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Jeudi 15 mai 2025, retrouvez Sarah Slakemon (Directrice clientèle privée, Carat Capital), Axel Pierron (Directeur senior, Morningstar Sustainalytics), Pierre-Eliott Blum (Avocat associé - fiscalité, Lumay Avocats) et Guillaume Law-Yee (Analyste financier, Optigestion) dans SMART PATRIMOINE, une émission présentée par Nicolas Pagniez.

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00:00Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'émission Smart Patrimoine, Smart Patrimoine l'émission qui vous accompagne dans la gestion de vos finances personnelles mais l'émission qui décrypte également avec vous les enjeux et les actualités du secteur de la gestion de patrimoine.
00:20Une émission que vous pouvez retrouver tous les jours sur Be Smart for Change, sur les réseaux sociaux de Be Smart for Change et bien sûr vous pouvez nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
00:29Au sommaire de cette édition nous commencerons tout d'abord avec Investir Responsable, le rendez-vous dédié à l'investissement durable aux responsables de Smart Patrimoine.
00:36Nous ferons le point dans un instant sur les flux durables au premier trimestre 2025 qui affichent une décollecte record.
00:45Nous tenterons de comprendre pourquoi avec Axel Pierron, directeur senior chez Morningstar Sustainalytics.
00:51Nous enchaînerons ensuite avec un enjeu patrimoine consacré à cette potentielle suppression de l'abattement fiscal de 10% pour les retraités.
01:00Qu'est-ce que cela impliquerait et pourquoi est-ce qu'il est visé particulièrement ?
01:04Nous en parlerons avec Pierre-Elliott Blum, avocat associé spécialisé en fiscalité chez Luma Avocat, mais aussi Sarah Slackmont, directrice de la clientèle privée et associée également chez Cara Capital.
01:13Et puis enfin, dans la troisième partie de l'émission, dans l'œil de l'expert, nous ferons un focus sur les marchés actions américains dans un contexte incertain.
01:23Nous en parlerons avec Guillaume Loï, analyste financier chez OptiGestion. On se retrouve tout de suite sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:34Et nous commençons tout de suite avec Investir Responsable, le rendez-vous dédié à l'investissement durable aux responsables de Smart Patrimoine.
01:40Et nous allons faire un focus ensemble sur la collecte ou la décollecte, en l'occurrence, en ce qui concerne les flux durables au premier trimestre de l'année 2025.
01:52Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir sur le plateau de Smart Patrimoine, Axel Pierron. Bonjour Axel Pierron.
01:56Bonjour Nicolas.
01:57Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:59Vous êtes directeur senior chez Morningstar Sustainalytics.
02:02Et on va évoquer avec vous un constat que vous avez fait chez Morningstar.
02:07On parle de décollecte de pire trimestre jamais enregistré au premier trimestre 2025.
02:148,6 milliards de sorties nettes sur les fonds durables.
02:18On n'avait jamais vu ça, Axel Pierron.
02:20Non, on n'avait jamais vu ça.
02:21Et puis, il faut le mettre aussi en perspective avec le dernier trimestre 2024,
02:24où on avait quand même une collecte de 18,1 milliards.
02:27Bien sûr.
02:27Donc là, ça fait quand même un gros delta.
02:29Et surtout, le signal qui nous alerte, c'est que c'est la première fois depuis qu'on mesure la collecte des fonds durables,
02:37c'est-à-dire depuis 2018, c'est la première fois qu'on voit de la décollecte en Europe.
02:41D'accord.
02:42Sur les fonds durables ?
02:42Sur les fonds durables.
02:43Et ça, c'est la première fois parce que...
02:44Et c'est ce qui explique d'ailleurs qu'aujourd'hui, on est une décollecte au niveau global,
02:48parce qu'il faut bien voir, l'Europe aujourd'hui, c'est 84% du marché des fonds durables.
02:52Oui, bien sûr.
02:52Et sur le premier trimestre 2025, on a une décollecte en Europe de 1,2 milliard.
02:58D'accord.
02:58Et donc, là où les Etats-Unis sont en décollecte depuis 10 trimestres consécutifs,
03:03c'est la première fois que l'Europe suit la même tendance,
03:06et c'est pour ça qu'on arrive, in fine, à une décollecte de 8,6 milliards sur le premier trimestre 2025.
03:11D'accord. Donc, en fait, avoir une décollecte au global sur les flux durables,
03:13ça n'aurait pas été aussi inquiétant, entre guillemets, je le dis comme ça,
03:16si c'était provenu des Etats-Unis, parce que ça aurait été dans la continuité d'une tendance déjà existante.
03:22Là, ce que vous dites, ce qui doit alerter, c'est que l'Europe s'y met aussi.
03:26L'Europe décollecte. Mais je dirais, à partir du moment où l'Europe décollecte,
03:30on décollecte au global, puisque, encore une fois, la majorité du marché est en Europe,
03:35et il faut voir qu'au dernier trimestre 2024, sur l'Europe, on est à plus de 20 milliards de collectes.
03:40D'accord. Et là, on passe à moins 1,2. Donc, après, si on ramène la décollecte
03:46par rapport aux assets sous gestion du marché des fonds durables,
03:51on est juste à 0,27%. Donc, on est quand même quelque chose qui n'est pas non plus encore trop significatif.
03:59Alors, ça, on peut peut-être expliquer ce que vous dites, c'est que si on ramène quoi aux...
04:03Aux actifs sous gestion globaux des fonds responsables, qui se situent à 3,6 millions de milliards,
04:15trillions, on arrive à 0,7% de ces actifs sous gestion.
04:21Donc, on n'est pas non plus encore dans quelque chose de dramatique.
04:25Comment on explique cette décollecte au premier trimestre de l'année 2025 ?
04:29Il y a un lien direct avec une élection aux Etats-Unis ou un comportement des marchés financiers sur la période ou peut-être d'autres actualités ?
04:38Mais c'est un peu tout ça. Donc, bien sûr, effectivement, il y a ce qui se passe aux Etats-Unis
04:42et l'impact que cela a eu sur à la fois les entreprises qui, maintenant, ont aussi quelque part un risque juridique
04:50par rapport aux informations qu'ils peuvent mettre en avant, notamment leur politique aussi d'inclusion,
04:55leur politique liée au climat, etc.
04:56Un risque juridique aux Etats-Unis, par exemple, sur le sujet ?
04:59Oui, bien sûr, on a vu qu'elles étaient très souvent attaquées quand elles étaient...
05:03Enfin, finalement, on leur reprochait de faire du favoritisme à l'envers
05:08si jamais elles allaient trop loin dans des politiques d'inclusion ou de recherche d'investissement plus vert.
05:15Exactement. Et puis surtout, on est dans une situation un petit peu toujours d'incertitude et ce que les marchés n'aiment pas
05:20parce qu'on a à la fois au niveau fédéral l'administration Trump qui est effectivement très anti-USG.
05:30Drill baby drill, tout est résumé.
05:32Et puis au niveau des Etats, on a des situations très différentes.
05:35Très récemment, l'Etat de New York a clairement dit que les gestionnaires d'actifs qui souhaitaient travailler avec ces fonds de pension
05:44devraient avoir une politique nette zéro.
05:47Donc il y a aussi cette incertitude.
05:49C'est-à-dire qu'au niveau fédéral, on a une vision.
05:51Au niveau des Etats, en fonction de la couleur des Etats, on va avoir des choses différentes.
05:54Ça, c'est pour le marché américain.
05:56Si on regarde le marché européen, en Europe, en fait, il y a aussi, avec ce retour de bâton un petit peu américain,
06:02il y a des questions qui ont émergé en Europe dernièrement autour de la compétitivité.
06:06On a parlé du rapport Draghi, mais aussi les questions autour de la défense.
06:11Et puis, même dans cette lutte contre le réchauffement climatique, le fait que les Etats-Unis, quelque part, fassent machine arrière,
06:18ça pose aussi des questions sur cet enjeu global.
06:21Parce que le réchauffement climatique seul, on n'y arrive pas, c'est quand même une initiative globale.
06:25Donc le fait que les Etats-Unis aussi, quelque part, fassent machine arrière, ça ralentit aussi les stratégies en Europe.
06:32Est-ce que ça doit inquiéter pour l'avenir de l'ESG, Axel Pierron ?
06:37Est-ce que les fonds durables...
06:39Alors, ma question est provocatrice exprès, mais est-ce que ça a été une mode sur les marchés
06:45et que maintenant, les investisseurs sont passés à autre chose et qu'il faut s'attendre à ce qu'on continue à décollecter ?
06:49Ou au contraire, est-ce que c'est juste une pause dans une tendance de long terme ?
06:53Alors, le marché des fonds durables, c'est un marché quand même extrêmement hétérogène.
06:58Il y a typiquement des fonds durables extrêmement différents.
07:01Il y a des stratégies très différentes.
07:02Il y a des stratégies qui sont effectivement liées notamment sur le risque de durabilité.
07:05Et là, on cherche à évaluer chez les entreprises leur capacité à résister à des événements.
07:10Et notamment, par exemple, à des événements comme le Covid-19,
07:14où on a vu les chaînes d'approvisionnement être complètement perturbées.
07:17Donc, les entreprises sont à l'heure de résister à ça.
07:20Je dirais que ça, c'est une tendance à long terme.
07:21Et c'est effectivement même de l'analyse fondamentale qui est faite sur les entreprises
07:25de leur capacité à résister à ces événements.
07:27Après, il y a des thématiques, effectivement, qui sont des thématiques de valeur.
07:30Et là, on a toujours vu, de toute façon, des vraies dichotomies entre les différents marchés
07:36avec des enjeux, par exemple, effectivement, aux États-Unis très forts sur l'inclusion
07:41et notamment l'inclusion des différentes minorités ethniques.
07:45Et puis, un focus beaucoup plus fort, par exemple, en Europe,
07:47sur tout ce qui était politique d'égalité homme-femme.
07:52Bien sûr.
07:52Donc, je dirais que ces éléments-là, ces éléments de valeur-là,
07:55sont peut-être, parfois, peut-être plus sujets à des évolutions.
08:01Mais même aujourd'hui, nous, ce qu'on peut constater,
08:03Sustainity, qui est quand même une entreprise qui fait de l'évaluation
08:05de la politique RSE des entreprises,
08:09nous, ce qu'on constate quand même, c'est qu'aux États-Unis,
08:11on rentre aujourd'hui quand même dans ce qu'on appelle du green hushing.
08:14Du green hushing.
08:15Hushing.
08:16Pas washing.
08:16Hushing.
08:17Exactement.
08:17C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est dans une situation, en fait,
08:19auparavant, on avait des entreprises, on pouvait avoir des entreprises
08:22qui faisaient ce qu'on appelait du green washing,
08:23c'est-à-dire qui promettaient beaucoup plus que ce qu'elles faisaient
08:26réellement, opérationnellement.
08:27D'accord.
08:27Et aujourd'hui, on a une situation inverse.
08:29C'est-à-dire qu'on a des entreprises, aujourd'hui,
08:30qui ont quelque part, qui mettent en sourdine leur politique RSE,
08:34leur politique de lutte contre l'échauffement climatique, etc.,
08:38mais qui, en fait, continuent leur stratégie.
08:40D'accord.
08:40Et ça, nous, on voit très bien aussi continuer,
08:42que ce soit aux États-Unis ou ailleurs.
08:43Donc, en fait, la tendance est toujours là.
08:45Oui.
08:45C'est une tendance de long terme,
08:47une tendance qui devient un petit peu sous-jacente,
08:49mais on en parle moins, si je comprends bien,
08:51parce qu'il y a un risque politique derrière.
08:53Exactement.
08:53Tout à fait.
08:54Merci beaucoup, Axel Pierron,
08:55de nous avoir accompagné dans Smart Patrimoine
08:57pour commenter, effectivement,
08:58cette décollecte au premier trimestre de l'année 2025
09:03sur les flux durables.
09:04On pourra faire le point, peut-être,
09:05pour voir si ça a continué sur le deuxième ou le troisième trimestre.
09:08Merci beaucoup.
09:08En tout cas, je rappelle que vous êtes directeur senior
09:10chez Morningstar Sustainalytics.
09:12Merci.
09:13Et quant à nous, on se retrouve tout de suite
09:14dans Enjeu Patrimoine.
09:16Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine.
09:23Le gouvernement a laissé entendre récemment
09:25qu'il pourrait revenir sur l'abattement fiscal de 10%
09:29pour les retraités.
09:32Et ce, dans un objectif pour le gouvernement
09:34d'aller chercher de nouvelles sources de revenus.
09:37Quel impact pourrait avoir la suppression
09:39de cet abattement fiscal pour les retraités en question,
09:43mais aussi de manière plus globale ?
09:44Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir
09:46deux experts de la fiscalité sur le plateau de Smart Patrimoine.
09:49Nous avons le plaisir d'accueillir tout d'abord
09:51Pierre-Eliott Blum.
09:52Bonjour, Pierre-Eliott Blum.
09:53Bonjour, Nicolas.
09:53Vous êtes avocat associé et spécialisé en fiscalité
09:56chez Lumet Avocat.
09:57Et à vos côtés, nous avons le plaisir d'accueillir également
09:59Sarah Slackmont.
10:00Bonjour, Sarah Slackmont.
10:00Bonjour.
10:01Vous êtes associé, mais aussi directrice
10:03de la clientèle privée chez Cara Capital.
10:05Alors, on va peut-être commencer avec vous,
10:07Pierre-Eliott Blum.
10:08J'imagine que les sujets fiscalité et évolution de la fiscalité,
10:11vous suivez ça de près,
10:12mais aussi évolution probable,
10:14le sport national depuis six mois en matière de fiscalité.
10:18Qu'est-ce qui va changer ?
10:19Qu'est-ce qui ne va pas changer ?
10:20On a vécu ça avant la loi de finances 2025.
10:23Là, on commence à se projeter sur la loi de finances 2026.
10:26Et on a eu ces...
10:26Alors, on est dans le domaine de l'annonce à l'heure actuelle.
10:28Juste, potentiellement,
10:29on pourrait revenir sur l'abattement fiscal de 10% sur les retraités.
10:33On a presque l'impression qu'on tâte un peu le terrain
10:35pour voir ce que ça va donner.
10:37Mais concrètement, on parle de quoi cet abattement fiscal ?
10:39Déjà, pour ceux qui ne sont pas encore retraités, c'est quoi ?
10:41Alors, l'abattement fiscal de 10% est un abattement,
10:43comme son nom l'indique, de 10% plafonné à 4300 euros
10:47à peu près par foyer fiscal,
10:49qui s'applique sur les pensions que perçoivent les retraités en France.
10:53D'accord.
10:53Ce qui permet donc de baisser, de réduire la base imposable
10:56à l'impôt sur le revenu de ces contribuables-là,
10:59et donc à réduire l'imposition corrélative de ces retraités.
11:04Cet abattement avait été mis en place il y a une cinquantaine d'années,
11:06afin de pondérer un petit peu le revenu imposable des retraités,
11:12de permettre une transition assez douce entre la vie professionnelle,
11:16où généralement on a des revenus un peu plus importants
11:18que lorsqu'on en est à la retraite,
11:21et donc d'anticiper un passage à un statut de retraité
11:25où on a des rémunérations un peu moindres.
11:27Et puis aussi, il y avait un argument qui avait été avancé à l'époque,
11:29qui était le fait de pouvoir aider à financer une partie des frais de santé,
11:33puisque lorsque l'on est retraité, généralement il faut payer des complémentaires
11:38de sa propre poche, versus le statut de salarié,
11:41où on peut bénéficier d'une complémentaire payée par la société.
11:45Donc voilà, c'était un petit peu cette idée-là,
11:47et donc c'est un abattement qui permet de réduire la base d'imposition des retraités.
11:50Donc il y avait une justification à cet abattement fiscal de 10%,
11:53pourquoi est-ce qu'il est remis en cause aujourd'hui alors ?
11:55Pour des raisons budgétaires, assez certainement.
11:57Aujourd'hui, le gouvernement a besoin d'argent,
12:00alors on a soit la possibilité d'augmenter les contributions des contribuables,
12:06donc l'imposition, ou de réduire les dépenses publiques.
12:09J'ai l'impression qu'on est plutôt sur le premier prisme en l'état,
12:13puisqu'on a une augmentation assez importante des impositions.
12:17On en avait déjà discuté, mais il y a notamment des impositions
12:19comme la CDHR qui a été mise en place de manière, en principe temporaire,
12:24mais on comprend déjà que ça va être prolongé, comme c'était la CDHR à l'époque.
12:27Et donc voilà, on essaie de trouver de l'argent un peu à droite à gauche.
12:31Et donc l'idée de venir supprimer cet abattement est aujourd'hui dans les tuyaux.
12:36Le gouvernement n'est pas plus tard que M. Béraud a indiqué que rien n'était impossible.
12:40Donc voilà, affaire à suivre.
12:43Sarah Slacmont, vous êtes directrice de la clientèle privée chez Cara Capital.
12:47Quand on a une clientèle privée qui s'intéresse à la gestion de son patrimoine,
12:52généralement on a quand même deux caches caricatures,
12:54mais ceux qui préparent la retraite et ceux qui sont à la retraite
12:57et qui du coup se demandent comment enfin bénéficier des fruits de leurs investissements
13:02pour justement avoir la retraite la plus douce possible.
13:05Quand on a un gouvernement qui fait une annonce comme celle-là,
13:07on a tout le monde qui vous appelle dans la minute ?
13:10Alors honnêtement, on n'a pas eu d'appel.
13:13Les gens sont plus préoccupés en ce moment par les droits de douane aux Etats-Unis
13:20et plutôt la partie financière et la partie fiscale, impôts sur le revenu.
13:25D'accord.
13:25Je crois que l'annonce est pour le moment à passer quelque peu inaperçue,
13:31mais je ne doute pas qu'elle va se propager et qu'on va avoir quelques appels.
13:38Qu'est-ce que ça vous...
13:41Enfin, quelle est la réaction que vous avez quand vous voyez effectivement,
13:45alors même qu'il y a eu beaucoup de questions en matière de fiscalité,
13:48justement pour des questions de budget en 2025,
13:50de voir que dès maintenant, mai 2025, à Bianney,
13:53on se pose déjà la question de supprimer un abattement pour les retraités pour l'année d'après ?
13:57En fait, on a l'habitude, c'est-à-dire qu'on vit en France,
14:01je ne sais pas comment ça se passe dans les autres pays,
14:03je n'y ai jamais vécu,
14:03mais en France, on peut quand même se dire que c'est un sport national
14:07que de faire évoluer les règles fiscales, sociales
14:10et tout ce qui touche à ce que le gouvernement peut provoquer.
14:16Donc, en fait, on a l'habitude d'être agile,
14:20de faire en sorte de se réorienter et d'accompagner nos clients dans les changements,
14:25que ce soit une réforme des retraites, on en a eu quand même pas mal,
14:29que ce soit le plafonnement des niches fiscales,
14:33que ce soit la modification des barèmes,
14:35en fait, des changements fiscaux, on en a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup,
14:40et j'aurais tendance à dire que cet abattement de 10% qui date des années 78,
14:47a presque 50 ans.
14:48Oui, c'est ça.
14:49C'est déjà presque une belle performance, en fait.
14:50Mais ça veut dire qu'il ne faut jamais rien tenir pour acquis,
14:52que même quand ça existe depuis 50 ans, ça peut être mis en cause, c'est ça ?
14:56Je crois que c'est un peu la leçon qu'on peut tirer,
14:58mais si jamais ça rentre en vigueur, je crois que ce sera la leçon dont on pourra tirer.
15:04Concrètement, peut-être toujours avec vous, Sarah Slackmont,
15:07ça change quoi pour un retraité si jamais demain, il y a une suppression de l'abattement de 10% ?
15:11Donc on paye plus d'impôts ?
15:13Alors, on paye plus d'impôts. Potentiellement, pour les retraités qui n'étaient pas imposables,
15:21pourraient le devenir.
15:22D'accord.
15:22On parle de 500 000 contribuables qui n'étaient pas imposables et qui pourraient le devenir.
15:28Donc pour eux, forcément, ça peut être lourd de conséquences financières, pour le pouvoir d'achat, etc.
15:34Pour les retraités qui ont des pensions de retraite plus importantes,
15:41comme le disait Maître Blum, l'abattement étant plafonné,
15:47pour une retraite très significative, l'impact est un peu moins important.
15:52Donc finalement, c'est plus pour les petites retraites que ça risque de faire mal.
15:57Pierre-Elliott Blum, si c'est les retraités les plus modestes qui sont les premiers impactés,
16:06pourquoi... Alors, ce n'est pas vous qui faites les lois,
16:09mais comment expliquer qu'on ait ce genre de déclaration dans la presse du gouvernement,
16:15alors même effectivement qu'il y a un abattement et que du coup,
16:16ce n'est pas les retraités les plus aisés qui potentiellement vont être les plus impactés par la mesure ?
16:21Alors bon, il y a déjà le sujet de trouver de l'argent, donc il y a la notion de budget,
16:25mais au-delà de ça, il y a la logique aussi qui est derrière cet abattement,
16:28puisqu'il ne faut pas le confondre avec l'abattement pour frais qui existent pour les salariés.
16:31Alors, il y a beaucoup de confusion qui existe,
16:33puisque sur l'avis d'imposition, on le retrouve plus ou moins au même endroit,
16:37que le taux étant le même quand on applique un forfait pour les salariés.
16:40Mais dans la logique de cet abattement des frais professionnels pour les salariés,
16:45c'est parce que quand on travaille, on a effectivement des frais qu'on engage.
16:47On peut avoir des frais de déplacement, des frais de nourriture, des frais de bouche, autres.
16:50Tandis que quand on est retraité, on n'a pas ces frais-là.
16:52Donc, dans la logique même, le gouvernement pourrait considérer que cet abattement n'est pas justifié
16:59et que c'était une sorte de faveur qui a été mise en place à l'époque
17:02pour, comme je l'ai dit précédemment, favoriser, pondérer l'imposition,
17:07mais qui aujourd'hui, dans un contexte plus ou moins de crise, ne se justifierait plus.
17:11Après, effectivement, ça a des impacts sur toutes les retraites.
17:14Alors, effectivement, sur les retraites les plus aisées,
17:16finalement, comme on est déjà plafonné, l'impact va être plus ou moins neutre.
17:20C'est pour les petites retraites ou surtout les moyennes retraites que ça peut avoir un impact.
17:23Mais ça peut avoir un impact aussi par ricochet.
17:26C'est-à-dire que, comme ça va venir augmenter le revenu fiscal de référence,
17:29ça va avoir un impact sur la CSG, puisqu'on a différents taux de CSG.
17:33Et en ayant un revenu fiscal de référence, certains retraités pourraient passer de taux,
17:37passer de 0 à 3 et quelques, à 6 voire 8.
17:39Donc, ça peut avoir un impact.
17:40Ça peut avoir un impact aussi sur certains avantages fiscaux,
17:45des réductions d'impôts.
17:46Ça peut avoir sur certaines exonérations, exonérations de taxes foncières, par exemple.
17:49Voilà. Donc, c'est des conséquences un peu larges.
17:51D'accord. Parce que le revenu fiscal de référence augmente.
17:53Et donc, du coup, on peut même changer de tranche d'imposition.
17:55Alors, on peut notamment changer de tranche d'imposition, complètement,
17:57pour tous les retraités.
17:59Mais ça, ça pourrait potentiellement impacter les plus grosses retraites,
18:02voire les moyennes retraites.
18:03Comme disait Sarah, sur les toutes petites retraites,
18:07certains contribuables qui n'étaient pas imposables vont le devenir,
18:10ou pourraient le devenir.
18:11On parle donc de 500 000 retraités,
18:13ce qui rapporterait à peu près entre 4 et 5 milliards d'euros au total.
18:17Mais c'est surtout par ricochet, les impacts sur les exonérations de taxes foncières,
18:21certaines taxes d'habitation à l'époque, sur certains avantages.
18:25Voilà. Ça, ça peut avoir un impact assez lourd pour les retraités.
18:27Sarah Slacmont, on est à mi-année 2025.
18:30Il y a une annonce. Il y en aura peut-être d'autres sur les sujets fiscalité.
18:34Comment est-ce qu'on se prépare à un éventuel changement de règle du jeu
18:39l'année prochaine, quand on est retraité à l'heure actuelle ?
18:43Je crois que quand on est retraité aujourd'hui, c'est compliqué.
18:47C'est un peu tard, en fait.
18:48C'est un peu tard pour se réorganiser.
18:51D'accord. C'est plutôt quand on prépare sa retraite qu'on peut faire évoluer ?
18:54C'est plutôt quand on prépare sa retraite.
18:55Et puis, j'ai déjà eu l'occasion d'intervenir ici sur la préparation des retraites.
19:01Et en fait, le message, il est toujours le même.
19:02Plus tôt on commence, moins l'effort est difficile à faire.
19:08Et je crois que les esprits évoluent un petit peu.
19:13Mais il y a 10 ans ou il y a 15 ans ou il y a 20 ans,
19:17c'était très difficile de parler retraite à un jeune actif de 25 ou 30 ans.
19:22Aujourd'hui, ça l'est toujours, mais il y a une prise de conscience sur toutes ces réformes.
19:28La retraite, c'est vraiment un sujet qui est très prégnant dans les annonces du gouvernement.
19:34Donc oui, il y a quand même une prise de conscience des jeunes actifs.
19:37Alors, des actifs établis, bien sûr.
19:39Mais j'ai l'impression que de plus en plus jeunes, on y pense.
19:43C'est quand même assez amusant, et on finira là-dessus, de voir qu'un jeune actif à 30 ans aujourd'hui
19:47a quand même l'impression que la retraite, il n'en aura pas ou peu.
19:50Mais que de l'autre côté, aujourd'hui, c'est là où le gouvernement décide
19:53qu'il faut aller chercher de l'argent pour des sujets budgétaires.
19:55C'est exactement ça. C'est tout un changement de paradigme assez fou
20:02qui vient peut-être des changements de gouvernement.
20:04Je ne me prononcerai pas sur le sujet.
20:07Mais en tout cas, oui, la retraite, ça fait parler et ça fera toujours parler, je crois.
20:12Merci à tous les deux d'être venus décrypter du coup cette potentielle évolution.
20:16Je rappelle que c'est potentiel, mais c'était important de décrypter un petit peu
20:19ce que ça pourrait avoir comme un impact.
20:20Merci Pierre-Eliott Blum, avocat associé spécialisé sur le sujet de fiscalité chez Lumet, avocat.
20:26Et merci également à Sarah Slaqumont, directrice de la clientèle privée,
20:29mais également associée chez Cara Capital.
20:31Merci à tous les deux.
20:32Merci beaucoup.
20:32Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans L'œil de l'expert.
20:38Et nous finissons donc cette émission, comme d'habitude, avec L'œil de l'expert
20:42où nous allons faire un focus sur les marchés actions aux Etats-Unis.
20:46Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir sur le plateau de Smart Patrimoine, Guillaume Loyer.
20:49Bonjour Guillaume Loyer.
20:50Bonjour Nicolas.
20:51Bienvenue sur le plateau Smart Patrimoine.
20:53Vous êtes analyste financier chez OptiGestion.
20:55Vous suivez les marchés financiers américains au quotidien.
20:59Et Dieu sait qu'ils ont fait parler d'eux récemment.
21:02Comment est-ce que vous regardez le climat actuel sur ces marchés financiers américains ?
21:08C'est marrant que vous parliez un petit peu de climat,
21:10puisque pour imager tout ça, ce qui se passe sur le marché américain,
21:12c'est que pour le moment, on est dans le brouillard.
21:14D'accord.
21:16Au moins, c'est clair.
21:17Les annonces de Trump ont mis du brouillard, ce qui a créé de la volatilité sur les marchés.
21:21La bonne nouvelle, c'est qu'il devrait se désépaissir avec des accords bilatéraux entre les Etats-Unis et les autres pays.
21:29D'accord.
21:29Avec notamment des accords entre les Etats-Unis et la Chine, dont on parle beaucoup en ce moment.
21:34C'est ce qu'on a eu hier.
21:36Normalement, il devrait y avoir une rencontre à la fin de la semaine.
21:39La très bonne nouvelle, c'est que la suspension de 90 jours avec la Chine,
21:43on a rabaissé les droits de douane à 30%.
21:45Le marché attendait 50%, ce qui a donné, je crois, un plus 4,5 sur le Nasdaq hier.
21:51Donc plutôt une bonne nouvelle pour les marchés américains.
21:53Donc un brouillard qui se désépaissit, une volatilité qui diminue ou qui pour l'instant reste tenace ?
22:01Pour le moment, on est un peu entre les annonces.
22:04Donc on ne sait pas ce que sera fait demain.
22:06Mais la bonne nouvelle, c'est qu'ils vont se rencontrer en fin de semaine
22:09et on devrait avoir encore un peu d'éclaircissement sur ce qui va se passer.
22:12Quelle conviction sur les marchés actions américains dans un contexte aussi incertain, Guillaume Leyer ?
22:17Alors la bonne nouvelle, c'est qu'on est en pleine période des résultats
22:20et que la technologie américaine se porte plutôt bien en retour d'IA.
22:24Que ce soit sur la performance des entreprises qui utilisent l'intelligence artificielle
22:28et pour celles qui vendent l'intelligence artificielle aussi,
22:31on voit une amélioration de la marge dans les bénéfices des sociétés.
22:35Et ça, pour le coup, c'est bon.
22:37Et en plus de ça, elles continuent à investir.
22:39Pas de cut, pas de ralentissement dans les investissements, notamment des GAFAM.
22:43Et ça, ça devrait continuer à soutenir le marché.
22:47D'accord. Donc l'IA, la tech, reste une thématique porteuse
22:50quand on regarde les résultats des entreprises aux Etats-Unis,
22:52même si on voit que c'est potentiellement ces entreprises
22:56qui ont le plus souffert aussi de réajustements sur les marchés financiers
22:59quand les marchés ont réagi aux annonces de Donald Trump.
23:03Exactement. Alors après, il faut savoir que les entreprises technologiques américaines
23:06sont les mieux valorisées en bourse.
23:07Bien sûr.
23:08Et en général, quand ça famboule, c'est les entreprises les mieux valorisées
23:11qui baissent le plus.
23:13D'accord.
23:13Là, on serait un petit peu plus inquiets.
23:15Par exemple, c'est sur la consommation, les entreprises de consommation.
23:18D'accord.
23:18Là, on a un petit doute, notamment sur un petit effet un peu pervers du bilan
23:22qui serait les stocks.
23:23Étant donné qu'elles ont acheté massivement avant les droits de douane,
23:26ça a impacté un meilleur compte de résultats sur le Q1
23:30à voir ce que ça va donner au Q2 et au Q3 pour les actions.
23:33Est-ce qu'il y a des tendances qui se dessinent ?
23:35On a parlé de la tech, on parle beaucoup de la tech, on parle de la consommation.
23:37Est-ce que, je ne sais pas, moi, je sais qu'on parle beaucoup du secteur de la défense
23:40en Europe à l'heure actuelle.
23:42Est-ce qu'il y a, à part la tech, d'autres secteurs qu'on regarde de près
23:46parce qu'on y croit ou au contraire on est inquiet aux Etats-Unis ?
23:50On est un peu inquiet partout parce qu'en fait, la répercussion des droits de douane,
23:53on ne sait pas très bien comment ça va jouer.
23:55D'accord.
23:55Surtout, qui va prendre ces pertes de gains ?
23:59Pour vous donner la petite histoire, Ferrari, par exemple,
24:02ont augmenté les prix des véhicules, mais on sait que les concessionnaires américains
24:05qui vendent des Ferrari, Ferrari leur a demandé de réduire un peu leurs marges.
24:08D'accord, ok.
24:10Donc, ça veut dire qu'on est toujours un peu dans le flou et on n'est pas dans une conviction
24:15qu'on est dans une période de négociation mais on va revenir à la situation d'avant.
24:20Non, on sait qu'il va falloir intégrer le sujet de droits de douane
24:23dans les performances des entreprises.
24:24Exactement, mais le problème, c'est le niveau auquel on va devoir les intégrer.
24:28Pour le moment, on tourne autour de 10%, mais pour les sociétés, par exemple,
24:33qui importent beaucoup de Chine, on ne sait pas jusqu'où ça va aller.
24:36Est-ce que, du coup, il y a des stratégies qu'on met en place de protection
24:38ou de gestion active, voire très active ?
24:43Nous, on a une gestion de conviction, donc je vous dirais qu'il faut tenir ces convictions
24:46étant donné que le S&P, quand même, est revenu autour de 0% en dollars.
24:50D'accord.
24:51Parce que le dollar a fait mal sur les positions.
24:54Enfin, pour les Européens.
24:56Il était urgent de ne rien faire pour le moment.
24:58Donc, on verra.
24:59Merci beaucoup, Guillaume Loyer, de nous avoir accompagné dans Smart Patrimoine.
25:03Je rappelle que vous êtes analyste financier chez Optigestion.
25:05Merci beaucoup.
25:06Merci à vous.
25:06Et quant à nous, on se retrouve très vite sur Be Smart for Change.

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