Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h, 21h, Stéphanie Demuru.
00:04Europe 1 Soir, deuxième partie, et j'accueille mes débatteurs de la deuxième heure,
00:08Alexandre Malafaille, fondateur du Fintank, qui n'a pas indiqué le nom, voilà, merci beaucoup Alexandre.
00:14Merci Stéphanie Demuru.
00:15Voilà, Raphaël Stainville, directeur adjoint des rédactions du JDD, ça je le sais, bonsoir Raphaël.
00:21Et nous sommes aussi avec Jean-Christophe Couvi, secrétaire national Unité Police.
00:27Bonsoir Jean-Christophe Couvi, alors on ne devait pas vous recevoir ce soir,
00:32et c'est un plaisir de vous voir, mais pas vraiment une gaieté de cœur,
00:35puisque c'est un effroi, c'est le drame à Nantes, avec cette adolescente tuée par un adolescent de 15 ans,
00:43un camarade qui était au sein de cet établissement catholique de Nantes,
00:47deux adolescents sont également blessés, une attaque au couteau, votre première réaction ce soir ?
00:54Ma première réaction, on voit aux parents déjà, des enfants qui ont été touchés par cet acte,
00:58parce que, en fait, les citadelles aujourd'hui, elles tombent une par une, j'allais dire, la sacralité tombe.
01:05Vous envoyez vos enfants à l'école, et en fait le soir vous ne les revoyez pas.
01:09Et je crois qu'il n'y a rien de pire, parce que vous faites une confiance totale justement au système social, j'allais dire,
01:15où on va dans une école pour enseigner, enfin pour recevoir un enseignement,
01:20et en fait le soir on vous appelle pour vous dire non, mais votre enfant ne reviendra pas.
01:24Et ça, oui c'est effroyable, et je pense que ça choque toute la population française,
01:28et ce qui est particulier, c'est qu'aujourd'hui on voit justement qu'on a une partie de cette jeunesse,
01:35on n'arrête pas de le dire, mais on le répète, qui est désinhibée devant la violence.
01:39Voilà, ils n'ont pas d'empathie, ils sont capables du pire,
01:42et en fait j'ai entendu tout à l'heure un ministre qui disait qu'il fallait refonder, refaire une société,
01:47et j'allais dire une société surtout qui cesse de fabriquer des troubles psychiatriques.
01:51Voilà, aujourd'hui moi quand on parle d'éco-anxiété, je vois des enfants qui sont atteints d'éco-anxiété
01:56parce qu'ils ont peur que la planète meure, etc., c'est qu'on leur met bien ça dans la tête.
02:00Et quand il y a des gamins de 15 ans qui ont écrit des manifestes comme on a pu le voir,
02:04c'est que quelque part il y a une structure autour de lui,
02:06un environnement qui fait que son cerveau, justement, reçoit ces informations,
02:13il faut savoir d'où ça vient.
02:14L'enquête va le dire, avec les perquisitions, on va aller voir effectivement le téléphone portable,
02:17les ordinateurs et tout, on va savoir comment il s'est structuré, comment il en est arrivé là,
02:23et effectivement je pense qu'il souffre de troubles psychiatriques,
02:26et la santé mentale, notamment de notre jeunesse aujourd'hui, est un problème prégnant,
02:31et que les politiques devraient embrasser très rapidement,
02:33et arrêter de nous faire du blabla, et vraiment aujourd'hui s'attaquer à ça.
02:37Raphaël Saint-Ville, vous vouliez intervenir quand Jean-Christophe parlait tout à l'heure ?
02:41Oui, parce que, oui, j'étais intéressé par ce que vous disiez, Jean-Christophe,
02:44parce qu'on a entendu le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaillot, parler d'ensauvagement,
02:49mais peut-être, et je pense que c'est probablement ce qu'il faudrait analyser de manière plus en profondeur,
02:55derrière cet acte fou de ce jeune homme, il y a une prose qui traduit un endoctrinement.
03:05On peut parler de la folie de ce jeune homme, mais le fait est qu'il est extrêmement construit,
03:09quand on lit la prose qu'il a pu envoyer à tous ses élèves, on voit qu'il est nourri d'un imaginaire...
03:16Vous l'avez lu, Raphaël ?
03:17Oui, oui, pas dans son entièreté, mais dans les grandes lignes, avec des passages qui sont assez glaçants, d'ailleurs.
03:25Mais c'est extrêmement structuré, et ça fait référence à un certain nombre de pensées très radicales,
03:32notamment qui sont portées avec finalement des agents propagateurs,
03:36qui sont à la fois un certain nombre de politiques, d'influenceurs, et même de médias,
03:41qui nourrissent cette écho-anxiété.
03:43C'est peut-être là, plus que dans l'ensauvagement de la société,
03:46qu'il faut creuser pour comprendre ce drame qui nous saisit d'effroi.
03:52Je vous propose, justement, dans la lignée de ce que vous nous dites, Raphaël Stainville,
03:56d'écouter Bruno Retailleau, qui déplore un fait de société,
04:00et dénonce donc une société qui a encouragé, selon lui, le laxisme.
04:03Je pense qu'au-delà des mesures qu'on peut prendre, qu'on doit prendre, qu'on a déjà pris,
04:09il y a une question beaucoup plus profonde, qui concerne toute la société.
04:12Je pense que ce n'est pas un fait divers, ce drame, cette tragédie.
04:15C'est un fait de société.
04:17Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme,
04:20qui a voulu déconstruire les interdits, l'autorité, l'ordre, les hiérarchies,
04:27et qui a accouché, finalement, de toute cette violence.
04:31Alors, Jean-Christophe Couville, on peut adhérer au propos de Bruno Retailleau.
04:34Maintenant, c'est vrai qu'il y a toujours une prudence et une pudeur à avoir après un tel drame.
04:39On pense évidemment aux victimes, et pour l'instant, inutile de rappeler qu'on ignore ce qui a conduit cet adolescent à faire ce geste.
04:47Mais il y a de ça. C'est vrai que je vous ai souvent entendu parler de ces mineurs.
04:52Vous disiez d'ailleurs 20% des mineurs et 35% des crimes.
04:5620% des mineurs, c'est 20% des mineurs, je veux dire, dans la population française, ça représente 20% les mineurs.
05:05Et en fait, ils commettent, dans les actes délictuels, ils commettent 35% de ces actes.
05:10Donc, en fait, ils sont surreprésentés.
05:12Et c'est ça, aujourd'hui, qu'il doit interpeller.
05:13C'est un fait de société, effectivement.
05:14Ben oui, c'est un fait de société.
05:15Alors, il faut s'y attacher, s'y attaquer, surtout.
05:19Et après, savoir qu'aujourd'hui, on a une société qui a besoin de repères et de codes.
05:22Et en fait, ces gamins, dont on le voit dans la rue, ils ont besoin, à un moment donné, de se confronter à la réalité.
05:26Ils vivent dans un monde virtuel, souvent.
05:29Mais justement, c'est la réalité qui doit les ramener aux bases.
05:32Et en fait, on a raté les bases de certaines personnes, effectivement, de certaines éducations.
05:37Voilà. Les bases, c'est quoi ? C'est l'encadrement, c'est avoir un objectif, etc.
05:40Quand on voit, par exemple, notamment dans le narcotrafic, que les gamins, aujourd'hui, qui plongent dedans,
05:44eux, ont accepté l'idée qu'ils ne passeront pas la trentaine.
05:47Et donc, ils veulent vivre à fond, tout cramer.
05:49Et ils sont prêts à tout pour gagner de l'argent, y compris vendre de la drogue et tuer, j'allais dire, leurs opposants, entre guillemets, leurs concurrents.
05:58Mais on se dit qu'effectivement, on a franchi encore un seuil.
06:00Et là, moi, je vois cette violence désinhibée dans cette jeunesse.
06:04Et aujourd'hui, ça vient une violence, ça vient toujours d'un vide intérieur.
06:07Et donc, c'est ce vide-là qu'il faut remplir.
06:09Mais la faute à qui, Alexandre Malafaille ?
06:12Parce que c'est vrai qu'on est tous d'accord sur ce constat, sur ce diagnostic.
06:17Alors, on peut encore parler des réseaux sociaux, mais enfin, c'est vrai que c'est un fléau.
06:23Vous avez vu, effectivement, cette série dont on parlait, Netflix, Adolescence, Alexandre Malafaille, ça fait malheureusement écho.
06:29En fait, on a curieusement le sentiment que les pouvoirs publics, depuis une quarantaine d'années, prennent des décisions, une trentaine d'années, sans tenir compte des réalités et surtout de l'évolution du monde.
06:41Je vais remonter sur un sujet très précis qui est la fin de la conscription du service militaire, qui en soi pouvait être très bien compris pour plein de raisons techniques,
06:47mais qui s'est fait à un moment donné où on n'a pas vu l'émergence de ce qui allait devenir la toile Internet.
06:53On n'a pas vu anticiper ce qu'allait provoquer, effectivement, l'évolution avec les technologies modernes, téléphoniques, etc.
06:59Et donc, en fait, il y a une déstructuration qui s'est opérée à la fois dans l'intention de laisser plus de liberté, de dire finalement l'autorité c'est bien, mais pas trop non plus.
07:07On revient un peu à Rousseau, finalement, au côté bon sauvage, après tout, laissons grandir, puis on verra après.
07:11Tout ça dans un monde qui s'est accéléré sur un plan technologique et il y a cet impact incroyable des réseaux sociaux.
07:17On le voit très bien dans la série adolescence.
07:18Et donc, la question qu'on peut se poser, c'est est-ce que derrière tout ça, il n'y a pas un phénomène d'accélération ?
07:22Parce qu'il y a un problème de modèle de société, c'est sûr, on ne dit plus assez les choses, on ne transmet plus assez l'autorité,
07:27les valeurs ne sont pas suffisamment présentes et le prof n'a plus le jour où un prof a mis une gifle à un élève,
07:34rappelez-vous, c'est une vingtaine d'années, et il a fait le 20h de TF1, et de tous les autres médias d'ailleurs.
07:38Alors on a dit, bon, l'autorité ne peut plus s'exercer en classe. Donc tout ça est très profond.
07:42Maintenant la question, c'est, est-ce que ça s'accélère ? Est-ce que vous, de votre point de vue policier, d'homme de terrain,
07:48avec tout ce que vous voyez aujourd'hui, est-ce que vous diriez qu'il y a une accélération de cet ressauvegement,
07:52ou est-ce que c'est une tendance qui est là et qui continue ?
07:55Il y a toujours une délinquance juvénile, mais là on sent vraiment qu'il y a une accélération, et surtout c'est dans les actes.
08:00C'est-à-dire qu'à une époque, il y avait des bagarres, mais on n'allait pas pour tuer son adversaire.
08:03Dans la bagarre, on ne lui sautait pas dessus à pieds joints pour le tuer, enfin je veux dire, on ne le finissait pas au sol, entre guillemets.
08:09Aujourd'hui on voit des gamins qui s'acharnent, à plusieurs d'ailleurs, souvent sur une victime, qui n'ont peur de rien.
08:14Mais l'influence des réseaux sociaux, de ce qu'on voit sur les jeux idéaux, de ce qu'on voit.
08:16Je pense qu'il y a un mix de tout.
08:17Il n'y a plus de notion de bien ou de mal.
08:19Oui, voilà, la notion, c'est très manichaire, mais bien ou mal, voilà, on ne sait pas trop.
08:22Est-ce que, moi je dis souvent que le premier policier de proximité, c'est les parents.
08:27C'est-à-dire, c'est quand même aux parents déjà de faire la justice et la police au sein du foyer.
08:32Souvent, les gamins, et on les voit, les gamins qui ont des problèmes, c'est qu'il y a déjà le premier environnement qui est lâche.
08:37Et qui ne fait pas son travail d'encadrement, d'expliquer les choses, etc.
08:42Après, on prend aussi nos enfants, souvent, trop pour des jeunes adultes.
08:46Il faut aussi leur, je dis toujours, mais leur fiche la paix aux enfants.
08:49Ils ont besoin d'avoir leur monde imaginaire.
08:51Et tout de suite, on veut les plonger dans la réalité, dans la mondialisation, dans plein de choses, des problèmes, etc.
08:55Quand je vous dis, encore une fois, j'ai des gamins qui sont atteints d'éco-anxiété.
09:00C'est les psys qui le disent.
09:01Moi, ça me rend fou.
09:02Mais en même temps, c'est une nouvelle pathologie.
09:05Et en fait, on ne met pas les moyens, justement, pour...
09:08Donc la réponse, c'est le droit de votre assaison.
09:10Mais cette éco-anxiété, Jean-Christophe, elle est nourrie par un discours qui est permanent dans les médias, porté par des politiques.
09:18C'est vrai qu'on vit dans une époque qui est singulièrement désespérée.
09:23Moi, ce qui me frappe, c'est que, finalement, l'écologie, qui est une valeur qui est belle en soi, qui est noble,
09:31et tout le monde devrait pouvoir admettre qu'il faut pouvoir respecter notre environnement.
09:35En fait, l'écologie, aujourd'hui, est devenue un nihilisme parce que le problème, l'homme, est devenu le problème même de la nature.
09:41En tout cas, c'est comme ça que les écologistes, aujourd'hui, présentent leur combat.
09:47Mais pourquoi Raphaël Sabine, il en parle énormément, là ? Parce que moi, je n'ai pas eu le temps, j'étais là, de lire cette lettre.
09:52Oui, bien sûr, bien sûr.
09:53Il en fait une sorte d'argument de ce sujet ?
09:56Oui, bien sûr, c'est très argumenté.
09:57Mais il faut comprendre un petit peu les ressorts qui conduisent à cette réflexion.
10:01Et cette réflexion, elle vient, elle est finalement presque omniprésente, j'irais, dans un certain nombre de discours politiques,
10:09porté notamment par l'écologie radicale, ce qui est bien, on comprend mieux, lorsque Gérald Darmanin, il y a quelques mois, quelques années, je ne sais plus exactement,
10:17parlait d'éco-terrorisme, parce qu'on en est là, dès lors que la société est devenue cet instrument du désastre,
10:26il faut abattre cette société pour pouvoir reconstruire.
10:28Après, il n'a pas tué cette jeune fille à cause de l'écologie, quand même, enfin...
10:32Le fait est qu'il y a, moi, je ne sais pas exactement, et l'enquête le dira, mais le texte qu'il a porté à connaissance à tous les élèves de ce lycée,
10:43dit très clairement ces choses-là, en tout cas.
10:46Oui. Alexandre Malafaille, avant de vous donner la parole, François Bayrou, bon, lui, appelle à un sursaut collectif face à la violence,
10:52alors ça, c'est toujours terrible, ces phrases de ministre, après un tel drame, il veut des propositions contraires en quatre mois,
10:59comme s'il n'y avait pas eu de violence avant, c'est assez insupportable à entendre, franchement.
11:05Justement, parler des réseaux sociaux, que fait le gouvernement contre ces réseaux sociaux ?
11:09Parce que vous parliez des parents, Jean-Christophe Couvim, enfin, quand vos gamins piquent les écrans derrière vous,
11:15on est tous au travail, vous voyez, c'est compliqué quand on est parent.
11:19Je ne dis pas que mes parents, c'est un métier super compliqué, je suis parent, moi aussi je me bats.
11:24Vous êtes un père parfait, c'est compliqué d'être un parent aujourd'hui.
11:27Personne n'est parfait, on lutte tous, et ça touche toutes les classes sociales, c'est ça qui est dingue.
11:31C'est-à-dire que quand je discute avec des amis qui ont aussi des problèmes avec leurs gamins,
11:36et ce n'est pas des enfants défavorisés, mais justement, à un moment donné, on se demande si les gamins n'ont pas pris le pouvoir sur les parents.
11:42Et les parents ne savent plus trop comment faire, parce qu'encore une fois, aujourd'hui, les enfants, ils ont accès...
11:47Enfin, votre téléphone portable, c'est un outil magnifique quand même, parce que vous avez accès en même temps à la culture.
11:53C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous posez une question, vous pouvez avoir une réponse dans l'immédiateté, etc.
11:56Vous pouvez vous construire et vous cultiver.
11:58Et en même temps, c'est un fléau, parce que justement, on regarde des réseaux sociaux, on voit des décapitations, des morts, des trucs, etc.
12:06Il y a aussi, après, les chaînes privées, où vous regardez des séries, moi je ne sais pas, mais des séries interdues au moins de 16 ans.
12:17Moi, je me rappelle d'une série, c'est Squid Game.
12:19Ma fille me disait, en CM1 ou CM2, tous les enfants de la classe avaient vu la série, interdue au moins de 16 ans.
12:27Et je lui dis, mais enfin, il y avait que les parents.
12:29C'est-à-dire, les parents montrent les séries à leurs gamins et à côté.
12:32Et on se fait une soirée Netflix avec Squid Game.
12:34Je suis désolé, mais les gamins, à 21h, c'est au lit.
12:37Voilà, le matin, on se réveille, on parle.
12:40Parlez aussi un peu avec ses enfants, parlez de la journée, etc.
12:43Et aujourd'hui, souvent, je le dis, il y a des parents, ils ont plus de valeur pour leur téléphone portable, leur tablette que leurs gamins.
12:49Ils ne savent même pas ce que leurs gamins font de la journée.
12:50Alexandre, je vous donne la parole, c'est promis, dans quelques instants, juste après, une page de pub sur Europe 1 Soir.
12:55Restez avec vous.
12:56Vous l'avez dit, c'est un Europe 1.
12:59Waouh !
12:59Ça, c'est une journée qui commence bien.
13:01Ah, mais carrément.
13:02Tu as une très belle voix, donc c'était déjà un cadeau.
13:05Merci.
13:05Oh, quelle charmeur.
13:07Ah, je suis hyper contente d'être à l'antenne.
13:09Et je voulais vraiment dire aux gens que l'accueil que vous faites est très sincère.
13:13C'est incroyable, j'ai une sacrée équipe.
13:15Quand on parle avec les gens, c'est merveilleux.
13:17C'est vraiment plus qu'agréable, on ne peut pas faire mieux, là.
13:19Merci à votre équipe et merci Europe 1.
13:22D'écouter Europe 1, la radio libre.
13:23Europe 1, la radio libre.
13:26Europe 1 Soir.
13:2719h, 21h.
13:29Stéphanie Demureux.
13:30Toujours en compagnie de Raphaël Stainville, Alexandre Malafaille et Jean-Christophe Couvi.
13:34Alexandre, j'avais promis de vous donner la parole.
13:36On parlait avec Jean-Christophe Couvi et Raphaël Stainville de la responsabilité des parents,
13:40effectivement, après ce drame à Nantes.
13:43Les parents d'aujourd'hui, notamment les parents d'enfants qui sont assez jeunes,
13:47évidemment, ce sont des grands-enfants.
13:48Ils ont grandi dans un monde qui avait profondément changé.
13:51En fait, le problème, c'est que les jeunes sont toujours passionnés.
13:53Ça ne change pas.
13:54Heureusement, c'est plutôt une bonne nouvelle.
13:56Mais sauf que le monde, lui, il a totalement changé.
13:58Il y a encore 30 ou 40 ans, je reviens toujours un peu en arrière,
14:00mais globalement, les sources d'influence, c'était la famille et l'école.
14:03Puis après, il y a la rue dont on a parlé, qui est devenu un phénomène de société.
14:06On dit, ah oui, maintenant, il y a l'influence de la rue.
14:08Sauf qu'après, il s'est passé Internet.
14:09Et derrière Internet, vous avez des entreprises complètes qui récupèrent tout ça,
14:13avec tout ce qu'on appelle les algorithmes et les biais cognitifs.
14:16C'est-à-dire que chacun rentre dans sa bulle.
14:17Ça, c'est un poison.
14:18Mais ça, à ma vie, c'est une vraie problématique.
14:21Parce que tout ça sert de terrain, d'accélérateur.
14:24On s'enferme dans des logiques.
14:25Donc, on prend une cause, comme effectivement le climat, qui est une belle cause.
14:28Bien sûr, il faut s'en préoccuper.
14:29Heureusement que les jeunes se disent, il faut s'occuper de demain.
14:31Ça, ce n'est pas idiot en tant que tel.
14:32Sauf qu'on rentre dans des trucs complètement délirants.
14:34Moi, je me souviens d'une conversation, il y a un an, un an et demi,
14:36à la maison avec la fille d'une amie, 14-15 ans.
14:39Et puis, elle était passionnée par la problématique Israël-Gaza.
14:42Je ne vous fais pas un dessin.
14:43Mais c'est parti très, très loin.
14:44Mais un niveau d'agressivité dans la conversation...
14:46Oui, puis après, vous vous retrouvez avec des algorithmes qui vous dirigent là-dessus.
14:50Elle est fermée sur un état de haine par rapport au sujet.
14:52Et hermétique à toute forme de raisonnement.
14:54Donc, on en arrive à ce type de logique-là.
14:56Donc, oui, il va falloir, j'entendais le ministre Rotaillot dire,
14:59on va mettre des mesures, des portiques, des machos, enfin, j'en sais rien.
15:02Ok, très bien, mais sécuriser, c'est une chose.
15:04Mais il y aura toujours des trous dans le filet, des mailles qui se casseront.
15:08Donc, comment on fait pour réparer vraiment ?
15:10Vous parliez de santé mentale, c'est un vrai sujet.
15:12Mais il va falloir s'en donner les moyens.
15:13Parce que tant qu'on n'aura pas une vraie démarche,
15:15de fait, on aura l'américanisation de la société.
15:17Et heureusement, on les a en aparté.
15:19Heureusement, il n'y a pas encore d'armes en France.
15:20Sur les portiques.
15:21Jean-Christophe Coulon.
15:21C'est une réponse du politique.
15:23Donc, on va mettre des portiques.
15:23Ok, qui va gérer les portiques ?
15:25Les policiers, ce n'est pas possible, on est déjà au taquet.
15:27Il faut qu'on protège déjà les prisons.
15:30Parce que les prisons sont attaquées.
15:31Donc, nous, on doit être dehors pour protéger les prisons.
15:34Il faut qu'on lutte contre le narcotrafic.
15:36Enfin, je ne vous fais pas toute la liste, mais je veux dire, tout est prioritaire.
15:39Les rodéos et ces machins, voilà.
15:41Donc, qui va gérer ça ?
15:42Donc, il va falloir, à un moment donné, ça ne va pas être non plus les professeurs.
15:45Donc, il faut, alors, moi, je suis d'accord,
15:46pour embaucher peut-être des sociétés privées
15:48ou même d'autres fonctionnaires, ça va faire hurler en disant
15:51« Ouais, encore d'autres fonctionnaires, il y en a déjà trop, etc. »
15:53Donc, il faut trouver une solution avec les portiques.
15:55Maintenant, vous n'empêcherez pas un gamin de rentrer avec un couteau en céramique.
15:59Voilà, le portique ne va pas se déclencher.
16:00Je veux dire, il y aura toujours des trous dans la raquette.
16:03Donc, encore une fois, si la réponse est de dire
16:04« On va se blinder, on va devenir une société bunker
16:07et au fur et à mesure, on met du Kevlar dans la société,
16:11comme ça, on est à l'abri »,
16:12je pense qu'à un moment donné, il faut inverser les rôles
16:14et se dire « Voilà, on a une problématique,
16:16il faut cibler où est la problématique
16:17et il faut y mettre les moyens. »
16:19Et ce n'est pas des dépenses, c'est un investissement pour plus tard.
16:22Et à chaque fois qu'on parle, chez nous,
16:23on parle toujours de dépenses publiques
16:25et jamais d'investissements publics.
16:27Et la société, on peut investir dans cette lutte, justement,
16:30pour que ces gamins-là, qui vont devenir les citoyens de demain,
16:33soient équilibrés.
16:34Tout à l'heure, j'ai écouté un psy qui disait
16:36qu'aujourd'hui, il n'a jamais vu autant de gamins
16:38qui tombaient dans la drogue.
16:39C'est les anxiolytiques, c'est la drogue,
16:41donc c'est le premier...
16:42En fait, comme il disait,
16:43aujourd'hui, c'est plus facile d'aller voir des dealers
16:45qui vont nous donner de la drogue
16:47plutôt que d'aller voir un médecin ou un psychiatre.
16:49Mais c'est un vrai fléau et c'est un problème.
16:52Et quand j'entends des politiques qui disent
16:53qu'il faut tout légaliser,
16:54même la semaine prochaine, le 1er mai,
16:56qu'il faut aller dans la rue
16:57et que c'est l'insurrection, etc.
17:00Tout ça, c'est des messages cognitifs
17:01dans la tête de nos jeunes
17:02et ça fait très mal.
17:04Raphaël Stainville ?
17:05Je pense que ce qui me paraît absolument essentiel
17:09dans ce que vous avez pu dire,
17:10c'est qu'on s'aperçoit que les mesures sécuritaires
17:13ne sont que des pansements.
17:16Ça vise peut-être à rassurer,
17:19mais on est dans une sorte d'illusion sécuritaire,
17:22c'est qu'on ne traite pas le mal.
17:23La vérité, c'est que notre société est malade,
17:26que notre jeunesse est malade.
17:29On l'a vu de manière particulièrement
17:31prégnante au sortir de la crise du Covid,
17:36où beaucoup d'études ont montré
17:39ce malaise presque existentiel
17:41qu'il y avait chez les jeunes,
17:43qui avaient très mal vécu le confinement.
17:45Mais la vérité, c'est que rien n'a été fait
17:47pour répondre à cette angoisse
17:50qui saisit les jeunes.
17:53Bien au contraire, d'une certaine manière,
17:55les discours ambiants
17:56ne font que renforcer finalement
17:59cette désespérance chez eux.
18:01Où est l'espoir chez la jeunesse,
18:03quand aujourd'hui, finalement,
18:05ils préfèrent se sombrer
18:07dans une sorte de nihilisme toujours plus grand.
18:10Alexandre Malafaye ?
18:11Non, je trouve que ce qui est assez fascinant,
18:14c'est qu'on a l'impression
18:14qu'on ne fait que des constats d'impuissance.
18:17Le corps enseignant,
18:18vous êtes sans doute au contact du corps enseignant,
18:20vous les voyez,
18:21on a l'impression qu'ils ne savent pas
18:22comment réagir par rapport à ça.
18:24Après, il y a un peu d'idéologie
18:25qui peut à un moment donné biaiser
18:26l'intention des uns ou des autres.
18:28Mais qu'est-ce qu'on peut leur donner
18:30comme moyen aujourd'hui
18:31pour mieux faire face à ça ?
18:32C'est le un des très profonds.
18:33Les familles, je pense qu'on en parlait
18:35là aussi en aparté,
18:36il y a forcément une grande détresse
18:37de la part des parents
18:38qui voient leur absence d'autorité s'exercer
18:41et qui constatent que leurs gamins
18:43sont dans des logiques,
18:44dans des dérives, etc.
18:44Mais après, il y a le contrôle familial,
18:46il y a les couples monoparentales,
18:48il y a le travail des uns,
18:49le travail des autres,
18:50le travail de nuit,
18:51tout ça qui fait que la famille d'aujourd'hui
18:52n'est plus comme elle était.
18:53Et donc, comment on retisse quelque chose
18:56qui à un moment donné permet de dire
18:57voilà, on remet de l'ordre,
18:59on retransmet des choses,
19:01on garantit un peu de sécurité,
19:02c'est un travail monumental.
19:04Il va falloir repartir très tôt, très jeune,
19:05mais là, s'il n'y a pas,
19:07enfin je dirais que c'est plus qu'un sursaut,
19:09c'est un projet politique de société
19:11où on reprend le sujet à la base
19:13et où on mobilise tout le monde
19:15et on se donne 10 ans, 15 ans
19:17pour refaire une génération,
19:18mais il faut le faire.
19:19Est-ce qu'aujourd'hui,
19:19il y a un homme politique
19:20qui va vous donner une vision de la société
19:23dans 10-15 ans ?
19:24Moi, je n'en connais aucun.
19:26De Gaulle le faisait,
19:27il y avait des grands politiques
19:27qui étaient capables de vous dire
19:29voilà la ligne de conduite,
19:30voilà où je vais vous emmener,
19:31voilà ce que je vois,
19:32et on ira.
19:33Avec effectivement l'intelligence artificielle
19:35qui va certainement changer le monde quand même.
19:37Oui, enfin ce n'est pas l'IA
19:38qui va nous dire
19:39quelle société on doit avoir demain.
19:40À un moment donné,
19:40il ne faut pas inverser le rôle.
19:42Ça doit nous servir,
19:43mais pas nous servir.
19:43Ça va changer le monde,
19:44ça va changer la façon de travailler,
19:46ça va changer beaucoup de choses.
19:46Bien sûr, mais en fait,
19:47on a une société
19:47qui est en mouvement continuel
19:50et qui est bouleversée
19:51par rapport à ce qu'on a connu.
19:52Nous déjà, par exemple,
19:53quand on discutait avec nos grands-parents,
19:54on voyait bien que nous déjà,
19:55pour eux, on était des ovnis.
19:57On changeait tout le temps,
19:58ils ne comprenaient pas.
20:00Et aujourd'hui, nous, des fois,
20:01on ne comprend pas nous-mêmes nos enfants
20:02qui vivent directement,
20:03oui, avec les téléphones portables,
20:05la connaissance,
20:06vous avez accès à tout aujourd'hui.
20:08Et ça dépend, encore une fois,
20:09ce que vous en faites
20:10de cet accès à la culture,
20:12à l'information, etc.
20:13Et donc, en fait,
20:14il faut aussi mettre des pare-feux,
20:15des fois, dans cette société.
20:17Et moralité,
20:19j'entends bien de dire
20:20oui, c'est l'affaire de tous,
20:22mais on fait quoi ?
20:23Et à un moment donné,
20:23moi, j'attends aussi des fois
20:24qu'on ait des leaders
20:25qui nous disent
20:26voilà où on va aller
20:27et accompagnez-nous.
20:28Et là, aujourd'hui,
20:29on va faire quoi ?
20:29Des commissions qui vont réfléchir ?
20:31Alors, Bruno Retailleau,
20:32voilà, appel à l'ordre,
20:34à la fin du laxisme.
20:35Est-ce qu'il est dans le bon sens ?
20:37Peut-être que...
20:38Alors, je n'ai pas donné
20:39mon avis perso,
20:40mais en fait,
20:40encore une fois,
20:42dans pas longtemps,
20:43on va avoir des candidats
20:44à la présidentielle en 2027.
20:46Donc là, peut-être qu'on aura
20:47des personnes
20:48qui auront effectivement
20:49des visions sur la société
20:52qui veulent avoir
20:53et qui peuvent nous entraîner.
20:55On a besoin de leaders aujourd'hui,
20:57en fait.
20:57On a besoin de se raccrocher
20:58à des gens
20:58qui nous emmènent
20:59vers une société apaisée.
21:01Aujourd'hui,
21:01on a une société violente,
21:03mais violente aussi politiquement.
21:04Alexandre MFF est juste un mot
21:05et on passe à un autre sujet.
21:07On est d'accord,
21:08mais est-ce que vous pensez
21:09que la vision,
21:10le leadership,
21:10c'est bien,
21:10mais derrière,
21:11il faut que ça suive.
21:12Est-ce que vous pensez,
21:12par exemple,
21:13que...
21:13Alors, vous êtes policier,
21:14c'est difficile de juger
21:15d'un autre corps
21:15qui suit des enseignants,
21:16mais est-ce que vous pensez
21:16que le monde des enseignants
21:18est capable de suivre
21:18une dynamique
21:19qui viserait à vraiment
21:20réinstaurer de l'autorité
21:21à l'école
21:22et de combattre
21:23toutes ces dérives ?
21:24Mais je pense que
21:25le monde des enseignants,
21:25déjà, il faut le connaître.
21:26Moi, je suis dans une fédération
21:28où on parle aux enseignants.
21:29On n'est pas les uns
21:30contre les autres,
21:31contrairement à ce que
21:32certaines personnes
21:32essaieraient de nous faire penser.
21:34Et en fait,
21:34les enseignants,
21:35aujourd'hui,
21:35ils ont aussi leur rôle à jouer.
21:37Et le policier va
21:38dans les lycées,
21:39dans les collèges
21:40pour porter aussi
21:40la bonne parole
21:41et expliquer des choses.
21:42Il faut qu'on se connaisse.
21:43Alors, vous leur dites quoi ?
21:44On leur explique ce que c'est,
21:45par exemple,
21:45l'utilisation de la drogue,
21:47le problème des réseaux sociaux,
21:49etc.
21:49On essaie de sensibiliser
21:50ces jeunes.
21:51Là, j'ai vu l'autre jour,
21:52il y a un ancien prisonnier
21:54qui a fait,
21:55dans son camion,
21:56il a reconstitué une cellule
21:57et en fait,
21:58il va dans les quartiers
21:58pour dire,
21:59voilà ce que c'est qu'une cellule
22:00où j'ai passé 7 ans de ma vie.
22:01Et quand les gamins
22:02vont là-dedans,
22:02ils disent,
22:03ah ouais,
22:03mais moi,
22:03je ne pensais pas que c'était ça.
22:04Ça change les réseaux,
22:05ce qu'on leur montre
22:05sur les réseaux sociaux.
22:06Et là, vous êtes dans le réel,
22:07vous n'êtes plus dans le virtuel.
22:08Et en fait,
22:09par exemple,
22:09les directeurs d'école
22:10nous disent,
22:10mais moi, par exemple,
22:11quand je prends des décisions
22:12des conseils de discipline,
22:13en fait,
22:14systématiquement,
22:14pratiquement,
22:15les parents attaquent
22:17les décisions du conseil de discipline,
22:19prennent des avocats,
22:20on va au tribunal administratif,
22:21etc.
22:22On est dans une société
22:23hyper judiciarisée,
22:24à l'américaine,
22:25et encore une fois,
22:26il va falloir à un moment donné
22:27arrêter et redescendre
22:28et se donner des objectifs
22:29atteignables.

Recommandations