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00:00Eh bien merci d'être avec nous pour la suite de Culture Média, nos deux indispensables du jour de son rangement.
00:05Bonjour Héloïse.
00:06Salut Jean-Pierre, ravi de vous retrouver cette année.
00:09Bonjour Olivier Pouls, vous venez tous les jours.
00:11Bonjour, je m'avais demandé de vous apporter l'apéro, je me suis exécuté, ce sera pour tout à l'heure.
00:16Au programme Héloïse.
00:18Eh bien je vous parle de ma nouvelle obsession du moment, la nouvelle saison de Black Mirror.
00:22Attention, il faut avoir le cœur bien accroché.
00:24D'accord. Alors faites-nous saliver juste une seconde.
00:27Je vais vous parler d'une recette que vous connaissez vous, le Marseillais bien sûr,
00:31mais dans sa version originale, pas forcément.
00:34Voilà, j'en dis pas beaucoup plus.
00:35D'accord. Aujourd'hui, je reçois le plus tunisien des humoristes français.
00:39Tu vois de qui je vais parler ?
00:41Vous le plus français des humoristes tunisiens.
00:42Exactement. Acteur que tout le monde aime et qui nous a fait rire,
00:46et qui nous fait rire depuis plus de 40 ans.
00:48Oui, arrêtez.
00:49C'est Michel Boujna.
00:50C'est gentil.
00:51Bonjour M. Boujna.
00:52Bonjour M. Foucault.
00:53Merci d'être avec nous ce matin.
00:55C'était un plaisir M. Foucault.
00:55Partagé. C'est évidemment l'acteur et l'humoriste
00:58que l'on retrouvera au Feu libergère le 12 mai à 20h,
01:01pour la toute dernière représentation des Adieux des Magnifiques,
01:04mais c'est aussi le directeur artistique qui s'occupera
01:06pour la 18e année consécutive du Festival de Ramatuel,
01:09qui se tiendra du 29 juillet au 12 août prochain
01:12à Saint-Tropez et à Ramatuel, soyons précis.
01:15Avant d'en parler, mon cher Michel, d'abord je vous remercie d'être venu,
01:18on va essayer de dresser votre portrait sonore.
01:20Vous voulez bien ?
01:21Faites ce que vous voulez, c'est votre émission après tout.
01:23Ah bah tiens, j'irai pas le choix.
01:27En effet, vous avez pas le choix.
01:29Premier extrait.
01:30Allez, venez, Milor, vous asseoir à ma table.
01:35Il fait si pour moi dehors.
01:38Ici, c'est confortable.
01:39C'est une chanson, incontestablement, qui rappelle votre enfance.
01:43C'est ma mère.
01:43Oui.
01:45C'est ma mère, je me souviens très bien.
01:49Je devais avoir quoi, 6 ans, 7 ans ?
01:51Elle mettait tout le temps...
01:53Elle mettait l'Ave Maria de Schubert,
01:57parce qu'elle chantait ma mère.
01:58Quand elle était petite, le curé allait la chercher pour qu'elle chante à l'église.
02:05Elle était pas catholique, mais elle avait une voix incroyable.
02:11Et elle écoutait Piaf.
02:13Pas que Piaf, mais Piaf beaucoup.
02:14Piaf beaucoup.
02:15Oui, beaucoup.
02:16Dès que j'entends Piaf, je vois le visage de ma mère.
02:19Non, vous inquiétez.
02:19Elle est partie il y a 99 ans et 9 mois.
02:21Ah oui ?
02:22Elle était très...
02:24Elle a dit...
02:24Deux jours avant de partir, elle est partie très calme, tranquille.
02:28Elle a dit un truc génial.
02:30Elle a dit, je suis très coquette, je reste coquette.
02:33Je meurs avant 100 ans.
02:34Ah, c'est beau !
02:35Donc, je meurs, je...
02:37Vous avez quitté la Tunisie, vous aviez 11 ans, c'est ça ?
02:41Est-ce qu'elle vous manque, la Tunisie ?
02:42Bien sûr, tout le temps.
02:45Tout le temps, mais...
02:47Tout le temps.
02:49J'aime profondément...
02:52C'est mon enfance.
02:53C'est comme si vous, on vous enlève carrière le rouet.
02:56Exactement.
02:56Que vous deviendriez fou.
02:58Bon, vous l'êtes déjà, mais ça...
02:59Mais moi, la Tunisie, c'est la fleur d'oranger et le jasmin.
03:04C'est-à-dire, c'est deux odeurs fortes.
03:06Et à Saint-Paul-de-Vin, j'ai du jasmin qu'on m'a ramené de Tunisie il y a très longtemps maintenant,
03:11et que j'ai planté.
03:12Et là, dans pas longtemps, vous sortez le soir sur la terrasse, mais même dans la maison.
03:17Oui, ça sent.
03:18Oui, parce que maintenant, il est très grand le jasmin, et c'est Tunis, quoi.
03:23Mais vous y retournez en Tunisie ?
03:24Comment ?
03:25Vous y retournez en Tunisie ?
03:26Oui, bien sûr, j'y retourne dès que je peux.
03:30Donc, j'imagine qu'en arrivant à la cité de la Croix, à Arcueil, à Bagneux, ça ne devait pas être très rigolo, non ?
03:37Non, non, non, non, non, non, non, ben non, je passais de Tunis où j'avais...
03:42Vous savez, quand on a 11 ans, on commence à avoir des repères, on commence à être un peu autonome, on commence...
03:46Et c'est pas comme quand on a 15 ans.
03:48À la limite, on a 15-16 ans, on quitte la Tunisie, on va à Paris.
03:52Vous vous rendez compte ? Paris.
03:53La grande ville.
03:54Ça fait rêver, bien sûr.
03:55La France, les cinémas, la fête, tout ça.
03:59Mais à 11 ans, pas du tout.
04:00Moi, j'étais pas du tout d'accord.
04:01Vous savez ce que j'ai fait quand je suis parti de Tunis ?
04:03Le jour de mon départ, je me suis levé très tôt, j'avais un lance-pierre, qu'on fabriquait nous-mêmes.
04:09Et j'avais détruit, j'avais cassé tous les carreaux de la rue où j'étais.
04:14Et après, j'ai été me cacher dans la voiture, pour pas qu'on sache que c'est moi.
04:19Et il fallait pas que... Je voulais pas partir, je voulais tout détruire avant mon départ, pour comme ça, il n'y a plus rien.
04:25Et c'est comme ça, c'est tout.
04:28Écoutez, franchement, avec tout ce qui se passe aujourd'hui dans le monde, ce qui m'est arrivé n'est pas très grave.
04:34Il y a beaucoup plus de blessures, beaucoup plus de souffrances qui font mal.
04:39Moi, je m'en suis très très bien sorti, je suis arrivé dans un pays quand même incroyable.
04:42J'adore la France, j'adore ce pays, j'adore sa culture.
04:47J'ai eu beaucoup de chance ici.
04:48Et en plus, j'adore ce pays parce que je le connais bien, parce que ça fait des années que je suis sur les routes à jouer dans tous les théâtres de France et de Navarre.
04:57Et il y a tout dans ce pays.
04:59La montagne, la campagne.
05:02Moi, je connaissais pas la campagne la première fois.
05:04J'avais pratiquement jamais vu une vache.
05:07À la Goulette, il y a très peu de vaches.
05:08Ben oui, il n'y a pas.
05:09C'était fascinant.
05:10J'étais fasciné à la campagne.
05:14J'ai trouvé ça, mais j'ai adoré ça.
05:17Moi, la Bourgogne, la première campagne que j'ai vue de ma vie, c'est la Bourgogne.
05:20Et c'est extraordinaire.
05:22La Bourgogne, toute ma vie, est revenue dans ma vie.
05:26Tout le temps, même si je ne fais pas exprès, la Bourgogne arrive dans ma vie.
05:29C'est très étrange.
05:30Et le Bourgogne ?
05:31Le Bourgogne aussi.
05:34Le Chablis, je suis socle dans le Chablis.
05:39Non, fût.
05:40Socle, il faut être vigneron.
05:42C'est juste avant.
05:42Je suis fût, je suis très ami avec les vignerons du Chablis.
05:46Et je ne bois pratiquement pas de vin.
05:48D'accord, on peut continuer votre portrait, si vous voulez bien.
05:49Oui, bien sûr.
05:50Mais on peut aussi continuer à parler de vin.
05:54Deuxième extrait, écoutez.
05:55Dis bien donc, cher Gussman, que donnez-le-vie à ta maîtresse.
06:00Surprise de notre départ.
06:01C'est mis en campagne après nous.
06:05Et son cœur, que mon maître a s'y touché trop fortement,
06:11n'a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici.
06:14Tu te rappelles que le tabac est dangereux pour la santé.
06:16Après le bac, vous souhaitez devenir acteur d'avant-garde.
06:19Et cette tirade, vous la présentez pour entrer à l'école supérieure d'art dramatique.
06:22C'est à Strasbourg.
06:24Et votre accent un peu tunisien vous joue quelque chose.
06:26Ça se passe, Clément.
06:27Dites-moi.
06:28On me dit, soyez metteur en scène et pas acteur.
06:30Et j'ai beaucoup souffert de ça.
06:32Aujourd'hui, c'est marrant ça.
06:33Les choses ont beaucoup changé.
06:35Aujourd'hui, un acteur qui a un accent, il n'est pas du tout ostracisé.
06:40Non, c'est une carte d'identité.
06:41Oui, exactement.
06:42Mais c'est très bien.
06:44Vous savez, un des plus beaux poèmes, un des plus beaux textes, un texte que j'adore,
06:49c'est un texte qu'on trouve sur internet, c'est Fernandel qui le dit, mon accent c'est un peu de terre à mes chaussures.
06:57C'est magnifique.
06:58C'est un poète grec qui a écrit ce poème qui est absolument magnifique.
07:00C'est vraiment sublime.
07:03Oui, évidemment que j'en ai beaucoup souffert jusqu'au jour où je me suis rendu compte que ma faiblesse, c'était une force.
07:12Et j'en ai fait mon étendard.
07:14Vous savez, quand je disais, voici la météo pour la côte, on me disait, on ne peut pas dire côte, on ne peut pas dire côte non plus.
07:21Non mais c'est tellement beau les accents.
07:24C'est tellement important.
07:25Et c'est fou, vous savez que Molière et Sganarelle ont joué un rôle dans ma vie de dingue parce que je passe Strasbourg avec ce texte.
07:35Bon, je suis engagé dans la première partie, après la deuxième partie je suis viré, mais des années plus tard,
07:41Gérard de Sarthe, qui est un immense acteur, vient me voir au théâtre et il me dit, on va monter Don Juan, on voudrait que tu joues Sganarelle.
07:47Donc deuxième fois dans ma vie que Sganarelle arrive.
07:50Et c'est comme, à ce moment-là, je le vis un peu comme une revanche, évidemment.
07:54Je joue au théâtre national de Chaillot, Don Juan avec Gérard de Sarthe, c'est quand même classe.
08:01Mais je n'aime pas trop le spectacle.
08:02Des années plus tard, Jacques Weber vient me chercher, il me dit, je vais faire un film tiré de Don Juan de Molière et je voudrais que tu joues Sganarelle.
08:12C'est fou.
08:13Et encore plus tard, donc il n'y a pas si longtemps que ça maintenant, Daniel Benoît, qui dirige le théâtre d'Antibes, est venu me chercher pour jouer la VAR.
08:24Et là, il y a eu une rencontre entre le rôle et moi dans ma vie qui m'a marqué, qui me marquera toujours.
08:31C'est comme ça le dessin.
08:32C'est comme ça, Michel Boujna et l'invité de Culture Média ce matin sur Europe 1.
08:36A tout de suite.

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