Louis Sarkozy, essayiste et auteur, était l'invité d'Apolline de 9 à 10 sur BFMTV ce mardi 6 mai 2025.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Est-ce que Napoléon est plus aimé là-bas qu'ici finalement ?
00:04C'est intéressant ce que vous dites parce que nous on a une fascination mais aussi une haine.
00:08C'est ce que disait Emmanuel de Varysquel sur le Figaroïdé il y a quelques semaines.
00:12Il disait on veut absolument un roi pour pouvoir lui couper la tête.
00:15Et Bonaparte c'est ça en fait. Il est le nôtre.
00:17Et dès que quelqu'un d'autre l'attaque, on lève les armes, on lève la garde et on le défend.
00:21Mais quand il n'est qu'à nous, on ne fait que le critiquer.
00:24Et pour Bonaparte c'est aussi très intéressant parce que chaque nation européenne a son propre Bonaparte.
00:28Le premier lectorat napoléonien, à part la France à votre avis, c'est où ?
00:33Le premier lectorat napoléonien ?
00:34Exactement. L'ennemi juré, mais c'est contre-intuitif. C'est paradoxal.
00:38Ceux qui ont saigné contre l'Ingleterre.
00:41Il y a des gens en Angleterre, j'ai lancé mon livre là-bas, j'en ai rencontré, j'ai fait des conférences,
00:45qui ont des bibliothèques napoléoniennes.
00:47Chaque livre qui sort sur Napoléon et le jardinage de Madame Ruth qui est sorti il y a un an et demi,
00:52qui a un livre tout à fait fantastique, les gens l'achètent immédiatement, etc.
00:55Et c'est d'ailleurs pas qu'aujourd'hui parce que deux sont vivants.
00:58Il y avait une fascination en Angleterre pour lui.
01:00Quand il est à Sainte-Hélène, les chefs de l'opposition Lord and Lady Holland l'adoraient.
01:04D'ailleurs, je le dis dans le livre, lui envoyaient des livres.
01:06Et d'ailleurs, il y avait une vraie inquiétude parmi le gouvernement britannique
01:09parce que si c'est l'opposition qui prenait le pouvoir, on aurait pu libérer Napoléon à Sainte-Hélène.
01:14Quand il est à bord du Northumberland et qu'il se rend aux Anglais, il est au large des côtes,
01:18les Anglais ne veulent surtout pas le laisser débarquer parce que tu as une foule de fans au port
01:23avec des cocades tricolores et qui disent « Vive l'Empereur ! »
01:26C'était une star, même dans les pays qui l'ont combattu pendant si longtemps.
01:29Mais est-ce que ça veut dire qu'en France, on a ce goût, au fond, de lyncher nos propres puissants ?
01:35Oui, bien sûr. On est le pays qui décapitons notre roi.
01:38C'est une évidence.
01:39Et surtout avec lui parce qu'il marque tellement les esprits.
01:42Ce qui est fascinant chez lui, en fait, vous savez, c'est la première phrase des « Rois maudits » de Maurice Druon.
01:47« L'histoire est un roman qui fut. »
01:49Et avec Bonaparte, c'est ça. Si on écrivait un scénario de sa vie et qu'on le donnait en disant « Tiens, je produis une série télé, dis-moi ce que t'en penses »,
01:57à un ami qui n'en avait jamais entendu parler, il dirait « Mais c'est trop, réduit un peu le truc. »
02:01Qu'est-ce que ça veut dire qu'en 15 ans, l'homme qui commence de quasiment rien, qui vient de Corse, qui parle mal le français,
02:06qui déteste la France, qui prend le pouvoir, qui humilie toutes les monarchies les plus anciennes, les plus minéraires de notre continent,
02:12qui a un empire plus grand, plus vaste, et après, qui perd tout. Il perd tout. Il ne peut plus voir son fils enchaîner sur un caillou du Sud-Atlantique.
02:22Enfin, c'est quand même une histoire.