Mercredi 7 mai 2025, retrouvez Stéphan Lipiansky (directeur des études, Vers le Haut), Christel Marivin (chargée de mission animation territoriale, UNEA), Marie Congé (spécialiste RH & transformation) et Laurent Berthuel (Directeur général et cofondateur, Printerre) dans SMART JOB, une émission présentée par Arnaud Ardoin.
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00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job, votre rendez-vous emploi RH Management,
00:11débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles évidemment.
00:15Bien dans son job, comment mieux préparer les jeunes aux mutations du monde professionnel ?
00:20On va en parler avec Stéphane Lipiansky, il est directeur des études dans ce think tank baptisé Vers le Haut.
00:26Il est notre invité, il reviendra sur cette grande journée, cette table ronde autour de ce sujet essentiel.
00:32Le Cercle RH et les entreprises adaptées, on parle de la situation du handicap, travail et handicap.
00:38On en parle avec des experts, Christelle Marivin, chargée de mission animation territoriale Île-de-France,
00:43Centre-Val-de-Loire, Outre-mer pour l'union des porte-parole des entreprises adaptées au cœur du sujet.
00:48Et Laurent Bertuel, il est chef d'entreprise, directeur général et co-fondateur de Printair.
00:53Ils nous feront partager leurs expériences mais aussi leurs engagements.
00:56Et on terminera notre émission avec Fenêtre sur l'emploi, Femmes aux commandes, entreprises performantes.
01:01On a mis un point d'interrogation, on aurait peut-être même dû le retirer.
01:04On reviendra sur l'étude passionnante de Marie Conger, spécialiste RH et transformation.
01:09Elle a fait un doctorat tout simplement sur ce leadership au féminin.
01:13On en parlera avec elle à la fin de notre émission.
01:15Voilà le programme, tout de suite c'est bien dans son job.
01:17Bien dans son job pour parler du rapport entre le milieu éducatif et le monde du travail.
01:34Alors pendant longtemps, et on va en parler avec vous Stéphane Lipiansky, vous êtes directeur des études du Cintank Vers le Haut, créé en 2005 ou 2015 ?
01:442015.
01:452015 avec des associations, apprentis d'Auteuil notamment, le groupe Bayard et plusieurs autres.
01:51Pour quoi faire ? Pour mettre l'éducatif et l'éducation au cœur des sujets ?
01:58Puisque le Président de la République souhaite ouvrir une grande convention, je vous vois sourire, sur l'éducation.
02:03Oui, c'est pour effectivement, ça part d'une insatisfaction sur la façon dont les sujets éducatifs sont abordés.
02:10Souvent uniquement sous le prisme scolaire et puis souvent à l'intérieur du prisme scolaire, les programmes, les salaires des enseignants.
02:18Et puis finalement, on parle peu de ce qui fait tout le sel de l'éducation, c'est-à-dire des familles, du périscolaire, de l'éducation populaire, de l'insertion pro.
02:31Et puis voilà, on n'évoque pas tout ce qui fait la richesse du parcours du jeune et c'est un peu ça que nous on porte.
02:39Alors il y a quelques mois, vous avez, vous et vos équipes évidemment, travaillé sur un grand thème, le monde du travail, le nouvel horizon éducatif, avec un point d'interrogation.
02:48J'ai lu cette phrase que j'aimerais que vous me commentiez, vous souhaitez accroître la diversification des apprentissages, intégrer le faire et pas seulement le savoir.
02:59Comment on fait concrètement ?
03:01Comment on fait concrètement ?
03:03Vous comme moi, je pense qu'on a vécu une scolarité qui était assez passive, on était beaucoup assis et beaucoup à écouter.
03:13Et c'est un peu ça qu'on remet en question avec l'idée concrètement qu'on peut mettre les enfants plus en action et les confronter plus à des situations qui s'assimilent un peu plus à ce qu'ils rencontreront après leur scolarité.
03:32Alors ça peut être travailler plus sur des projets en groupe, plus connecter avec les choses qui les intéressent, c'est-à-dire les enjeux d'environnement, les enjeux d'égalité filles-garçons,
03:44plus aussi intégrer des enseignements pratiques dans leur cursus.
03:49Ce qui manque ? Vous pointez du doigt ces manques-là en fait.
03:51Oui, ce qui manque à l'heure actuelle, en fait on parle de collège unique par exemple, mais le collège unique prépare en réalité uniquement au lycée général.
04:01C'est-à-dire que si vous vous orientez vers une voie professionnelle ou technique, en fait vous n'y avez pas été, on va dire, initié pendant votre collège.
04:11Pas beaucoup d'activités manuelles, pas beaucoup effectivement de travail en groupe.
04:17Stéphane, il y a deux items qui nous intéressent nous ici dans SmartJob, c'est les entreprises doivent pleinement assumer leurs responsabilités éducatives.
04:26Et puis un autre thème là aussi qui montre cette porosité, ou pas d'ailleurs, le monde du travail doit mieux répondre à sa vocation citoyenne.
04:33Alors les dirigeants qui nous regardent vont dire, attendez, nous on est là pour créer de la valeur, produire de la richesse, embaucher, faire en sorte que les gens se sentent bien.
04:41Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
04:43Je vous vois sourire.
04:44Non mais parce que j'ai un peu l'impression qu'on se renvoie un peu toujours la balle.
04:48Exactement.
04:49C'est-à-dire, il faut dire, nous on sonde chaque année, notamment dans notre baromètre jeunesse et confiance, on sonde des jeunes, des parents et des dirigeants d'entreprise.
04:58Et chaque année, de façon récurrente, les dirigeants d'entreprise nous disent, les jeunes ne sont pas préparés au monde du travail.
05:04Ça c'est clair.
05:0480% le disent. Bon, bah, dont acte, eh bien, les entreprises peuvent aussi plus s'impliquer pour des choses très simples.
05:15C'est-à-dire, aujourd'hui, il y a, toutes les entreprises n'accueillent pas des stagiaires, des alternants.
05:20Quand ils les accueillent, c'est souvent avec un cahier des charges qui n'est pas très clair sur qu'est-ce qu'ils doivent acquérir au sein de l'entreprise comme compétences, qu'est-ce qu'ils doivent vraiment développer.
05:33Le rôle, par exemple, dans les entreprises, le rôle des maîtres de stage, des encadrants n'est pas très valorisé.
05:40Et qui a un rôle éducatif.
05:41Oui, qui a un rôle pleinement éducatif.
05:43Et puis, il y a des jeunes collaborateurs qui arrivent dans l'entreprise avec des besoins.
05:49Par exemple, nous, dans notre baromètre, on a pointé le fait que les jeunes se plaignent de, finalement, de ne pas avoir assez confiance en eux, de ne pas oser prendre la parole, etc.
06:00Et on a interrogé les dirigeants d'entreprise pour savoir, est-ce que vous êtes prêts à mettre en place dans votre entreprise, par exemple, des ateliers pour travailler la prise de parole en public ?
06:08Ce qui peut être très utile, d'avoir des jeunes collaborateurs qui s'affirment plus, très peu sont prêts à le mettre en place dans leurs entreprises.
06:15Donc, c'est quelques exemples très concrets de ce qui peut être fait.
06:18Merci. Vous reviendrez peut-être nous parler plus largement même des propositions que fera le groupe des 150 citoyens tirés au sort.
06:25Je ne sais pas si vous allez tirer au sort pour débattre de ces sujets.
06:28J'imagine que vous serez en première ligne sur ce sujet, puisque le chef de l'État a annoncé un grand débat, une grande conférence citoyenne autour des enjeux éducatifs très larges,
06:37horaires, organisation des journées de travail. Je pense que votre think tank vers le haut aura des choses à dire.
06:43Merci d'être venu nous rendre visite, Stéphane Lipiansky, directeur des études de ce think tank vers le haut.
06:49Merci de nous avoir rendu visite.
06:50Merci à vous.
06:51On tourne une page, on s'intéresse aux entreprises adaptées, ces entreprises qui ouvrent grand leur porte aux personnes en situation de handicap.
06:59Comment cela marche ? Comment s'organise finalement le travail, l'organisation du travail dans ces entreprises ?
07:06Comme les autres, faut-il le préciser. On accueille nos invités et c'est le débat de SmartJob.
07:10Le débat de SmartJob, le cercle ira, je vous connaissais notre rendez-vous pour parler aujourd'hui d'un sujet dont on a peu parlé.
07:28On parle beaucoup du handicap, de la place des salariés en situation de handicap, mais rarement des entreprises adaptées.
07:33Ces entreprises qui accueillent des salariés en situation de handicap.
07:36L'occasion nous est donnée aujourd'hui d'en parler et de faire un focus sur ces entreprises très importantes, très utiles.
07:43Avec moi, Christelle Marivain. Bonjour Christelle.
07:46Bonjour.
07:46Ravi de vous accueillir. Vous êtes chargée de mission animation des territoires, dans un grand territoire, je crois région Centre, Pays de Loire.
07:52Non, c'est le Centre-Val-de-Loire, Outre-mer et Île-de-France.
07:55Ah dis donc, j'avais oublié l'Outre-mer.
07:57Donc vous voyagez beaucoup à l'UNEA, l'Union des Portes-Paroles, des entreprises adaptées.
08:0257 000 salariés, on verra les chiffres tout à l'heure, concernés.
08:0541 000 en situation de handicap et pour un chiffre d'affaires de plus de 1,8 milliard.
08:11Merci en tout cas d'être avec nous pour nous parler de ces entreprises adaptées.
08:15Et avec nous, un acteur extrêmement concret, puisqu'il dirige une entreprise adaptée, Laurent Bertuel.
08:19Bonjour.
08:19Bonjour.
08:20Très heureux de vous accueillir.
08:21Vous êtes directeur général et cofondateur de Printer.
08:24Printer ou Printer, comme vous voulez.
08:26Printer, puisque dans votre cas, c'est la décarbonation des cartouches, entre autres.
08:30Entre autres, entre autres maintenant. C'était le métier sur lequel on s'est créé, mais depuis on a fait du chemin et on est plus maintenant sur le matériel informatique.
08:36Donc vous réparez, vous déconditionnez les ordinateurs ?
08:41On a un métier particulier qui couvre l'ensemble des métiers de la décarbonation, de la collecte des déchets, au tri, au traitement, au reconditionnement, à la commercialisation et à la valorisation matière.
08:52Vraiment le spectre total.
08:54Donc c'est le cercle vertueux d'un produit.
08:57On essaye.
08:58Un mot sur votre histoire et votre parcours, parce qu'auparavant, vous étiez un chef d'entreprise classique.
09:03Exactement.
09:03Et un jour, vous avez basculé pour créer cette entreprise, Printer.
09:07Exactement.
09:07Qu'est-ce qui s'est passé ? On ne vient pas par hasard vers ces sujets. Vous avez été touché par la situation, concerné par la situation ?
09:16Alors c'est marrant qu'on en parle là, parce que c'est extrêmement d'actualité, puisqu'on a décidé de faire la bascule d'une entreprise classique qui importait à l'époque des produits chinois
09:27et qui distribuait sur le marché français des produits chinois.
09:31Et on a décidé d'arrêter ce modèle-là quand on s'est rendu compte que le modèle de distribution du produit chinois, c'était un modèle qui allait toujours vers du moins dix ans.
09:41C'est-à-dire qu'on cherchait toujours à avoir le produit le moins cher, le moins cher, le moins cher, le moins cher.
09:45Et puis en oubliant un peu les valeurs des produits que vous vendez petit à petit.
09:50Et on a décidé de faire un virage à 180 degrés où on s'est dit qu'on ne va pas essayer de faire du moins dix ans, mais on va essayer de faire du mieux dix ans.
10:01Et dans le mieux dix ans, ça voulait dire non plus vendre un produit neuf, mais un produit reconditionné.
10:06Et ça voulait dire aussi réindustrialiser un processus en France et puis le faire encore mieux avec des personnes en situation d'handicap pour avoir un impact social.
10:17À quel moment arrive cet élément de se dire, parce qu'il faut préciser que les entreprises adaptées, il faut un minimum de 55% de collaborateurs en situation de handicap ?
10:27Et ce moment-là, vous vous l'êtes posé. Vous avez évidemment étudié ce qu'était une entreprise adaptée. Qu'est-ce qui a fait que vous avez basculé ?
10:33Nous, c'est la volonté d'avoir un modèle le plus responsable possible. Et donc l'étude et puis la présentation et la découverte du modèle de l'entreprise adaptée avec tout ce qu'elle engendre, ce dont on va parler.
10:48Christelle, vous faites l'animation des territoires. Vous accompagnez celles qui sont déjà engagées dans le processus, c'est-à-dire ceux qui participent à la vie de l'UNEA, mais il y a aussi ceux qui hésitent et qu'il faut convaincre. Qu'est-ce que vous leur dites ?
11:00On leur présente déjà le modèle en expliquant que c'est un modèle à dimension sociale, avec une dimension économique importante, puisqu'il faut qu'elle soit viable économiquement sans les subventions des services de l'État.
11:13Même s'il peut y avoir des subventions.
11:14Il y a forcément au moins une subvention, puisque qui dit agrément dit forcément investissement de la part de l'État. Donc il y a à minima une subvention au moment de la création.
11:24Et ensuite, ce sont des business qui se discutent avec les services de l'État pour demander des subventions supplémentaires sur les années suivantes.
11:34Quelques mots quand même sur l'aménagement. On a dit 55%. Ça, c'est gérer le cadre général. On aménage le poste. On fait en sorte que la personne ait une situation aménagée, puisqu'elle a un handicap.
11:44Donc il faut l'adapter au poste. Comment on fait là concrètement ? Je vous poserai la question, parce que vous êtes concernée très directement.
11:49Alors, il faut déjà savoir que 80% des handicaps sont invisibles. Sur 12 millions de personnes en situation de handicap, il y en a presque 1,5 million qui sont en situation invisible.
12:01Non, plus 80% des handicaps sont invisibles. Donc l'aménagement... C'est donc l'inverse. C'est l'inverse.
12:07C'est plus de 8 millions de personnes en situation invisible. Exactement. Et donc du coup, l'aménagement du poste n'est pas forcément un aménagement matériel, par exemple pour une personne à mobilité réduite.
12:17On est aussi dans l'aménagement du temps de travail. C'est ça. Ça rentre aussi dans cette forme d'aménagement du poste.
12:21Ça, c'est négocié dès le départ avec l'employeur. Je vais vous poser la question, Laurent, mais c'est un cadre d'un droit du travail aménagé ?
12:27Les subventions que versent les services de l'État aux entreprises adaptées permettent justement d'organiser le travail dans l'entreprise pour compenser la moindre productivité qui existe du fait de l'emploi des personnes en situation de handicap.
12:41Laurent Bertuel, vous êtes chef d'entreprise et donc vous êtes là pour créer de la valeur. C'est le propre d'une entreprise.
12:47Cet enjeu-là, d'une petite baisse de productivité, d'une difficulté de produire comme vous le souhaitiez ou le souhaitaient, vous l'aviez intégré dès le départ, ça ?
12:55On l'avait intégré dès le départ. On savait que le process qu'on allait mettre en place, il allait intégrer cette petite particularité de l'entreprise adaptée d'embaucher des personnes qui allaient être, sur le papier en tout cas, différentes.
13:08Et à nous, notre job à nous aujourd'hui, c'est de faire en sorte, c'est ce qu'on nous demande dans l'entreprise adaptée. Il ne faut pas oublier quelque chose.
13:15L'entreprise adaptée, c'est un tremplin. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous arrivez dans l'entreprise adaptée avec des CDD, CDD tremplin, de plus en plus.
13:24C'est un nouveau type de contrat dédié à l'entreprise adaptée qui fait que, quand vous intégrez l'entreprise adaptée, il faut que ce soit un tremplin vers une entreprise du milieu ordinaire.
13:33Ça, c'est l'objectif ?
13:34Ça, c'est l'objectif. Pour une partie des salariés.
13:36C'est bien, c'est l'objectif.
13:37C'est l'objectif.
13:37Pour une partie des salariés.
13:39Pour une partie des salariés.
13:42Et donc, nous, on a intégré cette nouvelle donne de l'entreprise adaptée.
13:46Ça, c'est assez récent.
13:47Ça fait 2018.
13:492018, voilà.
13:51Vous, je m'excuse, mais vous avez des postes assis.
13:53Quand on reconditionne ou déconditionne un ordinateur, on est assis.
13:57Comment ça se passe, les salariés qui sont avec vous ?
13:58On a tout type de postes.
14:00Il y a de l'assis, il y a du debout, il y a de l'assis debout.
14:03On essaye de s'adapter au handicap pour faire en sorte que le poste puisse être le plus productif possible.
14:13Question à vous deux.
14:14Le droit du travail, tel qu'il s'applique pour un salarié ordinaire, il s'adapte de la même manière pour un salarié en situation de handicap.
14:20Les entreprises adaptées sont des entreprises du milieu ordinaire.
14:23Mais je parlais du droit du travail.
14:24C'est le même.
14:25On est d'accord.
14:26Simplement, vous négociez des horaires.
14:28Peut-être un salarié vous dit, moi au bout de 5 heures, en position assis debout, je suis trop fatigué.
14:34Exactement.
14:34Et ça, on l'aménage.
14:35Et on peut l'aménager.
14:36Nous, on a été un peu plus loin, on a décidé de mettre en place la semaine en 4 jours.
14:40Cette semaine en 4 jours.
14:41Pas de 4 jours.
14:43On prend bien soin de...
14:44En 4 jours.
14:44C'est pour ça que je pense que...
14:45La semaine en 4 jours, elle permet aux salariés d'avoir un jour de semaine disponible.
14:51Ce jour de semaine disponible, il leur permet de prendre rendez-vous chez les médecins.
14:55Il leur permet d'avoir un troisième jour de week-end.
14:58Il leur permet de se reposer mieux.
15:01On a été un peu plus loin sur le modèle en allant sur la semaine en 4 jours.
15:05Christelle, dans les arguments qui pourraient donner envie aux entreprises qui sont réticentes,
15:09qui sont hésitantes, qui ne connaissent pas le dispositif,
15:11dans la situation de pénurie de main-d'oeuvre, sans avoir aucun cynisme,
15:15il y a tellement aujourd'hui de personnes en situation de handicap qui sont au chômage,
15:19quand on voit le taux d'emploi qui a légèrement progressé, mais qui reste assez faible.
15:22Il y a quand même une piste à creuser sur ce sujet.
15:27Il y a une piste à creuser, mais pour autant, il ne faut pas s'imaginer que dans l'entreprise adaptée,
15:32c'est facile parce qu'il y a des personnes en situation de handicap au chômage.
15:35On a autant de difficultés à recruter qu'une entreprise dite classique.
15:40Il y a aussi de la pénurie de main-d'oeuvre,
15:41même si le taux de chômage des personnes en situation de handicap est le double de celui de la population.
15:46Il y a des freins. Qu'est-ce qui fait que vous peinez à embaucher ?
15:49Alors qu'on nous dit, je pense à la GEPHIP, qui porte des chiffres souvent un peu alarmants,
15:53le taux d'emploi a progressé, mais faiblement. Pourquoi ça bloque ?
15:57Je ne sais pas. Mais ça, c'est une généralité dans toutes les entreprises adaptées.
16:01Toutes les entreprises adaptées du territoire vous diront que leur principale difficulté, c'est le recrutement.
16:06En tant qu'on soit précis, le recrutement de personnes en situation de handicap.
16:09Le recrutement de personnes en situation de handicap.
16:11Mais il y a des freins, c'est quoi ? La personne vous dit, j'habite trop loin, j'ai pas de mode de transport.
16:15On l'entend souvent, c'est un des éléments, ça ?
16:17C'est un élément, comme il y a les éléments qui font qu'aujourd'hui, il est difficile de recruter.
16:23Tous ces éléments-là sont présents dans le recrutement des personnes handicapées.
16:26Et puis, vous avez des éléments supplémentaires qui sont liés aux conditions de travail,
16:30qui sont liés à la santé, qui se rajoutent et qui compliquent d'autant plus la difficulté à recruter.
16:36Christelle, vous confirmez que le recrutement est difficile dans l'ensemble du secteur.
16:41800 entreprises aujourd'hui, 57 000 emplois.
16:46Est-ce qu'on est dans une progression du nombre d'entreprises ?
16:49Est-ce qu'on est dans un chiffre stable ? On en est où là ?
16:51On est dans une progression puisqu'entre 2005 et 2025, il y a eu 40% de création d'entreprises adaptées.
16:572005, c'est la loi handicap qui a permis de développer ces entreprises adaptées, loi Marianne Monchamp.
17:02Et donc, en 20 ans, on a un doublement de la taille des entreprises, du nombre d'entreprises adaptées, en tout cas sur le territoire.
17:10Donc oui, il y a des créations de structures.
17:12Il y a aussi des fermetures, comme dans la vie de toute entreprise.
17:14On a aussi des structures qui ferment.
17:15Mais on est aussi sur une augmentation du nombre d'emplois de personnes en situation de handicap dans les entreprises adaptées.
17:24Donc ça progresse.
17:25C'est un modèle qui, parfois, peut faire peur parce qu'il y a un tuteur qui est l'État et auquel il faut rendre des comptes,
17:33puisque ce sont des subventions publiques.
17:36Et donc, il y a des comptes à rendre au service de l'État.
17:38Comptes à rendre sur les conditions de travail, sur la manière dont on l'accueille.
17:41Sur l'utilisation des fonds, donc dans l'accompagnement social et professionnel des travailleurs.
17:45Donc vous dites que ça fait un peu de paperasserie pour le chef d'entreprise.
17:47Il y a un peu de paperasse pour le chef d'entreprise.
17:49Non, j'ai dit un peu, je pense que c'est beaucoup.
17:52Vous avez des dossiers et des suivis, de l'accompagnement qu'il faut mettre en place.
17:58L'État nous donne de l'argent, en partie.
18:01Il faut justifier...
18:02Qui vient compenser, en tout cas, pendant la partie.
18:04Le manque de productivité.
18:05Voilà, et une partie du salaire.
18:06Et qui vient aider les entreprises adaptées à être plus compétitives sur des secteurs qui sont parfois les mêmes secteurs
18:11que des entreprises qui ne sont pas entreprises adaptées et qui ne sont pas aidées.
18:15Et donc, ces moyens que nous donne l'État, il faut les mettre en place pour faire ce qu'on nous a demandé,
18:22c'est-à-dire mettre des personnes en situation de handicap au travail, en entreprise, et éventuellement les faire sortir.
18:29Et il y a un accompagnement total entre l'accueil, l'accompagnement, la formation, le suivi,
18:34qui peut être un suivi en termes de travail en lui-même, mais aussi un suivi social.
18:40On a un suivi social...
18:41Donc, vos managers doivent être formés, quand même, à une écoute au-delà de la productivité,
18:45à la capacité de pouvoir accueillir tout ça ?
18:48Alors, les managers, oui, on essaye de les former, mais au-delà de ça, vous avez des conseillers d'insertion professionnelle,
18:53vous avez une assistante sociale présente dans l'entreprise, vous avez des services supplémentaires...
19:00Donc, ça, c'est les obligations liées à l'entreprise adaptée, ou c'est vous qui les avez rajoutées en plus ?
19:04C'est une obligation.
19:05Obligation ?
19:06Oui.
19:06D'accord.
19:06Donc, pour chacune d'entreprises, il faut avoir ce dispositif...
19:09Il doit y avoir, en tout cas, l'identification d'une ou plusieurs personnes...
19:15Des référents.
19:15...qui peuvent être en charge de l'accompagnement social et professionnel du collaborateur.
19:19Mais vous, aujourd'hui, ma question va vous paraître un peu bête, mais vous regrettez,
19:25ou vous êtes totalement engagé dans ce que vous avez choisi et dans le pivotement de votre entreprise ?
19:29Je crois que quand vous choisissez d'aller dans l'entreprise adaptée, vous ne pourrez pas le faire à 2%.
19:35Nous, notre vocation première, c'était de faire du recyclage.
19:41C'était comme ça qu'on a créé la société.
19:42Quand on a décidé de se tourner vers l'entreprise adaptée, on ne s'est pas dit qu'on le faisait à 15%, on le fait à 100%.
19:49Vous êtes engagé dans l'entreprise adaptée.
19:50Ça devient aussi important que votre métier de base.
19:53L'engagement, l'accompagnement de personnes en situation de handicap, la création de valeurs autour de tout ça.
19:57Et on dit souvent ça dans l'entreprise adaptée, c'est que c'est une réponse économique à un problème social.
20:05Le problème social, c'est l'embauche des personnes en situation de handicap.
20:08L'entreprise adaptée, c'est la réponse économique et qui est faite pour ça.
20:13C'est-à-dire que tout est en place pour l'entreprise adaptée.
20:16C'est un objectif magnifique.
20:19Mais il faut qu'il soit exploité.
20:20Il faut garder en tête qu'on doit tous être compétitifs.
20:23Et qu'on doit avoir un accompagnement social qui doit être exemplaire à mes yeux.
20:29Comment vous vous situez sur le marché ?
20:31Parce qu'il y a d'autres concurrents qui sont dans des entreprises dites ordinaires et qui recyclent, qui recomposent l'ordinateur et qui vendent la même chose que vous.
20:39Comment vous vous positionnez en termes de pricing, en termes de positionnement marché ?
20:42Aujourd'hui, l'entreprise adaptée dans sa globalité est compétitive avec le marché.
20:46Elle n'est pas mieux.
20:48Ça dépend des secteurs d'activité.
20:49Après, je ne connais pas tous les secteurs d'activité.
20:51Mais il y a certains secteurs d'activité aujourd'hui qui sont plus accompagnés parce qu'entreprise adaptée, parce qu'entreprise d'inception, parce que chantier d'insertion.
20:59Parce que vous avez une multitude d'outils qui peuvent aider l'accompagnement social en France et qui sont présents sur le marché.
21:07On a bien distingué des ESAT.
21:08On est bien d'accord.
21:09Non, mais il faut le préciser parce que parfois il y a une confusion.
21:11On ne l'a pas dit dès le début.
21:12Mais les entreprises adaptées et les ESAT, c'est autre chose.
21:17Ça n'a rien à voir.
21:17Ça n'a rien à voir.
21:18Nous sommes d'accord.
21:19Le modèle n'est pas le même.
21:20Ce n'est pas le modèle.
21:21Il est moins orienté.
21:22Production, productivité, business, évidemment.
21:25Beaucoup plus orienté social.
21:25La répartition, avant de nous quitter, Christelle, des secteurs, parce qu'il y a quand même des métiers qui sont plus appropriés à des personnes en situation de handicap, sans rentrer dans des clichés.
21:34Il y a des métiers qui ne sont pas du tout adaptés.
21:37En fait, les entreprises adaptées, ça représente 250 activités.
21:40Donc, elles sont sur toutes les typologies d'activités.
21:42Ça, c'est intéressant.
21:44Ça va de l'espace vert au retraitement des déchets, à l'informatique, à l'événementiel.
21:51En fait, vous cherchez un partenaire.
21:53Il faut regarder chez les entreprises adaptées.
21:56Vous êtes quasi sûr de trouver un partenaire économique.
21:58Avant de nous quitter, on va sur votre site l'UNEA.
22:00Et on a, j'imagine, il y a des offres.
22:02Il y a un annuaire.
22:03Un annuaire des entreprises.
22:04Des entreprises.
22:05Donc, il faut quand même repasser par les entreprises pour savoir si Laurent cherche les employés.
22:08Vous en cherchez, d'ailleurs, là, aujourd'hui ?
22:09Tout le temps.
22:10Tout le temps.
22:10Bien sûr.
22:11Donc là, vous allez sur le site Printer.
22:13Et vous avez peut-être offre...
22:15N'hésitez pas à nous faire parvenir vos CV.
22:17En répartition, 55% de collaborateurs en situation de handicap.
22:21Sur un effectif de combien ?
22:22On est 160 personnes, aujourd'hui.
22:23160, donc un peu plus de quoi ? 85 personnes en situation de handicap ?
22:28Exactement, autour de ça.
22:29D'accord.
22:30Et le reste, ce sont des salariés dits ordinaires ?
22:32Exactement.
22:33Ou en handicap invisible, aussi, pour certains ?
22:34Exactement.
22:35Ou qui ont la reconnaissance de travail handicapé, mais qui n'est pas pris en compte de l'effectif ?
22:40RQTH.
22:42C'est ça, c'est la reconnaissance RQTH.
22:44On n'a pas le temps, mais le handicap invisible, c'est l'autre sujet.
22:47Puisqu'il y a ceux qui sont reconnus en situation de handicap, il y a ceux qui sont en situation de handicap, mais qui ne veulent surtout pas être reconnus.
22:53Oui, alors ça, c'est après une affaire liée à la personne et à l'acceptation de la situation de handicap par la personne.
22:58Merci à vous deux pour ce débat.
23:01C'est la première fois que SmartJob se penche sur les entreprises adaptées, parce que Dieu sait si on a beaucoup parlé de la situation des salariés handicapés et des pénuries de main-d'oeuvre.
23:08Merci à vous, Christelle Marivine, chargée de mission Animation Territoire, UNEA, partout en France et dans les DOM, parce que vous partez aussi dans les DOM.
23:16Merci à Laurent Bertuel pour son engagement à la tête de l'entreprise qu'il a fondée, Printter, la décarbonation avec des humains heureux de travailler chez Printter.
23:26Il y a des offres d'emploi, allez donc jeter un oeil.
23:28Merci à vous deux.
23:29On termine notre émission avec Fenêtre sur l'emploi et j'accueille mon invité.
23:46Et on termine notre émission avec Fenêtre sur l'emploi pour parler du leadership aux féminins.
23:50C'est un sujet important.
23:52La loi est passée, Copé-Zimmermann, la loi Rixin qui est régulièrement venue sur notre plateau.
23:58Et on en parle avec vous, Marie Conger.
23:59Ravie de vous accueillir.
24:00Bonjour.
24:01Vous êtes spécialiste RH et transformation et conférencière spécialiste de ces enjeux de leadership aux féminins,
24:07parce que vous avez écrit une thèse professionnelle à Sciences Po,
24:12justement sur ce leadership aux féminins, en ayant plusieurs casquettes de chercheuse et de journaliste.
24:17Vous allez nous en parler.
24:18Mais un petit mot quand même pour que ceux qui nous écoutent comprennent qui vous êtes.
24:22Vous avez, avant d'arriver à cela, eu un parcours professionnel de femme, de femme manager,
24:28qui vous a peut-être donné quelques guides déjà.
24:31Tout à fait, effectivement.
24:32Moi, j'ai effectivement travaillé pendant plus de 20 ans dans le domaine des médias,
24:35l'audiovisuel en particulier, dans l'international,
24:39où il s'agissait effectivement de s'occuper de la distribution et de l'export de programmes
24:43en encadrant des personnes, en gérant des équipes, en étant moi-même manager.
24:48J'étais effectivement très familière de tous ces sujets.
24:52Cette thèse professionnelle, c'est important de le préciser,
24:56elle révèle des choses qu'on savait mais que vous mettez en lumière aussi à travers les interviews,
25:00les témoignages que vous révélez.
25:03Ça avance, mais ça avance trop lentement encore.
25:07C'est un peu la grande conclusion de votre travail.
25:10Complètement, effectivement.
25:10On parle souvent de diversité.
25:12Moi, je préférerais plutôt parler d'équité.
25:1548% de la population active est constituée de femmes.
25:19Donc, il s'agit effectivement de faire progresser les choses.
25:23On avance doucement, mais aujourd'hui encore,
25:26on se rend compte que seulement 4 femmes sont à la tête d'une entreprise du 440.
25:32Donc, il y a des progrès, mais il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à parcourir.
25:35Mais qu'est-ce qu'elles vous ont raconté, ces femmes qui ont des postes à responsabilité
25:39et dont les verbatimes sont restées anonymes ?
25:42Je le précise.
25:43Qu'est-ce qu'elles vous disent de leur difficulté de ce fameux plafond de verre ?
25:47Ce plafond de verre est toujours là.
25:50Il, petit à petit, diminue, mais il est quand même toujours là.
25:53Ce qui ressort principalement, c'est qu'effectivement,
25:57il y a un leadership féminin qui est caractérisé,
26:00très souvent avec des spécificités plutôt féminines,
26:04dans tout ce qui concerne le bien-être, la communication ou l'écoute,
26:08versus une certaine assertivité qu'on peut donner aux hommes.
26:13Mais effectivement, ça progresse.
26:15Néanmoins, il y a toujours ce plafond de verre,
26:18qui s'associe d'ailleurs très souvent aussi à ce fameux syndrome de l'imposteur,
26:22cette auto-censure, effectivement, qu'elle s'applique à elle-même.
26:27Qu'est-ce qu'on peut faire ?
26:29Vous êtes aujourd'hui conférencière,
26:31vous accompagnez ces femmes dans des programmes de formation.
26:34Qu'est-ce qu'on doit déverrouiller ? Qu'est-ce qu'on peut faire ?
26:37Je pense qu'on peut agir à trois niveaux principaux.
26:41Principalement, effectivement, au niveau individuel,
26:44chacun a tendance à devoir travailler sur tout ce qui concerne les billets,
26:50ces fameux stéréotypes que l'on a chacun d'une manière individuelle.
26:54Deuxièmement, aussi, au niveau organisationnel,
26:56les entreprises se doivent de travailler sur ce sujet.
26:59Les horaires, la flexibilité.
27:01Exactement, adapter certaines conditions de travail,
27:04puis travailler sur tout ce qui est culture d'entreprise,
27:06pour faire en sorte aussi que la féminisation des instances dirigeantes progresse,
27:10puisque c'est une source de compétitivité, c'est une vraie création de valeur.
27:14Ça, vous le dites et vous y tenez beaucoup.
27:15C'est pas un gadget, c'est pas pour faire beau, c'est bon pour l'entreprise.
27:20Effectivement, il y a des questions morales, éthiques ou réglementaires derrière,
27:24mais c'est avant tout une question vraiment de compétitivité
27:27et de création de valeur pour les entreprises.
27:29Avoir des femmes dans les instances de direction,
27:31ça permet effectivement de gagner en termes de valorisation financière,
27:35en termes, par exemple, de diminution des risques de faillite,
27:38qui peuvent, par exemple, être réduits de moins 20%.
27:40Tout ceci, effectivement, ce sont des choses que j'ai montrées dans mes enquêtes
27:44et qui progressent et sur lesquelles il faut vraiment s'appuyer.
27:46Donc vous avez à la fois de la sociologie,
27:49mais aussi du diagnostic universitaire de chercheuse
27:51qui a travaillé sur les ouvrages, qui a construit une pensée.
27:54Les entreprises sont en retard,
27:56elles ne vont pas assez vite sur ce sujet-là ?
27:58On en parle beaucoup et j'ai le sentiment qu'on parle plus qu'on agit.
28:01Effectivement, elles ne vont pas assez vite,
28:03d'où ces fameux quotas, vous parliez notamment de la loi Rixin
28:06qui va rentrer en vigueur dès l'année prochaine.
28:08Comex ?
28:09Exactement, voilà, 30% puis 40% de femmes dans les comex.
28:13Évidemment, ça ne va pas assez vite.
28:14Toutes les interviewées le disent,
28:16elles ne sont pas pour les quotas,
28:18mais ça reste un mal nécessaire aujourd'hui pour faire avancer les choses.
28:22Donc les quotas restent quand même un outil, un levier.
28:25L'affirmative action, c'est le mot qui fait très très peur,
28:28reste un levier positif pour faire monter les talents féminins.
28:32C'est bien ça le sujet ?
28:32Pour aller plus vite, effectivement.
28:34Et c'est le troisième axe que je voulais développer.
28:36Pour pouvoir agir, il faut agir au niveau de la société.
28:39Et faire en sorte qu'il y ait toujours cette sensibilisation du public
28:42et aussi ces aspects réglementaires.
28:44Merci Marie Conger de nous avoir rendu visite à l'origine de cette thèse professionnelle
28:48sur le leadership au féminin,
28:50avec des conférences et avec des formations, faut-il le préciser.
28:52Merci de nous avoir rendu visite, nous sommes très en retard.
28:54Merci à l'équipe, merci à Xavier et à la réalisation,
28:56merci à Eloïse Hausson et merci évidemment à Nicolas Juchat,
28:59l'incontournable.
29:00Merci à vous, merci pour votre fidélité.
29:02Et je vous dis à très bientôt.
29:03Bye bye.