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00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:02L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro.
00:05Bonjour Alexis Brazé.
00:06Bonjour Jacques, bonjour à tous.
00:08C'est Patrick Mignola, le ministre des Relations avec le Parlement,
00:11qui l'a annoncé au JDD dimanche dernier.
00:14François Bayrou doit engager en début de semaine prochaine
00:16une consultation sur la proportionnelle avec les partis.
00:20Mais est-ce que vous pensez Alexis que cette réforme du mode de scrutin législatif
00:24a la moindre chance d'aboutir ?
00:26Alors vous avez raison de vous poser la question Jacques.
00:29La proportionnelle, c'est un peu l'arlésienne des réformes institutionnelles.
00:33On en parle toujours, on ne la fait jamais.
00:36Depuis les débuts de la Ve République, ce mode de scrutin,
00:40voulu à l'époque par François Mitterrand, n'a été appliqué qu'une fois
00:43aux législatives de 1986 et c'est la droite qui a gagné.
00:46Depuis, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron
00:50ont tous promis de l'instaurer sans jamais l'impliquer.
00:54Mais cette fois, on se dit que peut-être, peut-être,
00:57elle pourrait bien être adoptée.
00:59Alors, pas seulement parce que c'est depuis des décennies
01:02le cheval de bataille du centriste François Bayrou.
01:04Il a toujours été pour.
01:05Sur ce point, on ne peut pas lui reprocher d'avoir changé d'avis.
01:08Mais d'abord, parce que techniquement, son adoption est possible.
01:12Et ça n'est pas si fréquent.
01:13La proportionnelle ne nécessite pas une réforme constitutionnelle.
01:16Il suffit d'une majorité simple à l'Assemblée.
01:18Ajoutons que dans les sondages, les Français sont pour.
01:22Et que la quasi-totalité des partis politiques, de LFURN, y sont acquis.
01:27Il n'y a que les LR et Horizon pour défendre le bon vieux scrutin majoritaire.
01:31Tout cela fait déjà quelques raisons.
01:33Mais le motif principal, qui ne peut évidemment pas être dit,
01:37c'est que François Bayrou, placé sous la double menace du PS et du RN,
01:43voit dans cette réforme un moyen de leur accorder satisfaction
01:47et de gagner un précieux répit.
01:49La proportionnelle, pense-t-il, c'est son assurance vie.
01:53Mais au fond Alexis, la proportionnelle, qu'est-ce que ça change pour les socialistes ?
01:56Alors, beaucoup de choses, Jacques.
01:58Elle déconnecte de fait le PS de LFI.
02:02Le scrutin de liste à un tour, c'est la garantie pour les dirigeants socialistes,
02:07Olivier Faure, François Hollande, bien d'autres,
02:09de pouvoir être élu député sans devoir passer un accord électoral avec les mélenchonistes.
02:16Et à partir de ce moment, les socialistes peuvent soutenir le gouvernement,
02:19voire, si la ligne Faure n'est pas reconduite au prochain Congrès,
02:22entrer dans une coalition.
02:24Et, en cas de dissolution toujours possible,
02:27aller à la bataille sans passer sous les fourches codines de Jean-Luc Mélenchon.
02:32Pour eux, c'est une délivrance,
02:34et pour le gouvernement, une garantie relative de tranquillité.
02:37Et le Rassemblement National, il gagnerait quoi, lui ?
02:40Alors là, c'est plus discutable.
02:41Sur le papier, on pourrait se dire que le RN a désormais atteint un niveau tel
02:45qu'il a plutôt intérêt au scrutin majoritaire.
02:48Normalement, autour de 35% des voix au premier tour,
02:51on remporte le second et on a la majorité à l'Assemblée.
02:54Sauf, et on l'a vu cet été,
02:55quand un front républicain vient fausser la mécanique habituelle.
02:59À la proportionnelle, qui se joue en un seul tour,
03:03la question du fonds républicain ne se pose plus.
03:05Pour le RN, c'est un gros souci de moins.
03:08Alors, évidemment, le mécanisme amplificateur serait moins fort,
03:11mais il n'est pas nul pour autant.
03:13En 1986, la droite RPR-UDF avait fait 42% des voix à la proportionnelle
03:18et elle a obtenu 50% des sièges à l'Assemblée.
03:22Le RN ferait moins d'élus dans les départements où il rafle 100% des députés,
03:27mais il pourrait prendre pied dans les départements où il n'en a aucun aujourd'hui.
03:30C'est pour cela que Marine Le Pen et Jordan Bardella continuent de la réclamer.
03:35Ce qui est sûr, une fois qu'on a dit tout ça,
03:37c'est que toute cette tambouille n'est pas très reluisante.
03:41Elle risque fort, si la loi est votée,
03:44d'installer au cœur de nos institutions
03:46ce virus de la fragmentation politique et donc de l'instabilité
03:50dont nous subissons déjà les atteintes avant toute réforme du mode de scrutin.
03:54A l'heure de la guerre commerciale, de la crise internationale,
03:58de la faillite budgétaire, du chaos migratoire et sécuritaire,
04:02ça n'est pas cette subite passion pour la proportionnelle
04:05qui va réconcilier les Français avec la politique.
04:08L'édito politique signé Alexis Brézé sur Europe 1
04:11et à la une du Figaro ce matin,
04:13la Crimée au cœur du bras de fer Trump Zelensky.

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