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Jeudi 15 mai 2025, retrouvez Olivier Dubuisson (Président, Karista) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Générique
00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir c'est celui du New Space et nous en parlons avec le président de Carista qui est à mes côtés en plateau, Olivier Dubuisson.
00:19Bonsoir.
00:20Bonsoir.
00:21Merci beaucoup d'être avec nous.
00:22Carista qui est une société de venture capital comme on dit, de capital risque, qui a été fondée en 2001.
00:27Vous êtes spécialisé dans différentes thématiques, la santé, le numérique, la tech et le New Space qui est un thème avec lequel vous êtes familier depuis plusieurs années.
00:37C'est vrai que c'est un thème qui commence à rentrer, j'allais dire, dans la discussion commune depuis quelques temps maintenant.
00:46Mais pour vous c'est une réalité en termes d'investissement depuis 2017, Olivier Dubuisson, c'est ça, avec un premier fonds qui s'est attaché à cette thématique du New Space il y a presque 10 ans maintenant.
00:56Qu'est-ce qui définit, qu'est-ce qui caractérise le thème du New Space quand on est investisseur ?
01:03Alors le New Space c'est déjà un point de départ effectivement il y a une vingtaine d'années lorsque Elon Musk a souhaité démocratiser l'accès à l'espace.
01:11C'était un petit peu l'idée du départ.
01:13Son objectif c'était de rendre l'accès à l'espace moins cher et avec un objectif de diviser par 10 le coût d'accès à l'espace.
01:22Un objectif affiché de rendre 1 kg sur orbite pour 10 000 euros, on n'y est pas tout à fait.
01:30Et donc du coup ça a généré énormément d'investissement, énormément d'engouement sur le sujet depuis maintenant plusieurs années.
01:37Il y a énormément de satellites mis sur orbite puisque l'objectif même s'il n'est pas exactement atteint il n'en est plus très loin.
01:44Et donc il y a énormément de satellites qui sont aujourd'hui en orbite autour de la Terre.
01:48Et donc il y a énormément de start-up qui se sont positionnés sur le sujet.
01:52Soit sur des sujets ce qu'on appelle upstream, c'est-à-dire fabrication et industrialisation de satellites et de lanceurs.
02:01Soit sur la partie downstream, c'est-à-dire digital, exploitation des données issues de ces satellites.
02:07Les données étant de trois types, observation de la Terre, géopositionnement et télécom.
02:12Pour le dire d'un mot, oui, l'espace est autour de nous au quotidien, nous qui sommes les pieds sur Terre.
02:19Voilà, c'est des sociétés qui ont toutes des business models véritablement sur Terre.
02:24On peut faire beaucoup de choses avec le New Space, on peut faire de l'assurance, on peut faire de la santé, on peut faire de la sécurité, on peut faire plein de choses.
02:33Il y a une frontière qui est en train de tomber dans ce thème du New Space, c'est la frontière entre civils et militaires et défense ou sécurité.
02:41Je ne sais pas comment est-ce que vous définissez d'ailleurs ce mouvement de convergence qu'il y a entre des applications civiles, industrielles, historiques, commerciales, classiques
02:51et le thème de la défense qui est en train de monter en puissance.
02:55D'accord, il y a en fait toujours un lien entre le spatial et le militaire.
03:01Déjà parce qu'envoyer une fusée et envoyer un missile, c'est très proche.
03:05La politique spatiale française par exemple a été toujours pilotée par la défense.
03:13Le CNES par exemple dépend du ministère de la défense.
03:17Donc déjà il y a un lien déjà atténu, ça c'est une évidence.
03:21Sur tout ce qu'on voit plus récemment, c'est qu'en fait tout ce qui se passe autour de l'Ukraine, etc.
03:33On voit des nouveaux territoires de conflictualité arriver et l'espace devient un nouveau aussi territoire de conflictualité.
03:41Et c'est pour ça d'ailleurs que l'armée de l'air maintenant s'appelle l'armée de l'air et de l'espace.
03:47Et donc on l'a vu au moment de l'invasion en Ukraine, la première chose qu'ont fait les Russes,
03:53c'est de déstabiliser un certain nombre de... de faire du hacking de satellites,
03:58des satellites qui étaient peu ou pas protégés.
04:00Et donc on voit très bien que les conflits se déplacent vers le sujet de l'espace.
04:04Ça c'est le premier point.
04:06Le deuxième point c'est qu'avec des données satellitaires, on peut faire tout un tas de choses pour la défense.
04:12On peut surveiller une frontière, on peut surveiller un champ de mines,
04:16on peut surveiller les déplacements d'une armée, etc.
04:19Donc l'espace est très proche en fait de ces sujets de défense.
04:24Et donc c'est pour ça que le fonds qu'on est en train de préparer,
04:28qui va être le fonds successeur de notre fonds actuel qui a pratiquement terminé sa palette d'investissement,
04:33va non seulement investir, continuer à investir sur des thématiques spatiales,
04:38mais également sur des thématiques sécurité et défense.
04:40C'est ça. C'est un élargissement pour vous du terrain de jeu et de l'univers.
04:43C'est pas l'idée de compartimenter des applications civiles, des applications militaires.
04:48Pour vous c'est au contraire, c'est un marché, un univers d'investissement qui grossit.
04:52C'est une prolongation, sachant que nous, lorsqu'on a commencé à investir dans l'Union Space,
04:57on s'est très rapidement aperçu que des sociétés qui a priori avaient des business models civils
05:02se retrouvaient par la force des choses avec des business models également militaires.
05:07Je peux citer par exemple Constellar, qui est une société allemande
05:11qui a pour objectif de mesurer le taux d'eau sur les champs pour l'agriculture.
05:19Elle se retrouve actuellement en train de développer des choses pour surveiller des champs de mines.
05:24Et donc on voit que c'est des sociétés qui ont un modèle dual, à la fois civil et militaire.
05:30C'est la même techno ?
05:31C'est la même techno, c'est du multispectral, c'est exactement la même chose.
05:35Évidemment, les algorithmes de traitement vont être différents pour pouvoir effectivement informer les gens de ce qu'il y a.
05:42Mais globalement, il n'y a pas grand chose à changer pour passer d'un modèle civil à un modèle militaire.
05:47Ce n'est pas un pivot profond ou structurel pour une entreprise comme Constellar qui a développé cette technologie ?
05:53C'est une prolongation, c'est juste une nouvelle business unit, on va dire.
05:58Et donc pour nous, c'est hyper important parce qu'on avait imaginé une société qui pouvait valoir à terme 500 millions d'euros.
06:04Et aujourd'hui, avec ce nouveau business, ça peut valoir le double.
06:06Donc c'est plutôt une bonne nouvelle pour nos investisseurs et c'est pour ça qu'on veut prolonger l'investissement en élargissant très clairement nos investissements sur le thème de la sécurité et de la défense au-delà du spatial.
06:19Et ce fonds, il sera vraiment dédié, ce que vous dites, à ces entreprises duales qui vont servir à la fois des marchés militaires de défense et des marchés civils commercialement traditionnels ?
06:29Oui, tout à fait. Nous, ce qu'on souhaite, c'est d'abord investir sur ces nouveaux territoires de conflictualité.
06:34On a parlé du spatial, mais également de la cyber avec les attaques de cyber sur les sujets notamment aussi de deepfake sur les réseaux sociaux.
06:43Donc là, il y a énormément de choses à faire sur les sujets de sécurité d'une manière générale.
06:48Et puis, utiliser les technologies digitales qui sont extrêmement présentes sur ces domaines.
06:57La France est très présente au travers de tout un tas de sociétés de grande taille, les Thalès, les Safran.
07:04Dans le domaine militaire.
07:06Mais voilà, ces nouveaux territoires de conflictualité digitales sont une vraie opportunité pour des startups pour se développer.
07:14Et on veut investir plutôt en Europe, évidemment.
07:17Donc, espace, défense et sécurité, c'est ça ?
07:22Donc, ça, c'est les trois piliers de ce fonds que vous lancez.
07:27Quel lien est-ce que vous faites avec l'enjeu de souveraineté ?
07:31Alors, je manise ce terme avec prudence parce que c'est vrai qu'il chapote beaucoup de choses aujourd'hui,
07:37notamment quand on est dans la sphère politique française et européenne.
07:41Qu'est-ce que vous en faites, vous, en tant qu'investisseur de cette quête de souveraineté qui anime beaucoup de secteurs aujourd'hui ?
07:48C'est très clair que l'enjeu de souveraineté, c'est une préoccupation des hommes politiques.
07:55Nous, on n'est pas un fonds souverain.
07:59BPI est un fonds souverain.
08:02Nous, notre objectif, c'est d'investir sur cette opportunité de la défense européenne.
08:08Effectivement, on sera précautionneux sur le fait de revendre des sociétés plutôt à des acteurs européens.
08:15Maintenant, si les acteurs européens ne veulent pas se positionner sur les sociétés dans lesquelles on investit,
08:19on ne veut pas s'interdire d'investir, de céder les sociétés à l'extérieur.
08:25Maintenant, il y a des règles.
08:26On ne peut pas délocaliser une société qui dispose d'un actif stratégique pour la défense européenne comme ça.
08:36Il faut demander des autorisations.
08:37Notre objectif, nous, c'est d'avoir une sorte de rescrit, de demander un accord préalable à notre investissement
08:42pour éventuellement céder une boîte en dehors de l'Europe.
08:45Mais c'est clair que nous allons favoriser des sessions européennes avant toute chose.
08:51Oui, c'est ça. Dans la stratégie d'exit, il faut rester ouvert et agnostique au moins sur le paquet.
09:00Nous, on va favoriser des sessions européennes, françaises, européennes.
09:04Mais s'il n'y a pas l'acheteur en face, s'il n'y a pas de volonté en face de chercher ou de trouver un acheteur...
09:10Sauf si Bercy nous interdit de céder les technologies en dehors de France.
09:15Nous nous autorisons à vendre des boîtes en dehors de l'Europe.
09:21C'est quoi une boîte qui vous intéresse ? Vous avez cité Constellar en Allemagne.
09:24En France, il y a des exemples également, Olivier.
09:26Il y a une société qui a levé beaucoup d'argent, mais à mon avis, c'est trop tard pour nous.
09:31Je ne vais pas vous donner les sociétés qui nous intéressent.
09:34Command.ai, c'est une société qui est dans le sujet de la défense, qui est très utilisée, notamment sur le terrain de l'Ukraine.
09:41Donc voilà. Mais nous, on a vraiment déjà un bon deal flow.
09:45On a déjà analysé pas mal de sociétés.
09:48On a clairement des belles opportunités.
09:51Et voilà, je ne peux pas vous en parler parce que ça reste confidentiel.
09:54Mais voilà, on est prêts.
09:56Et donc nous, notre actualité, c'est la levée de ce fonds qui s'appelle Caristatech 2.
10:01Et on espère pouvoir faire un premier closing d'ici la fin de l'année.
10:04Donc voilà, on est à la recherche d'investissez.
10:06On vise un premier closing autour de 50-60 et à terme, un fonds de l'ordre de 100 millions d'euros.
10:11Et par rapport au lancement du premier fonds, le premier fonds, je n'ai pas dit de bêtises, c'était 2017, c'est ça ?
10:15Alors, le premier fonds, on a commencé à travailler sur le sujet en 2017.
10:19On a fait un premier closing en 2021.
10:22D'accord.
10:22On vient de faire un nouvel investissement.
10:25Il n'est pas encore public, mais voilà.
10:27OK.
10:27On est en train de finaliser le portefeuille.
10:30Et en 4-5 ans, l'intensité concurrentielle, dans votre métier d'investisseur dédié au New Space, il a évolué ?
10:39Non, pas tellement.
10:40Ça reste très spécifique.
10:41Les gens, on est très peu nombreux sur ce secteur.
10:45Il y a un acteur anglais un petit peu historique qui s'appelle Seraphim qui a investi sur ces sujets, mais beaucoup aux Etats-Unis.
10:51Donc, nous, on estime qu'on est relativement seuls.
10:54Il y a évidemment 2-3 autres acteurs qui font de la deep tech et qui, de temps en temps, font du New Space.
10:59Vraiment, des fonds New Space comme nous, il n'y en a pas tellement, non.
11:02Comment on accède à l'expertise, justement, pour justement se positionner comme spécialiste, entre autres ?
11:08Alors, nous, on a un accord avec le CNES, le Centre National d'Études Spatiales, qui a mis un gros ticket dans ce fonds.
11:14Donc, cet accord, ce n'est pas seulement un accord financier, c'est un partenariat stratégique sur lequel nous travaillons.
11:21Donc, ils nous aident à trouver des technos, ils nous aident à trouver des startups, donc ils apportent du deal flow.
11:26Mais ils aident aussi les startups de notre portefeuille à se développer chez les grands comptes, puisque chez eux, le CNES est un apporteur d'affaires,
11:33est un, entre guillemets, client de tous ces Safran, Thales, Airbus, etc.
11:38Et donc, ça nous aide beaucoup.
11:40Et voilà, on a de temps en temps des échanges autour des sociétés et de l'expertise qui nous arrive en provenance du CNES.
11:48Merci beaucoup, Olivier. Merci d'être venu évoquer avec nous cette thématique du New Space
11:54à l'occasion de ce nouveau fonds que vous lancez chez Carista.
11:57Olivier Dubuisson, le président de Carista, a été l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse, ce soir, sur Be Smart for Change.
12:03Sous-titrage Société Radio-Canada
12:10Sous-titrage Société Radio-Canada

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