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Dans C'est Excellent, Judith Beller reçoit Nicolas Briançon, metteur en scène du "Journal d’une femme de chambre" au Théâtre Montparnasse jusqu’en juillet, rôle central dans "Monstre Sacré", dernière date le dimanche 25 mai au Théâtre Hébertot et au casting de "Flash(s) : Double vue", le 28 mai à 21h10 sur France 2 & Marion Dapsance, anthropologue des religions et auteure "Le yoga des yogis – La face cachée de l’Inde" publié aux Éditions du Cerf

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##C_EST_EXCELLENT-2025-05-18##

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Transcription
00:00Bonsoir, bonsoir, c'est l'heure de prendre de la hauteur avec celles et ceux qui vont
00:08au bout d'eux-mêmes.
00:09C'est excellent sur Sud Radio.
00:11Le comédien et metteur en scène Nicolas Briançon est sur tous les fronts en cette
00:14saison 2025.
00:15Il y a la mise en scène du journal d'une femme de chambre au Théâtre Montparnasse
00:19jusqu'au 22 juillet.
00:20Il y a un rôle aussi dans Monstre sacré avec Renata Lidvy-Nova qu'on retrouve le
00:2625 mai.
00:27Bonsoir, vous m'avez aidé à descendre l'escalier, ça sera au Théâtre Héberteau.
00:30Et puis Nicolas, on va aussi vous voir au casting de Flash W avec Miu Miu, c'est le
00:3428 mai à 21h10 sur France 2.
00:36Il y a le tournage en ce moment pour HBO dans Belphégor et Coratica, Vincent Elbaz.
00:40Puis sans oublier que vous serez à la prochaine édition du festival Navas à Enfaits.
00:43Je suis certaine que j'en oublie, c'est excellent.
00:45Bienvenue sur Sud Radio Nicolas Briançon.
00:47Merci.
00:48Avec plaisir.
00:49Elle est anthropologue des religions et docteure de l'école pratique des hautes études.
00:53Marion D'Absence nous vient avec un essai coup de poing, le yoga des yogis.
00:57La face cachée de l'Inde, c'est publié aux éditions du CERF.
00:59Alors Marion, vous nous dévoilez le yoga original tel qu'il est réellement pratiqué
01:04en Inde, loin du bien net New Age, des postures Instagrammales.
01:07C'est une quête parfois mystique, radicale, violente et transgressive.
01:11Alors vous nous posez une question Marion, le développement personnel est-il devenu
01:15une illusion exotique ? Vous allez y répondre.
01:17Bienvenue.
01:18Merci.
01:19Je vous en prie.
01:20Vous qui nous écoutez, c'est excellent.
01:21Bienvenue chez vous.
01:23Allez, on vous écoute Nicolas Briançon sur Sud Radio.
01:27Je me souviens de cette aventure comme si elle était d'hier, bien que les détails
01:33en soient un peu lestes, même assez horribles.
01:37Je vais vous la conter.
01:41Alors non Nicolas Briançon, vous avez raison de le dire hors antenne, ce n'est pas vous.
01:47Je vous remercie de le préciser.
01:49Vous avez mis en scène le journal d'une femme de chambre, c'est un texte d'Octave
01:54Mirbeau.
01:55C'est interprété par Lisa Martineau.
01:56Qu'on vient d'entendre.
01:57Voilà, exactement.
01:58Et c'est au théâtre de Poche-Montparnasse et jusqu'au 22 juillet, c'est ça ?
02:02Absolument.
02:03Alors je fais un petit pitch quand même, elle est seule en scène, Lisa Martineau,
02:06elle joue Célestine, c'est une soubrette aussi fine observatrice que cynique en fait.
02:11Elle a une aisance assez bouleversante et puis elle nous raconte un monde un peu pourri,
02:15on suit des domestiques aussi bien que des bourgeois.
02:19Alors ce texte, il a déjà connu plusieurs adaptations marquantes au Cinoche, notamment
02:24Louis Bunuel en 1964 et puis plus récemment il y a eu Benoît Jacot en 2015 avec Léa
02:30Sédoux.
02:31Qu'est-ce que ça apporte selon vous la scène de théâtre que ça ne permet pas à l'écran
02:34forcément ?
02:35D'abord au théâtre, on est collé au texte de Mirbeau, c'est le texte de Mirbeau, c'est
02:42pas l'histoire.
02:43Le cinéma, c'est très bien, le film de Bunuel.
02:46Le cinéma c'est une adaptation quoi.
02:47Voilà, avec Jeanne Moreau et Splendide.
02:49Magnifique.
02:50Mais là on est vraiment collé au mot de Mirbeau, au style de Mirbeau et Mirbeau est
02:54pour moi encore bizarrement finalement un peu méconnu.
02:58Oui tout à fait.
02:59Même si on le connaît, mais il est pour moi un des plus grands auteurs du 19ème siècle.
03:03Il n'est pas du tout un romantique mais il est un pamphlétaire, il a une plume tellement
03:09acérée, tellement violente parfois, tellement incroyablement précise.
03:15Et en même temps, dans cette description qui est une description terrifiante, pas simplement
03:23de la bourgeoisie, de la bourgeoisie de l'époque, de la fin du 19ème siècle, mais aussi du
03:28monde de Célestine et du monde qui l'entoure.
03:31Personne n'est sauvé dans cette histoire, ni elle, ni les autres.
03:35C'est un monde dévasté.
03:38Fais penser à cette phrase de Musset qui dit « Le monde est un égout sans fond, où
03:43les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fanges ».
03:47On est dans cet univers-là, c'est d'une noirceur absolument incroyable et en même
03:52temps, dans cette noirceur, il y a une espèce de drôlerie, de cynisme et paradoxalement
03:58d'espoir.
03:59C'est ce qui donne de la lumière, c'est ce qu'il reste en fait.
04:02Et puis, on aborde des tas de thèmes, alors il faut faire des choix.
04:09Le roman fait, je crois, 400 quelques pages, donc évidemment, c'est très réduit, même
04:15quand on le porte au théâtre et même si on est fidèle au texte lui-même de Mirbeau,
04:18on choisit…
04:19Comment vous choisissez ces cas-là ?
04:21Moi, je suis mon instinct dans ces cas-là, c'est-à-dire que je pars de l'ensemble
04:28et puis j'enlève quand j'ai l'impression qu'on le redit ou qu'il y a une succession
04:34d'histoires.
04:35Donc, si je me dis que cette histoire a déjà été racontée, j'essaie de prendre la
04:38plus forte des quatre et puis la plus forte des deux et je réduis, je réduis, je réduis
04:45jusqu'à être, à ce qu'il me semble être, sans trahir et avec toute ma subjectivité,
04:52le plus fidèle au roman.
04:54Mais c'est vrai qu'on a gardé dans cette adaptation des choses qui sont parfois coupées,
05:02c'est-à-dire il y a une violence, une violence de la sexualité qui était celle de l'époque,
05:09il y a, décrit de façon admirable par Mirbeau, qui a été un dréfusard engagé, une analyse
05:19et il nous montre la montée de l'antisémitisme.
05:23C'est d'autant plus actuel, j'ai envie de dire.
05:25Dans cette époque et ça nous renvoie évidemment à notre monde contemporain et c'est un texte
05:33jubilatoire dans sa force, dans son énergie, dans sa violence et dans sa beauté parce
05:40que la langue qui est parlée est absolument sublime.
05:44Et alors comment est-ce qu'on pousse une actrice telle que Léza Martineau, qui je
05:48rappelle est seule en scène, à aborder ce personnage justement de Célestine sans
05:53être écrasée ni par le texte ni par ce qui a été fait avant ? Comment vous la poussez
05:58vers ce rôle-là ?
05:59C'est toujours la difficulté de monter, j'ai joué et monté souvent et longtemps
06:06des pièces de ce qu'on appelle le répertoire, donc de Shakespeare, même le Kundera avait
06:13déjà été joué ou le Volpone.
06:15Il faut se dégager de cette… parce qu'évidemment quand vous montez Shakespeare, vous avez quelques
06:25générations au-dessus de vous et pas des moindres qui sont là et qui vous écrasent
06:31de leur immense talent, de ce qu'ils ont eu.
06:33Donc dans ces cas-là, on les met de côté, on les oublie peut-être ?
06:36Non, on les a étudiés, on les a intégrés.
06:39Oui, parce que ça fait partie aussi de votre culture.
06:43Moi je suis pour qu'on utilise le passé pour construire l'avenir, je ne suis pas
06:51partisan de la théorie de la rupture, à laquelle je ne crois pas, en ce sens je me
06:57sens plus anglo-saxon d'une certaine façon qu'allemand, je parle dans mon métier,
07:03dans le théâtre.
07:04A nous ils disaient au théâtre c'est l'Allemagne qui a gagné la guerre, mais c'est vrai
07:10que de temps en temps l'Allemagne, ils ont un concept de mise en scène qui s'appelle
07:14la lecture.
07:15Je résume, je monte Tartuffe et je vous raconte le drame de l'intégrisme, donc je vais
07:21monter mon spectacle en vous prouvant que Tartuffe c'est le drame de l'intégrisme.
07:26C'est l'idée de départ et tout va passer dans cette idée.
07:31Je préfère par goût, par nature, une méthode plus anglo-saxonne qui consiste à dire qu'est-ce
07:36qu'il y a dans la pièce et de laisser monter et fleurer les thèmes et de ne pas les forcer
07:41parce qu'effectivement dans Tartuffe il y a le drame de l'intégrisme et à mon sens
07:43il y a bien d'autres choses que le drame de l'intégrisme et que vouloir réduire
07:47à une idée des auteurs de cette puissance et de cette richesse qui embrasse la vie et
07:54le monde c'est les réduire.
07:55Quand on a travaillé avec Lisa sur le journal, on a essayé de partir vierge, en se disant
08:05qu'est-ce qu'il y a et je crois comme toujours que dans ce cas-là il faut revenir au texte
08:08et que la vérité est dans le texte et que les explications et que les indications qui
08:12peuvent nous enrichir sont dans le texte.
08:13Je n'aime pas parler de fidélité parce que mettre en scène, jouer un auteur c'est le
08:21trahir par essence, par nature.
08:24Même s'il en a envie lui-même en l'écrivant.
08:26Oui, oui, mais c'est le trahir parce qu'il va passer par notre subjectivité donc forcément
08:30voilà.
08:31D'essayer d'être le plus objectif possible dans notre subjectivité, c'est peut-être
08:36le travail qu'on doit essayer de faire et c'est ce qu'on a essayé de faire.
08:41Proposer une fresque sociale, cruelle, ironique comme vous le faites actuellement, c'est aussi
08:46une manière de souligner ou de dénoncer ce qui se passe dans notre époque contemporaine
08:50ou pas du tout ?
08:52Écoutez, je suis un peu prudent sur ces notions de sa dénonce.
09:03Vous voyez ce que je veux dire ? Je n'ai pas cette prétention, je ne suis pas un politique,
09:11je suis un homme de théâtre et j'aime les auteurs et je crois que les auteurs ont fait
09:14le travail.
09:15D'accord.
09:16Vous leur donnez la parole en fait.
09:18C'est les faire entendre et à chacun, en les entendant, d'en tirer des leçons.
09:23Moi je n'ai pas de leçons à donner aux uns et aux autres, j'ai des engagements personnels
09:28au demeurant, j'ai un petit drapeau ukrainien.
09:31Oui, c'est bien, il ne faut pas aller dans le micro-temps.
09:33Voilà, donc je crois à des choses.
09:34Mais je ne suis pas dans la pratique de mon métier, je ne me sens pas dans la pratique
09:38de mon métier, dans la nécessité d'imposer mes idées.
09:41Et je crois encore que je suis un métier où il est important, dans une pièce, de
09:46montrer des contraires, des contradictoires, des opinions qui s'affrontent même.
09:50Je trouve que c'est ça qui est beau et qui est fort et qu'on perd, car ça devient
09:56de plus en plus difficile, dans notre société, d'avoir des avis différents et de pouvoir
10:00les exprimer dans une conversation sans devenir des ennemis.
10:05C'est vrai.
10:06Les réseaux sociaux, pour ça, sont une...
10:08On n'a plus le droit de ne pas être d'accord sans être ennemis.
10:11Oui, moi qui suis une vieille personne, comme beaucoup de vous, vous ne voyez pas la radio,
10:15mais j'ai 63 ans.
10:16Vous savez que vous êtes filmé à la radio.
10:18C'est vrai, ça a changé maintenant.
10:20Oh mon dieu.
10:21Ah bah dis donc.
10:22On filme la radio maintenant.
10:24J'ai connu une époque où on pouvait discuter avec les gens, ne pas être d'accord, s'engueuler
10:29même sur la politique et aller boire des coups et partir en week-end ensemble et se
10:33marrer.
10:34A priori, c'est révolu ça ?
10:35C'est très compliqué.
10:38Alors Marion, rapprochez le micro de vous avant de répondre pour qu'on vous entende
10:42bien quand vous allez parler.
10:44Marion D'Absence, je rappelle votre livre, Le Yoga des yogis, la face cachée de l'Inde.
10:49Je vais faire un parallèle avec la pièce parce que vous nous dévoilez quelque chose,
10:54vous faites tomber les masques.
10:55Et l'idée, c'est aussi de faire tomber l'espèce de vérité crue sur les apparences
10:59sociales ou spirituelles, tout ce qu'on se raconte autour de cette imagerie-là.
11:02Oui, en fait, j'ai travaillé sur le bouddhisme pendant plusieurs années, en voyant comment
11:08il avait été reconstruit, réimaginé en Occident, en Europe et aux Etats-Unis.
11:13Et puis, au cours de mes recherches, j'ai également travaillé sur la question du yoga
11:18puisque c'est très lié.
11:19Et il se trouve qu'il y a eu beaucoup de recherches récemment dans le monde américain
11:24et britannique sur le yoga qui, malheureusement, ne sont pas disponibles pour le grand public
11:28puisque les chercheurs ont quelquefois la tendance, la fâcheuse tendance à rester
11:32entre soi et à ne pas publier des vulgarisations auprès du public.
11:37Donc, c'est ce que j'ai fait, de faire une synthèse.
11:39C'est le rôle que vous vous êtes donné.
11:40Pour ce livre-là, oui, je n'ai pas tellement fait de recherches en tant que telle sur le
11:44terrain, mais j'ai fait une synthèse des dernières recherches disponibles sur le yoga
11:50qui montre qu'effectivement, ce qu'on appelle le yoga d'abord est très varié et ses objectifs
11:56ne sont pas ceux que l'on attribue au yoga en Occident et c'est vraiment très différent
12:01de ce qu'on imagine.
12:02Alors, on va pousser un petit peu plus loin, mais l'idée c'est aussi peut-être qu'on
12:06arrête de se bercer d'illusions, c'est ça que vous avez envie de nous proposer.
12:09Non, pas forcément, chacun a droit de pratiquer ce qui est essentiellement une gymnastique
12:17suédoise.
12:18Non, mais concrètement, c'était ça.
12:21Non, pardon, je rigole parce qu'entre l'Inde et la Suède, c'est sûr que ça fait un peu
12:27plus grand-mère de dire je vais faire ma gymnastique suédoise, je vais faire mon pilates, je vais
12:32faire mon yoga.
12:33C'est moins mystique.
12:34Vraiment, c'était au départ de la gymnastique suédoise, il y a eu tout un courant à la
12:37fin du XIXe siècle, au début du XXe siècle, qu'on a appelé les mouvements de culture
12:42physique qui consistait à remettre un peu en valeur le corps, à le fortifier dans un
12:47but aussi un peu nationaliste de préparation aux guerres.
12:50On était avant la Première Guerre mondiale.
12:52C'est marrant de faire de la gym pour se préparer à la guerre.
12:54C'est la culture physique, se renforcer.
12:56Et il y a eu notamment une forme de gymnastique qui a eu un succès important, c'était la
13:02gymnastique suédoise.
13:03Ça s'est développé en Europe, en Angleterre et les Anglais qui étaient donc installés
13:08en Inde ont diffusé cette gymnastique auprès des Indiens qui eux se sont dit très bien
13:13on va développer nous notre propre art martial finalement, notre développement du corps
13:18en s'inspirant de choses plus anciennes et en réinventant ce qui est devenu le yoga.
13:22Donc c'est une tradition hybride en fait.
13:24Très étonnant, on en apprend des choses aujourd'hui.
13:26En fait, tous les deux, vous nous invitons en quelque sorte à regarder derrière le
13:30rideau, qu'il soit de scène ou de fumée mystique, j'ai envie de dire, Nicolas Brianson,
13:34c'est un peu ça que vous nous racontez aussi, c'est donner à voir, à entendre.
13:37Oui, alors en plus moi, je n'avais pas le fond mystique.
13:40Quoique, vous avez dit qu'au théâtre, il peut y avoir certaines pratiques.
13:45On va rentrer dans le vif du sujet.
13:47Non, il y a des pratiques, mais moi personnellement, je n'ai pas le fond mystique, j'ai eu une
13:52éducation catholique comme beaucoup.
13:54Vraiment, j'ai tout fait, j'ai fait ma première, ma deuxième communion.
13:59Bravo, c'était excellent.
14:00J'ai tout fait, j'ai servi à la messe, mais bon, j'ai quitté ça, je suis tout à fait
14:06agnostique maintenant, je ne prêche pas ça non plus comme une autre religion, vous voyez
14:10ce que je veux dire, parce qu'il pourrait être la tentation aussi.
14:14Je vais vous faire répondre à la question juste après la pause, puisqu'il y a une
14:17pause.
14:18Parlons vrai sur Sud Radio, nous parlons avec le comédien et le metteur en scène Nicolas
14:22Brianson et l'anthropologue Marion D'Absence, vous restez à côté avec nous, on revient
14:25évidemment tout de suite.
14:27Sud Radio, c'est excellent, Judith Beller.
14:30Vous écoutez, c'est excellent, votre chouette d'inspiration du dimanche soir avec ceux qui
14:34osent pour tout et tout d'ailleurs pour réussir sur Sud Radio.
14:37On est avec Nicolas Brianson qui est metteur en scène en ce moment du journal d'une femme
14:42de chambre au théâtre de Poche-Montparnasse, acteur dans le téléfilm Double Vu sur France
14:452, puis sur scène dans Monstres Sacrés au théâtre Héberthaux, mais aussi l'anthropologue
14:49Marion D'Absence et son livre Le Yoga des Yogi, la face cachée de l'Inde, sorti aux
14:53éditions du CERF.
14:54Alors avant de continuer avec vous Marion, puisque je vous ai coupé Nicolas, la question
14:59que je posais et que je vais vous reposer à vous Marion aussi du coup, c'était finalement
15:03le but c'est de regarder derrière le rideau, qu'il soit théâtre ou d'autres choses.
15:07Ben c'est d'essayer de dévoiler les âmes, c'est le travail de l'acteur, c'est d'aller
15:14au cœur de la vérité des personnages par le biais de ce mensonge absolu qu'est le théâtre
15:23et c'est le paradoxe, mais comme la vie n'est qu'un paradoxe, le théâtre n'en est finalement
15:28que l'illustration.
15:29C'est beau, le mensonge absolu on adore.
15:31La fumée mystique, je ne sais pas pour rien que j'utilise ce terme Marion D'Absence parce
15:37que c'est vraiment ça que vous nous racontez en fait, c'est que c'est un peu de l'enfumage
15:39quoi.
15:40Bon je...
15:41Alors attendez, je rappelle quand même votre livre, Le Yoga des Yogi, c'est la face cachée
15:44de l'Inde, c'est aux éditions du CERF, vous nous racontez en fait grosso modo qu'on a
15:48des certitudes qui ne tiennent à rien puisque loin de la pratique aseptisée et bien inventée
15:52du yoga qu'on a en Occident, il a des racines sombres, rituelles, souvent extrêmes d'ailleurs
15:57en Inde, c'est très étonnant.
15:58Il y a de la nécrophilie, il y a des troncs, il y a des mortifications, des pouvoirs surnaturels,
16:03on est très très loin de la salle de gym et des tapis pastels.
16:05Oui oui oui, en fait bon, je ne parlerai peut-être pas de dissiper la fumée mystique mais de
16:11simplement, vous avez prononcé le mot, de trouver un peu la vérité là-dedans, d'essayer
16:15d'éclaircir les choses et de savoir ce que font véritablement les Indiens qui disent
16:20qu'ils peuvent faire du yoga et savoir d'où ça vient, quel est le but recherché, quelles
16:25sont les pratiques adoptées, sans jugement de valeur d'ailleurs, simplement en décrivant
16:30les choses et en n'ayant pas peur de les décrire, en les décrivant telles qu'elles
16:33sont.
16:34D'accord.
16:35Par exemple la méditation aussi bien dans le bouddhisme asiatique que dans le yoga mais
16:40particulièrement dans le bouddhisme, la méditation qui a donné la pleine conscience, mindfulness,
16:46où on scanne les différentes parties de son corps pour se détendre etc.
16:50En fait ce n'est pas du tout ça en Asie.
16:52Qu'est-ce que c'est en Asie ?
16:53Le but c'est de méditer sur l'impermanence et de se rendre compte que le corps qu'on
16:57a là est destiné à être mangé par les vers, les chiens, tout ce qu'on veut et c'est
17:02de prendre conscience qu'on est mortel.
17:05Donc en fait ce qu'ils font c'est d'aller dans les charniers et de contempler des cadavres
17:10à différents degrés de décomposition et dans certains monastères thaïlandais bouddhistes,
17:16ils dissèquent même, ils coupent en morceaux leurs anciens camarades moines, collègues
17:21moines qui viennent de mourir en les faisant parfois bouillir dans des marmites pour observer
17:26la décomposition des chairs.
17:27Il faut savoir que la vie n'a pas la même importance ou la même sacralisation dans
17:33ces cultures-là puisqu'il y a la réincarnation.
17:35Oui c'est surtout que le corps n'est pas du tout sacré, n'est pas du tout important
17:39dans les traditions asiatiques, dans le bouddhisme et dans l'hindouisme, enfin ce qu'on appelle
17:44le bouddhisme et ce qu'on appelle l'hindouisme parce que là aussi il y aurait à développer
17:47pendant un certain temps pour expliquer que ce n'est pas des termes qui sont appropriés.
17:52C'est des réinventions, des réinventions modernes.
17:56Mais en fait le corps est quelque chose de mauvais dont on doit se débarrasser, contrairement
18:01à la tradition chrétienne par exemple qui accorde un rôle très important au corps
18:04puisqu'il est appelé à ressusciter.
18:06Dans le bouddhisme et dans l'hindouisme le but c'est comme dans le gnosticisme de se
18:11libérer de son corps qui est ce qui nous enchaîne à la matière.
18:14Donc c'est un obstacle et toutes les postures, postures sur un pied que l'on ne garde pas
18:20pendant juste 5 minutes mais que l'on garde pendant des fois 40 ans dans les traditions
18:24indiennes, ou lever les bras.
18:26Comment ça pendant 40 ans ?
18:27Oui il y a des gens qui restaient, le but c'est de rester des années dans une posture
18:31de mortification.
18:32D'accord, mais ils ne meurent pas ?
18:33Ben non, enfin ils ne sont pas en bonne santé, c'est une histoire bête mais il y a des gens
18:38qui restent.
18:39Mais ils se nourrissent quand même ?
18:40Oui ils se nourrissent.
18:41En restant dans la même position pendant 40 ans.
18:43On trouve sur internet un monsieur qui avait, alors lui il a allégé la pratique puisqu'il
18:48n'a pas tenu les deux bras en l'air pendant 40 ans mais un seul.
18:51Donc il explique que pendant 2 ans c'était très difficile et après le bras est complètement
18:58momifié.
18:59Voilà.
19:00Le but c'est de...
19:01Et il ne sent plus rien quoi en fait ?
19:02Il ne sent plus rien.
19:03Donc le but c'est de ne rien ressentir en fait ?
19:05Le but c'est de se détacher de son corps.
19:06Alors vous nous expliquez en fait que tout ce qu'on a bien compris, tout ce qu'on croit
19:09savoir sur le yoga c'est faux, à commencer par le fait donc que c'est une pratique aussi
19:13qui tient de la magie en fait, plus que de la spiritualité religieuse finalement.
19:16Oui.
19:17Parce que, alors bon, c'est de la magie parce que le but du yoga, à travers les siècles
19:25ça a évolué.
19:26Au départ il s'agissait de faire ces mortifications là pour prouver aux divinités qu'on risquait
19:32de leur faire concurrence, c'est à dire, attention là je suis en train de développer
19:35des super pouvoirs en maîtrisant mon corps, en gardant les deux bras en l'air, en restant
19:39suspendu à un arbre, la tête en bas etc.
19:42Pour que les dieux se sentant menacés accordent des pouvoirs.
19:46Voilà, le but c'est d'acquérir des pouvoirs.
19:48Et ensuite ils ont évolué, ils se sont dit bon on ne va pas menacer les dieux, on va
19:53carrément se transformer nous-mêmes en dieu et ça c'est le yoga tantrique.
19:57Le tantrisme en fait, et ça rejoint, c'est une forme de culte des esprits, forme d'exorcisme
20:03en fait, c'est des possessions, les chercheurs expliquent ça très bien, c'est des possessions
20:07induites et des possessions qu'on recherche, on cherche à se faire posséder par un être,
20:13ils appellent ça des démons, ils appellent ça des divinités, des bouddhas, pour avoir
20:17ces pouvoirs.
20:18Le but c'est comme la bouteille d'Aladin.
20:21Donc ils invoquent des pouvoirs surnaturels en fait.
20:24En fait c'est Aladin, donc j'ouvre ma bouteille et j'amadoue la divinité pour qu'elle vienne,
20:29je lui fais des offrandes, je lui fais des promesses, je la fais venir avec les chakras
20:34etc. en passant par le crâne, ça s'installe dans mes chakras, je ferme avec un certain
20:39rituel et il est emprisonné dans la bouteille, le corps, et à ce moment-là je lui fais
20:43faire ce que je veux.
20:44Et je deviens moi-même divinité, le but c'est de se transformer en divinité, c'est ça
20:47le tantrisme.
20:48Et pour y arriver, il y a la sexualité qui devient donc une pratique alchimique.
20:52Alors il y a un autre, effectivement, il y a un autre contexte culturel, une autre culture
20:58qui est venue, qui est un des terreaux du yoga tantrique, c'est les pratiques alchimiques.
21:05Et dans l'alchimie médiévale indienne, on utilise des fluides, le mercure, des choses
21:14comme ça.
21:15Et ils ont fait la correspondance entre les substances sexuelles mâles et femelles, et
21:22le but c'était de les mélanger à l'intérieur de soi, en considérant que le corps humain
21:27est une espèce de cuve alchimique où se font des réactions qui permettent d'obtenir
21:33encore une fois des pouvoirs surnaturels.
21:35Donc on utilise les femmes dans ces contextes-là, ces rituels, pour obtenir ce qu'ils appellent
21:41la goutte rouge, aspirer la chose par l'acte sexuel, la mélanger à la goutte blanche
21:47et faire remonter le tout au niveau du cerveau.
21:50Bon, grosso modo, c'est pas une voie de libération, c'est une voie de domination déguisée ce
21:54que vous nous racontez là.
21:55En tout cas, pour ce qui est des femmes, c'est clair.
21:57Et puis surtout, ce qu'on cherche, c'est pour ça que quand on parle de spiritualité
22:03indienne ou asiatique ou orientale, qu'est-ce que ça veut dire, spiritualité ?
22:09En fait, ce qu'ils veulent, c'est obtenir des super pouvoirs, ils veulent devenir des
22:12surhommes, avoir des pouvoirs magiques.
22:14Et les X-Men existent vraiment alors ?
22:16Ils sembleraient.
22:17Est-ce qu'on peut pratiquer quand même, en en tirant le meilleur par exemple, on va
22:23dire qu'on va recentrer ses énergies en passant par la pratique de la méditation
22:27pour attaquer bien sa journée, etc. ? Est-ce qu'on peut se servir de certaines de ces
22:31choses-là pour se les réapproprier comme on le fait ? Est-ce que c'est logique ? Est-ce
22:34que ça fonctionne selon vous, Marion ?
22:36Bon, chacun fait ce qu'il veut, mais ce qu'il y a, c'est qu'il faut quand même
22:40ne pas mettre sur des pratiques que l'on adopte chez nous, des mots comme bouddhisme,
22:46yoga, sans savoir exactement comment c'est.
22:48Donc c'est comme le fait de la gymnastique, c'est moins sexy.
22:50C'est moins sexy que la gymnastique suédoise, oui.
22:53C'est plus sexy, peut-être, les gens préfèrent dire qu'ils font du yoga plutôt que de la
23:00gym, la gym douce, ça fait un peu grand-mère.
23:03Et pourtant, il y a des clubs en France où ils pratiquent un yoga qu'ils disent le yoga
23:09essentiel, le premier yoga, le yoga de tradition.
23:12Est-ce que c'est vraiment ça qu'ils font ?
23:14Non, les chercheurs disent qu'il y a eu des livres sur ça, sur la manière dont ça a
23:18été réinventé à la fin du 19e et au début du 20e siècle.
23:21En fait, c'est vraiment essentiellement de la gymnastique suédoise, avec la démystification
23:27totale du truc.
23:29La seule véritable posture qu'il y avait dans ces pratiques-là, c'est la posture qu'on
23:33appelle du lotus, qui est une posture de, même pas de méditation, de rituel.
23:38Et alors, il faudrait changer le nom, en fait, c'est ça ?
23:41Il faut être au clair sur ce qu'on fait.
23:43Oui, éventuellement changer de nom ou se dire que c'est le yoga occidental et ne peut-être
23:49pas parler de spiritualité ou savoir à quoi on se relie en disant qu'on fait du yoga.
23:56Enfin bon, dans une volonté de culture générale, au moins.
24:02Ça rejoint finalement une mode de l'époque où on a l'impression que chacun se bâtit
24:12un peu sa propre religion en prenant dans diverses religions un petit enseignement,
24:21un autre, chez les bouddhistes, chez les catholiques, dans la religion hébraïque,
24:25chez les musulmans.
24:26Puis on se met une sorte de petit mélange.
24:28Les gens se font leur propre petite mystique personnelle.
24:31Finalement, je trouve que ça, c'est un marqueur, je trouve, de la période qu'on traverse
24:36depuis un moment d'ailleurs, depuis le début des années 70 en gros, finalement.
24:42Ça s'est beaucoup développé à partir de là.
24:45Depuis les années New Age.
24:46Oui, on a une espèce de religion à disposition, à la carte, un peu, dans laquelle on coche
24:53des petites cases qui nous arrangent.
24:55Est-ce que c'est pire que les autres ? Je n'en sais rien.
25:01Oui, a priori, qu'est-ce qui est pire et qu'est-ce qui est meilleur du moment que ça fait du bien ?
25:04Oui, l'essentiel, c'est que les gens soient contents.
25:07J'allais vous poser quand même la question que je vous ai posée hors antenne, mais je vous repose.
25:10La mystique, ça vous y connaît au théâtre ? Vous le disiez vous-même, chacun a sa petite
25:14pratique avant de monter sur scène peut-être ?
25:16Ça, c'est des superstitions.
25:18C'est ça, c'est un peu mystique, la superstition.
25:20Enfin, c'est des rites.
25:21Et encore, les rites varient d'un spectacle à l'autre, généralement, ou d'un rôle à l'autre.
25:24Il y a des pièces où j'ai besoin d'arriver très longtemps à l'avance au théâtre.
25:35Où j'ai besoin d'avoir sur ma table de loge des choses précises.
25:40Et généralement, très vite, à partir du moment où on fait, on a lancé ce qu'on
25:46appelle les filages, c'est-à-dire les premières fois où on déroule la pièce dans son intégralité,
25:50en costume, en condition de représentation, etc.
25:53Il y a un ordre qui commence à s'installer et qui, généralement, ne varie plus jamais
25:59jusqu'à la dernière représentation.
26:01C'est le moment où vous vous déshabillez, le moment où vous enlevez votre t-shirt,
26:05le moment où vous mettez la chemise, c'est toujours avant.
26:07Si vous mettez la chemise avant le pantalon pour cette pièce-là, ça sera la même chose
26:12jusqu'à la fin de la représentation.
26:14Vous descendrez exactement dans le même temps avant la représentation sur le plateau, juste
26:20avant de jouer.
26:21Vous toucherez la rampe de bois ou pas ce jour-là.
26:27Il y a une espèce où vous passerez, ou au contraire, vous allez rester au café en
26:32face du théâtre jusqu'à dix minutes avant le spectacle.
26:36Et puis, vous allez à moins cinq, vous jouez à neuf heures, vous arrivez au théâtre,
26:43vous montez dans votre loge, vous mettez votre costume, vous descendez en scène et vous
26:45jouez.
26:46Et ça se fait dans une forme de continuité.
26:48Il y a autant de possibles que d'acteurs, mais très souvent, j'ai remarqué que les
26:53acteurs reconstituaient leurs petits scénarios tous les soirs de façon identique, mais
26:59ça change d'un spectacle à l'autre.
27:01Et c'est excellent ! On vous retrouve juste après la pause avec le comédien et metteur
27:05en scène Nicolas Briançon et l'anthropologue Marion D'Absence, à tout de suite.
27:08C'est excellent, c'est le rendez-vous du dimanche soir sur Sud Radio avec celles et
27:15ceux qui tracent leur propre voix.
27:17Nicolas Briançon met en scène le journal d'une femme de chambre au théâtre de Poches-Montparnasse,
27:21d'un monstre sacré au Théâtre Héberteau.
27:23D'ailleurs, c'est le 25 mai et il sera à l'écran dans Double Vue sur France 2.
27:27À ses côtés, l'anthropologue Marion D'Absence nous dévoile l'envers du décor du yoga avec
27:30son essai choc, le yoga des yogis, la face cachée de l'Inde parue aux éditions du
27:35Serre.
27:36Marion D'Absence, j'ai dit que j'allais vous la poser la question, donc je vais le faire.
27:40C'est celle que je vous posais au tout début.
27:41Est-ce que le développement personnel est une illusion exotique ?
27:45Est-ce que c'est une illusion d'abord ?
27:49Tout court.
27:50Ça dépend de quel point de vue on se place.
27:54En tout cas, ce qu'on nous présente comme développement personnel, c'est assez limite.
28:01Et puis, ça n'a surtout rien à voir avec ce que font les gens en Asie.
28:04Moi, j'ai jamais vu, j'ai vécu au Japon, j'ai jamais vu personne ne méditer.
28:08Jamais.
28:09C'est vrai ?
28:10Non.
28:11D'accord.
28:12Ça n'existe pas.
28:13Vous avez parlé des mots à part l'ombret, des conneries, toute la journée, c'est ça
28:15qu'on vous dit ?
28:16Un peu, oui.
28:17Alors, c'est comme justement les petites habitudes que vous nous racontiez aussi en
28:21rentaine, Nicolas Briançon, de toutes ces petites choses qu'on met en place avant de
28:24monter sur scène, même quand on a beaucoup travaillé, qu'on est très prêt pour se
28:28rassurer.
28:29C'est des choses qui reviennent tous les jours, un petit peu comme ça, comme des illusions,
28:32mais qui permettent de...
28:33Oui, parce que la représentation, et c'est en ça que c'est merveilleux le théâtre,
28:40c'est que c'est du présent.
28:41C'est-à-dire que tout s'invente, ou on doit donner en tout cas l'illusion que tout s'invente
28:47devant les gens au moment où on le fait.
28:49Bien entendu, tout ça, on l'a répété pendant deux mois, on va le reproduire globalement
28:55de la même façon tous les soirs, mais en même temps, on a besoin d'être très bordé,
29:00très calibré, très encadré pour, à l'intérieur de ce cadre, pouvoir complètement se laisser
29:05aller à une forme de liberté.
29:07Donc tous ces petits rites-là, vous les préparez, et puis tout d'un coup...
29:11C'est ça le développement personnel, finalement ?
29:14Moi, je pense que la pratique de ce métier, c'est peut-être d'abord et avant tout, pour
29:28chaque acteur, un enseignement de vie.
29:31Vous savez, les gens pensent qu'on choisit ce métier pour jouer des rôles différents,
29:36pour jouer des personnages différents, pour être quelqu'un d'autre.
29:38Et je sais que c'est exactement l'inverse, je pense qu'on choisit ce métier pour se
29:41trouver soi, pour aller vers soi, pour aller vers soi au travers d'un autre, mais c'est
29:50derrière soi qu'on court pendant une longue partie de sa vie, au travers des rôles.
29:55Alors, dans la vie en général aussi, je crois.
29:57Vous, Marion D'Absence, la question que j'avais, c'est, est-ce que vous avez été faire des
30:01immersions en Inde ?
30:02Est-ce que vous êtes allée rencontrer ces milieux extrêmes des yogis ?
30:06En Inde, non.
30:07Pas du tout ?
30:08Non, non.
30:09J'ai fréquenté par contre, quand j'avais une vingtaine d'années, les centres Shivananda,
30:12en effet.
30:13Et puis, j'ai aussi pratiqué le bouddhisme tibétain moi-même à une certaine époque.
30:18D'accord.
30:19Et j'ai vécu au Japon.
30:20Vous en êtes revenue, en fait, c'est ça ?
30:22Oui.
30:23Voilà.
30:24C'est-à-dire qu'en fait, on vient parce qu'on nous présente la méditation, justement,
30:29comme n'étant pas religieux, comme étant rationnel, comme moyen de mieux se connaître
30:33ou bon.
30:34Et puis, on arrive dans un centre bouddhiste tibétain avec un lama devant lequel les gens
30:41se prosternent.
30:42C'est un gourou, quoi ?
30:43Oui, c'est clair.
30:44Oui, ce sont des gourous.
30:45Littéralement.
30:46Gourou, c'est un terme indien.
30:47D'accord.
30:48Pardon.
30:49Avec des divinités, avec des pilules magiques qu'il faut avaler à base de reliques et de
30:56plantes, etc.
30:57Et puis, ce gourou, on vous dit que c'est un être supérieur et qu'il est capable de
31:02tout savoir sur vous.
31:03Il est omniscient.
31:04Et s'il vous maltraite, c'est pour votre bien.
31:07J'ai été étonnée de me rendre compte que les gens ne réagissaient pas.
31:12Donc, moi, quand j'ai vu ça, je me suis dit, bon, je vais faire un sujet de tête construite,
31:15en fait.
31:16C'est-à-dire que les gens qui vont là souvent, peut-être, ont besoin de ces petits marqueurs,
31:20justement, dont on parlait tout à l'heure.
31:22Oui, mais il y a un moment où il faut aussi se poser la question de savoir est-ce que c'est
31:25vrai ce que je fais ?
31:26Qu'est-ce que l'éveil ?
31:27Est-ce que vraiment, je vais y arriver en me soumettant à un lama tibétain, en récitant
31:30des prières, en invoquant des divinités ?
31:32Oui, mais dans le fond, qu'est-ce qui différencie la religion de la secte ?
31:35C'est une bonne question.
31:37Vous avez la réponse, Marion ?
31:38Il n'y a pas de définition juridique, ni anthropologique, ni historique de la secte.
31:43En fait, une secte, c'est une école.
31:45C'est une école et puis le fait de définir la secte par le fait qu'il y a un gourou qui
31:50manipule, c'est une étiquette péjorative qu'on colle sur les autres.
31:56Soi-même, on ne se dit jamais, je fais partie d'une secte, c'est forcément les autres.
31:59Donc, ça n'a aucune valeur de démonstration.
32:04Alors, on change un peu de sujet, Nicolas Briançon, je l'ai dit, vous êtes sur scène
32:09dans « Monstres sacrés » au Théâtre Héberthaud.
32:11C'est une dernière date, on ne va pas manquer, c'est le dimanche 25 mai, c'est à 20h.
32:15C'est aux côtés de Renata Litvinova et Alexis Macart et Elena Terenteva et Pierre-Alain
32:22Leleux.
32:23C'est un univers trouble.
32:24C'est un spectacle qu'elle a écrit, qu'elle a adapté.
32:25Une star de cinéma déchue, recluse dans un manoir, entre fantasmes de grandeur, soupçons
32:29d'espionnage ou de meurtre.
32:30On est encore dans la noirceur.
32:31Vous aimez bien ce genre d'ambiance ?
32:33Alors, là, en l'occurrence, vraiment, je ne suis que...
32:36Vous avez adapté, vous.
32:37Oui, alors, j'ai fait l'adaptation et je ne suis qu'un acteur et c'est un projet...
32:40Alors, il faut raconter un petit peu Renata Litvinova qui est en Russie une icône de
32:47la mode, une icône du cinéma, une icône du théâtre, qui est vraiment une...
32:53Je ne sais pas, elle se promène entre Ariel Domba, Isabelle Adjani et Fanny Ardant, pour
32:58les russes.
32:59Elle a fui, elle a quitté la Russie au début de la guerre contre l'Ukraine et elle est
33:08venue s'installer à Paris.
33:10Elle est maintenant officiellement ennemie de l'intérieur de Monsieur Poutine en Russie,
33:17donc elle ne peut pas y retourner.
33:19Mais elle n'est pas la seule.
33:24Je rappelle qu'il y a près de deux millions de russes qui ont quitté la Russie au début
33:28de la guerre en Ukraine, essentiellement des artistes, des intelligents.
33:32C'est une des raisons de votre engagement aussi, Nicolas ?
33:34Alors, oui et non.
33:39Il se trouve que je connais assez bien la Russie, enfin, assez bien, en toute modestie.
33:45J'ai été assez souvent en Russie, j'ai été en Russie il y a très longtemps, en
33:481989, pour la première fois.
33:49Avant ou après ?
33:50Pendant.
33:51Il y avait les grandes manifs à Moscou à ce moment-là.
33:55Je rappelle aux auditeurs que 1989, c'est la fin de l'URSS.
33:58Voilà, correspondant de son journal là-bas, donc c'était très intéressant de passer
34:02un mois là-bas et de vivre un peu de l'intérieur ce moment-là.
34:05Et puis, juste avant le Covid et donc quelques années avant la guerre en Ukraine, j'ai
34:10emmené mon fils faire un voyage en train de Moscou à Pékin et donc on a traversé
34:14toute la Russie, par le Transsibérien jusqu'à Irkoutsk, en s'arrêtant, en visitant, en
34:20restant.
34:21Et j'adore la Russie, j'adore la littérature russe, j'adore la civilisation russe qui
34:25est absolument merveilleuse et j'adore les Russes qui sont quelquefois aussi des gens
34:28absolument extraordinaires, merveilleux, fantasques, poétiques, généreux.
34:34Ce qui est le cas de Renata, du coup.
34:37Oui, qui est un personnage extraordinaire.
34:40Mais un peuple qui subit, et c'est une chose à laquelle on finit pas de s'interroger,
34:47depuis très longtemps, depuis les Tsars, le despotisme.
34:51D'abord le despotisme des Tsars, puis celui du communisme, puis celui de Staline.
34:55Alors il y a eu une espèce de fenêtre dans le bazar le plus total entre la fin de Gorbatchev
35:01et le début de Yeltsin.
35:02Avec Yeltsin, ouais.
35:03Ça marchait mieux quand ils buvaient beaucoup de vodka.
35:06Et puis tout d'un coup l'arrivée de...
35:07Oui, ça marchait mieux, mais ça c'est notre vision occidentale, parce que pour les Russes
35:10ça marchait moins bien, évidemment.
35:11Et tout d'un coup, l'arrivée du monsieur Blon, un peu austère, qui a changé la donne
35:18et qui est devenu le dictateur.
35:19Alors pour en revenir à Monstre sacré, en quelques mots, rapidement, s'il vous plaît, Nicolas.
35:24Et donc Renata Lidvinova a monté des spectacles en France et je lui ai permis un peu de rencontrer
35:30des directeurs théâtre, d'essayer de faire son métier, de pratiquer son métier ailleurs
35:35qu'en Russie.
35:36Et elle a repris un spectacle qu'elle avait joué au Théâtre d'Art à Moscou, qui est
35:41en gros une histoire qui tourne un peu autour du thème de Sunset Boulevard.
35:45Une actrice vieillissante et déracinée, ça renvoie à quelque chose.
35:49Sunset Boulevard, c'est le film de Billy Wilder.
35:51Oui, absolument.
35:52Il faut le dire aussi, j'ai dit.
35:53Elle essaye de survivre dans un monde qui ne veut plus d'elle, voilà, en gros.
35:57Et elle va pour ça jusqu'au meurtre, jusqu'à la folie, jusqu'à...
36:00Et donc j'ai adapté cette pièce.
36:03Je joue dedans aussi par solidarité et par envie d'aider ces acteurs russes.
36:09Et je dois dire que c'est extraordinaire parce qu'on joue devant des salles archi-combles.
36:14Mais quand je dis archi-combles, c'est archi-combles, c'est-à-dire plein du haut du théâtre,
36:18en bas du théâtre, d'un public russe, ukrainien, français un peu, mais beaucoup de Russes
36:24et beaucoup d'Ukrainiens qui viennent voir l'idole et vraiment, c'est des représentations
36:29que je n'ai jamais vécues, moi, personnellement, en France, où on est dans une forme presque
36:33d'idolâtrie.
36:34On vient baiser...
36:35Un gourou encore !
36:36On vient baiser sa robe à la fin de la présentation, sur le devant de la scène, lui porter des
36:41fleurs, etc.
36:42C'est très bouleversant, très touchant parce qu'il y a à l'intérieur aussi de ça une
36:46sorte de résistance qui se raconte et qui se dit, sans le dire, parce que c'est très
36:51compliqué pour les Russes dedans.
36:54C'est dangereux aussi.
36:55J'ajoute qu'on somme très souvent les Russes de prendre position quand ils sont en Occident.
36:59Ils ont tous des familles à Moscou, des gens à Moscou, et eux risquent beaucoup plus
37:04que nous, dans notre petit confort parisien, de dire ce qu'on pense.
37:07Ou de se faire empoisonner.
37:08Pardon, ça c'était comme ça en passant.
37:10Survivre dans un monde qui ne veut plus de nous, c'est ce que nous raconte cette pièce
37:16monstre sacrée que je rappelle.
37:18Finalement, je me demande si les pratiques qu'on a du yoga et toutes les spiritualités
37:23soi-disant aujourd'hui, c'est aussi pour survivre dans un monde qu'on a nous-mêmes
37:27créé mais où on a du mal à prendre sa place finalement, Marion D'Absence aussi.
37:31Oui, je ne saurais pas trop répondre.
37:34On a envie de savoir d'où ça sort cette espèce de fantasme global que vous nous racontez.
37:40En fait, ça vient du 19e siècle et en particulier des efforts, du travail et de la popularité
37:45qu'a acquise la société théosophique qui était une société d'ailleurs dirigée
37:51et montée par une Russe, Elena Blavatsky, qui était soi-disant médium et qui a été
37:58prise sur le fait, enfin en escroquerie, elle a inventé des histoires et notamment
38:02qu'elle était en rapport, en contact télépathique avec les Mahatmas, donc des grands maîtres.
38:09Avec Gandhi aussi, non, il était encore en vie à l'époque.
38:11Non, il n'était pas né, pardon, mais un des grands maîtres dont elle recevait des
38:16lettres etc. et qui étaient des hindous cachés dans l'Himalaya.
38:19Donc elle a monté toute une mythologie là-dessus en faisant une sorte de micmac entre des traditions
38:25gnostiques anciennes, purement occidentales, et cette légende pseudo-hindoue, pseudo-tibétaine
38:34des Mahatmas etc.
38:35Et ça a eu tellement de popularité, ça a été diffusé dans des livres comme le
38:40Troisième Œil de l'Obsang Rampa qui était un plombier britannique qui a écrit la pseudo-autobiographie
38:48d'un lama tibétain à qui on ouvrait le Troisième Œil avec une opération chirurgicale.
38:52Donc il y a eu tout un tas d'histoires comme ça, loufoques, qui jouaient, qui utilisaient
38:59en fait le filon ésotérique occidental et donc la popularité, ça vient de là en fait.
39:04Incroyable.
39:05C'est très ancien.
39:06Allez, c'est excellent, on vous retrouve juste après la pause avec le comédien-metteur
39:09en scène Nicolas Briançon et l'anthropologue Marion D'Absence et ça sera pour la fin
39:12de l'émission, à tout de suite.
39:18C'est excellent et c'est bientôt la fin de votre émission du dimanche 19h sur Sud
39:22Radio.
39:23Vous êtes avec Nicolas Briançon qui est metteur en scène du journal d'une femme
39:26de chambre au théâtre de Poche-Montparnasse, acteur dans le téléfilm W sur France 2
39:31et puis sur scène dans Monstre aux Sacretés à Thébertaux.
39:33On est aussi avec l'anthropologue Marion D'Absence et son livre Le Yoga des Yogi qui
39:38nous dévoile la face cachée de l'Inde.
39:40C'est sorti aux éditions du CERF.
39:43Alors Marion D'Absence, vous êtes anthropologue des religions.
39:47Vous êtes aussi spécialiste des pratiques spirituelles en Asie et vous avez été formée
39:53à l'école pratique des hautes études, sans oublier que vous avez enseigné à l'université
39:57Columbia à New York.
39:58C'est un sacré CV.
39:59Comment est-ce que vous êtes tombée là-dedans ? Pourquoi l'anthropologie ? D'où ça
40:03vous vient ?
40:04En fait, je n'ai pas étudié l'anthropologie depuis le départ.
40:09Comme je disais à Nicolas, je suis plutôt littéraire au départ et donc très intéressée
40:14par l'être humain finalement.
40:15Donc j'ai fait une prépa littéraire et puis ensuite un doc de droit sciences politiques
40:20et puis dans mes études de sciences politiques, je me suis intéressée aux questions religieuses
40:24et j'ai embrayé sur ces questions.
40:27Et comme je vous l'ai dit, j'ai découvert le bouddhisme et le bouddhisme tibétain et
40:31j'étais assez effarée de la distance qui sépare ce qu'on en dit dans les livres
40:37ou dans les médias en général et la réalité.
40:41Je me suis dit, ça c'est un bon sujet de thèse.
40:43C'est pour ça que vous vous êtes fixée là-dessus.
40:44C'est pour ça que je me suis fixée là-dessus, voilà.
40:46Et alors, comment est-ce qu'on fait quand on est scientifique comme vous finalement
40:50pour garder la bonne distance entre l'observation neutre et puis le choc culturel que ça peut
40:55provoquer chez nous-mêmes, de travailler sur cette distanciation dichotomique entre
41:02ce qu'on croit et ce qui est ?
41:04Simplement, c'est ce que j'ai fait, c'est de décrire ce que l'on voit.
41:11C'est la pratique de l'ethnographie en anthropologie.
41:15Peut-être qu'il faudrait dire ce que c'est aux auditeurs.
41:19L'anthropologie, au sens d'anthropologie culturelle, c'est l'étude des cultures
41:24humaines, dans leur diversité, en essayant de comprendre ce qu'il y a de commun aussi.
41:28Et l'ethnographie, c'est le fait d'écrire et de décrire ces cultures.
41:33Leur rituel, leurs coutumes.
41:35Traditionnellement, c'était des aventuriers ou des missionnaires ou beaucoup de colons.
41:44Ça s'est fait à l'époque des colonies britanniques et françaises qui voulaient
41:49comprendre les populations qu'ils allaient dominer pour les comprendre.
41:55Et puis les missionnaires catholiques et protestants ont aussi essayé de comprendre
42:02qui étaient ces gens, comprendre leur langue.
42:04Avant de les convertir de force ?
42:06De force non, mais de leur proposer un autre chemin.
42:12C'est comme ça qu'on a mis au point les premiers dictionnaires en langue étrangère
42:17très éloignés, les grammaires et la description de leurs coutumes.
42:21Et c'est ça qui vous a passionné ?
42:23Oui. En tout cas, l'approche ethnographique permettait justement de décrire
42:29de façon quand même assez littéraire, sans se référer trop, en tout cas pour moi,
42:34à des concepts trop scientifiques, trop abstraits, mais essayer de simplement
42:38décrire ce qu'on voit, ce que les gens disent, et surtout les comprendre.
42:42Comprendre la logique qui les anime, sans jugement d'ailleurs.
42:47Parce que quelques fois, certains lecteurs me reprochent de dire
42:52« Ah, vous dites qu'ils adorent des démons ».
42:54Oui, mais le fait est que c'est ça, ils veulent domestiquer des démons.
42:58Je ne vais pas m'empêcher de le dire, parce que ça ne fait pas plaisir à certains.
43:01Alors d'autres vous dirait « nos démons intérieurs » peut-être ?
43:03Non, justement. La tendance de l'occidental serait de faire un symbole,
43:10quelque chose d'intérieur, alors que pour eux, non, ça n'existe vraiment.
43:13C'est-à-dire qu'il faut rester fidèle à ce à quoi les gens croient.
43:16Bien sûr.
43:17Sans juger, après on fait son opinion.
43:21Alors Nicolas Briançon, je l'ai dit, vous êtes au casting de Flash WC avec Miu Miu.
43:26Ça passe le 28 mai à 21h10 sur France 2.
43:28Vous êtes en tournage en ce moment pour Edubio.
43:30Vous venez de terminer, je crois, il n'y a pas longtemps.
43:32Pour Belphégor et Coratica, Vincent Elbaz.
43:36Sans oublier que vous êtes à la prochaine édition du Festival Nava.
43:39C'est du 25 juillet au 2 août. Vous faites une lecture.
43:41Ça va vous dormir ?
43:44Je dors, oui, je dors, je dors tout à fait.
43:47Non, mais vous savez, les gens sont surétonnés.
43:49Vous êtes débandé quand même.
43:50Je fais un métier. Mais non, je me lève le matin, je travaille et j'aime ça.
43:54Donc vous faites un métier qui vous plaît tellement.
43:56Je fais un métier qui me passionne, je le fais très volontiers.
43:59Ça me demande juste de domestiquer quelque chose.
44:02Je suis un peu, comme vous l'entendez dans ma conversation, un peu bordélique.
44:07Et donc je suis obligé, là, dans une période où il y a beaucoup d'activité,
44:10de me concentrer.
44:14D'ailleurs, quand je vous ai posé la question en rentrée,
44:16vous saviez même plus que c'était Flash W.
44:18Non, mais parce que c'est une chose qu'on a tournée il y a un an et demi.
44:22Entre le moment du tournage...
44:24L'avantage du théâtre, c'est que c'est du présent tout le temps.
44:26Ce qui n'est pas le cas de la télé ou du cinéma.
44:28Oui, je vous le disais, au cinéma, on ne joue pas, on a joué.
44:31C'est un peu le cas.
44:33J'ai tourné, je ne sais plus, j'ai dû tourner 10-15 jours sur ce téléfilm
44:38qui est super avec une équipe merveilleuse.
44:40Non, mais c'est comme moi quand je fais plein d'émissions.
44:41Au bout d'un moment, on oublie.
44:42Elle appartient d'ailleurs, vous savez, quand on tourne,
44:45on n'est qu'un des petits éléments, un petit maillon d'une chaîne énorme
44:49qui comporte d'abord le réalisateur qui a sa vision, puis les cadreurs,
44:52puis le chef opérateur qui vous éclaire, puis l'angle qu'on choisit pour vous filmer,
44:56puis le monteur, puis ce qui restera de vous.
44:58Enfin !
45:00Puis la musique qu'on va mettre sous votre texte ou pas,
45:02qui va mettre un sens qui sera peut-être parfois encore plus grand
45:04que le sens que vous donnez vous dans le jeu.
45:06On n'est pas grand-chose, on dépend de beaucoup de choses.
45:09J'adore tourner, je m'éclate à tourner, c'est un plaisir.
45:11Comment ça se passe sur un plateau avec vous ?
45:13Parce que vous êtes volubiles dans un studio de radio, donc j'imagine que...
45:17Je suis volubile parce qu'au théâtre et sur les plateaux,
45:20j'ai un texte que je dois dire que j'ai appris et qui ne m'appartient pas.
45:23Tandis que là, vous me donnez la possibilité, et tant pis pour vous,
45:27de m'exprimer tout seul comme un grand, et donc évidemment je rattrape tout ce temps perdu.
45:32Une petite anecdote du tournage Belphégor avec Vincent Elbaz, si vous en avez...
45:35C'est Belphégor qui termine le tournage cette semaine.
45:41Il y a été un tournage, et je le dis vraiment très volontiers, absolument chanteur.
45:46Avec une équipe absolument merveilleuse,
45:50et un jeune réalisateur qui s'appelle Jérémy Minghi,
45:53qui est formidable, mais j'ai beaucoup de chance,
45:56et je trouve là qu'il y a une génération de jeunes réalisateurs.
45:59J'ai eu la chance de faire une série l'année dernière qui s'appelait Kult,
46:02sur l'arrivée du Loft, des postes de la première édition de Télé-Réalité en France.
46:07Et il y a une génération de jeunes réalisateurs qui ont à peine 30 ans,
46:10et qui ont à la fois une connaissance technique extraordinaire,
46:13mais ça, ça fait pas mal de temps que c'est le cas.
46:16Mais il y a 20 ans, il y avait des jeunes réalisateurs
46:19qui avaient une connaissance technique immense, mais que technique.
46:22Alors que là, on a des jeunes réalisateurs qui ont une connaissance technique
46:25et un vrai goût, une vraie appétence pour les acteurs,
46:28pour le jeu, pour les faire travailler, pour les diriger.
46:31Et donc, c'est absolument super.
46:34Et puis comme je jouais le grand, grand méchant, l'affreux, horrible...
46:37Vous aimez bien faire ça.
46:39C'est merveilleux.
46:40Quand il n'y a pas de méchant, il n'y a pas d'histoire.
46:43C'est toujours grâce aux méchants que l'histoire avance.
46:45C'est toujours très amusant.
46:46Allez, on arrive à la dernière question de l'émission.
46:48Je vous donne la parole Marion D'Absence.
46:50Que dirait l'adulte que vous êtes à l'enfant que vous étiez ?
46:55Si vous voulez, vous pouvez vous projeter vers vous, petite fille.
46:58Si vous avez un petit message à vous passer à vous-même.
47:01C'est une question piège.
47:04Ça me permet d'en savoir plus sur vous.
47:06Essayer d'avoir peut-être un peu plus confiance en la vie.
47:08Vous n'aviez pas confiance en la vie ?
47:10Non.
47:12D'accord.
47:13Ça a changé, ça ?
47:14Oui, ça a changé.
47:15En vous-même, surtout, non ?
47:17Non, pas forcément, moi-même.
47:19D'accord.
47:20En la vie en général ?
47:21Oui.
47:22Ça, ce sera dit.
47:24Et alors vous, Nicolas Briançon, qu'est-ce que vous lui dites à ce petit garçon ?
47:28Tu vois, tu l'as fait.
47:30Ah, parce que c'est ça que vous vouliez faire ?
47:32À 5 ans ou à 6 ans ?
47:33Non, non, à 5 ans, non, non.
47:35À 10 ans ?
47:36À quel âge vous avez su ?
47:3714 ans, 15 ans.
47:38D'accord.
47:39Vous étiez très déterminé dans votre voie.
47:41Ça s'est imposé comme une évidence.
47:43Je ne voulais pas être acteur.
47:45Je voulais, quand j'ai découvert cet univers-là, vivre dans un théâtre.
47:51C'est quoi, c'est l'atmosphère ?
47:53Je racontais tout à l'heure que j'ai découvert le théâtre très rapidement,
47:57par le biais de l'Opéra, parce que j'ai découvert La Fute Enchantée,
48:00le film que Bergman avait fait de l'Opéra de Mozart,
48:03qui est situé dans un théâtre et que donc j'ai été,
48:05on habitait Bordeaux à l'époque,
48:07à l'Opéra de Bordeaux où je pouvais louer des disques d'opéra
48:09et que là on m'a repéré pour faire de la figuration
48:11et que j'ai découvert le théâtre un dimanche,
48:13comme ça, après-midi, où je suis rentré dans un théâtre
48:15pour la première fois de ma vie.
48:16Je n'avais jamais foutu les pieds dans un théâtre
48:18pour répéter, où je faisais un petit garçon
48:20qui suivait Falstaff partout.
48:22Et là, il y avait le théâtre,
48:24il y avait la danse,
48:26il y avait les chanteurs,
48:27il y avait la sacralisation de l'Opéra
48:29avec l'orchestre qui joue quand le rideau est fermé,
48:32que vous êtes derrière et que vous attendez que ça s'ouvre.
48:34C'est la révélation.
48:36C'est là que je veux vivre.
48:38C'est beau.
48:40Merci beaucoup à tous les deux d'être venus par ici.
48:42Nicolas Brianson, je rappelle
48:44qu'il y a le journal d'une femme de chambre
48:46au Théâtre Montparnasse et jusqu'au 22 juillet,
48:48il y a le monstre sacré le 25 mai au Théâtre Héberthaud,
48:50il y a Double Vu, Flash Double Vu
48:52avec Miu Miu le 28 mai à 21h10 sur France 2.
48:54Prenez vos stylos, parce qu'il y en a.
48:56Il y a bientôt Belphégor,
48:58mais ça on ne sait pas quand.
49:00A priori décembre sur HBO Max
49:03et 6 mois après sur M6.
49:05Et puis il y a le festival Nava, vous allez lire un texte.
49:07Entre autres.
49:09Il y a Grignan aussi, le festival de la correspondance
49:11où je mets en espace une correspondance
49:13entre Tolstoy et Gandhi.
49:15Très intéressant Marion d'Absence.
49:17Ce qui est assez étonnant parce que
49:19dans ma pauvre petite tête, je ne l'ai situé même pas à la même époque.
49:21Bon voilà, on saura tout.
49:23Marion d'Absence, je rappelle votre livre
49:25Le yoga des yogis, c'est la face cachée
49:27de l'Inde, c'est aux éditions du Serre.
49:29C'est très intéressant et ça déconstruit un peu nos préjugés.
49:32Sur le yoga, merci à tous les deux.
49:34Merci à Julien qui réalise pour vous aujourd'hui.
49:36Je vous retrouve la semaine prochaine.
49:38Parlons femmes, samedi 13h30.

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