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  • 03/04/2025
Jeudi 3 avril 2025, retrouvez Jean-Jacques Ohana (Consultant indépendant - Membre du Board de la fintech, Ai For Alpha) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque heure, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Ce quart d'heure est consacré ce soir aux annonces tarifaires de Donald Trump.
00:16Hier soir, on est le jour d'après Libération Day et c'est Jean-Jacques Oana qui est à
00:21mes côtés en plateau pour évoquer ce sujet avec l'aide et les outils d'intelligence
00:27artificielle pour décrypter les mouvements de marché.
00:29Bonsoir Jean-Jacques.
00:30Bonsoir Grégoire.
00:31Vous êtes consultant indépendant, membre du board de la fintech AI4Alpha avec effectivement
00:35des modèles d'IA qui permettent d'identifier des signaux de marché et qui nous aideront
00:41peut-être à y voir un peu plus clair dans cette journée un peu compliquée.
00:45Trump sacrifie les marchés pour sauver la manufacture américaine.
00:52C'est ça votre point Jean-Jacques ?
00:54Oui, alors je me suis aidé aussi du generative AI pour essayer de comprendre en fait les
01:00narratifs et de comprendre en fait qu'est-ce qu'il y a derrière cela parce que finalement
01:06au-delà des marchés, des tendances de marché qu'on étudiera tout à l'heure, en fait
01:10il faut bien comprendre quel est finalement le narratif de ceux qui mettent en place cette
01:16politique et quelle est la compréhension des investisseurs par rapport à cette politique
01:21pour bien comprendre, pour bien décrypter la situation.
01:24Et en effet, quand on analyse premièrement ce que dit Trump, là d'où vient Jay Devance
01:33qui est le vice-président, ce que dit Scott Besant qui est le secrétaire d'Etat au Trésor,
01:41en fait d'abord Trump le dit finalement depuis plus d'un mois, ils sont prêts à sacrifier
01:48la bourse parce qu'en fait à un moment Trump avait répondu à une émission, ne regardez
01:54pas à court terme, la Chine a un horizon de temps de 50 ans, sous-entendu moi je m'en
02:00fiche s'il y a une correction de 10-20%, ça veut dire que dans ce Trump 2, il a changé
02:06radicalement dans sa relation au marché parce que le Trump 1 était obsessionnel des marchés,
02:11il regardait au jour le jour les marchés, il faisait des commentaires et il ajustait
02:16sa politique en fonction des marchés, désormais le pouls de Trump a disparu et en tout cas
02:22il est loin, il est en dehors de la monnaie.
02:25Donc aujourd'hui, ça c'est une première composante, Scott Besant a dit la correction
02:32des bourses est due à un problème des 7 magnifiques et non à une erreur de politique
02:38de la part de l'administration Trump.
02:40C'est une bulle de valorisation qui se dégonfle quoi.
02:43Voilà et aussi sous-entendu c'est dû à leur pratique, notamment peut-être Apple
02:49et d'autres.
02:50Donc ça c'est un premier point qui est essentiel, c'est qu'en fait cette administration en
02:56tout cas dans son début de mandat a peut-être des intentions plus long terme et ils sont
03:03prêts à avoir une correction boursière et peut-être même qu'ils sont prêts à
03:08une récession parce qu'en fait ils veulent baisser les taux, ils veulent que les taux
03:12baissent, c'est pas si facile que ça de forcer la main de la Fed, ils veulent peut-être
03:16faire baisser le dollar aussi et peut-être qu'après ils veulent utiliser finalement
03:21ces atouts dans la suite de leur mandat.
03:24Donc déjà ça c'est un premier point.
03:28Le deuxième point et ça c'est vraiment très important, c'est-à-dire qu'en analysant
03:34ce que disent le bruit du web, c'est que ces tarifs n'ont rien de permanent, c'est
03:40un levier, c'est-à-dire qu'en fait c'est comme une partie de poker, finalement il
03:46abat ses cartes et il dit voilà, c'est des tarifs réciproques, bon après on pourra
03:52toujours contester les chiffres etc. mais il y a une notion de réciprocité, vous mettez
03:57des tarifs, moi je mets la moitié, vous baissez les tarifs, je baisse aussi potentiellement.
04:01Et on voit qu'il y a plusieurs pays asiatiques notamment, on voit peut-être la Thaïlande,
04:07la Corée du Sud et probablement d'autres qui vont arriver, qui vont beaucoup négocier
04:12en réalité.
04:13Donc il n'est pas du tout impossible qu'une grande partie de ces tarifs soient complètement
04:19différents d'ici un mois.
04:20L'Asie et les émergences sont les pays qui sont les plus durement frappés par les annonces
04:25de Trump hier soir, Vietnam, des pays très clés comme ça effectivement.
04:29On peut citer notamment la Chine, la Chine en premier lieu parce que la Chine c'est le
04:33concurrent géopolitique, le premier concurrent géopolitique américain et on peut imaginer
04:38que la Chine n'aura pas beaucoup de faveurs.
04:40Et au-delà de la Chine, on a finalement les pays qui avaient servi de substitut à la délocalisation
04:48de la chaîne de valeurs sur la Chine, par exemple le Vietnam, le Cambodge et puis d'autres
04:55pays comme la Corée du Sud, on a Taïwan évidemment, on a le Japon.
05:02Le Japon à peu près comme l'Union Européenne et puis on a le Mexique, le Canada, voilà.
05:09Il a voulu fermer ses issues qui ont été utilisées pour contourner effectivement par
05:13la Chine, pour contourner, c'est la première vague de droits de l'homme d'il y a dix ans.
05:16Et on arrive aujourd'hui à une moyenne, ce que j'ai vu, la moyenne théorique c'est 22%.
05:21Oui c'est ça, on se balade autour de 20% oui c'est ça.
05:23Et on était à 1.2, 1.4 récemment donc c'est très notable.
05:29Ah oui c'est massif.
05:30Et d'autre part en fait ce qui explique la baisse des bourses, on arrive là, c'est qu'en
05:35fait il y a eu des estimations il y a quelques semaines, quelques jours, par exemple de Goldman
05:40Sachs qui disait que toutes les cinq points de hausse tarifaire, on a une baisse de un
05:45à deux points des marges des entreprises.
05:48Donc le marché il fait des règles de trois, il en est là et il se dit bon ben en fait
05:55on arrive à huit, dix points de baisse de marge.
05:58Voilà impact massif sur les valorisations, perte de confiance et donc on arrive à des
06:05baisses de bourses qui sont de la magnitude de 3 à 5% voire plus.
06:10Et d'autre part ce qu'on voit aussi c'est qu'il y a une vraie défiance sur les marchés
06:16américains.
06:17Alors ça se voit parce qu'en fait au-delà même de la baisse très importante du Nasdaq
06:22depuis le début de l'année, on doit être à moins 15 là, sur le Nasdaq, on voit la
06:28baisse des crypto-monnaies.
06:30Alors le Bitcoin tient encore la route puisqu'on est à une baisse de 10% depuis le début
06:35de l'année.
06:36Sur d'autres crypto-monnaies c'est beaucoup plus sévère, comme l'Ethereum par exemple
06:40on est à quasiment 50% de baisse depuis les tops.
06:43Donc ça commence à devenir vraiment inquiétant sur les crypto-actifs.
06:49Et puis même sur les petites capitalisations américaines, on est sur des baisses qui sont
06:53plus sévères que celles du Nasdaq.
06:55Exactement.
06:56Le Russell 2000 est en bear market aujourd'hui.
06:58Absolument.
06:59Donc on est de l'ordre de moins 20.
07:01Cependant, et ça on l'analysera, sur le segment value, on a quand même une résilience, pas
07:10aujourd'hui mais jusqu'à hier, on était en territoire positif, on était à plus de
07:1520% et on a une différence entre le Nasdaq, entre les valeurs de croissance et le value
07:21de l'ordre de 12 à 14% depuis le début de l'année, ce qui est considérable.
07:25Et donc cette politique témoigne aussi d'un souci de rééquilibrage de l'économie américaine.
07:32Dans value, vous mettez quoi Jean-Jacques ?
07:35Évidemment il y a les financières.
07:37Financières, industries, matériaux.
07:39Et les pétrolières.
07:41Et les pétrolières, énergie.
07:43Donc ce qu'on voit, c'est pour ça que c'était finalement le titre, c'est de relancer la
07:48manufacture américaine, c'est qu'on a une volonté de refaire venir les usines aux Etats-Unis.
07:56Alors d'autres diraient que ça ne se fait pas comme ça, que les usines n'existent pas.
08:00C'est ce qu'on n'arrête pas de dire.
08:02Oui voilà.
08:03Bon, d'un autre côté, je dirais que peut-être qu'il y a eu une telle exagération du balancier
08:08que peut-être on ne peut pas réformer un système.
08:13Si à un moment vous ne faites pas quelque chose d'un peu radical, il peut y avoir de radicalité
08:21pour finalement faire tourner la balance dans l'autre sens.
08:24C'est-à-dire que si vous n'avez pas des avantages à relocaliser, les entreprises ne le feront jamais.
08:32Donc il faut quelque part, à un certain moment, le faire de manière forcée.
08:37Et peut-être que certaines entreprises, d'abord certaines ont des usines,
08:41on sait très bien que les constructeurs automobiles européens ont des usines aux Etats-Unis,
08:46et pas tous, mais BMW en a par exemple.
08:49Donc ils peuvent augmenter leurs capacités.
08:52Et d'autre part, si vous ne mettez pas les règles en place pour qu'ils puissent le faire,
08:59en fait finalement ça ne se fait jamais.
09:01Et il y a une volonté, je pense, de relancer l'emploi dans des friches industrielles
09:07comme celle de la Rose Bell, des villes fantômes qu'on a aussi en France,
09:11mais qui sont particulièrement prégnantes aux Etats-Unis, où finalement il n'y a plus rien.
09:16Et en fait on veut rééquilibrer l'économie au prix de la bourse.
09:20C'est-à-dire que c'est Wall Street contre Main Street.
09:24Voilà, c'est ça l'idée.
09:26Donc Wall Street, on le sacrifie à court terme, et on verra après.
09:30Et finalement on se dit qu'ils s'en sortiront toujours.
09:33Et finalement ils ont beaucoup gagné ces dernières années.
09:36Et Main Street, peut-être que ça ne va pas marcher.
09:40Mais je dirais que l'objectif de cette administration, c'est de dire qu'on va essayer.
09:44C'est-à-dire qu'en lâchant Wall Street, moi je veux bien qu'il y ait deux mondes
09:47qui existent séparés entre le monde des marchés, Wall Street et Main Street.
09:51Mais à un moment, on sait bien que ces deux mondes se rejoignent.
09:55Si on lâche complètement Wall Street, je ne suis pas sûr que Mr Smith de Main Street,
10:01à la fin de la journée, il ait encore son emploi, son salaire, ses hausses de salaire,
10:05et qu'il soit très content.
10:07Mais c'est l'équilibre.
10:09C'est le pari. C'est un pari qui est risqué.
10:13C'est un pari qui est à la fois interne et externe.
10:17De levier de négociation.
10:19Je crois qu'on a beaucoup révisé.
10:21Effectivement, les objectifs poursuivis par Trump et son administration...
10:25Et que ces objectifs, contrairement à ce que pensent les Européens,
10:28ou ce qu'on dit aux narratifs simples,
10:31il n'est pas si simpliste que ça. Il est pensé.
10:33C'est peut-être une stratégie qui va échouer,
10:35mais finalement, en réfléchissant, elle vaut le coup d'être tentée en début de mandat,
10:39plutôt qu'au milieu ou à la fin.
10:41Partant en plus d'une situation économique assez exceptionnelle,
10:44même si Trump ne l'admettra jamais.
10:46Il a quand même conscience qu'il héritait d'une situation économique plutôt bonne.
10:49Il nous reste une minute. Qu'est-ce que ça veut dire pour l'investisseur ?
10:52Ce « no pain, no gain » ?
10:54L'idée qu'il y a un Golden Age qui nous attend à horizon de combien de temps ?
11:00Dans l'intervalle, il faut se préparer à quoi ?
11:03À court terme, il y a un désordre très important dans les marchés.
11:06Il y a des rebalancements massifs dans les portefeuilles.
11:09Il y a une défiance qu'on voit.
11:11La hausse des volatilités. La hausse des spreads.
11:14Même sur le financement du crédit américain, il y a une défiance.
11:18La hausse de l'aversion au risque.
11:20Il y a des dégagements de position.
11:22À court terme, les entreprises américaines sont tapées.
11:27Des entreprises comme Nike, Apple souffrent énormément.
11:32Le marché peut aller assez facilement en bear market.
11:37Même sur le S&P 500.
11:39À court terme, plutôt de la prudence.
11:42Ce qui est quand même positif pour l'instant,
11:46c'est qu'il y a une baisse du dollar, une baisse des taux.
11:49Et du pétrole.
11:51Il y a des facteurs qui sont positifs.
11:54Des facteurs de relance.
11:57Des stabilisateurs automatiques.
11:59Cela devrait permettre de soutenir les bourses, mais pas tout de suite.
12:05On est dans cette entre-deux au lendemain de ce Liberation Day.
12:10Merci beaucoup, Jean-Jacques.
12:12Merci d'avoir été avec nous pour évoquer cette situation de marché
12:15et des outils d'IA et de Gen AI que vous manipulez, que vous utilisez chez AI4Alpha.
12:21Vous êtes consultant indépendant.
12:22Jean-Jacques Oana, qui était avec nous l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.

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