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Mercredi 12 juillet 2023, SMART IMPACT reçoit Denis Dementhon (Directeur Général, France Active)

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00:00 Générique
00:02 ...
00:05 -Bonjour, Denis Demanton.
00:07 -Bonjour.
00:08 -Vous êtes le directeur général de France Active.
00:11 Présentez-nous ce mouvement associatif.
00:14 Depuis quand il existe ? Pourquoi a-t-il été créé ?
00:17 -Il a été créé il y a une trentaine d'années
00:19 pour répondre à des enjeux d'accès à l'emploi.
00:22 On est en fin des années 80,
00:23 montée du chômage, du chômage de longue durée.
00:26 On prend conscience que la formation
00:28 d'emploi ne va pas permettre à tout le monde de retrouver du boulot.
00:32 Donc, on crée France Active pour aider des chômeurs
00:35 à créer leur entreprise et retrouver un emploi de cette manière-là.
00:39 Et très vite derrière, on s'est rendu compte aussi
00:42 qu'il fallait soutenir les premières entreprises inclusives,
00:45 c'est-à-dire des entreprises d'insertion,
00:48 qui allaient recruter ces personnes en difficulté
00:50 et qu'elles avaient besoin de fonds propres,
00:53 de garanties bancaires.
00:54 C'est un mouvement associatif qui fait de l'accompagnement
00:57 de ces projets et qui a développé des outils financiers
01:00 pour permettre à ces projets un peu décalés
01:03 par rapport aux standards économiques
01:05 d'aller chercher des capitaux, tout simplement, et du crédit.
01:08 -On va expliquer ça en détail.
01:10 Quels sont les principes d'organisation
01:12 de France Active ?
01:15 -Vous l'avez dit, c'est un mouvement associatif.
01:17 C'est d'abord une base avec 35 associations territoriales.
01:21 -Il y a un maillage territorial. -135 points d'accueil.
01:24 On couvre tout le territoire national depuis le mois de juin.
01:27 La Guadeloupe et la Guyane, on n'y était pas.
01:30 On a créé les 2 associations.
01:31 Donc, ce sont des professionnels de la finance,
01:34 de l'accompagnement d'entreprises,
01:36 des bénévoles qui sont dans ce mouvement-là.
01:39 Et puis, au niveau national, on a créé une association
01:42 qui pilote l'ensemble, qui sert de centre de ressources
01:45 pour l'ensemble du réseau et surtout qui a créé
01:48 des sociétés financières avec des actionnaires privés,
01:51 avec un appui fort de la Caisse des dépôts
01:53 pour pouvoir amener des capitaux et financer les projets
01:57 qui sont accompagnés sur le terrain.
01:59 -Ca représente combien d'entrepreneurs,
02:02 d'entrepreneuses accompagnées depuis la création de France Active ?
02:06 -Depuis la création, j'ai pas compté.
02:08 L'année dernière, avec tous les mécanismes d'accompagnement,
02:11 35 000 entrepreneurs ont été touchés.
02:13 -En une année ? -En une année.
02:15 Forte croissance.
02:17 Alors, bien sûr, 20, 21, on a eu...
02:19 On a surtout passé du temps à soutenir les entrepreneurs
02:22 qu'on avait en portefeuille, comme on dit.
02:25 On a une très forte reprise dès 2022.
02:27 Là, on est partis pour continuer la croissance
02:30 et accompagner ce mouvement d'entrepreneurs.
02:32 Il y a "engagés" qui traversent la société.
02:35 -Ce sont des petites entreprises, forcément,
02:37 c'est beaucoup de commerce. Ca doit être très varié,
02:40 quand on parle de 35 000 entrepreneurs.
02:43 -Bien sûr. Quand on a des demandeurs d'emploi,
02:46 parfois avec faible moyen, des historiques un peu compliquées,
02:49 qui créent leur propre entreprise, c'est souvent leur propre emploi.
02:53 Et puis, c'est 1,5 emploi en moyenne, en démarrage.
02:57 Et à 3 ou 4 ans, c'est le double.
02:59 C'est des petites entreprises
03:01 qui ont un potentiel de création d'emploi.
03:03 Du côté de l'économie sociale et solidaire,
03:06 ou des entreprises à impact,
03:08 là, on peut avoir des projets beaucoup plus importants,
03:11 soit en phase de création, soit dans des phases de développement.
03:14 On essaie d'accompagner ça.
03:16 Là, c'est des dizaines de salariés, parfois des centaines.
03:19 -Comment ça se passe ? J'imagine que ces hommes, ces femmes,
03:23 déposent un dossier, vous les sélectionnez.
03:25 Est-ce que vous avez quand même en tête
03:28 la rentabilité potentielle
03:30 ou la pérennité du projet avant de les accompagner ?
03:34 -Alors, on les reçoit
03:37 quand le projet est un minimum décrit.
03:40 On ne va pas chercher des gens qui ont simplement une idée.
03:44 Il y a d'autres réseaux qui font ça très bien,
03:46 qui forment, qui accompagnent la rédaction du business plan,
03:51 un minimum de choses, boutiques de gestion, BGE, quelques autres,
03:55 et puis ensuite, qui nous les orientent.
03:57 Ce sont beaucoup les banques qui nous les orientent.
04:00 Quand elles estiment que le projet n'est pas mûr,
04:03 pas sécurisé, mais qui a un potentiel,
04:05 la moitié des projets sont orientés par les banques.
04:08 A partir de là, nous, on fait notre travail,
04:10 les salariés des associations territoriales,
04:13 les bénévoles, qui vont travailler sur le plan de financement
04:16 et la meilleure manière de financer le projet.
04:19 Un peu de crédit, de fonds propres,
04:21 les dispositifs d'aide qu'on va pouvoir caler dans le plan.
04:24 -Ca veut dire que les banques n'iraient pas toutes seules ?
04:28 C'est souvent cette mécanique qui se met en place ?
04:30 -Oui, on ne serait pas là.
04:32 On a des concours publics pour faire ça,
04:35 notamment des dotations de garanties.
04:37 Notre société de garanties, on en dira un mot,
04:39 donc elle est à capital privé,
04:41 mais c'est l'Etat, les régions, l'Europe,
04:44 qui nous soutiennent pour doter des fonds de garantie.
04:47 C'est pas pour voler au secours de la victoire,
04:50 c'est pour aller chercher des projets
04:52 qui, sinon, ne passeraient pas dans les canons habituels des banques.
04:55 Toutes les banques sont au capital de France Active Garantie,
04:59 donc elles jouent le jeu, et c'est bien sur cette frange de public
05:02 en difficulté qu'on travaille.
05:04 -Vous avez annoncé fin mai une triple levée de fonds,
05:07 montant en global 220 millions d'euros,
05:09 10 millions d'euros pour l'Association nationale,
05:12 10 millions pour la société de garantie,
05:15 200 millions pour la société d'investissement.
05:17 C'est ce qu'est l'organisation.
05:19 Pourquoi une triple levée de fonds ?
05:21 -Chacune des structures de notre mouvement
05:24 a sa raison d'être et sa forme juridique.
05:27 Pour l'association, on va faire ce que font
05:29 pas mal de grosses associations,
05:31 c'est-à-dire qu'à un moment donné,
05:33 on sait qu'on a du développement devant nous.
05:36 On pense que les besoins sont énormes
05:38 pour des entrepreneurs qui veulent retrouver du travail
05:41 ou pour des entrepreneurs, et le mouvement est profond,
05:44 vous êtes là pour en témoigner,
05:46 qui veulent transformer, qui veulent faire du vert,
05:49 faire du social avec leur entreprise.
05:51 Donc la clientèle, elle est là.
05:53 Les besoins de financement sont très importants,
05:57 notamment en investissement,
05:59 mais également en couverture de risques.
06:02 On veut que les entrepreneurs,
06:03 notamment quand ils partent de situations difficiles,
06:06 ne se retrouvent pas plus en difficulté
06:09 en cas d'échec, et des échecs, il y en a, c'est normal.
06:12 On garantit les crédits bancaires
06:14 en excluant les cautions personnelles,
06:16 si à un moment donné, les choses ne se passent pas bien.
06:19 Pour pouvoir suivre ce développement,
06:22 l'association va chercher 10 millions d'euros
06:25 en fonds propres, en quasi-fonds propres,
06:28 pour moderniser nos outils de production.
06:30 On parle de nos outils numériques,
06:32 il faut qu'on touche plus de monde.
06:34 On parle de nos sujets RH,
06:36 il faut qu'on puisse recruter, fidéliser, qualifier les personnes.
06:39 On parle des sujets de développement,
06:41 de l'activité, d'implantation territoriale.
06:44 Là, on a besoin de 10 millions d'euros sur 5 ans
06:47 pour pouvoir faire ces investissements,
06:49 moderniser, rendre plus de services et développer l'activité.
06:52 La 2e levée de fonds, c'est sur la société de garantie.
06:55 On est contrôlé par la Banque de France,
06:58 par la BCE,
07:00 et compte tenu du développement de l'activité,
07:03 on va bientôt toucher 1 milliard d'euros dans le cours,
07:06 on a besoin d'avoir des fonds propres.
07:08 On va faire appel à tous nos actionnaires,
07:11 tous les partenaires bancaires,
07:13 la Caisse des dépôts,
07:14 pour ramener 10 millions d'euros supplémentaires
07:17 dans le capital de France Active Garantie.
07:19 La 3e levée de fonds, et non la moindre,
07:22 c'est France Active Investissement.
07:24 C'est notre société qui permet d'apporter des fonds propres
07:27 et d'investir dans les entreprises à impact
07:30 et les entreprises de l'économie sociale et solidaire.
07:33 Là, les besoins sont énormes.
07:35 On a 300 millions d'euros de capital aujourd'hui
07:38 qui nous permettent d'investir dans 400, 500 entreprises à impact.
07:42 Ce qui fait de nous le plus gros investisseur à impact en France.
07:46 On pense que pour doubler l'activité, on peut le faire,
07:49 on a besoin de 200 millions d'euros supplémentaires.
07:52 -Est-ce qu'il y a de nouveaux outils financiers créés
07:55 à l'occasion de cette levée de fonds ?
07:57 -Oui, notamment sur l'investissement.
07:59 On a modernisé toute notre gamme de garanties
08:02 pour mieux protéger les entrepreneurs fragiles.
08:05 Là, l'innovation va surtout se porter
08:08 sur ce qu'on peut faire en matière d'investissement
08:11 dans les entreprises solidaires et à impact.
08:14 On va allonger les durées de nos prêts participatifs,
08:18 on va allonger un certain nombre de différés,
08:21 on va continuer à travailler sur des titres associatifs,
08:24 des titres participatifs,
08:25 des choses qui permettent de toucher des entreprises
08:28 qui ont des formes juridiques adaptées aux sociales.
08:31 Et puis, voilà, quelques innovations.
08:33 Une d'entre elles, c'est des prêts à impact
08:36 qui vont nous permettre d'ajuster les intérêts à mi-parcours
08:40 sur l'impact social ou l'impact environnemental de l'entreprise.
08:44 Voilà, donc là, on va faire coller
08:47 notre ingénierie financière
08:49 vraiment aux objectifs sociaux et environnementaux.
08:52 -A des objectifs extra-financiers. -Absolument.
08:55 Donc, on a nos taux d'intérêt qui sont plutôt modérés,
08:58 parce qu'on touche effectivement des entreprises
09:01 qui privilégient l'impact et qui ont donc des rentabilités
09:04 un peu inférieures à ce que pourrait avoir
09:07 une entreprise plus classique.
09:09 On cherche à ce que les entreprises soient rentables.
09:11 Le sujet, c'est pas d'être sur du zéro.
09:13 Mais donc, on ajuste nos taux d'intérêt.
09:16 Et surtout, on les ajuste pas uniquement
09:18 aux critères habituels de risque et de rentabilité.
09:21 On les ajuste aussi à la baisse
09:23 dès lors que les objectifs d'impact sont remplis.
09:26 -Est-ce que c'est un nouveau modèle...
09:28 Enfin, c'est un ancien modèle économique
09:30 qui est en train de s'imposer et de devenir le nouveau ?
09:33 -Bah, nous, on pense qu'on renoue...
09:35 C'est aussi pour ça qu'on travaille
09:37 avec tout le secteur financier main dans la main.
09:40 On les fait bouger un petit peu sur leur ligne,
09:43 parce qu'on veut que les choses avancent aussi.
09:46 Mais finalement, on retrouve ce que sont les banques au démarrage,
09:50 c'est-à-dire très souvent des organisations
09:52 qui sont créées pour servir les entrepreneurs,
09:55 qui sont parfois créées par les entrepreneurs,
09:57 c'est le secteur bancaire mutualiste.
09:59 Et puis, du côté de l'épargne,
10:01 puisque c'est vraiment sur cette ressource d'épargne solidaire
10:05 qu'on a cherché la levée de fonds sur France Active Investissement,
10:08 on essaye de renouer avec, comment dire,
10:10 un peu plus de volonté de la part des épargnants.
10:14 On ne confie pas son argent à la sphère financière
10:17 que pour des critères classiques de rentabilité, de risque, etc.,
10:21 ou de liquidité.
10:22 On veut aussi, et c'est de plus en plus important
10:25 quand on interroge les Français,
10:26 on veut aussi savoir où va l'argent,
10:29 et si possible, qu'il aille et qu'il soit orienté en majorité
10:33 vers des causes qui touchent l'épargnant,
10:35 que ce soit l'accès à l'emploi,
10:37 le développement de son territoire ou l'environnement.
10:40 -Merci beaucoup, Denis de Montand.
10:42 Sur Bismarck, on passe à notre débat
10:44 objectif sobriété énergétique.

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