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Lundi 14 octobre 2024, 4GOOD reçoit Thomas Breuzard (Directeur permaentreprise, norsys & Coprésident, B Lab France)

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00:00Allez, c'est le Top et Flop, et Thomas, on commence par quoi ?
00:08On commence par un top qui est une formidable initiative collective,
00:11qui va sans doute apporter des éléments de réponse à ce qu'évoquait Elisabeth précédemment.
00:14C'est un écosystème qui va s'appeler le REGEN Ecosystem.
00:17C'est un collectif d'acteurs qui, depuis très longtemps, s'intéresse à ce sujet,
00:21essaie de le théoriser, de le structurer, d'accompagner d'autres organisations dessus,
00:25et qui se lance justement pour apporter de la clarification,
00:28peut-être demain de nouveaux standards, pour réfléchir ensemble à des communs
00:31qui pourront aider l'ensemble du monde économique à se saisir du sujet,
00:34mais à sa pleine mesure, et surtout en respectant ce mot qui est important
00:39et qui revêt le potentiel qu'on espère, mais qui pourrait finir comme bien d'autres avant lui,
00:43c'est-à-dire devenir un concept qui permet surtout un joli coup de peinture.
00:47Pour vous en parler, je vais vous lire leur manifeste,
00:50qui a le mérite d'être très court et à mon sens résume extrêmement bien
00:53l'intention qu'il y a derrière la création de ce collectif.
00:57Dans un monde malmené par nos pratiques économiques actuelles,
01:00nous croyons dans le potentiel des approches régénératives pour inviter les humains
01:03à devenir une espèce positive pour la Terre en tant que vivant parmi le vivant.
01:08Nous sommes un collectif d'organisation, œuvrant chacune à sa manière
01:11pour l'essor du mouvement régénératif en France.
01:13Riche de nos diversités, de nos collaborations existantes et futures,
01:17nous évoluons en tant qu'écosystème, une tentative d'incarner nous-mêmes un chemin régénératif.
01:22Humble devant cette mission, qui est grande et ambitieuse,
01:25nous explorons ensemble, sans besoin d'une définition unique et figée,
01:29en respectant les singularités qu'évoquait Antoine,
01:32en s'appuyant sur nos lignées et référentiels respectifs,
01:34nous développons notre capacité collective à reconnaître, faire et raconter la régénération.
01:40Voilà le manifeste de ce collectif de 18 organisations,
01:43parmi lesquelles l'UMIA, une école qui depuis longtemps propose des formations poussées sur le sujet,
01:48comme le Collège des Directeurs du Développement Durable,
01:50l'Institut des Futures Souhaitables, la Region School.
01:53Et ces organisations se fixent trois grands objectifs,
01:56faire rayonner l'économie régénérative à travers des actions et des travaux,
02:00notamment afin de créer des communs, sensibiliser, accompagner et mettre en chemin
02:03les réseaux et clients de ces organisations,
02:05et créer des outils, des parcours, des offres,
02:07pour revaloriser et rendre accessible l'économie régénérative.
02:11Alors pour terminer, une action récente menée par ce collectif,
02:14c'est une initiative déjà de révéler son existence, de se faire connaître,
02:19et une action collective qui a été assez marquante,
02:21puisqu'il y a plus de 1800 personnes qui se sont manifestées pour être tenues informées
02:24et pouvoir adhérer progressivement à cette initiative,
02:27ce qui en dit long sur l'intérêt porté au sujet,
02:29et long sur le nombre de personnes qui ont envie de pouvoir s'appuyer sur le régénératif demain,
02:33pour faire advenir une autre économie.
02:35Et ton flop alors ?
02:36Alors le flop, là c'est une annonce relativement récente,
02:39d'une évolution extrêmement importante du principal organisme
02:44qui accompagne et certifie les stratégies bas carbone des multinationales dans le monde.
02:48C'est la Science Based Target Initiative,
02:50qui a fait un virement de bord,
02:53en décidant d'autoriser la considération de la compensation carbone dans le Scamp3.
02:57Alors ça devient un tout petit peu technique, mais pour le dire très clairement,
03:00cela revient à dire que demain, n'importe quelle grande entreprise
03:03qui veut prouver qu'elle a une stratégie qui permet de réduire à peau de chagrin
03:07ses impacts négatifs, pourra désormais en fait continuer à faire comme avant,
03:11simplement en plantant quelques arbres à côté,
03:13pourra dire c'est bon, on a fait le job.
03:14Et ça c'est absolument pas du tout régénératif,
03:17si on s'en tient à ce que nous venions d'évoquer.
03:19Ils ont rétro-pédalé, c'est fini.
03:21Le communiqué est sorti, ils reviennent aux règles antérieures.
03:24Donc le problème est réglé.
03:25C'était 10% de compensation maximum, c'est ça ?
03:27Non, même pas.
03:28Donc en fait, oui, il y a eu une tentative de Jeff Bezos,
03:32parce qu'en fait c'est le message.
03:33Le danger est là.
03:34C'est ça le message, le flop c'est que le danger est là.
03:36Vous avez mis en exergue en tout cas une démarche.
03:38Mais par contre, il y a eu une telle levée de bouclier,
03:39par les collaborateurs du SBTI eux-mêmes d'ailleurs,
03:41qui se sont opposés à ça.
03:43Et le comité scientifique du SBTI,
03:44parce qu'il y a 4 comités au SBTI,
03:46que l'exécutif est revenu en arrière,
03:48en disant, alors fausse annonce, on revient aux règles antérieures.
03:52Donc c'est fini.
03:53Alors ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas rester vigilant.
03:55Surtout en ce moment, si je peux me permettre.
03:57Effectivement, ça en dit long,
03:58sur notamment la gouvernance de ces organisations,
04:00puisque le comité technique n'avait même pas été consulté
04:02au moment de cette prise de décision.
04:03Alors même que c'est sans doute le plus à même
04:05de définir ce qui semble être juste
04:07pour valider scientifiquement la trajectoire climat
04:10d'une grande entreprise.
04:11Ça montre bien qu'au moment où on a de formidables initiatives
04:14comme celles citées précédemment dans le top,
04:16on a aussi des tentatives de rendre caduques
04:19ces nouveaux potentiels,
04:20pour finalement maintenir un statu quo.
04:22Et ça c'est un vrai flop,
04:23parce qu'il y a d'énormes risques évidemment,
04:24dans les jeux de pouvoir à l'œuvre,
04:26au sein de ces organisations.
04:27Et il va falloir que très vite,
04:29nous fassions émerger des acteurs majeurs,
04:31avec des exemples notamment de réussites économiques,
04:33de ce que peut apporter le régénératif.
04:35Sinon il y a de fortes chances que ça devienne un ramon.
04:37Attention sur ces histoires de réussites économiques,
04:39parce que si on regarde tout avec la valeur de l'argent,
04:42si ça gagne de l'argent, c'est que c'est bien.
04:44Non, je pense que si on reste vivant, c'est que c'est bien.
04:47Et je pense que l'argent c'est un moyen pour rester vivant.
04:50Mais si on regarde simplement,
04:52si la seule validité en fait d'un modèle,
04:54c'est sa capacité à générer du cash,
04:56on n'a absolument rien compris sur ce que c'est le régène.
04:58Pour moi le régène c'est pas ça.
04:59Le régène c'est notre capacité à durer.
05:01À préserver la vie.
05:02Voilà, l'argent c'est qu'un moyen de la durée.
05:04Une petite nuance quand même.
05:05Et justement, on termine cette séquence
05:07par une question pour vous, chers invités.
05:09Est-ce que vous avez des exemples à nous donner
05:11pour illustrer les risques encourus par les entreprises
05:14qui contribuent à la dégradation des conditions de vie sur Terre ?
05:18Alors moi j'en ai deux peut-être,
05:20qui sont les deux d'ailleurs, c'est des faillites.
05:23Donc c'est pratique comme ça, ça met bien l'épouvantail.
05:26Au moment des incendies, post-incendie en Californie,
05:30il y a deux boîtes assez majeures qui ont fait faillite.
05:33Une boîte qui faisait de l'électricité,
05:35qui s'appelle PG&E,
05:36qui était une des plus grosses boîtes de services publics en Californie,
05:39qui a été accusée d'être la cause du départ d'incendie
05:43sur des installations électriques mal sécurisées, etc.
05:46Et ils ont fait face à, c'est un sujet d'assurance,
05:49de telles demandes de pénalités, compensations, etc.
05:54qu'ils ont dû plier boutique.
05:56Et toujours en Californie, et la même année 2019,
05:58et sur la même cause, une compagnie d'assurance
06:01qui s'appelle Merced Property and Casualty, je crois,
06:04a fait faillite pour la même raison.
06:06Alors eux, ils n'étaient pas la cause.
06:07En revanche, ils étaient censés,
06:08c'était le premier assureur des maisons californiennes,
06:11et incapable de faire face.
06:13Donc il y en a un qui est la cause, l'autre qui est la conséquence.
06:15C'est ça qui est intéressant.
06:16On voit, et c'est un peu dramatique,
06:18mais dans un contexte dramatique
06:20ou dans un contexte d'extrême climatique,
06:22comme malheureusement on va en vivre de plus en plus
06:24dans les années qui viennent,
06:25on voit que celle qui est la cause et celle qui est la conséquence,
06:27quelle que soit leur position dans la chaîne,
06:29elles ferment boutique toutes les deux.
06:32Messieurs.
06:33Ce qui est intéressant, c'est sur l'assurance.
06:34En fait, les assureurs se retirent.
06:36Si l'assureur lui-même ne se transforme pas
06:38et reste un acteur financier
06:39qui prend des décisions opportunistes,
06:41d'assurer ou pas en fonction d'une rentabilité,
06:43en fait, l'assureur ne va pas faire son job
06:44et ne va pas contribuer.
06:45Et donc le principal risque
06:47qui m'amène maintenant à aller voir les entreprises
06:49avec ce thème, c'est le thème de l'assurabilité.
06:51C'est-à-dire, est-ce que ce que vous allez mettre en place
06:53est assurable et viable dans un monde imprévisible ?
06:56Et ce qui est très intéressant
06:57et rejoint le sujet du régénératif,
06:58c'est l'écosystème.
06:59C'est-à-dire que si vous allez voir par exemple Saint-Gobain
07:01et vous dites est-ce que le bâtiment
07:02que vous allez demain mettre en place
07:04auquel vous allez contribuer est assurable ?
07:06Le premier réflexe probablement de Saint-Gobain,
07:08c'est de dire mais moi je fais du plat, je fais du verre
07:10et ça, c'est des matériaux qui sont de bonne qualité,
07:13qui sont viables.
07:14Mais ce n'est pas la question.
07:15La question, c'est le bâtiment.
07:16La question, c'est le territoire.
07:17Et donc en fait, chacun,
07:18si on reste dans notre couloir de course en silo,
07:21Saint-Gobain qui fait des matériaux,
07:23L'Oréal qui fait des cosmétiques,
07:25ainsi de suite, ainsi de suite,
07:26on va perdre la vue de la viabilité globale du territoire.
07:29Et donc en fait, là où la mue se fait pour l'assureur
07:32et l'intéressante, c'est de dire
07:33comment on crée des produits d'assurance de transition
07:35qui seront écosystémiques.
07:36Parce qu'on aura compris les bénéfices induits
07:38d'une résilience globale,
07:39on sera à même de garder de la capacité.
07:41Moi, je suis toujours déprimé par un préfet,
07:43je ne révélerai pas la région,
07:44mais avec qui je déjeunais,
07:45et qui me disait c'est un drame
07:46parce qu'on sait qu'il y a un risque d'inondation
07:47très important sur ce bassin versant
07:49et on ne trouve pas les financements
07:50pour construire des digues.
07:51Et là, il nous ramène à nous notre volonté d'assureur,
07:54notre capacité d'assureur
07:55de comprendre tous les bénéfices de résilience induits
07:57par une protection globale du territoire
07:59sur tous les habitants, les biens et les entreprises.
08:02Tant qu'on n'est pas capable de donner
08:03un gain à la résilience,
08:04les assureurs n'iront pas.
08:05Et ça, c'est ça.
08:06En tout cas, moi, ce qui m'amène
08:07à me lever le matin maintenant
08:08pour les prochaines années,
08:09c'est d'arriver à créer
08:10des conditions de viabilité et d'assurabilité
08:12parce que là, ça fait bouger les boîtes.
08:13Quand vous dites à un chef d'entreprise
08:14ta boîte, elle n'est pas assurable demain,
08:16là, on a un levier.
08:17Allez, place à notre débat.

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