça a été créé en 1947 par deux médecins chefs de service à Bichat
02:33qui avaient vu aux Etats-Unis une méthode
02:35où les médecins confrontaient leurs trouvailles.
02:37C'était ça ?
02:38C'était ça.
02:39Et depuis ça existe partout.
02:41Oui, c'est vrai.
02:42Alors la médecine finalement, Serge Haleck,
02:44on parle de chanson aujourd'hui, c'était votre chemin naturel ?
02:47Totalement, parce que toute ma famille était médicale.
02:50Et alors ?
02:50Alors mon père était médecin généraliste,
02:52mon oncle était accoucheur, d'où le métier que j'ai pratiqué.
02:57Mon père était médecin généraliste et mon oncle était lui-même accoucheur.
03:01Et tout cela en Tunisie, je suis né en Tunisie.
03:04On est arrivé en France en 1959 et mon frère s'est réinstallé
03:09et moi quelques années après j'ai débuté mes études de médecine.
03:11En 1966.
03:13Vous êtes arrivé de Tunisie parce qu'il fallait partir de Tunisie ?
03:15Exactement.
03:16Alors il se trouve que vous avez fait des études secondaires, je crois, au lycée Buffon ?
03:20Totalement.
03:21En médecine ?
03:23Non, après oui, c'était pour passer mon bac si vous voulez.
03:26Et il y avait un médecin écrivain célèbre qui a fait le lycée Buffon,
03:30c'est Georges Duhamel.
03:32Ah ben, vous me l'apprenez.
03:33Il a pris Goncourt, il a été médecin et son fils, Antoine Duhamel,
03:37a été compositeur de musique de film.
03:39Totalement.
03:40Notamment Pour que la fête commence, Pierre-Olefou et Ridicule de Patrice Laffont.
03:45Absolument.
03:46Alors, parallèlement à ça, vous commencez le piano ?
03:49Totalement, mais très jeune.
03:50J'avais 8, 9, 10 ans, même pas, 7, 8, 9 ans et je m'étais vraiment pris à...
03:55J'étais vraiment passionné par le jeu pianistique.
03:58C'était venu comment ?
03:59Ben par mon père qui était... Ah oui, je vous ai pas dit,
04:01mon père était un acharné d'opéra.
04:04Il allait tous les six mois soit à l'Escala de Milan, soit pendant l'été à Vienne.
04:08C'est vous dire que j'étais dans une ambiance permanente de musique à la maison.
04:12Et vous auriez pu débuter dans la musique, Sergèle Cailly ?
04:15J'aurais pu, mais ça me semblait impossible en fait.
04:19Pourquoi ?
04:20C'est parce que j'avais pas le niveau.
04:22Je jouais énormément, mais je sentais que j'avais pas le niveau pour...
04:25Vous savez, en tant que pianiste, il n'y en a pas beaucoup.
04:27Il y a beaucoup de candidats, mais il y a peu d'élus au final.
04:32On se souvient de Louis Funès, qui était pianiste de barre.
04:34C'est vrai, c'est vrai.
04:36C'est pas si vous le savez, mais pour entrer, pour être admis comme pianiste de barre,
04:39il a dit au patron qu'il avait fait le conservatoire, ce qui était faux.
04:44Son premier gag.
04:45Alors, vous auriez pu faire de la musique, car vous êtes entré, je crois, au lycée,
04:49dans un orchestre d'un inconnu, qui est aujourd'hui...
04:53Un inconnu célèbre.
04:54Qui est Laurent Petitgirard.
04:55Exactement. Et Laurent, on a été vraiment amis,
04:57parce qu'il habitait tout à côté du lycée Buffon.
05:01Et le soir, après les cours, on allait ensemble chez lui.
05:04Moi, j'habitais plus loin chez lui, et on jouait du piano pendant des heures.
05:08Il m'apprenait le piano, il m'aidait à m'améliorer dans le piano,
05:12parce que c'était déjà un krach, lui.
05:13Oui, mais à 14 ans, je crois, il dirigeait l'orchestre du lycée.
05:16Mais oui, totalement. Et moi, j'étais la caisse claire dans cet orchestre.
05:20Et je peux vous dire que j'ai des souvenirs.
05:21Et j'ai même chez moi, parce que je garde tout, les cassettes de ses concerts.
05:26Il se trouve qu'il est devenu ensuite compositeur, chef d'orchestre,
05:30qu'il est aujourd'hui secrétaire perpétuel des Beaux-Arts,
05:33où il vient de faire rentrer la cuisine avec Guy Savoie.
05:35Mais oui, absolument.
05:36Et c'était quoi, ses premières compositions ?
05:38Alors, c'était des musiques, je n'ai pas de titre à vous donner,
05:41mais dès que j'ai commencé dans l'orchestre du lycée Buffon avec lui,
05:47comme chef d'orchestre, il écrivait beaucoup de pièces,
05:50et qui étaient pas mal déjà à l'époque.
05:53Donc ensuite, études de médecine pour vous, sept ans de médecine quand même ?
05:57Plus, parce qu'il y a la spécialité ensuite avec la gynécologie accouchement.
06:02Donc ça fait une douzaine d'années.
06:04Et ça veut dire douze ans entre le drame et le rire ?
06:06C'est ça.
06:07Parce que Michel Simès, qu'on a reçu récemment,
06:09a expliqué qu'un médecin fait beaucoup de blagues pour se défouler.
06:12Mais moi, ce n'étaient pas les blagues, c'était la musique, la preuve.
06:16Qu'est-ce que vous faisiez ?
06:17J'avais vraiment besoin de faire autre chose en même temps, si vous voulez.
06:21Et vous faisiez des musiques instrumentales aussi, qui vous passionnaient ?
06:24Oui, j'ai été un ami assez rapidement de quelqu'un que je crois vous avez dû connaître,
06:30qui s'appelle Pierre-Marcel Onder.
06:32PMO, on l'appelle pour son sobriquet.
06:34Et c'est lui qui m'a vraiment inculqué cet amour de la musique instrumentale.
06:38Et c'est lui qui m'a permis de rentrer à Radio Bleu, où j'ai travaillé quelques temps.
06:42Il se trouve aussi que vous avez découvert l'existence des arrangeurs
06:46au dos des 40 ceintures, en toutes petites lettres ?
06:48Quand j'avais dix ans.
06:50Pour mes dix ans, mes parents m'ont offert une dizaine de 40 ceintures.
06:54Et derrière, il y avait des noms que je ne comprenais pas.
06:57On avait beau avoir Jacques Brel sur la couverture,
07:00mais derrière, il y avait une toute petite lettre, François Robert.
07:03Accompagné par François Robert.
07:04Je me suis dit, mais c'est qui ces gens-là ?
07:07Et c'est comme ça qu'au fil de l'eau, je me suis dit, je veux savoir,
07:10je veux trouver ces gens-là qui ont accompagné tous les chanteurs français
07:15depuis le début du XXe siècle.
07:18Oui, c'est vrai qu'on n'en parle jamais parce qu'ils ont travaillé dans l'ombre.
07:21Qu'est-ce que c'est le travail d'un arrangeur ?
07:23Le travail d'un arrangeur, c'est d'abord d'écouter la mélodie créée par le compositeur.
07:29Et bien sûr, avoir aussi, c'est très important, les paroles de la chanson.
07:34Parce qu'en fait, les arrangeurs ne peuvent pas écrire leur partition
07:37s'ils n'ont pas les deux, c'est-à-dire la musique, la mélodie de départ
07:42et les paroles écrites pour la chanson.
07:45Et l'arrangeur, lui, il va harmoniser la mélodie écrite par le compositeur.
07:52Et il va rajouter une ambiance.
07:55Alors, selon la chanson, ça sera une ambiance jazz, rock'n'roll, tout ce que vous voudrez.
08:00Et puis, il va rajouter aussi, éventuellement, des contrechamps,
08:05c'est-à-dire une seconde mélodie qui s'accorde harmoniquement avec la mélodie première, bien sûr.
08:10Et puis, il crée souvent une introduction à la chanson et une conclusion.
08:15Donc, voilà un petit peu le travail de l'arrangeur.
08:17Ensuite, l'arrangeur, il n'a pas fini son travail quand il a trouvé ses idées.
08:21Il faut qu'il orchestre, c'est-à-dire qu'il écrive sur un score, sur une partition,
08:26tout ce que vont jouer les différents musiciens.
08:30Les rythmiques, les cordes, les cuivres, les bois et les choristes.
08:36Il ne faut pas les oublier.
08:37Et le premier que vous avez rencontré, il a composé, entre autres, les arrangements de cette chanson.
08:42Tout le monde connaît cet extrait de Léo Ferret,
08:52mais personne ne connaît le nom de Jean-Michel Defay, à qui Léo Ferret doit beaucoup.
08:55Énormément, parce que Jean-Michel Defay, il a travaillé dix années avec Léo Ferret,
09:01de 1960 à la fin des années 60.
09:04Et c'est lui qui a donc écrit les arrangements sur cette chanson, cet extrait.
09:09Il a aussi fait une autre chanson extraordinaire de Léo Ferret en tant qu'arrangeur et accompagnateur,
09:15c'est Avec le Temps.
09:17C'est lui qui a fait ce merveilleux travail d'arrangeur avec Léo Ferret.
09:21On dit que cet extrait, l'idée serait venue de la petite nièce de Léo Ferret,
09:25qui disait à l'époque que cet extrait, comme on dit aujourd'hui, c'est trop bien ou c'est stylé.
09:28C'est ça.
09:29Il se trouve aussi que le travail d'un arrangeur est particulier
09:32parce qu'il a aussi bien fait Léo Ferret que Les choses de la vie et Bonne nuit les petits.
09:36Absolument, il a tout fait.
09:39Vous avez rencontré ces gens-là en créant une émission sur une station à Evreux qui s'appelait Radio Plus.
09:47Mais vous savez absolument tout.
09:48Qu'est-ce que c'était ?
09:49C'était une radio associative et qui m'a permis de faire venir je ne sais combien d'arrangeurs à Evreux.
09:58Ils sont tous venus parce qu'Evreux n'est pas quand même très loin de Paris
10:02et la majorité des gens que j'ai vraiment adoré sur le plan musical se sont tous déplacés à Evreux.
10:08Il y a eu tout le monde.
10:09François Robert, l'arrangeur de Brel, Jean-Claude Petit, l'arrangeur de Julien Clerc.
10:15Vous étiez tous à Evreux.
10:16Vous étiez médecin parallèlement.
10:17Mais bien sûr que j'étais médecin parallèlement.
10:19Je faisais ça le samedi, mon jour de repos parce que sinon ce n'est pas possible.
10:23Mais c'est vrai que le samedi, j'avais tous les samedis matin un arrangeur qui venait avec moi pendant 2, 3, 4 heures.
10:29On enregistrait plusieurs séquences et après on les montait évidemment.
10:33Mais ce qui est étonnant c'est que personne ne leur avait parlé donc ils accouraient.
10:36Parce qu'ils n'avaient jamais raconté leur vie à qui que ce soit.
10:39Mais c'est exactement ça.
10:41Ils étaient très heureux d'enfin pouvoir raconter leur histoire personnelle et musicale devant un micro.
10:47Ils ne l'avaient pour la majorité absolue jamais fait.
10:50Donc c'est pour ça qu'ils acceptaient de faire 100 km pour venir à Evreux
10:54parce qu'enfin ils avaient la possibilité de raconter leur histoire musicale.
10:58Et cette histoire vous l'avez racontée dans un livre qu'on va évoquer à travers la date du 6 novembre 2018.
11:04A tout de suite sur Sud Radio avec Serge Ellaïc.
11:06Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:09Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Serge Ellaïc.
11:12Médecin au départ, passionné de musique et vous avez commencé à fouiller les archives
11:18et la vie des arrangeurs de la chanson française.
11:22D'abord sur une radio associative en étant médecin.
11:25Et ensuite dans un livre qui est sorti le 6 novembre 2018.
11:29Un livre monument, ça s'appelle les arrangeurs de la chanson française.
11:32200 rencontres chez Textuel. Un livre de 2158 pages.
11:37C'est ça, et de 2,8 kg.
11:38Voilà, mais c'est une folie.
11:40Oui, c'est le mot, il faut le dire. C'est une folie, j'ai mis 10 ans à l'écrire.
11:45Et comment est née l'idée ?
11:46L'idée c'était que je me disais finalement j'ai interviewé la majorité des arrangeurs français,
11:53arrangeurs, chefs d'orchestre, voire compositeurs aussi.
11:56Je les ai tous interviewés, ou quasi tous.
11:59Et finalement tous mes entretiens que j'avais tous enregistrés vont dormir pour l'éternité.
12:04Je me suis dit je vais faire autrement.
12:06Je vais transcrire toutes les interviews que j'ai faites depuis 25 ans.
12:10Et c'est ce que j'ai fait, mais ça m'a pris une petite dizaine d'années.
12:13Tout en ajoutant des biographies, des documents personnels, des documents retrouvés dans les archives.
12:19Tout à fait, il y a un peu de tout. Et plein de photos aussi. Dans le livre il y a 380 photos.
12:23Mais il fallait trouver un éditeur capable d'éditer 2158 pages.
12:26On a eu du mal, mais c'est la SACEM qui a aidé aussi à la sortie de ce livre.
12:33Et ce livre d'ailleurs qui est devenue sa troisième réédition, ce que personne n'imaginait.
12:36Non, parce qu'au début on m'a dit mais comment pas plus de 500, pas plus de 700 ?
12:40J'ai dit bon, comme vous voulez. Et puis finalement on en a sorti 3300.
12:44C'est ce qui est fou parce que...
12:45C'est complètement fou.
12:46Et quel est le public ?
12:48C'est surtout les musiciens, il y en a plein.
12:50Alors il y a des passionnés de musique, mais il y a aussi les musiciens.
12:55Ils sont tous intéressés de lire les biographies des musiciens, arrangeurs, compositeurs, chefs d'orchestre,
13:03avec lesquels ils ont souvent travaillé.
13:05Bien sûr.
13:06Voilà, parce que je parle des musiciens, des musiciens de studio,
13:09les musiciens qui font de la scène et autres.
13:10Ils ont tous aimé acheter ce livre parce qu'ils retrouvaient dans le livre
13:15les chapitres des musiciens avec lesquels ils avaient été engagés pour travailler avec ces arrangeurs.
13:19Alors il y a beaucoup de noms qu'on ne connaît pas effectivement.
13:22Raymond Bernard par exemple, on le connaît nous parce qu'on passe régulièrement le générique de Sam Disquart
13:27dans les émissions de Philippe Bouvard et qu'il a composé ce générique.
13:31Il était le pianiste, mais on oublie qu'il a été aussi le pianiste de Gilbert Bécaud à ses débuts.
13:35Totalement, et il a fait les arrangements de ses grands tubes.
13:38Et maintenant, Nathalie, tout ce que vous voudrez.
13:42Et puis, pratiquement 15 années d'arrangements pour Gilbert Bécaud.
13:46Toutes les grandes chansons des années 55, 69, 70, c'est Raymond Bernard qui les a arrangées.
13:52Et il a été le pianiste dans l'orchestre de la première de Bécaud à l'Olympia, vedette.
13:58Et ce jour-là, il y avait une avant-première à 17h, je ne sais pas si vous le savez.
14:01On avait dit c'est gratuit pour les étudiants.
14:03Il y en avait 2000 personnes, il y en a eu 5000.
14:06Ça, je ne savais pas.
14:07Et on a cassé soi-disant quelques fauteuils.
14:09Mais je sais que Bruno Cacatrix avait pris la précaution de dévisser quelques fauteuils avant pour pouvoir les remettre ensuite.
14:16Merci Jacques.
14:18Et c'est vrai que travailler avec Bécaud, ce n'était pas simple.
14:20Non, ce n'était pas facile, paraît-il.
14:22C'est ce que m'ont raconté les arrangeurs qui ont travaillé avec lui.
14:25Et puis, il y a aussi Gérard Calvi, d'ailleurs, qui est un compositeur avec qui vous avez consacré un double CD.
14:32Et il y a un de ses morceaux qui est très, très célèbre.
14:40Le bal de chez Madame de Mortemouille, on l'a tous dans l'oreille.
14:44Tous.
14:45Sans savoir que ça vient des branquignoles.
14:46Totalement.
14:47Et il faut savoir que ce morceau a fait le tour du monde.
14:50Oui.
14:51Il a été repris partout, par tous les grands orchestres américains.
14:54En France aussi, bien évidemment.
14:56Mais lui ne s'attendait absolument...
14:58Gérard Calvi ne s'attendait pas du tout à ce succès.
15:01Pas du tout.
15:02Il avait dit à Robert Diré, ah bon, tu veux une ritournelle ?
15:05Ben, je vais te la faire.
15:06Une nuit, il a écrit cette musique qui a finalement fait le tour du monde.
15:10Voilà.
15:11Parce qu'il faut savoir que les branquignoles ont débuté en 1948,
15:14parce qu'il n'y avait rien à faire au Théâtre de la Bruyère.
15:16Il était vide.
15:17Et Gérard Calvi était un copain des Ries.
15:20Il a écrit les musiques.
15:22Il a dirigé l'orchestre.
15:23C'est ça.
15:24Et ils sont allés jusqu'à New York.
15:26Et c'est, je crois, les branquignoles, sous le titre la plus de m'attente,
15:29le spectacle préféré de la Reine d'Angleterre.
15:31Oui, oui, absolument.
15:32Absolument.
15:33Ils l'ont joué, je crois, à New York.
15:35Ils l'ont joué, je crois, à Buckingham Palace.
15:37Tout à fait.
15:38Ils sont allés en Angleterre.
15:39Et la Reine adorait cette représentation et ces musiques.
15:43Et d'ailleurs, il faut savoir aussi que quelqu'un a regardé ce spectacle
15:48avec beaucoup d'attention.
15:49C'est Benny Hill.
15:50Et quand on voit certains sketches de Benny Hill,
15:52c'est exactement la copie des branquignoles.
15:54Ben, ils ont inspiré beaucoup de gens.
15:56Oui.
15:57Comme vous le disiez, c'est très tôt, les branquignoles, en 1948.
16:01Après, ils ont tracé, finalement.
16:03C'était Robert Derrier, Colin Brosset et leur génie.
16:06Et puis, Gérard Calvi aussi a fait des musiques de films.
16:09Et il a fait le générique de Monsieur Cinéma.
16:11Totalement.
16:12Je crois qu'il était très copain avec...
16:13Pierre Tchernia.
16:14Il était très copain avec lui.
16:15Oui, absolument.
16:16Et en plus, il a composé des musiques...
16:19Gérard Calvi a composé des musiques de films pour les films de Tchernia.
16:23Le Viagé, entre autres.
16:24Le Viagé, par exemple.
16:25Et puis, il a surtout fait un hold-up avec Francis Blanche.
16:29C'est une chanson pour Édith Piaf en quelques minutes.
16:31Ah oui, oui.
16:32Le Prisonnier de la Tour.
16:34C'est incroyable.
16:35En quelques minutes, ils ont composé.
16:37Ils sont allés voir Édith Piaf, qui leur a dit...
16:40Elle lui a dit, j'aimerais que Gérard nous chante cette chanson que vous venez de composer, toi et...
16:48Francis Blanche.
16:49Francis Blanche.
16:50Eh bien, Calvi était mort de peur.
16:53Et finalement, il a commencé à chanter Gérard Calvi, le Prisonnier de la Tour.
16:57Elle a éclaté de rire.
16:58Et elle a dit, bon, allez, je vous l'enregistre.
17:00Oui, c'était mieux par Piaf.
17:02En fait, Francis Blanche avait eu l'idée d'appeler Édith Piaf.
17:06Elle donne un rendez-vous le matin à 11 heures.
17:08Il n'avait rien écrit.
17:09Il appelle Calvi.
17:10Ils ont fait la chanson.
17:11Qui est devenue aussi un succès.
17:13Absolument.
17:14Finalement, il y a beaucoup de grands succès internationaux au monde qui ont été écrits en très peu de temps.
17:20Et puis, vous évoquez Bob Castella.
17:22Donc, on connaît le nom parce que Montand en parlait tout le temps.
17:24C'est un pianiste qui était en même temps le secrétaire d'Yves Montand.
17:27Totalement.
17:28C'était vraiment son homme de confiance, comme on peut dire.
17:31C'est-à-dire ?
17:32Oui.
17:33Ils s'engueulaient tous les deux.
17:34Ils insultaient.
17:35Oui, c'est ça.
17:36Mais il était musicien, Castella ?
17:37Il était musicien, Castella ?
17:39Oui, bien sûr.
17:40Oui, quand même.
17:41Oui, bien sûr.
17:42C'était un bon pianiste.
17:43Mais il n'écrivait pas les arrangements.
17:45En tout cas, pas souvent.
17:47C'est surtout Hubert Rostin qui accompagnait.
17:50C'est surtout Hubert Rostin qui écrivait les arrangements que dirigeait ensuite Bob Castella pour Yves Montand.
17:57Montand est mort et Castella s'est retiré.
17:59Et il est mort deux ans plus tard.
18:01Exactement.
18:02Il y a aussi Michel Colombier dont on connaît tous le nom.
18:04Parce qu'après, il y a Gainsbourg avec Barbara.
18:07Et même pour Prince.
18:08Absolument.
18:09Aux Etats-Unis.
18:10Parce qu'en 1975, après une carrière française dont vous venez de citer les noms principaux,
18:15Michel Colombier a senti qu'il pouvait faire encore plus en allant aux Etats-Unis.
18:19Et il a accompagné là-bas Prince, Madonna.
18:22Incroyable.
18:23C'est incroyable.
18:24Il a tout le gratin de la chanson américaine.
18:26Et on lui doit aussi la musique d'un générique très important.
18:30Eh oui, celle d'Antenne 2.
18:33Quand il y avait le générique final avec les dessins de Folon que l'on voyait voler sur la musique de Michel Colombier.
18:43On connaît le nom, on connaît la musique.
18:45Tout le monde connaît cette musique.
18:46Tous les gens d'un certain âge connaissent cette musique et donc ce générique d'Antenne 2.
18:52Et puis il y a aussi un pianiste dont les airs sont très célèbres.
18:57Il a accompagné un groupe très célèbre.
19:10Une chanson sans calcium des Frères Jacques.
19:13Et le pianiste Hubert de Gex qui est arrivé en 1965.
19:18C'était un monument les Frères Jacques.
19:20Et donc lui il a repris, parce qu'en fait il y avait avant un autre pianiste.
19:23Et c'est lui qui a repris jusqu'à la fin des Frères Jacques.
19:26Certaines compositions d'ailleurs des Frères Jacques et la direction et les arrangements.
19:33On n'imagine pas aujourd'hui ce que représentait la précision des Frères Jacques.
19:37Incroyable.
19:38Chaque geste était répété dans la glace.
19:40Bien sûr, c'est impressionnant.
19:41Leur travail de préparation pour chaque chanson, c'était impressionnant.
19:45Ça ne pouvait pas être autrement.
19:48Un chanteur qui fait des gestes.
19:51Moi je me souviens de Piaf qui répétait devant sa glace.
19:53De Trainet qui répétait devant sa glace.
19:55Et quand on a vu Céline Dion aux derniers Jeux Olympiques en train de se préparer avant sa prestation.
20:00Elle répétait chaque geste.
20:02C'est essentiel.
20:03Absolument.
20:04Et Hubert de Gex je crois ensuite a terminé sa carrière aux deux ânes.
20:08Absolument, il a travaillé aux deux ânes.
20:10Et son épouse aussi.
20:12Florence Brunold.
20:13Mais c'est vrai que quand il accompagnait les chansonniers, personne ne savait qu'il avait travaillé avec les Frères Jacques.
20:19Et puis il a aussi été je crois l'arrangeur de Claude Carrère.
20:23Oui absolument.
20:24Il y a un 45 tours de Claude Carrère.
20:26Je crois que c'est même le premier 45 tours de Claude Carrère chanteur.
20:30Et c'est Hubert de Gex en effet qui l'a arrangé et accompagné.
20:34Parce que Claude Carrère au départ était chanteur.
20:36Et puis il a vu que ça ne marchait pas du tout.
20:38Non, il a fait un deuxième 45 tours.
20:40Et puis après il s'est reconverti dans le métier de la production, de la réalisation.
20:45Et il est venu un soir au Golfe Drouot voir Henri Leproux.
20:48Il dit je cherche une jeune chanteuse.
20:50Il dit il y en a une qui est venue il y a quelques jours que j'ai peut-être inscrit au Tremplin.
20:53Elle s'appelle Annie Chancel.
20:55Il était là à la voir.
20:56C'est devenu Chela.
20:57Voilà.
20:58Absolument.
20:59Et de plus, l'arrangeur de Chela au départ a été un monsieur qui s'appelle Jean Claudric.
21:05Mais comme Jean Claudric écrivait énormément d'arrangements à cette époque-là,
21:10pour tout le gratin de la chanson française au début des années 60,
21:14eh bien Claude Carrère a demandé à Jean Claudric de changer de nom.
21:18Et c'est comme ça que Jean Claudric est devenu Sam Clayton.
21:23Ça fait plus américain.
21:24Ça fait plus américain.
21:26Alors d'autres éléments aussi sur ce livre qu'on va évoquer,
21:29à travers une date qui ne vous concerne pas directement,
21:32mais qui est importante, le 30 juin 1949.
21:34A tout de suite sur Sud Radio avec Serge Ellaïc.
21:37Sud Radio, les clés d'une vie.
21:39Jacques Pessis.
21:40Sud Radio, les clés d'une vie.
21:42Mon invité Serge Ellaïc.
21:43Nous parlons de ce livre monument sur les arrangeurs de la chanson française
21:47que vous avez publié chez Textuel.
21:49Plus de 2000 pages.
21:50Qui est un livre des records à mon avis.
21:52Oui, c'est un livre des records.
21:53Alors on a évoqué quelques noms inconnus que vous rendez connus.
21:56Et puis si j'ai choisi le 30 juin 1949,
21:59c'est que c'est le jour du départ du Tour de France
22:02où une jeune chanteuse va s'illustrer.
22:04Ma cabane au Canada
22:07est blottie au fond des bois
22:10on y voit des écureuils
22:13sur le sol
22:14La première chanson d'Ine Renaud
22:16qui est née d'ailleurs parce que
22:17en rangeant le piano de Loulou Gaste
22:19qui était un peu désordonné,
22:20elle trouve ce texte.
22:21Elle dit à Loulou tu devrais mettre une musique dessus.
22:24Et elle a fait le Tour de France
22:25avec une cabane au Canada sur la voiture.
22:27Et ça a été un événement.
22:29Cette chanson, tout le monde la connaît.
22:31En revanche, on connaît moins le nom de celui
22:33qui a arrangé cette chanson
22:35et qui est dans votre livre
22:36et qui s'appelle Marius Coste.
22:37Totalement, Marius Coste a été un arrangeur
22:39très prisé à la fin des années 40
22:41et puis pendant toutes les années 50.
22:43Il a fait beaucoup d'arrangements
22:44pour Ine Renaud évidemment
22:47mais aussi pour des gens comme Bourvil.
22:50La tactique du gendarme.
22:52La tactique du gendarme qui est dans Le Roi Pandore
22:54et où Bourvil s'appelle Léon Ménard.
22:57Et dans tous ses premiers films il s'appelait Léon Ménard
22:59parce que c'était le nom de son beau-père.
23:01Donc c'était un hommage familial.
23:03Il y a eu aussi Georges Guettari, Romain Desbois.
23:05Totalement.
23:06Ça montre un peu l'anonymat absolu
23:09de ces gens-là, les arrangeurs
23:11que plus personne ne connaît aujourd'hui.
23:13C'est fini.
23:15Marius Coste, c'était un musicien.
23:17Oui, c'était un excellent musicien
23:19mais bon, personne ne le connaît.
23:21Oui, mais il a énormément travaillé.
23:23Énormément, énormément.
23:25Et ces gens n'ont jamais cherché à être connus ?
23:28Voilà, c'est ce que je me suis posé comme question.
23:31Et je leur ai demandé.
23:32Non.
23:33Ils ne tenaient pas, sauf quelques-uns,
23:35ils ne tenaient pas à être connus.
23:36Ils voulaient rester vraiment dans leur tour d'ivoire de la musique.
23:39Ça ne les intéresse pas d'être sous les projos,
23:41comme le disait un arrangeur, Bernard Arcadio.
23:44Les projecteurs, ça ne m'intéressait pas.
23:46Je leur ai à tous posé la question.
23:48Non, ce n'était pas du tout leur objectif.
23:50C'était de faire de la musique et de profiter
23:52du rendu de leurs arrangements
23:54par un grand orchestre ou un orchestre moyen.
23:56C'était un énorme travail, en plus, l'arrangement.
23:58Énorme, énorme, énorme.
24:00Il fallait des jours, des semaines,
24:02pour faire l'arrangement des chansons ?
24:03Alors, ça dépendait des moments.
24:05Parce qu'il y a une époque, dans les années 50-60,
24:07il fallait être, au contraire, très rapide.
24:09Parce que les séances d'enregistrement
24:11duraient trois heures pour trois ou quatre morceaux.
24:14Mais il n'y avait pas un délai énorme
24:16entre le moment où on vous disait
24:18il va falloir arranger telle chanson pour tel chanteur.
24:21Il n'y avait pas beaucoup de temps.
24:23Et les enregistrements se faisaient avec l'orchestre
24:25dans le studio ?
24:26Absolument. Alors, dans les années 50,
24:28le chanteur était avec l'orchestre dans le studio.
24:31Et d'ailleurs, Édith Piaf, Juliette Gréco et quelques autres,
24:34et Jacques Brel, ne supportaient pas
24:36être autrement que devant l'orchestre.
24:40Ils avaient besoin de ce premier public
24:42pour pouvoir chanter bien.
24:44Mais après, cette méthode-là est tombée en désuétude
24:47parce qu'on a enregistré d'abord les instruments,
24:50parfois jusqu'à les enregistrer séparément, d'ailleurs.
24:54On en est arrivé là.
24:56Et ensuite, le chanteur mettait sa voix
24:58sur la bande d'enregistrement de la musique.
25:01Mais il y en a qui n'acceptaient pas ça.
25:03Jacques Brel, jusqu'au bout, il a dit
25:05je ne ferai pas la nouvelle méthode.
25:07Je veux enregistrer avec l'orchestre
25:09dans la salle d'enregistrement.
25:10Juliette Gréco aussi, d'ailleurs.
25:12Et moi, j'ai assisté, caché, dans un coin
25:14à l'enregistrement d'une chanson du dernier disque de Brel
25:16au studio Hoche.
25:17Il arrive, l'orchestre se met debout, au garde-à-vous,
25:20il fait deux versions des Remparts de Varsovie,
25:23il écoute, il en choisit une, il repart
25:25sous les applaudissements de l'orchestre.
25:27Souvent, les musiciens tapaient avec leur archer
25:30sur le violon pour applaudir les chanteurs
25:33et les arrangeurs aussi, qui avaient bien travaillé.
25:36Il y a une anecdote que Sheila m'a racontée.
25:38Elle enregistrait une chanson un jour, en 1964,
25:41et l'ingénieur du son dit
25:42il y a quelque chose d'étonnant dans cette chanson,
25:44il y a un truc qui ne va pas.
25:45Ils écoutent la bande, et ils ont découvert
25:47qu'un des accompagnateurs écoutait sur son transistor
25:50le résultat du tiercé, et que c'était sur la bande.
25:53Il a fallu l'enlever.
25:55C'est assez rare.
25:57Il y a un nom aussi qu'on ne connaît pas,
25:59et pourtant, il a eu beaucoup de chance,
26:02c'est Robert Chauvigny.
26:04Totalement. Robert Chauvigny,
26:08Charles Dumont, qui vient de disparaître,
26:10l'adorait.
26:12Il m'a écrit, il m'a dit,
26:14que sans son arrangement pour Non, je ne regrette rien,
26:17cette chanson ne serait peut-être pas devenue
26:19ce qu'elle est devenue.
26:20Bien sûr, il y avait la voix d'Edith Piaf,
26:22il y avait la composition, les paroles,
26:25mais il m'a écrit et il m'a dit aussi
26:28que sans cet arrangement de Robert Chauvigny,
26:32il n'y aurait pas eu ce succès énorme
26:35qu'a eu cette chanson.
26:36Il faut savoir que Chauvigny est arrivé aussi
26:38au moment où Marguerite Monod avait composé
26:41une chanson qu'elle considérait comme la guimauve
26:43et qu'elle ne voulait pas signer.
26:45Il fallait que quelqu'un signe la chanson,
26:47ça a été Chauvigny, et c'était ?
26:49Edith Piaf.
26:50La Vie en Rose.
26:51Voilà, absolument.
26:52D'ailleurs, l'héritier de Marguerite Monod
26:53était assez furieux de tout ça,
26:54puisque les droits lui ont échappé.
26:56Elle ne croyait pas en La Vie en Rose.
26:58Oui, totalement.
26:59Et donc Chauvigny a écrit les arrangements
27:01de 15 années de Piaf.
27:04Incroyable, tous les grands tubes d'Edith Piaf,
27:08la majorité sont de Robert Chauvigny.
27:11Et d'ailleurs, c'est quelqu'un
27:13qui savait travailler avec Piaf.
27:15Ce n'était pas évident de travailler avec Piaf.
27:17Mais c'est pour ça qu'ils sont restés longtemps ensemble,
27:19parce qu'il y avait vraiment un bon accord entre les deux.
27:21Vous évoquez aussi des familles de musiciens,
27:24notamment Raymond Legrand,
27:25qui a été un chef d'orchestre,
27:27qui a débuté dans les années 30,
27:31et qui en 1946 est arrivé en studio
27:33pour faire les arrangements d'une chanson
27:35qui devait être enregistrée tout de suite
27:38et à laquelle personne ne croyait.
27:40Petit Papa Noël
27:47C'est fou parce que cette chanson
27:49remplace un chœur de Gospel dans le film Destin,
27:54et l'arrangement a été fait par Raymond Legrand en catastrophe.
27:58Totalement.
28:00Raymond Legrand, c'est pareil.
28:02Lui, il a eu une carrière impressionnante.
28:04Il y a eu des hauts et des bas dans sa carrière,
28:06mais depuis le début des années 30
28:08jusqu'à sa disparition au milieu des années 60,
28:13non, je dis des bêtises là,
28:17jusqu'au milieu des années 70,
28:20il a écrit énormément d'arrangements.
28:23Il a fait beaucoup de travail aussi avec Colette Renard.
28:26Oui, il l'a épousée.
28:28Il l'a ruinée aussi.
28:30C'est-à-dire qu'il est parti réguler sans toutes les dettes.
28:33Exactement.
28:34Mais c'était un personnage fantasque.
28:36C'était un personnage fantasque.
28:37Et puis il a eu deux enfants,
28:39Christiane et Michel Legrand.
28:41Christiane Legrand, une des plus grandes choristes françaises.
28:44Et bien sûr, le frère de Christiane, Michel Legrand.
28:47Qui a été arrangeur à ses débuts, on l'oublie.
28:49Totalement.
28:50Mais il a débuté comme ça, comme arrangeur, Michel Legrand.
28:53Je crois que c'est Jacques Canetti qui lui a demandé d'arranger quelques chansons.
28:56Totalement.
28:57Et il a même arrangé Brel à ses débuts.
29:00C'est un de ceux qui a arrangé Brel à ses débuts
29:02avant que François Robert ne prenne l'histoire, on va dire.
29:05Il y a trois arrangeurs qui ont commencé la carrière de Brel.
29:10Il y a eu André Gracie pour le tout premier disque de Brel.
29:13Il y a eu ensuite deux autres, André Poppe et Michel Legrand.
29:17Avant que François Robert ne prenne l'affaire jusqu'au bout.
29:21Jusqu'au dernier disque de Brel,
29:24quand il est revenu enregistrer Les Marquises.
29:26Voilà.
29:27Et il faut savoir que Michel Legrand a dirigé un orchestre
29:29pour la première fois sur scène pour Maurice Chevalier.
29:32En 1956, quand l'Alhambra est devenu l'Alhambra-Maurice Chevalier.
29:36Absolument.
29:37Il y a une scène d'ailleurs où on voit Chevalier sortir de scène
29:40et il fait exactement le moonwalk de Michael Jackson avant la lettre.
29:43Absolument.
29:44Il y a aussi, et ça ça mérite d'entrer dans le livre des records,
29:48l'entretien avec Vladimir Kosma qui a duré je crois dix heures.
29:52Absolument.
29:53Au départ, je ne sais pas comment vous le savez,
29:57mais en tout cas c'est archi vrai.
29:59Au début, j'avais pris rendez-vous comme pour chaque arrangeur.
30:04On m'avait dit pas plus d'une heure et demie.
30:07Donc je suis arrivé à dix heures.
30:09Et puis normalement à 11h30, 12h45, je devais fermer ma valise et partir.
30:13Bon.
30:14Et puis il s'est pris au jeu.
30:15Parce qu'on ne l'interviewait pas du tout sur les arrangements qu'il a faits
30:19pour Jacqueline François, pour beaucoup d'autres chanteurs.
30:23Et donc il s'est pris au jeu et ça a duré jusqu'au soir 21 heures.
30:27Mais il aime bien parler.
30:28Il adore parler, c'est clair.
30:30Il y a une chose qu'il ne vous a pas racontée parce qu'il l'a dit récemment,
30:33c'est qu'il doit son départ de la Roumanie
30:36à de l'argent versé par son père au Parti communiste
30:39pour quitter le pays à un contrat.
30:41Ce qui est fou, hein ?
30:42Oui, c'est fou.
30:43Et puis il y a bien sûr Claude Bolling que vous évoquez.
30:45Parce qu'on connaît le musicien, mais il a aussi été arrangeur.
30:47Il a été arrangeur au début, notamment pour Sacha Distel.
30:50Oui.
30:51Avec les tubes comme Scoubidou, par exemple.
30:53C'est lui qui a fait ses arrangements.
30:54Il a fait aussi de très beaux arrangements pour Jacqueline François.
30:56Voilà.
30:57Et Scoubidou, il ne faut pas oublier que c'est une interjection ajoutée
31:01parce qu'il manquait une phrase et que c'est devenu des objets...
31:04C'est le petit objet que nos congénères connaissent bien.
31:09Voilà.
31:10Et il se trouve qu'un soir, des coiffeurs viennent dans la loge de Distel
31:13en disant voilà, on a fait des petits objets comme ça,
31:15est-ce qu'on peut les commercialiser ?
31:16Distel a dit oui sans réfléchir.
31:18Et il n'a rien demandé.
31:19Il n'a rien demandé.
31:20Et Bolling était aussi, c'était la bande de Boris Vian, le club Saint-Germain.
31:23Absolument, absolument.
31:25Il a aussi composé quelques titres pour Boris Vian.
31:28C'est vrai que Bolling, c'est le jazz et c'est un jazz très particulier
31:33et l'arrangement de jazz n'est pas le même que pour les variétés.
31:36Ah non, pas du tout.
31:37Non, pas du tout.
31:38Il est vraiment séparé, effectivement.
31:40Et puis il y a aussi Jacques Lussier avec ses playbacks.
31:44Ah oui, incroyable ce monsieur.
31:46Qu'est-ce que c'était les playbacks ?
31:47Est-ce que c'est devenu mondial ?
31:48C'était un trio où il y avait Jacques Lussier au piano,
31:52une basse et une batterie.
31:54Et ça a fait le tour du monde.
31:56En reprenant Dubac, bien évidemment, arrangé par Lussier.
31:59Et il a fait aussi un générique d'un feuilleton,
32:01l'un des feuilletons les plus célèbres des années 60.
32:03Totalement.
32:10Rock'n'Ball, qui est un classique avec Pierre Vernier et Jean Topard.
32:13Pierre Vernier vient de quitter.
32:14Et puis il y a eu Thierry Lafronde.
32:15Thierry Lafronde aussi, c'est fou.
32:17Vous évoquez aussi certains arrangeurs plus récents,
32:20comme Gabriel Yared, qui est connu dans le monde entier,
32:23mais qu'on ne connaît pas en France.
32:24Mais non, mais au départ, c'est la même histoire que pour Cosma.
32:28Il a commencé en faisant des arrangements.
32:30Et je suis resté un long moment avec lui,
32:32parce que c'était la même procédure.
32:34Il n'était pas habitué à ce qu'on lui pose des questions
32:37sur la période arrangeur.
32:39Et donc moi, j'ai été heureux de le faire parler pour la première fois
32:42de tout ce qu'il avait fait comme arrangement pour plein de chansons,
32:46notamment pour François Zardy.
32:49J'aime la musique soul.
32:55Ça aussi, ça a surpris tout le monde, cette chanson de François Zardy.
32:58Oui, avec donc une musique de Gabriel Yared.
33:01C'est fou.
33:02Et il y a Michel Jonas qui a aussi beaucoup travaillé avec eux.
33:05Totalement.
33:06Avec Guigui, par exemple, le disque qui s'appelait Guigui.
33:09Les arrangements d'aujourd'hui sont très différents.
33:12Ce n'est plus du tout la même chose.
33:14Aujourd'hui, il n'y a plus l'arrangeur qui était un peu le maître de l'histoire.
33:19Aujourd'hui, c'est ce qu'on appelle, depuis d'ailleurs,
33:21déjà une bonne trentaine d'années, le réalisateur.
33:24C'est-à-dire, avant cette période nouvelle, on va dire,
33:28qui a commencé au début des années 80,
33:30il y avait le chanteur, bien sûr, son directeur artistique,
33:34le régisseur qui réunissait les musiciens nécessaires
33:38à l'enregistrement de l'orchestre.
33:40Et puis, bien sûr, l'ingénieur du son et ensuite les mixages.
33:44Aujourd'hui, ça n'est plus comme ça.
33:46Il y a un maître d'œuvre qui s'appelle le réalisateur
33:49et qui, lui, prend toutes les casquettes.
33:51C'est-à-dire qu'il est à la fois le directeur artistique,
33:54c'est lui qui discute avec le chanteur des morceaux qu'on va interpréter,
33:58c'est lui qui réunit l'orchestre.
34:00C'est un homme qui, en fait...
34:02C'est un homme-orchestre.
34:03C'est un homme-orchestre et c'est lui, généralement, qui enregistre.
34:06C'est lui l'ingénieur du son.
34:08Alors, si les musiciens font des arrangements,
34:12sinon ils demandent à un arrangeur de faire quelques arrangements pour le disque.
34:16C'est dire l'importance de votre livre dans l'histoire.
34:19Ça s'appelle « Les Arrangeurs de la Chanson Française »
34:22chez Textuel, un livre de 2,8 kg.
34:25C'est lourd !
34:26Mais vous, vous n'en faites pas des tonnes et on va continuer à en parler
34:29avec une autre date, le 3 novembre 2024.
34:32A tout de suite sur Sud Radio avec Serge Elahic.
34:35Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:38Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Serge Elahic.
34:41On a évoqué votre carrière de médecin,
34:44ce monument qu'est ce livre,
34:47« Les Arrangeurs de la Chanson Française » chez Textuel.
34:50Et puis, en même temps, vous avez sorti un album
34:53sur Quincy Jones, qui est décédé le 3 novembre 2024.
34:57Et curieusement, votre album est d'actualité.
35:00Oui, ce n'était pas prévu.
35:02Il est sorti en mars 2024.
35:05Et donc, l'idée était de regrouper sur le même album,
35:09enfin là, il y a trois CD, tout ce que Quincy Jones a fait
35:12à Paris quand il y était.
35:14Alors, il est venu vraiment résider à Paris
35:17entre printemps 1957 et fin 1958.
35:20Et il est revenu un petit peu ensuite en 1960.
35:23Et il a beaucoup travaillé à cette époque-là,
35:26à ces époques-là, avec notamment le label Barclay.
35:29Et c'est tout ce qu'on retrouve dans le coffret.
35:32Tout ce qu'il a fait à Paris est dans le coffret.
35:35Essayons quand même de nous souvenir de Quincy Jones,
35:38qui est un des plus grands musiciens du monde.
35:41Il a composé des mélodies qui sont entrées dans la légende.
35:44Il a eu 28 Grammy Awards,
35:46des centaines de disques dorés de platine.
35:48D'ailleurs, il ignorait le nombre exact.
35:50Et il y a quelqu'un qu'il doit beaucoup.
35:59Streeler.
36:00Alors, il se trouve que Michael Jackson avait dit
36:02l'album le plus vendu de l'histoire, ce sera le mien.
36:05Si on prend Casanova Z, il n'y a que des tubes.
36:07Faisons un album où il n'y aura que des tubes.
36:09Vous travaillez avec lui ?
36:10Absolument.
36:11Comment ça s'est passé ?
36:12Il avait connu le jeune Michael Jackson un petit peu avant 1982,
36:17date à laquelle est sorti le disque Streeler.
36:19Il l'avait connu lors d'un film qui s'appelait The Wiz.
36:24Qui était une version plus modernisée du film de Judy Garland.
36:29Tout à fait.
36:30Pendant cette période-là du film,
36:34Michael Jackson a demandé à Quincy s'il pouvait être son producteur.
36:38Quincy a accepté.
36:39Ils ont fait ensemble un premier album en 1979,
36:45puis le second qui a été Streeler,
36:47avant le troisième qui s'appelait Bad en 86-7.
36:50Il faut savoir que Quincy John vient à Paris en 57
36:54pour une raison précise,
36:55il veut apprendre la musique et il ne peut pas faire ça dans son pays.
36:58Absolument.
36:59Nicole Barclay, la femme d'Eddie Barclay,
37:02qui gérait le label Barclay.
37:05La première femme de Barclay.
37:07Nicole Barclay avait appelé Quincy car elle savait qu'il était,
37:10alors qu'il n'avait à l'époque en 57 que 24 ans.
37:13Il avait déjà une réputation d'enfer comme arrangeur.
37:17Et Nicole Barclay, pour améliorer encore le standing de son label,
37:21qui déjà prenait de l'essor,
37:23elle a appelé Quincy John pour lui demander
37:25est-ce que vous voulez devenir directeur musical,
37:27arrangeur, chef d'orchestre pour le label Barclay.
37:31Il lui a dit oui, ça m'intéresse.
37:33Le mais, c'était ce que vous avez dit,
37:35c'est-à-dire est-ce que je pourrais écrire pour les pupitres de cordes.
37:40Parce qu'aux Etats-Unis, les afro-américains ne pouvaient pas le faire.
37:44Ce n'est pas qu'ils ne pouvaient pas.
37:46Ce n'était pas habituel de demander à un afro-américain
37:49de venir faire des arrangements pour cordes.
37:52Il faisait les cuivres, le jazz, le blues ou ce que vous voulez,
37:55mais pas les grands ensembles de cordes.
37:58Et Nicole Barclay lui a dit bien sûr que vous allez faire des cordes
38:01si vous venez au label Barclay.
38:03Et donc c'est pour ça qu'il a pris ses valises
38:05et il est venu à Paris dès le printemps 1957.
38:08Il faut savoir qu'au départ, il vient à Paris pour quelques semaines.
38:11Il prend un bateau de New York au Havre
38:13et il va beaucoup travailler chez un professeur d'exception
38:16qui s'appelle Nadia Boulanger.
38:18Absolument, une pédagogue de premier plan
38:20qui avait eu Michel Legrand comme élève,
38:22qui a eu d'autres musiciens de haut niveau comme élève,
38:27et qui a eu notamment Aaron Copland, un américain.
38:30Il y a eu aussi bien sûr Stravinsky qui est venu avec Nadia Boulanger.
38:37Et Stravinsky a rencontré Quincy Jones.
38:40Et Stravinsky a rencontré Quincy Jones.
38:42Et il y a une petite anecdote, c'est qu'un jour,
38:45ils se croisent, ils discutent,
38:48et à un moment donné, Stravinsky demande à Quincy
38:52« Qu'est-ce que vous faites en ce moment ? »
38:54Et Quincy, innocent, lui répond
38:56« Je suis en train d'écrire pour Henri Salvador
38:58le blues du dentiste. »
39:00Bon.
39:01Grand silence.
39:02Oui, grand silence.
39:03Et puis, très ennuyé, Quincy Jones est allé tout de suite
39:07aller voir Nadia Boulanger, lui dire
39:09« Je crois que j'ai fait une erreur. »
39:10Mais elle lui dit « Non, pas du tout.
39:12Chacun doit faire les musiques qu'il sait faire,
39:14mais avec le mieux possible.
39:16Tant que vous faites parfaitement ce que vous faites,
39:18quel que soit le style, c'est parfait. »
39:21Et elle la rassurait.
39:22Parce que lui, il était ennuyé d'avoir dit ça à Stravinsky.
39:26Il suivait ce que Nadia Boulanger appelait
39:28des cours d'émerveillement musicaux.
39:30Oui, absolument.
39:31Et donc, elle disait à Quincy Jones
39:34« Il n'existe que douze notes.
39:36Tant qu'il n'y en existera pas de treizième,
39:38apprends tout ce que tu peux savoir,
39:40ce qu'on peut faire avec les douze notes. »
39:42Voilà, c'est ça.
39:43Ça revient à cela, c'est-à-dire que
39:44fais le mieux possible avec ce que tu sais déjà,
39:46et ce que tu peux faire.
39:47Voilà.
39:48Et puis, il y a un morceau de Michel Legrand,
39:50aussi élève de Nadia Boulanger,
39:53que Hedy Barclay et son orchestre ont enregistré.
40:13La valse des Lilas, un succès mondial.
40:15Absolument.
40:16Écrit par Michel Legrand et Hedy Barclay.
40:18Au départ, c'était une chanson pour Catherine Sauvage.
40:20Et l'orchestre d'Hedy Barclay l'a enregistré.
40:23Sur la chaîne YouTube, où nous sommes également,
40:25avec près d'un million d'abonnés,
40:27on voit la pochette d'un enregistrement d'Hedy Barclay.
40:30Car Hedy Barclay a été chef d'orchestre
40:32avant de devenir le roi du micro-sillon.
40:33Mais totalement.
40:34Alors, Hedy Barclay a toujours aimé la musique.
40:36Il est pianiste de haut niveau.
40:37Enfin, il se débrouillait très bien au niveau pianistique
40:40dans les années 40-50.
40:41Et donc, un jour, il a décidé de créer
40:44l'orchestre d'Hedy Barclay pour son label.
40:47Bon.
40:48Alors, c'est vrai qu'il a sûrement dirigé des séances
40:51pour cet orchestre d'Hedy Barclay.
40:53Mais il avait aussi l'idée de faire venir
40:56des jeunes musiciens qui avaient de l'avenir.
40:59Et il s'est fait aider par des grands musiciens
41:01qui sont devenus ensuite de haut niveau.
41:03Il y a eu notamment Michel Colombier
41:05qui a orchestré et dirigé pour l'orchestre d'Hedy Barclay.
41:07Il y en a eu d'autres.
41:08Il y a eu Jean Bouchetty, un contrebassiste,
41:10qui lui, plus tard, est devenu l'arrangeur de Michel Fugain
41:13pour tous ses grands tubes du Big Bazaar.
41:15Donc, Barclay savait très bien
41:17ce qu'il faisait en créant cet orchestre.
41:19Il permettait à ces jeunes,
41:21qui, d'évidence, avaient déjà du talent,
41:23de devenir encore plus talentueux.
41:26Il se trouve aussi que Quincy Jones a rencontré Hedy Barclay
41:29dans les clubs de Saint-Germain-des-Prés
41:31où il accompagnait Lionel Hampton.
41:33Absolument.
41:34C'est vrai qu'Hedy Barclay a rencontré
41:36Quincy Jones dans un club
41:38où il y avait Lionel Hampton.
41:40Et tout de suite, comme vous l'avez dit,
41:42le courant est passé entre les deux hommes.
41:44Quincy Jones a demandé à Barclay
41:46« Est-ce que je pourrais venir faire des arrangements pour vous ? »
41:48Et il lui a dit « Bien sûr ».
41:50Et c'est donc Nicole Barclay qui a finalisé l'histoire,
41:52comme je vous l'ai dit tout à l'heure.
41:54Il se trouve qu'ils sont restés très amis
41:56puisque chaque fois qu'il y avait une fête blanche à Saint-Tropez,
41:58c'était tous les étés chez Hedy Barclay,
42:00Quincy Jones débarquait et faisait des morceaux au piano.
42:03Exactement.
42:04Alors, il se trouve qu'Hedy Barclay
42:06a également enregistré un autre morceau
42:09qui est aussi devenu un 33 tours.
42:11Et voilà.
42:17Hedy Barclay, il faut savoir qu'il s'appelle Édouard Ruaud,
42:20qu'il a pris le pseudonyme après la guerre,
42:22après la Libération,
42:23et qu'il s'est fait un look à la Clark Gable
42:25parce que c'était à la mode.
42:26Tout à fait.
42:27Et voilà, qu'est-ce que c'est ?
42:28Alors, c'est une composition
42:30de Michel Legrand et d'Hedy Barclay.
42:34Et ce morceau a été chanté
42:38par un grand crooneur américain,
42:40qui s'appelle Jean-Claude Barclay.
42:42Et ce morceau a été chanté
42:45par un grand crooneur américain
42:47qui s'appelle Frank Hylène, tout simplement.
42:49Oui.
42:50C'est vous dire que cette musique a tracé ensuite.
42:53Elle figure dans cet album de trois CD
42:56qui est chez Marion Melody.
42:58Il y a 74 titres parce que
43:00Quincy Jones a beaucoup, beaucoup travaillé.
43:02Ah oui, c'est une petite partie de sa vie musicale,
43:06les 74 titres.
43:08Alors, il se trouve aussi que ces cinq années
43:10qu'il a passées à Paris,
43:11il a passé en studio avec des débutants
43:13qui s'appelaient Jacques Brel, Charles Aznavour,
43:15Claude Nougaro et quelques autres.
43:17Il les a tous croisés.
43:18Il les a tous croisés, en effet.
43:19Il y avait Nana Mouskouri, il l'a repéré, je crois.
43:21Absolument.
43:22Il a travaillé avec elle un peu plus tard
43:23sur un album en 1962.
43:26Oui, en fait, je crois, d'après ce que je sais,
43:28qu'il a repéré sa voix particulière.
43:31Il a fait un album de classique du jazz
43:33qui a lancé Nana Mouskouri aux Etats-Unis.
43:35Absolument.
43:36Et puis, il y avait Henri Salvador,
43:37ils ont été très copains.
43:38Oui, on a parlé tout à l'heure
43:40de La Blouse du Dentiste.
43:41Ça s'appelait aussi La Blouse du Dentiste,
43:43ou Blouse du Dentiste, le morceau.
43:45Ou Blouse du Dentiste, B-L-U-E-S, bien sûr.
43:47Et donc, ils sont devenus très amis.
43:50Et plus tard, en 2002, je crois,
43:54quand Salvador est revenu.
43:57Oui, quand Salvador est revenu
43:59avec son album Chambre avec vous,
44:01il a eu un énorme succès,
44:02un million et demi de disques vendus.
44:03Eh bien, Salvador a été demandé à New York
44:07par Quincy Jones pour venir chanter.
44:09C'était au Forum économique de Davos,
44:11qui pour une fois n'était pas à Davos,
44:13c'était à New York.
44:15Et donc, il a fait venir son ami Henri Salvador
44:18pour venir chanter.
44:19Et c'est Quincy qui dirigeait l'orchestre.
44:21Et dans ce triple CD, il y a une chanson
44:23qui, pour les Parisiens, est l'actualité.
44:27Moi, je voudrais m'offrir une grosse voiture
44:31Rouge et verte avec des ailes chromées
44:35Pour me pavaner dans la nature
44:39Moi, je préfère les mers chèvres
44:42On ne préfère pas les obligatoires aujourd'hui.
44:44Aujourd'hui, à Paris, c'est obligé.
44:46Voilà.
44:47Alors ça, ce sont les Français.
44:49Mais il y a aussi une chanteuse,
44:51une légende du jazz,
44:52qui a travaillé avec Quincy Jones.
44:54Sarah Vaughan, une des quatre chanteuses de l'histoire du jazz,
45:10avec l'album que vous montrez, bien sûr.
45:13À ceux qui nous regardent sur YouTube,
45:15il y a Ella Fitzgerald, Zina Simone, Billie Holiday et Sarah Vaughan.
45:18Absolument.
45:19Elle avait une voix très particulière.
45:20Ah oui, oui, absolument.
45:22Elle se démarquait totalement des trois autres dont vous avez parlé.
45:25Et je crois que Amy Winehouse,
45:27elle l'a citée dans une chanson qui s'appelle « October Song ».
45:30Elle a laissé une trace.
45:32Absolument.
45:33Jusqu'à ces dernières années,
45:35Quincy Jones a régulièrement fait des détours par la France.
45:38Il venait de temps en temps.
45:39Il adorait la France.
45:40Il a gardé un souvenir de ces musiques
45:43qu'il a enregistrées à Paris,
45:45entre 1957 et 1960, on va dire.
45:47Il a gardé un souvenir mémorable.
45:51Chaque fois qu'il a été interviewé,
45:53pour diverses raisons,
45:55il cite toujours son séjour parisien.
45:57Il a adoré être parisien.
45:59Et quand il est venu en 2019
46:02pour un concert à l'Aréna...
46:04Le 27 juin, oui.
46:05Le 27 juin,
46:06eh bien, il était sur la scène.
46:08On le voit dans le film.
46:10Il est sur un beau fauteuil à gauche de la scène,
46:13quand on regarde la scène.
46:15Et à la fin,
46:17il voit l'orchestre,
46:19plusieurs dizaines de musiciens,
46:21dirigés par un Allemand qui s'appelle Jules Buckley.
46:24Et il voit cet orchestre magnifique
46:26avec plein de chanteurs.
46:27Et à la fin, c'est lui qui vient diriger.
46:29Il se lève de son fauteuil
46:31et il vient diriger le dernier morceau,
46:33« Let's a good time roll »,
46:35« Laissez le bon temps rouler ».
46:36Et c'est formidable.
46:38Et il dit à la fin,
46:40« J'adore la France.
46:42C'est comme ça. »
46:44Et pas autrement.
46:46Et puis justement,
46:47« Paris » est évoqué dans ce coffret
46:50que vous avez sorti,
46:51avec cette chanson,
46:52cette version américaine
46:53interprétée par Andy Williams.
47:07« Sous le ciel de Paris »,
47:08chanson d'air d'un film
47:09qui s'appelle « Sous le ciel de Paris »
47:10de Julien Duduillet,
47:11que Edith Piaf et quelques autres ont repris.
47:13Il l'a adaptée, Andy Williams,
47:15avec Quincy Jones.
47:17Ah oui, c'est vraiment un excellent album.
47:19D'un bout à l'autre de l'album de Andy Williams,
47:22on a des chansons orchestrées
47:23de façon remarquable.
47:24Et la voix de ce crooner
47:26a été ensuite présente
47:28pendant des dizaines d'années.
47:29Il a même, à la fin de sa vie,
47:31Quincy Jones,
47:32travaillé avec Zaz.
47:33Absolument.
47:34Il a fait trois titres pour Zaz.
47:35Absolument.
47:36C'est assez étonnant.
47:37Oui, mais il l'a fait.
47:39Alors, Quincy Jones,
47:41il nous a quittés,
47:42mais c'est une légende
47:43qu'on n'oubliera jamais
47:44parce qu'il a beaucoup apporté
47:45au monde de la musique
47:46et de l'arrangement.
47:47Oui, complètement.
47:48Il a tracé, lui aussi.
47:50Vraiment.
47:51Parce que les arrangements
47:52qu'il a écrits, notamment,
47:53quand il était en France,
47:54n'ont rien à voir
47:55avec ce que les arrangeurs français
47:57de la même époque faisaient.
47:59C'était plus classique,
48:00si vous voulez.
48:01Lui, il a modernisé les arrangements
48:04en apportant une touche jazz
48:06à ses arrangements.
48:07Comme l'avait déjà fait,
48:08à vrai dire,
48:09Michel Legrand
48:10et un tout petit peu après,
48:11Gregor Hager,
48:12l'arrangeur de Gainsbourg
48:13pour le Poinçonneur des Lilas,
48:14entre autres.
48:15Vous les évoquez
48:16dans ce coffret
48:17Quincy Jones
48:18en studio à Paris,
48:195760,
48:20chez Marion de Mélody.
48:21Et les arrangeurs,
48:22vous les évoquez
48:23dans ce livre magique,
48:24Les Arrangeurs
48:25de la Chanson Française.
48:26Merci, Serge Halaïc.
48:27C'est moi qui vous remercie,
48:28Jacques Vessi.
48:29De nous faire partager
48:30votre passion.
48:31Ben oui, merci mille fois.
48:32Merci et continuez,
48:33ne changez rien.
48:34On va essayer.
48:35Merci.
48:36L'Eclipse d'une Vie,
48:37c'est terminé pour aujourd'hui.
48:38On se retrouve bientôt.
48:39Restez fidèles à l'écoute
48:40de Sud Radio.

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