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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Stéphanie Demureux.
00:05Bienvenue dans Europe 1 Soir, merci de nous rejoindre toujours en direct.
00:09On parle de cette attaque au couteau, c'est le choc et l'effroi à Nantes
00:13puisqu'une lycéenne a été tuée, trois autres lycéens blessés à coup de couteau à la mi-journée.
00:19Le drame s'est produit dans le collège catholique de Notre-Dame de Toutes-Aides à Nantes
00:24par un élève interpellé peu après les faits, Jean-Baptiste Marty du service police
00:29justice, de quelles informations disposez-vous ?
00:33Alors on va rappeler les faits, vers midi 30, un jeune armé de deux couteaux
00:36dont un couteau de chasse entre dans ce lycée de Notre-Dame.
00:40Il se dirige vers le deuxième étage, il entre dans une classe et poignarde une lycéenne de 17 ans.
00:45Il se dirige ensuite vers l'étage d'en-dessous et entre dans une seconde classe,
00:49poignarde trois autres élèves.
00:52Il est finalement maîtrisé par le responsable informatique, la police secours arrive ensuite et l'interpelle.
00:57La première victime, donc la lycéenne de 17 ans, est d'abord plongée dans le coma.
01:02Elle décède une heure plus tard.
01:03Les trois autres sont blessés, dont un a son pronostic vital engagé.
01:07Ce que l'on sait aussi à l'heure actuelle, c'est le profil de cet assaillant.
01:12Il s'appelle Justin, il est né en 2009.
01:15Il a 15 ans, c'est un élève scolarisé en classe de seconde.
01:18Il n'est pas connu des services de police.
01:20Et on sait que ce matin, peu avant son passage à l'acte, il a envoyé un mail à son lycée
01:25évoquant la mondialisation et la destruction de la planète.
01:28Il employait même des mots assez forts comme écocide.
01:31Par exemple, je vous donne une phrase dans son mail.
01:33La mondialisation a transformé notre système en une machine à décomposer l'humain.
01:38Merci Jean-Baptiste Marty du service police, justice d'Europe 1.
01:42Et j'accueille mes débatteurs de la première heure, Gilles-William-Golden-Hadel et Jules Thorez.
01:47Bonsoir messieurs.
01:48Bonsoir Stéphanie.
01:49On va évidemment évoquer ce nouveau drame à Nantes.
01:53Nous sommes aussi avec Émile Moueb, adjoint au maire de la ville de Cernay en Alsace.
01:58Bonsoir Émile Moueb.
02:00Bonsoir Stéphanie, bonsoir à vous.
02:02J'ai voulu vous inviter Émile parce que vous êtes spécialiste des questions de prévention en matière de sécurité.
02:06Vous avez signé récemment une convention tripartite autour de l'insécurité, précisément dans les collèges,
02:13patronnés d'ailleurs par le ministère d'État auprès du ministre de l'Intérieur.
02:17Je vous suis depuis un certain temps, Émile Moueb.
02:20Vous avez toujours alerté sur les questions de la fragilité de la sécurité au sein des établissements scolaires.
02:27Comment vous réagissez à ce nouveau drame ?
02:29Déjà, c'est vrai que j'ai une pensée très émue pour la famille de cette jeune qui est partie
02:35et des autres enfants qui sont blessés.
02:38L'insécurité dans les établissements scolaires, la délinquance des mineurs est un fléau national.
02:43Ce n'est pas quelque chose de nouveau.
02:46Mais effectivement, dans l'enceinte des établissements scolaires, plus particulièrement dans les collèges,
02:51et j'ai vu, moi je préside un contrat local de sécurité tous les mois,
02:56et les premiers à qui je donne la parole, c'est systématiquement les gens de l'éducation nationale.
03:01Et quand je vois une principale de notre collège qui est effondrée parce que les actes d'incivilité,
03:07la délinquance, elle est grandissante, la solidarité des élus s'impose.
03:12Parce que les enfants qui sont dans ces établissements scolaires,
03:14ce sont tout simplement les enfants de nos administrés et font partie de nos administrés.
03:19Donc la solidarité, elle est pour moi une évidence.
03:22Et j'ai promis à cette principale qu'elle ne sera plus seule à partir d'aujourd'hui.
03:27Et c'est ce que nous avons mis en place, nous avons signé une convention avec le collège,
03:31avec la mairie de Cernay, sous son maire Michel Sordi, qui soutient toujours ce type d'initiative.
03:39Et bien sûr, nous avons aussi fait signer les JST, les jeunes sapeurs-pompiers,
03:45qui font un parcours citoyen et en matière de prévention, c'est particulièrement efficace.
03:49Il faut juste comprendre quelque chose qui est particulièrement, j'ai envie de dire,
03:56déraisonnable, ou pour ne pas, je ne trouve même pas les mots,
03:59quand il y a un incident dans un établissement scolaire.
04:03Quand je vois, par exemple, notre collège, plus de 720 élèves,
04:07les surveillants, ce sont des étudiants.
04:09Comment voulez-vous qu'un surveillant rappelle à l'ordre, un ou deux jeunes,
04:14il y a un attroupement qui se met naturellement autour de lui tout de suite ?
04:18Et d'où, effectivement, l'ensauvagement qu'il y a avec les mineurs ?
04:22Et automatiquement, il faut savoir que quand il y a un fait établissement,
04:27donc le surveillant va faire un signalement au CPE,
04:30le CPE au principal, le principal à l'inspection de l'académie,
04:34et je vous laisse imaginer qui, après, va diligentrer une enquête au parquet,
04:38l'affaire va se régler dans huit mois, voire un an.
04:41Émile Webber, c'est vrai que...
04:43Oui, oui, on entend la convention,
04:46et effectivement, vous prenez le mal à la racine, si j'ose dire,
04:49mais là, pardonnez-moi, Émile Webber, s'il vous plaît, on reste sur l'actualité,
04:53on va effectivement pas trop se disperser.
04:56Là, il s'agit d'un drame, si j'ose dire,
05:00qui était certainement anticipé par l'auteur de ses coups de couteau,
05:04puisqu'il a écrit cette lettre,
05:05mais qui était peut-être difficilement anticipable,
05:09justement, par la direction.
05:11On parle peut-être de questions de santé mentale,
05:15l'enquête nous le dira,
05:16mais comment peut-on prévenir ça,
05:18justement, à la lumière de votre expertise ?
05:21Alors, j'ai envie de vous dire,
05:22les attaques à l'arme blanche,
05:25vous imaginez que depuis quelques années,
05:26on a en moyenne à peu près 120 attaques de couteau en France,
05:30je veux dire, les armes blanches.
05:32Si on veut protéger ce type d'établissement,
05:33il suffit de mettre des détecteurs de métaux
05:36à l'entrée de ces établissements,
05:37il faut mettre de la vidéoprotection,
05:39mais c'est vrai qu'il dit ça,
05:40je veux dire, la vidéoprotection,
05:41elle ne règle pas le problème,
05:43mais la vidéoprotection nous permet tout simplement
05:45de retracer l'histoire.
05:46Mais une fois de plus, il faut de l'humain,
05:48et pour ça, il faut des moyens.
05:50Je veux dire, dans les établissements scolaires,
05:51ils n'ont pas le personnel pour.
05:53Je n'ai pas envie de vous rappeler
05:54les malheureuses histoires
05:57de Samuel Paty ou de Dominique Bernard.
06:00Pour l'instant, au niveau de la sécurité
06:01au sein des établissements scolaires,
06:03rien n'est fait.
06:04Et c'est pour ça qu'une fois de plus,
06:07ce type de solution vienne par la base.
06:09C'est nous qui avons pris l'initiative,
06:11nous élus municipaux,
06:13de subvenir en solidarité totale
06:15avec l'établissement scolaire.
06:17Je veux dire, c'est quelque chose d'hyper important.
06:19Émile Moueb, est-ce que par exemple,
06:21vous venez de le dire,
06:23120 attaques au couteau
06:25tous les jours en France,
06:27même s'ils sont sortis des statistiques,
06:28ça c'est encore un autre problème,
06:31des statistiques officielles,
06:33comment on peut empêcher des élèves
06:34de rentrer avec un couteau
06:35au sein des établissements scolaires ?
06:38Je vous le disais tout à l'heure.
06:40Les portiques de sécurité,
06:41mais on ne peut pas fouiller, n'est-ce pas ?
06:43Est-ce qu'on peut fouiller des élèves ?
06:45Il faut mettre des détecteurs de métaux,
06:47il faut mettre des détecteurs de métaux,
06:48il faut mettre de la vidéoprotection,
06:50et puis il faut aussi changer,
06:51je vous dis,
06:51dans les établissements scolaires,
06:53il faut savoir que les jeunes
06:55se sentent totalement impunis.
06:57Dans une enceinte d'un collège,
06:58d'un lycée,
06:59les gens se sentent franchement
07:00totalement impunis,
07:02parce qu'il y a un système
07:02qu'on a laissé toujours en place,
07:04mais aujourd'hui,
07:05nous, en tout cas,
07:06on est systématiquement solidaires,
07:09quel que soit le fait,
07:11dès le départ où la principale nous appelle,
07:13dans le quart d'heure qui suit,
07:14les médiateurs interviennent sur site.
07:16Jules Torres,
07:17je vous vois un petit peu réagir là,
07:19Bruno Retailleau,
07:20vous l'avez entendu,
07:21a parlé,
07:22il a dit,
07:23il ne faut pas parler de faits divers,
07:25mais de faits de société,
07:27une société qui a encouragé le laxisme,
07:30déconstruit les interdits,
07:31l'autorité,
07:32l'ordre,
07:33la hiérarchie,
07:34est-ce que ces mots étaient pertinents à ce moment-là ?
07:38Oui, c'était évidemment pertinent,
07:40mais moi je pense que les mots de notre époque,
07:44malheureusement,
07:45l'un d'eux,
07:45c'est la délinquance chez les mineurs,
07:47c'est l'ensauvagement de cette société,
07:50et malheureusement,
07:51je crois que c'est particulièrement difficile
07:54de lutter contre elle chez les jeunes,
07:56puisque la délinquance des mineurs,
07:57on le sait,
07:57on en a parlé ces dernières semaines
07:58et ces derniers mois,
07:59c'est un sujet majeur qui va nous occuper,
08:02mais c'est une approche globale,
08:03c'est une approche qui doit être préventive,
08:06qui doit être éducative,
08:08et sans doute en dernier recours répressif,
08:10et c'est peut-être là que nos politiques,
08:11depuis 40 ans,
08:12ont laissé faire,
08:14il y a eu un laissé-aller
08:15qui a nourri cet ensauvagement,
08:17et malheureusement,
08:17je crois qu'on en paye les conséquences aujourd'hui.
08:20Gilles-William-Goldanel,
08:21c'est l'avis que vous partagez aussi ?
08:23Moi, je vais vous dire quelque chose,
08:25je pense que à ce stade,
08:28désolant,
08:30les mots sont un peu impuissants,
08:31pour qualifier ce qui arrive,
08:34ce qui est arrivé.
08:36L'explication psychiatrique,
08:38sans doute,
08:39a peut-être sa place,
08:40ce qu'a envoyé le môme,
08:46quelques heures avant qu'il passe à l'acte,
08:49traduisait une sorte,
08:50un petit peu de délire,
08:51de désespérance écologique,
08:53au-delà de ça,
08:55il y a une explication,
08:56évidemment, sociétale,
08:58la perte,
08:59je veux dire,
08:59le mot ensauvagement,
09:01est presque devenu...
09:02Non, mais c'est vrai que tous les mots sont...
09:04J'en dirais,
09:04bon, en tant que François Bégoire,
09:05on a appelé au sursaut,
09:07c'est terrible ce genre de sortie,
09:08et les sursauts à chaque fait d'hiver.
09:11Je pense qu'il y a évidemment un déficit d'autorité,
09:12il y a un rapport sénatorial de 2024,
09:15qui explique qu'il y a 36% d'augmentation
09:18de délits de ce genre,
09:21justifiables des tribunaux pénaux,
09:25dans les collèges et lycées.
09:27Alors, peut-être que les mômes d'aujourd'hui...
09:30Parce que ça n'arrivait pas avant.
09:33Il n'y avait pas avant,
09:34il y a 30 ans,
09:36il n'y avait pas...
09:37Ça, c'est une vraie question,
09:37ça n'arrivait pas ou est-ce que...
09:39Parce que certains vous diront peut-être
09:40que ça arrivait,
09:41mais que c'était moins médiatisé.
09:42Non, non, non, non, non,
09:43il n'y avait pas ça.
09:46Il n'y avait pas de couteau dans les écoles.
09:47Il n'y avait pas de couteau dans les écoles.
09:50J'ai entendu notre interlocuteur,
09:52je ne suis pas bien sûr...
09:54Je ne suis pas bien sûr
09:55qu'on puisse, comme à Roissy,
09:58empêcher tous les objets métalliques
10:00de rentrer dans les écoles.
10:01Très sincèrement.
10:02sans vouloir manifester mon impuissance,
10:06mais au-delà de mon impuissance,
10:09je veux vous dire un peu ce soir ma désespérance.
10:12Merci Emile Moueb d'avoir été avec nous
10:14pour commenter ce drame à Nantes,
10:18cette lycéenne qui a été tuée,
10:19trois autres lycéens blessés à coups de couteau
10:22à la mi-journée
10:22par un autre élève de ce même lycée.
10:25On reviendra évidemment sur ce drame à 20h,
10:29puisque à 19h30,
10:31ce témoignage exceptionnel,
10:33ce soir sur Europe 1,
10:34celui d'Elkanah Cohen.
10:36Dans un livre,
10:37cet officier israélien retrace son expérience
10:40de réservis au sein de Tsaal
10:42après au lendemain des attaques du 7 octobre.
10:45Restez avec nous sur Europe 1.