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Avec François-Xavier Carayon, Avocat et consultant en stratégie

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##C_EST_DANS_L_ACTU_9-2025-05-18##

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Transcription
00:00Le château de Versailles qui s'apprête à accueillir l'événement Choose France en anglais.
00:05Ça veut dire « Choisissez la France », événement international de prestige instauré par Emmanuel Macron qui a lieu tous les ans.
00:11On accueille des patrons de très grands groupes étrangers pour qu'ils viennent investir en France.
00:17Cette année, on devrait battre un record. C'est ce qu'a dit le président de la République qui annonce plus de 20 milliards d'euros d'investissement.
00:24Est-ce que ce sommet, c'est de la communication ou est-ce qu'au contraire, c'est un atout majeur ?
00:28On en parle avec notre invité, François-Xavier Carayon. Bonjour.
00:32Bonjour, merci de recevoir.
00:33Bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes avocat et consultant en stratégie.
00:38Première question, 20 milliards d'euros d'investissement annoncés au terme de ce sommet par Emmanuel Macron.
00:45C'est des investissements qui se présentent concrètement. Comment, normalement ?
00:50Oui, quand on entend cette somme de 20 milliards d'euros, on peut naturellement se réjouir.
00:54Mais en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est une sélection d'investissements.
00:59Il y a de très nombreux investissements en France chaque année.
01:02Certains ont pour but de racheter, par exemple, des entreprises françaises.
01:05Ceux-là, naturellement, ne sont pas présentés à Toulouse-France puisqu'ils font plutôt le lit de notre désindustrialisation.
01:10Là, on a choisi, évidemment, de se concentrer sur les investissements qui pouvaient nous profiter,
01:14ceux qui vont nourrir des projets de développement dans nos entreprises.
01:18Donc ça, c'est des ouvertures d'usines, c'est des extensions d'usines, par exemple ?
01:21Alors oui et non. Il se trouve qu'en France, les investissements sont principalement dans la recherche et le développement.
01:29Si on compare l'impact en matière de création d'emplois entre les investissements étrangers en France
01:34et les investissements étrangers en Espagne, par exemple,
01:36les investissements étrangers en France créent quatre fois moins d'emplois.
01:39Donc on a des investisseurs étrangers qui se disent,
01:42« Tiens, je vais pouvoir monter un labo, un centre de R&D en France,
01:46utiliser d'une certaine façon la matière grise de nos ingénieurs et de nos managers. »
01:52Mais pas donner du travail à nos ouvriers, si je vous comprends bien, c'est ça ?
01:56Exactement, exactement.
01:58Alors, le bon signe, malgré tout, derrière tout ça,
02:00c'est que si ces investissements sont manifestement davantage tournés vers l'innovation,
02:05la recherche et le développement,
02:06c'est qu'on a un haut niveau, j'imagine, de compétences et de formation en France.
02:12Oui, tout à fait.
02:13Et à ce titre, quand on parle de Choose France,
02:16on a à la fois envie de se réjouir et de sourire.
02:19C'est-à-dire qu'on se dit, dans ce genre d'événement,
02:23le président Emmanuel Macron a tout l'air un peu d'un VRP.
02:25Il fait la promotion comme ça, de façon très marketing de nos talents.
02:30C'est l'office de tourisme, en quelque sorte.
02:33C'est l'office de tourisme.
02:34Alors, si on veut être optimiste, si on veut être positif,
02:36on se dit, c'est bien, parce que ça permet de montrer que la France est très active
02:40dans un certain nombre de marchés technologiques, en intelligence artificielle, etc.
02:43Donc, on peut se moquer, mais en même temps, ça a une forme d'efficacité,
02:47mais ça ne résout pas le problème fondamental qu'on mentionnait tout à l'heure,
02:50c'est-à-dire comment on nourrit l'économie réelle, la production, la réindustrialisation.
02:53Et là-dessus, les mesures ou les annonces, du moins, plutôt, sont assez décelantes.
02:58On n'arrive pas à rouvrir d'usines.
03:00Alors, question importante, malgré tout, parce que je le disais en ouverture de cette interview,
03:05est-ce que ce sommet, c'est de la com' ou est-ce qu'au contraire, c'est un atout majeur ?
03:08Ces 20 milliards d'euros d'investissement, François-Xavier Carayon,
03:12est-ce qu'ils auraient eu lieu, s'il n'y avait pas eu cet événement, ce sommet Choose France ?
03:18Pour partie, mais pas entièrement.
03:22Donc, je pense que ce genre de grand messe permet quand même de favoriser les investissements.
03:28C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron, les membres du gouvernement se rendent disponibles,
03:31et ça peut attirer un certain nombre d'investisseurs étrangers.
03:34Il faut remettre ça dans un contexte plus large.
03:37Ce n'est pas l'épaisseur du trait, mais c'est un impact, disons, marginal.
03:41Si on prend un pas de recul, aujourd'hui, et notamment du fait de la crise politique,
03:45de la crise gouvernementale en France, on a un investissement sur deux
03:48des entreprises françaises qui comptent investir dans leurs propres outils productifs,
03:52qui est à l'arrêt.
03:52Un investissement sur deux.
03:54Pourquoi ? Parce que les chefs d'entreprise ne savent pas à quelle sauce
03:56ils vont être mangés, d'une certaine façon.
03:59C'est pareil du côté des promesses d'embauche.
04:01On a 12,5% de recul des promesses d'embauche cette année, en 2025,
04:05par rapport à l'année dernière.
04:06Donc, très concrètement, ça veut dire 350 000 projets d'embauche en moins cette année.
04:10Mais ça, c'est malheureusement des nombres qui sont beaucoup plus représentatifs
04:15de la réalité économique de notre pays.
04:17Et pour vous, justement, la réalité économique de notre pays, c'est quoi ?
04:21C'est-à-dire qu'on va détruire les emplois dans les années qui viennent ?
04:23Fatalement, on va refermer des usines et on va arrêter d'en ouvrir ?
04:29Oui, ça ressemble bien à ça.
04:32Et les causes de tout ça sont assez bien connues, évidemment.
04:36Le profil fiscal, quand vous avez un chef d'entreprise ou même un investisseur étranger
04:41qui veut créer un emploi en France, s'il veut payer 1 euro, l'employé en France,
04:45il doit payer 2,2 euros.
04:46C'est très nettement supérieur à ce qui se passe dans les autres pays développés.
04:50Donc, ce poids fiscal, cette incapacité pour un chef d'entreprise à aller embaucher...
04:54Et si c'est si cher, comment on explique qu'on arrive quand même à faire venir des grands groupes
04:58pour ouvrir des centres de recherche et développement ?
05:00Donc, sur des salaires quand même nettement plus élevés que des salaires d'ouvriers dans une usine,
05:05ça doit coûter encore plus cher.
05:06Et pourtant, des grands groupes viennent dépenser 20 milliards de dollars
05:09en ouverture de ce genre de sites.
05:13Parce qu'il reste qu'on a quelques métiers sur lesquels la France a encore de très beaux atouts.
05:18Évidemment, dans le numérique, parfois aussi dans l'industrie de pointe, etc.
05:22On a des écoles d'ingénieurs de qualité, de rang international assez exceptionnels.
05:28Donc, on a encore évidemment plein de talents.
05:30La question, c'est est-ce que le système, vous voyez, dans lequel est insérée,
05:34j'allais dire, la population économique française,
05:37est-ce que ce système-là promeut ses talents ou est-ce qu'elle les freine ?
05:40En l'occurrence, elle a plutôt tendance à les freiner.
05:42Ce qui veut dire qu'on pourrait faire des sommets si on suivait vos conseils
05:47avec beaucoup plus que 20 milliards de dollars d'ouverture de sites et d'investissements en France.
05:52On en reparlera, en tout cas, avec vous.
05:54Merci beaucoup, François-Xavier Carayon,
05:56avocat, je le rappelle, et consultant en stratégie.

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