Lundi 14 octobre 2024, 4GOOD reçoit Thomas Breuzard (Directeur permaentreprise, norsys & Coprésident, B Lab France) , Fabrice Bonnifet (Directeur Développement Durable & Qualité, Groupe Bouygues) , Antoine Denoix (PDG, AXA Climate) et Elisabeth Laville (Fondatrice, Utopies et Campus responsables)
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00:00Bienvenue dans cette deuxième édition de For Good, le nouveau rendez-vous dédié à
00:28la transformation de votre entreprise, ici pas de théorie mais du concret grâce au
00:33partage d'expériences de pionniers du business à impact et pour ce faire j'ai à mes côtés
00:39Thomas Brozard.
00:40Salut Thomas.
00:41Bonjour.
00:42Je rappelle que tu es le directeur perma-entreprise de Norsis, tu es également le co-président
00:46du mouvement Bicorp en France et aujourd'hui nous avons le plaisir d'accueillir le directeur
00:51du développement durable du groupe Bouygues et président du C3-2 Fabrice Bonifait.
00:56Bonjour Fabrice.
00:57Bonjour.
00:58Avec nous également le PDG d'AXA Climate, Antoine Denois.
01:01Bonjour Antoine.
01:02Bonjour.
01:03Et enfin la fondatrice du cabinet Utopie, Élisabeth Laville.
01:06Bonjour Élisabeth.
01:07Bonjour.
01:08Bonjour à tous les trois et merci d'avoir répondu présent.
01:11La régénération, un terme qui prend de l'ampleur, simple tendance ou véritable transformation.
01:18Nos trois invités sont tous experts de cette nouvelle façon de penser la relation qu'entretiennent
01:23les entreprises avec les écosystèmes dont elles dépendent.
01:27Et en leur compagnie, nous nous demanderons pourquoi la régénération a-t-elle le vent
01:32en poupe ? Quels nouveaux horizons cela ouvre-t-il pour les entreprises ? Et en fin de compte,
01:37l'idée d'une entreprise à visée régénérative relève-t-elle de l'utopie ?
01:41Élément de réponse à suivre.
01:43On vous l'a dit, ici c'est du concret et aujourd'hui on revient pour vous sur des
01:47entreprises en quête d'un modèle régénératif avec des succès pour certaines et des ratés
01:53pour d'autres.
01:54C'est notre rubrique Top et Flop.
01:56Et puis, c'est la promesse de cette émission, vous ne partirez pas sans solution grâce
02:01à la découverte d'un outil for good.
02:03C'est notre séquence Good to Know et ce mois-ci, on vous parle vers l'entreprise.
02:07C'est parti !
02:13Et avant toute chose, un peu de contexte.
02:15Thomas, c'est quoi exactement la régénération ?
02:18Alors la régénération, c'est sans doute le nouvel impératif de transformation du
02:22monde de l'entreprise.
02:23Pourquoi ? Parce que déjà la régénération, c'est un formidable
02:26potentiel qui nous vient du monde agricole.
02:28Ce monde agricole qui, on l'a vu récemment, passe par des diverses crises et donc a besoin
02:33de se réinventer, a besoin de repenser son rapport au vivant dont il dépend pleinement.
02:36Alors l'objectif essentiel de la régénération, c'est de sortir d'une logique extractive,
02:41d'une logique de réduction des impacts négatifs, par exemple je réduis les intrants
02:45chimiques en ayant malgré tout des conséquences négatives sur la biodiversité ou de leur
02:50neutralisation pour tendre vers la génération d'impacts positifs sur les écosystèmes
02:54dont j'ai besoin et dont je dépends par mon activité.
02:56Alors appliquer au monde de l'entreprise, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il
03:00faut nécessairement repenser son rapport aux parties prenantes, son rapport au territoire
03:03et c'est créer les conditions pour que ces entreprises permettent aux écosystèmes de
03:09cohabiter avec elles d'une manière efficace, d'une manière pérenne, d'une manière
03:13durable, ce qui va contribuer à leur pérennité elle-même puisqu'elles ont besoin de ressources
03:17pour réaliser leurs activités.
03:18Ça impose de sortir d'une logique très nombriliste, historique de l'entreprise qui
03:23se pense par rapport à ses parties prenantes pour s'intégrer dans un écosystème comme
03:26un membre constitutif de cet écosystème et donc changer son rapport à toutes celles
03:31et ceux qui lui permettent de réaliser son activité.
03:34En ces temps de dépassement de limites planétaires, de différentes catastrophes ou alors qu'on
03:40qualifie de naturelles mais qui ne le sont peut-être pas tant que ça, il est clair
03:44que la machine s'emballe et que les entreprises sont mises à mal dans leurs modèles, dans
03:47leurs modèles économiques, dans leurs modèles d'utilisation des ressources et donc ont
03:51besoin de repenser leur rapport à ces ressources, la régénération devient donc sans doute
03:56un formidable outil pour les aider à se réinventer et donc à prospérer.
04:00C'est donc un potentiel énorme d'ailleurs qui peut se transposer pas tant qu'aux ressources
04:04mais la régénération peut être aussi sociale, culturelle, organisationnelle, capitalistique
04:09et voilà pourquoi aujourd'hui il y a énormément d'initiatives de nature très différente
04:13qui émergent.
04:14Depuis 30 ans, le monde économique a assez largement prouvé son incapacité à se réformer
04:20suffisamment pour repenser son rapport au vivant, pour cesser de dégénérer, de dégrader
04:24les ressources dont il dépend et donc notamment aussi favoriser une répartition équitable
04:29des richesses.
04:30Voilà pourquoi aujourd'hui de multiples initiatives émergent, existent en s'appuyant
04:34sur la régénération pour je pense donner un nouveau souffle à l'engagement sociétal
04:38des entreprises et les aider à se pérenniser.
04:41Chaque mois, chaque année qui passe, les situations se dégradent.
04:462023 aura été l'année la plus chaude, historiquement d'ailleurs reconnue comme
04:50ayant dépassé plusieurs records autour des chaleurs, des inondations, des incendies
04:54dans les forêts.
04:55Sans vouloir être trop alarmiste, il y a quand même un sacré sujet pour les entreprises
05:00qui vont dépendre de ces situations-là et vont finir par avoir des modèles économiques
05:05qui seront trop mis à mal.
05:07Je pense par exemple à ces chiffres qu'on a pu voir récemment sur les défaillances
05:11des entreprises en France sur les deux dernières années qui ont doublé.
05:14Peut-être qu'on peut y voir une forme de conséquence à tout cela, en tout cas un
05:17signal qui montre bien une manifestation que le manque de résilience des entreprises va
05:22les faire courir à leur perte.
05:23Et donc, est-ce qu'il ne serait pas temps de cesser de placer l'argent avant le vivant ?
05:27On peut peut-être se retourner vers nos invités et leur demander peut-être des exemples d'entreprises
05:33qui ont réussi à intégrer des pratiques de régénération, qui veulent commencer.
05:39Il y en a plein, alors il n'y a aucune entreprise qui est vraiment régénérative, notamment
05:43plus compliquée pour les entreprises qui ne sont pas sur les secteurs de vivants.
05:45Pour l'agriculture, c'est plus à la portée.
05:47Quand vous fabriquez des lave-linges, c'est compliqué d'être régénératif.
05:49Mais c'est plutôt des pratiques qu'on voit évoluer.
05:51Et ce qui est important aussi dans le concept de régénératif, c'est aussi une façon
05:55de faire différent.
05:56En tout cas, je pense que ce n'est pas un concept qui doit créer des mots de tête
06:00chez les gens qui nous écoutent.
06:01Ce n'est pas un concept de plus.
06:02C'est d'abord l'expérience d'une façon de faire différemment, différente.
06:05Et donc, ce dont je peux témoigner en tant que patron d'AXA Climate, c'est pour moi
06:09le régénératif, c'est d'abord une façon de faire qui s'inspire du vivant.
06:14Si je fais le lien avec, parce qu'on en reste quand même des assureurs chez AXA Climate,
06:18une des grandes conditions de viabilité, d'assurabilité, du fait qu'on puisse rester
06:21habitable et viable dans nos territoires, c'est de s'adapter à des risques qui sont
06:26de plus en plus nombreux qui nous entourent.
06:27Et si on continue à avoir des organisations qui sont conçues comme des machines, de manière
06:30très cartésienne, une machine, ça casse, mais ça ne s'adapte pas.
06:33Et donc, ce qu'on dit à travers le régénératif, nous, depuis la position qui est la nôtre,
06:37c'est-à-dire au cœur du système et du système assurantiel, c'est de dire qu'une
06:41organisation doit se remettre en vie et donc se réinspirer du vivant.
06:44En l'occurrence, je donne souvent l'exemple de la forêt, mais faire vivre des principes
06:47qui sont assez orthogonaux à nos façons de faire, qui sont des principes de singularité,
06:50des principes de sous-optimalité, qui sont le propre du vivant et dont on n'a pas l'habitude
06:54dans nos entreprises.
06:55Et donc, c'est ce changement de paradigme qu'on a envie d'envoyer comme signal en
06:59sachant qu'une entreprise qui se remet en vie, qui se remet en condition de vie, est
07:03une entreprise qui est de fait plus résiliente et qui va mieux s'adapter demain.
07:06Et donc, un des exemples que je prends souvent, c'est l'exemple du risque climatique physique,
07:12qui est une vraie réalité.
07:13Maintenant, on en parle de plus en plus dans nos territoires, la sécheresse, les vagues
07:15de chaleur.
07:16La réalité, c'est qu'en fonction de quelques kilomètres près, les réalités sont hyper
07:19différentes.
07:20C'est hyper local.
07:21Et donc, si on garde notre esprit cartésien de planification ou depuis Paris, on organise
07:25l'adaptation de nos territoires, on n'y arrivera pas.
07:27Et donc, on n'a pas d'autre choix pour lancer l'entreprise vers le régénératif
07:32de faire le choix de développer les personnes sur le terrain, donc la formation, pour que
07:36chacune des personnes, des hommes et des femmes sur le terrain, sur nos territoires, trouvent
07:40les solutions d'adaptation locales.
07:41Parce qu'une bassine de rétention peut tout à fait avoir du sens dans un département
07:45et pas dans le département voisin.
07:46Et donc, le régénératif, c'est aussi un réatterrissage des entreprises dans les territoires
07:50et accepter que les choses soient singulières et que les façons de faire aussi soient singulières
07:53et ancrées.
07:54Alors, une façon de l'expliquer, c'est qu'il faut tendre vers ce qu'on appelle le zéro
08:00impact sur les écosystèmes, parce que le régénératif, c'est d'arriver à démontrer
08:06qu'on ne continue pas de creuser la tombe dans laquelle on va tomber si on continue
08:11comme ça.
08:12Et la façon de comprendre ça, c'est qu'il faut sortir de l'extractivisme, ça a été
08:18dit, qui consiste à aller chercher des matières premières pour les transformer, pour fabriquer
08:21des produits qu'on va vendre, etc.
08:23Et cette quête permanente de matières premières nouvelles pour alimenter la machine économique
08:28qui tue progressivement le vivant, parce que le vivant, pour se développer, il a besoin
08:33d'espace, il a besoin d'interaction, parce que le vivant est interdépendant entre les
08:38différentes espèces végétales et animales.
08:40Et plus on va aller chercher ces matières premières, plus on dégrade les conditions
08:45de sa vie, de sa régénération.
08:47Donc, pour faire du régénératif, il faut faire des produits qui durent, qui durent
08:51longtemps.
08:52Arrêter d'en fabriquer en permanence des nouveaux, mais faire durer le plus possible
08:55ceux qui existent.
08:56Et donc, l'un des leviers que les entreprises vont utiliser demain pour tendre vers ce modèle-là,
09:01c'est d'accepter de ne plus vendre leurs produits, mais de vendre l'usage de leurs
09:05produits.
09:06Et donc, de rester propriétaire de leurs produits pour que les produits durent très,
09:08très longtemps.
09:09Parce que la commercialisation, la création de valeur économique se fera par l'allocation
09:14de ces produits par les utilisateurs potentiels.
09:15Et donc là, c'est une nouvelle façon de concevoir.
09:18Est-ce que vous avez des exemples précis ?
09:19Ah ben voilà, bien sûr.
09:20Donc des exemples, on commence à en avoir plein maintenant, d'entreprises qui adoptent
09:23ce qu'on appelle l'économie de la fonctionnalité, qui est une des bases du régénératif.
09:27Donc je vais vous donner un petit exemple d'une boîte qui est en train d'émerger,
09:31qui fabrique des scooters, des scooters électriques qui s'appellent Mobion.
09:33Et à l'habitude d'un scooter électrique, c'est avec les règles comptables d'aujourd'hui,
09:38les entreprises qui les vendent, ben elles les vendent pour que ça dure 4-5 ans.
09:42Et puis après, on les met à la poubelle, puis on en fabrique d'autres.
09:44Bon ça, c'est pas vraiment régène.
09:46Donc l'objectif, c'est de faire des scooters qui potentiellement peuvent durer 50 ans.
09:50Voilà.
09:51On ne va pas les construire de la même manière, on va un peu surdimensionner tout un tas d'éléments
09:55du scooter.
09:56Et puis surtout, ils vont être ultra réparables au cas où, parce qu'en fait, en 50 ans,
10:00il peut y avoir quelques petits accidents de la vie.
10:02Et ça, ce modèle-là, il est ultra durable.
10:04Pourquoi ? Parce que d'abord, on va vendre l'usage du scooter et pas le scooter lui-même.
10:08Et puis in fine, comme il reste la propriété industrielle, il va mieux comprendre comment
10:14recycler in fine les éléments constitutifs pour éviter d'avoir, d'aller devoir taper
10:20dans les économies extractives qui participent à la destruction du vivant.
10:24Donc la logique finalement de l'économie de demain, ça sera de pouvoir jouir de tout,
10:29mais sans forcément tout posséder.
10:30Et ça, c'est une nouvelle forme de liberté quelque part.
10:34Et donc c'est pas du tout le retour aux temps anciens, au Moyen-Âge, de se retourner,
10:40comme je dis souvent, aux dentistes des années 80 ou aux machines des années 30.
10:43Non.
10:44On va pouvoir continuer d'utiliser le meilleur de ce que la technologie nous a apporté,
10:48mais avec plus de mutualisation.
10:50Donc il faut qu'on intensifie l'usage des objets du quotidien.
10:53Parce que quand on regarde froidement à quel pourcentage d'utilisation on utilise
10:57les objets du quotidien, c'est affligeant de petit à saint.
11:01Donc la voiture, c'est à peu près 4% du temps.
11:03Les bâtiments, c'est entre 20 et 25% du temps.
11:06Les objets du quotidien, il y a eu d'ailleurs une enquête très amusante qui a concité
11:09il y a quelques années.
11:10Ils ont pris plusieurs familles et ils leur ont demandé à ces familles, sur plusieurs
11:15continents, au Mexique, aux Etats-Unis, en France, au Canada, de sortir tout ce qu'ils
11:20avaient chez eux.
11:21Mais tout.
11:22Le coton-tige, tout, que des trucs.
11:24Et de tout mettre devant la maison.
11:27Et puis ensuite, ils ont demandé aux familles de classer en trois tas.
11:30Le premier tas, des objets du quotidien qu'on utilise tous les jours, donc au quotidien,
11:36des objets qu'on utilise de temps en temps, et puis tout ce qu'on n'utilise jamais.
11:40Il y a Pareto qui s'applique aussi pour ça, donc il y a 80% des trucs qu'on a chez nous,
11:45qu'on n'utilise jamais.
11:46Mais tout ça, c'est des matières premières transformées de l'énergie, qui participent
11:51à la destruction du monde.
11:52Et donc on s'est dit, finalement, il va falloir qu'on fasse émerger un nouvel imaginaire
11:56que, oui, l'accumulation, ce n'est pas ça qui est heureux.
12:00Ce qui est heureux, c'est l'utilisation quand on en a besoin.
12:02Et donc ce nouvel imaginaire, il va falloir le faire émerger pour que les entreprises
12:06qui sont à visée régénérative et qui vendent de l'usage puissent vivre dignement de leur
12:12nouveau business.
12:13Ok, de nouveau dans notre débat, Thomas, pour clore cette séquence, à t'écouter,
12:19la situation est assez critique pour nos entreprises.
12:22Nos invités viennent de nous donner des exemples optimistes, fort heureusement.
12:26Est-ce que toi, tu peux nous en partager un, peut-être ?
12:29Je pense surtout peut-être, avec Elisabeth, lui proposer d'évoquer des cas d'entreprises
12:33qui ont vraiment appliqué l'économie et la fonctionnalité.
12:35Il y en a beaucoup, je pense à des Killutu, à des Elis, plus récemment des Michelin.
12:39Est-ce que tu as des exemples à partager ?
12:42Il y a beaucoup d'exemples.
12:43Peut-être pour revenir juste sur le concept, moi, c'est vrai que je vais jouer le rôle
12:46de la circonspecte dans cette table ronde, je pense, parce que depuis 30 ans que j'ai
12:52créé Utopie, les termes qu'on désigne, qu'on utilise pour désigner ce dont on
12:57parle et ce sur quoi il faut que les entreprises travaillent, qui ont été évoquées par Fabrice
13:03et Antoine, changent.
13:04Et ça change tous les ans, tous les deux ans.
13:06Après, on a des retours parfois, c'est l'histoire.
13:08Donc moi, quand j'ai commencé, on parlait de citoyenneté.
13:10Ensuite, on est revenu de Rio.
13:11On a parlé de développement durable.
13:12Ensuite, on s'est mis à parler de RSE et de SG.
13:15Ensuite, on s'est mis à parler.
13:16Et puis, il y a d'autres termes qui arrivent.
13:17Dans ce cas de Fabrice, il y en avait pas mal, la fonctionnalité, la mutualisation.
13:21Chaque sujet est un concept et un monde en soi.
13:25Après, on a parlé d'impact plus récemment et voici donc venir le régénératif.
13:29Alors, ce qui est intéressant, c'est de se poser la question sur ce qu'apportent
13:33les mots. Pourquoi on change de terme ?
13:36Chaque terme a le mérite de mettre en lumière un aspect particulier qui peut
13:40orienter les efforts des entreprises.
13:42Ça a été dit, le régénératif, pour moi, il amène notamment deux idées importantes.
13:46La première idée, c'est qu'être moins mauvais, ça ne va pas suffire,
13:49c'est-à-dire réduire les impacts négatifs.
13:51Ça ne suffit pas, mais je vais revenir là-dessus parce que dans la plupart des
13:54entreprises, ça n'est pas encore fait.
13:56Et donc, je comprends que ce soit très sympa d'aller chercher un récit positif
13:58sur l'impact positif, justement, et la symbiose avec le monde vivant.
14:03Mais juste, ce n'est pas du tout ça, la réalité.
14:05Et le gros du travail à faire, il est encore sur la réduction des impacts
14:08négatifs. Donc, je vais y revenir.
14:10Donc, cette idée-là et l'autre idée qui est évidemment vertueuse, c'est l'idée
14:16du biomimétisme, c'est-à-dire que finalement, pour que les systèmes humains
14:19et les activités humaines respectent mieux le vivant, il faudrait qu'on s'astreigne
14:24à se fixer les mêmes règles, à respecter les règles du vivant.
14:27Les règles qui font que dans la nature, une espèce vivante ou un écosystème qui
14:31ne respecte pas les lois du vivant, étouffe et meurt.
14:34Et c'est ce qui risque d'arriver à nos activités.
14:36On en reparlera peut-être.
14:37Donc, il y a ces deux messages importants.
14:39Pour autant, et j'insiste là-dessus, le langage n'est pas performatif.
14:44C'est-à-dire, ce n'est pas parce que tout le monde se met à dire je suis
14:46régénératif, voire je suis avisé régénératif parce qu'on est passé de
14:51l'agriculture régénératrice, dont on reparlera peut-être, à l'entreprise
14:56régénérative, à l'économie régénérative, au leadership régénératif,
14:59au management régénératif, au luxe régénératif.
15:02Tout ça n'étant absolument pas défini.
15:05Et donc, on a besoin de nouveaux récits pour se donner de l'élan parce
15:09qu'à fortiori, des gens comme nous, on travaille depuis plusieurs
15:12décennies là-dessus, on a besoin aussi de nouveaux récits pour
15:14rebooster un peu l'énergie.
15:16En revanche, la frontière de ça, c'est le blabla, en fait.
15:20Et sur le régénératif, de mon point de vue, on n'en est pas loin.
15:24Pour autant, ce que tu disais, ce que disait Fabrice, ce que disait
15:27Antoine est vrai.
15:28Il y a plein d'exemples, mais qui sont des exemples qu'on donne déjà,
15:31qu'on donnait déjà il y a 20 ans, qu'on donnait déjà il y a 10 ans.
15:34Des entreprises qui font de l'écologie industrielle, donc qui
15:36s'inspirent du vivant pour essayer de valoriser, d'utiliser comme
15:41ressources leurs propres déchets ou celles ou les déchets, pardon,
15:45d'autres espèces à côté, entre guillemets espèces, c'est-à-dire
15:49qui peuvent être d'autres industries, d'autres entreprises.
15:51Ça existe. Malheureusement, pas autant que ça, mais on en a,
15:54par exemple, dans la communauté Bicorp.
15:56Je pense à une entreprise autrichienne qui s'appelle Ostrosel,
15:59qui est une entreprise centenaire qui fait de la pâte à papier et
16:02qui s'est dit pendant le Covid, après un changement d'actionnaire,
16:04tiens, qu'est-ce que je pourrais faire pour mieux valoriser mes coproduits ?
16:09Donc, ils ont des bouts à l'issue du process de production de pâte.
16:12Ils ont le reste de l'écorce de bois, etc.
16:15Et ils ont monté une centrale de co-génération qui produit de la
16:17chaleur et de l'électricité, qui vend à la ville voisine,
16:20qui fournit quasiment l'électricité de la ville.
16:22Il y a 20 000 personnes.
16:24Ils ont monté maintenant une usine de production de biocarburant
16:28qui produit.
16:29Bon, voilà.
16:30Donc, ça, c'est hyper intéressant.
16:33Mais est-ce qu'on a besoin d'appeler ça régénératif ?
16:35Je ne suis pas sûre parce qu'avant, on appelait ça écologie industrielle
16:39et ça marchait bien aussi.
16:40Et donc, mon point, c'est vraiment, j'adore les mots, j'adore la poésie.
16:43Mais justement, parce que j'adore les mots, je pense qu'il faut faire attention.
16:47Je ne suis pas contre le fait qu'on l'utilise.
16:49Je suis assez pour le fait qu'on dise rapidement
16:53il faut mettre des choses concrètes derrière.
16:55Il ne faut pas que ce soit cosmétique.
16:56Et surtout, il ne faut pas faire genre non, mais c'est bon,
16:58la RSE a vécu.
16:59Maintenant, on fait tous du régénératif.
17:01Sauf que la plupart des boîtes ne font pas encore la RSE,
17:04y compris sur des sujets comme l'écologie industrielle, la fonctionnalité.
17:07Ça fait une belle amorce pour notre débat.
17:09Allez, c'est l'heure du Top & Flop.
17:15Allez, c'est le Top & Flop.
17:16Et Thomas, on commence par quoi ?
17:18On commence par un top qui est une formidable initiative collective
17:21qui va sans doute apporter des éléments de réponse
17:22à ce qu'évoquait Elisabeth précédemment.
17:25C'est un écosystème qui va s'appeler le REGEN Ecosystem.
17:27C'est un collectif d'acteurs qui, depuis très longtemps,
17:30s'intéresse à ce sujet et essaie de le théoriser, de le structurer,
17:33d'accompagner d'autres organisations dessus
17:35et qui se lance justement pour apporter de la clarification,
17:38peut-être demain, de nouveaux standards,
17:40pour réfléchir ensemble à des communs qui pourront aider
17:42l'ensemble du monde économique à se saisir du sujet,
17:44mais à sa pleine mesure et surtout en respectant ce mot,
17:48ce mot qui est important et qui revêt le potentiel qu'on espère,
17:51mais qui pourrait finir comme bien d'autres avant lui,
17:54c'est-à-dire devenir un concept qui permet surtout un joli coup de peinture.
17:57Alors pour vous en parler, je vais vous lire leur manifeste,
18:00qui a le mérite d'être très court et à mon sens résume extrêmement bien
18:04l'intention qu'il y a derrière la création de ce collectif.
18:07Dans un monde malmené par nos pratiques économiques actuelles,
18:10nous croyons dans le potentiel des approches régénératives
18:12pour inviter les humains à devenir une espèce positive pour la Terre
18:16en tant que vivant parmi le vivant.
18:18Nous sommes un collectif d'organisations,
18:20œuvrant chacune à sa manière pour l'essor du mouvement régénératif en France.
18:24Riche de nos diversités, de nos collaborations existantes et futures,
18:27nous évoluons en tant qu'écosystème,
18:29une tentative d'incarner nous-mêmes un chemin régénératif.
18:32Humbles devant cette mission, qui est grande et ambitieuse,
18:36nous explorons ensemble, sans besoin d'une définition unique et figée,
18:40en respectant les singularités qu'évoquait Antoine,
18:42en s'appuyant sur nos lignées et référentiels respectifs,
18:45nous développons notre capacité collective à reconnaître,
18:48faire et raconter la régénération.
18:51Voilà le manifeste de ce collectif de 18 organisations,
18:54parmi lesquelles l'UMIA, une école qui depuis longtemps propose
18:57des formations poussées sur le sujet,
18:58comme le Collège des Directeurs du Développement Durable,
19:01l'Institut des Futures Souhaitables, la Region School.
19:03Et ces organisations se fixent trois grands objectifs.
19:06Faire rayonner l'économie régénérative à travers des actions et des travaux,
19:10notamment afin de créer des communs,
19:12sensibiliser, accompagner et mettre en chemin les réseaux et clients de ces organisations,
19:16et créer des outils, des parcours, des offres,
19:18pour revaloriser et rendre accessible l'économie régénérative.
19:22Alors pour terminer, une action récente menée par ce collectif,
19:25c'est une initiative déjà de révéler son existence, de se faire connaître.
19:29Et une action collective qui a été assez marquante,
19:31puisqu'il y a plus de 1800 personnes qui se sont manifestées
19:34pour être tenues informées et pouvoir adhérer progressivement à cette initiative.
19:37Ce qui en dit long sur l'intérêt porté au sujet,
19:39et de long sur le nombre de personnes qui ont envie de pouvoir s'appuyer
19:42sur le régénératif demain, pour faire advenir une autre économie.
19:45Et ton flop alors ?
19:46Alors le flop, là c'est une annonce relativement récente
19:49d'une évolution extrêmement importante du principal organisme
19:54qui accompagne et certifie les stratégies bas carbone des multinationales dans le monde.
19:58La Science Based Target Initiative, qui a fait un virement de bord,
20:03en décidant d'autoriser la considération de la compensation carbone dans le Scamp 3.
20:07Alors ça devient un tout petit peu technique, mais pour le dire très clairement,
20:10cela revient à dire que demain, n'importe quelle grande entreprise
20:13qui veut prouver qu'elle a une stratégie qui permet de réduire à peau de chagrin
20:17ses impacts négatifs, pourra désormais continuer à faire comme avant,
20:21simplement en plantant quelques arbres à côté,
20:23pour dire « c'est bon, on a fait le job ».
20:24Et ça, ce n'est absolument pas du tout régénératif,
20:27si on s'en tient à ce que nous venions d'évoquer.
20:29Ils ont rétro-pédalé, c'est fini.
20:31Le communiqué est sorti, ils reviennent aux règles antérieures.
20:34Donc le problème est réglé.
20:35C'était 10% de compensation maximum, c'est ça ?
20:37Non, même pas.
20:38Donc en fait, oui, il y a eu une tentative de Jeff Bezos,
20:42parce qu'en fait c'est le danger là, c'est ça le message.
20:44Le flop, c'est que le danger est là.
20:45Ça met en exergue une démarche.
20:48Mais par contre, il y a eu une telle levée de bouclier
20:49par les collaborateurs d'USBTI eux-mêmes, d'ailleurs,
20:51qui se sont opposés à ça, et le comité scientifique d'USBTI,
20:54parce qu'il y a 4 comités USBTI,
20:56que l'exécutif est revenu en arrière,
20:58en disant « alors, fausse annonce, on revient aux règles antérieures ».
21:02Donc c'est fini.
21:03Alors, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas rester vigilant.
21:05Surtout en ce moment, si je peux me permettre.
21:07Effectivement, ça en dit long,
21:08sur notamment la gouvernance de ces organisations,
21:10puisque le comité technique n'avait même pas été consulté
21:12au moment de cette prise de décision.
21:14Alors même que c'est sans doute le plus à même
21:15de définir ce qui semble être juste
21:17pour valider scientifiquement la trajectoire climat
21:20d'une grande entreprise.
21:21Ça montre bien qu'au moment où on a de formidables initiatives
21:24comme celles citées précédemment dans le top,
21:26on a aussi des tentatives de rendre caduques
21:29ces nouveaux potentiels pour finalement maintenir un statu quo.
21:32Et ça, c'est un vrai flop, parce qu'il y a d'énormes risques,
21:34évidemment, dans les jeux de pouvoir à l'œuvre
21:36au sein de ces organisations.
21:37Et il va falloir que très vite, nous fassions émerger
21:40des acteurs majeurs avec des exemples,
21:42notamment de réussites économiques,
21:43de ce que peut apporter le régénératif.
21:45Sinon, il y a de fortes chances que ça devienne un revanchement.
21:47Sur ces histoires de réussite économique,
21:49parce que si on regarde tout avec la valeur de l'argent,
21:52dire voilà, si ça gagne de l'argent, c'est que c'est bien.
21:54Non, je pense que si on reste vivant, c'est que c'est bien.
21:57Et je pense que l'argent, c'est un moyen pour rester vivant.
22:00Mais si on regarde simplement,
22:02si la seule validité en fait d'un modèle,
22:04c'est sa capacité à générer du cash,
22:06on n'a absolument rien compris sur ce que c'est le régène.
22:08Pour moi, le régène, c'est pas ça.
22:09Le régène, c'est notre capacité à durer.
22:11À préserver la vie.
22:12Voilà, l'argent, c'est qu'un moyen de la durée.
22:15Petite nuance quand même.
22:15Et justement, on termine cette séquence
22:17par une question pour vous, chers invités.
22:20Est-ce que vous avez des exemples à nous donner
22:21pour illustrer les risques encourus par les entreprises
22:25qui contribuent à la dégradation des conditions de vie sur Terre ?
22:29Alors moi, j'en ai deux, peut-être,
22:31qui sont les deux, d'ailleurs, c'est des faillites.
22:33Donc c'est pratique, comme ça, ça met bien l'épouvantail.
22:38Au moment des incendies, post-incendie en Californie,
22:41il y a deux boîtes assez majeures qui ont fait faillite.
22:44Il y a une boîte qui faisait de l'électricité
22:45qui s'appelle PG&E,
22:46qui était une des plus grosses boîtes de services publics en Californie,
22:49qui a été accusée d'être la cause du départ d'incendie
22:53sur des installations électriques mal sécurisées, etc.
22:57Et ils ont fait face à, c'est un sujet d'assurance,
23:00de telles demandes de pénalités, compensations, etc.
23:04qu'ils ont dû plier boutique.
23:06Et toujours en Californie, et la même année 2019,
23:08et sur la même cause, une compagnie d'assurance
23:12qui s'appelle Merced Property & Casualty, je crois,
23:14a fait faillite pour la même raison.
23:16Alors eux, ils n'étaient pas la cause.
23:18En revanche, ils étaient censés,
23:19c'était le premier assureur des maisons californiennes,
23:21et incapable de faire face.
23:23Donc il y en a un qui est la cause, l'autre qui est la conséquence.
23:25C'est ça qui est intéressant.
23:26On voit, et c'est un peu dramatique,
23:28mais dans un contexte dramatique ou dans un contexte d'extrême climatique,
23:33comme malheureusement on va en vivre de plus en plus dans les années qui viennent,
23:35on voit que celle qui est la cause et celle qui est la conséquence,
23:38quelle que soit leur position dans la chaîne,
23:40elle ferme boutique toutes les deux.
23:43Messieurs.
23:44Ce qui est intéressant, c'est sur l'assurance.
23:45En fait, les assureurs se retirent.
23:47Si l'assureur lui-même ne se transforme pas et reste un acteur financier
23:50qui prend des décisions opportunistes d'assurer ou pas en fonction d'une rentabilité,
23:54en fait, l'assureur ne va pas faire son job et ne va pas contribuer.
23:56Et donc le principal risque qui m'amène maintenant à aller voir les entreprises
24:00avec ce thème, c'est le thème de l'assurabilité.
24:02C'est-à-dire, est-ce que ce que vous allez mettre en place est assurable et viable
24:05dans un monde imprévisible ?
24:07Et ce qui est très intéressant et rejoint le sujet du régénératif, c'est l'écosystème.
24:10C'est-à-dire que si vous allez voir, par exemple, Saint-Gobain,
24:12ils vous disent, est-ce que le bâtiment que vous allez demain mettre en place,
24:14auquel vous allez contribuer, est assurable ?
24:16Le premier réflexe probablement de Saint-Gobain, c'est de dire,
24:18mais moi, je fais du plat, je fais du verre.
24:20Et ça, c'est des matériaux qui sont de bonne qualité, qui sont viables.
24:24Mais ce n'est pas la question.
24:25La question, c'est le bâtiment.
24:27La question, c'est le territoire.
24:28Et donc, en fait, chacun, si on reste dans notre couloir de course en silo,
24:32Saint-Gobain qui fait des matériaux,
24:34L'Oréal qui fait des cosmétiques, ainsi de suite, ainsi de suite,
24:36on va perdre la vue de la viabilité globale du territoire.
24:39Et donc, en fait, là où la mue se fait pour l'assureur et l'intéressante,
24:42c'est de dire comment on crée des produits d'assurance de transition
24:45qui seront écosystémiques.
24:47Parce qu'on aura compris les bénéfices induits d'une résilience globale,
24:49on sera à même de garder de la capacité.
24:51Moi, je suis toujours déprimé par un préfet,
24:53je ne révélerai pas la région, mais avec qui je déjeunais,
24:56et qui me disait, c'est un drame parce qu'on sait qu'il y a
24:57un résilient d'action très important sur ce bassin versant
24:59et on ne trouve pas les financements pour construire des digues.
25:01Et là, il nous ramène à nous notre volonté d'assureur,
25:04notre capacité d'assureur de comprendre tous les bénéfices de résilience
25:07induits par une protection globale du territoire sur tous les habitants,
25:11les biens et les entreprises.
25:12Tant qu'on n'est pas capable de donner un gain à la résilience,
25:15les assureurs n'iront pas.
25:16Et ça, c'est ça, c'est ça.
25:17En tout cas, moi, ce qui m'amène à me lever le matin maintenant
25:18pour les prochaines années, c'est d'arriver à créer
25:20des conditions de viabilité, d'assurabilité,
25:22parce que là, ça fait bouger les boîtes.
25:24Quand vous dites à un chef d'entreprise,
25:25si ta boîte, elle n'est pas sur abdomen, là, on a un levier.
25:27Allez, place à notre débat.
25:35Nombreux sont ceux qui se demandent si la régénération
25:38n'est pas simplement un terme de plus,
25:40ou si le potentiel en matière d'impact sur notre façon de penser
25:43et de faire des affaires est réel.
25:45Certains doutent de sa rentabilité, on l'a évoqué,
25:48et se demandent si les coûts ne surpassent pas les bénéfices.
25:51D'autres voient en elle une opportunité de transformation profonde.
25:55Alors, commençons ce débat par une question.
25:58Quelle profitabilité du régénératif pourrait en faire la norme ?
26:03Ce qui est sûr, c'est que la profitabilité,
26:05elle doit bouger, la norme de profitabilité,
26:06la norme, en tout cas, du revenu et la distribution du revenu.
26:09Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas de tabou.
26:10Et je pense qu'une entreprise, en tout cas, c'est une conviction,
26:12elle doit être profitable.
26:13La nature est profitable, à un moment donné,
26:15il y a une réalité économique qui fait que si tu vois,
26:17si vous voyez l'argent comme de l'énergie,
26:20eh bien, l'énergie, l'argent que vous donnent vos clients,
26:22c'est une preuve aussi de viabilité pour la valeur
26:24que vous apportez au monde, au marché, à la société.
26:27Donc, il y a une profitabilité qui est nécessaire.
26:29Après, la vraie question, elle devient d'ailleurs assez politique,
26:31c'est tout ce qui est au-dessus de la profitabilité,
26:34comment on distribue le profit, à qui ?
26:36Et donc, une des convictions, en tout cas, sur le régénératif,
26:38c'est que la croissance est limitée,
26:39c'est-à-dire les arbres ne montent pas au ciel.
26:41Et ça ne veut pas dire qu'il faut tout de suite rentrer
26:42dans un paradigme de décroissance pour tous les secteurs,
26:45mais que la croissance doit se faire à condition
26:46d'embarquer l'écosystème dont on dépend.
26:49Et donc, moi, j'aime beaucoup ces cabinets de conseil
26:51qui dépendent des surdiplômés français,
26:52des grandes écoles qui recrutent tous ces jeunes diplômés.
26:55La question que je leur pose quand je les rencontre,
26:57c'est qu'est-ce que vous faites pour faire en sorte
26:58que l'infrastructure scolaire,
27:00ou en tout cas, ces grandes écoles d'où vous dépendez,
27:02puissent grandir aussi ?
27:03Comment vous redonnez finalement le profit
27:05à l'écosystème dont vous dépendez ?
27:07Et donc, ce réflexe qui vise à dire, en fait, la croissance
27:09de qui je dépends pour croître en tant qu'entreprise
27:11et comment je redistribue mon profit à ces gens-là aussi,
27:14et surtout, elle est fondamentale
27:16et surtout, elle est assez impensée dans les entreprises.
27:18Fabrice ?
27:20Oui, je dirais un peu les choses différemment.
27:23Je pense qu'au point où on en est,
27:25et compte tenu du temps qui nous reste
27:27et des risques d'emblèment qui sont maintenant
27:29plus des risques, mais qui sont quasiment inéluctables,
27:35il va falloir qu'on comprenne quand même assez rapidement
27:37que l'objectif, c'est de survivre
27:40et de sauver l'essentiel.
27:42Donc, parce qu'on le dit souvent,
27:44quand on aura abattu le dernier rat,
27:46mangé le dernier poisson, on va s'apercevoir
27:47que l'argent n'est pas comestible.
27:49Donc, c'est ce référentiel de tout ramener à l'argent.
27:53Je pense qu'il va falloir qu'on arrive à s'en débarrasser
27:56assez rapidement.
27:57On l'a dit, on a besoin d'avoir un minimum de profitabilité
28:01pour une entreprise parce que c'est la respiration d'entreprise.
28:03C'est lui permettre de payer les salaires accessoirement
28:05et puis d'investir un peu.
28:07Mais ça ne doit pas être la finalité de l'entreprise.
28:09La finalité, c'est de durer.
28:10Et pour durer, il va falloir ralentir
28:13le nez de l'essentiel.
28:14Donc, en fait, la première question qu'il faut se poser
28:17pour aller vers le redgen,
28:19ce n'est pas de vouloir rendre plus vert des produits
28:21qui ne devraient plus exister,
28:22parce que ça, ça n'a pas beaucoup de sens,
28:24mais de rendre plus vert des produits essentiels.
28:27Donc, ça questionne le problème de la raison d'être de l'entreprise.
28:31À quoi je shaire ?
28:32Est-ce que je shaire au-delà de mes clients ?
28:34Est-ce que je participe quelque part au bien commun ?
28:36Et est-ce que mon activité économique part ?
28:39Est-ce que dans mon process, est-ce que j'ai inclus dans mon process
28:42les sommes qui sont nécessaires pour pouvoir produire sans polluer ?
28:45Mais pas sans polluer un petit peu moins,
28:48sans polluer du tout.
28:49C'est prendre de la mort rapide et de la mort lente.
28:51Le but, ce n'est pas de ralentir simplement,
28:52c'est d'aller vers le net zéro impact.
28:55Et à partir de là, cette notion de profit,
28:57cette notion de performance,
28:59c'est moins en cash flow qu'on va la mesurer demain,
29:03mais en capacité de durée.
29:04Parce que finalement, le vrai objectif pour une boîte, c'est de durer.
29:08Et donc ça, c'est tous les imaginaires de la performance
29:10qu'il faut pouvoir remettre sur la table.
29:12Parce qu'aujourd'hui, les managers les plus emblématiques
29:15sont ceux qui génèrent le plus de cash.
29:17Mais demain, les managers les plus emblématiques,
29:19ce sont ceux qui vont pouvoir démontrer qu'ils vont pouvoir durer longtemps.
29:22Pourquoi ?
29:22Parce qu'on est confronté,
29:24ce que les époux Midos avaient déjà mis en évidence il y a 50 ans
29:27dans « Limit to Growth » sur la macroéconomique.
29:30Oui, la croissance infinie aux amonts de finance et ressources,
29:32ce n'est pas possible.
29:33Mais maintenant, on est confronté à ça en microéconomie.
29:37Pourquoi on est confronté à ça en microéconomie ?
29:39Parce qu'une entreprise, pour faire son chiffre d'affaires,
29:42a besoin de matières premières et d'énergie.
29:45Et encore, jusqu'en peu de temps,
29:47il n'y avait pas de limite sur l'utilisation des matières premières
29:49et pas de limite sur l'utilisation de l'énergie.
29:51On était dans une espèce d'illusion du « no limit » sur ces sujets
29:55parce que la planète était très grassouillette
29:57et qu'il y avait des réserves partout.
29:58Mais on a tellement surexploité avec nos milliards de machines,
30:01c'est qu'on arrive dans la décennie et même dans le siècle
30:04où tout un tas de matières premières critiques
30:07qui sont nécessaires pour le business
30:08sont au stade d'extraction, au stade d'exploitation,
30:13où on a passé le pic.
30:14Et quand on a passé un pic, on arrive dans la descente.
30:16Je vous donne un exemple pour le cuivre,
30:17qui est un métal important de ce qu'on appelle la pseudo-transition
30:22dont on parle partout.
30:23Il y a 30 ans, on était à 107 dollars la tonne.
30:26Aujourd'hui, on vient de dépasser, j'ai appris, à 12 000 dollars la tonne.
30:30Donc, tous ceux qui font des projections
30:31sur une utilisation toujours croissante de ce métal pour leur business,
30:35on va être confronté à la limite.
30:37Donc, aujourd'hui, on arrive dans des business
30:39où on commence à arriver,
30:41on perçoit ce qu'on appelle des conflits d'usages
30:43où tout le monde veut les mêmes matières premières,
30:45mais il n'y en aura pas assez pour tout le monde.
30:47Donc, la capacité de résilience,
30:49la capacité de shifter le modèle d'affaires
30:51pour pouvoir moins dépendre de ces matières premières critiques
30:53pour pouvoir durer,
30:54c'est ça que de plus en plus les actionnaires vont devoir regarder.
30:57Dis-moi de quoi tu dépends et je te dirai si je mets de l'argent chez toi
31:01ou si je mets de l'argent ailleurs
31:02parce que le référentiel de performance demain, je le répète,
31:05ce ne sera pas la génération de casse,
31:07ce sera la capacité à démontrer qu'on peut durer
31:10dans un monde qui se contracte sur ses flux physiques
31:12et sur ses matières premières.
31:13La viabilité.
31:13La viabilité, il faut bien comprendre ça.
31:16Et donc, moi, quand j'interviens dans les comités de direction
31:18ou dans les conseils d'administration,
31:19je leur dis mais regardez le modèle économique de l'entreprise
31:23et sa dépendance,
31:24d'ailleurs, c'est sa dépendance à la diversité,
31:26sa dépendance aux ressources.
31:27Et si vous arrivez à démontrer qu'il n'y a pas trop de dépendance
31:32parce qu'elle a su diversifier ses matières premières,
31:34mais ce n'est pas une question de soutenabilité faible,
31:36de dire on va remplacer tes matières premières par une autre.
31:38Non, ça, si on l'a fait pendant des années, ça ne marche pas non plus.
31:41C'est comment arriver à ne plus générer d'externalité négative ?
31:44Et c'est possible.
31:45Comment est-ce qu'on fait justement ?
31:46Est-ce qu'on laisse le concept évoluer organiquement
31:49ou est-ce qu'on devrait plutôt envisager un cadre réglementaire spécifique ?
31:53De toute façon, la réglementation, c'est la voiture balaie du système.
31:56La réglementation arrive quand il y a déjà une majorité d'acteurs
31:58qui le font déjà parce que sinon, il y a de telles forces de lobbying
32:02qui font que ça n'émerge pas spontanément.
32:04Donc, avant d'arriver à la réglementation, qui arrivera un jour,
32:07parce que de toute façon, on voit bien ce qui se passe,
32:08quand ça devient intolérable, l'État finit par réguler.
32:11Mais si on attend, comme on l'a toujours fait, que la régulation arrive,
32:14on sera tous grillés.
32:16Donc, avant d'en arriver là, il faut des cadres volontaires.
32:20C'est ce qu'on appelle la soft flow qui devient souvent la hard low un peu plus tard.
32:23Il faut créer les conditions de la soft flow,
32:24donc créer des cadres volontaires, des normes,
32:27dans lesquelles les entreprises vont les adopter d'une façon volontaire pour progresser.
32:32Donc, c'est des référentiels, ça peut être des labels,
32:33c'est tout ce que vous voulez.
32:35Et comme je dis souvent, un rang motivé entraîne le banc.
32:38Dès qu'il y aura quelques entreprises qui vont le faire
32:40et qui vont démontrer qu'elles vont améliorer leur résilience...
32:42Et ça serait quoi les préalables indispensables
32:44avant de pouvoir prétendre justement à l'appellation ?
32:46C'est ce qu'on va faire avec le region ecosystem.
32:48Il faut déterminer quelques règles.
32:50On a besoin de règles quand on joue à n'importe quel jeu.
32:52S'il n'y a pas de règles, c'est le bordel.
32:53Il faut des règles.
32:54Le cadre, c'est déjà de réfléchir.
32:56En fait, il faut que les dirigeants qui se posent des vraies questions sur leur business
32:58et qui tirent le fil de leur business, de leurs produits, de leur activité
33:01et des concepts qui vont paraître peut-être un peu perchés
33:03comme robustesse et performance.
33:04Oui, il faut assumer qu'un dirigeant en 2024
33:07qui dirige des milliers de collaborateurs,
33:09il doit se penser sérieusement sur ce que c'est que la robustesse,
33:11ce que c'est que la profitabilité, ce que c'est que la performance.
33:13Donc, il faut réfléchir aussi...
33:14Et de la durabilité.
33:15Définir la raison d'être de l'entreprise,
33:17penser son utilité pour le monde, c'est quelque chose de très à la mode.
33:19Elisabeth, vous avez Utopie qui accompagnait beaucoup d'acteurs.
33:22Est-ce que vous voyez vraiment des choses changer chez ces acteurs-là
33:24dans le travail qu'ils font sur leur utilité
33:27et est-ce que ça les amène à revoir leur définition
33:30de la ligne de profitabilité nécessaire pour la viabilité de leur activité ?
33:33Alors, je pense qu'il y a plusieurs sujets.
33:34Le sujet de la raison d'être, il est évidemment central
33:37parce qu'il devrait être fondateur.
33:39Après, on voit bien que parfois, les entreprises font cet exercice tard.
33:43Elles le font mal parce qu'en fait, elles formulent une sorte de raison d'être
33:47qui, en réalité, est plus dans le rétroviseur que tourner vers l'avenir
33:50au sens où elles résument ce qu'on a fait jusqu'à présent
33:52et pas ce qu'on...
33:52comment on veut se transformer pour transformer le monde,
33:54transformer la société, transformer l'activité demain.
33:57Donc oui, c'est un exercice important dans la société à mission
34:01au sens de la loi Pacte depuis 2019 en France
34:03et il y a d'autres schémas réglementaires ailleurs dans le monde.
34:07Le plus intéressant, au fond, c'est la raison d'être,
34:09mais c'est surtout, je pense, l'instance de dialogue avec des parties prenantes
34:12qui est créée avec ce qu'on appelle le comité de mission
34:15qui pousse les dirigeants à interagir en continu
34:19sur leur stratégie, à être challengés par des amis critiques
34:24qui, internes ou externes, qui sont là pour leur dire
34:27si le casting du comité de mission est bien fait,
34:29qui sont là pour leur dire non, mais là, vous vous faites plaisir
34:32avec quelque chose qui est un peu du blabla et qui n'est pas très étayé
34:36ou vous en faites des caisses sur cette îlot vertueux d'attractivité,
34:40mais en fait, ça représente 1% du chiffre d'affaires.
34:42Donc, OK, ça peut être un début,
34:44mais dans ce cas, montrez-nous la trajectoire qui va passer de 1% à 30,
34:47puis à 50, puis à 100, etc.
34:49Donc, le fait de s'astreindre,
34:52parce que c'est un peu ça aussi qu'on voit d'ailleurs sur le régénératif,
34:55c'est qu'il y a cette espèce de tendance à prendre tous les concepts qui arrivent
34:57et à aller, cette tendance des grands groupes,
35:00mais pas que, de l'humain sans doute,
35:02à prendre tous les concepts qui arrivent et à les remouliner
35:05et à en faire assez rapidement des caisses,
35:07mais du coup, un peu des mauvalises.
35:08Moi, je suis assez frappée par le fait que pendant qu'une grande partie
35:12des grands groupes s'y vont vers le tout régénératif,
35:17des pionniers comme Patagonia ou Veja disent au contraire
35:19« Non, mais nous, on n'utilise pas de mauvalises. »
35:20Patagonia, ils ne veulent même plus parler de développement durable
35:23pour bien signifier qu'ils font partie du problème, mais pas de la solution.
35:26Veja, ils ont cette phrase dans une boutique de New York que j'aime bien,
35:29qu'ils disent « Sustainability is an empty word.
35:31Le développement durable est un mauvalise. »
35:33Ils n'ont pas mis régénératif, ce qu'ils ont fait avant,
35:34mais ça marcherait aussi.
35:36Et nous, on parle de réalité.
35:39Donc, qu'est-ce qu'on fait en vrai au quotidien des pratiques ?
35:42Et c'est un peu ce que je disais tout à l'heure.
35:43Le régénératif, c'est cool comme idéal,
35:45mais je veux dire la réalité de ce que doivent faire les entreprises.
35:49Je vais prendre une autre bicorpe,
35:50qui est un petit Patagonia français picture.
35:53Eh bien, il faut décider qu'on fait évoluer toutes les matières premières qu'on utilise.
35:57Donc, c'est des fringues outdoor, des vêtements outdoor.
36:01Toutes les matières premières pour que, c'est leur cas,
36:0350% des matières premières soient bio-sourcées, soit recyclées.
36:08Donc ça, c'est une évolution un peu.
36:09C'est la partie un peu le nez dans le moteur.
36:12C'est moins glamour et moins magique que régénératif.
36:15Mais ce boulot-là, il doit être fait.
36:16Ils se disent, on a 10% de notre bilan carbone qui est dans la filature en amont,
36:21la filature de coton, notre filateur turc.
36:25Comment on peut le faire évoluer ?
36:26On va voir.
36:27Ah, mais en fait, nous, on est tout petit,
36:28donc on ne peut pas vraiment, si on lui demande de passer à des énergies renouvelables,
36:31il va nourrir au nez.
36:32Ah bah, il bosse avec Decathlon.
36:33On va aller voir Decathlon et ensemble,
36:34on va retourner le voir pour l'aider,
36:36ce qui a été fait, à passer à 40% d'énergie solaire.
36:39Bon, c'est du boulot un peu minutieux et un peu technique.
36:44Donc, ce que je veux dire, c'est qu'il y a une espèce d'effet comme ça,
36:48un peu magique, positif dans le régénératif,
36:50ce qui, à mon avis, explique son succès.
36:52On vous dit que c'est une sorte d'outil marketing,
36:54un peu comme le bio pour l'industrie agroalimentaire.
36:58Non, mais à nouveau, les mots ont un pouvoir,
36:58donc il faut les utiliser pour le pouvoir qu'ils ont,
37:00en l'occurrence, le pouvoir de motiver les gens,
37:01d'éviter au chef d'entreprise l'éco-anxiété,
37:04parce que le chef d'entreprise, il est comme tout le monde si on lui dit,
37:06non, mais en gros, chouchou, regarde ton modèle économique,
37:09regarde ton activité dans 30 ans, tu n'es pas assurable
37:11et de toute façon, tu n'auras plus rien,
37:12parce que regarde, PJ et Annie qui a fait faillite.
37:14Donc, ça ne va pas les motiver à trouver des solutions,
37:18même si les entrepreneurs sont a priori en tempérament
37:21plutôt du côté de j'essaie de trouver des solutions.
37:22Parfois, ils trouvent des solutions foireuses, il faut quand même le dire.
37:24Donc, pour leur éviter l'éco-anxiété, on peut dire,
37:27regarde, ton business model peut devenir régénératif,
37:31c'est possible de réinventer ton activité dans les limites planétaires,
37:34de l'inscrire dans ce qui préside au fonctionnement des écosystèmes
37:38depuis avant que l'humanité existe, d'accord, c'est possible.
37:41Donc, ça, c'est la bonne nouvelle.
37:42Par contre, le boulot à faire, c'est un boulot difficile.
37:46La question de se limiter, c'est difficile pour l'être humain en général,
37:50l'être humain dirigeant d'entreprises en particulier.
37:52Donc, mais on a des exemples, pardon, sur la limitation.
37:58J'essaie d'illustrer par un exemple à chaque fois,
37:59sur la limitation de la croissance.
38:02Moi, il y a un exemple que j'aime bien, qui n'est pas une bicorp,
38:04qui est une entreprise américaine qui s'appelle Zingerman,
38:06qui est dans le Michigan,
38:07qui est une entreprise qui a commencé avec un délicatessen
38:10et à un moment, le truc marchait très bien.
38:11Ils étaient dans tous les guides touristiques,
38:13il y avait énormément de pression à la croissance.
38:15Ils commençaient à avoir des gens qui venaient les voir d'autres États américains,
38:18de Californie, qui disaient, on veut créer un peu comme McDo,
38:21des franchises de votre truc, ça marche super bien, etc.
38:23Et ils ont réfléchi, ils ont dit, non, mais nous, on est là pour servir.
38:26Ils n'ont pas dit régénérer parce que c'était avant,
38:27mais ils auraient pu.
38:28Cette communauté-là de Ann Arbor, Michigan, l'hyperlocale.
38:33Et ils ont dit, en fait, au lieu d'aller croître partout,
38:36parce qu'on a aussi besoin de donner des opportunités de progrès à nos salariés,
38:39mais au lieu d'aller créer plein de Zingerman partout,
38:43on va se redéployer localement.
38:46Donc, on ne s'empêche pas de croître, on s'autorise à croître,
38:51mais de manière locale et donc modérée.
38:54Ils ont fait quoi ?
38:55Ils ont gardé tous les produits, on parlait des dépendances tout à l'heure,
38:58tout ce qu'ils importaient de loin et qui n'était pas justifié d'importer de loin.
39:01Évidemment, si vous importez du poivre ou du café,
39:03vous n'allez pas le produire dans le Michigan demain matin.
39:05En revanche, il y a plein d'autres choses qu'ils importaient de loin aux États-Unis ou ailleurs.
39:09Et ils ont dit, à chaque fois qu'on importe quelque chose de loin,
39:12en fait, on va recréer un business local qui va créer des emplois,
39:15des perspectives de progrès pour nos salariés,
39:17parce que les salariés sont associés au capital et généralement dirigeants de ces entreprises-là.
39:21Et c'est devenu un écosystème d'une quinzaine d'entreprises.
39:24Donc, ils importaient de la pâtisserie, ils ont créé une pâtisserie.
39:27Ils importaient de la confiserie, ils ont créé une confiserie.
39:29Ils importaient du café, ils ont créé au moins l'entreprise des torréfactions localement, etc.
39:35Et tout ça, ça crée de l'emploi, c'est au service de la communauté
39:38et ça limite la croissance.
39:39Et un des cofondateurs, j'aime bien quand on lui demande dans les conférences,
39:43mais pourquoi, vous n'avez pas l'impression que vous privez d'opportunités ?
39:46Il dit, en général, qui dans la salle est marié ?
39:49Et à tous les gens qui ont levé la main, c'est-à-dire la majorité en général,
39:52il dit, mais vous n'avez pas l'impression de vous priver d'opportunités ?
39:55C'est aussi débile que ça.
39:57Évidemment qu'il pourrait décider qu'en fait, il préférerait être McDo et être partout dans le monde.
40:01Mais lui, la boîte est en croissance, mais elle est en croissance raisonnable
40:06et très ancrée localement au service d'une communauté qu'elle contribue sans doute à régénérer.
40:12Et pour faire une boucle avec les gens qui nous écoutent,
40:13plus vous êtes local, plus vous êtes connecté à des vrais gens et pas par l'écran,
40:17et donc plus vous êtes heureux.
40:18Donc il y a une boucle quand même qui se fait à un moment donné sur des choses fondamentales
40:21dont a parlé Fabrice, qui est, qu'est-ce qui vous rend heureux ?
40:24Qu'est-ce qui va rendre heureux vos collaborateurs ?
40:25On revient à des choses un peu basiques.
40:27En fait, on est juste en train de se désintoxiquer d'un modèle qui nous a éloigné de ces questions fondamentales
40:31en nous amenant à servir un toujours plus, probablement un peu déséquilibré.
40:35On parle de ça, d'une désintoxication en fait.
40:37On le disait en amorce de cette émission et ici, on apporte des solutions, des outils.
40:42Comment est-ce qu'une entreprise peut évaluer, mesurer son impact en matière de régénération ?
40:47Est-ce qu'il existe des indicateurs spécifiques ?
40:51Oui, aujourd'hui, il y a un machin qui s'appelle la CSRD qui va concerner 50 000 entreprises en Europe
40:58et qui demande déjà d'identifier ses principaux enjeux en double matérialité,
41:04ce qui est comme une spécificité européenne,
41:06parce que pendant très longtemps, on demandait aux entreprises d'identifier
41:11ce qui pouvait lui arriver de l'extérieur vers l'entreprise.
41:15Et là maintenant, l'entreprise doit identifier ce qu'elle génère elle-même
41:20de par son activité sur les écosystèmes dont elle dépend,
41:25de manière à déterminer ses impacts positifs, mais aussi et surtout ses impacts négatifs,
41:29pour reconnaître que oui, une entreprise, ça crée la valeur économique,
41:33ça permet de payer des impôts, de financer les services publics, de payer des salaires,
41:36mais hélas, pendant des années et des années, la variable d'ajustement de tout ça,
41:40c'était l'environnement, le capital naturel,
41:44qui, lui, n'apparaît pas dans les comptes des entreprises,
41:47parce qu'il n'y a pas une obligation de maintenir le capital naturel pour une boîte,
41:52et donc les entreprises, d'une façon légale, créent la valeur économique en détruisant le capital naturel.
41:57C'est quand même anachronique, parce que c'est le capital naturel qui permet de faire l'activité économique d'une entreprise.
42:01Et avec la CSRD, on rentre dans l'antichambre d'un truc complètement révolutionnaire,
42:06qui va obliger les entreprises à mettre en place dans leurs comptes,
42:10dans leur stratégie d'investissement,
42:13les sommes qui vont être nécessaires pour réduire jusqu'à zéro leurs impacts négatifs.
42:18Et ça va être audité par les commissions de comptes.
42:20Ah, vous avez dit, vous générez du carbone, très bien, des émissions de gaz à effet de serre,
42:25vous avez une trajectoire qui doit être calée sur la science,
42:28parfait, parce que c'est une obligation réglementaire maintenant,
42:31on n'a même plus besoin du SBTI, maintenant c'est dans la loi.
42:33Vous êtes à 100 aujourd'hui, vous devez être à 50 en 2030,
42:39expliquez-moi, quelles sont les sommes, les investissements que vous allez consentir pour passer de 100 à 50 ?
42:46Et si, si, si, vous ne dépensez pas ces sommes,
42:49eh bien vous allez devoir passer un environnemental warning, passer des profit warnings dans le temps,
42:53pour dire que vous êtes en train de mentir au marché parce que vous ne respectez pas la trajectoire de décarbonation.
42:57Mais ça n'a rien de révolutionnaire, ce que je viens de vous dire,
43:00mais ça va quand même changer complètement la façon de gérer les entreprises,
43:04parce qu'il n'y aura pas d'un côté, je gagne de l'argent,
43:06puis de l'autre côté, si j'ai un peu de bénéfices, j'essaie d'améliorer un peu mon empreinte.
43:09Là, il va falloir que ce soit embedded dans le même lit,
43:11il va falloir qu'en même temps, continuer de gagner de l'argent et en réduisant l'empreinte, en même temps.
43:15Ça, c'est une nouvelle façon de gérer, de manager l'entreprise.
43:19Les entreprises n'ont pas complètement compris encore ce qui va leur arriver avec l'arrivée de la CSRD.
43:24On espère que les commissaires aux comptes vont vraiment jouer leur rôle,
43:27et qu'ils vont être intransigeants sur le monitoring de ces trajectoires,
43:31pour bien s'apercevoir, pour bien s'assurer en tout cas,
43:33que toutes les sommes qui vont être nécessaires pour moins polluer,
43:36vont bien être dépensées et produire les effets escomptés.
43:39Parce que le but, ce n'est pas que ça soit simplement dépensé, mais que ça produise des effets escomptés.
43:42Et donc, c'est en train de rebâtir les cartes,
43:44et ça permet de lancer en fait une nouvelle approche d'entreprise,
43:48ce qu'on appelle la comptabilité multicapitale,
43:51où il y a trois capitaux à maintenir dans une entreprise pour rester vivant.
43:54Le capital naturel, le capital humain, le capital financier.
43:57Mais le capital financier, c'est le dernier.
43:59Pendant des années, on a fait le contraire.
44:01On gagne de l'argent, on redistribue en social et en environnement.
44:03Là maintenant, on préserve la nature et on préserve le capital humain
44:07pour gagner de l'argent et donc durer dans mon village, dans mon entreprise,
44:12enfin dans mon écosystème.
44:13C'est un changement de paradigme majeur, comme dirait madame Lavigne.
44:16Donc les outils, les normes, les règles, on n'en manque pas, on sait les faire.
44:19Le problème, c'est que si ça sauvait le monde, on le saurait.
44:20Le conseil simple aussi que j'ai pour les gens qui nous écoutent,
44:22c'est s'ils ont vraiment envie de bouger,
44:23s'ils sont sérieux sur la question de la viabilité de leur business à long terme,
44:27qu'ils aillent juste rencontrer d'autres personnes qui bougent.
44:29En fait, ce n'est pas difficile de trouver des gens qui bougent sur le régénératif.
44:33Vous avez Thomas, par exemple, qui a bougé sur la permaculture.
44:36En fait, le propre de tous les dirigeants qui bougent sérieusement sur ces sujets,
44:40c'est qu'ils sont hyper contents de partager.
44:41D'ailleurs, la plupart lancent des business de formation
44:44pour aller inspirer d'autres entreprises.
44:46Donc appuyez-vous sur des gens qui ont fait.
44:48C'est vraiment les meilleurs outils, entre guillemets, pour avancer.
44:52Comment AXA Climate assure une approche authentique et transparente
44:56face aux critiques de Greenwashing ?
44:59Alors nous, on avait tous les caractéristiques de la grande machine à laver d'AXA.
45:02Donc on vous parlait à quelqu'un qui a réussi à surmonter ça,
45:05probablement simplement en étant sincère sur les convictions.
45:08Nous, on est 200, on a un bon tiers de scientifiques.
45:11Ils savent pourquoi ils se battent.
45:12Les gens qui nous rejoignent, en fait,
45:14j'ai beaucoup d'activistes écologiques très durs.
45:17Et ils ont compris qu'une partie de la singularité de ce qu'on pouvait aller apporter,
45:21c'est de le faire au cœur du système.
45:22Et donc, voilà, on l'assume.
45:25Et tant qu'on garde, en tout cas, notre liberté de ton, notre liberté de parole,
45:28eh bien, on sera très content d'être chez AXA et d'aider AXA.
45:30Et donc, la boussole qu'on a tous, c'est de se dire à quel point on est autonome
45:33et libre dans notre capacité d'exprimer des messages et de construire des business.
45:36Pour l'instant, so far, so good.
45:38Elisabeth, quels sont les principaux obstacles auxquels sont confrontées les entreprises
45:42quand elles cherchent à adopter des pratiques régénératives ?
45:45Eh bien, le principal obstacle, c'est qu'on ne sait toujours pas ce que ça veut dire.
45:49On a tous des définitions, on en a parlé, on a une idée sur la question.
45:53Mais le principal obstacle, c'est qu'on ne sait pas ce que ça veut dire.
45:55Et moi, je pense qu'on peut viser zéro impact, mais c'est bien de ne pas partir de zéro.
46:01Et je rejoins ce qu'a dit Fabrice sur le fait qu'avant de dire non,
46:07mais alors il faut qu'on fasse un nouveau label, une nouvelle certification régénérative
46:12qui mettra trois ans à être à peu près définie et à mon avis,
46:17dix ans à être adoptée par quelques-uns et qui viendra s'empiler sur une pile déjà assez importante
46:24d'outils existants.
46:26Je pense que j'encourage vivement tous ceux qui s'intéressent au régénératif
46:30et qui se reconnaissent dans le concept finalement, à aller voir ce qui existe déjà
46:35dans les outils qui existent déjà, qui peut les aider à progresser demain matin,
46:38pas dans trois ans, plus six ans, plus etc.
46:42L'ACSRD, il y a plein de choses.
46:44Alors, tout le monde bâche le texte parce qu'évidemment que ça n'a pas échappé
46:50à une petite tentation bureaucratique.
46:52Il y a des documents, le moindre rapport fait 300 pages et il y a 1100 indicateurs,
46:57dont 140 sur le climat qui sont proposés.
47:00Donc, évidemment, tout ça arrive un peu comme une espèce d'avalanche et les gens se disent
47:03ah non, mais du coup, ce n'est pas stratégique, c'est juste de la conformité réglementaire.
47:07Mais là dedans, vous avez des interrogations sur la résilience du modèle économique,
47:11qui est quand même bien le sujet dont on parle.
47:13Vous avez l'impératif de vous aligner sur la science concernant le climat et la biodiversité
47:18avec un impératif de mettre les moyens qui correspondent.
47:21Si vous dites je veux être net zéro, je ne sais pas quand, on vous dit OK, c'est quoi ta trajectoire ?
47:24Quels sont les moyens que tu mets, etc.
47:27Vous avez la notion d'impact positif sur le cycle de l'eau quand même, par exemple.
47:32Donc, on a beaucoup de choses là dedans, beaucoup de choses sur la circularité, par exemple,
47:36des modèles économiques et des activités.
47:40Et on a le terme, non pas de régénération, mais de restauration des écosystèmes.
47:44Franchement, si tout le monde s'empare, les 55 000 entreprises qui sont concernées
47:48s'emparent de ce truc et au lieu d'essayer de le détricoter et de profiter des élections à venir
47:54pour demander à ce qu'on l'enlève, qu'on l'allège, qu'on le réduise,
47:58s'emparer de ce truc-là en essayant de dire OK, puisque je suis,
48:01c'est au fond sale, toujours l'esprit de la loi, puisque je suis obligé de me conformer à ce truc,
48:06je vais essayer d'y trouver des choses qui m'aident à avancer de manière positive et stratégique,
48:11pas juste pour cocher la case en la filant à la personne qui s'occupe des affaires publiques.
48:15Donc, ça, c'est un exemple d'outil.
48:17Et nous, on travaille pas mal sur le label Bicorps.
48:19Dans le label Bicorps, qui dit officiellement, le mouvement Bicorps dit
48:22on veut contribuer à une économie inclusive, équitable et régénérative.
48:27Il y a plein de choses là dedans, notamment tout le volet sur les business models à impact,
48:31dans lequel vous avez notamment un business model à impact sur la préservation des ressources,
48:36qui est extrêmement précis, qui donne des critères, des points, etc.
48:40sur les questions de circularité, de préservation des ressources.
48:43Austrocel, que j'évoquais tout à l'heure, l'entreprise de pâte à papier
48:47qui fait beaucoup d'écologie industrielle est certifiée Bicorps, cartonne sur cet impact business model-là.
48:52Bon, il y a plein, et l'avantage de Bicorps, c'est qu'il y a 8500 exemples en plus à explorer dans le monde,
48:58plus les business models en question qui peuvent, c'est un guide,
49:01mais ça vous aide à progresser dès demain matin sur le régénératif.
49:07Donc, avant de dire, ah non, mais tout, de faire table rase du passé.
49:11Vous savez, Delphine Erwiler, elle dit toujours, quel que soit le sujet,
49:14si vous voulez du changement, même radical, il faut se hisser sur les épaules de ceux qui vous ont précédés,
49:18plutôt que de faire une politique de la table rase.
49:20Et je pense que c'est très, très vrai sur nos sujets.
49:23Et ce sera le mot de la fin.
49:25On clôture ce débat et c'est l'heure de notre dernière séquence, le Good to Know.
49:29Et on termine cette émission avec le Good to Know.
49:31Et Thomas, tu nous parles, Perm'Entreprise.
49:34Et oui, puisque dans ce Good to Know, on souhaite proposer des outils qui soient activables.
49:38Elisabeth disait dès demain, pas dans 3, 5, 6 ans.
49:40Eh bien, la Perm'Entreprise peut le permettre.
49:42Pourquoi? Parce que parmi les exemples à suivre, les modèles qui peuvent être mis en place,
49:46la Perm'Entreprise a sans doute une singularité,
49:48c'est qu'il existe un livre avec une méthodologie de mise en œuvre
49:51qui peut donc être appliquée très rapidement par toutes celles et ceux qui auraient envie de se saisir.
49:55Puisque la Perm'Entreprise, c'est donc un modèle de développement de l'organisation
49:58qui a été imaginé par une entreprise de services numériques de 750 salariés.
50:02Donc, il y avait déjà une certaine dimension, 30 ans d'existence
50:05et qui a voulu se réinventer en intégrant la dimension régénérative
50:08dans la conduite de son activité.
50:10Alors, aussi bien en lien avec son modèle économique, ce modèle d'affaires qu'on a cité,
50:13mais aussi par rapport aux ressources humaines, puisque c'était une société de service.
50:16Donc, elle était peut-être moins adaptée à la situation de l'actualité de l'entreprise.
50:20Et donc, il y a un modèle de développement de l'organisation qui a été imaginé par une entreprise
50:24qui était peut-être moins ancrée sur les ressources naturelles qu'humaines.
50:27Et ça vient bien compléter des débats et des discussions qu'on a pu avoir précédemment.
50:31Ce modèle, il s'appuie notamment sur trois principes éthiques indissociables du modèle Permacol
50:35qui ont été transposés au monde de l'entreprise.
50:38C'est prendre soin des humains, préserver la planète.
50:40Je pense qu'on en a pas mal aujourd'hui.
50:41Et le troisième dit se fixer des limites et partager les richesses.
50:44Donc, on vient bien traiter conjointement la question des limites planétaires
50:47et aussi la justice sociale qui est au cœur des débats et des discussions
50:51autour notamment du dérèglement climatique.
50:53Donc, le modèle, il vient outiller, aider des entreprises, dirigeantes et dirigeants,
50:57mais aussi, de façon plus surprenante, depuis trois ans que le livre est sorti,
51:00des associations ou des fondations qui, elles, ont peut-être moins de questions à se poser
51:03sur l'utilité de leur activité que sur la viabilité économique de leurs activités
51:08en des temps où, malheureusement, les finances publiques
51:11et les dons d'organisations privées s'amenuisent.
51:14Donc, elles ont besoin elles-mêmes de créer des modèles économiques
51:16pour faire advenir leur activité ou pouvoir les développer.
51:19Donc, voilà, le modèle, il a été mis en place depuis plus de trois ans
51:22dans plusieurs centaines d'entreprises désormais qui se sont saisies notamment
51:26à travers ce livre d'une méthodologie pour intégrer la dimension régénérative
51:30dans leurs réflexions.
51:31Et tu voulais donner une question ?
51:33Oui, puisque évidemment, le champ des solutions est heureusement déjà très large.
51:36D'autres acteurs, le Collège des Directeurs du Développement Durable en fait partie,
51:40proposent des outils, des solutions qui sont faciles d'accès, parfois gratuites.
51:44Par exemple, le MOOC du C3D. Fabrice, peut-être qu'on peut en avoir un petit mot ?
51:47Oui. Donc, il y a trois ans, le C3D a décidé pour ses membres,
51:52mais aussi bien au-delà de ses membres parce que c'est en open source,
51:54de proposer des contenus pédagogiques pour faire monter en compétence
51:58tous les acteurs qui prétendent aider à la transition.
52:02On pourrait parler d'hybrotransition, mais ce n'est pas l'objet aujourd'hui.
52:04Et donc, on a décidé avec un certain nombre d'acteurs
52:08de concevoir des outils ludiques, ludopédagogiques
52:11pour qu'on ait envie d'y aller avec un motion design.
52:13Donc, le MOOC du C3D a un très, très gros succès.
52:15Il y a plus de 250 000 personnes qui ont été jusqu'au certificat
52:17sur les quatre premiers modules et on a décidé cette année de faire un module
52:21pour guider les entreprises qui auraient envie d'aller vers le modèle régénératif,
52:25non pas en faisant table rase sur ce qui s'est passé avant du tout,
52:28en s'appuyant sur ce qui existe et puis en comment on peut enrichir le modèle.
52:32Donc, un but sans méthode, c'est un non-sens.
52:36Donc, on a besoin d'avoir une méthode parce que les entreprises
52:39sont des organisations rationnelles où il y a une planification qui s'opère.
52:43On identifie qui fait quoi, qui sait quoi pour arriver à un résultat
52:47et le résultat, il doit être quantifié, mesurable.
52:50Et donc, dans ce MOOC qui sortira le 6 juin prochain,
52:54qui sera disponible sur la plateforme du C3D le 6 juin prochain,
52:57où Thomas, d'ailleurs, nous a gentiment accordé un petit peu de temps pour intervenir.
53:04On a tous les spécialistes de ce modèle-là qui vont intervenir
53:09et on verra bien si ça a autant de succès que les quatre premiers modules,
53:12mais on est confiants là-dessus.
53:14Et l'objectif pour nous, c'est déjà d'aider nos 350 membres
53:18à se poser des questions, de se dire, mais ce truc-là,
53:20est-ce que ça peut m'aider pour mettre en place ma CSRD ?
53:22Est-ce que ça peut m'aider pour me réinventer ?
53:24Est-ce que ça peut m'aider pour tenir les trajectoires
53:26sur lesquelles je me suis engagé vis-à-vis des parties prenantes ?
53:28Donc, ce n'est pas une recette magique.
53:30Mais par contre, les entreprises sont en quête aujourd'hui
53:34de comment faire autrement, ce qu'elles ont toujours fait.
53:37Et c'est une proposition comme une autre.
53:40Donc, on ne prétend pas avoir vu la Vierge,
53:42mais on prétend quand même leur donner les outils fondamentaux de la transformation.
53:48Et c'est la fin de cette émission.
53:50Merci à tous les trois.
53:52Fabrice Bonifait, directeur du développement durable du groupe Bouygues
53:55et président du C3-2, Antoine Denoy, PDG d'AXA Climate
53:59et Élisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopie.
54:03Merci à tous les trois.
54:04Merci à toi, Thomas, Thomas Brezard.
54:07Quant à moi, je vous retrouve le mois prochain pour une troisième édition.