Les clefs d'une vie avec Anny Duperey
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-05-12##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous auriez pu devenir peintre.
00:08Vous avez finalement choisi de croquer à travers votre univers
00:11une vie qui au départ ne vous a pas fait de cadeau.
00:14Vous respirez encore plus le bonheur que l'iode évoqué
00:18sur la couverture de votre nouveau livre.
00:20Bonjour Annie Dupéret.
00:21Bonjour Jacques.
00:22Oui, ce livre c'est Respire, c'est de l'iode
00:24et autres évocations libres aux éditions du Seuil.
00:27Un livre de plus qui va servir de fil conducteur à ces clés d'une vie
00:32puisque j'ai repéré la matière à des dates clés
00:35selon le principe de l'émission.
00:37Alors, je vais trouver la première.
00:39La première c'est le 10 décembre 65.
00:42C'est la première d'un spectacle.
00:44Écoutez cette voix.
00:45J'ai eu l'occasion de voir Mme Sarah Bernard,
00:48mon nez sur le lit, j'étais toute petite.
00:50Je l'ai vu dans le lit, je l'ai bien entendu.
00:52La maman ce soir-là à Marigny,
00:55qui est un événement pour vous.
00:56Ah oui, oui, c'est arrivé d'une manière extraordinaire d'ailleurs,
01:02pas normale du tout.
01:04J'étais au conservatoire, donc en première année carrément,
01:08et j'avais déjà joué une petite pièce pendant deux mois.
01:11Tout de suite, dès que je suis arrivée au conservatoire,
01:13le ciel me signifiait que j'avais bien fait de choisir ce métier
01:16puisque tout de suite, hop là,
01:19j'ai été employée par un de mes professeurs d'ailleurs.
01:21Et puis après, il y a une camarade qui est engagée
01:24pour jouer avec Elvire Popesco
01:26et qui était tellement contente
01:28qu'elle me dit, écoute, je vais au Marigny donner la réplique
01:31aux garçons qui vont faire mon mari
01:32pour voir celui qui va bien avec moi.
01:34Oh allez, je te paye le taxi, on va au cinéma après.
01:37Et j'étais là en coulisses en train d'écouter la voix dans la salle
01:42d'Elvire Popesco, les auditions étaient finies et tout
01:45et j'entendais la voix avec l'accent comme ça
01:48qui discutait dans la salle et tout
01:49et j'avais tellement envie de la voir,
01:51j'ai écarté le rideau pour essayer de la voir,
01:55j'ai rien vu du tout, qu'un trou noir
01:56et quand j'ai rentré la tête, j'ai entendu
01:58« Eh mademoiselle, qu'est-ce que vous faites là ? »
02:02Et j'ai dit, ben voilà, je suis venue avec mon ami du conservatoire.
02:05« Ah, vous êtes au conservatoire ? »
02:08Oui, oui, je suis venue l'accompagner.
02:10Prenez le texte, s'il vous plaît.
02:13Ça a duré cinq minutes
02:15et j'ai été engagée à la place de ma copine.
02:17Quelle horreur !
02:18Horrible !
02:19Mais horrible !
02:20On s'est retrouvés à sangloter toutes les deux dans le hall
02:24et c'était terrible, quoi,
02:28parce que c'était un espèce de sort
02:30qui nous était tombé dessus comme ça, inouï !
02:33Et voilà.
02:34Il faut savoir que la pièce date de 1957
02:36qu'elle a triomphée à plusieurs reprises,
02:38que Popesco l'a reprise plusieurs fois.
02:41Popesco, en fait, c'est une femme
02:42qui a commencé à Bucarest au cinéma muet,
02:44qui est venue en France avec un impresario
02:46et qui est restée en France.
02:47Oui, oui, oui, oui.
02:48Et qui a été une grande, grande...
02:50Je dis que c'était une sorte de rému femelle.
02:52Oui.
02:52Parce qu'il y a des acteurs comme ça
02:55qui ont un poids de vérité en scène
02:58qui fait qu'on les écoute malgré soi.
03:03Ils n'ont pas l'air de jouer.
03:04Et Popesco avait ce don-là,
03:06ce don d'une authenticité comme ça.
03:09On croyait que le texte, c'était d'elle, quoi.
03:11C'était formidable.
03:13Mais en même temps,
03:14avec une année auprès d'elle,
03:16vous avez beaucoup plus appris au conservatoire.
03:17Ah oui, oui, oui.
03:19Elle était très maligne.
03:24Elle faisait un truc que tous les vieux acteurs font.
03:27C'est-à-dire remonter vers le fond
03:29pour mettre les autres de dos.
03:31Oui.
03:31Et il y avait une scène notamment
03:32où elle m'agenouillait
03:34parce qu'elle avait des cannes,
03:35elle avait très mal aux hanches.
03:36Elle avait une poigne incroyable.
03:38Alors je devais m'agenouiller
03:40à côté de son fauteuil pour l'écouter.
03:41Alors elle m'agenouillait
03:43avec une poigne terrible
03:44et crac !
03:45Elle reculait le fauteuil de 50 centimètres.
03:48Alors je ne me laissais pas faire.
03:49Je marchais gentiment sur les genoux
03:51pour revenir à la même hauteur.
03:53Ça l'agacait beaucoup.
03:55Et un jour,
03:56elle a trouvé le moyen
03:57sur les rires des gens
03:58de me dire entre deux répliques
04:00« Peut-être on va terminer
04:02dans le fond du décor. »
04:03C'est extraordinaire.
04:04Entre deux répliques.
04:05Et puis un jour où je recommençais,
04:07ça l'agacait tellement
04:07qu'elle en tracte.
04:11Elle m'a dit
04:11« Tu n'as pas besoin de faire ça.
04:13Tu n'as pas besoin de faire ça.
04:14De remonter comme ça. »
04:15Comme si elle,
04:16elle ne le faisait pas.
04:17« Tu n'as pas besoin. »
04:18« Regarde. »
04:19« Tu commences ta phrase à gauche. »
04:20« Tu parles, tu parles, tu parles, tu parles. »
04:22« Tu termines sur moi à droite. »
04:23« Tout le monde t'a vu. »
04:24C'est extraordinaire.
04:25C'est extraordinaire.
04:25L'auto panoramique
04:27pour les grands théâtres larges
04:28comme ça,
04:29c'est elle qui m'a appris ça.
04:30Mais elle décidait de tout.
04:31Son chauffeur en voiture,
04:33elle lui disait
04:34« Prends ce chemin. »
04:35En fait, un jour,
04:36il revient au bureau
04:37avec l'écrit en disant
04:37« Je l'ai laissé sur les champs
04:39dans la voiture
04:40tellement j'en peux plus. »
04:41Alors, il y a une histoire
04:42de Briali aussi.
04:43C'est avec Briali
04:44où elle était en tournée
04:45qui raconte
04:46qu'à une frontière quelconque,
04:48elle montre son passeport
04:51où il y avait une photo d'elle
04:52dans les années 30,
04:54toute blonde, délicieuse.
04:57Et alors, le type,
04:58le douanier,
04:58il regarde,
04:59il n'est pas sûr
04:59de reconnaître la dame.
05:01Et elle a dit à Briali
05:02« Tu vois, chérie,
05:03les tournées, ça fatigue. »
05:06Et puis, elle jouait au tiercé.
05:08Elvire Popesco.
05:09Oui, tous les dimanches,
05:11elle avait un coup de fil
05:13très émouvant d'ailleurs.
05:15Où elle pleurait vraiment
05:16à son fils aîné.
05:17Elle avait un coup de fil.
05:19Et tous les dimanches,
05:20nous avions un acteur
05:21qui était chargé
05:21d'aller dans la loge
05:22de la concierge
05:23écouter le résultat du tiercé.
05:27Et tous les dimanches,
05:28elle disait
05:29ce qui n'était pas prévu
05:30dans la pièce.
05:31« Je vais appeler mon fils. »
05:32Mon fils,
05:33elle était en larmes.
05:34« Et qu'est-ce que c'est
05:35le numéro ? »
05:35Et tous les dimanches,
05:36ils lui donnaient
05:37le numéro du tiercé
05:38au lieu du numéro de téléphone.
05:40Et on avait droit
05:41à « Oh, j'ai perdu ! »
05:45C'est extraordinaire.
05:46Mais vous savez
05:47que Shéla m'a raconté un jour,
05:49elle enregistre une chanson
05:50avec un orchestre en direct
05:51et il y a quelque chose
05:53qui ne va pas.
05:54Et ils écoutent la bande.
05:55En fait,
05:55l'un des musiciens
05:56écoutait sur un transistor
05:57le tiercé
05:59pendant l'enregistrement.
06:01C'est une autre époque.
06:02Voilà.
06:03Alors,
06:03le théâtre,
06:04finalement,
06:05ça a été votre vie.
06:06Ça a débuté à Rouen
06:07grâce à un monsieur extraordinaire
06:09qui s'appelait
06:09Jean Chevrin,
06:10à Digny du Perret.
06:11Oui, absolument.
06:12Et ça a débuté
06:13même avant
06:13avec un autre monsieur extraordinaire
06:15dont j'ai appris le nom
06:18très tardivement.
06:20Un orientateur professionnel.
06:23Ma tante,
06:24qui m'élevait
06:24à la place de mes parents,
06:26effectivement,
06:27elle m'avait mis
06:28au cours du soir des beaux-arts
06:29depuis l'âge de 10 ans et demi,
06:3011 ans.
06:31Et puis,
06:31à 14 ans et demi,
06:32quand il a fallu vraiment
06:33me sortir de l'école
06:34parce que ça n'allait pas,
06:35on pouvait le faire à l'époque.
06:37On pouvait prendre
06:37des chemins de traverse
06:38et atteindre,
06:39avec un vague niveau BEPC,
06:41une école niveau université.
06:43Ce qu'on ne peut plus faire maintenant.
06:45Et alors,
06:46je passe le concours
06:47d'entrée au beaux-arts.
06:49J'en suis encore fière.
06:51Deuxième sur concours.
06:52Et quand même,
06:53ma tante était inquiète
06:54de me faire quitter l'école.
06:56Et on a été voir
06:58un orientateur professionnel d'État.
07:01Je sais son nom maintenant,
07:02monsieur René Galligaud.
07:04On me l'a dit,
07:05quelqu'un m'a dit
07:06vous cherchez le nom
07:06de l'orientateur professionnel.
07:08Et qui a dit
07:09bon, écoutez,
07:10qu'est-ce que vous voulez
07:10que je vous dise ?
07:11Il n'y a pas mieux
07:12qu'elle rentre au beaux-arts
07:13si elle est rentrée
07:14aussi brillamment.
07:15Mais,
07:16mais attendez.
07:17Vous me dites
07:18qu'elle lit
07:19et qu'elle écrit tout le temps
07:20et qu'elle était
07:21première en français,
07:22seule matière
07:23où elle était première
07:24à l'école.
07:25Il y a une chose
07:26qui m'embête,
07:27c'est qu'elle va s'occuper
07:27des formes,
07:28des couleurs.
07:29Elle va perdre
07:29le contact avec les mots.
07:32Alors,
07:33pourquoi est-ce que
07:33vous ne l'incrivez pas
07:34au conservatoire d'art dramatique
07:35pour qu'elle continue
07:37à étudier des textes ?
07:39En fait,
07:39c'était ça
07:40le truc de départ.
07:40Aucune envie
07:42d'être comédienne,
07:43je n'aime pas penser
07:44du tout à la comédie.
07:46Je suis rentrée
07:46au conservatoire
07:48d'art dramatique
07:49avec Jean Chevrin
07:49deux fois par semaine
07:50pour continuer
07:52à étudier des textes.
07:54Et en fait,
07:55là,
07:55ce qui m'a cueillie
07:56complètement,
07:57c'est la découverte,
07:58moi qui étais assez solitaire,
07:59orpheline à l'école,
08:01avec des gamines
08:02qui avaient des problèmes
08:03de gamines
08:03et solitaire au Beaux-Arts aussi
08:06parce qu'on travaille
08:06seul devant sa toile,
08:08j'ai découvert
08:09le miracle des copains,
08:11des partenaires.
08:13On se monte
08:13une scène ensemble
08:14et on se donne la réplique.
08:16Et toi,
08:16tu pourras le faire
08:17comme si,
08:17tu pourras le faire comme si.
08:18Et ça,
08:19c'est ça qui m'a embarquée
08:20dans ce métier,
08:20en fait.
08:21C'est l'échange,
08:22l'échange avec l'autre
08:24en scène,
08:25le travailler ensemble.
08:26Ça,
08:27c'est une chose
08:27que je ne connaissais pas
08:28et qui m'a embarquée
08:29dans ce métier.
08:30Et puis,
08:31Aline Dupérez,
08:31ce qui est extraordinaire,
08:32vous arrivez au conservateur
08:33de Paris
08:33et deux mois
08:34après votre admission,
08:36Jean Meillère,
08:37votre professeur
08:37qui est un grand acteur
08:38qui lui d'ailleurs
08:39a été recalé deux fois
08:40à l'examen d'entrée
08:41quand il a débuté
08:42avant de devenir professeur
08:43avec Louis Jouvet
08:44et comme maître,
08:46eh bien,
08:46il vous a proposé
08:47un rôle dans une pièce
08:48qui s'appelait
08:48Les Trois mariages de Mélanie.
08:50Oui,
08:50c'est une pièce
08:51qui n'est pas restée
08:52dans les annales
08:52que je le soupçonne fort
08:54d'avoir écrite
08:55sous un pseudonyme
08:56puisqu'il en a sorti
08:58une autre peu de temps après
08:58qui était à peu près
08:59de la même veine.
09:00C'était un petit boulevard
09:01absolument charmant
09:02mais être engagé
09:03quand même
09:05deux mois
09:06après mon entrée
09:06à 17 en pile,
09:08c'est quand même inouï.
09:10C'est pour ça
09:11que je disais
09:11le sort me disait
09:12« Ah bah t'as bien fait
09:13de faire ce métier
09:14parce que tiens la preuve ! »
09:15Il vous a remarqué
09:16tout de suite ?
09:16Oui.
09:18Et tout de suite ?
09:19Alors il a fallu
09:19prendre un pseudonyme ?
09:20Alors voilà,
09:21parce que
09:21à l'époque,
09:23je ne sais pas
09:23si ça a cours encore,
09:25on ne pouvait pas
09:26jouer professionnellement
09:28sous son nom d'élève
09:30du conservatoire.
09:32C'est inouï quand même,
09:33c'est très bizarre
09:33qu'on doit prendre
09:34un pseudonyme
09:35pour faire officiellement
09:36ce qu'on est en train
09:36d'apprendre.
09:37C'est très curieux.
09:38Enfin,
09:39il ne fallait pas,
09:39si on avait une dérogation
09:41et Jean Meillère
09:41étant professeur,
09:42il n'a eu aucun mal
09:43à obtenir une dérogation
09:44pour moi,
09:45il fallait prendre
09:46un pseudonyme
09:47ne pas jouer
09:47sous son nom
09:48d'élève du conservatoire.
09:49Je serais assez curieux
09:50de savoir
09:50si ça existe encore
09:52ce truc-là
09:53parce que c'est très bizarre.
09:55Et donc,
09:57quand on cherche
09:57un pseudonyme,
09:58on passe par tous
10:00les noms d'oiseaux,
10:01de fleurs,
10:01de tout ça.
10:02Et puis finalement,
10:04j'ai choisi le nom
10:07d'un grand-père
10:08qui n'était pas
10:08mon grand-père
10:09parce que c'était
10:09le troisième mari
10:10de ma grand-mère
10:11qui était un homme
10:13charmant
10:14et c'est le seul
10:14que j'ai connu
10:15très peu de temps.
10:17Parce qu'il est mort
10:18quelques mois
10:18après la mort de mes parents.
10:19Mais quand même,
10:20je l'ai connu,
10:20il était joué
10:21de la mandoline,
10:22du violon,
10:23il était assez musicien,
10:24il était coiffeur
10:25de son métier,
10:26mais très...
10:27Il était préjugétateur aussi.
10:28Il nous faisait des...
10:29Donc,
10:30j'ai trouvé que
10:31ce nom était assez...
10:33Cet homme était formidable
10:34et voilà,
10:35j'ai pris son nom
10:36comme pseudonyme.
10:37Et en même temps,
10:38vous avez perdu
10:39votre accent de Rouen.
10:40Oui.
10:42L'accent d'Arouen.
10:43Excusez-moi,
10:44d'Arouen.
10:45Ah bon,
10:45parce que je crois
10:46que vous le gardiez
10:47quand vous étiez en colère.
10:49Ah oui,
10:49oui,
10:50ça c'est...
10:51Beaucoup plus tard,
10:52beaucoup plus tard,
10:52Joël Santoni
10:54adorait que je me mette
10:56en colère
10:56parce que dans les...
10:58D'ailleurs,
10:58souvent,
10:58c'est moi qui les écrivais,
10:59les scènes de colère.
11:00J'écris toutes les scènes
11:02de colère.
11:03Je ne sais pas me mettre
11:04en colère dans la vie,
11:04donc ça me fait défouler
11:06beaucoup de les écrire.
11:07Et toutes les crises
11:08avec le coq,
11:09tout ça,
11:09c'est moi qui les ai écrites
11:10généralement.
11:12Et je sais,
11:13Joël adorait
11:14quand je disais
11:15j'en ai marre,
11:16mais marre,
11:16marre.
11:17Et alors ça,
11:17c'est l'accent rouennais.
11:19Il pleurait derrière la caméra,
11:20je me rappelle.
11:21J'en ai marre.
11:23Cet accent si élégant.
11:25Moitié du Nord,
11:27moitié parigot,
11:28Elga,
11:30on dit
11:30elle est E-de-la
11:31et on ne dit pas de-la,
11:32elle est E-de-la
11:33et Elga,
11:34il dit ça.
11:36Et puis,
11:36effectivement,
11:37un jour,
11:38revenant à Rouen,
11:38après longtemps,
11:39longtemps,
11:41j'ai un de mes textes
11:41dans le livre
11:42qui s'appelle comme ça,
11:44sur le quai de la gare,
11:45ça faisait des mois
11:46que je n'étais pas revenue à Rouen
11:47et j'entends une dame
11:48me hurler quasiment
11:49dans l'oreille
11:50à quelqu'un sur le quai,
11:52plus loin.
11:52Eh,
11:53eh,
11:53regarde-donc voir
11:54s'il n'y a pas personne.
11:55Voilà.
11:56Pour regarder s'il y a quelqu'un.
11:57Regarde-donc voir
11:58s'il n'y a pas personne.
12:00Et là,
12:00je,
12:00ouf,
12:01retour au pays.
12:03Ah,
12:04ça,
12:04c'était le pays,
12:04mais il y a aussi Paris
12:05et il y a une autre date importante
12:07que vous évoquez dans ce livre.
12:08C'est le 16 décembre 1968.
12:11A tout de suite sur Sud Radio
12:12avec Annie Dupéret.
12:15Sud Radio,
12:16les clés d'une vie,
12:17Jacques Pessis.
12:17Sud Radio,
12:18les clés d'une vie,
12:19mon invité Annie Dupéret
12:21pour ce nouveau livre
12:22Respire,
12:22c'est le diode
12:23et autres évocations libres
12:25aux éditions du Seuil.
12:26On expliquera tout à l'heure
12:26pourquoi ce titre.
12:27Il y a une raison.
12:29Et on évoque ce livre
12:30à travers des dates clés.
12:31Et dans ce livre,
12:33vous évoquez un lieu
12:34qui a ouvert ses portes
12:36le 16 décembre 1968.
12:38Écoutez.
12:39J'étais venu à Paris
12:40pour trouver du boulot
12:41comme décorateur.
12:42Jean-Marie Rivière,
12:44l'Alcazar.
12:45Car l'Alcazar,
12:46ça a été
12:47le centre
12:48des fêtes parisiennes
12:49et vous avez été
12:51une habituée du lieu.
12:52Ah oui, oui,
12:53c'était étonnant d'ailleurs
12:55comme tout de suite,
12:56tout de suite,
12:58je ne sais pas,
12:59il y avait peut-être
13:00ce fantasme derrière
13:02de savoir que ma mère
13:03avait été élevée
13:03autour d'un cirque
13:04que mes grands-parents
13:05maternels
13:06travaillaient dans un cirque
13:07à Elbeuf
13:08dont je suis marraine
13:10d'ailleurs maintenant
13:10qui a été reconstruit,
13:12qui est un lieu magnifique
13:13de nouveau cirque
13:14comme ça.
13:15Et peut-être j'avais ça,
13:17j'adorais le cabaret,
13:19le cirque.
13:19Alors je jouais Shakespeare
13:20et Giraudoux
13:21au Théâtre de la Ville
13:22et j'ai un copain danseur
13:24parce que je faisais
13:25toujours de la danse
13:26qui m'avait dit un jour
13:27tiens,
13:28je vais t'emmener
13:28voir où je travaille.
13:30Viens donc me voir
13:31ce soir où je travaille.
13:32L'Alcazar
13:33de Jean-Marie Rivière,
13:35j'ai mis les pieds
13:36là-dedans
13:36et tous les soirs
13:38après avoir joué
13:39Shakespeare au Giraudoux,
13:40je filais rue Mazarine
13:42dans ce temple
13:43de la fantaisie
13:44qui était le casard
13:46de Jean-Marie Rivière
13:46et je regardais la fin
13:48du spectacle
13:49et je faisais l'after
13:51avec les gars,
13:52avec les transformistes
13:52de l'époque,
13:53Sabrina,
13:54Babette,
13:55avec...
13:56Et Pascal aussi.
13:58Il y avait un Pascal
13:59et il y avait Serge Davry,
14:00un fantaisiste
14:01qui se cassait
14:02tout un service
14:03de Limoges
14:04sur la tête.
14:05En fait,
14:06il se cassait
14:07des assiettes
14:08et quelqu'un
14:08dans un restaurant
14:09un jour lui dit
14:09je vais faire comme vous.
14:12Il a fini à l'hôpital
14:13avec 12 points de suture.
14:14Oui, on ne sait pas
14:15comment Serge Davry
14:16arrivait à faire
14:16un truc pareil
14:17parce que quand même
14:17c'était de la vraie vaisselle.
14:18C'était hallucinant.
14:20Et il faisait exploser
14:21en même temps
14:21dans une grande barrique.
14:23Oui !
14:24Et donc j'étais
14:26cet endroit-là
14:27et puis après
14:28j'ai découvert
14:30la grande gêne
14:31où j'ai vu les débuts
14:32de notre grand
14:34Jean-Claude Dreyfus.
14:37Là, c'était
14:38chose chic.
14:40On faisait le transformisme
14:41sur Brecht,
14:43sur tout ça.
14:44Et puis après Michou.
14:46Oui, exactement.
14:46Et voilà.
14:47Et c'est vrai que j'ai toujours
14:48été en grande
14:49grande complicité
14:50avec les gars
14:52qui se déguisent en fille.
14:54D'ailleurs, à la preuve,
14:55là, je fais un cabaret
14:56et un café-concert
14:57avec mon partenaire
14:59qui, quoi,
14:59a un personnage féminin.
15:00Comme par hasard.
15:02Mais il se trouve en plus
15:03que l'Alcazar,
15:04Jean-Marie Rivière
15:04était venu à Paris
15:05pour faire quelque chose.
15:07Il pousse la porte
15:07d'une imprimerie
15:08qui était en faillite.
15:09Il a acheté le lieu.
15:11Il a construit l'Alcazar.
15:12Et même Daniel Guichard
15:13a débuté.
15:14Là, Thierry Le Viron
15:15était là tous les soirs.
15:16Il y avait un premier étage
15:17où c'était la fête permanente.
15:18Voilà, c'est ça.
15:19C'est le bar.
15:19Moi, je grimpais directement
15:21au bar là-haut
15:21qui surplombait la scène
15:23comme ça.
15:24Et puis après,
15:24quand c'était fini,
15:25on descendait
15:26pour faire l'after
15:27avec les gars.
15:27Et la grande Eugène,
15:29c'était donc Jean-Claude Dreyfus
15:30et en même temps,
15:32il y avait Eugène Couvry
15:33qui était teinturier au départ.
15:35Et Michou l'avait rencontré
15:37parce qu'il était teinturier.
15:37C'était un teinturier.
15:39Et ils avaient ensemble
15:40ranimé une discothèque
15:41qui est devenue Michou.
15:42Voilà, absolument.
15:43Et ce genre de spectacle
15:45était novateur à l'époque.
15:46C'était une fête totale.
15:47Oui, oui, tout à fait.
15:48Alors, il se trouve
15:49que vous déguisez en femme,
15:52si j'ose dire,
15:53vous le dites vous-même,
15:54c'est quelque chose
15:55de très particulier
15:56parce que vous fabriquez
15:57vos robes,
15:57votre maquillage,
15:58tout y passe.
15:59Oui, oui.
16:00C'est vrai qu'il y a...
16:01C'est un des textes
16:02de ce livre-là
16:04qui vient de la réflexion
16:05d'un camarade comédien,
16:07Jean-Paul Borde,
16:09à qui je disais un jour
16:10je vais retourner chez Michou
16:13parce qu'il y a un nouveau gars
16:14qui fait un numéro,
16:15je voudrais voir ce que ça donne.
16:16Et il m'a dit
16:17« Ah, tu vas encore chez... »
16:18Ah, c'est bizarre.
16:19Et il m'a sorti
16:19cette phrase extraordinaire.
16:21Il m'a dit
16:21« C'est drôle,
16:23ton amitié,
16:24ta complicité
16:24avec ces gars
16:25qui se déguisent en filles,
16:26on dirait que c'est
16:27ton autre sexe. »
16:29Oh !
16:30Mots, mais mots
16:31qui m'a éclairée
16:33presque toute ma jeunesse.
16:36Le fait que ma tante
16:37m'avait élevée
16:38absolument comme un garçon,
16:41avec la même liberté
16:42qu'un garçon.
16:44Je flirtais déjà
16:45comme une folle
16:45quand j'étais jeune,
16:46je n'avais pas de réflexion.
16:48Elle m'a envoyée
16:49en Espagne
16:50pour parfaire l'espagnol
16:51que j'adorais
16:52seule
16:53à 14-15 ans
16:55alors que j'étais grande
16:56comme maintenant,
16:57gaulée comme une plémette
16:58comme je dis
16:59et qu'elle m'a laissée partir
17:00seule un mois et demi
17:02en Espagne
17:02dans un pays
17:03où toute étrangère
17:04était une proie.
17:06Mais qu'est-ce qu'elle avait
17:07dans la tête
17:08si ce n'est pas
17:08qu'elle me considérait
17:10comme un espèce
17:11d'être hybride,
17:13esprit garçon
17:14et physique fille ?
17:16Et même moi,
17:16quand j'étais jeune,
17:17je ne comprenais rien aux filles.
17:19Je les regardais
17:19faire des coquetteries,
17:20des machins,
17:21je ne comprenais pas.
17:22Je ne comprenais pas.
17:22En plus,
17:24vous faisiez vous-même
17:25vos vêtements,
17:25vous avez toujours fait ça.
17:26Et je crois d'ailleurs
17:26que la seule chose
17:28qui comptait dans votre vie
17:29à vos débuts,
17:29c'était votre machine à coudre.
17:31Ma machine à coudre.
17:31Voilà.
17:32Voilà.
17:32Alors, c'est vrai
17:33que je faisais mes vêtements,
17:35je me maquillais beaucoup
17:36parce que j'avais quitté
17:37les beaux-arts,
17:38quitte à ne pas faire de tableau,
17:39je me payais moins.
17:41Et puis,
17:41quand mon camarade
17:42m'a dit ça,
17:43j'ai dit
17:43mais tu as raison,
17:45je faisais comme eux.
17:46Mais je faisais comme eux.
17:48Absolument.
17:49J'étais garçon dans ma tête,
17:50fille,
17:51et puis je me déguisais
17:54en fille finalement.
17:55Et c'est très curieux.
17:57Dans ce livre,
17:58vous évoquez aussi
17:58un metteur en scène
18:00récemment disparu
18:00qui a beaucoup compté
18:01pour vous,
18:02Annie Dupérez,
18:02c'est Bertrand Blillet
18:03avec une pièce
18:04Désolée pour la moquette
18:05que vous avez jouée.
18:07Et là aussi,
18:07c'était un défi.
18:08Ah oui,
18:09c'était...
18:09J'ai beaucoup,
18:10beaucoup,
18:10beaucoup aimé Bertrand.
18:12Je sais que c'était
18:13un homme sous ses dehors
18:15comme ça,
18:17un peu d'humour ravageur
18:19et tout ça et tout,
18:20qui était un homme
18:20très sensible
18:21et très pessimiste
18:24quelque part,
18:25très dépressif.
18:27Il était extrêmement touchant,
18:29Bertrand.
18:29Il avait été élevé
18:30à la dure,
18:31il me l'a dit,
18:31un jour par Bernard,
18:32son père.
18:33C'est pas facile.
18:34Oui, oui,
18:34pas facile,
18:34pas facile du tout,
18:35du tout.
18:36Et c'est vrai
18:37qu'on a joué
18:38cette pièce
18:38Désolée pour la moquette
18:39et on a appris
18:41petit à petit
18:42à se connaître
18:43parce que je crois
18:43qu'il m'avait engagée
18:46sur un peu
18:46sur mon physique
18:47pour jouer
18:47la bourgeoise.
18:48mais comme désolé
18:49pour la moquette,
18:50on pouvait se retrouver
18:51sur la moquette bourgeoise
18:53tout à coup,
18:53sur la moquette du trottoir,
18:55le principe étant
18:56que le gouvernement,
18:57impuissant à loger
18:59tous les SDF
18:59qui logeaient dehors,
19:01avait décrété
19:02pour faire une sorte
19:02d'égalité
19:03qu'il y aurait
19:03de la moquette
19:04partout.
19:05C'était le sujet
19:06de principe de base
19:08de la pièce.
19:09Et donc,
19:09la bourgeoise,
19:10puisqu'on pouvait
19:11très facilement
19:12se retrouver dehors,
19:13comme c'est vrai d'ailleurs,
19:16je me retrouvais
19:16que le charte
19:17d'un seul coup.
19:19Et alors,
19:19par contre,
19:19il ne savait pas du tout
19:20que je pouvais
19:22être un peu fantaisiste
19:23et je me rappelle
19:25qu'un jour,
19:26je montais mon cul
19:29en l'air
19:29comme ça
19:30pour un truc
19:31pour regarder
19:31dans la glace
19:32quelque chose
19:33et je lui dis
19:34tu sais,
19:35je peux le faire.
19:36Si tu pouvais faire ça,
19:38je dis je peux Bertrand,
19:39je suis en train
19:39de te le faire.
19:42Et donc,
19:43on s'est découvert
19:45comme ça
19:45petit à petit
19:46et j'ai vraiment
19:47beaucoup,
19:48beaucoup aimé cet homme.
19:49Et il y a un autre
19:49metteur en scène
19:50avec lequel vous avez travaillé
19:52dans un film
19:53qui est culte.
19:58Germinal
19:59avec Claude Berry
20:00qui vous a engagé
20:02pour un rôle
20:02qui n'était pas
20:03à priori
20:04votre personnage.
20:05Ah mais c'était
20:05très bien.
20:06J'ai toujours adoré
20:08les compositions.
20:11Je traque
20:12le contre-emploi
20:12comme on dit
20:13quand je peux faire
20:14quelque chose
20:15de très différent.
20:17C'est pour ça
20:18d'ailleurs
20:18sur un autre film
20:19quand Yves Robert
20:21et Jean-Loup Dabedi
20:22sont venus
20:22dans ma loge
20:23au théâtre
20:24pour me proposer
20:25un éléphant
20:26ça trompe énormément.
20:28Yves Robert
20:28savait très bien
20:29il m'a dit
20:29on sait Annie
20:30que tu cherches
20:31à échapper
20:31à ton rôle
20:33de grande belle jeune femme
20:34que tu souhaites
20:35des rôles très différents
20:36pour faire des choses
20:36excuse-nous
20:38on va te proposer
20:38exactement la verse.
20:41On va te proposer
20:42le comble
20:43l'archétype
20:44de l'image
20:44comme ça.
20:46Et puis
20:47cet éléphant
20:49je l'ai
20:49en rentrant du théâtre
20:51j'ai commencé à le lire
20:52et c'est vrai
20:52qu'au quart
20:53au quart du scénario
20:55à peu près
20:56je me suis dit
20:56je lis
20:57un petit classique.
20:58Exactement
20:59c'était le cas.
21:00Et Germinal aussi
21:01qui était un classique
21:01au départ
21:02et là je crois
21:03qu'il y a un moment
21:03très difficile
21:04c'est une scène
21:05que vous deviez tourner
21:06avec des écrevisses.
21:07Ah oui oui
21:08je ne vais pas le raconter là
21:10parce que je vais le laisser
21:11découvrir aujourd'hui
21:11dans le livre
21:12mais c'est vrai
21:13qu'il y a eu
21:13une réplique quand même
21:14mémorable
21:15de Claude Berry
21:16qui l'a hurlé
21:17de la pièce voisine
21:18il y avait la scène
21:21des bourgeois
21:21du déjeuner
21:23des bourgeois
21:23et on a bouffé
21:27650 écrevisses
21:29ça met un peu
21:30les nerfs
21:31à rude épreuve
21:31quand même
21:32de bouffer
21:33du matin au soir
21:33650 écrevisses
21:35en trois jours
21:35au deuxième jour
21:37on en a déjà mangé 400
21:38et puis effectivement
21:39il y avait
21:40les gros plans après
21:41où effectivement
21:42j'écris un texte
21:44là-dessus
21:44Claude Berry
21:45tenait absolument
21:47le texte
21:48n'avait pas
21:49de grande importance
21:49c'était un peu
21:50des mondanités
21:51tout ça
21:51il tenait absolument
21:53à nous voir
21:54manger vraiment
21:55parce que les bourgeois
21:58mangent
21:58alors que les ouvriers
21:59ne mangent pas
22:00voilà
22:01et c'était une obsession
22:02chez lui
22:03le texte
22:04oui le texte
22:04ça va
22:04mais je t'ai pas vu manger
22:06et c'était bon
22:07ça a donné lieu
22:08effectivement
22:09à une phrase
22:09mémorable
22:10qu'il a hurlé
22:12de la pièce voisine
22:13qu'on retrouvera
22:14dans le livre
22:14qu'on retrouvera
22:15dans le livre
22:16alors il se trouve aussi
22:17que ce lieu
22:18vous avez construit
22:19un décor extraordinaire
22:20pour Germinal
22:20une ancienne mine
22:21il se visite encore
22:22mais justement
22:22aujourd'hui
22:23avec Berg
22:25où Danny Boone
22:25a tourné les ch'tis
22:26ce sont les deux lieux
22:27les plus visités
22:28par les amateurs
22:29ça c'est formidable
22:31d'avoir fait des décors
22:32de cinéma
22:33qui ont reconstruit
22:34ce qui avait été détruit
22:37les mines
22:38les terrils
22:39tout ça et tout
22:40et ça se visite
22:41et je sais que
22:42moi il y a une chose
22:43qui était très touchante
22:44sur le film
22:44c'est que
22:45tous les figurants
22:46il y avait 400 ou 500 figurants
22:48certains jours
22:48c'était inouï quand même
22:50et c'était tous
22:52les fils de mineurs
22:54ou les anciens mineurs
22:55donc il y avait
22:56quelque chose
22:57de très important
22:58quand on faisait le film
22:59pour la région
23:00pour les gens de la région
23:01souvent encore
23:02très pauvres
23:03c'était la mémoire
23:05alors il y a une mine
23:06d'anecdotes justement
23:07dans ce livre
23:08Respire ses deux liodes
23:09qu'on va continuer
23:10à évoquer
23:11à travers une autre date
23:12qui ne vous concerne
23:13pas directement
23:14mais qui est importante
23:15le 26 mai 1973
23:17à tout de suite
23:18sur Sud Radio
23:19avec Annie Dupéret
23:20Sud Radio
23:21les clés d'une vie
23:22Jacques Pessis
23:23Sud Radio
23:24les clés d'une vie
23:25mon invité
23:26Annie Dupéret
23:26pour ce livre
23:27Respire ses deux liodes
23:29et autres évocations libres
23:30aux éditions du Seuil
23:31on en a déjà évoqué
23:32certains chapitres
23:33mais il y a un lieu
23:35que vous évoquez
23:36et le 26 mai 1973
23:39est sortie une chanson
23:40qui se rapporte
23:40à ce lieu
23:41Vous connaissez cette chanson
23:53La Creuse
23:53de Pierre Billon
23:54Ah non
23:55je ne connais pas
23:55c'est une des premières
23:56chansons sur La Creuse
23:57en fait il débutait
23:58il n'était pas encore
23:59l'impressario
23:59de Johnny et Sardou
24:01il était le fils
24:01de Patachou
24:02et il a écrit cette chanson
24:03sur son premier album
24:04en clin d'oeil
24:05à Monique Lemarcy
24:06directrice des programmes
24:07de RTL
24:08qui vivait en Creuse
24:09Alors je connais Pierre
24:11parce que j'ai fait
24:12Mask Singer
24:13Exactement
24:13Et c'est lui
24:14qui faisait les enregistrements
24:15et tout
24:15c'était extrêmement sympathique
24:17Et c'est la seule chanson
24:18consacrée à La Creuse
24:20La Creuse
24:21que vous avez un jour découvert
24:22Oui c'est ça
24:22c'est Bernard
24:23quand on s'est rencontré
24:24avec Bernard
24:25Bernard Giraudot
24:26Voilà Bernard Giraudot
24:27il avait une petite ferme
24:29déjà
24:30qui n'avait
24:30attendait qu'une pièce
24:32une cuisine
24:33avec une fenêtre
24:34pas d'eau
24:35c'était un tuyau
24:36dans le mur
24:37l'eau
24:37enfin c'était
24:39on ne peut plus rudimentaire
24:40et donc
24:41on est parti là-bas
24:43on n'avait pas
24:44de maison de famille
24:45et en fait
24:46petit à petit
24:48avec nous cachés
24:49on a fait une maison
24:50puis on a fait un jardin
24:51puis on a fait déplacer
24:52un gros poteau
24:53qui était devant la porte
24:54et puis
24:54petit à petit
24:56en des années
24:56on a créé
24:57une maison de famille
24:58et moi c'est vrai
25:00que j'ai eu
25:00un coup de foudre lent
25:03quelque part
25:04pour la Creuse
25:04au début
25:06ça me semblait
25:06un peu revêche
25:07un peu
25:08et puis j'ai été
25:09j'ai été éblouie
25:10par le paysage
25:11éblouie par le paysage
25:14parce que
25:14les gens connaissent
25:15très mal
25:15généralement
25:16la Creuse
25:17ah bon c'est où
25:17la Creuse
25:18personne ne sait
25:18et voilà
25:19et je dis toujours
25:20c'est là où
25:20personne ne passe
25:21voilà
25:21parce que c'est sur
25:22la route de rien
25:23si vous allez vers
25:24vous la traverserez
25:25à la limite
25:26vous la frôlerez
25:26mais vous ne la traverserez pas
25:28il faut y aller
25:28pour ça
25:29c'est du côté d'ailleurs
25:30en quelque sorte
25:30voilà
25:31et la Creuse
25:32a quelque chose
25:33de très précieux
25:35c'est à dire
25:35que c'est les premiers
25:36contreforts du massif central
25:37donc une terre granitique
25:39souvent pleine de roches
25:41de granit
25:42et donc pas cultivable
25:44ce qui lui a évité
25:45le remembrement
25:46c'est à dire que
25:48nul n'a jamais enlevé
25:50les petits chemins
25:51les haies
25:51les petits coins
25:54comme ça
25:54des petites parcelles
25:55qui sert à l'élevage
25:57il n'y a pas de machines
25:58qui peuvent passer
25:59il n'y a pas de
25:59c'est pas une terre à blé
26:00donc en fait
26:02c'est le paysage
26:02de nos arrière-grands-parents
26:04d'ailleurs
26:04vos grands-parents
26:05étaient de la campagne
26:06c'est presque
26:07un souvenir de famille
26:08oh oui
26:09vous savez
26:10il y a
26:10du côté des grands-parents
26:12du moins
26:12dans ma famille
26:14très simple
26:15tout le monde
26:16était plus ou moins
26:16originaire de la campagne
26:17au début du siècle
26:18quand même
26:19alors il se trouve
26:20à Nîné Perret
26:20que ce lieu
26:21vous l'avez totalement
26:22construit à votre image
26:24je crois que vous avez
26:25arrêté de compter
26:26le nombre d'arbres
26:26à partir de 175
26:27une folie m'a prise
26:30une folie m'a prise
26:31effectivement
26:32Bernard était parti
26:36vers d'autres horizons
26:37voilà
26:37comme ça arrive
26:38à beaucoup de couples
26:39il était parti
26:39vers des rivages
26:41un peu plus chics
26:42vers l'île de Ré
26:42et puis
26:44nous étions quittés
26:46en bon terme
26:47d'ailleurs
26:47et quand la creuse
26:48est devenue mienne
26:49vraiment
26:50j'ai récupéré
26:53un peu de terrain
26:54comme ça
26:55et là
26:56une folie m'a prise
26:57j'ai couru les arboretums
26:58tout ça
26:59et je me suis mis
27:00à faire une sorte
27:01d'arboretum
27:02à planter
27:03à planter
27:03à planter
27:04sans penser
27:05une seconde
27:07que tout ça
27:08après
27:08il allait falloir
27:09l'entretenir
27:10voilà
27:11c'est
27:12c'est vrai
27:14que je suis partie
27:15là
27:15sur une phrase
27:16qui m'avait marqué
27:18mais ça
27:19elle me concernait
27:20pas encore
27:20mais peut-être
27:21je l'ai retenu
27:22parce que je sentais
27:23qu'elle me concernerait
27:24un jour
27:24vous savez les choses
27:25comme ça
27:25c'était Edwige Feuillère
27:27Edwige Feuillère
27:29je la vois un jour
27:30j'avais tourné avec elle
27:31il y a fort longtemps
27:32très âgée
27:33qui avait demandé
27:34à être filmée
27:36devant un feu de bois
27:37chez des amis
27:37et la journaliste
27:40s'étonnait
27:40en disant
27:41mais vous avez demandé
27:42à chez des amis
27:43vous n'avez pas
27:43de maison de campagne
27:44et Edwige avait répondu
27:47je me rappelle très bien
27:47oh
27:48j'ai eu tout ça
27:49vous savez
27:50oh là là
27:50j'ai eu des montagnes
27:51j'ai eu des maisons
27:53à la montagne
27:54à la campagne
27:55à la mer
27:56et puis voyez-vous
27:57un jour
27:58on croit posséder les choses
28:00et on s'aperçoit
28:01que ce sont les choses
28:02qui vous possèdent
28:03cette phrase
28:03m'avait marqué
28:04un jour
28:06on s'aperçoit
28:06que ce sont les choses
28:07qui vous possèdent
28:08et ben voilà
28:09je suis dedans
28:09la creuse me possède
28:11et c'était aussi
28:12le cas de Jacques Dufilo
28:13qui a passé sa vie
28:14à jouer
28:15pour payer
28:16la reconstruction
28:17d'un château
28:17qu'il avait acquis
28:18absolument
28:19voilà c'est ça
28:19quand on a fait
28:21une sorte
28:22d'arboretum
28:23comme ça
28:24on ne peut pas
28:24le laisser comme ça
28:25on est obligé
28:25de l'entretenir
28:26donc on est
28:27voilà je crois
28:28que je termine ce texte
28:29en disant
28:29méfiez-vous de vos passions
28:31vous pourriez en devenir
28:32un jour l'otage
28:33et dans ce livre
28:34on remarque
28:34que vous êtes
28:35une véritable ambassadrice
28:36de la creuse
28:37car vous racontez
28:38son histoire
28:38oui
28:39oui oui
28:39ça j'ai
28:40mon éditrice
28:41ma charmante nouvelle
28:42éditrice au seuil
28:43m'avait dit
28:44mais est-ce que c'est pas
28:44un peu hors sujet
28:45je dis non
28:46c'est un livre pour ça
28:47justement pour raconter
28:48des histoires
28:50que les gens connaissent peu
28:51finalement
28:51et l'histoire des maçons
28:53de la creuse
28:53elle est très peu connue
28:55comment ces gens
28:56tout ce qui avait du talent
28:57dans ce pays
28:59très pauvre
29:00qui a toujours été
29:01très pauvre
29:01tout ce qui avait du talent
29:03dans les mains
29:04était maçon
29:05et tailleur de pierre
29:06et donc depuis
29:07le 13ème siècle
29:08ils montaient
29:10tous les ans
29:10à Paris
29:10pour les 6 mois
29:12de la belle saison
29:12pour construire
29:14l'opéra
29:14vous pouvez les voir
29:15sur internet
29:16il y a les maçons
29:17de la creuse
29:17construisant l'opéra
29:18construisant le Louvre
29:19après à la fin
29:21du 19ème
29:21ça a été
29:22tous les boulevards
29:23Haussmann
29:23construits par les maçons
29:25de la creuse
29:25et c'est une histoire
29:28qui est très très peu connue
29:29les premières
29:30revendications sociales
29:31les premières grèves ouvrières
29:32le premier député maçon
29:35Martin Nadeau
29:36exactement
29:37on ne les connait pas
29:38pas plus qu'on connait
29:39cette chanson d'ailleurs
29:40on chante les chansons
29:42de toutes les manières
29:45des filles et des garçons
29:48des bergers
29:49des bergers
29:49les maçons de la creuse
29:51par Jean Séville
29:52c'est extraordinaire
29:52c'est une chanson locale
29:54ils partaient à Paris
29:56ils étaient 400 km à pied
29:57et puis alors
29:57il est arrivé à la creuse
29:59une chose
29:59quand il y a eu
30:00l'arrivée du chemin de fer
30:03oui
30:03et pourquoi les maçons
30:05seraient partis à pied
30:05en laissant toute la famille
30:06ils ont embarqué tout le monde
30:09deux tiers
30:10de dépopulation de la creuse
30:11en 12-15 ans
30:12vous vous rendez compte
30:13c'est fou
30:13deux tiers
30:14et puis il y a eu
30:14la seconde guerre mondiale
30:16et ben oui
30:17c'est ça
30:18la seconde guerre mondiale
30:19c'est un lieu
30:21où on a caché
30:21beaucoup de gens
30:23ça a été un lieu
30:24de résistance
30:25il y a eu
30:25beaucoup d'enfants
30:27cachés en creuse
30:28il y a eu
30:28beaucoup de réfugiés
30:30je connais moi-même
30:32un réfugié
30:33un médecin
30:35un réfugié
30:35polonais
30:36je lui dis
30:38il faut absolument
30:38retourner
30:39il a été
30:39là-bas
30:40quand il commençait
30:41à y avoir des pogroms
30:42en Pologne
30:43juste avant la guerre
30:44les parents sont venus
30:44en creuse
30:45il n'y est jamais retourné
30:46j'ai dit
30:47mais il faut aller voir
30:48vous avez rencontré
30:49un personnage
30:50à qui vous aviez dédié
30:51un livre
30:52prénommé Robert
30:53qui lui est un vrai
30:54personnage de la creuse
30:55que vous évoquez longuement
30:56dans ce livre
30:56oui
30:56Robert
30:57Robert
30:58ah oui
30:58oui ça j'ai un texte
31:01si je fais quelques lectures
31:02d'ailleurs je vais me hasarder
31:03à le lire
31:04sur cet homme
31:06extrêmement émouvant
31:07Robert
31:09et à qui j'ai dédié
31:10un livre effectivement
31:11sur les poules
31:12l'oeuf
31:13le poil et la plume
31:15et qui m'a confié
31:18un jour son histoire
31:19et c'est tellement émouvant
31:20je vais essayer de lire ce texte
31:21malheureusement
31:22je termine toujours
31:22en pleurant
31:23mais bon
31:23ce sera comme ça
31:24j'avais retiré les gens
31:25que j'ai du mal
31:26à finir
31:28à évoquer ce personnage
31:29sans être ému
31:31moi-même
31:31à la fin
31:32il y a votre vie
31:34dans la Creuse
31:34mais aussi votre vie
31:36à Paris
31:36dans un quartier
31:37et vous évoquez
31:38une femme célèbre
31:39c'est Agnès Varda
31:40que vous avez eu
31:41le privilège de connaître
31:42ah oui
31:42Agnès
31:44je l'ai connue
31:46je ne sais pas
31:47je ne sais plus comment
31:48d'ailleurs
31:48peut-être par Jacques Demi
31:49avec qui nous avions fait
31:51une publicité ensemble
31:52je n'ai pas eu le bonheur
31:54de faire un film
31:54avec Jacques Demi
31:55mais nous avions fait
31:56une ou deux publicités
31:57à l'époque
31:57et puis donc
31:59on se retrouvait
32:00chez Agnès
32:01il habitait en face
32:02dans son petit coin
32:05de la rue d'Aguerre
32:06et donc
32:07je connaissais Agnès
32:09j'allais la voir
32:09de temps en temps
32:10je ne sais plus
32:10pour quelle raison
32:11et puis
32:13un jour effectivement
32:14on s'est retrouvés
32:15bien des années après
32:17à prendre un pot
32:18ensemble
32:19rue d'Aguerre
32:19et là
32:20nous avons eu
32:20une conversation
32:22mémorable pour moi
32:23c'est-à-dire
32:25elle a parlé des hommes
32:26elle a parlé des hommes
32:28et de la solitude
32:29et c'est une chose
32:31qui m'a effectivement
32:32beaucoup marqué
32:33il se trouve aussi
32:36qu'Agnès Varda
32:37montait ses films
32:38de façon rudimentaire
32:39chez elle
32:41c'était
32:41chez elle
32:41oui oui
32:42c'était un ensemble
32:43de petites maisons
32:45qui devaient être
32:45des ateliers
32:46au début du siècle
32:47derrière une porte cochère
32:49on devine que c'était
32:50sans doute
32:50un relais de chevaux
32:51ou un truc comme ça
32:52et qu'elle avait transformé
32:54et effectivement
32:55je me souviens
32:56je raconte
32:57qu'un jour
32:58que j'étais venue
32:58la visiter
32:59pour je ne sais
33:00quelle raison
33:01j'avais été très surprise
33:04parce qu'elle avait
33:05recueilli
33:05une fille sans abri
33:07qu'elle avait logée
33:09dans un petit studio
33:10qu'elle observait
33:10de chez elle
33:11comme ça
33:11un petit studio
33:12de l'autre côté
33:13de la cour
33:13où il y avait de quoi
33:14se faire la bouffe
33:15et tout
33:15et elle m'avait
33:17semblé étrangement
33:18fascinée
33:19par cette jeune femme
33:20et elle m'avait dit
33:21ce truc-là
33:22elle m'avait dit
33:22tu te rends compte
33:23elle est complètement sauvage
33:24elle dort parfois
33:25toute la journée
33:26elle bouffe
33:26à 4h du matin
33:27l'autre jour
33:28elle a fait frire
33:29des trucs
33:30c'est l'odeur
33:31épouvantable
33:32qui m'a réveillée
33:32à 4h du matin
33:33tu te rends compte
33:34je m'étais dit
33:35c'est bizarre
33:36comme elle observe
33:37cette jeune femme
33:38comme ça
33:38sauvage
33:39et peu de temps après
33:41elle a sorti
33:41sans toi ni loi
33:42avec Sandrine Bonnet
33:43voilà
33:44donc je me suis dit
33:45que soit cette jeune femme
33:47lui avait donné
33:48l'idée du film
33:49soit elle l'avait recueillie
33:51pour faire
33:51l'observation
33:52d'un personnage
33:53mais elle était incroyable
33:54à 80 ans
33:55elle tourne son autoportrait
33:56Agnès Varda
33:57et elle dit
33:58j'ai bâtu mon record
33:59de temps de montage
34:00elle tournait
34:01elle montait en même temps
34:02elle faisait le commentaire
34:03alors ça c'est aussi
34:04dans votre livre
34:05vous évoquez longuement
34:06ce quartier où vous habitez
34:07un quartier d'artiste
34:09un quartier à l'ancienne
34:10comme on en trouve peu
34:11aujourd'hui à Paris
34:12Annie du Perret
34:12oui c'est vrai
34:13qu'il y a une petite enclave
34:16là
34:16il y a une petite enclave
34:17où je dis
34:18si on veut savoir
34:19ce que c'était
34:20qu'une vraie
34:21petite ville
34:22de province vivante
34:23il faut aller
34:25entre Alésia
34:26et le cimetière
34:27Montparnasse
34:28la rue d'Aguerre
34:29là il y a encore
34:30effectivement
34:30il y a un rempailleur
34:32de chaises
34:33il y a un ébéniste
34:34il y a trois tapissiers
34:35il y a deux merceries
34:38il y a des trucs
34:39qu'on ne trouve plus
34:39nulle part
34:40et effectivement
34:41je dis
34:42effectivement
34:43que c'est une petite province
34:45du temps
34:46où on appelait
34:46la province
34:47province
34:47et non pas
34:48cet affreux mot
34:49bureaucratique
34:51les territoires
34:52je hais ce mot
34:53et puis
34:54il y a aussi
34:55ceux qui tentent
34:56de s'installer
34:56dans le luxe
34:57en faisant des boutiques
34:58archi modernes
34:59et ils ne tiennent pas longtemps
35:00oui oui
35:01c'est une belle leçon
35:02parce qu'aujourd'hui
35:02on voit dans Paris
35:03des tas de boutiques
35:04un peu modernes arriver
35:05là-bas dans ce quartier
35:06dans ce village
35:07il se défend pas mal
35:08il se défend encore pas mal
35:09je ne sais pas
35:10combien de temps
35:10ça va durer
35:11mais il se défend encore pas mal
35:12c'est vrai qu'un jour
35:13avec la poissonnière
35:15qui était là
35:15on se connaissait
35:16on voit s'installer
35:17une petite boutique
35:19de bijoux
35:21ultra chers
35:22ultra sophistiqués
35:23qu'elle n'est pas du tout
35:25au quartier
35:26et je lui ai dit
35:28à ma gentille poissonnière
35:30j'ai dit
35:30combien de temps
35:31tu crois qu'ils vont faire
35:325-6 mois ou plus
35:344 mois
35:364 mois sans un client
35:37et puis j'ai appris
35:39dans votre livre
35:39au Sienne du Perret
35:40que vous avez habité
35:41un atelier
35:42où Saint-Exupéry
35:43a sans doute résidé
35:44oui
35:44et c'est
35:46alors c'est invérifiable
35:48oui
35:48mais ça fait partie
35:49de la petite légende
35:52de cet endroit
35:53que j'ai adopté
35:54pour être mon premier endroit
35:55à moi
35:55et puis comme j'avais failli
35:56être peintre
35:57c'était
35:58je ne voulais vivre
35:59que dans un atelier
36:00de peintre
36:01et quand on m'a dit
36:02effectivement
36:03vous savez
36:03Saint-Exupéry
36:05a résidé
36:07pas mal de temps
36:07dans cet atelier
36:08j'ai dit
36:10ah bon
36:10et puis après
36:11j'ai appris
36:12que Franck Capa
36:13Robert Capa
36:14Robert Capa
36:15Robert Capa
36:16il avait l'atelier au-dessous
36:18donc je me suis dit
36:19c'est logique
36:20quelque part
36:20parce que ces deux-là
36:21reporters de guerre
36:22ont dû se connaître
36:24être amis probablement
36:25et c'est possible
36:28et l'idée que Saint-Exupéry
36:29avait vécu
36:30dans cet atelier
36:31où j'étais
36:31c'est vrai que ça
36:32tout ça
36:35c'est dans ce livre
36:35qu'on va évoquer
36:36à travers la date
36:37de sa sortie
36:37le 4 avril 2024
36:39à tout de suite
36:40sur Sud Radio
36:40avec Annie Dupéret
36:42Sud Radio
36:43les clés d'une vie
36:44Jacques Pessis
36:45Sud Radio
36:46les clés d'une vie
36:47mon invité
36:47Annie Dupéret
36:48depuis le début
36:49de notre émission
36:50on évoque ce livre
36:51Respire ses deux liodes
36:53et autre évocation libre
36:54aux Isons du Seuil
36:55qui est sorti
36:56le 4 avril 2024
36:57alors ce livre
36:58d'abord
36:58le titre
36:59n'a pas été choisi
37:00au hasard
37:01non
37:02quand j'ai
37:02quand j'ai
37:03j'écris
37:05très franchement
37:05d'ailleurs
37:05dans la préface
37:08de ce livre
37:09qu'effectivement
37:10on a dû
37:11m'opérer du dos
37:12parce que
37:13j'avais des sciatiques
37:14qui étaient en train
37:15d'être sciées
37:16par deux vertèbres
37:17qui bougeaient
37:17il a fallu me clouer
37:19deux vertèbres
37:19ce qui fait qu'on reste
37:21quand même 15 jours
37:21sur le dos
37:22dans un hôpital
37:23où on s'enquiquine
37:24vraiment beaucoup
37:24quand même
37:25sur le dos
37:26pendant 15 jours
37:26comme ça
37:27et puis une longue
37:28convalescence
37:28et tout à coup
37:29en rêvassant
37:30comme ça
37:31j'ai repensé
37:32à ces petites phrases
37:33moi qui ai une mémoire
37:34auditive comme ça
37:35ces petites phrases
37:37qui ont jalonné ma vie
37:38et que j'ai retenue
37:40et qui effectivement
37:42qui sont autour
37:43d'un personnage
37:43ou d'une chose importante
37:45pour moi
37:45ou d'où ça
37:46et je me suis dit
37:48en fait
37:48la première phrase
37:49dont je me souviens
37:50c'est après la mort
37:52accidentelle de mes parents
37:53donc j'ai été recueillie
37:54par ma tante
37:55et ma grand-mère
37:55mais bon
37:57j'étais une enfant
37:58pas bien
37:58pas bien en forme
38:00un peu mélancolique
38:01palote
38:02donc il fallait
38:03qu'on aille
38:04l'air de la mer
38:05était censé me faire du bien
38:07voilà
38:07donc à peu près
38:09tous les dimanches
38:09on faisait les frais
38:10on n'avait pas
38:11beaucoup de sous
38:12d'un aller-retour
38:13à Dieppe
38:14seulement voilà
38:16ma grand-mère
38:16n'arrivait pas
38:17à marcher sur les galets
38:18de Dieppe
38:18qui sont très en pente
38:19on n'allait pas se baigner
38:21parce que l'eau était glacée
38:22il aurait pu manquer
38:23que la gamine attrape froid
38:24et alors on allait
38:26sur le port
38:27le port
38:28qui puait le gasoil
38:30le poisson pourri
38:31avec les filets
38:31comme ça
38:32avec les poissons
38:33qui étaient jetés dans l'eau
38:34qui pourrissaient à la surface
38:35la gargote voisine
38:36avec la friture
38:37et tout
38:38mais ma grand-mère
38:40n'en démordait pas
38:41plus ça sentait fort
38:42plus c'était censé être bon
38:44pour ma santé
38:44tous les dimanches
38:45elle me disait
38:45respire
38:46c'est de l'iode
38:47voilà
38:47et donc c'est la première phrase
38:50qui m'a marqué
38:50parce qu'à chaque fois
38:51c'était respire
38:52c'est de l'iode
38:53et je me suis dit
38:55ben voilà
38:55puisque c'est la première
38:56je vais prendre le titre
38:57le titre du livre
38:59un livre d'ailleurs
39:01que vous avez voulu écrire
39:02parce que c'est à la fois
39:03des souvenirs
39:03mais pas seulement
39:04non c'est pas seulement
39:06des souvenirs
39:06ça permet
39:08d'évoquer des personnages
39:10qui m'ont
39:11qui m'ont beaucoup ému
39:13par exemple
39:13comme les acteurs
39:14que j'ai connus
39:15Marielle Rochefort
39:17Marcel Dalio
39:19Marcel Dalio
39:21qu'on a totalement oublié
39:22complètement
39:22qui a été une star
39:23qui a tourné
39:24avec Bogart
39:24et Ingrid Berman
39:25il y a Pépé le moco
39:27il y a surtout
39:29le film de Renoir
39:32la règle du jeu
39:33la règle du jeu
39:34il est magnifique
39:35bien sûr
39:36ma fille a regardé
39:37ce film un jour
39:38en me disant
39:38mais mon dieu
39:39mais qui est cet acteur
39:40et ben du coup
39:41je lui ai dit
39:42je l'ai connu
39:42je l'ai bien connu
39:43on allait dîner ensemble
39:45et tout
39:45et c'est vrai
39:46qu'un jour
39:46Marcel
39:47qui apprenait
39:49que je faisais du cirque
39:50que je faisais des
39:51numéro de trapèze
39:52et tout ça et tout
39:52m'avait dit
39:53cette phrase formidable
39:54toi
39:54t'es vraiment de la roulotte
39:56exactement
39:56c'est beau
39:57mais vous avez eu le privilège
39:58de connaître tous ces acteurs
39:59après une vie
40:00qui n'était pas simple
40:01vous parliez de l'iode
40:02mais il y a une autre odeur
40:03qui vous a importuné
40:05et cette odeur
40:06on peut l'évoquer
40:06à travers un générique
40:08Popay
40:16Popay qui mange
40:18les épinards
40:18pour être fort
40:19oui oui oui
40:20et vous détestiez
40:21les épinards
40:22ah oui oui
40:22c'est ça
40:23ça aussi
40:24ça date un petit peu
40:25c'est dans le chapitre
40:26Respire c'est de l'iode
40:27le premier
40:28effectivement
40:29ce qui venait de la mer
40:32était censé me requinquer
40:34me donner des couleurs
40:35aux joues
40:35et tout ça
40:36donc le poisson
40:38mais ma grand-mère
40:39faisait bouillir tout
40:41et bouillir le macro
40:43jusqu'à presque décomposition
40:45pour avaler ça
40:47il fallait recracher
40:47les arêtes
40:48parce qu'en plus
40:49il y avait la tête
40:50les yeux
40:50tout
40:50enfin voilà
40:51et puis elle mettait
40:52à côté des épinards
40:53parce que
40:54pour le faire
40:55voilà
40:55et l'association
40:57macro-bouillis
40:59épinards
41:00était tellement infecte
41:02qu'un jour
41:02j'ai rendu le tout
41:03on a arrêté de me donner ça
41:05et depuis
41:05je vous jure
41:06je ne peux pas manger
41:07des épinards
41:09sans avoir
41:09le souvenir
41:11de l'odeur
41:12de poiscaille
41:13comme disait ma grand-mère
41:14qui était associée
41:15aux épinards
41:15alors ce livre
41:17c'est un livre de plus
41:18parce que finalement
41:18quand vous n'êtes pas comédienne
41:20vous écrivez
41:20c'est arrivé au départ
41:22un petit peu par hasard
41:23il y a eu le voile noir
41:23qui a eu un énorme succès
41:24mais vous avez presque un besoin
41:26une envie d'écrire
41:27Anne-Élie Perret
41:28je crois que l'écriture
41:29est là en premier
41:30Jacques
41:31c'était elle en premier
41:33je vous ai raconté tout à l'heure
41:35c'est à cause de l'écriture
41:37que je suis rentrée
41:37au conservateur de la dramatique
41:38on n'y aurait jamais pensé
41:39et j'ai continué à écrire
41:42pendant des années
41:43ma tante n'avait pas le téléphone
41:46et je savais qu'elle adorait
41:47comme j'écrivais
41:48donc je lui envoyais
41:4910 pages par semaine
41:50et puis un jour
41:52j'avais 23 ans
41:53je crois
41:53elle a eu le téléphone
41:54oh zut
41:56on s'est dit en 5 minutes
41:57que je mettais 10 pages
41:58à lui écrire
41:59et c'est là
42:00que je me suis dit
42:01oh bah tiens
42:02tiens si j'écrivais une histoire
42:04j'ai perdu ma lectrice
42:05et puis j'ai commencé
42:07à écrire une histoire
42:08et par miracle
42:11j'ai rencontré
42:12un homme merveilleux
42:14qui est devenu
42:14mon premier éditeur
42:15qui a créé
42:16le masque et la plume
42:17voilà
42:17et qui
42:19que j'ai rencontré
42:20par hasard
42:21je lui ai dit
42:21j'écris quelque chose
42:22François-Régis Bastide
42:24et
42:26ah bon
42:27vous écrivez vous
42:27oui oui
42:28oui oui
42:29mais je sais pas
42:30si je vais finir
42:31je sais pas ce que c'est
42:31combien de pages
42:32vous avez
42:33bah j'ai 100 pages
42:35à peu près
42:35alors vous allez finir
42:36parce qu'à 100
42:37on termine toujours
42:38oh là
42:38oh je me suis dit
42:39cet homme doit avoir raison
42:40oh là là
42:41c'est formidable
42:42et puis ce que vous savez
42:43pas ce que c'est
42:44il se trouve que
42:45je suis éditeur
42:45ah bon
42:46vous savez pas
42:47je le connaissais
42:48comme journaliste
42:49et comme écrivain
42:50c'est tout
42:50vous allez me l'envoyer
42:52puis je vous dirai
42:53ce que c'est
42:54et 6 mois après
42:55j'ai fini le livre
42:56donc je lui ai envoyé
42:57et il m'a dit
42:58bah je vais vous dire
42:59ce que c'est
42:59c'est un roman
43:00puis je vous le prends
43:00donc on peut pas rêver mieux
43:02quand même
43:03pour entrer chez un éditeur
43:04et ça fait 53 ans
43:06je crois à peu près
43:07que je suis fidèle au seuil
43:09et en même temps
43:10vous êtes dans les écoles
43:11aujourd'hui avec le voile noir
43:13ce que vous n'auriez jamais imaginé
43:14ah non j'aurais
43:15ça j'aurais jamais imaginé
43:17que sortie de l'école
43:18à 14 ans et demi
43:20quand même
43:21en quatrième
43:21je sois un jour
43:22au programme scolaire
43:24ça je suis quand même
43:25très ému
43:27et très fier
43:28quelque part
43:29d'être
43:30quelquefois
43:31pas mal
43:32assez souvent étudié
43:34par des gosses
43:34en troisième
43:35et première
43:35et c'est vrai
43:38que c'est très touchant
43:40en fait
43:41et puis vous évoquez
43:43un personnage
43:43dont vous n'avez pas
43:45beaucoup parlé
43:46qui est votre grand-père
43:47qui était projectionniste
43:48oui
43:49ben Serge
43:51l'ai très peu connu
43:52c'était avant
43:53la mort de mes parents
43:54que j'ai connu
43:55mon grand-père
43:55projectionniste
43:56mais comme
43:58j'ai eu une amnésie
44:00qui a suivi
44:01la mort des parents
44:02donc en fait
44:03je m'en rappelle
44:04très très très peu
44:05très très peu
44:06mais cet homme
44:07réparait en plus
44:08les radios
44:09c'est un point commun
44:10avec le fils
44:11de Marcel Pagnol
44:11Frédéric
44:12qui a passé sa vie
44:13à réparer des postes usagés
44:15voilà
44:15et il commençait
44:16à réparer la télévision
44:17les premières télévisions
44:18et puis
44:20vous évoquez aussi
44:21votre jeunesse
44:22où il n'y avait pas d'homme
44:23à la maison
44:23Annie Dupéret
44:24ah oui oui
44:25ça c'est
44:26ça c'est très étonnant
44:28effectivement
44:28je parlais tout à l'heure
44:30du fait
44:31d'avoir été élevé
44:32un peu comme un être hybride
44:33un esprit garçon
44:34dans un corps femme
44:35comme ça
44:36et
44:36et effectivement
44:38quand
44:39quand mon camarade
44:41Jean-Paul
44:41m'a dit ce truc là
44:42garçon déguisé en fille
44:44on dirait
44:45que c'est ton autre sexe
44:47je me suis dit
44:47mais c'est vrai
44:48qu'au fait
44:48je n'avais pas d'exemple
44:49de couple à la maison
44:50du tout
44:51il n'y avait pas d'homme
44:51avant la mort de mes parents
44:53je ne me rappelle pas
44:54de toute manière
44:55mon grand-père
44:56était dans son atelier
44:58mon père
44:59était dans son labo photo
45:00et puis en fait
45:01les femmes menaient la baraque
45:03exactement
45:03c'était vraiment
45:04les héritières
45:05de la guerre de 14
45:06qui ont mené le pays
45:07comme ça
45:07et ça continuait
45:09et ma grand-mère
45:10paternelle
45:11quand j'ai été recueillie
45:12par elle après
45:13et ma tante
45:13ma grand-mère paternelle
45:15veuve trois fois
45:16ma tante veuve à 30 ans
45:17et tout
45:18il n'y avait
45:19aucun homme
45:20c'est elle
45:22qui dirigeait leur vie
45:23qui
45:24qui menait les baraques
45:25et donc
45:27j'ai été élevée
45:28dans cet esprit-là
45:29je n'avais aucun
45:30exemple de couple
45:31devant les yeux
45:32et au départ
45:33vous ne vouliez pas
45:35avoir d'enfant
45:36Annie Dupéret
45:36oui alors ça
45:37c'est vrai que
45:38c'est une chose
45:39très
45:39c'était
45:41je crois que c'était
45:43une suite
45:43du
45:43comment dire
45:44de mon déni
45:45du deuil
45:46jusqu'à à peu près
45:4730 ans
45:47effectivement
45:50je ne voulais pas
45:51subir de nouveau
45:54le danger
45:54de perte
45:56je ne voulais pas
45:57m'angoisser
45:57pour quelqu'un
45:58il y avait peut-être
45:59une secrète vengeance
46:00contre mes parents
46:02de m'avoir laissé seul
46:03dans le monde
46:03comme ça
46:04de dire
46:04puisque c'est comme ça
46:06vous n'aurez pas
46:06de descendant non plus
46:07il y avait quelque chose
46:09comme ça
46:09et puis effectivement
46:11je ne vais pas la citer là
46:13mais Bernard Giraudot
46:14qui n'était
46:14Dieu ne sait pas
46:15vraiment psychologue
46:16a eu une phrase
46:18extraordinaire
46:19une phrase extraordinaire
46:20qui a
46:21dénoué
46:23cette
46:24cette
46:25cette négation
46:26que j'avais
46:27de devenir mère
46:28alors vous avez deux
46:28magnifiques enfants
46:29Sarah et Gaëlle
46:30et d'ailleurs
46:30il y a une chose étonnante
46:31vous êtes allé un jour
46:32vous racontez dans un livre
46:33au musée d'Orsay
46:34et le musée d'Orsay
46:35avant c'était la gare d'Orsay
46:36où vous avez joué
46:37bien sûr
46:38bien sûr
46:38avec Jean-Louis Barreau
46:39votre second père
46:40bien sûr
46:40bien sûr
46:41j'ai inauguré
46:43j'ai joué
46:45au
46:45les trois
46:46j'ai fait les trois
46:46derniers lieux
46:47de Jean-Louis Barreau
46:48qui a été vraiment
46:49un père de théâtre
46:50comme ça
46:50et d'ailleurs
46:51il m'appelait
46:52sa fille de théâtre
46:53et j'ai fait
46:55l'Elysée-Montmartre
46:56un spectacle
46:56à l'Elysée-Montmartre
46:57après nous avons
46:58inauguré
46:59son grand chapiteau
47:01en bois
47:01dans la gare d'Orsay
47:03où le chef de gare
47:05vous savez
47:06quand on jouait
47:06détournait les trains
47:07pour qu'il ne passe pas
47:09sous le chapiteau
47:10c'est magnifique ça
47:11et puis un jour
47:12effectivement
47:13le musée d'Orsay
47:15a été décidé
47:16et on a
47:17reconstruit
47:18d'ailleurs
47:19les gens qui connaissent bien
47:20le rond-point
47:20maintenant le théâtre du rond-point
47:22c'est le même chapiteau
47:23le même chapiteau en bois
47:25des Compagnons de France
47:26a été reconstruit
47:28dans ce lieu
47:29qui était une patinoire
47:30en fait
47:30au rond-point
47:31s'il se trouve que
47:32Jean-Louis Barreau
47:33moi je l'ai rencontré
47:33à la fin de sa vie
47:34plus personne ne venait le voir
47:36Annie Dupéret
47:37mais c'est parce que
47:38Jean-Louis a
47:38si j'ose dire
47:39moi qu'il l'ai adoré
47:42et j'ai joué
47:43cinq pièces
47:44je crois avec lui
47:44j'adorais cet homme
47:47il a fini
47:49un peu dans l'alcool
47:51il a perdu Madeleine
47:55et il a eu une triste fin
47:58et c'est vrai
47:59c'est vrai
47:59et vous continuez
48:01et vous avez dit dans ce livre
48:02quand on a été très bien servi
48:05ce n'est pas la peine
48:05de s'accrocher à la nappe
48:06c'est une très belle phrase
48:09oui ça c'est une vieille amie
48:11une vieille amie
48:13à qui on disait
48:14mais vous qui avez eu
48:15tellement d'amoureux
48:16elle avait à l'époque
48:1785 ans
48:18quelque chose comme ça
48:19vous avez eu
48:21beaucoup d'amoureux
48:21vous avez toujours eu
48:22des hommes dans votre vie
48:23et maintenant
48:24vous n'en avez plus
48:25ça ne vous manque pas
48:27et elle a eu un geste
48:28très élégant
48:29en disant
48:29oh j'ai été bien servi
48:31voilà
48:31comment on refuse un plat
48:33et c'est vrai que
48:35quelqu'un qui me demandait
48:36un jour si je n'avais pas
48:37d'amoureux dans ma vie
48:38j'ai dit oh
48:39j'ai été bien servi
48:41oui
48:41et j'ai ajouté
48:42quand on a été très bien servi
48:43c'est pas la peine
48:44de s'accrocher à la nappe
48:46mais vous servez le public
48:47et vous continuez
48:47parce que vous affichez
48:49une éternelle jeunesse
48:50en montant sur scène
48:51là vous allez jouer
48:52à Ramatuel je crois
48:53le 6 août
48:54Poupoule
48:54qui est à Café Concert
48:55vous allez jouer
48:56en tournée
48:57le duplex
48:58vous n'arrêtez pas
48:59quel est votre secret
49:00mais il ne faut pas arrêter
49:01il ne faut pas arrêter
49:02moi on me dit quelques fois
49:03mais pourquoi
49:04tu sais tu en as beaucoup fait
49:05tu n'as pas envie d'arrêter
49:07un peu de regarder
49:08tes arbres
49:08tout ça
49:09je dis mais moi
49:09je m'arrête
49:10je meurs
49:11je vais laisser tout tomber
49:12je vais me laisser aller
49:13c'est un corset extraordinaire
49:15ce métier
49:16il faut
49:17parce que quand même
49:17pour monter sur scène
49:18je crois que pour le duplex
49:19on va avoir des 2000 spectateurs
49:21il faut y aller
49:22donc il faut se maintenir en forme
49:25il faut se maintenir en forme
49:26physiquement
49:27moralement
49:28pour apprendre des textes
49:29tout ça
49:29ça m'est complètement indispensable
49:31et en même temps
49:33les projets arrivent
49:34le théâtre
49:36les livres
49:36vous avez toujours quelque chose en cours
49:38oui
49:39les livres
49:41c'est épisodique
49:42les livres
49:43c'est quand j'ai l'évidence d'un livre
49:44c'est très étonnant
49:48d'ailleurs quand je continuais à écrire ce livre-ci
49:50cet été dans le petit chalet
49:52que je me suis fait
49:53pour laisser la maison aux enfants
49:56l'été en creuse
49:57j'ai redécouvert sous des tapes cahiers
49:59un papier quasiment jauni
50:01où j'avais marqué
50:03respire c'est de l'iode
50:05bon titre
50:05mais j'ai pas le livre
50:06et ben voilà
50:08quelques années après
50:09j'ai trouvé
50:09voilà
50:10et vous allez continuer à écrire
50:12et à jouer
50:12ben j'espère oui
50:14parce que le duplex
50:15donc c'est un
50:16vous êtes venu dans le duplex
50:17un peu
50:17presque par hasard
50:18c'est autre chose
50:19que tout ce que vous avez fait
50:20ah oui
50:21c'était
50:21c'est la première fois
50:23que je joue
50:24ce qu'on appelle
50:24un vrai boulevard
50:25voilà
50:25j'ai fait des comédies
50:27et ça c'est très différent
50:29c'est très technique
50:30mais j'avais deux bons professeurs
50:31entre Francis Perrin
50:32et Pascal Legitimus
50:34quand même
50:35j'en avais sur le côté
50:36attention
50:37parlons pas sur les rires
50:38attendons
50:39attendons
50:39n'enchaînons pas tout de suite
50:40tiens un geste en trou
50:41attention ça va
50:42ça c'est très étonnant
50:44à faire
50:44c'est très intéressant
50:45et Poupoule
50:45alors viens Poupoule
50:47ça c'est
50:48ça c'est le projet
50:49qui me tient à coeur
50:51vraiment beaucoup
50:51je suis très heureuse
50:53de le faire
50:54à Ramatuel
50:54c'est un spectacle
50:57que j'ai conçu
50:59avec un camarade
50:59du Music Hall
51:00encore un gars
51:01déguisé en fille
51:02et Charlène Duval
51:05et nous l'avons conçu
51:07figure-toi
51:07pour les journées
51:08Marcel Proust
51:09et oui
51:10parce qu'ils avaient découvert
51:11moi j'avais fait
51:12des lectures de Proust
51:13là-bas
51:13et puis un jour
51:14ils m'ont dit
51:15tu sais
51:15on a trouvé
51:16un merveilleux texte
51:16de Proust
51:17sur le café concert
51:19qui s'appelle
51:19éloge de la mauvaise musique
51:21pourquoi tu nous ferais pas
51:23une demi-heure
51:23des cafés concert
51:24en clôture
51:24et j'ai dit
51:24mais je préfère ça
51:25toute seule moi
51:26et j'ai attrapé
51:27ce camarade du Music Hall
51:29par la main
51:29on l'a fait une fois là-bas
51:31et puis on l'a repris
51:32on l'a même fait
51:33à la maison de la culture
51:34d'Orléans
51:34en spectacle surprise
51:35tout à coup
51:36on est passé
51:37de 5 mètres de plateau
51:38à 14 mètres 50
51:39et puis on l'a fait
51:41encore au théâtre de Passy
51:42et j'ai dit
51:44à mon camarade
51:44j'ai dit
51:44écoute
51:45je vais écrire des textes
51:47et des enchaînements
51:48sur qu'est-ce que c'était
51:49que le café-concert
51:49et on est arrivé
51:51à un spectacle
51:51de 17-18 chansons
51:53sur deux cafés-concert
51:55et qu'est-ce que c'était
51:56que le café-concert
51:57avec des anecdotes
51:59l'arrivée du tango
52:00comment est-ce que
52:02les personnages
52:02quels étaient les personnages
52:04le comique troupier
52:05tout ça
52:05et donc on raconte tout ça
52:07dans un spectacle
52:07voilà
52:08que j'espère bien
52:09qu'on reprendra
52:10à Paris
52:11après Ramatuel
52:12je n'en doute pas
52:13un seul instant
52:14donc ça c'est Ramatuel
52:15et il y a ce livre
52:16Respire ses deux liodes
52:17aux éditions du Seuil
52:18que vous avez écrit
52:19et continuez à nous faire
52:20respirer le bonheur
52:21ainsi
52:22Annelie Perret
52:22Merci
52:23L'écriture d'une vie
52:24c'est terminé
52:25pour aujourd'hui
52:26on se retrouve bientôt
52:27restez fidèles
52:27à l'écoute de Sud Radio
52:28Sous-titrage Société Radio-Canada