• il y a 22 heures
Avec Stéphane Debac, comédien.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-11##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:06Votre filmographie est à l'image de votre discrétion naturelle, impressionnante.
00:11Votre palette d'acteurs est comme celle d'un peintre, haute en couleurs.
00:15Les couleurs de la vie à l'image des personnages que vous interprétez à l'écran et à la télévision.
00:20Bonjour Stéphane Debac.
00:21Bonjour Jacques.
00:22Alors c'est vrai qu'on connaît votre visage, vous avez fait plein de choses.
00:25Finalement on connaît peu votre parcours, c'est assez étonnant.
00:28Oui, tant mieux.
00:30Tant mieux, on va découvrir aujourd'hui votre parcours,
00:33mais on va évoquer en même temps l'actualité avec un film qui sort demain sur les écrans
00:38et puis une série sur Ciné Plus qui est aussi très importante et très étonnante.
00:43Alors le principe des clés d'une vie, donc votre vie à travers des dates clés.
00:47Et la première que j'ai trouvée, ne vous concerne pas directement, elle est importante,
00:50c'est le 8 janvier 1992, la sortie d'un livre écrit par celui dont vous allez entendre la voix.
00:57J'ai connu moi François, c'était déjà un cinéaste.
01:01Serge Rousseau qui a fait un livre, Comédien du rêve à la réalité,
01:05entretien recueilli par Caroline Malibroche.
01:08Et ce livre est très important pour vous.
01:10Il l'a été à l'époque parce que je ne suis pas ce qu'on appelle un enfant de la balle
01:14et je n'ai pas grandi dans ce milieu-là,
01:18enfin en tout cas dans un cadre on va dire de métier artistique ou quoi.
01:22Lorsque je suis arrivé à Paris, effectivement j'avais comme mot,
01:27un peu comme un vieil oncle issu du Serail,
01:30des phrases soufflées par Serge Rousseau via ce livre qui m'avait été offert à 15 ans.
01:35Paru une amie de votre mère je crois.
01:36Absolument, je voulais déjà être acteur à 15 ans et donc elle m'a offert ce bouquin,
01:41elle en avait vu la publicité à Canal je crois.
01:44Et beaucoup plus tard j'ai croisé la route de Serge Rousseau,
01:47qui était le co-fondateur d'Art Média avec Gérard Lebovici et puis de Cinéa.
01:52Qui était un type tout à fait charmant.
01:55Donc ces mots m'ont accompagné longtemps.
01:58Il était comédien, chanteur et Art Média,
02:00on connaît parce que ça a été la base de la série 10% qui a fait un triomphe à la télévision.
02:06Alors il se trouve que vous arrivez à Paris 3 ans après sa sortie de ce livre,
02:11mais au départ vous êtes d'originaire de Lyon,
02:13vous êtes né dans un hôpital qui je crois est devenu un centre commercial de luxe.
02:17C'est ça, alors oui, l'Hôtel Dieu, absolument oui.
02:21Ma mère y a travaillé d'ailleurs dans sa jeunesse,
02:24et j'y suis né comme beaucoup de Lyonnais du reste.
02:28Mais aujourd'hui effectivement ça a été entièrement réhabilité,
02:32réaménagé en galerie marchande, restaurant, bar et hôtellerie de luxe.
02:38On est très lié à Lyon avec Sud Radio où on est implanté.
02:41Et d'ailleurs je précise, parce qu'on le sait aujourd'hui,
02:44on a fait plus de 41 millions de vues en digital sur Sud Radio,
02:48donc vous êtes très écouté aujourd'hui.
02:50D'accord, c'est les Lyonnais ça, c'est les Lyonnais.
02:52Il se trouve qu'aussi vous avez été élevé par votre mère toute seule,
02:57et je crois que vous avez été sa raison de vivre, Stéphane Debac.
03:00Alors, oui on peut le résumer comme ça,
03:05c'est-à-dire que comme n'importe quelle famille,
03:09j'aime pas beaucoup ce terme, mais monoparentale comme on dit,
03:11et bien oui, le parent seul qui reste pour élever l'enfant,
03:17forcément, l'enfant devient pour cette personne,
03:23en l'occurrence ma mère, un peu le centre, c'est sûr.
03:26Donc je pense qu'elle avait fait un peu d'une certaine façon de deuil
03:29de sa vie de femme à une certaine période pour m'éduquer,
03:31pour se concentrer sur moi, sur mon éducation,
03:34en faisant des choix de vie,
03:35et j'ai eu une enfance tout à fait merveilleuse.
03:38Oui, parce que je crois qu'elle était infirmière aide-soignante,
03:40et elle a voulu travailler de nuit, ce qui n'est pas évident,
03:42pour vous élever dans la journée.
03:44C'est ça, elle a choisi de travailler exclusivement de nuit
03:47pour pouvoir mieux veiller sur son petit garçon.
03:53Alors il se trouve que vous avez une énergie étonnante,
03:56et que cette énergie vient de votre mère,
03:57car elle avait beaucoup d'énergie dans tout ce qu'elle faisait.
04:00Oui, oui, elle a toujours beaucoup d'énergie,
04:02et c'est un tempérament très fort,
04:07elle a une nature combative, extrêmement drôle.
04:12Donc je crois que oui, on transmet,
04:14j'ai côtoyé toute ma jeunesse,
04:18que ce soit les joies, les emmerdes,
04:19si vous voulez, elle a toujours su tout transformer,
04:22et rebondir avec humour, sans cynisme aucun,
04:26avec beaucoup d'humour, une forme de légèreté constante,
04:29et donc en ayant toujours le sens du presse du spectacle, du drame,
04:34voilà, donc ça m'a nécessairement beaucoup nourri.
04:37C'est la personne avec laquelle je crois,
04:39encore à ce jour, j'ai le plus ri, et je ris le plus.
04:42Il se trouve aussi que votre vocation, Stéphane Debac,
04:44je crois qu'elle est née à l'école, dans un club théâtre,
04:48grâce à un spectacle monté par un parent d'élèves au départ, à 9 ans.
04:52Oui, alors c'est d'une banalité absolue,
04:54mais c'est-à-dire que oui, la première fois où je m'essaie un peu au théâtre,
04:59il doit y avoir 9 ou 10 ans,
05:00et c'est une parent d'élèves qui monte un club,
05:04et je participe à ça.
05:06Je ne suis pas du tout mauvaise élève,
05:07mais je ne suis pas non plus dans le cloton de tête,
05:09parce que je ne me force pas trop.
05:10Je contrarie une espèce de timidité,
05:14j'essaie de lutter en faisant un peu, en donnant le change,
05:18en cultivant une forme de répartie, peut-être, gamin.
05:21Et puis ce moment arrive où là, effectivement, je me sens à ma place.
05:25Il y a un truc qui se fait, où tout le monde se dit,
05:28c'est génial ce qu'il fait, il est étonnant, on ne l'avait pas vu venir.
05:31Donc c'est resté, et ça ne m'a pas trop quitté.
05:35Résultat, le Conservatoire de Lyon, quelques années plus tard ?
05:38Oui, pas longtemps, parce qu'il a vite fermé ses portes, celui-là.
05:40Pas à cause de vous ?
05:41Non, mais oui, avec quelques profs.
05:46Et puis, j'étais engagé par un de mes professeurs dans une troupe.
05:50J'ai commencé au théâtre, je ne rêvais que de théâtre d'ailleurs.
05:52Je ne m'imaginais pas du tout, moi, faire du cinéma, de la télé.
05:56Ça me paraissait très sincèrement, totalement inaccessible, abstrait.
06:02J'ai grandi en regardant des grandes stars à la télé.
06:06C'était cette époque où les Césars, c'était Noventura, Gabin, Signoret,
06:14Auteuil, des figures très emblématiques.
06:18Donc je ne me disais pas, tiens, je vais en faire partie.
06:21Enfin, je n'en fais pas partie à ce jour, mais c'était pas mon moteur.
06:25En tout cas, le théâtre vous intéressait, et l'humour aussi,
06:28parce que votre audition, je crois, au Conservatoire de Lyon,
06:30c'est Coluche, un de ses sketchs.
06:32Oui, alors c'est exact, c'était une provocation, je crois,
06:38de la part d'un espèce de petit con, qui avait voulu, j'imagine,
06:43se faire remarquer à cette époque-là.
06:44Et puis, c'était une façon de contrarier un peu le...
06:48J'avais senti, si vous voulez, que dans ces lieux-là, très souvent,
06:51et ce n'est pas une critique du reste, mais ça rassemble beaucoup
06:55une population de jeunes bourgeois, parfois en mal de sensation théâtrale,
07:01que ce soit des cours privés ou quoi,
07:03et je m'étais dit, tiens, je vais faire un truc qui change.
07:06Et j'avais cette cassette qui est le dernier spectacle de Coluche,
07:08un sketch qui s'appelait « La pute », j'en avais, mais voilà.
07:12Oui, qui est très connu.
07:12Voilà, et j'ai passé ce sketch-là, et la prof m'a rien dit en disant,
07:16« Oui, c'est bien, et vous avez un texte en vert,
07:18sinon quelque chose d'un peu plus ou pas ? »
07:20Je lui ai dit, « Oui, oui, oui ».
07:21Et voilà, je suis rentré avec ça, oui, c'était rigolo.
07:23Alors, ce qui est étonnant, c'est ensuite, vous êtes à 18 ans,
07:26dans une compagnie, pour un spectacle qui n'a rien à voir.
07:29Ah non, alors c'était une autre prof, effectivement,
07:32qui me propose de venir, il cherchait un jeune acteur
07:35pour jouer une espèce de diable, de Méphistophélès,
07:39dans une adaptation.
07:40C'était la mise en scène d'un gars qui s'appelait,
07:43je crois qu'il est mort.
07:44Pierre Tardif.
07:45Pierre Tardif, absolument.
07:47Et donc, voilà, je suis parti en tournée avec eux,
07:51avec l'autorisation et la bénédiction de ma mère.
07:53Donc ça, c'était merveilleux, j'étais le Benjamin de la troupe.
07:57Et je m'étais dit, chouette, c'est formidable,
07:59vraiment, il n'y avait que des acteurs de 30-40 ans,
08:01moi, j'avais 17-18 ans, peut-être.
08:05Mais au départ, vous hésitez à faire du théâtre
08:07et vous vous inscrivez à la fac d'histoire et de l'art à Lyon.
08:12Oui, alors pas longtemps.
08:13Je ne suis pas diplômé de faculté d'histoire de l'art,
08:16j'y suis resté un an.
08:18En réalité, j'attendais, je ne savais pas si j'allais,
08:21c'était la dernière année qu'il y avait encore
08:24l'obligation du service national.
08:27Donc je ne savais pas si j'allais partir 10 mois
08:30ou pas faire le service militaire.
08:31Donc au lieu de glander, effectivement,
08:33je me suis inscrit en fac d'histoire de l'art,
08:35parce que j'étais très intéressé par les commentaires d'édifices,
08:39les explorations de certaines œuvres, etc.
08:42Bref, et j'y suis resté une petite année
08:44jusqu'à ce qu'on me libère de mes obligations,
08:46en me disant, rentrez chez vous, vous êtes exemptés,
08:49parce que j'ai beaucoup d'allergies.
08:51Je leur ai fait peur, ils m'ont dit, non...
08:53Je suis tombé sur un mec rigolo, il m'a dit, non, sincèrement,
08:55vous allez déplier la couverture,
08:57vous allez prendre un nuage de poussière dans la figure,
08:59ça ne sert à rien, vous allez nous emmerder,
09:02on va vous écrire.
09:03Et puis j'ai reçu un courrier,
09:04exempté du service national actif,
09:06et je me suis installé à Paris à partir de là, oui.
09:09Voilà, et vous avez remarqué, il fallait à l'époque,
09:11c'était difficile de se faire exempter avant vous.
09:13Moi, je me souviens de Michel Polnareff,
09:14qui a été à Montluçon,
09:16il avait fait de la moto sans moto.
09:18Donc on l'avait pris pour un fou,
09:19on l'avait interné, il avait été exempté.
09:21D'accord, ah oui, non, j'ai des amis,
09:23évidemment, on en connaît tous,
09:24qui ont fait un peu les abrutis,
09:27qui ont joué les bas de plafond,
09:28mais non, j'ai pas fait ça.
09:29Alors, le départ à Paris,
09:30d'abord, c'est le cours Simon et le cours Woudzinas,
09:32deux cours très différents.
09:34Oui, du hasard, enfin du hasard.
09:38Les cours Simon, effectivement, en fait,
09:40quand on est provincial,
09:41qu'on ne connaît rien à Paris,
09:42et au cours d'art dramatique,
09:45on décroche son téléphone à l'époque,
09:47et je me souviens, j'ai appelé les cours Florent,
09:49parce qu'il y avait cette espèce de renommée,
09:51je dis, bonjour, est-ce que je peux venir
09:52assister à un cours ?
09:53Et on m'a dit, non, non, si, il n'y a pas de...
09:55Vous vous inscrivez, ou voilà,
09:56mais on ne fait pas ça.
09:58Je dis, ah d'accord.
09:59Ensuite, j'ai appelé le cours d'en face,
10:01donc les cours Simon,
10:02et je dis, bonjour, voilà, je vous appelle,
10:04je suis à Lyon, je voudrais savoir,
10:05est-ce que je peux assister à un cours ?
10:06Bien sûr, bien sûr.
10:08Alors, je suis allé au cours Simon,
10:09ça s'est fait aussi simplement que ça.
10:11Et Woudzinas, je crois que c'était,
10:12au bout de deux ans,
10:13la volonté d'explorer autre chose,
10:15de travailler autrement avec ce gars-là.
10:20C'est-à-dire que tout à coup,
10:22Figaro ne se limite pas
10:23à avoir un poing sur la hanche,
10:24un pied au partenaire, un pied au public.
10:27Il a sommeil, il a faim, il est fatigué,
10:28il a soif, il pète ce qu'on voudrait.
10:31Donc, c'était beaucoup plus...
10:32Et puis, on travaillait en anglais,
10:34des textes de David Mamet, tout ça.
10:35Donc, ça me plaisait beaucoup.
10:37Oui, et Woudzinas, c'est quand même quelqu'un
10:38qui a fait travailler Jane Fonda,
10:40qui a fait travailler Faye Dunaway,
10:41Warren Beatty,
10:42et qui a été à l'école d'East Rasberg,
10:44à New York.
10:45Donc, c'est une référence.
10:46Oui, c'était le...
10:47Alors, à l'Actor Studio, à l'époque,
10:50aux côtés de l'East Rasberg,
10:51il s'occupait un peu du casting.
10:52C'est-à-dire que c'était un peu
10:54le physio à l'entrée de l'Actor Studio.
10:58Et c'est lui qui, à un moment donné,
11:00avait dit à l'East Rasberg,
11:01enfin, c'est un peu la légende,
11:02mais de dire, ça ne va pas,
11:04on n'a que des bombes,
11:05on n'a que des gens
11:07avec un peu la même figure,
11:09la même hauteur, la même beauté.
11:11Il faut aller chercher ailleurs.
11:12Et c'est comme ça qu'il a ouvert
11:14un peu une autre proposition
11:17vers des gueules un peu à la Pacino et compagnie.
11:19Voilà.
11:20Et vous, vous avez aussi fait votre chemin
11:22et on va l'évoquer à travers une autre date,
11:23le 28 octobre 2006.
11:26A tout de suite sur Sud Radio,
11:27avec Stéphane Debac.
11:30Sud Radio, les clés d'une vie.
11:32Jacques Pessis.
11:33Sud Radio, les clés d'une vie.
11:34Mon invité Stéphane Debac,
11:36nous parlerons de votre actualité
11:37cinéma et télévision tout à l'heure.
11:40Vous avez fait beaucoup de choses
11:41dans votre carrière.
11:42On a évoqué vos débuts à Lyon
11:44comme jeune comédien et élève.
11:47Vous arrivez à Paris.
11:48Et puis, le 28 octobre 2006,
11:50il y a une mini-série qui démarre
11:52à la télévision
11:53et vous incarnez ce personnage.
11:55J'ai souvent lu que
11:57des journalistes écrirent qu'au départ,
11:59c'était un banal fait d'hiver.
12:01Jean-Michel Lambert.
12:02Ah oui, d'accord.
12:05C'est la date du premier épisode
12:07de l'affaire Villemin
12:11qui part de l'affaire Grégory.
12:13Jamais vraiment élucidé.
12:14Et vous jouez le juge Lambert.
12:16Ça, ça a été un tournant
12:17pour votre carrière.
12:19Je ne sais pas si ça a été un tournant,
12:20mais ça a été très inattendu.
12:22Parce que je me suis un peu formé
12:25dans mes premiers pas,
12:27on va dire mes premiers engagements
12:28dans la comédie plutôt,
12:29dans des sketchs,
12:31puis dans des émissions
12:33ou même des sitcoms
12:34comme Blague à part,
12:35Sur Canal, tout ça.
12:36Oui, et vous avez même été
12:37dans le théâtre de Bouvard,
12:39mais troisième version.
12:40Oui, absolument.
12:41Vous avez aussi participé
12:42à une jeune troupe
12:43que Paul Lederman créait.
12:46J'ai remplacé un acteur
12:48qui quittait la troupe.
12:49Oui, je suis resté longtemps.
12:50Vous avez fait du café-théâtre
12:51avec un seul en scène
12:52au Carré Blanc.
12:53Le café-théâtre, il a disparu.
12:54Oui, absolument.
12:56C'était la volonté de jouer à tout prix.
12:57Et aujourd'hui,
12:58un môme qui veut être acteur,
13:00il peut tout faire de chez lui.
13:01Il a son téléphone,
13:01il fait ses sketchs
13:02et voilà, il envoie et c'est fini.
13:04Moi, il fallait se déplacer.
13:05Il fallait auditionner.
13:06Il fallait aller le soir au théâtre.
13:08Une fois, j'étais payé 50 francs
13:09avec une boisson gratos
13:11pour jouer des sketchs.
13:12Que vous écriviez ?
13:13Oui, que j'écrivais, ouais.
13:14Je me prenais des fours,
13:14mais phénoménaux.
13:15C'était extraordinaire.
13:17Le silence, je créais le silence.
13:20Vraiment.
13:22Alors que je trouvais ça
13:22très drôle chez moi en écrivant.
13:23Et puis à force, à force,
13:25on finit par comprendre
13:26et puis par trouver son humour,
13:28son clown un peu.
13:29Mais bref, l'affaire Villemin
13:31est arrivée à un moment
13:33où je ne pensais pas
13:34que j'allais être engagé
13:36pour ce que je pouvais faire.
13:38Parce qu'en France,
13:39j'ai compris très tôt
13:40qu'on était plutôt engagé
13:41pour ce qu'on avait fait.
13:42Donc, en réalité,
13:43c'est plutôt le dernier rôle
13:44ou le dernier genre
13:47qui a raison.
13:48Vous faites de l'humour,
13:49on vous engage à nouveau pour cela.
13:50Et là, tout à coup,
13:51ce metteur en scène
13:52m'a regardé autrement.
13:54Il m'a confié ce rôle.
13:56Il vous a découvert
13:57et c'était vraiment le premier
13:58qui a compris
13:59que vous aviez autre chose à faire
14:01que de l'humour peut-être, non ?
14:02Je ne sais pas du tout.
14:03Je crois qu'on a fait des essais ensemble,
14:06des lectures.
14:07Après, je voulais le rôle.
14:08J'ai fait des photos,
14:09je me souviens,
14:09en cherchant dans des archives
14:11avec cet impair
14:12que portait ce juge Lambert
14:14en me lissant une espèce de frange,
14:16à l'époque,
14:16en trouvant les lunettes
14:17que j'envoyais à la casting,
14:20Sylvie Brocheré,
14:22qui ne l'avait pas bien pris
14:23parce que tout est très fragile
14:25dans ce métier.
14:26Donc, tout à coup,
14:26ça paraît pouchy, intrusif,
14:28alors que c'est juste
14:29la volonté d'un acteur
14:30de montrer qu'il peut le faire.
14:32Donc, ce n'était pas aussi simple.
14:34Et puis, ça a marché.
14:35Alors, il se trouve
14:36que c'était quand même
14:36un rôle très difficile
14:37parce que le juge Lambert
14:38a été sous les feux de l'actualité.
14:40Ça a été tellement dur
14:41qu'il a fini par se suicider.
14:43C'est quand même un destin tragique.
14:44Est-ce que vous avez regardé
14:45des images avant de l'incarner,
14:47de devenir le juge Bertrand ?
14:49Oui, j'avais trouvé des images,
14:51mais je ne m'en suis pas nourri
14:52plus que ça.
14:54C'est-à-dire que le scénario,
14:57c'était six fois ou huit fois 52,
14:59je ne sais plus,
14:59l'affaire Villemin.
15:00Six fois ?
15:00Six fois.
15:01Écrit par Raoul Peck
15:02et Pascal Bonitzer,
15:04d'après le bûcher des innocents
15:05de Laurence Lacour.
15:08Et le 16 octobre aussi,
15:10un livre de Jean-Marie Villemin,
15:11Christine Villemin.
15:12Absolument.
15:14Et donc, moi, si vous voulez,
15:15ma bible de travail,
15:16à cette époque-là,
15:19le récit auquel je m'attachais,
15:20c'était celui que livrait le scénario.
15:22Mais je ne me suis jamais considéré,
15:24je ne suis pas un biographe.
15:26Je ne suis pas là
15:26pour incarner le juge Lambert
15:28tel qu'il aurait, lui, aimé être incarné
15:30ou tel que les choses se sont passées.
15:31Sinon, je ferais du documentaire.
15:33Je suis là au service du scénario
15:35et du point de vue de ce metteur en scène,
15:37Raoul Peck.
15:38Donc, j'ai abordé le truc comme ça.
15:39Et d'ailleurs, à la sortie,
15:40ça a été une catastrophe,
15:41parce que le mec m'a vraiment chié dessus,
15:44ce juge Lambert.
15:45Moi, j'étais très jeune acteur,
15:46donc, évidemment, on ne me connaissait pas.
15:49Lui, c'est exprimé,
15:51c'est répandu dans la presse
15:52en disant, c'est inadmissible.
15:53Ce garçon qui me joue ne m'a pas rencontré.
15:56Il avait trouvé ça très insultant.
15:58Et moi, je trouve qu'au contraire,
15:59c'était mieux servir le scénario
16:00que de ne pas le rencontrer.
16:02Sinon, vous êtes tenté de charmer,
16:05d'être charmé,
16:06et puis de servir l'intérêt personnel
16:08de l'homme moins celui du scénario.
16:11Oui, et d'ailleurs,
16:12il était déjà en grande dépression,
16:14et ça peut expliquer cette colère
16:15qui n'avait pas lieu d'être.
16:16Il s'est suicidé en plus en se mettant en scène
16:19tel qu'il avait un personnage,
16:23après, il a écrit des romans,
16:24et tel qu'un de ses personnages,
16:27tel qu'il faisait mourir un de ses personnages.
16:29La même mise en scène, c'est très troublant.
16:31D'ailleurs, il a dit, avant sa mort,
16:33que bien sûr, il avait failli dans ce dossier,
16:35mais pour sa défense,
16:37il était le seul juge d'instruction
16:38de la préfecture des Vosges,
16:39et il gérait en parallèle 229 dossiers.
16:43En tout cas, c'est son explication.
16:44Alors, Raoul Peck, il faut savoir
16:45qu'il vous a repéré,
16:46ce n'était pas n'importe qui,
16:48puisqu'il a été nommé en 2017
16:50pour l'Oscar du meilleur documentaire
16:52pour « I am not your négro ».
16:54Et il a été ministre de la culture
16:56de la République d'Haïti de 1995 à 1997.
17:00Oui, il a été aussi président de l'AFEMIS,
17:02et là, il a sorti un film récemment encore.
17:05On a une connexion,
17:06on échange une ou deux fois par an.
17:09C'est une des personnalités,
17:14en tout cas, avec lesquelles j'ai travaillé,
17:17la plus élégante, vraiment, sur la longueur.
17:20Il y a aussi des choses étonnantes
17:21dans votre parcours.
17:21Je crois que votre premier film,
17:23qui s'appelle « Interview »,
17:25il n'est jamais sorti.
17:26C'était fin de bac en France.
17:27C'est pas de pot, ouais.
17:29C'est ballot, quand on fait du cinoche
17:30pour la première fois, on se dit « Ouais ! ».
17:32Et puis non.
17:33C'était un peu expérimental, cette histoire.
17:36Vous voulez que je vous raconte ?
17:36Ah oui, oui.
17:37OK.
17:37Alors, en fait, je ne sais plus,
17:40parce que c'est vraiment la première fois
17:42que je tourne pour un film.
17:43J'avais fait des sketches, des trucs.
17:46Je suis encore au cours, Simon.
17:47Je réponds à une petite annonce
17:49d'un apprenti réalisateur à l'AFEMIS,
17:52qui est une école de cinéma.
17:55Et je me pointe faire ce casting.
17:58Donc, je ne sais pas, peut-être 21 ans,
17:59quelque chose comme ça.
18:00Et puis, je ne suis pas pris.
18:02Les choses qui arrivent.
18:03À l'époque, il n'y a pas vraiment de portable.
18:04Ça arrive à peine.
18:06Et puis, deux ans plus tard, je crois,
18:08j'ai un message sur mon répondeur.
18:10Et c'est ce réalisateur-là
18:13qui me dit « Voilà, rappelle-moi,
18:14je fais mon premier film.
18:16Je ne t'avais pas pris pour mon cours,
18:17mais je pense à toi, là. »
18:18Et donc, je me retrouve
18:20à aller tourner dans son film.
18:23C'était un film coréen, je crois.
18:25Absolument, avec une grosse vedette
18:26dont j'ai oublié le nom, coréenne.
18:28Un acteur qui ne comprenait pas du tout le français,
18:32qui n'en parlait pas une brogue
18:33et qui avait appris tout son texte phonétiquement.
18:36Et moi, je jouais un réalisateur,
18:37un jeune réalisateur.
18:39C'était très autobiographique.
18:40Donc, c'était, si vous voulez,
18:41l'histoire de cet apprenti réalisateur coréen
18:47qui fait son premier film
18:49et qui est tellement doué comme assistant
18:51qu'un jeune réalisateur que je jouais
18:54lui demandait des conseils sur le tournage.
18:55Donc, c'est le tournage du tournage.
18:57Et je me souviens d'un moment
18:58où je me retourne vers la vedette
19:00qui jouait le rôle du metteur en scène.
19:03Cet acteur coréen qui ne comprenait rien
19:04de ce que je disais, mais ce n'est pas grave.
19:06Et il vient me voir et il me dit
19:10« Comment ça s'est passé ? »
19:11Il me dit « Oui, tu... »
19:12Il devait me dire une phrase comme...
19:14Non, c'est moi qui viens le voir
19:16et je lui dis « Qu'est-ce que tu veux ? »
19:17Voilà, je lui dis « Qu'est-ce que tu veux comme plan ? »
19:19Et le mec est censé être super doué et tout.
19:21Il me fait « Écoute, on t'interrode à deux taux de deep. »
19:24Et je ne comprends rien.
19:25Et je dis « Donc, il faut jouer là. »
19:26« Ok, c'est super. D'accord. »
19:28Et il y avait une fille qui était là
19:30qui s'appelle Karine Pinotto.
19:33Karine Pinotto qui est une actrice
19:35dont c'était le premier rôle aussi.
19:37Et on s'est rencontrés sur ce tournage
19:38et on en parle encore aujourd'hui.
19:40C'est très très drôle.
19:41C'est improbable ce truc.
19:42Et alors, il se trouve que le cinéma sud-coréen,
19:45ils ont beaucoup de films américains dans le pays.
19:47Et que l'Amérique justement vous a appelés
19:49et qu'un Américain vous a fait tourner à Paris
19:51une scène tout aussi surréaliste
19:52que vous avez tourné le matin
19:54et refait à l'après-midi
19:55parce que le comédien qui vous donnait la réplique
19:57a été viré.
19:58Ouais.
20:00Alors, c'était pareil.
20:02C'est vraiment des hasards de casting.
20:04Alors, c'est pas pour un...
20:05C'est un petit rôle à l'époque, vraiment.
20:07Mais effectivement, je passe un essai
20:09pour un film de Night Shyamalan
20:11qui s'appelle « The Happening ».
20:13Et je suis pris pour la scène de fin.
20:16Et on est deux Français.
20:17Et le film se termine sur ces deux Français
20:19qui marchent dans les jardins des Tuileries
20:21et c'est tourné à Paris.
20:22Et donc, quelques jours avant,
20:24parce qu'il y a toujours des coproductions
20:26ou des partenaires français,
20:28quelqu'un m'appelle en assistant français
20:30et me dit « Voilà, Stéphane, écoute,
20:32tu vas tourner dans deux jours,
20:33Night Shyamalan, attention,
20:35il faut que tu sois rasé de très très près. »
20:37D'accord ?
20:37« Mais vraiment de très près.
20:39Il aime les visages imberbes,
20:40il faut pas merder avec ça,
20:41c'est très important. »
20:41Et tous les mecs se collaient eux-mêmes
20:42la pression de qu'évidemment,
20:44ce métier n'est fait que de ça.
20:45On vous refile les paquets.
20:46Je fais « OK ».
20:47Et je me dis « Alors, attends.
20:48Attends, on va faire un truc,
20:49c'est que je vais me raser vraiment
20:50un truc que je déteste.
20:51Je vais me raser le matin sur le plateau.
20:54Comme ça, je pourrais pas être
20:55plus vraiment net que ça.
20:56Si je me rase, ben OK.
20:58Mais vous lui expliquez,
20:59parce que j'ai pas envie qu'il prenne ça
21:00comme une insulte si j'arrive
21:01avec une barbe de deux jours.
21:02Vous lui dites pas que je me rase le matin.
21:03On se dit « Mais bon bref. »
21:05Et tout devient tout,
21:06vous voyez, ça part en épingle.
21:06Toujours pareil.
21:07Bon bref.
21:08Et j'arrive comme ça,
21:09je me présente au Jardin des Tuileries.
21:12Il y a un assistant qui bloque.
21:13Je dis « Bonjour, je suis Stéphane Debac.
21:15Je viens… »
21:16Et le mec regarde son truc.
21:17« Du bac… »
21:18« Du bac… »
21:18« Non, c'est Debac. »
21:21« Michel Pompieri,
21:22qui a un mec, machin. »
21:24Donc je rentre.
21:25Un autre assistant me prend en charge.
21:26Puis un autre.
21:27C'est très compliqué.
21:28Que des Français à ce moment-là.
21:30Et au loin, je vois un mec
21:32avec une casquette et un chef opérateur,
21:35qui est le chef opérateur
21:36qui a éclairé tout Star Wars.
21:39Donc c'était Night Shyamalan
21:40et son chef-op en train de faire
21:41le repérage, de regarder les Tuileries,
21:43condamnés toute la matinée pour le film.
21:46Je lui dis « Tiens, il est là.
21:48Je vais peut-être aller le saluer.
21:49Ce serait commerçant. »
21:51Les mecs sont en PLS.
21:52« Non, non, non, tu peux pas.
21:55Il travaille. »
21:56« Je suis juste un acteur.
21:58Je vais le voir, salut.
21:59Voilà, je suis ravi.
21:59Comme ça, je lui dis deux mots,
22:00je lui explique pour la barbe
22:01et tout va bien.
22:02On va voir.
22:03Michel Pompieri,
22:04comme ça, ça reprend deux plombes,
22:05les mecs, là.
22:06Et donc je vais enfin…
22:08Finalement, on me permet d'aller le voir.
22:09Et le gars est d'une simplicité,
22:11évidemment, tout à fait désarmante.
22:13« Ah, welcome.
22:15Blablabla. »
22:16On papote trois minutes.
22:17Je vais m'habiller, me changer.
22:19Et on tourne.
22:20Et je tourne avec un mec
22:21dont je ne livrerai évidemment pas le nom.
22:22Ça n'a aucun intérêt.
22:23Ce ne serait pas sympa.
22:24Mais le gars était surexcité.
22:27Surexcité d'être là.
22:29Et c'est comme ça.
22:30On est filmé de dos.
22:33Donc bon, on est filmé de dos.
22:35Il y a la caméra comme ça.
22:36Et on marche.
22:36On est filmé de dos.
22:37Et quand on parle,
22:38on est un peu en profil perdu.
22:39Si vous voulez, c'est la fin du film.
22:40C'est fantastique.
22:41On doit se figer, s'arrêter
22:43et dire trois fois la même phrase.
22:44« Merci, au revoir.
22:45On rentre chez nous. »
22:47Et le mec doit se retourner légèrement.
22:50Regarder les arbres.
22:51Sauf qu'il se retourne.
22:52Si vous voulez, la caméra est dans son dos.
22:54Et il se retourne vraiment comme ça.
22:55Donc pour avoir sa gueule.
22:57Vraiment, boum, plein câble.
22:59Une fois, deux fois,
23:01notre chère Madeleine vient.
23:02Elle lui fait à l'américaine.
23:04C'est toujours génial.
23:05« So good.
23:05Great job.
23:06Great job.
23:07Super, Stéphane. »
23:08Machin et trucs.
23:09Et alors « Well, don't open wide.
23:10No, just on the shoulder. »
23:12Comme ça.
23:12« Vraiment, pas plus.
23:13Le menton comme ça.
23:15OK. »
23:16Le mec fait « Ouais. »
23:16Et puis discrètement, il me fait « Tu rigoles ou quoi ?
23:19Je vais avoir ma gueule en gros plan partout dans le monde.
23:22Pas commencer à me faire genre « Non, tu ne te montres pas. »
23:25Je fais « Écoute.
23:26Vas-y, je me souviens très bien.
23:27Je lui dis « Écoute.
23:28En fait, fais attention.
23:29Tu sais, les Américains, ils font quatre fins alternatives.
23:32Et on était juste en train de travailler pour une fin alternative
23:34qui finira sur un bonus DVD.
23:36Donc redescends, Michel.
23:37Mais bon.
23:38Et le gars tient tête.
23:40Et encore une fois, c'est à l'américaine.
23:42Le mec vient à la fin.
23:43Coupé, cut.
23:44« Wonderful.
23:45Great job.
23:45Super.
23:46Bravo.
23:46Blablabla.
23:48On retourne en loge.
23:48On était parqués sous les arcades au Tuileries.
23:52Très bien.
23:53Bon, moi, je me change.
23:54Je me dis « J'ai fini.
23:55Et puis, je vois une assistante qui vient un peu embarrassée.
23:58« Attends, reste deux minutes.
23:59Voilà.
23:59Au revoir.
24:00Elle salue le mec qui part.
24:01Elle me dit « Faut que tu viennes sur le plateau.
24:03On va tout refaire.
24:04Et je retourne sur le plateau.
24:06Et chez Amalane, elle me dit effectivement
24:09« I have to retake everything.
24:10Blablabla.
24:11C'est la fin du film.
24:12Je ne veux pas le faire.
24:12Bref.
24:13Je ne veux pas chier la fin de mon film.
24:14Le mec n'a rien compris.
24:15Et je vois un gars arriver.
24:19Vraiment.
24:20Mais comme ça.
24:20Qu'ils ont appelé au dernier moment.
24:22Parce qu'il y a toujours un plan B.
24:23En tout cas chez les Américains.
24:24Et c'était Cyril Touvenin.
24:26Qui est un super acteur et metteur en scène.
24:28Et on a refait.
24:29On a retravaillé ensemble.
24:30Et le gars était tout à fait dans l'ordre de ce que voulait Night Shyamalan.
24:34Voilà.
24:34Et c'est lui qui est dans le film aujourd'hui.
24:36Et dans le monde entier.
24:37Et une autre date importante dans votre vie.
24:39Qui a marqué aussi votre carrière.
24:40C'est le 5 février 2018.
24:42A tout de suite sur Sud Radio.
24:44Avec Stéphane Debac.
24:44Sud Radio.
24:46Les clés d'une vie.
24:47Jacques Pessis.
24:48Sud Radio.
24:48Les clés d'une vie.
24:49Mon invité Stéphane Debac.
24:51Nous évoquons tout à l'heure.
24:52Vos deux actualités.
24:53Cinéma et télévision.
24:55Et là on en revient à votre parcours.
24:56Alors on a évoqué cette histoire surréaliste.
24:58D'un tournage à Paris.
25:00Mais il y a aussi la télévision.
25:01Et je crois que le 5 février 2018.
25:04C'est la diffusion du premier épisode de cette série.
25:06Fond 304.
25:08Bienvenue.
25:08Je m'appelle Clément.
25:09Thomas.
25:09Qu'est-ce que c'est que tous ces bracelets ?
25:12Les bracelets rouges.
25:13Ah ouais putain j'ai pas compris ça du tout.
25:14Les bracelets.
25:15Cinq saisons dans une série.
25:17Qui a marqué votre carrière.
25:18Qui est une série étonnante d'ailleurs.
25:19Qui se déroule dans un hôpital.
25:20Avec des enfants malades.
25:22Qui vivent leur vie.
25:23Ce qui n'est pas simple.
25:24Et vous êtes un des médecins.
25:26Ouais c'est ça.
25:27Alors ça c'est vraiment le hasard.
25:28C'était à l'époque Nicolas Cuch.
25:29Je crois que ça devait être.
25:31Je suppose que c'est la saison 1 ou 2.
25:33Qui est un metteur en scène.
25:35Que je connais de longue date.
25:37On n'avait pas encore travaillé ensemble.
25:38Et qui me propose.
25:39De venir faire un Toubib.
25:41L'affaire de vraiment 3-4 jours.
25:42Je fais ok pourquoi pas.
25:44Mais sans savoir si vous voulez.
25:45Que ce médecin allait revenir.
25:47De saison en saison.
25:48Donc me voilà.
25:50Dans cette série effectivement.
25:51A enchaîner les comptes rendus.
25:53Médicaux un peu glauques.
25:54Parce qu'à chaque fois.
25:55C'est quand même des maladies graves.
25:56Concernant des enfants oui oui.
25:58Et c'est une série qui a fait un tabac.
25:59Plus de 7 millions de spectateurs.
26:00Ouais.
26:01La dernière saison est chouette.
26:02J'étais très heureux.
26:03Parce que pour la dernière saison.
26:05C'est pas une coquetterie.
26:06Ni un numéro de claquette.
26:07Mais j'étais pas très bon.
26:09Tu dis franchement.
26:10Aller faire 3 comptes rendus.
26:11Dans un cabinet médical.
26:13Est-ce que c'est bien utile ?
26:14La série n'en a pas besoin.
26:15Franchement je ne suis pas sûr.
26:17D'en être si vous voulez.
26:19Et puis on va essayer de faire un truc.
26:20Avec ce Toubib quand même.
26:21Pour finir.
26:23Le lovant un peu le voile.
26:24C'est qui ce mec là ?
26:25Qu'est-ce qu'il fait ?
26:26Voilà à part.
26:27Au plus on en sait sur le rôle.
26:29Au plus ça peut être sympa.
26:31Même si la série.
26:31Est vraiment axée sur les mômes.
26:34Et donc ils ont rehaussé comme ça.
26:35Pas mal de rôles adultes.
26:37Dont ce rôle de Toubib.
26:40Ils m'ont attribué une fille.
26:42Qui était jouée par Shaili Soufier.
26:43Dont c'était le premier rôle.
26:45Enfin la première fois à l'image.
26:46Et qui était éblouissante.
26:48Et ça a été une jolie fin.
26:50En même temps c'est une série.
26:52A la fois très émouvante.
26:53Très difficile.
26:53Parce qu'il faut donner la réplique aux enfants.
26:55Pour un comédien.
26:56C'est pas toujours facile.
26:57Ça dépend.
26:58Parce que là pour le coup.
26:59Ils étaient tous bien castés.
27:01C'était vraiment des super.
27:03Des ados.
27:04Des super mômes.
27:06Non j'ai jamais eu de déception.
27:07Par rapport à ça en tout cas.
27:08Mais la série a eu un immense succès populaire.
27:10On vous reconnaissait dans la rue.
27:11On vous en parlait.
27:13Ouais un peu.
27:13Mais moi je fais pas.
27:14Comment dirais-je.
27:15Quand on me reconnaît.
27:16Si vous voulez.
27:17Le temps que la personne tilte.
27:18On s'est déjà croisé.
27:20Voilà je vois juste dans le regard.
27:22Un truc qui fait.
27:24Et on s'est croisé.
27:25Et c'est le mec.
27:26Ah oui.
27:28Voilà.
27:29Donc non j'ai pas de.
27:32C'est toujours.
27:33Assez.
27:34Fugace.
27:35Il se trouve que ces séries médicales.
27:37À l'époque ont énormément de succès.
27:39La première.
27:39On l'a oublié.
27:40C'était Médecin de nuit.
27:4138 épisodes de 54 minutes.
27:44Créé par un certain Bernard Griden.
27:46Greg Germain.
27:48Et qui était autre que Bernard Kouchner.
27:50Qui à l'époque n'était pas ministre.
27:51Mais écrivait cette série.
27:52Et c'est Georges Beller qui jouait le rôle principal.
27:54Et qui a écrit une trentaine d'épisodes.
27:56De cette série.
27:57Je regardais ça gamin.
27:58Je m'en souviens très très bien.
28:00Alors il se trouve que.
28:01Le fait de vous retrouver dans cette série.
28:03Vous a rappelé aussi.
28:04Ce stage que vous avez fait à l'hôpital.
28:06Avant de partir à Paris.
28:08Pendant quelques semaines.
28:09Avec votre mère.
28:11En Gérarderie.
28:12En Gérarderie.
28:12Et puis avec.
28:13Chez les enfants handicapés mentaux.
28:16Ouais.
28:16Alors c'est pas un stage.
28:18J'étais vraiment employé quoi.
28:20C'était un CDD.
28:22Tout l'été.
28:23Avant d'arriver à Paris.
28:25Effectivement.
28:25Pour avoir un peu de sous de côté à l'époque.
28:29Et oui.
28:30Je me suis retrouvé en Gérarderie.
28:31Effectivement.
28:32Comme garçon de service.
28:33C'est à dire que vous faites le ménage dans les chambres.
28:35Vous servez.
28:36Vous desservez les repas.
28:37Sauf qu'il manquait tellement de personnel.
28:39Que très vite on m'a dit.
28:40Est-ce que tu veux bien donner un coup de main ?
28:42D'accord.
28:42Et je me suis retrouvé à faire des toilettes.
28:44À aider les aides-soignantes.
28:45Les infirmières.
28:47À faire des toilettes sur une trentaine de lits.
28:50Donc voilà.
28:51Qui se partagent en deux.
28:53À chaque fois dans chaque chambre.
28:56Et c'était pour un petit gars de 18 ans.
28:59Très impressionnant.
29:02Parce que les personnes âgées.
29:04On sait pour elles.
29:05C'est qu'il y a une fuite totale.
29:08Au plus on vieillit.
29:09J'ai l'impression.
29:09Et au plus pour échapper à l'idée de la mort.
29:12On se réfugie dans des souvenirs.
29:14Où l'idée de la mort n'est pas un concept.
29:15Donc des souvenirs très anciens.
29:17Des souvenirs de jeunesse.
29:18Donc qui sont en boucle souvent.
29:20Sur leur jeunesse.
29:22Leurs premiers émois.
29:24Et je me suis attaché à certaines personnes.
29:27Cet été là.
29:28Et puis vous bossez trois jours.
29:30Vous avez deux jours de repos.
29:31Vous revenez trois jours.
29:32Et puis elle n'est plus là.
29:34Muriel ?
29:35Ah bah non Stéphane.
29:36Non Muriel elle n'est plus là non.
29:38Et voilà les gens partent.
29:40Donc ouais c'était un drôle de truc.
29:42Je trouve aussi que quand on voit votre filmographie.
29:44Il y a des choses très différentes.
29:45Par exemple.
29:46Il y a Gérard Jugnot qui vous a repéré.
29:48Qui vous a fait tourner dans Rose et Noir.
29:50Et là ça se passe en 1577.
29:52Ouais moi j'aime bien.
29:53Alors ce film n'avait hélas pas marché.
29:58Mais c'est un drôle de souvenir ça.
30:00Parce qu'en réalité j'ai rencontré Gérard Jugnot sur...
30:03FAUBOURG 36.
30:05Alors voilà merci.
30:06FAUBOURG 36 de Christophe Baratier.
30:08J'avais pareil.
30:09Je n'avais pas un grand rôle.
30:10J'étais...
30:11Je venais faire un inspecteur des affaires sociales.
30:13Qui résiste à Gérard Jugnot dans un bureau.
30:18Pour lui prendre son petit garçon etc.
30:19Bon bref voilà.
30:20Mais j'étais très heureux d'aller tourner ce rôle.
30:23C'était à Prague à l'époque.
30:26Et je me souviens le premier jour de tournage sur FAUBOURG 36.
30:30J'arrive.
30:30Et je me présente donc.
30:32J'arrive à Prague.
30:34J'arrive dans ce grand studio où ils avaient refait des décors.
30:37C'était incroyable.
30:38C'était phénoménal.
30:39Et je me présente au HMC donc au maquillage.
30:42Comme n'importe quel acteur le matin.
30:44Et puis...
30:46Ça fait un peu Jean-Michel anecdote.
30:47Tout ça non c'est pas très grave.
30:48Et j'arrive et si vous voulez je me pointe.
30:51Et puis les maquilleuses sont en train de papoter.
30:53Je dis bonjour je viens.
30:55On m'a dit de venir.
30:55Oui oui assieds-toi.
30:56D'accord.
30:57Et puis quand vous êtes si vous voulez l'acteur numéro.
31:01Il y a des numéros par acteur.
31:02Il y a le premier rôle, le deuxième, le troisième, le quatrième.
31:04Puis quand vous êtes le numéro je dis n'importe quoi 11.
31:07C'est qui celui-là voilà.
31:09Et puis j'ai cette phrase je sais pas pourquoi.
31:11Je dis elle me sort un truc, une espèce de crème.
31:14Il se trouve que j'ai une peau réactive.
31:15C'est un peu chiant.
31:15Je fais écouter.
31:16Alors j'ai amené ça.
31:18Je préfère ça parce que sinon j'aurai des plaques sur la gueule.
31:21Je supporte pas.
31:22Voilà si ça vous gêne pas.
31:23Merci beaucoup tout ça.
31:24Oui oui allez on va prendre ta crème.
31:27Voilà bon et tout ça est très.
31:29Vous faites oh putain est-ce que j'ai dit un truc.
31:32Bon c'est compliqué.
31:34Ce métier est ainsi fait.
31:34C'est pas grave.
31:36Mais je sens que ça fait chier quand même.
31:37Et puis il y a Gérard Juniau qui rentre à ce moment-là dans la loge.
31:40Au maquillage avec sa fausse barbe.
31:42Oh putain je suis crevé.
31:44Il s'assoit.
31:44Il vient machin je l'imite très mal et il me regarde.
31:47Il lève un sursis comme ça.
31:48Il fait t'es de bec.
31:49Je fais oui oui oui.
31:51Il me dit ah mais c'est toi.
31:53Putain c'est toi qui a fait le petit jeu.
31:55Je devine moi.
31:55Je fais oui oui oui c'est moi.
31:57Il me dit putain j'ai adoré.
31:59C'est dingue.
32:00C'est super.
32:00Ah je suis content.
32:01Je suis content de te rencontrer.
32:02Super.
32:03On va bosser ensemble.
32:04Je suis super content.
32:05Et il a immédiatement des mots extrêmement chaleureux qui rassurent.
32:09Qui font plaisir évidemment.
32:10Et au-dessus de moi derrière moi il y a cette maquilleuse je ne sais plus.
32:15Voilà qui tout à coup fait volte-face et ça va.
32:20Quelque chose de beaucoup plus doux.
32:21Beaucoup plus rond.
32:22Voilà ça fonctionne aussi parfois un peu comme ça.
32:24Ça ne tient pas à grand chose.
32:25Et à l'issue de ce tournage effectivement il m'a envoyé proposer un rôle dans Rosé
32:31Noire.
32:31Me disant beaucoup plus tard une fois que le film a été fait finis monter.
32:33Ah je me suis trompé de rôle pour toi.
32:37Je sais comment ça Gérard.
32:38Ah je n'aurais pas dû te filer le coiffeur.
32:40Je te file l'autre rôle.
32:42Peu importe.
32:42C'était de l'adidas Cali quoi.
32:44Bon voilà.
32:45Mais écoute ce n'est pas grave.
32:46Je fais non.
32:47C'est pas grave.
32:48Mais c'était la première fois qu'on me faisait une proposition ferme.
32:51C'est à dire qu'on vous envoie un script.
32:53La casting Françoise Ménidré m'a appelé.
32:56Elle m'a dit voilà Gérard te propose ce rôle.
32:57C'est oui c'est non tu nous dis.
32:58Et c'était la première fois.
33:00Et je me souviens avoir accepté sans lire.
33:03Tellement j'étais flatté.
33:04Tellement je me suis dit je ne peux pas refuser quelqu'un qui c'est tellement précieux.
33:08Mais là la carrière de Junio est étonnante parce qu'au départ c'était un humoriste
33:11avec le Splendide.
33:12Et ses copains lui faisaient des blagues.
33:14Et il y a eu un moment où il s'est dit.
33:17Et ses copains lui faisaient des blagues.
33:18Il était le souffre douleur.
33:19Un week-end ils partent ensemble tous.
33:21Et puis la nuit Junio est dans sa chambre.
33:23Et ses copains rentrent dans la pièce avec des banoirs sur la tête et des fours évolvaires.
33:28Et le menacent.
33:29Quelle horreur.
33:30Et il lève les bras et il dit vous pouvez tout prendre les gars je suis pas chez moi.
33:34C'est une réplique exacte.
33:36D'accord.
33:36Alors il y a eu aussi quelqu'un qui vous a repéré dans vos premiers films.
33:39C'est Claude Chabrol car il était aussi un des premiers à vous repérer Stéphane Debac.
33:43Alors ça, lui c'est encore, c'est plus paradoxal que cela.
33:47Parce que c'était vraiment des tout petits rôles au tout début.
33:49Je dois avoir, je sais pas, je suis dans ma vingtaine encore.
33:52Et c'est grâce à sa belle-fille Cécile Mestre qui était son assistante réalisation.
34:03Et qui me l'a présenté via mon agent.
34:06Ça s'était fait comme ça.
34:08Et je ne sais pas pourquoi il m'a trouvé sympathique.
34:11J'avais vraiment pas fait grand chose.
34:12Je devais avoir des VHS à l'époque avec 3 sketchs sur canal.
34:15Où j'étais déguisé en merguez et en couille.
34:16Donc vraiment c'était pas bon.
34:18Mais je sais pas je le faisais marrer.
34:20Et il me recevait dans son bureau.
34:21Il me disait qu'est-ce que je peux te donner Debac, Debac putain.
34:24Tiens ça là il y a un flic.
34:25Tiens là il y a un animateur télé.
34:27C'est pas mal t'es un peu jeune.
34:28T'as qu'à te laisser la barbe.
34:29C'est bien ça on va se marrer.
34:31Voilà et très chaleureux.
34:32C'était des petits rôles mais oui c'était très chic.
34:36Très très chic.
34:37Et Chabrol était quelqu'un de très humain.
34:38Surtout ce qui était intéressant avec lui c'était les déjeuners.
34:41Oui puis alors il n'y a pas de hiérarchie.
34:44En tout cas moi je ne l'ai pas ressenti.
34:46Et on fait un métier qui est extrêmement hiérarchisé.
34:50Et vraiment avec lui j'ai su ce que c'était si vous voulez d'être dans la vingtaine.
34:56Et de venir pour 2-3 jours de tournage avec lui.
34:59Mais d'avoir une considération folle.
35:02Et vous n'êtes jamais meilleur que lorsque vous êtes bien accueilli.
35:07Et d'ailleurs en arrivant à Paris vous aviez plein de rêves en disant
35:09mais je vais être accueilli par tout le monde.
35:11Vous avez vite déchanté Stéphane Debac.
35:13Ouais enfin j'étais naïf et totalement hors les clous.
35:16Je ne connaissais rien ni personne.
35:17Donc moi je me pointais dans les théâtres.
35:19Au début je ne voulais faire que du théâtre.
35:21Et je laissais des photos.
35:23Des espèces de CV merdique de jeunes acteurs où tout est faux.
35:26Il y a des trucs.
35:28Donc j'allais à la caisse.
35:29Je ne connaissais rien à personne.
35:30Je disais tiens bonjour.
35:32Je peux te laisser un CV.
35:33C'est une photo.
35:34S'il y a des auditions.
35:36Les mecs derrière la caisse c'était soit des jeunes acteurs soit des gars.
35:40De toute façon qu'on n'a rien à carrer.
35:41Donc ils prenaient le truc.
35:42Ben ouais bien sûr ouais ouais.
35:44Et voilà donc je me disais c'est dingue quand même.
35:46Je n'arrive pas à passer des auditions.
35:48Voilà bon très naïf.
35:50Ça s'est arrangé depuis et on va évoquer la date du 12 février 2025
35:55dans quelques instants sur Sud Radio avec Stéphane Debac.
35:58Sud Radio les clés d'une vie.
36:00Jacques Pessis.
36:01Sud Radio les clés d'une vie.
36:02Mon invité Stéphane Debac.
36:03Écoutez on ne connaissait pas votre parcours.
36:05Mais on l'apprécie d'autant plus avec tout ce que vous racontez.
36:08Et qui est passionnant et parfois surréaliste.
36:11Et donc le 12 février 2025 sort haut les mains.
36:15Un film dont nous allons écouter la bande-annonce.
36:17Les Green Panthers ce groupe d'activistes enchaînant les cambriolages
36:20chez les patrons d'entreprises courent toujours.
36:22Olympe il y a un intrus dans le garage là.
36:24C'est un concurrent.
36:24Code rouge.
36:25Un film de Julie Manoukian.
36:28La fille d'André Manoukian.
36:29Dont vous avez l'un des rôles principaux.
36:32Et c'est aussi un film tout à fait étonnant.
36:34Oui, à plein d'égards.
36:39Il y a déjà le sujet du film.
36:42Puisque ça tourne un peu autour de thématiques féministes, écologiques.
36:48Puisqu'on suit si vous voulez une espèce de groupe d'activistes nommé les Green Panthers.
36:54Qui vont essayer comme ça de rendre justice autour de ces causes là.
37:00Et moi je joue Kramer qui est une espèce de flic essoré, fatigué.
37:05Qui vit dans sa bagnole assez dégueulasse.
37:07Qui essaie de les coincer en se servant d'un mec joué par Vincent Elbaz.
37:11Qui est un peu un repris de justice si vous voulez.
37:15Fatigué lui aussi mais très hypochondriaque.
37:17Donc qui est un peu pris en étau entre l'affection qu'il va commencer à porter
37:22à ce groupe d'activistes et la pression que Kramer, le flic que je joue, va lui coller.
37:28C'est à la fois une comédie et quelque chose de totalement faux et d'actuel.
37:32Oui c'est ça, c'est intéressant.
37:37En ce qui me concerne je suis plutôt l'incarnation du mauvais côté de la médaille.
37:41Mais c'est très amusant à incarner.
37:44C'est un film autour de l'écoféminisme.
37:46Et ce terme a été utilisé pour la première fois, je me suis un peu renseigné,
37:50en 1974 par Françoise Dobron qui était une militante féministe française.
37:55Dans son livre Le féminisme ou la mort.
37:56Et depuis le terme est entré dans le langage courant.
38:00Alors c'est vrai que jouer des personnages comme ça, ça vous va très bien d'abord les inspecteurs.
38:04Je crois que vous êtes un inconditionnel de Columbo que vous connaissez par cœur.
38:07Oui j'adore ça, c'est Columbo.
38:09Alors bon, par cœur, je n'ai pas de mémoire, ce qui est fâcheux pour un acteur.
38:13Mais en revanche je peux regarder Columbo comme j'écoute un disque.
38:18C'est-à-dire que j'ai le même rapport à certaines séries ou films qu'à la musique.
38:22Je les mets comme je mets un disque ou une musique et je les revois.
38:26Il y a 18 saisons je crois de Columbo.
38:27Oui, c'est inouï, j'adore tous les seconds rôles, ce côté de tout ce qu'il a créé.
38:32Il y a presque une mythologie autour de ce personnage, je trouve ça fascinant.
38:36J'adore Peter Faust, c'est un acteur incroyable que je trouve très humble.
38:40Il y a une modestie, il y a une façon d'incarner par en dessous comme ça une forme de tu ne me vois pas venir.
38:48Il n'est pas héroïque, j'aime bien les anti-héros comme lui.
38:52Il avait un imperméable qu'il avait acheté lui-même d'ailleurs dans une friperie
38:56et qui a servi tout au long des 18 saisons.
38:58Oui, au tout début d'ailleurs il regarde le texte au sol puisqu'il avait des pavés et il a trouvé ce truc.
39:05Et après bon il s'est resté, il a gardé la gestuelle.
39:10Mais la gestuelle est venue je crois de cela, j'ai un acteur que j'aime beaucoup.
39:14Alors j'en reviens à Ollémin, jouer un filique comme ça déclassé un peu vintage dans ses centiagles,
39:20c'est aussi un rôle où il faut se mettre dans la peau de ce personnage, ce n'est pas simple du tout au départ.
39:25Oui, moi je ne crois pas beaucoup à tout ce qui tient de la mythologie de je me mets dans la peau d'eux,
39:31je souffre, je suis lui, elle est moi, tout c'est bon.
39:35Non, en fait c'est mon point de vue mais ce n'est que du travail.
39:40Et une forme de, comment dire, je travaille avec mon imaginaire, je me sens créatif donc on fabrique.
39:50Donc effectivement quand je lis le scénario de Julie Manoukian, je vois ce mec-là et je lui propose très vite,
39:57je lui dis écoute il a des idées totalement folles, arriérées, vintage,
40:03si on le collait visuellement dans une autre époque, ça serait intéressant,
40:07ça serait marrant de voir un mec qui a bloqué les compteurs aussi dans son apparence.
40:12Donc j'ai proposé, et c'est en ça qu'on rentre dans la peau mais en fait c'est le partenariat avec Cécile, la costumière.
40:21Quand je lui dis j'aimerais des centiailles, il y a un 501, il y a un vieux blouson pourri,
40:24années 80 un peu bouffant avec des épaulettes, elle comprend et on fonce et on cherche ensemble.
40:29C'est le même travail avec Stéphanie Aznaref qui était la maquilleuse.
40:34Je lui dis écoute ce mec-là vit dans sa bagnole, il faut qu'il soit et saurait,
40:38elle m'a dit bouge pas, on va aller chercher toutes tes rides et on va aller les accentuer.
40:42Je lui dis c'est super, j'ai une gueule, on dirait que j'ai une carte routière mais c'est pas très grave.
40:46C'est du travail mais rentrer dans la peau, sincèrement je me suis jamais senti envahi en rentrant chez moi le soir parce que je jouais la journée.
40:54En même temps c'est un sujet d'actualité et vous aimez toujours jouer des sujets dans l'air du temps quand c'est possible.
41:01Oui mais c'est pas un choix parce qu'en réalité c'est soit les propositions,
41:06soit les rendez-vous de casting, c'est la projection des autres,
41:08ça peut être un directeur de casting qui vous met dans une liste qui pense à vous,
41:12ça peut être un metteur en scène, une réalisatrice ou des essais qui réussissent.
41:15Il y a vraiment une somme de hasards qui vous conduisent à être à tel endroit, dans tel rôle, dans tel univers.
41:21Mais je le choisis pas, je le détermine très peu.
41:23Mais en même temps se retrouver dans un sujet sur la pollution, sur le féminisme, c'est tout à fait actuel.
41:28Oui, ça c'est la volonté de la réalisatrice, de Julie Manoukian et de son co-scénariste, c'est pas la mienne.
41:34Et le premier film écologique, je me suis un peu renseigné, je sais pas si vous le savez,
41:37c'est « Soleil vert » réalisé par Richard Flechère, qui est tourné en 1973,
41:43qui se déroulait en 2022 où il n'y a plus d'eau, il n'y a plus rien sur la Terre et on est menacé de disparition.
41:49Oui, moi j'aurais dit ce film de Redford, Jeremia Johnson, ou je ne sais plus,
41:57mais j'aurais dit plutôt ce film qui est encore antérieur.
42:01Oui, parce que c'est vraiment la quête d'un homme qui veut se reconnecter à la nature,
42:04qu'on voit tout chier et qui se démerde. C'était bien ça.
42:08Et l'homme de la ville que vous êtes s'intéresse à la pollution, à l'écologie ?
42:12Je respire le même air, que je sois à la ville ou à la campagne, oui, naturellement, bien sûr.
42:18Après je suis très négatif sur tous ces sujets, donc c'est pas moi qui vais transmettre un quelconque espoir, du tout.
42:26Il se trouve aussi que les rôles un petit peu difficiles, un peu durs, c'est votre spécialité.
42:30Moi je me souviens d'un film de la proie d'Éric Vallette, où vous étiez poursaché, je crois, par Albert Dupontel.
42:38Là c'était aussi un tueur, ça me voit très bien ce genre de rôle.
42:41Bah écoutez, oui, c'est arrivé comme ça, là c'était l'idée d'être le méchant du film.
42:48Alors ça n'a pas été facile, ça a décroché, parce que vraiment pour le coup, tout allait contre.
42:53Tout allait contre, je me souviens très bien.
42:57J'avais lu le scénario que mon agent m'avait fait passer, en me disant « tiens, je pense qu'il y a quelque chose qui devrait t'interpeller ».
43:04Effectivement, je lis le film et je me dis « le rôle du méchant il est génial, parce que les méchants sont toujours attrayants, c'est intéressant de… ».
43:14Bref, je connaissais un peu le producteur, Luc Bossy, et je lui dis « écoute, j'ai lu ton scénario, est-ce que je peux faire des essais ? Est-ce que le casting est ouvert ? ».
43:26Il me dit « Stéphane, je t'aime beaucoup, t'es super, mais c'est pas possible, c'est pas possible, c'est le studio Canal derrière, qui distribue, qui coproduit.
43:35Les mecs ils ont refusé un tel, un tel, des noms, des gens connus quand même, très connus par rapport à toi, je dis pas que t'es pas… c'est super Stéphane.
43:43Bon, tout se dit, je fais « ok, bah je fais juste des essais alors, puisque justement ils refusent des… bah peut-être qu'on peut commencer à ouvrir ? ».
43:50« Non, non, non, vraiment écoute, autre chose, on verra ». Et puis, je vous l'ai fait courte, on est passé par la fenêtre, la cheminée, le machin, pour décrocher finalement des essais.
44:00Et il se trouve qu'Éric Vallette fait des essais lui-même, avec son premier assistant Jean-André Sylvestreau, donc je me suis retrouvé tout de suite, sans intermédiaire, face à Éric,
44:09à jouer Jean-Louis Morel, ce tueur en série. Et il a adoré la première prise qu'on a faite ensemble.
44:16Je suis arrivé avec une proposition un peu clé en main. Bon, quitte à y aller, voilà ma vision du rôle, et il a appris le truc.
44:22Et ensuite, pour vous dire comment c'est pas facile, le producteur, Luc, me rappelle, et avec content dépité, un truc un peu comme ça, il me dit « bon, écoute, voilà, t'es son premier choix ».
44:35« Voilà, il a bien aimé, c'était super tes essais, bon, ok ». Voilà, bon, écoute, maintenant, de toute façon, vraiment, reste cool, parce que c'est le Studio Canal qui décide.
44:46C'est pas moi, c'est pas lui, tu vois, on envoie, le festival de Cannes arrive, on envoie les essais, et c'est les mecs du Studio Canal qui vont regarder ça, voilà, t'auras la réponse.
44:54Après le festival, ils sont tous partis, ok. Et là, je me dis « bon, bah, c'est plié, c'est pas très grave ». J'ai rencontré un metteur en scène, j'ai fait mon métier,
45:00je lui ai montré, voilà, il en restera peut-être quelque chose, et peut-être que dans cinq ans, on ne sait pas, c'est la roue qui dira si le mec se dit « ah, ce mec-là, voilà ».
45:11Et il se trouve que je suis choisi, bon, validé par ce fameux Studio Canal, à l'époque. Et sur le tournage, très vite, je vois débarquer un mec, à l'époque, qui s'appelle Léonard Glowinski,
45:23qui était le boss du Studio Canal. Il vient, voilà, sur le plateau, on fait connaissance, et je lui dis « écoute, je suis ravi de te rencontrer, parce que je te dois ma présence ici,
45:34manifestement, tu as validé mon travail après les essais, je voudrais savoir qu'est-ce qui a déterminé ton choix, ça m'intéresse pour comprendre, parce que vraiment, c'est pas si simple ».
45:43Et il me dit « bah, rien du tout, rien du tout, j'ai vu tes essais, c'était super ». Je lui dis « non, me la fais pas, vas-y, pour comment, il y a un désistement ? ».
45:52« Non, non, non, je t'assure, faut pas te raconter d'histoire. Non, non, vraiment, j'ai vu tes essais, t'étais Jean-Louis Morel, point barre, le montage financier était fait,
46:00on avait du Pontel, machin, tout ça, il n'y a pas de problème. Mais voilà, les autres ne correspondaient pas ». Je lui dis « mais tu ne voulais pas un mec plus connu et tout ? ».
46:06« Pas du tout ». Il me dit « mais qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Tu sais, j'ai bossé chez Pathé, et tu étais à l'affiche de Modern Love, t'arrives pas de nulle part, qu'est-ce que c'est que ces conneries ? ».
46:13Je lui dis « ah, d'accord ». Donc tout ça pour dire qu'en fait, voilà, c'est toujours « ah, rien ne se passe comme on peut l'imaginer, en réalité, pour les acteurs ».
46:25Vous parlez de Canal, il y a Cinéplus, OCS, aujourd'hui, qui diffuse une série qui s'appelle Extra, et là aussi, vous êtes un petit notable de province,
46:34et là, c'est une série tout à fait différente, parce que c'est quand même une nouveauté, puisque c'est une série inspirée par une liberté sexuelle pour une personne en situation de handicap.
46:47C'est quand même un sujet un peu tabou et difficile au départ.
46:50Alors oui, c'est-à-dire que c'est le personnage de Catherine Blondin, qui est jouée par Anne Giroir, qui est mariée à Antoine, donc le mec que je joue.
47:00Ils vivent un peu sous le même toit avec le beau-frère, qui est joué par Nicolas Lombreras, qui est hilarant, qui est un acteur formidable, très, très, très drôle.
47:10Et bref, on va suivre le parcours de cette femme qui va repartir un peu à la conquête de son désir, de sa féminité, de sa sexualité,
47:18en devenant, le jour, elle anime une chorale, et le soir, elle devient ce qu'on appelle assistante sexuelle pour des personnes handicapées.
47:28Voilà, qui est un boulot, une fonction qui existe en Suisse, mais qui est totalement interdite et assimilée à la prostitution en France.
47:35Voilà, jusqu'à l'implosion du couple.
47:37Parce que vous, ce qui vous intéresse, c'est le pouvoir de jouer au golf, et puis vous évitez, justement, l'approche sexuelle qu'elle souhaiterait...
47:44Ouais, c'est rigolo, parce que c'est un mec qui joue pas au golf par passion, il va au golf pour être avec des mecs dont il veut faire partie.
47:51Tout ça, c'est pour rentrer dans des clubs. C'est un peu comme ce métier, il y a beaucoup de gens qui vont à des soirées, dans des lieux, des bars, des endroits,
48:00des avant-premières de films auxquels ils ne participent pas pour appartenir et petit à petit se montrer et faire partie de quelque chose.
48:08Et ce mec-là, à son niveau, a exactement la même démarche.
48:11Donc, j'ai essayé d'en faire un gars touchant, parce qu'il est assez médiocre, il est assez veul, il est un peu aveugle, il voit pas sa femme, il voit pas son homme,
48:25mais il fallait qu'il en reste quelque chose d'un peu humain quand même, pour qu'on l'achète.
48:31Il y a 10 épisodes, et en fait, c'est une série qui a été choisie parce que deux jeunes metteurs en scène ont obtenu une sorte de bourse pour faire cette série,
48:39ce qui est assez rare. C'est la nouveauté, c'est la transmission.
48:42Oui, c'est-à-dire qu'un est scénariste, Mathieu Bernard, l'autre est producteur-scénariste à la base, Jonathan Hazan,
48:52et ils se sont effectivement associés pour répondre à une espèce d'appel d'offre, je crois qu'il s'agissait d'écrire autour du handicap.
49:00Ils ont proposé cet axe-là, qui était assez audacieux, et ils ont décroché l'aide, etc.
49:05Et la série s'est faite comme ça.
49:07Quand on voit tout ce que vous avez fait depuis votre arrivée à Paris, Stéphane Debac, on se dit que votre maman doit être fière de vous.
49:12Elle est inquiète.
49:13Ah bon ?
49:14Elle est inquiète parce que je suis, je crois, extrêmement lucide, que je ne cache pas les choses,
49:20que je ne fais pas semblant d'être là où je ne suis pas ou quoi.
49:26Et donc, je lui partage suffisamment de l'arrière-boutique de tout cela, si vous voulez, pour qu'elle soit encore un peu inquiète.
49:34Mais je crois qu'elle est heureuse parce que, voilà, le petit garçon qui voulait être acteur, il a su de radio, il vit de son métier et c'est très bien comme ça.
49:43Voilà, je n'ai pas besoin de plus.
49:47Écoutez, nous, on a besoin d'aller voir « Ô les mains » à partir de demain sur les écrans,
49:51et puis suivre sur OCS ciné plus cette série extra qui l'est justement.
49:56Merci beaucoup.
49:57Merci Stéphane Debac, vous avez tellement de choses à raconter que vous reviendrez quand vous voulez dans « Les clés d'une vie ».
50:01Avec plaisir.
50:02Parce que votre actualité est toujours forte, et puis il y a encore plein d'anecdotes que nous n'avons pas racontées aujourd'hui.
50:08Merci, continuez comme ça.
50:09Merci à vous. Merci, au revoir Jacques.
50:11Merci, « Les clés d'une vie », c'est terminé pour aujourd'hui.
50:13On se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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