• la semaine dernière
Avec Jean-Pierre Castaldi, comédien et animateur français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-05##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Les clés d'une vie, celle de mon invité, l'anglais et l'espagnol ont été vos langues
00:07quasi maternelles et pourtant c'est un romain qui vous a permis de prendre langue avec un
00:12public populaire.
00:13Il y a eu aussi un fort qui a fait de vous un acteur de poids.
00:16Bonjour Jean-Pierre Castaldi.
00:18Bonjour.
00:19Alors on vous retrouve aujourd'hui au théâtre de Passy avec une pièce qu'on va évoquer
00:22tout à l'heure mais vous avez un parcours incroyable et le principe des clés d'une
00:26vie c'est de raconter ce parcours à travers des dates clés.
00:30Un parcours atypique comme dirait l'autre.
00:32Très atypique.
00:33Alors je vais commencer par une date qui n'a rien à voir avec vous mais qui pourtant a
00:36un point commun.
00:37C'est le 5 octobre 1951, la sortie de ce film.
00:40Samson et Dalida de Cécile Bédemille.
00:45Car je crois que ce film a eu une influence sur vous énorme.
00:48J'étais en Argentine et c'était la première fois que j'allais dans un énorme cinéma
00:54et à l'époque c'est un film où on regardait avec des lunettes, il y avait un oeil rouge
00:58et un oeil vert et j'ai eu un choc, un choc énorme en voyant ce film mais je ne pouvais
01:04pas m'imaginer que ça deviendrait un jour ma vie mais là j'ai vraiment, quand on lui
01:09coupe les cheveux et tout, je me souviens j'étais en larmes, c'était épouvantable.
01:12Mais c'est mon premier choc de cinéma.
01:15Ce film qui a eu deux Oscars d'ailleurs et il y a eu un autre choc de cinéma, c'est
01:19sous le plus grand chapiteau du monde.
01:21Alors là c'était ma grand-mère qui était d'origine corse et qui était née en Algérie
01:25et qui habitait au Rhin.
01:27J'ai vu ce film à Oran et là j'ai encore beaucoup pleuré parce que ça a été un
01:32deuxième choc de cinéma.
01:33J'ai eu de la chance quand même pour débuter au cinéma.
01:36Oui c'est pas mal.
01:37Mais il faut que je vous dise parce qu'en Argentine on ne passait que les...
01:40J'allais voir que...
01:41J'étais pensionnaire donc je ne voyais mes parents que tous les trois mois pendant
01:45les vacances.
01:46À l'époque on allait voir les dessins animés et Laurel et Hardy.
01:49Alors on passait de Laurel et Hardy à ces deux films-là, il y a de quoi avoir un choc.
01:54Exactement.
01:55Et en plus il y a un point commun entre ces deux films, Samson et Delilah c'est une histoire
01:58biblique et sous le plus grand chapiteau du monde c'est un film sur le cirque de la même
02:04manière que la Bible et le Livre par excellence.
02:07Exactement.
02:08Alors vous venez de loin parce que vos ancêtres je crois venaient d'Algérie mais vous êtes
02:13né à Grenoble.
02:14Alors non, mes ancêtres viennent de Grèce.
02:16Mon véritable nom que je ne peux pas porter parce que malheureusement mon grand-père
02:22que je n'ai jamais connu, donc le père de mon père, était grec installé en Italie
02:28donc avec une famille et il a rencontré ma grand-mère en Algérie parce qu'il était
02:33armateur.
02:34Vous n'aviez pas le droit à l'époque d'avoir deux femmes, c'était pas possible, mais il
02:39a fait toute la fin de sa vie avec ma grand-mère donc en réalité je m'appelle Castaldi par
02:45ma grand-mère mais Zagame par mon grand-père.
02:47Et votre père lui je crois a été quelqu'un de très important pendant le débarquement
02:52en Provence en 1944.
02:53Oui, il était spécialiste de radar et donc il a participé sous l'uniforme anglais puisque
02:59les radars étaient entre les mains des anglais au débarquement de Jean Lepin.
03:03Et vous êtes né à Grenoble ?
03:05Oui, alors là c'est la famille de ma mère et de ma grand-mère donc d'origine fille
03:13de paysans de Brié au-dessus de Grenoble.
03:16Et la passion de vos jeunes années Jean-Pierre Castaldi, je crois que ce sont les voitures
03:19déjà, les Dinky Toys.
03:21Mais comment vous savez ça vous ? Alors j'avais une magnifique collection de Dinky Toys, j'avais
03:28toutes les Dinky Toys, toutes, toutes, toutes et malheureusement un jour je ne sais pas
03:32pourquoi mon père a eu la mauvaise idée de les offrir à un de ses neveux ou à un
03:36de ses je ne sais plus qui, j'étais fou de rage.
03:39Il y a de quoi ? Alors les Dinky Toys ce sont des jouets mignons au départ et au départ
03:43ce sont les anglais qui avaient trouvé ces personnages pour accompagner les trains, les
03:48trains miniatures.
03:49Pour les décors ? Les décors.
03:51Ah ça je ne savais pas.
03:52Et il y a quand même certains modèles très rares, le record actuel pour une camionnette
03:57promotionnelle Dinky Toys, elle a été vendue 14 000 euros aux enchères.
04:01Ne me dites pas ça, j'ai envie de ronfler.
04:03Alors vous parlez de l'Argentine, c'est-à-dire que Grenoble direction Buenos Aires.
04:06Grenoble j'y suis né mais j'y suis retourné beaucoup plus tard mais je n'ai pas grandi
04:11à Grenoble.
04:12J'ai plus connu jeunes au rang où il y avait ma grand-mère, donc la mère de mon père
04:17et puis l'Amérique du Sud parce que les...
04:19Donc j'étais pensionnaire.
04:20La première année j'étais obligé d'aller au lycée français.
04:23Donc comme dans ces pays-là vous êtes obligés d'apprendre la langue.
04:27Donc même au lycée français on faisait d'abord de l'espagnol et après du français.
04:32Pour estinguer l'espagnol.
04:35Et après, l'année d'après je suis parti pensionnaire dans un collège anglais à Cordoba.
04:40C'est au nord de Buenos Aires, dans la Sierra.
04:43Dans un village qui s'appelle Los Cocos qui est devenu, paraît-il, depuis je suis au courant,
04:46très à la mode, dans un collège anglais.
04:49So I speak English.
04:51À cause de ça.
04:52Oui, vous avez appris l'anglais mais ce n'est quand même pas des bons souvenirs cette pension.
04:55Ah si, si, si.
04:58Alors je vais vous dire, quand mes parents sont partis, il y a maintenant une trentaine d'années,
05:05papa, maman, ma mère est partie très jeune, elle avait une soixantaine d'années,
05:10et mon père plus vieux.
05:12Mais quand ils sont partis, j'ai dit heureusement qu'ils ont profité de la vie.
05:16Ma mère était très jeune, elle m'a eu à 17 ans.
05:19Donc quand j'avais 4, 5, 6, 7, 8 ans, elle était très jeune et je pense qu'elle a dû profiter de la vie des expatriés.
05:26Parce qu'évidemment ils étaient à Buenos Aires, ils avaient une vie extraordinaire, ils sortaient beaucoup, etc.
05:30Je lui en ai pas voulu.
05:32Non, au contraire, je pense que ces années de pensionnat, je les ai pas si mal vécues que ça.
05:38La seule chose que je vivais mal, c'était de ne pas voir mes parents, ça c'est vrai.
05:42Mais ça m'a donné des qualités dans la vie qui m'ont servi beaucoup plus tard.
05:47Vous savez que j'ai jamais enchaîné deux années de suite dans le même collège.
05:51Jamais, jamais, jamais.
05:53Donc j'étais obligé à chaque fois de me réinsérer.
05:57Et finalement quand on devient comédien, par la suite, ce que je n'avais pas prévu du tout,
06:02finalement c'est quoi notre aventure ?
06:04D'un film à l'autre, c'est une nouvelle équipe, de nouveaux gens.
06:07Et à chaque fois, on doit s'intégrer à un groupe.
06:10Et peut-être que cette faculté d'adaptation me vient de cette époque-là.
06:14Il se trouve aussi que vous avez vécu un moment historique, je crois, en Argentine, c'est la chute de Perón.
06:19Ah oui, ça j'ai vu la chute de Perón.
06:20Alors sur laquelle je n'ai pas dans mes souvenirs les mêmes analyses qu'on fait ici sur l'Argentine.
06:25Parce que pour les Argentins, la période de Perón est une période faste, contrairement à ce qu'on dit.
06:30Et puis Eva Perón était très, très aimée.
06:33Et j'ai assisté d'un balcon à l'enterrement d'Eva Perón.
06:37C'est-à-dire que j'ai vu cette cérémonie incroyable, des milliers de gens dans la rue, etc.
06:42Et ma mère doit sa vie à la mort d'Eva Perón.
06:47Parce que le médecin d'Eva Perón avait une clinique,
06:50et elle était transportée pour une grossesse extra-utérine.
06:54Et c'est lui qui lui a sauvé la vie.
06:56Alors ça, c'est l'Argentine. Vous revenez en France après.
06:59D'ailleurs, vous allez passer quelques temps en collège de Juilly, ou un certain...
07:03Non, je fais les oratoria à Cannes, les jésuites à Lyon, et après à Juilly.
07:08Juilly, où a officié un élève qui s'appelait Jacques Messrine,
07:12qui a débuté d'ailleurs en volant le tronc de l'église.
07:14C'était déjà parti.
07:15C'était déjà parti, et où j'étais en même temps que mon metteur en scène d'aujourd'hui, Jean-Luc Moreau.
07:21Alors, il se trouve que le bac, ensuite, vous allez le rater à deux reprises, mais de justesse.
07:25Oui, parce qu'à l'époque, on avait deux bacs.
07:27Rappelez-vous, il fallait 10 et pas 9,5.
07:30Et je rate ma copie de latin, que j'avais à moitié pompé sur ma voisine, en échange des maths.
07:37Et j'ai eu une note catastrophique en latin, qui ne me permettait pas de rattraper les trucs.
07:44Ce qui a aussi déterminé ma vie, parce que j'ai dit, bon, ça suffit.
07:48Et j'ai fait ma philo avec la mère spirituelle de ma sœur, qui était chez les Bonnes Sœurs.
07:55Voilà. Et il se trouve aussi qu'ensuite, vous avez failli entrer dans une école pour une chambre de commerce,
08:00et que le destin a fait que vous avez...
08:02Alors non, non, non.
08:04Comme je n'avais pas mon bac, j'ai fait des passerelles, ce qu'on appelle les balades,
08:07mais comme je parlais très très bien l'espagnol et l'anglais, je parlais mieux que mes profs.
08:11Je sens que sans aucune... Vraiment, je parlais mieux qu'eux.
08:15Donc j'ai passé mes équivalences, comme on dit, à la chambre de commerce, chambre de commerce britannique,
08:20et par hasard, au balsard, magnifique brasserie rue Les Ecoles,
08:26j'ai déjeuné avec une camarade de tendresse de l'époque espagnole.
08:30On parlait espagnol, donc au déjeuner, il y avait un monsieur à côté de chez nous,
08:33très élégant comme ça, mais je pensais qu'il s'intéressait à ma copine.
08:37Il est quand même gonflé à côté de moi.
08:40Et à un moment donné, il s'est levé, il est venu vers moi, il m'a dit
08:43« Excusez-moi d'être discrétion, mais j'ai été impressionné par votre espagnol,
08:46parce qu'il faut bien dire qu'en France, on n'est pas les rois des langages. »
08:49C'est vrai, c'est vrai.
08:51« Et très impressionné par votre espagnol, j'ai proposé à vous venir,
08:55il me donne sa carte de visite en rentrant à la maison le soir.
08:58Je dis à mon père, qui était un grand commercial sur la Maligne du Sud,
09:01parce que c'est lui qui a équipé la Maligne du Sud en faisceau herzien,
09:04c'est-à-dire ce qui va devenir la télévision.
09:07Et donc, je montre ça à mon père, il me dit « Mais tu ne te rends pas compte Jean-Pierre,
09:10mais c'est le numéro 1 en Amérique du Sud.
09:16Le numéro 1 de l'import-export en Amérique du Sud. Mais énorme, c'est énorme.
09:19Et donc, je vais à le rendez-vous, je fais ce qu'on a appris là aujourd'hui,
09:22un brainstorming devant trois personnes.
09:25Et puis, à la fin, il me dit « Écoutez, parfait, l'année prochaine,
09:28quand vous allez passer vos examens, je vous laisse un an,
09:31il faudrait que vous appreniez à vous tenir,
09:35parce que vous marchez un peu comme un gaucho.
09:39Et donc, je fais comme tous les étudiants à l'époque,
09:42je prends le truc art dramatique, conservatoire, mais c'est pas possible.
09:46René Simon, c'était sur la ligne du 82, qui m'emmenait de chez mes parents à la fac.
09:52Je m'arrête, cours Simon, et ma vie bascule. »
09:56Oui, car ce jour-là, René Simon, en vous voyant, Jean-Pierre Castaldi,
09:59dit « Vous avez un physique de cinéma. »
10:01Ça, c'est une gueule. Oh, il a une gueule de cinéma.
10:05Je suis devenu blanc, j'avais honte.
10:08Ma vie a basculé ce jour-là, c'est vrai.
10:10Indirectement, je dois beaucoup à René Simon,
10:13parce qu'il va jouer encore un peu plus loin.
10:15Quand je me présente au conservatoire, il m'empêche d'entrer à la rue blanche.
10:19Il me dit « T'es fait pour faire du cinéma ? »
10:22Il m'a présenté mon agent, et c'est vrai que trois mois plus tard,
10:25je décrochais ce qu'on appelle un petit rôle aujourd'hui.
10:28Mais on n'imagine pas qu'à l'époque, avoir un ou deux jours dans un film,
10:32c'était exceptionnel.
10:34Et René Simon a été le premier, et Jean-Laurent Cocher a été le second.
10:39Alors, je quitte Simon au bout d'un certain temps,
10:42et je suis à deux doigts d'abandonner.
10:44Je dois dire, je trouvais tout ça, par moments, pas très sérieux.
10:47C'était bien pour plein de raisons.
10:49Et j'ai un copain, qui nous a malheureusement quittés il y a pas mal d'années,
10:53qui me dit « Il y a un gars qui va ouvrir un cours,
10:56ça va te correspondre. »
10:58Et je vais chez Jean-Laurent Cocher,
11:00qui est peut-être le plus grand professeur.
11:03C'est lui qui a fait Hubert de Bardieu, Luchini,
11:06ils sont tous passés entre les mains.
11:08Et donc, je vais chez Jean-Laurent Cocher.
11:10Alors là, là, là, là, je pense que j'ai vraiment accroché à ce métier, vraiment.
11:17Et résultat, il s'est passé des tas de choses,
11:19et il y a une autre date importante dans votre vie, le 22 septembre 1964.
11:25A tout de suite sur Sud Radio, avec Jean-Pierre Castaldi.
11:28Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:31Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jean-Pierre Castaldi.
11:34Nous parlerons tout à l'heure des grands ducs.
11:36Oui, oui.
11:38Mais là, à cause de vous, j'ai eu un grand moment d'émotion,
11:40parce que vous avez reçu une grande amie,
11:42pour qui j'ai une infinie tendresse, Françoise Dorner,
11:45que vous avez reçue la semaine dernière, et Didier Vancovelard,
11:47que j'ai connue, et j'ai appris que vous étiez, comme moi,
11:51que j'en avais fait sa première série à la télévision,
11:54et vous, c'était votre premier scénario.
11:56Exactement.
11:57Alors, d'accord, ça remonte à longtemps, ça.
11:59Oui, ça remonte à longtemps.
12:00Alors, je remonte encore plus longtemps, avec la date du 22 septembre 1964,
12:05la date de la sortie de ce film.
12:10Le trad, John F. Kennedy, mais vous jouez un soldat.
12:15Alors, ça, c'est fort.
12:17Alors, donc, je suis, comme tous les élèves,
12:20à l'époque, tous les élèves de cours de théâtre,
12:22quand j'ai commencé ce métier, je n'avais jamais vu un tournage.
12:25A l'époque, le cinéma était très mystérieux, on n'avait que des journaux,
12:28on ne voyait pas ce qu'on appelle le backstage, tout ça.
12:31Je n'avais jamais vu une Dolly, la Dolly, et la Michelle.
12:36C'est énorme, bon.
12:37Et donc, je suis choisi pour faire une figuration dans Le Train,
12:41de John F. Kramer, avec un casquing éblouissant,
12:44Jeanne Moreau, Michel Simon, tout ça,
12:46et je rentre au truc, j'essaie de la faire brève,
12:49je tombe sur un vieux figurant qui me dit
12:51« Ouh là là, tu viens avec moi, on va se mettre là,
12:53et on s'enferme dans un camion. »
12:55Je lui dis « Mais je voulais voir le tournage. »
12:57« Non, non, si tu te montres, si tu veux, on va faire toute la semaine. »
13:01Donc, pendant trois jours, je suis dans un camion,
13:03comme ça, au fond du décor, je vois au loin les lumières,
13:05mais je ne vois personne, je ne vois pas Burt Lancaster, je ne vois personne.
13:09Et puis, il me dit « Mais non, ne bouge pas, parce qu'on était payés de nuit,
13:13donc à partir de deux heures du matin, c'était trip,
13:15le troisième jour, je craque. »
13:18J'ai dit « Ecoute-moi, je m'en fous, je veux voir le tournage,
13:21je veux voir la caméra. »
13:23Et là, j'ai le vrai choc, c'est-à-dire qu'en m'approchant,
13:25je vois la Michèle, la Michèle c'est le chariot,
13:29la Michèle, la belle caméra, les lumières à l'époque,
13:33c'était des arcs, je vois Burt Lancaster,
13:35alors c'est génial, je rêve, et tout d'un coup,
13:38il y a un assistant, il me dit « T'es capable de faire un petit truc,
13:41des petites cascades ? » J'ai dit « Oui, je dépends de moi. »
13:43Et alors là, il me dit « Écoute, voilà, tu vois, il y a une explosion,
13:48tu passes, et tu sautes. »
13:50Et donc, si on voit le film, il y a un soldat,
13:52on passe comme ça devant la caméra, c'est moi.
13:54Ce qui explose.
13:56Ce que je ne pouvais pas imaginer, c'est que quelques années plus tard,
13:59je vais faire « French Connection 2 » avec John Frankenheimer
14:02comme metteur en scène, et que je suis quasiment
14:04vedette du film avec Fresson et Gene Hackman quand même.
14:07C'est drôle quand même.
14:09Il se trouve qu'au départ, c'était Arthur Penn qui devait réaliser le film.
14:12Je sais, et c'est Burt Lancaster qui l'a fait virer
14:15pour mettre John Frankenheimer.
14:17Ensuite, le cinéma, vous devez aussi votre carrière
14:20à une reine du casting, Jean-Pierre Castaldi,
14:22qui est Margot Capelier.
14:24Oui, alors ça, je lui dois toujours.
14:28Elle est mon agent d'époque, Isabelle Kukowski,
14:30parce qu'elle me fait passer un test d'anglais
14:33pour voir si je parle un peu bien anglais,
14:35elle m'a arrêté tout de suite, elle m'a dit « Bon ça va Jean-Pierre,
14:38et je dois dire que tout le début de ma carrière,
14:41tout ce que j'ai fait au début de ma carrière,
14:45le film avec Marcel Carnet, La Merveilleuse Visite,
14:47French Connection, je dois tout ça à Margot Capelier.
14:51Qui était un agent extraordinaire.
14:53C'était un casting, c'était pas un agent,
14:55c'était un casting-casting, mais à l'époque,
14:57aujourd'hui il y a beaucoup de castings,
14:58à l'époque il n'y avait pas tant de castings que ça,
15:00mais elle, c'était vraiment, tous les films américains
15:02quasiment passaient par elle.
15:04Et c'est elle qui a formé Dominique Besner beaucoup plus tard.
15:06C'était son assistant que j'ai connu quand il travaillait avec elle.
15:09Alors il se trouve que vous faites, grâce à elle,
15:11vos débuts à la télévision, dans une série
15:13qui s'appelle Les Cahiers du Capitaine Jean-Roc Coignet,
15:16au quatrième épisode.
15:17Exact, c'est ma première télévision, tout petit rôle.
15:20Alors j'ai fait très peu de petits rôles à la télévision,
15:24j'ai été très vite premier rôle,
15:27mais contrairement à aujourd'hui,
15:29on ne pouvait pas accéder à des premiers rôles
15:31sans montrer un peu de quoi on était capable.
15:33Donc je commence avec Jean-Roc,
15:35après j'ai fait l'inconnu du...
15:37C'était le Saint-Zachaire-Briand,
15:39avec Silas Shelton comme partenaire.
15:41Et Louis Vell.
15:42Et Louis Vell qui était une énorme vedette à l'époque.
15:44Donc ça c'est mes premiers,
15:46second rôles, disons, ou petits rôles,
15:48avant d'accéder aux premiers rôles
15:50dans Les Cahiers du Capitaine Jean-Roc Coignet.
15:52Et Louis Vell, juste après, écrit avec Frédéric Hébrard
15:54La Demoiselle d'Avignon, dont personne ne veut,
15:56et Pierre Sabag voit un épisode par hasard
15:58et il la fait programmer immédiatement.
16:00C'est Pierre Sabag, je ne savais pas ça.
16:02Ça c'est lui qui a réussi à faire ça.
16:04Les petits rôles, justement, au cinéma,
16:06vous êtes quand même dans le cercle rouge,
16:08Jean-Pierre Castaldi.
16:09Ça c'est un mauvais souvenir.
16:11Parce qu'à l'époque,
16:13c'était au tout début de ma carrière,
16:15j'étais papa de Benjamin,
16:18et marié avec Catherine, sa maman.
16:20Et je travaillais très peu.
16:26J'enchaînerai après.
16:28Donc là c'était au début de la grossesse.
16:30Et pour me faire plaisir,
16:32je me branche sur le film de Melville
16:34pour faire une silhouette.
16:36Une silhouette parce que je dis une réplique,
16:38donc je n'étais pas figurant.
16:40Mais c'est un très mauvais souvenir.
16:42Oui, mais en même temps,
16:44Bourvil a été très sympa avec vous.
16:46Oui, parce que je l'avais rencontré avant
16:48sur un autre film.
16:50Mais il était malade, il ne le disait pas.
16:52Non, mais quand il vous serrait la main,
16:54il vous pompait la vie.
16:56Mais il était formidable.
16:58Je l'avais rencontré sur un film
17:00et donc je l'avais rencontré là.
17:02Il avait déjà été formidable.
17:04La générosité de ce monsieur.
17:08Je me souviens que j'ai de ces petits rôles
17:10où j'avais, comme partenaire,
17:12des grands acteurs.
17:14C'est leur simplicité et leur gentillesse.
17:16C'est incroyable comment ces vedettes,
17:18quand vous êtes sur un plateau, ils sont gentils.
17:20Ils savent que vous avez peur.
17:22Ils savent que c'est terrible de jouer des petits rôles.
17:24Et ils sont formidables.
17:26Et Bourvil disait toujours,
17:28ils sont figurants parce que c'est eux
17:30qui ont le plus de difficultés.
17:32Je l'ai dit, on est d'accord.
17:34Je suis d'accord avec lui.
17:36Il se trouve aussi que Bourvil avait un fan
17:38qui était Jean Gabin.
17:40Vous lui avez donné la réplique.
17:42C'est l'accès à la légende.
17:44Je débute avec Depardieu.
17:46Puisqu'on s'entait du même cours.
17:48On avait fait quelques castings
17:50à droite et à gauche, tous les deux.
17:52Et on décroche tous les deux.
17:54Moi je joue un jeune journaliste
17:56et lui je jouais un des fils
17:58de l'histoire.
18:00Et on part à Sixteron
18:02avec Jean Gabin.
18:04Et ça c'est extraordinaire.
18:06C'est pour la première fois de ma vie
18:08un film sur la longueur.
18:10Parce que j'ai fait le film sur la longueur.
18:12Voir tous les jours travailler Jean Gabin,
18:14c'est la meilleure école du monde.
18:16C'est impressionnant.
18:18Moi j'ai une scène avec lui
18:20dont je me souviens.
18:22Il parle tellement juste
18:24que je lui réponds
18:26sur une phrase parlée et pas écrite.
18:28C'est à dire que la phrase
18:30était dialoguée mais un peu écrite.
18:32Et j'ai dit ils vont couper là.
18:34Donc j'ai un moment de panique,
18:36je transpire et tout.
18:38Et Gabin il est là, on passe image par image
18:40on le voit, il fait remplir la bouteille.
18:42Il refait sa phrase d'après.
18:44Et il enchaîne, coupé.
18:46Et je m'attendais à ce qu'il la refasse.
18:48Et on dit non non il a raison,
18:50le monde c'est mieux comme ça.
18:52Et Delon aussi,
18:54un homme de parole
18:56que je n'ai jamais rencontré.
19:00On ne signe pas le contrat avec lui,
19:02on a sa parole.
19:04Alors lui j'ai eu la chance d'être son partenaire
19:06dans la race des seigneurs.
19:08Et lui c'est pareil, c'est comme Gabin,
19:10c'est des leçons extraordinaires.
19:12Il arrive dans une séquence comme ça,
19:14très quotidien.
19:16Je lui réponds sur le même ton,
19:18en semi-impro comme on dit.
19:20Et coupé,
19:22grignotte de fer, du rond à la tire,
19:24non non, on la refait.
19:26Il vient me voir, il me dit Jean-Pierre,
19:28je suis ton ministre,
19:30dans la vie on peut se tutoyer, mais quand on est en public,
19:32tu ne me tutoies pas.
19:34C'est formidable ça.
19:36C'est peut-être une immense leçon
19:38de jusqu'où va un rôle.
19:40Et c'est comme ça dans la vie.
19:42Moi je vois les politiques, quand c'est monsieur le président,
19:44c'est monsieur le président, c'est pas tu vas bien.
19:46Il se trouve aussi qu'il y a Jane Ackman dont on parlait
19:48à les French Connection, ça a été un grand moment.
19:50Alors là c'est 23 semaines
19:52sur un nuage.
19:54Sur un nuage. Parce que
19:56j'ai 3 semaines
19:58de préparation du film payé.
20:00J'ai fait un stage
20:02chez les drogués, j'ai fait un stage
20:04à Marseille.
20:06J'ai fait 3 semaines de stage
20:08avec les flics,
20:10les drogués,
20:12les descentes dans la rue, etc.
20:14Et pendant 18 semaines,
20:16j'étais tous les jours
20:18avec Jane Ackman.
20:203 Oscars à l'époque.
20:22Oscars du meilleur second rôle dans
20:24Bonnie and Clyde, après
20:26French Connection 1 et Conversation secrète.
20:28Il a 94 ans, il est en forme
20:30aujourd'hui.
20:32Est-ce qu'il est vraiment en forme ?
20:34Apparemment oui, d'après les renseignements.
20:36Il a débuté dans les Envahisseurs, la série
20:38à la télévision.
20:40Il a été remarqué dans Bonnie and Clyde où il joue un des frères.
20:42Et puis il y a un rôle très très court mais qui a marqué
20:44aussi votre carrière,
20:46c'est le début de Moondraker de James Bond.
20:48Ça c'est encore un gag.
20:50Ça c'est encore un gag parce que
20:52je raconte assez souvent parce que
20:54c'est vrai que c'est...
20:56On réalise pas.
20:58J'ai été à Londres signer des autographes
21:00toute une journée. Vous avez des fan clubs
21:02et je signe pas par mon nom, je signe
21:04ma réplique.
21:06Et je signe ça.
21:08Ils veulent la réplique.
21:10Je suis choisi pour faire le pré-générique
21:12d'un James Bond. C'est colossal.
21:14On se rend pas compte, c'est la bande-annonce
21:16du film qui fait le tour du monde.
21:18Sauf que j'ai un masque, une moustache
21:20et des lunettes de soleil.
21:22Même Benjamin ne m'a pas reconnu.
21:24Vous êtes dans un avion, je crois.
21:26Oui, c'est toute une séquence, c'est le pré-générique.
21:28Alors le scénario,
21:30moi je me voyais en pilote
21:32avec une chemise blanche, les épaulettes,
21:34un sourire hollywoodien.
21:36Sauf que quand on a voulu
21:38tourner Entrez pas dans la carlingue
21:40parce que j'avais le géant avec moi.
21:42Donc après j'ai une bagarre
21:44avec James Bond qui était réglée.
21:46Deux jours de répétition pour la bagarre.
21:48C'est un ballet, attention.
21:50Et puis après je le jette,
21:52puis le géant me pousse, je tombe.
21:54James Bond me rattrape,
21:56pique mon parachute.
21:58Moi je m'écrase
22:00sur un cercle et lui il devient...
22:02Et donc, trois jours
22:04avant de tourner,
22:06je suis convoqué au studio
22:08pour voir ma séquence.
22:10Mais quelle séquence ?
22:12J'ai fait que des transparences, des essais, des trucs.
22:14Et la séquence, c'était le cascadeur
22:16qui faisait la chute avec la bagarre,
22:18avec James Bond. Et je vois qu'il a
22:20un casque, des lunettes,
22:22des moustaches.
22:24Et alors à la fin, vous avez vu, c'est formidable.
22:26J'ai dit oui, c'est formidable, mais who's that guy ?
22:28Fédatio !
22:30Et voilà comment on fait l'histoire.
22:32La suite de votre histoire, c'est une autre date
22:34importante aussi, le 3 juillet
22:361999.
22:38A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Pierre Castaldi.
22:40Sud Radio, les clés d'une vie.
22:42Jacques Pessis.
22:44Sud Radio, mon invité des clés d'une vie,
22:46Jean-Pierre Castaldi. On a évoqué vos débuts,
22:48vos films insensés,
22:50notamment avec James Bond. On parlera tout à l'heure
22:52des Grands Ducs que vous jouez au Théâtre de Passy.
22:54Mais si je parle du 3
22:56juillet 1999,
22:58ça va vous dire quelque chose en écoutant ce générique.
23:00...
23:04Fort Boyard. Alors là, c'est l'année
23:06où vous êtes encore candidat et pas
23:08animateur.
23:10Oui, exactement. Je fais mon premier Fort Boyard
23:12parce que tout le monde rêvait de faire Fort Boyard
23:14à l'époque. C'était
23:16une figure imposée.
23:18Et d'ailleurs, vous êtes
23:20avec une équipe, et le Clique Guerre, c'est
23:22avec Candida, je crois. Et puis,
23:24le problème, ça va être les serpents.
23:26Oui, pour moi,
23:28ça n'a pas été un problème. Ils pensaient que ça allait me faire
23:30peur. Mais comme je savais qu'ils n'étaient
23:32pas vénéneux, j'ai une séquence
23:34où le responsable
23:36animalier, je prenais les serpents
23:38comme ça, je les jetais.
23:40Ils étaient effrayés.
23:42Tout le monde a peur des serpents.
23:44Moi, pas du tout. Vous savez, à l'Amérique du Sud,
23:46vous pouvez en avoir... J'en avais vu
23:48d'autres en Amérique du Sud. Donc je les prenais
23:50comme ça, je cherchais le nom, puis je les jetais.
23:52L'animalier
23:54était très inquiet.
23:56L'émission est présentée par Patrice Laffont,
23:58et l'année suivante, vous remplacez
24:00Patrice Laffont. Comment c'est arrivé ?
24:02J'ai une tranche de vie.
24:04J'ai vécu... J'étais
24:06très proche de Marie-France Brière,
24:08qui était la responsable
24:10de Fort Boyard.
24:12Elle m'a dit
24:14que celui qui fait Caïus Bonius,
24:16il est formidable pour faire Fort Boyard. Donc, grâce
24:18à elle,
24:20ils ont fait des tests. Parait-il,
24:22sur ces tests, je suis celui qui est
24:24venu en tête, contrairement à ce que pensait
24:26la chaîne à l'époque. Et donc, c'est elle
24:28qui me fait engager à Fort Boyard. Et j'étais
24:30très heureux de le faire. Vraiment. Vraiment.
24:32J'ai beaucoup aimé ça. Et j'étais
24:34très triste quand on m'a
24:36viré. En plus, c'est un travail très
24:38particulier. C'est d'animateur et de comédien.
24:40Oui, non.
24:42Je ne peux pas dire que c'est un travail de comédien.
24:44On a mélangé fiction.
24:46On a mélangé, grâce à Marie-France Brière,
24:48fiction et déco.
24:50Mais, il y a quand même
24:52le timing de l'émission
24:54et c'est quand même très
24:56précis, je dois dire.
24:58Ce n'est pas si simple que ça à faire.
25:00Et la première année, je crois que Patrice Laffont
25:02est candidat et qu'il va avaler une mouche
25:04au cours d'une séquence.
25:06Oui.
25:08Alors, justement, vous parliez
25:10de Caius Bonus. Effectivement, ça
25:12a aussi beaucoup compté dans votre carrière.
25:14Rien. Pas une abuscade. Rien.
25:16Ces Gaulois
25:18habitent un village qui résiste aux légions
25:20Astérix et Obélix contre
25:22César, ça aussi, ça a été une belle aventure.
25:24C'était
25:26l'aventure qui a commencé bien plus tôt
25:28et je dois rendre hommage à Claude
25:30Didier Kamenka, qui nous a quittés il n'y a pas
25:32très longtemps, le scénariste de Claude.
25:34Je fais une bascule
25:36dans ma vie, parce que
25:38j'avais joué au théâtre pour Sandrick Tapieurien.
25:40Et Kamenka était, à l'époque,
25:42un humoriste fabuleux. Il s'est fait
25:44virer de toutes les radios, d'ailleurs.
25:46De l'époque, oui, de Rapport, etc.
25:48C'était le scénariste et le dialoguiste.
25:50Et quand il prépare
25:52pour Sandrick Tapieurien, pour le cinéma,
25:54c'est Molinaro, Edouard Molinaro
25:56qui doit faire la mise en scène, avec qui j'avais
25:58tourné quelques fois,
26:00et qui dit, mais c'est lui qui a joué.
26:02Donc je joue pour Sandrick Tapieurien,
26:04qui est
26:06le passage de rôle sérieux que j'avais
26:08à la télévision, à la comédie,
26:10entre guillemets, et où je rencontre,
26:12où je confirme
26:14mon amitié avec Kamenka
26:16et j'accède
26:18à Claude Zidi, qui va être déterminant
26:20pour, depuis 20 ans,
26:22toute ma fin de carrière, je la dois
26:24à Claude Zidi.
26:26Et le jour où j'apprends qu'il va
26:28mettre en scène Astérix,
26:30je suis en vacances chez lui,
26:32où il m'a invité dans sa maison,
26:34dans le Centre de la France,
26:36et je lui regarde comme ça, et il me dit,
26:38non, non, non, ça tu joueras pas le gros,
26:40là c'est...
26:42C'est Gérard Depardieu,
26:44j'ai un rôle pour toi,
26:46Caius Bonus. Et je dois dire que
26:50je pouvais pas imaginer que ce rôle
26:52m'attourait à ce point-là. Les jeunes, encore
26:54aujourd'hui, le tchiki-tchik
26:56avec mon oreille, ils tiennent,
26:58ça les fait encore rire.
27:00Merci Claude Zidi,
27:02merci Didier Kamenka.
27:04En plus ce rôle était très travaillé, jusqu'en armure,
27:06et jusqu'au casque.
27:08Parce que, comme j'avais tourné 3-4 fois
27:10avec Claude Zidi, je savais comment
27:12il travaillait, c'était un peu comme
27:14si Claude sautait, c'est pareil.
27:16Donc le costume, j'avais vu
27:18le storyboard,
27:20et je savais que Claude, il voulait ce qu'il y avait
27:22dans le storyboard. Et donc quand j'ai fait
27:24la préparation du costume, et que je me suis vu en costume,
27:26je devais faire une présentation à 16h
27:28à l'après-midi, on était à 11h du matin,
27:30donc avec le costume,
27:32et je me regarde dans la glace, et je dis à la costumière,
27:34qui était l'ex-femme de Berry en plus,
27:36ça je le savais pas,
27:38ça va pas du tout.
27:40Elle me dit, comment ça ça ?
27:42Je dis, non, c'est pas ça que
27:44Claude veut voir. Et je dis, voilà,
27:46il y a ça qui va pas, il y a ça qui va pas.
27:48Et je parlais à Marathi, qui m'avait fait mon armure,
27:50qui est magnifique d'ailleurs,
27:52je dis, tu vois, c'est comme l'armure,
27:54mais quand il prend une baffe,
27:56il a le ventre qui sort et tout,
27:58donc ils ont coupé cette magnifique armure pour qu'elle soit réglable,
28:00je fais téléphoner à la production
28:02de 35 millions d'euros,
28:04que je ne présente pas le costume,
28:06tu imagines un peu le Tchoumani, le tsunami dans les verres,
28:08et donc j'ai retardé la présentation
28:10du costume d'une semaine, ils ont retravaillé
28:12le casque et fait sur mesure sur moi,
28:14dessiné sur mes joues et tout,
28:16ce qui fait que quand je suis arrivé
28:18présenter le costume sur le plateau
28:20avec toute l'équipe,
28:22tout le monde dans le décor,
28:24ils m'ont fait passer par une petite porte, je suis sorti par la petite porte,
28:26je suis arrivé, là j'ai arrêté,
28:28tout de suite, oh mon Caiusse,
28:30oh mon Caiusse, et j'ai vu dans l'œil
28:32de mon ami Claude Zillier, ça c'est très émouvant,
28:34j'ai vu, merci mon ami,
28:36c'est ça que je veux.
28:38Tu sais, c'est quand tout d'un coup,
28:40tous les astres s'alignent pour que ça marche.
28:42Exactement, il se trouve en plus
28:44que je crois que ce casque ou ces armures
28:46sont tombées dans un musée aujourd'hui.
28:48Il faut savoir que Caiusse Bonnus
28:50était un personnage du premier Astérix
28:52le Gaulois, un Romain
28:54qui tentait de s'introduire dans le village.
28:56Oui, mais c'était pas un soldat,
28:58c'était un, comment ils appellent ça ?
29:00Il était en queue d'emblée.
29:02Et il se trouve que cet album n'a pas marché du tout,
29:04il s'est vendu à 6 000 exemplaires,
29:06et qu'à l'époque, Goscinier et Udiarzo
29:08qui avaient fait cette série pour remplacer le roman de Renard
29:10qui devait passer dans Pilote, n'imaginaient pas
29:12que ça deviendrait culte.
29:14C'était le tout début d'Astérix.
29:16Alors, il y a aussi, je me souviens,
29:18lorsque vous avez joué,
29:20je crois, avec Francis Joffo
29:22au Palais Royal, face à face,
29:24il y avait l'affiche de Caiusse Bonnus
29:26tellement vous étiez populaire.
29:28Oui, à l'entrée du Palais Royal.
29:30Et c'est vrai que le Palais Royal, vous avez beaucoup joué dans ce théâtre.
29:32Alors, j'ai beaucoup joué dans ce théâtre,
29:34parce que, d'abord, dès le départ de ma vie,
29:36j'étais ami avec Francis Nannier,
29:38j'étais quatre,
29:40malheureusement il n'en reste plus qu'un qui est très âgé.
29:42Qui est Francis Nannier ?
29:44J'ai joué avec Jean Poiré,
29:46rumeur, quand même, au Palais Royal
29:48pendant toute une saison.
29:50Donc le Palais Royal était presque mon berceau du boulevard.
29:52Parce que,
29:54on va revenir en arrière,
29:56on a fait un raccourci très rapide,
29:58entre mes débuts de quelques petits rôles à la télé,
30:00après je suis devenu premier rôle à la télé,
30:02le jour de la naissance de Benjamin,
30:04je décrochais mon premier premier rôle
30:06dans les cadets de Saumur.
30:08Et après, pendant 4, 5, 6 ans, j'ai enchaîné
30:10succès sur succès, les Hommes de Rose,
30:12qui était un feuilleton que je jouais à chauffeur routier,
30:14qui était un carton avec Doradolle,
30:16avant de revenir au cinéma.
30:18Et donc, je vous raconte ça parce que,
30:20à cette époque-là,
30:22je ne faisais plus de théâtre,
30:24parce que j'avais tellement de tournages que je ne pouvais plus être au théâtre.
30:26Je n'ai simplement joué
30:28qu'avec Jacques Weber.
30:30J'ai joué Spartacus au théâtre du VIIIe,
30:32je jouais Crassus,
30:34l'homme le plus riche du monde,
30:36et après j'ai joué avec Jacques Weber
30:38Montecristo au théâtre.
30:40Et donc,
30:42je n'étais pas du tout programmé non plus
30:44pour jouer dans des comédies, c'est Jean Poiré
30:46qui me fait accéder à la comédie au Palais Royal,
30:48et après donc j'ai enchaîné
30:50avec Joffo et tout ça.
30:52Jean Poiré qui, au départ, lorsqu'il était enfant,
30:54il habitait en face d'une église, il voulait être croque-mort,
30:56et ça a changé,
30:58mais c'était une précision et une angoisse permanente,
31:00Jean Poiré.
31:02C'est un traqueur fou,
31:04quasiment à l'entracte,
31:06il changeait de costume tellement il transpirait en scène.
31:08J'ai eu la chance, je peux le dire,
31:10parce que j'ai des témoins de tout ça,
31:12j'ai eu la chance, une ou deux fois par semaine,
31:14en tout cas une ou deux fois par mois,
31:16après avoir joué,
31:18je l'attendais dans ma voiture et on allait manger des huîtres
31:20avec une saucisse chaude,
31:22et j'ai eu la chance de partager des soirées jusqu'à
31:245h du matin avec Jean Poiré,
31:26qui m'a raconté
31:28une partie de sa carrière
31:30avec ses rôles,
31:32et je dois dire que c'est, quand il est mort,
31:34j'étais dans ma voiture, je me souviens, je me suis arrêté.
31:36Je me suis arrêté, j'ai eu un choc,
31:38parce que c'est,
31:40on ne peut pas imaginer ce que c'est que de travailler
31:42un an avec Jean Poiré,
31:44c'est un homme généreux, gentil,
31:46humble, humble,
31:48qui aggravit toutes les marches, il travaillait comme des fous
31:50avec Poiré, des petits rôles à droite,
31:52il faisait 3 cabarets dans la soirée,
31:54c'était extraordinaire ce qu'il faisait.
31:56Il passait dans les cabarets
31:58et après il se retrouvait chez eux pour écrire la suite.
32:00Exactement.
32:02On ne peut plus imaginer ça aujourd'hui.
32:04Et aujourd'hui, leurs sketches sont cultes.
32:06Culte, culte.
32:08Et un autre film qui est culte, c'est Ripoux contre Ripoux,
32:10et là aussi...
32:12C'est Ziddie, c'est Ziddie. Alors évidemment, c'est avant
32:14Callius Bonus, mais là c'est pareil,
32:16je suis à Berlin,
32:18où je tourne un film international qui s'appelle
32:20Monopolite, en anglais.
32:22Je suis à Berlin, à l'époque du Mur, d'ailleurs on a tourné au pied du Mur,
32:24et je rentre à mon hôtel,
32:26on tournait que de nuit.
32:28Je rentre à mon hôtel, on me dit, vous avez un message de M. Claude Ziddie,
32:30il était à Berlin,
32:32et il me dit, on déjeune ensemble,
32:34au Café de Paris, qui était derrière le Gimsky,
32:36et je suis avec Claude Ziddie, je lui dis,
32:38qu'est-ce que tu fais là ?
32:40Donc il vient me voir sur le tournage international,
32:42ma caravane,
32:44le fauteuil à mon nom,
32:46donc il dîne avec l'équipe,
32:48et puis il me dit,
32:50bon ben écoute,
32:52qu'est-ce que tu fais à la rentrée ?
32:54Du coup j'ai un projet, et il me dit, non t'es pas libre.
32:56Mais je lui dis, t'es pas libre.
32:58Bon, je finis mon tournage,
33:00le Gimsky Napoléon, je rentre à Paris,
33:02je vais jouer au tennis chez Kamenka,
33:04et Kamenka me dit, Claude il t'a parlé ?
33:06Je dis oui, il m'a dit que j'étais pas libre à la rentrée,
33:08mais je sais pas quoi, il me dit, je peux pas te dire.
33:10C'était Ripoux contre Ripoux.
33:12Vous savez, Claude Ziddie,
33:14c'est un homme très pudique,
33:16très réservé,
33:18c'est un personnage formidable,
33:22c'est vraiment des cadeaux,
33:24quand il te donne un rôle, c'est un cadeau.
33:26Vous avez aussi côtoyé deux géants,
33:28mais pour d'autres raisons,
33:30c'est Yves Montand et Simone Signoret, Jean-Pierre Castagny.
33:32Oui, alors j'ai tourné une toute petite séquence
33:34avec Simone Signoret,
33:36parce que c'était elle qui a insisté pour que je le fasse,
33:38parce que je devais jouer un rôle,
33:40mais on a changé d'actrice principale,
33:42et c'était plus possible que je joue le rôle prévu,
33:44et donc, pour moi,
33:46Montand et Signoret,
33:48ça aura été des beaux-parents.
33:50C'étaient les grands-parents
33:52de Benjamin,
33:54ils adoraient le petit,
33:56c'est un peu comme l'enfant qu'ils n'avaient pas pu avoir ensemble,
33:58donc il a grandi là-bas,
34:00ils en sont beaucoup,
34:02et ils n'ont jamais interféré,
34:04ils m'ont jamais enlevé
34:06mon autorité parentale de père,
34:08ils n'ont jamais gommé le père,
34:10ils ont toujours été formidables,
34:12je dois à Signoret
34:14deux, trois phrases extraordinaires,
34:16un jour, elle m'a dit, vous savez,
34:18il n'y a pas de honte à montrer ses failles,
34:20et elle m'a dit,
34:22le plus beau des rôles, ce n'est pas celui que vous rêvez de jouer,
34:24c'est celui qu'on rêve de vous voir jouer.
34:26J'ai les effets miennes.
34:28Alors, il se trouve,
34:30après votre séparation avec Catherine Allégret,
34:32on a gardé des souvenirs,
34:34et moi, je me souviens de Signoret,
34:36d'une discussion avec elle, je n'ai jamais vu une femme aussi cultivée.
34:38Oui, vous savez qu'elle lisait énormément,
34:40énormément,
34:42elle écrit divinement bien,
34:44la Nostalgie est un bouquin,
34:46parce qu'au début, vous savez, on travaillait avec quelqu'un,
34:48et donc, quand elle a vu le résultat,
34:50elle a racheté son contrat,
34:52à l'éditeur,
34:54elle s'est mise avec sa machine à écrire,
34:56elle s'est enfermée dans la ferme
34:58qu'il y avait à côté d'Auteuil, dans la maison de campagne,
35:00avec sa machine à écrire,
35:02et elle a tout réécrit.
35:04C'est extraordinaire.
35:06Et avec une modestie, une simplicité totale.
35:08Alors, mon temps, c'était différent,
35:10mais Signoret appartenait,
35:12comme je vous l'ai dit tout à l'heure, à ces grandes stars,
35:14comme dit Nachman et tout ça,
35:16ils n'ont pas besoin de prouver quoi que ce soit,
35:18ils sont, eux.
35:20Donc, ils sont très simples, finalement,
35:22c'est leur entourage qui se grosse là.
35:24Mais, vous qui les avez côtoyés depuis toujours,
35:26je le sais, vous savez très bien que
35:28dans le privé, les vedettes sont très très humbles.
35:30Exactement.
35:32Elle remercie Dieu de leur avoir donné tout ça, finalement.
35:34On va maintenant évoquer
35:36l'actualité avec la date du 16 janvier 2025.
35:38A tout de suite sur Sud Radio,
35:40avec Jean-Pierre Castaldi.
35:42Sud Radio, les clés d'une vie,
35:44Jacques Pessis.
35:46Sud Radio, les clés d'une vie, Jean-Pierre Castaldi, mon invité.
35:48On a évoqué votre parcours
35:50qui est atypique et même incroyable,
35:52tellement vous avez fait de choses.
35:54Et depuis le 16 janvier 2025,
35:56vous êtes de retour à Paris, au Théâtre de Passy,
35:58avec une pièce que vous avez jouée en tournée,
36:00qui s'appelle Les Grands Ducs,
36:02qui est une pièce que vous jouez avec Georges Belair et Jean-Christophe Bach,
36:04qui est une vraie comédie.
36:06C'est au-delà de la comédie.
36:08C'est au-delà de la comédie.
36:10C'est tiré d'une adaptation
36:12faite par Annabelle Milot
36:14du film culte,
36:16Les Grands Ducs, avec Noiré,
36:18Rochefort et Marielle.
36:20On joue ça au théâtre.
36:22C'est une aventure
36:24complètement loufoque, parce que c'est mis en scène par Jean-Luc Moreau.
36:26Et finalement,
36:28quand on a fait les premières répétitions,
36:30on s'est rendu compte que
36:32parce que vous devez être très drôle à la lecture,
36:34parce qu'on avait fait une lecture au début,
36:36au théâtre, il y a des choses
36:38qui ne se passent pas comme au cinéma.
36:40Parce que vous faites un contre-champ,
36:42vous voyez le public qui rit, mais en France,
36:44il n'y a pas de contre-champ avec le public.
36:46Si vous venez de faire une blague et que le public qui est devant vous
36:48ne rit pas, ça ne marche pas.
36:50Comme je dis dans un fait d'eau,
36:52si le public ne sait pas
36:54que l'amant est dans le placard, la scène n'est pas drôle.
36:56On s'est trouvés
36:58confrontés à ça.
37:00C'est un prétexte.
37:02Je ne veux pas qu'on se compare à Mariel.
37:04J'ai refusé de revoir le film.
37:06En plus, il faut savoir
37:08qu'à l'époque, Mariel, Rochefort et Noiret
37:10étaient des stars, mais quand ils ont débuté
37:12Mariel et Rochefort au conservatoire,
37:14leurs professeurs leur ont dit
37:16vous ne ferez jamais que des troisièmes rôles, mais de la figuration.
37:18Et Belmondo, vous n'aurez jamais de femme
37:20entre vos bras.
37:22C'est une comédie,
37:24au-delà d'une comédie,
37:26trois comédiens sur le retour au départ.
37:28C'est trois comédiens
37:30qui sont un peu des has-beens
37:32comme on dirait aujourd'hui,
37:34qui sont sans boulot,
37:36qui piquent du boulot
37:38à un autre acteur qu'ils rencontrent
37:40et ils partent faire une tournée
37:42dans une pièce complètement folle
37:44qui s'appelle Scooby-Dooby-Doo.
37:46Avec un producteur qui n'a qu'une idée en tête,
37:48c'est de s'aborder le spectacle
37:50pour toucher les assurances parce qu'il est en faillite.
37:52Voilà, ça c'est le pitch au départ.
37:54Et eux,
37:56ils partent en tournée et ils veulent absolument
37:58que la tournée se fasse, évidemment.
38:00Mais alors, c'est trois acteurs
38:02hors normes.
38:04C'est-à-dire que moi, j'ai jamais lu la pièce.
38:08Alors Bélair, lui, c'est le séducteur.
38:10Enfin, le beau sur le retour
38:12qui drague les femmes.
38:14Et Jean-Christophe Barre,
38:16lui, c'est le sanguin,
38:18c'est l'hypersensé.
38:20Mais il a le trac.
38:22Il est dévoré par le trac.
38:24Et il se trouve qu'en plus,
38:26toutes les générations sont dans la salle
38:28parce que c'est un genre de comédie, de burlesque,
38:30qu'on ne fait plus aujourd'hui.
38:32Alors, on n'est pas tout à fait dans le burlesque,
38:34mais on n'est pas loin des Monty Python
38:36quand même qui sont l'extrême.
38:40On n'est pas du café-théâtre non plus
38:42parce qu'on reste très théâtral.
38:44C'est le dosage.
38:48Parce qu'ils ont tous des caractères.
38:50C'est du théâtre.
38:52Ce ne sont pas des caricatures.
38:54Alors, il faut s'approprier le personnage
38:56et ce n'est pas simple justement
38:58quand la pièce évolue à ce rythme.
39:00C'est un rythme d'enfer.
39:02En plus, Jean-Luc Moreau aux manettes
39:04est intransigeant sur le rythme.
39:06Presque fatiguant même.
39:08C'est un travail de préparation énorme,
39:10beaucoup plus qu'on l'imagine, Jean-Pierre Castelli.
39:12Le boulevard, vous savez,
39:14j'avais fait Jean-Luc Moreau,
39:16j'avais fait Michel Roux avant,
39:18j'avais fait Jean Poiré avant.
39:20Les gens, ils croient qu'on parle normalement
39:22mais on est à 200 à l'heure.
39:24Ça va très très vite.
39:26C'est des quarts de temps, des millièmes de temps.
39:28Vous décalez un temps et vous n'avez pas de rire.
39:30C'est le prix d'un rire.
39:32Dans les branquignoles,
39:34un jour, il y a eu Pierre Tornade
39:36qui a décalé, qui a rajouté un mot.
39:38Robert Derry était fou de rage parce que ça avait tout décalé.
39:40Moi, j'ai fait...
39:42Je vais vous confirmer ça.
39:44Quand je jouais avec Michel Roux un jour,
39:46on était avec Popek,
39:48là, il y a un effet à faire, je vais faire un effet,
39:50ça va être très drôle.
39:52On s'habitue, 120 jours, tu prends tes aises,
39:54même si t'es avec eux.
39:56Et je fais un effet énorme.
39:58Énorme.
40:00Comme j'avais prévu.
40:02Et à la fin du spectacle,
40:04Michel Roux vient faire...
40:06Très bien, Jean-Bert.
40:08Mais vous avez vu derrière, en ampère 3.
40:10Pour un rire, en ampère 3.
40:12Tu décides.
40:14J'étais tout décidé, j'avais fait.
40:16Il se trouve que là aussi, il y a eu une tournée
40:18parce qu'il fallait roder cette mécanique.
40:20Et ça, c'est encore une fois une chose très particulière
40:22que des années de travail vous ont permis d'apprendre.
40:24Oui, mais ça, c'est...
40:26C'est les Etats-Unis, vous savez, quand ils arrivent à Broadway,
40:28ils ont quasiment fait 6 mois de tournée,
40:30corrigée tous les jours, tous les jours, tous les jours.
40:32Donc quand on part en tournée,
40:34vous savez, une pièce, vous ne pouvez la réaliser
40:36que quand vous avez le public.
40:38Parce qu'on pense qu'ils vont rire,
40:40mais quand est-ce qu'ils vont rire ?
40:42Et puis ils ne rient pas tous au même moment.
40:44Le rythme, le tempo,
40:46comme disaient les grands maîtres du théâtre,
40:50le partenaire au théâtre,
40:52c'est le troisième.
40:54C'est le partenaire, c'est le public.
40:56Et c'est lui qui va rythmer la cadence du jeu.
40:58Et on sent très bien, au bout de quelques semaines,
41:00de quelques mois, comment ça se passe.
41:02Par exemple, s'ils ne rient pas là et là et là,
41:04ils ne riront pas là-bas, là-bas, là-bas.
41:06Par contre, s'ils rient là, ça veut dire qu'ils sont là
41:08depuis le début, ils ont compris la pièce.
41:10Il faut se remettre en question sans arrêt.
41:12C'est l'humilité absolue, ce métier.
41:14Mais c'est ça qu'on oublie.
41:16Ça veut dire aussi que se retrouver devant
41:18la France profonde, la douce France,
41:20qui est un bonheur, Jean-Pierre Castaner.
41:22Oui, parce que quand vous allez dans le Nord,
41:24par exemple, et que vous avez un public hors Nord,
41:26c'est le cas de le dire,
41:28quand on arrive...
41:30Moi, des fois, j'arrive dans un théâtre,
41:32on arrive dans l'après-midi,
41:34qui va venir là ?
41:38Et à 8h30 du soir, le parking est plein,
41:40vous avez 650 personnes
41:42qui viennent là pour s'amuser.
41:44C'est émouvant, c'est émouvant,
41:46c'est très émouvant.
41:48Et moi, la France profonde,
41:50je découvre la France en tournée.
41:52Partout, que ce soit
41:54à Toulouse, que ce soit
41:56partout en Bretagne, c'est incroyable.
41:58Le Nord, l'Alsace...
42:02Les gens, quand on quitte Paris,
42:04on a l'impression
42:06qu'on rentre vraiment en France.
42:08Quand on vient à Paris, on quitte la France
42:10pour rentrer ailleurs.
42:12J'ai vu toutes les critiques en tournée,
42:14cette pièce est considérée comme une pépite
42:16parce que ce genre n'existe plus, Jean-Pierre Cristaldi.
42:18Oui, mais ça...
42:20Oui, c'est une pépite, mais
42:22ce qui est incroyable, c'est qu'ils y vont,
42:24ils y vont, ils viennent la voir, c'est ça qui est incroyable.
42:26Ça veut donc dire que
42:28quand on propose quelque chose au public
42:30de bon,
42:32comme par hasard, ils ne s'y trompent pas.
42:34Et le théâtre de Passy, qui est un nouveau théâtre à Paris...
42:36C'est un magnifique théâtre, magnifique directeur,
42:38Jean-Georges Tarot, qui est un magnifique
42:40directeur de théâtre,
42:42c'est son jouet,
42:44c'est son bijou, son petit cocon.
42:46Il est magnifique, le théâtre, tout petit, mais magnifique.
42:48Et en même temps, le public est là, les jeunes comme les moins jeunes,
42:50car les jeunes découvrent ça, Jean-Pierre Cristaldi.
42:52Apparemment, oui, on a des jeunes.
42:54Ça veut dire une forme physique aussi très forte.
42:56Comment vous faites ?
42:58Alors, ça, je ne sais pas.
43:00Est-ce que c'est extraordinaire ?
43:02Vous savez,
43:04mon Dieu, vous savez, la santé...
43:06J'ai 80 ans, tout le monde me dit
43:08« Non, tu ne les fais pas, tu ne les fais pas ».
43:10Mais je les ai quand même.
43:12Mais vous savez,
43:14c'est une telle passion, ce métier.
43:16Quand on arrive au théâtre, on n'est plus le même.
43:18Hier au soir, hier après-midi,
43:20on a joué à 17h, je suis sorti,
43:22je rentre à la maison,
43:24j'ai un coup de barre, mais vraiment un coup de barre.
43:26Je veux me coucher à 10h,
43:28ce qui ne m'arrive jamais.
43:30Je ne me rends pas compte que,
43:32effectivement, pendant une heure et demie, vous donnez beaucoup.
43:34Mais quand on est en scène, vous savez,
43:36on n'est pas enruimé, on n'a pas mal à la tête, on a mal le bar.
43:38Vos débuts au théâtre,
43:40c'est aussi la conséquence d'un souvenir de jeunesse.
43:42Vous avez connu le TNP jeune
43:44et vous avez un jour monté sur cette scène
43:46pour « Frites, frites, frites ».
43:48Alors, oui,
43:50c'est mon premier choc
43:52quand j'étais chez Simon,
43:54d'aller voir un spectacle au TNP.
43:56Et à l'époque, il faisait 2000 et quelques places.
43:58Et à la fin de la présentation,
44:00je suis en haut dans les places les moins chères.
44:02Et je reste fasciné
44:04par ce trou noir.
44:06Mais dans le même état
44:08que j'avais eu quand j'étais à Buenos Aires
44:10au cinéma
44:12ou quand j'avais vu les deux films qui m'ont marqué.
44:14J'étais dans cet état-là.
44:16Je sors K.O., je fais le tour du Palais de Chaillot.
44:18Derrière, je vois marqué au fronton
44:20« Il dépend de celui qui passe que ce soit tombe ou trésor.
44:22Ami n'entre pas sans désir. »
44:24Je ne pouvais pas imaginer
44:26que trois ans plus tard, je jouerais là
44:28avec mon ami, on le regrettait, Jacques Villerey.
44:30Il était encore au conservatoire.
44:32C'était une pièce anti-militariste.
44:34Et je jouais au grand TNP.
44:36— Et le TNP, d'ailleurs, on connaît Jean Villard,
44:38mais on ne sait pas que le théâtre a été en fait ouvert
44:40en 1920 par...
44:42— Pour l'exposition universelle ?
44:44— Ah non, par Firmin-Gémier.
44:46Le Palais de Chaillot a été construit en 1936
44:48pour l'exposition universelle.
44:50— Ah voilà, d'accord.
44:52— Alors, il y a eu effectivement beaucoup de choses au théâtre.
44:54Et il y a eu aussi dans votre vie
44:56une autre chose, c'est-à-dire
44:58une animation au Club Méditerranée
45:00qui débutait par cette chanson.
45:02« Gaston, il y a le téléphone qui sonne,
45:06et il n'y a jamais personne... »
45:08Ça vous rappelle quelque chose, ça ?
45:10— Alors ça, c'est extraordinaire.
45:12Entre cette période un peu trouble,
45:14où vous arrêtez les cours...
45:20Il faut gagner de l'argent.
45:22Parce que mes parents, évidemment,
45:24quand j'ai dit que je vais devenir comédien,
45:26ils ont coupé les vivres, évidemment.
45:28Donc il a fallu que j'aille gagner de l'argent.
45:30J'étais danseur coco-boy,
45:32disons les choses comme elles sont.
45:34On mettait des billets dans le slip.
45:38J'étais guide touristique,
45:40chauffeur de maître.
45:42Et puis disjockey dans une boîte de nuit
45:44qui m'a permis d'être engagé
45:46au Club Méditerranée.
45:48Le premier village, d'ailleurs,
45:50de Montagne,
45:52où la femme de Jean-Jacques Charbon-Chamba
45:54invente le mini-club,
45:56c'est-à-dire ce qui va devenir le mini-club pour les enfants.
45:58Et j'ai un jeune économe qui me dit
46:00« Tu sais, la seule chose qui compte pour le club,
46:02c'est les colliers de bulles, c'est avec ça qu'ils gagnent l'argent. »
46:04Et je lui dis « Mais tu sais,
46:06avec les spectacles qu'on fait, ils ne vont pas boire beaucoup. »
46:08Et je lui dis « Mais écoute-moi,
46:10j'étais disjockey,
46:12si tu veux, on va faire une boîte de nuit. »
46:14Donc ils ont 30 ans, ils ont des enfants,
46:16mais le soir, ils aiment bien s'amuser.
46:18Et donc j'invente...
46:20Enfin, je m'invente. J'invente rien.
46:22Mais j'introduis la boîte de nuit
46:24dans le club.
46:26Et donc, le générique
46:28de cette boîte de nuit, c'était Gaston et le téléphone qui sont.
46:30Chanson d'ailleurs découverte
46:32par Eddie Barclay dans un club de jazz
46:34où Nino Ferrer accompagnait
46:36Nancy Holloway. Il l'a engagée
46:38et ça a été un immense succès.
46:40Et alors, vous aussi, vous avez chanté.
46:42Écoutez.
46:44Elle marche à mes côtés pendant quelques instants,
46:46elle disparaît brutalement,
46:49Encore une pépite, Paul Martin,
46:51c'est-à-dire Jean-Pierre Castagny.
46:53J'ai vraiment tout fait.
46:55C'est extraordinaire, qu'est-ce que c'est ça ?
46:57Alors ça, c'est Philippe Adler,
46:59spécialiste du jazz à RTL.
47:01Et le frère, le fils
47:03du directeur de RTL à l'époque.
47:05Et donc, vous vous souvenez
47:07qu'à l'époque, les acteurs, on faisait des cassettes
47:09pour faire des voix pour les pubs et tout ça.
47:11Moi, j'ai fait
47:13des voitures à vivre
47:15et séries noires. Puis après,
47:17ma voix était trop reconnaissable
47:19pour les pubs, on savait que c'était moi, donc ça ne marchait plus.
47:21Mais la cassette est restée
47:23et ils écoutent, ils disent
47:25il y a une belle voix, on va la faire chanter.
47:27Et je ne sais pas chanter, je ne veux pas chanter.
47:29Donc je vais avoir fini par là.
47:31Et puis il y avait
47:33quelqu'un qui avait fait
47:35pour mes disques parlés,
47:37il me dit, mais tu es capable de le dire le texte ?
47:39Oui, je suis capable de le lire.
47:41Et finalement, on est parti d'une chanson
47:43à un truc parlé.
47:45Et puis sur YouTube, c'est incontournable,
47:47c'est votre colère contre Raphaël Misrahi.
47:49Jean-Pierre Castaldi.
47:51Ça, c'est un des hits de YouTube.
47:53J'admets, de ma vie aussi,
47:55parce que c'était le sketch
47:57le plus rediffusé
47:59de la télévision, pendant 2-3 ans.
48:01C'est fou, hein ?
48:03Quand on voit votre parcours, est-ce que vous
48:05imaginiez faire tout ça, Jean-Pierre Castaldi ?
48:07J'écris un livre pour ça, je dis au hasard
48:09de ma vie, jamais.
48:11Jamais je pensais que je...
48:13Jamais. Moi, je me suis vu,
48:15le maximum que je me suis vu, c'est
48:17partir en Amérique du Sud, faire de l'import-export.
48:19Voilà, j'allais avoir un beau bateau,
48:21de l'argent.
48:23Enfin, ce qu'on rêve quand on est
48:25un petit con, quoi.
48:27Vous m'auriez dit, je vais tourner,
48:29je vais faire du cinéma, d'abord.
48:31Pour moi, un acteur de cinéma, c'était John Wayne,
48:33Burt Lancaster,
48:35c'était... Tu te regardes dans la glace,
48:37même si t'es pas mal, tu fais, bon, je suis pas de long,
48:39et je suis pas Gary Cramp,
48:41tu vois ce que je veux dire ?
48:43Donc déjà, faire du cinéma, ça me paraissait complètement impossible.
48:45Et le théâtre,
48:47c'est tellement impressionnant
48:49que tu peux pas t'imaginer qu'un jour,
48:51tu vas être là-bas.
48:53Tu sais, c'est impensable.
48:55Et...
48:57Merci, mon Dieu, d'avoir rencontré
48:59les gens,
49:01parce que c'est les rencontres,
49:03je veux dire, je l'ai pas rendu hommage,
49:05mais je dois beaucoup à la mère de Benjamin,
49:07Catherine Allégret, je veux dire,
49:09qui m'a fait découvrir tout un monde.
49:11Merci, Xavier Gellin,
49:13le fils de
49:15Daniel Gellin et de Daniel Delorme,
49:17qui était mon copain, enfin comme un frère pour moi,
49:19qui m'a... Alors tous ces gens-là
49:21m'ont fait découvrir tout ce que
49:23tout le monde rêve de voir ou de connaître,
49:25que vous avez connu depuis longtemps,
49:27donc vous savez mieux que personne
49:29de quoi je parle.
49:31Merci, mon Dieu. J'ai serré la main
49:33des trois présidents de la République,
49:35j'ai rencontré des intelligents,
49:37j'ai rencontré Georges Semprin,
49:39Régis Debré,
49:41j'ai rencontré des grands intellectuels,
49:43c'est incroyable, quoi.
49:45Et ce n'est pas fini à mon sens,
49:47et je suis sûr qu'il y aura d'autres choses,
49:49et vous reviendrez en parler dans les Clés d'une Vie,
49:51c'est certain. Pour l'instant,
49:53l'affiche, c'est les Grands Ducs au Théâtre de Passy,
49:55un spectacle à ne pas manquer,
49:57parce que c'est vraiment une comédie
49:59où les gens sortent hilares,
50:01on en a besoin en ce moment.
50:03Merci, ne changez surtout rien, continuez comme ça,
50:05je peux compter sur vous.
50:07Merci, les Clés d'une Vie, c'est terminé pour aujourd'hui,
50:09on se retrouve bientôt, restez fidèles
50:11à l'écoute de Sud Radio.

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