Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Françoise Degois, Sébastien Ménard
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NewsTranscription
00:00Les Vraies Voix Sud Radio, 17h-19h, Philippe David, Cécile de Ménibus.
00:07Retour des Vraies Voix avec un duo dans une forme olympique ce soir.
00:11Un quintet pardon, une forme olympique bien évidemment.
00:14Oui ça fait un peu jazz.
00:16Cécile de Ménibus.
00:17C'est du pipo ça c'est sûr.
00:18Du pipo dans les orchestres de jazz c'est quand même rare.
00:21C'est une sorte d'opéra rock moi j'ai envie de dire.
00:26On est pas mal ce soir.
00:28C'est une starmania sans les stars.
00:30Oui enfin c'est starmania avec toutes les stars sauf une.
00:33C'est starmania qui se voit pas du tout.
00:35Allez tout de suite le coup de projecteur des Vraies Voix.
00:38Les Vraies Voix Sud Radio, le coup de projecteur des Vraies Voix.
00:42La crise entre la France et l'Algérie est tellement profonde, tellement grave
00:48qu'on en est à Paris à examiner les mesures de riposte et de sanctions contre le régime algérien.
00:55Le ministre de l'intérieur juge à ce stade que la meilleure solution passerait quand même
00:59par les flancs européens pour sortir d'un face-à-face mortifère entre la France et l'Algérie.
01:04La France accuse l'Algérie d'avoir emprisonné de manière injuste un auteur
01:09dont les oeuvres sont saluées par les cercles intellectuels parisiens
01:12pour leur critique incisive de l'islam et du gouvernement algérien.
01:16Il y a notamment un accord de 2013 qui est un accord gouvernemental
01:19qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien,
01:23il y en a des milliers, qui peuvent venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement.
01:28Nouvelle donc tension entre Alger et Paris.
01:31L'ambassadeur de France a été convoqué à Alger.
01:33Dans un communiqué, le gouvernement algérien affirme que ses ressortissants
01:36subiraient des traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires
01:40à leur arrivée dans les aéroports parisiens.
01:42Alors parlons vrai, est-ce que la tension va continuer à monter
01:46ou va-t-elle finir par baisser entre Paris et Alger ?
01:49Et à cette question, sommes-nous dans une crise diplomatique grave avec l'Algérie ?
01:52Vous dites que vous êtes à 81%, vous voulez réagir ?
01:56Le 0826, 300, 300.
01:58Philippe Biggia, est-ce qu'on a l'impression que l'Algérie cherche des justificatifs
02:02justement à se monter contre la France ?
02:05En tout cas, il est clair que superficiellement,
02:08elle n'hésite pas à humilier la France en permanence
02:12avec l'ambassadeur qui est rappelé, vous venez de le dire,
02:16pour discuter avec le président Tebboune.
02:19Moi, trois observations très rapides.
02:22D'abord, je n'exclus pas qu'il puisse y avoir des conversations
02:27de haut niveau officieuses que nous ne pouvons évidemment pas connaître.
02:34Deuxième élément, l'Algérie, on sait parfaitement
02:40que l'Algérie, pour l'instant, n'a qu'une envie,
02:44c'est de battre en brèche le pouvoir français
02:48et qu'apparemment celui-ci, qu'il constate,
02:51ne semble pas réagir. C'est étonnant.
02:54Troisième élément, c'est le fait qu'en réalité,
02:59on connaît les moyens qui pourraient être mis en œuvre.
03:02L'ambassadeur Driancourt, ou il y a des articles de tous les gens
03:07qui connaissent, les énonces, les visas, l'aide au développement
03:10et d'autres choses, on ne les met pas en œuvre.
03:13Alors voilà, et c'est un tableau que les Français ne comprennent plus vraiment.
03:18– Françoise de Gaulle.
03:19– Oui, alors, tout ce qui a mis le feu aux poudres, bien sûr,
03:23et qui a aggravé, c'est bien sûr la question du sart occidental.
03:25– Oui, bien sûr.
03:26– Bien sûr, avec cette guerre, il ne faut quand même jamais oublier
03:29la haine que se vouent le Maroc et l'Algérie.
03:32On en est même à un niveau maintenant où quasiment,
03:35en plus le Maroc est le premier à avoir ouvert une ligne directe,
03:39vous savez, avec Israël, et ça c'est tous les jours
03:41dans les journaux algériens.
03:42On oublie aussi que le président Thiboune, c'est-à-dire que Bouteflika
03:45était une sorte de prix Nobel de la paix par rapport au nouveau pouvoir
03:49qui s'est installé.
03:50Tous les jours, vous avez des gens qui sont arrêtés
03:52pour des délits d'opinion en Algérie.
03:54Tous les copains journalistes qu'on peut avoir,
03:56tous les observateurs qu'on peut avoir vous disent,
03:58les prisons sont pleines de gens qui défient, qui critiquent
04:01même avec un point virgule le pouvoir algérien.
04:05On est quasiment proche de la dictature avec le président Thiboune.
04:09Jamais, jamais ça n'a été aussi dur.
04:12Le troisième point, moi je pense, et je suis tout à fait persuadé,
04:15je suis même sûr qu'il y a des discussions de très haut niveau,
04:18notamment entre Emmanuel Macron et le président Thiboune.
04:21Donc il y a l'opérette, il y a le cinéma, il y a le décor,
04:27c'est-à-dire on se rappelle son ambassadeur, etc.
04:30Et puis il y a la discussion pour essayer d'atterrir ensemble.
04:33L'enjeu, il est majeur, parce que c'est un enjeu méditerranéen.
04:37Il faut qu'on règle absolument, qu'on apaise le débat
04:40entre la France et l'Algérie.
04:41Mais l'enjeu, il est aussi géopolitique et géostratégique.
04:44On a les Russes qui convoitent l'Algérie.
04:48Qu'est-ce qu'on va faire si un jour une base russe s'installe en Algérie ?
04:51On fait quoi ?
04:52– Une info avant de donner la parole à Sébastien Maynard.
04:54Sur ce sujet, la justice française a suspendu l'expulsion
04:57de l'influenceur d'Oualem vers l'Algérie.
04:59C'est lui qui avait été refusé par l'État algérien
05:01à son arrivée sur le territoire algérien.
05:03– Et pendant ce temps-là, Bouhallene Fonfale est revenue en prison.
05:06– Absolument, après être sorti de l'hôpital, oui.
05:08– Ce qu'il faut aussi dire à nos auditeurs,
05:10qui en ont peut-être totalement conscience,
05:12c'est que le sentiment anti-français permet à la classe politique algérienne
05:18de prospérer, de se renouveler.
05:20C'est quand même ça le fond du sujet.
05:22C'est que, évidemment, tout ça s'est accentué,
05:27et s'est vigoureusement, malheureusement, accentué,
05:30vous avez raison Françoise de Goyes,
05:32avec la reconnaissance par Emmanuel Macron.
05:35Je dirais de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
05:41Ça a foutu un bordel diplomatique sans nom.
05:45Maintenant, le président de la République a fait un choix.
05:47Il a fait un choix, je dirais, intellectuel.
05:51Il a fait un choix politique.
05:53Il a aussi fait un choix économique.
05:55Puisque l'Algérie ne cesse de dire qu'elle n'a pas besoin de la France en Afrique
06:01pour pouvoir prospérer, pour pouvoir se développer,
06:03et pour, quelque part, raconter son roman national au XXIème siècle,
06:08alors que vous avez le Maroc qui cherche à créer des ponts,
06:14à devenir, quelque part, l'une des places fortes, je dirais,
06:18de la francophonie économique et de la diplomatie économique française
06:24à la sauce marocaine depuis le Maroc.
06:26Voilà, Macron a fait ce choix-là.
06:28Mais n'oublions pas qu'avant toute cette affaire,
06:32la France, et notamment le candidat Emmanuel Macron en 2016 ou 2017,
06:36avait reconnu la colonisation comme un crime contre l'humanité.
06:43Avec toutes les conséquences que ça avait pu avoir sur la campagne.
06:47Je sais, j'étais en coulisses.
06:49Toutes les conséquences, avec notamment la communauté pied-noir, etc., en France.
06:53Voilà, donc je pense qu'Emmanuel Macron s'est ravisé.
06:57Oui, c'est vrai.
06:58Mais que le sentiment anti-français n'a jamais cessé.
07:03Sur le juste un mot, mais rapide.
07:07On m'a beaucoup dit, et des gens qui connaissent bien l'Algérie,
07:11qu'il reproche finalement au président d'avoir non pas reconnu le Sahara occidental,
07:18mais de l'avoir fait par une sorte d'embardé.
07:21Il aurait dû, peu à peu, progresser et, d'une certaine manière,
07:26prévenir les algériens de son changement.
07:29Moi, je trouve qu'on fait quand même un procès là-dessus à Emmanuel Macron,
07:32qui est un peu dur, parce qu'il faut quand même rappeler
07:35avec qui cette reconnaissance intervient.
07:37On oublie toujours qui est le président Tebboune.
07:39Le président Tebboune, c'est un enfant du Sahara occidental.
07:42Toute sa famille a participé à la guerre des sables.
07:44Il a plusieurs membres de sa famille qui ont été tués pendant cette guerre.
07:49Donc le Sahara occidental, c'est pas quelque chose d'anodin pour lui.
07:53C'est une blessure très profonde.
07:54Pour lui, c'est une blessure fondamentale et fondatrice pour Tebboune.
08:00C'est pour ça que je dis que je suis absolument persuadé
08:03que l'Elysée est parfaitement au courant, la diplomatie française,
08:07de cette blessure fondamentale.
08:08C'est pour ça que je pense que cette blessure,
08:10elle peut se réparer, comment dirais-je,
08:12qu'avec des discussions de ce qu'on appelle en diplomatie,
08:14de haut niveau, c'est-à-dire directement Tebboune-Macron.
08:17Mais il faut aussi reconnaître, ma chère Françoise de Gois,
08:20que c'est une demande de Mohamed VI, personnelle,
08:25que de dire, voilà, on a besoin, nous, d'affirmer au monde entier
08:30cette relation partenariale extrêmement privilégiée
08:34qui va redonner quelque part à la France
08:36et à un certain nombre d'entreprises françaises
08:38des positions plutôt fortes en Afrique,
08:40sur le continent africain qu'on a perdu ces dernières années.
08:43En contrepartie, je vous demande deux choses.
08:45Il y a cette histoire du Sahara occidental
08:47et puis il faut commencer à mettre le pied à l'étrier
08:50pour des raisons plus personnelles,
08:52notamment des problèmes de santé, à mon fils.
08:54Voilà ce qui a été fait dans le cadre du dernier déplacement
08:57d'État d'Emmanuel Macron avec une énorme délégation.
09:00– Je suis tout de même frappé par la manière
09:02dont Emmanuel Macron réagit sur le plan diplomatique,
09:06même par rapport au Maroc,
09:08parce qu'à un certain moment, à la suite de plusieurs épisodes,
09:12Mohamed VI avait été humilié.
09:15– Tout à fait.
09:16– Il a changé d'attitude.
09:18On sent que la subjectivité du Président
09:21joue un grand rôle dans nos stratégies diplomatiques.
09:24– C'est vrai, sa personnalité.
09:26Moi j'ai vraiment une inquiétude d'abord pour les Algériens
09:29qui vivent en France, qui sont franco-algériens,
09:31qui sont faits complètement en otages par cette histoire.
09:33Il ne faut pas imaginer que les franco-algériens
09:35sont tous derrière Taboun et le régime Taboun.
09:37– Vous avez raison.
09:38– Ça, ça n'est pas vrai.
09:39Donc ils en souffrent terriblement
09:41et je vous le redis, géostratégiquement, on a un problème.
09:44C'est-à-dire que l'Algérie est travaillée évidemment par la Russie.
09:47Que ferons-nous, je le redis,
09:49que ferions-nous si une base navale russe s'installait par exemple à Alger ?
09:53Eh bien voilà, ça c'est l'enjeu aussi.
09:55– Merci beaucoup François Assegoua, merci Philippe Bidjard,
09:57merci beaucoup Sébastien.
09:58– Merci à vous.
09:59– Dans un instant, vous restez avec nous,
10:01on est ensemble avec Philippe David.
10:02On va revenir sur ce développement économique et écologique
10:05qui est frappé par des procédures, des recours.
10:09Les maires n'en peuvent plus, les entreprises n'en peuvent plus.
10:12On va en parler dans un instant.
10:13C'est un peu buesse quand même comme situation.
10:15– C'est absolument buesse.
10:16On va en parler avec Jean-Marc Dumoulin, maire de Villemur-sur-Tarne,
10:19Loïc Leflocq, prigeant industriel et Yohann Barbe,
10:21agriculteur dans les Vosges et porte-parole de la FNSEA.
10:24– Allez, à tout de suite.