A l'occasion des 50 ans des Questions au Gouvernement, pour célébrer le droit des députés à interpeller le gouvernement, l'Assemblée nationale, sous l'égide de sa présidente Yaël Braun-Pivet, organise une reconstitution théâtrale pour une séance extraordinaire de « Questions aux Géants ».
Dans une volonté assumée d'abolir le temps, les plus grands ministres de la République (André Malraux, Robert Badinter, Simone Veil) répondent aux plus grands orateurs de la République (Victor Hugo, Jean Jaurès, Alphonse de Lamartine...), en résonance avec des thèmes d'actualité majeurs tels que le mariage pour tous, la politique sociale, la peine de mort, les droits des femmes.
Les comédiens de la compagnie La boîte aux lettres incarneront les personnages historiques tandis que la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, tiendra elle-même le perchoir.
Cette reconstitution aura lieu en présence d'étudiants, au sein de l'hémicycle.
LCP mobilise son antenne à l'occasion des grands évènements. Journées parlementaires, grands débats, votes et explications de vote, auditions des commissions d'enquête, congrès, session extraordinaire, discours et grandes cérémonies...la vie politique avec l'analyse des meilleurs experts et politologues.
Dans une volonté assumée d'abolir le temps, les plus grands ministres de la République (André Malraux, Robert Badinter, Simone Veil) répondent aux plus grands orateurs de la République (Victor Hugo, Jean Jaurès, Alphonse de Lamartine...), en résonance avec des thèmes d'actualité majeurs tels que le mariage pour tous, la politique sociale, la peine de mort, les droits des femmes.
Les comédiens de la compagnie La boîte aux lettres incarneront les personnages historiques tandis que la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, tiendra elle-même le perchoir.
Cette reconstitution aura lieu en présence d'étudiants, au sein de l'hémicycle.
LCP mobilise son antenne à l'occasion des grands évènements. Journées parlementaires, grands débats, votes et explications de vote, auditions des commissions d'enquête, congrès, session extraordinaire, discours et grandes cérémonies...la vie politique avec l'analyse des meilleurs experts et politologues.
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00:00:00On dit souvent que les séances dans l'hémicycle, c'est du théâtre.
00:00:14Eh bien, Chiche, l'Assemblée, a inventé une séance de questions-réponses où se
00:00:18côtoient Victor Hugo, Jean Jaurès ou encore Gisèle Halimi.
00:00:22Ça s'appelle « Questions aux géants » et c'est tout de suite sur LCP.
00:00:25Bonjour à tous, vous pouvez vous asseoir.
00:00:45L'ordre du jour appelle les questions au gouvernement et j'ajouterai, mesdames et
00:00:56messieurs, des questions au gouvernement pas comme les autres.
00:00:59Il y a 150 ans, en 1875, les lois constitutionnelles de la Troisième République reconnaissaient
00:01:07aux députés le droit d'interpeller le gouvernement.
00:01:11Il y a un peu plus de 50 ans, le 12 juin 1974, ce droit prenait la forme moderne d'une séance
00:01:19hebdomadaire de questions au gouvernement, les fameuses QAG.
00:01:23C'était une idée lancée par Valéry Giscard d'Estaing pendant sa campagne présidentielle
00:01:30et mise en œuvre juste après son élection par mon prédécesseur Edgar Ford.
00:01:36Enfin, il y a 30 ans, en 1995, nous passions à deux séances de questions par semaine.
00:01:43Pour célébrer dignement ce triple anniversaire, j'ai voulu convoquer une fantastique séance
00:01:49des QAG que nous pourrions appeler « Questions aux géants ».
00:01:53Par la magie du théâtre, en effet, nous allons aujourd'hui abolir le temps.
00:01:58De grands orateurs et oratrices de l'histoire parlementaire vont pouvoir interroger les
00:02:04plus grands ministres, toute époque et tout régime confondus, pour notre plus grand bonheur.
00:02:09Et pour bien commencer cette séance exceptionnelle, j'ai l'immense honneur de donner la parole
00:02:15à monsieur Jean Jaurès, député du Tarn et président du groupe Socialiste.
00:02:22Madame la Présidente, mes chers collègues, ma question s'adresse à madame la ministre
00:02:31de la santé et de l'accès aux soins.
00:02:34Il ne suffit pas, madame la ministre, d'agiter ces mots de progrès social, de réforme sociale,
00:02:46qui retentissent maintenant dans tous les discours, sont reproduits dans tous les articles
00:02:52et dans tous les programmes.
00:02:53Il s'agit de savoir quel sens précis nous mettons sous ces mots, et il ne faut pas qu'ils
00:03:00soient comme ces sons de cloche dont parlait le philosophe, sous lesquels chacun croit
00:03:05entendre la chanson qu'il a déjà dans l'esprit.
00:03:08Il faut, messieurs, que nous instituions entre nous une explication claire.
00:03:16En effet, à quoi serviraient toutes les affirmations de principe et de programme dans le Parlement
00:03:25si au-dehors, la libre action légale de la classe ouvrière organisée était perpétuellement
00:03:32contrariée et refoulée ? Or, j'ai le droit de reprocher au gouvernement qui est sur ces
00:03:40bancs d'avoir pratiqué depuis quelques mois, à l'égard de la classe ouvrière et de son
00:03:45action dans le pays, une politique de répression, une politique de refoulement.
00:03:50Oui, oui, prenez garde.
00:03:53La société d'aujourd'hui, que vous savez critiquer mais que vous ne savez comment remplacer.
00:03:59Et vous non plus, vous non plus, monsieur Jaurès.
00:04:04Monsieur Barrès, s'il vous plaît, seul monsieur Jaurès a la parole.
00:04:06Eh bien, vous, qui nous demandez sans cesse ce que nous voulons faire, ce que nous voulons
00:04:16mettre à la place de la société d'aujourd'hui, je vous demande simplement ceci.
00:04:20Comment expliquez-vous le prodigieux écart entre la fortune énorme des uns et le néant
00:04:30de fortune, le néant social des autres ? Est-ce que vous l'expliquez par hasard, par une
00:04:39différence dans la puissance du travail et dans l'habitude du labeur ? Allez-vous
00:04:49dire qu'il n'y a eu que travail et que peine au sommet de cette échelle de milliards,
00:04:54et qu'il n'y a eu que oisiveté, paresse et incapacité dans la grande classe productrice
00:04:59? D'où vient donc cet écart ?
00:05:03Simplement de ceci.
00:05:07C'est que les uns, en vertu de la constitution actuelle de la propriété, en vertu de ce
00:05:14que vous appelez la propriété individuelle, les uns possédant le capital sans lequel
00:05:20les autres ne peuvent ni travailler, ni vivre, possédant les vastes domaines, les usines,
00:05:28les mines, les chantiers, les maisons à loyer, prélèvent ainsi un tribut incessant,
00:05:35une dîme incessante sur le travail productif de millions et de millions de citoyens.
00:05:41Est-ce que vous pourriez conclure, monsieur Jaurès, s'il vous plaît ? Vous avez largement
00:05:46dépassé votre temps de parole.
00:05:47Eh bien, madame la ministre, nous, nous vous disons cela.
00:05:54Allez-vous condamner éternellement ceux qui produisent à subir cette forme de propriété
00:06:04et une société où les moyens de travail, tous les moyens de travail, la terre, les
00:06:09mines, les chantiers seraient possédés non pas par une minorité de capitalistes dirigeants
00:06:16mais par la totalité des producteurs eux-mêmes, groupés et fédérés ?
00:06:21Est-ce que cette société-là ne serait pas meilleure, plus juste, plus humaine ?
00:06:30Répondez avant de jeter l'anathème.
00:06:35Je vous remercie, mon cher collègue.
00:06:39La parole est à présente à madame Germaine Poinçon-Chapuis, ministre de la Santé, première
00:06:44femme, à occuper un ministère de plein exercice.
00:06:47Madame la présidente, je vous remercie et je me permettrai d'ajouter que c'est un honneur
00:06:54pour moi de m'exprimer devant la première femme à présider l'Assemblée nationale.
00:07:01Mes chers collègues, monsieur le député Jaurès, dans tous les rapports parlementaires
00:07:10comme dans votre discours, nous trouvons cette préoccupation prédominante de répondre
00:07:17à des besoins actuels qui peuvent se résumer en ceci.
00:07:21Il faut garantir un pouvoir d'achat minimum aux classes les plus défavorisées et parmi
00:07:29elles à la classe laborieuse.
00:07:31Il est incontestable que si nous ne portons pas aujourd'hui notre premier effort sur la
00:07:40revalorisation du pouvoir d'achat, nous aboutirons à l'étranglement, à l'écrasement de notre
00:07:47production et par suite au chômage dans un délai plus ou moins long.
00:07:51En premier lieu, nous devons penser le problème des salaires.
00:07:57Tout se joue ici.
00:07:59Et cette question qui se réglera d'abord à l'échelon national car c'est à l'Etat
00:08:06de garantir un minimum de justice à l'ensemble des citoyens.
00:08:11A l'Etat et pourquoi pas aux entreprises, ajouterai-je, car laisser jouer librement
00:08:20au sein de chaque entreprise les lois économiques, c'est transposer sur le plan de l'entreprise
00:08:26les injustices et les inégalités qui existent actuellement sur le plan des hommes.
00:08:32Car c'est accepter que certaines catégories de travailleurs appartenant à des entreprises
00:08:39défavorisées ne bénéficieront même pas du minimum vital.
00:08:44Reprenons la formule toujours vraie de l'accord d'air qu'entre le fort et le faible, la liberté
00:08:53c'est l'oppression, je dirais que le rôle de l'Etat est précisément d'intervenir pour
00:09:00que cette liberté ne soit point assez totale pour se traduire en oppression envers le plus
00:09:06défavorisé.
00:09:07Qu'il s'agisse du travailleur ou de la catégorie d'entreprise qui groupe des travailleurs,
00:09:14il faut donc un salaire minimum national garanti.
00:09:20Cette solution n'exclut point, bien au contraire, qu'à l'intérieur de chaque entreprise les
00:09:27travailleurs soient associés à la vie de celle-ci, à sa production et à son effort
00:09:33de productivité.
00:09:34Cette forme de rémunération qu'on a appelée le salaire proportionnel peut parfaitement
00:09:40s'ajouter, se juxtaposer au salaire minimum et à l'échelle mobile applicable au salaire
00:09:47minimum.
00:09:48Mais nous voulons à la base la garantie que personne en France, personne, ne sera conduit
00:09:56à mourir de faim pendant que d'autres n'auront plus que le nécessaire.
00:10:01C'est du bolchevisme en puissance, Madame la Présidente.
00:10:05Monsieur Barrès, s'il vous plaît.
00:10:07Madame la Ministre, poursuivez.
00:10:08Merci, Madame la Présidente.
00:10:11Ce n'est pas du bolchevisme, Monsieur Barrès, c'est de l'humanisme.
00:10:16Vous voyez bien que j'ai insisté surtout sur les aspects économiques du problème.
00:10:22Je n'ai pas voulu, dans un débat que nous avons tous désiré sérieux et taillé et
00:10:28sans surenchère, jeter cet élément humain qui a pourtant, à nos yeux, tant de prix.
00:10:33Cet élément qui domine encore les réalités économiques, mais qui ne saurait les mépriser
00:10:39sous peine de porter lui-même à faux.
00:10:41Faire à l'homme sa place dans l'économie, lui donner ce qui lui est dû de cette richesse
00:10:47dont il est le véritable promoteur et le créateur de tous les instants.
00:10:51En somme, permettre à l'homme, en lui donnant ce qui lui est dû, de devenir chaque jour
00:11:00plus pleinement lui-même, de se développer en même temps que nous développons des richesses économiques.
00:11:05Favoriser le développement de l'homme, cette extension des possibilités de l'homme,
00:11:12trouvant enfin les moyens de se réaliser grâce à l'accroissement de ses ressources
00:11:18Ce n'est pas aller contre le réalisme, contre l'intérêt, bien entendu, de chacun.
00:11:23Ce n'est pas aller contre la solidité des structures économiques, contre l'avenir du pays.
00:11:28S'il vous plaît, Madame la Ministre, merci de conclure.
00:11:31Bien, Madame la Présidente.
00:11:32En terminant, je vous citerai ce mot de Clémenceau.
00:11:39En accroissant l'homme, nous accroissons la patrie.
00:11:45Merci beaucoup.
00:11:48Merci Madame la Ministre, je vous remercie.
00:11:51La prochaine question va être posée par M. Alphonse de Lamartine,
00:11:55poète romantique et député indépendant du Nord.
00:11:58Sa question portera sur l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises.
00:12:03M. le député, vous avez la parole.
00:12:07Madame la Présidente, mes chers collègues,
00:12:13il est impossible que nos colonies ne s'agitent pas.
00:12:19Les esclaves entendent parler tous les jours de l'émancipation de leurs frères dans les colonies anglaises.
00:12:27L'impatience de la liberté les remue.
00:12:31Ils attendent, ils complotent, ils désertent en grand nombre.
00:12:39Le gouvernement et les conseils coloniaux craignent avec raison cette contagion de la liberté
00:12:47qui se répand sur nos îles comme un fléau et qui devrait s'y répandre comme un bienfait.
00:12:56Ils vous demandent de nouvelles mesures.
00:12:58Les événements prévus ou imprévus les forceront à vous en demander davantage aux trésors.
00:13:04Et vous les accorderez parce qu'il faut à tout prix protéger les propriétés et les vies de nos compatriotes.
00:13:11Et de nécessité en nécessité, de crédit en crédit,
00:13:15ajouté aux 30 millions que vos colonies coûtent déjà depuis longtemps à la France,
00:13:22vous aurez dépassé peut-être le chiffre des dépenses que l'émancipation aurait coûté au pays.
00:13:30L'homme ne peut être acheté.
00:13:36Il ne peut même se vendre lui-même car la dignité humaine ne lui appartient pas.
00:13:42Elle appartient à l'humanité toute entière.
00:13:46Aucune loi sociale ne peut reconnaître cet avilissement de l'humanité dans le commerce forcé ou volontaire de l'homme.
00:13:54Elle profanerait l'homme et Dieu.
00:13:59D'ailleurs, si l'on pouvait se vendre soi-même par un abus monstrueux du droit de possession de soi-même,
00:14:04on le peut vendre au-delà de soi-même.
00:14:09L'état actuel de l'esclavage dans nos colonies admet cette vente.
00:14:15Par le père et par la mère.
00:14:17Des enfants nés, mais aussi à naître.
00:14:23Et quelle mère peut voir, sans que son cœur soit refoulé en elle,
00:14:28sourire son enfant destiné à lui être arraché pour l'esclavage ?
00:14:34Quelle mère, si elle a une pensée humaine,
00:14:39peut sentir sans regret et sans horreur palpiter dans son sein
00:14:43un être vendu d'avance au fouet des Blancs ?
00:14:49Ils ne peuvent, dit-on, supporter la liberté ?
00:14:54C'est une race imparfaite qu'il faut élever à l'humanité par la servitude ?
00:15:01Monstrueux prétexte de la barbarie de nos lois.
00:15:09Ils ne peuvent supporter la liberté ?
00:15:12Est-ce que la liberté est plus lourde à porter que l'esclavage ?
00:15:20Et nous qui parlons, supporterions-nous l'esclavage ?
00:15:25Et cependant, qui de nous osera dire que l'esclavage
00:15:28n'est pas plus difficile à supporter que la liberté ?
00:15:34C'est ainsi que des législations entières,
00:15:38stupides, se font des raisons de leur vices-mêmes.
00:15:45Tout au contraire, messieurs,
00:15:48nous avons le droit d'être humains pourvu que nous sachions être justes.
00:15:54Nous avons le droit de gémir et nous indigner de voir des hommes,
00:15:57nos frères, traqués comme de vils troupeaux,
00:16:00chassés à un travail de seize heures avec le fouet pour salaire,
00:16:04condamnés au concubinage le plus brutal, à la promiscuité des enfants,
00:16:09ces enfants vendus à un maître, la mère à un autre,
00:16:16le père à un troisième, l'âme profanée avec le corps,
00:16:21l'ignorance imposée à l'esprit,
00:16:26l'interdiction systématique de toute instruction élémentaire,
00:16:30même du droit d'apprendre à lire.
00:16:33Nous avons le droit d'abolir de telles atrocités sociales.
00:16:41Messieurs, sont donc quelquefois nos consciences,
00:16:48nous qui recherchons avec tant de jalousie et de scrupule
00:16:51ce qui peut nous manquer en droit individuel, civil, constitutionnel ?
00:16:58Pensons-nous quelquefois qu'à quelques journées de nos rivages,
00:17:02sous le même Dieu, sous la même loi, sous le même drapeau que nous,
00:17:08il y a des milliers d'hommes qui ne connaissent ni nationalité,
00:17:14ni religion, ni famille,
00:17:20qui n'ont d'autre loi que le caprice d'un maître, délégué par un maître,
00:17:24sujet d'un peuple libre,
00:17:27pour qui le mot de liberté n'est qu'une dérision amère.
00:17:34Hommes, pour qui le nom d'homme n'est qu'une ironie et une malédiction.
00:17:45Pensons-y et faisons-y penser la loi.
00:17:50Sollicitons l'effort du gouvernement et des chambres.
00:17:53Nous accusons sans cesse ici la stérilité de nos révolutions.
00:17:57Eh bien, que nos révolutions profitent du moins à quelqu'un
00:18:04et que le contre-coup de notre liberté se fasse sentir à nos esclaves.
00:18:11Merci beaucoup, mon cher collègue.
00:18:14La parole est à monsieur Victor Schoelcher, secrétaire d'État à la Marine et aux colonies.
00:18:21Madame la présidente, monsieur le député,
00:18:29celui qui prétend avoir le droit de garder des hommes en servitude
00:18:34parce qu'on ne trouverait pas de bras libres pour planter des cannes
00:18:38et celui qui soutiendrait qu'on a le droit de voler parce qu'on n'a pas d'argent
00:18:45sont à nos yeux de fous ou de scélérats absolument pareil.
00:18:53Lorsque j'arrive à réduire ce droit à son expression la plus concrète,
00:19:00lorsque m'isolant par abstraction du monde matériel
00:19:05et me retirant dans le monde intellectuel,
00:19:07je ne me représente que de deux hommes.
00:19:12L'un se dit le maître de l'autre, de sa volonté, de son travail, de sa vie, de son cœur.
00:19:23Cela me donne tantôt un fou rire, tantôt des vertiges de rage.
00:19:30Que l'esclavage soit ou ne soit pas utile, il faut le détruire.
00:19:37Une chose criminelle ne doit pas être nécessaire.
00:19:42Si l'on dit une fois que ce qui est moralement mauvais peut être politiquement bon,
00:19:51l'ordre social n'a plus de boussole et s'en va au gré de toutes les passions des hommes.
00:20:00La violence commise envers le membre le plus infime de l'espèce humaine
00:20:05affecte l'humanité entière.
00:20:08Chacun doit s'intéresser à l'innocent opprimé sous peine d'être victime.
00:20:14À son tour, quand viendra un plus fort que lui pour la servir.
00:20:22La liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle.
00:20:30Vous ne pouvez toucher à l'une sans compromettre toutes à la fois.
00:20:37Considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine,
00:20:43qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme,
00:20:47il supprime le principe naturel du droit et du devoir,
00:20:51qu'il est une violation du dogme républicain, liberté, égalité, fraternité.
00:21:01Considérant que si des mesures effectives ne suivaient pas de très près
00:21:06la proclamation déjà faite du principe de l'abolition,
00:21:09il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables des ordres.
00:21:17L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises
00:21:24deux mois après la promulgation du présent décret, dans chacune d'elles.
00:21:30À partir de la promulgation du présent décret, dans les colonies,
00:21:35tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres seront absolument interdits.
00:21:43À l'avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout Français de posséder, d'acheter ou de vendre des esclaves
00:21:53et de participer soit directement, soit indirectement à tout trafic ou exploitation de ce genre.
00:22:02Toute infraction à ces dispositions entraînera la perte de la qualité de citoyens français.
00:22:12Merci beaucoup Monsieur le Ministre.
00:22:15La parole est à présent à Monsieur Maurice Barrès, député nationaliste de la Seine,
00:22:19pour une question portant sur la peine de mort.
00:22:22Je vous remercie Madame la Présidente.
00:22:26Monsieur le Garde des Sceaux, mes chers collègues,
00:22:31je suis partisan du maintien de la peine de mort.
00:22:36Je suis partisan de son maintien et de son application.
00:22:40Et je voudrais revenir sur un point particulier, si je puis.
00:22:45L'opinion de ceux qui croient que la suppression de la peine de mort serait un progrès moral pour la société française.
00:22:57Mais quelle honte, Monsieur Barrès ! La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie !
00:23:03Monsieur le député Hugo, s'il vous plaît, seul Maurice Barrès a la parole.
00:23:09C'est une tradition très puissante dans la vie politique et dans la littérature politique de ce pays.
00:23:16Des esprits très nombreux et fort généreux, certes,
00:23:22croient que l'abolition de la peine de mort, c'est un pas en avant vers la voie du progrès.
00:23:30Eh bien, je ne raisonnerai pas dans l'abstrait, je regarde la situation de la ville de Paris.
00:23:38Si nous supprimons la peine de mort, si nous faisons cette expérience de désarmement,
00:23:46au risque de qui serait-elle faite ?
00:23:50Il faut bien le constater, ce sont les pauvres que nous découvrons, ce sont eux qui pâtiront d'abord.
00:23:57Quoi qu'on fasse, il faut bien constater que la police protégera toujours mieux les riches que les pauvres.
00:24:05Quel aveu, Monsieur Barrès !
00:24:08Si nous lisons simplement au jour le jour les faits divers,
00:24:12nous voyons bien qu'à côté de quelques assassinats sensationnels qui retiennent l'attention du public,
00:24:19l'immense majorité des crimes se porte sur le peuple des faux bourgs, et puis sur des faibles et des isolés.
00:24:28Ainsi, cette réforme que vous croyez généreuse,
00:24:32il faut bien constater qu'elle augmenterait les risques du petit peuple.
00:24:37Allons au fond de la question.
00:24:40Il semble que dans la disposition traditionnelle qu'ont un grand nombre d'esprits éminents, généreux,
00:24:50à prendre en considération les intérêts de l'assassin, à s'y attarder avec une sorte d'indulgence,
00:24:57il y a cette erreur de croire que nous nous trouvons en présence d'une sorte de barbare tout neuf,
00:25:06auquel il aurait manqué quelques-uns des avantages sociaux que nous autres, plus favorisés, nous possédons.
00:25:14Eh bien cette hypothèse n'est pas d'accord avec les renseignements que nous donne la science.
00:25:21Les éléments neufs, ceux qui sortent de la masse et qui n'ont pas encore pris la forme civilisée, c'est précieux, c'est sacré.
00:25:32Ces éléments neufs valent mieux que nous, sont plus précieux peut-être que tels civilisés arrivés à un degré élevé de développement.
00:25:42Ce barbare tout neuf a encore tout à fournir.
00:25:47Mais les apaches, ne sont pas des forces trop pleines de vie, de beaux barbares qui font éclater les cadres de la morale commune.
00:25:59Non, ce sont des dégénérés.
00:26:03Loin d'être orientés vers l'avenir, ils sont entravés par des tares ignobles.
00:26:09Et à l'ordinaire, quand nous nous sommes en présence du criminel, nous trouvons un homme en déchéance.
00:26:16Un homme tombé en dehors de l'humanité et non pas un homme qui ne serait pas encore arrivé à l'humanité.
00:26:24Pour ma part, je demande que l'on continue à nous débarrasser de ces dégradés, de ces dégénérés, dans les conditions légales d'aujourd'hui.
00:26:35En tenant compte des indications qui nous sont fournies par les hommes de science, compétents, s'ils nous disent que celui-ci relève des asiles plutôt que de la punition.
00:26:45Je crois qu'il y a lieu de recourir à la punition exemplaire.
00:26:51J'ai été très frappé en lisant les enquêtes nombreuses qui ont été ouvertes ça et là sur la suppression de la peine de mort.
00:27:02De voir qu'au fond de la plupart des réponses, il y avait ceci.
00:27:07Je ne serais pas capable de juger un homme.
00:27:12Répugnance, impuissance, même des gens trop cultivés à accepter des responsabilités.
00:27:22Oui, j'ai vu cette idée plus ou moins nettement exprimée, que c'est une charge lourde pour un homme.
00:27:30Et c'est la vérité.
00:27:32D'intervenir hautement et de dire avec netteté, celui-ci est coupable, celui-ci doit être frappé.
00:27:40C'est d'un goût monsieur Barrès, vous êtes d'une cruauté.
00:27:44La vie elle-même est chose cruelle.
00:27:48Et ce n'est pas avoir fourni un argument contre la peine capitale, de dire ce que personne ne nie.
00:27:55Une vision de décollation est chose atroce.
00:27:59C'est par amour de la santé sociale que je souhaite le maintien et l'application de la peine de mort.
00:28:09Je vous remercie monsieur le député.
00:28:11La parole est à présent à monsieur Robert Badinter, ministre de la Justice, garde des Sceaux.
00:28:16Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs les députés, je regarde la marche de la France.
00:28:36La France est grande, non seulement par sa puissance, mais au-delà de sa puissance, par l'éclat des idées, des causes,
00:28:48de la générosité qui l'ont emporté au moment privilégié de son histoire.
00:28:56La France est grande parce qu'elle a été la première en Europe à abolir la torture, malgré les esprits précautionneux
00:29:06qui dans le pays s'exclamaient à l'époque que sans la torture, la justice française serait désarmée,
00:29:15que sans la torture, les bons sujets seraient livrés aux scélérats.
00:29:23La France a été parmi les premiers pays du monde à abolir l'esclavage, ce crime qui déshonore encore l'humanité.
00:29:36Il se trouve que la France aura été, en dépit de tant d'efforts courageux, l'un des derniers pays, presque le dernier.
00:29:47Et je baisse la voix pour le dire, en Europe occidentale, dont elle a été si souvent le foyer et le pôle, à abolir la peine de mort.
00:29:59Pourquoi ce retard ? Voilà la première question qui se pose à nous.
00:30:05Ce n'est pas la faute du génie national, c'est de France.
00:30:09C'est de cette enceinte souvent que se sont élevées les voix les plus grandes, celles qui ont résonné le plus haut et le plus loin dans la conscience humaine,
00:30:19celles qui ont soutenu avec le plus d'éloquence la cause de l'abolition.
00:30:25Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine.
00:30:30Bravo ! Partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne.
00:30:35Depuis 2000 ans, la peine de mort est contraire à ce que l'humanité a pensé de plus haut et rêvé de plus noble.
00:30:42Elle est contraire à la foi par l'esprit du christianisme et par l'esprit de la révolution.
00:30:48Monsieur le ministre, veuillez poursuivre.
00:30:51Merci madame la présidente.
00:30:55Il n'a jamais, jamais été établi une corrélation quelconque entre la présence ou l'absence de la peine de mort dans une législation pénale et la courbe de la criminalité sanglante.
00:31:11On a par contre, au lieu de révéler et de souligner ces évidences, entretenu l'angoisse, simulé la peur, favorisé la confusion.
00:31:25Si vous y réfléchissez, simplement, les crimes les plus terribles, ceux qui saisissent le plus la sensibilité publique, et on le comprend,
00:31:41ceux qu'on appelle les crimes atroces, sont commis le plus souvent par des hommes emportés par une pulsion de violence et de mort,
00:31:53qui abolit jusqu'aux défenses de la raison, à cet instant de folie, à cet instant de passion meurtrière.
00:32:02L'évocation de la peine, qu'elle soit de mort ou qu'elle soit perpétuelle, ne trouve pas sa place chez l'homme qui tue.
00:32:12Car ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une double conviction,
00:32:21qu'il existe des hommes totalement coupables, c'est-à-dire des hommes responsables de leurs actes, et qu'il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité,
00:32:35au point de dire que celui-là peut vivre et celui-là doit mourir.
00:32:45À cet âge de ma vie, l'une et l'autre affirmation me paraissent également erronées.
00:32:55Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n'est point d'homme en cette terre dont la culpabilité soit totale,
00:33:04et dont il faille pour toujours désespérer totalement.
00:33:08Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurée et angoissée que soient les femmes et les hommes qui jugent,
00:33:18la justice demeure humaine, donc faillible.
00:33:25Parce qu'aucun homme n'est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible,
00:33:33la peine de mort est moralement inacceptable.
00:33:38Bravo, je vote l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort.
00:33:44Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair.
00:33:52Où notre société refuse une justice qui tue et accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales,
00:34:00celles qui l'ont faite grande et respectée entre toutes,
00:34:04la vie de ceux qui font horreur, démons ou criminels, ou les deux à la fois.
00:34:08Et c'est le choix de l'abolition.
00:34:11Où cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le criminel.
00:34:23Et c'est l'élimination.
00:34:27Cette justice d'élimination, cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard,
00:34:39nous la refusons, nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'antijustice,
00:34:44parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité.
00:34:54Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue.
00:35:05Demain, grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécution furtive,
00:35:14à l'aube, sous le dé noir, dans les prisons françaises.
00:35:20Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.
00:35:27À cet instant plus qu'à un autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère au sens ancien,
00:35:36au sens noble et le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de service.
00:35:45Demain, vous voterez l'abolition de la peine de mort.
00:35:51Législateur français de tout mon cœur, je vous en remercie.
00:35:59Merci beaucoup Monsieur le Ministre.
00:36:02La parole est à présent à Monsieur Lucien Neuvirth sur l'interruption volontaire de grossesse, député gaulliste de la Loire.
00:36:12Madame la Présidente, mes chers collègues, ma question s'adresse à Madame la Ministre de la Santé.
00:36:22La régulation des naissances, vous le savez Madame la Ministre,
00:36:29ce n'est pas seulement utiliser des contraceptifs comme on prend de l'aspirine pour calmer un mal de tête.
00:36:36C'est autre chose que la caricature qu'en présentent ces détracteurs, coupables pour une lourde part de l'augmentation du nombre des avortements
00:36:46où ils appartiennent au passé et ils viennent encore aujourd'hui, agitant des images atroces et insoutenables,
00:36:52tels des zombies de la légende, pour boucher toutes les issues, sauf celle de la contrainte et de la mort.
00:37:05Le contrôle des naissances répond à une double exigence.
00:37:09Il s'agit d'abord de permettre à chacun de donner à sa famille les limites qu'il lui souhaite,
00:37:15mais aussi d'autoriser des relations sexuelles qui ouvrent la voie à l'épanouissement des êtres
00:37:21et dont la seule finalité ne sera pas systématiquement l'enfantement.
00:37:26En vertu de quelle loi supérieure voudrait-on que toute étreinte soit suivie pour chaque femme d'un passage obligatoire neuf mois plus tard à la maternité ?
00:37:37Personne, et je le dis avec gravité, personne ne possède le monopole du respect de la vie.
00:37:46Encore, dans ce dernier doit-on inclure le respect du corps où elle se développe.
00:37:51Et il faut s'entendre sur ce que les mots veulent dire.
00:37:54Pour une société, le respect de la vie se mesure à la faculté qu'elle a de l'accueillir, de la préserver et d'en accroître la qualité.
00:38:07Les femmes victimes livrées à toutes les spéculations dont chaque jour, chaque semaine, chaque mois qui passe
00:38:17augmente le contingent douloureux trouvent dans la clandestinité une condamnation supplémentaire pour leur corps, leurs âmes et leurs descendances futures.
00:38:31Il devient insupportable de voir partir vers l'étranger ces tristes convois d'ombres qui sont des nôtres
00:38:39et dont on a le sentiment qu'elles s'expatrient parce qu'elles se sentent rejetées de notre communauté nationale.
00:38:49Encore, les plus éprouvées n'ont-elles pas les moyens de partir.
00:38:52Elles n'ont droit pour leur part qu'à recourir aux expédiants que l'on connaît, hélas, de mère en fille.
00:38:58Ce sont celles que l'on retrouve dans nos hôpitaux, nos cliniques ou nos morgues.
00:39:06Je suis de ceux qui croient que la vie est programmée dès la conception et qu'une grossesse interrompue arrête un processus de création
00:39:14comme les bottes des chasseurs dans la forêt écrasent des promesses d'arbres.
00:39:20Pour ma part, et je le dis gravement, je rejette l'avortement comme méthode de contraception,
00:39:28mais j'accueille les femmes qui s'y trouvent contraintes aujourd'hui par la faute de notre législation, de l'hypocrisie de notre société,
00:39:37et aussi, nous devons le reconnaître, par la faute de l'écrasant et séculaire égoïsme masculin.
00:39:46Il s'agit de manifester un acte de foi dans les capacités de notre peuple à se conduire.
00:39:55Je vous remercie, monsieur le député. La parole est à madame Simone Veil, ministre de la Santé.
00:40:06Madame la présidente, mesdames, messieurs, nous sommes arrivés à un point où, en ce domaine, les pouvoirs publics ne peuvent plus éluder leurs responsabilités.
00:40:22Tout le démontre, les études et les travaux menés depuis plusieurs années, les auditions de votre commission, l'expérience des autres pays européens,
00:40:33et la plupart d'entre vous le sentent, qui savent qu'on ne peut empêcher les avortements clandestins,
00:40:41et qu'on ne peut non plus appliquer la loi pénale à toutes les femmes qui seraient passibles de ces rigueurs.
00:40:48Pourquoi donc ne pas continuer à fermer les yeux ? Parce que la situation actuelle est mauvaise.
00:40:58Je dirais même qu'elle est déplorable et dramatique. Elle est mauvaise parce que la loi est ouvertement bafouée, pire même, ridiculisée.
00:41:10Lorsque l'écart entre les infractions commises et celles qui sont poursuivies est tel qu'il n'y a plus à proprement parler de répression,
00:41:18c'est le respect des citoyens pour la loi, et donc pour l'autorité de l'Etat, qui sont mis en cause.
00:41:26Lorsque des médecins, dans leur cabinet, enfreignent la loi et le font connaître publiquement,
00:41:31lorsque les parquets, avant de poursuivre, sont invités à en référer dans chaque cas au ministère de la Justice,
00:41:38lorsque des services sociaux d'organismes publics fournissent à des femmes en détresse les renseignements susceptibles de faciliter une interruption de grossesse,
00:41:49lorsque, aux mêmes fins, sont organisées ouvertement et même par charter des voyages à l'étranger,
00:41:57alors je dis que nous sommes dans une situation de désordre et d'anarchie qui ne peut plus continuer.
00:42:08Mais me direz-vous pourquoi avoir laissé la situation se dégrader ? Et pourquoi la tolérer ? Pourquoi ne pas faire respecter la loi ?
00:42:22Parce que si des médecins, si des personnels sociaux, si même un certain nombre de citoyens participent à ces actions illégales, c'est bien qu'ils s'y sentent contraints.
00:42:34En opposition parfois avec leurs convictions personnelles, ils se trouvent confrontés à des situations de faits qu'ils ne peuvent méconnaître.
00:42:44Parce qu'en face d'une femme décidée à interrompre sa grossesse, ils savent qu'en refusant leur conseil et leur soutien,
00:42:53ils la rejettent dans la solitude et l'angoisse d'un acte perpétré dans les pires conditions, qui risque de la laisser mutiler à jamais.
00:43:04Ils savent que la même femme, si elle a de l'argent, si elle cesse d'informer, se rendra dans un pays voisin ou même en France dans certaines cliniques
00:43:12et pourra, sans occurrir aucun risque ni aucune pénalité, mettre fin à sa grossesse.
00:43:22Et ces femmes, ce ne sont pas nécessairement les plus immorales et les plus inconscientes.
00:43:30Elles sont 300 000 chaque année. Ce sont celles que nous côtoyons chaque jour et dont nous ignorons la plupart du temps la détresse et l'angoisse.
00:43:44C'est à ce désordre qu'il faut mettre fin. C'est cette injustice qu'il convient de faire cesser.
00:43:51Mais comment y parvenir ? Je le dis avec toute ma conviction. L'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue.
00:44:06Mais comment le tolérer sans qu'il perde ce caractère d'exception, sans que la société paraisse l'encourager ?
00:44:15Je voudrais tout d'abord vous faire partager une conviction de femme. Je m'excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d'hommes.
00:44:27Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes.
00:44:37C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame.
00:44:43Personne n'a jamais contesté, et moi-même encore moins comme ministre de la Santé, que l'avortement soit un échec quand il n'est pas un drame.
00:44:52Mais nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours.
00:45:06L'histoire nous montre que les grands débats qui ont divisé un moment les Français apparaissent, avec le recul du temps, comme une étape nécessaire à la formation d'un nouveau consensus social qui s'inscrit dans la tradition de tolérance et de mesure de notre pays.
00:45:27Je ne suis pas de ceux et de celles qui redoutent l'avenir. Les jeunes générations nous surprennent en ce qu'elles diffèrent de nous. Nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celles dont nous l'avons été.
00:45:46Mais sa jeunesse est courageuse, capable d'enthousiasme et de sacrifice comme les autres, sachant lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême.
00:46:03Je vous donne la parole. Vous êtes député républicain de la Seine et vous allez poser une question sur la politique culturelle. Allez-y, monsieur le député.
00:46:12Oui, merci, madame la présidente, avec toutes mes excuses. Mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs les membres du gouvernement, ma question s'adresse à monsieur le ministre des Affaires culturelles.
00:46:31Monsieur le ministre, un mal moral, un mal moral profond nous travaille et nous tourmente. Ce mal moral, cela est étrange à dire, n'est autre chose que l'excès des tendances matérielles.
00:46:56Eh bien, comment combattre le développement des tendances matérielles par le développement des tendances intellectuelles ? Il faut ôter au corps et donner à l'âme.
00:47:11Quand je dis qu'il faut ôter au corps et donner à l'âme, vous ne vous méprenez pas sur mon sentiment, vous me comprenez tous. Je souhaite passionnément, comme chacun de vous, l'amélioration du sort matériel des classes souffrantes.
00:47:28Oui, monsieur Hugo, il le faut.
00:47:30Mais oui, monsieur Jaurès, c'est là, selon moi, le grand, l'excellent progrès que nous devons tous tendre, de tous nos voeux comme hommes et de tous nos efforts comme législateurs.
00:47:46Mais si je veux ardemment, passionnément, le pain de l'ouvrier, le pain du travailleur, qui est mon frère, à côté du pain de la vie, je veux aussi le pain de la pensée, qui est aussi le pain de la vie.
00:48:03Je veux multiplier le pain de l'esprit comme le pain du corps. Eh bien, la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, moi je ne dis plus, de courber l'esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel et de les détourner par conséquent du bien-être intellectuel.
00:48:27Il importe, messieurs les députés, de remédier au mal. Il faut redresser, pour ainsi dire, l'esprit de l'homme. Et c'est là votre mission, votre mission spéciale. Il faut relever l'esprit de l'homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, vers le désintéressé et le grand.
00:48:56C'est là et seulement là que vous trouverez la paix de l'homme avec lui-même et par conséquent avec la société.
00:49:05Et en premier lieu, pour les enfants du peuple, car ils ont droit à l'art et à la beauté.
00:49:11Merci de ne pas interrompre l'orateur, s'il vous plaît, monsieur Jaurès.
00:49:14Mais je vous suis, monsieur Jaurès, oui. Oui, nous devons éduquer les masses, nous devons éduquer le peuple et ses enfants.
00:49:21Mais pour arriver à ce but, messieurs, que faut-il faire ? Il faut multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies.
00:49:38Il faudrait multiplier les maisons d'études pour les enfants, les maisons de lecture pour les hommes, tous les établissements, tous les asiles où l'on médite, où l'on s'instruit, où l'on se recueille.
00:49:50Où l'on apprend quelque chose, où l'on devient meilleur en un mot.
00:49:56Il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple, car c'est par les ténèbres qu'on le perd.
00:50:03L'époque où vous êtes est une époque riche et féconde. Ce ne sont pas, messieurs, les intelligences qui manquent, ce ne sont pas les talents, ce ne sont pas les grandes attitudes.
00:50:12Ce qui manque, c'est l'impulsion sympathique, c'est l'encouragement enthousiaste d'un grand gouvernement.
00:50:23Ce gouvernement, j'aurais souhaité que la monarchie le fût. Elle n'a pas su l'être. Eh bien, ce Conseil que je donnais loyalement à la monarchie, je le donne loyalement à la République.
00:50:34Je vous remercie, monsieur le député. La parole est à monsieur André Malraux, ministre des Affaires culturelles.
00:50:43Merci, madame la présidente.
00:50:46Mesdames, messieurs les députés, monsieur le député Hugo, il faut bien comprendre qu'un fait extrêmement mystérieux se produit aujourd'hui dans le monde entier.
00:51:03Les peuples sont en train de demander la culture, mais ils ne savent pas ce que c'est.
00:51:12La maison de la culture est en train de devenir, la religion en moins, la cathédrale. La cathédrale, c'est-à-dire le lieu où les gens se rencontrent pour rencontrer ce qu'il y a de meilleur en eux.
00:51:33Comprenons bien que chaque fois que, dans une ville moyenne, nous faisons une maison de la culture, nous changeons quelque chose d'absolument capital en France.
00:51:46Alors, je sais que tout ce que nous faisons ne dépend pas que de vous, mais comme nous serons amenés à le faire ensemble, je crois qu'il est bon que vous le sachiez.
00:51:57Il ne s'agit pas de faire une jolie maison à Amiens où nous mettons des fragonards. Non.
00:52:07Il s'agit de faire en sorte que chaque enfant de France puisse avoir droit au tableau, au théâtre, au cinéma, comme il a droit à l'alphabet.
00:52:21Et tout cela doit être conçu fortement.
00:52:26À mon sens, il y a deux façons de voir la culture. L'une, en gros, que j'appellerais soviétique, et l'autre, démocratique.
00:52:39Mais je préfère vous rassurer tout de suite, je ne tiens pas du tout à ces deux mots.
00:52:44Ce qui est clair, c'est qu'il y a une façon de voir la culture pour tous et la culture pour chacun.
00:52:55Dans l'un des cas, il s'agit, en aidant tout le monde, de faire que tout le monde aille dans le même sens.
00:53:02Et dans l'autre cas, il s'agit que chacun puisse obtenir une chose à laquelle il a droit.
00:53:13Et je le dis clairement, nous tentons la culture pour chacun.
00:53:19Cette tentative signifie que nous devrions, dans les dix ans, avoir en France une maison de la culture par département.
00:53:29Pour le prix de 25 kilomètres d'autoroute, nous maintenons que la France, qui a été le premier pays culturel du monde en son temps,
00:53:46la France qui est en train de réaliser des expériences sur lesquelles le monde entier a l'œil fixé,
00:53:52la France, pour cette somme misérable, peut, dans les dix ans, redevenir le premier pays culturel du monde.
00:54:03Et c'est pour cela que nous voulons sauver nos chefs-d'œuvre.
00:54:07Non pour la curiosité ou l'admiration, non négligeable d'ailleurs, des touristes,
00:54:14mais pour l'émotion des enfants que l'on y tient par la main.
00:54:20Michelet a montré jadis ses petits visages éblouis devant les images de leur pays
00:54:29où la gloire n'avait pas d'autre forme que celle du travail et du génie.
00:54:34C'est elles qui nourrissent notre communion la plus profonde.
00:54:40C'est par elles que les combats, les haines et les ferveurs qui constituent notre vie,
00:54:47s'unissent, transfigurés au fond fraternel de la mort.
00:54:54Puissions-nous faire que tous les enfants de France comprennent un jour,
00:55:02devant ces pierres encore vivantes qui leur appartiennent,
00:55:06qu'elles leur appartiennent à la condition de les aimer.
00:55:11Je vous remercie.
00:55:17Merci beaucoup Monsieur le Ministre.
00:55:19Pour la dernière question, je vais passer la parole à Madame Gisèle Halimi, députée socialiste.
00:55:29Merci Madame la Présidente.
00:55:32Ma question s'adresse à Madame la garde des Sceaux.
00:55:37Madame, on peut se demander avec le recul comment des députés français,
00:55:42c'est-à-dire par définition des femmes et des hommes,
00:55:44qui devraient avoir l'intelligence de nos libertés fondamentales,
00:55:49puisqu'ils sont chargés de les défendre,
00:55:51ont pu légiférer pour réprimer l'homosexualité.
00:55:58Car s'il est un choix individuel par essence et qui doit échapper à toute codification,
00:56:04c'est bien celui de la sexualité.
00:56:07Il ne peut y avoir de morale sexuelle de tous qui s'impose à la morale sexuelle de chacun.
00:56:14Chacun connaît la nécessité pour l'individu de vivre en accord
00:56:19avec ce qui reste le plus profondément inexprimé par peur,
00:56:22honte, conditionnement social ou répression,
00:56:25je veux dire sa sexualité.
00:56:28Cependant, dans l'ancien droit français, sous l'ancien régime,
00:56:34l'homosexualité était un crime punissable de mort.
00:56:39En 1783, un religieux qui avait commis un acte homosexuel avec un jeune homme
00:56:45avait été brûlé vif après qu'on lui eut rompu les membres.
00:56:50C'est ensuite le code pénal révolutionnaire de 1791 qui,
00:56:55s'il réprima le viol ou l'enlèvement d'une fille en vue d'en abuser ou de la prostituer,
00:57:00ne fait plus un sort particulier à l'homosexualité.
00:57:05De 1791 à 1942, c'est-à-dire tout de même pendant plus d'un siècle et demi,
00:57:14la législation pénale française a ignoré l'homosexualité.
00:57:22C'est une loi du régime de Vichy, numéro 744 du 6 août 1942,
00:57:28qui a réintroduit le délit d'homosexualité dans la législation pénale française.
00:57:35Mais on sait que le législateur de l'occupation avait, si je puis dire, perdu son âme.
00:57:42Malheureusement, à la Libération, l'ordonnance du 2 juillet 1945
00:57:49a maintenu cette incrimination en reprenant les termes de crime contre nature,
00:57:53invention du régime de Vichy, inscrite dans notre code pour la première fois en 1942.
00:58:00Ce texte crée, ce n'est pas la moindre de ses anomalies, une double majorité pénale.
00:58:07En effet, les jeunes âgés de 15 à 18 ans sont considérés comme mineurs
00:58:13au regard de telles incriminations de crimes contre nature d'homosexualité
00:58:17et ils sont considérés comme majeurs lorsqu'il s'agit d'hétérosexualité.
00:58:22Le deuxième alinéa de l'article 331 du code pénal crée ainsi une curieuse frange
00:58:29où tantôt l'on est mineur, tantôt l'on est majeur,
00:58:32tantôt on a atteint l'âge du consentement, tantôt on est censé ne pas l'avoir atteint.
00:58:38Cette étrange dualité est choquante,
00:58:42selon laquelle la majorité hétérosexuelle serait acquise à 15 ans
00:58:47et la majorité homosexuelle ne serait atteinte qu'à l'âge de 18 ans
00:58:51Il n'est pas possible, me semble-t-il, de prévoir des solutions différentes
00:58:56pour les hétérosexuels et les homosexuels car cette discrimination
00:59:00repose en vérité, qu'on le dissimule ou non,
00:59:04sous des arguments politiques ou de droits constitutionnels
00:59:07sur un jugement moral implicite ou explicite,
00:59:12l'homosexualité est la normalité.
00:59:17On en revient toujours au même constat.
00:59:21A savoir qu'entre les partisans du maintien de ce texte
00:59:24et les partisans de son abrogation, la divergence est inconciliable.
00:59:29Nous estimons, nous, que la liberté sexuelle inclut l'homosexualité
00:59:35et nos adversaires affirment le contraire.
00:59:38Il faut abroger et vite une disposition qui est contestable
00:59:43et qui crée une inégalité dans notre droit.
00:59:47Notre démarche signifie clairement que la loi ne doit pas intervenir
00:59:52dans le choix le plus intime et finalement le plus fondamental
00:59:55de l'individu, celui de sa sexualité.
00:59:59Nous ne saurions maintenir dans notre droit un texte discriminatoire
01:00:04qui méconnaît une réalité sociale et humaine importante
01:00:07et qui, en égard à la liberté sexuelle que nous avons admise
01:00:11et défendue, ne peut trouver dans la société d'aujourd'hui
01:00:14aucune justification.
01:00:17Ainsi, c'est bien en dernière analyse de culture et de liberté qu'il s'agit.
01:00:23C'est dire que ce débat est politique par excellence.
01:00:29Je vous remercie, ma chère collègue.
01:00:32La parole est à madame Christiane Taubira, ministre de la Justice
01:00:35et garde des Sceaux, au sujet du projet de loi ouvrant le mariage
01:00:39aux personnes de même sexe.
01:00:41Madame la Présidente, mes chers collègues,
01:00:45oui, c'est bien le mariage, avec toute sa charge symbolique
01:00:52et toutes ses règles d'ordre public, que le gouvernement ouvre
01:00:57aux couples du même sexe, dans les mêmes conditions d'âge
01:01:01et de consentement de la part de chacun des conjoints,
01:01:04avec les mêmes interdits, les mêmes prohibitions sur l'inceste,
01:01:08sur la polygamie, avec les mêmes obligations d'assistance,
01:01:13de fidélité, de respect, instaurées par la loi de 2006,
01:01:18avec les mêmes obligations pour chaque conjoint vis-à-vis l'un de l'autre,
01:01:24les mêmes devoirs des enfants vis-à-vis de leurs parents
01:01:28et des parents vis-à-vis de leurs enfants.
01:01:31Oui, c'est bien ce mariage que nous ouvrons aux couples de même sexe.
01:01:38Que l'on nous explique pourquoi deux personnes qui se sont rencontrées,
01:01:44qui se sont aimées, qui ont vieilli ensemble,
01:01:48devraient consentir à la précarité, à une fragilité, voire à une injustice,
01:01:54du seul fait que la loi ne leur reconnaît pas les mêmes droits
01:02:00qu'à un autre couple aussi stable qui a choisi de construire sa vie.
01:02:04Qu'est-ce que le mariage homosexuel va enlever aux couples hétérosexuels ?
01:02:13Rien ! Mais non, absolument rien !
01:02:16Alors s'il n'enlève rien, nous allons poser des mots sur des sentiments et des comportements.
01:02:25Nous allons oser parler de mensonges à l'occasion de cette campagne de panique
01:02:30sur la pseudo-suppression des mots de père et de mère, du code civil et du livret de famille.
01:02:37Nous posons les mots et nous parlons d'hypocrisie
01:02:41pour ceux qui refusent de voir ces familles homoparentales et ces enfants exposés aux aléas de la vie.
01:02:50Nous posons les mots et nous parlons d'égoïsme
01:02:54pour ceux qui s'imaginent qu'une institution de la République
01:02:57pourrait être réservée à une catégorie de citoyens.
01:03:02Nous disons que le mariage ouvert aux couples de même sexe
01:03:08illustre bien la devise de la République.
01:03:12Il illustre la liberté de se choisir, la liberté de décider de vivre ensemble.
01:03:21Enfin, nous disons aussi qu'il y a dans cet acte une démarche de fraternité
01:03:28parce qu'aucune différence ne peut servir de prétexte à des discriminations d'État.
01:03:35Certains ont choisi de protester contre la reconnaissance des droits de ces couples.
01:03:41C'est leur affaire, nous.
01:03:44Nous, nous sommes fiers de ce que nous faisons.
01:03:46Nous en sommes si fiers que je voudrais le définir par les mots du poète Léon Gontrand-Damas.
01:03:54L'acte. L'acte que nous allons accomplir est beau comme une rose
01:04:02dont la tour Eiffel assiégée à l'aube voit s'épanouir enfin les pétales.
01:04:07Il est grand comme un besoin de changer d'air.
01:04:10Il est fort comme le cri aigu d'un accent dans la nuit longue.
01:04:18Merci beaucoup Madame la Ministre.
01:04:21Nous avons terminé cette séance bien spéciale des questions au gouvernement.
01:04:26L'histoire et la chronologie vont à présent pouvoir reprendre leurs droits.
01:04:31Vous avez pu constater qu'à l'Assemblée nationale, nous avons tenu de grands débats
01:04:35depuis des dizaines d'années sur des questions qui agitent parfois notre société encore aujourd'hui.
01:04:43Tous les discours qui ont été prononcés sont des discours qui ont été prononcés
01:04:49par les grands orateurs que vous avez entendus.
01:04:52Nous avons vraiment voulu préserver aussi cette vérité historique
01:04:56même si évidemment les questions et les réponses n'ont pas pu avoir lieu dans la réalité
01:05:01que lors de cette séance de reconstitution.
01:05:03Je voudrais qu'ensemble nous puissions saluer d'abord Louis Giscard d'Estaing
01:05:08qui nous a fait l'honneur et l'amitié d'être présent aujourd'hui
01:05:11puisque c'est à son père que nous devons ces fameuses séances de questions au gouvernement.
01:05:16Je vous remercie de l'applaudir.
01:05:18Je voudrais avec vous que nous remercions chaleureusement
01:05:22nos acteurs et nos actrices d'aujourd'hui.
01:05:25Monsieur François Nambaud qui a interprété Barès et Malraux.
01:05:36Monsieur Philippe Nézet-Séguin qui a interprété Mélanie.
01:05:40Monsieur Philippe Pérussel pour son interprétation de Victor Hugo et de Lucien Neuvier.
01:05:58Madame Raphaëlle Lémane pour son interprétation de Simone Veil et de Gisèle Halimi.
01:06:04Monsieur Sébastien Duchange qui a pu jouer Jaurès et Lamartine.
01:06:17Madame Marie-Bénédicte Roy pour avoir interprété Germaine Poinsot-Chapuy et Christiane Taubira.
01:06:24Et enfin Monsieur Bertrand Mounier pour son interprétation de Robert Badinter et de Victor Schulcher.
01:06:34Merci à vous tous.