Yannick Alléno, chef cuisinier, était l’invité de Première Édition de ce mardi 6 mai. Il est revenu sur son combat pour introduire la qualification pénale “d’homicide routier” parce que le texte fait son retour à l’Assemblée nationale à partir de ce mardi 6 mai.
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00:00Et les 7h42, l'invité de première édition. Bonjour Yannick Allénaud.
00:03Bonjour.
00:03Et merci d'être avec nous ce matin alors que l'Assemblée nationale va de nouveau débattre aujourd'hui
00:07de la création d'un délit d'homicide routier.
00:10On rappelle que le texte a été adopté mercredi dernier par la Commission des lois
00:14et qu'il vise à faire en sorte qu'un automobiliste qui a tué des personnes sur la route après une conduite à risque
00:19ne soit plus jugé pour homicide involontaire mais pour délit d'homicide routier.
00:24Vous vous dites ce matin, Yannick Allénaud, que vous touchez au but.
00:27Je crois qu'on arrive au bout d'un long process, ça fait déjà 3 ans qu'on travaille sur le sujet
00:32avec les responsables politiques français.
00:36Je rappelle que l'idée est vraiment de créer une infraction autonome d'homicide routier,
00:41c'est-à-dire de sortir finalement les gens, les catégories des gens qui font n'importe quoi,
00:45qui prennent de l'alcool avant de conduire, personne ne leur demande de boire avant de conduire,
00:50ceux qui se droguent avant de prendre le volant, d'ailleurs c'est un acte interdit en France
00:54et qui crée le pire comme ça nous est arrivé.
00:58Je pense qu'aujourd'hui c'est donner finalement à l'arsenal judiciaire les moyens de faire leur travail comme il le faut
01:04avec la distinction de j'ai fait un accident, finalement j'y suis pour rien,
01:08et alors, ou contre, j'ai fait tout ce qu'il fallait pour finalement créer du mal à autrui.
01:14Donc c'est pour ça que c'est important.
01:15Ce combat, on le rappelle que vous le menez depuis 3 ans, depuis la mort de votre fils Antoine, 24 ans,
01:20fauché par un chauffard ivre à Paris en 2022, il a été reconnu coupable en novembre dernier,
01:25d'homicide involontaire et condamné à 7 ans de prison ferme.
01:29C'est ce mot, involontaire, que vous voulez aujourd'hui voir banni de la loi ?
01:34Écoutez, je pense que l'ensemble des familles, je ne suis pas le seul,
01:37parce qu'on rappelle que c'est 700 enfants par an qui partent dans notre pays,
01:41c'est-à-dire que ce soir on va éteindre la lumière du studio,
01:43il en manquera peut-être 2 ou 3 demain matin, donc il faut se le rappeler,
01:45c'est quand même des chiffres qui sont quand même assez édifiants,
01:48et quand vous êtes devant la juste d'instruction,
01:51et qu'elle vous dit finalement, le gars, bon ok, mais bon, il ne l'a peut-être pas fait exprès.
01:56Et c'est effectivement insupportable d'entendre ça,
01:58alors que l'auteur des faits avait tout fait pour finalement tuer quelqu'un.
02:02Et d'ailleurs, il aurait pu en tuer deux, puisqu'ils étaient deux sur le scooter.
02:06Anissa a eu beaucoup de chance de s'en sortir avec peu de dégâts,
02:10si ce n'est des traumatismes, des séquelles,
02:15qu'elle aura envie d'avoir vu son pote par terre sur le trottoir.
02:18Quelle aurait été sa condamnation si à l'époque, l'homicide routier avait existé ?
02:24Alors on risque jusqu'à 10 ans,
02:27et les circonstances aggravantes sont faites aussi pour mesurer la chose.
02:31Je vous rappelle que dans cette loi, nous avons fait la demande
02:34de rajouter le délit, le refus d'obtempérer,
02:39ce qui n'était pas une circonstance aggravante,
02:41sachant qu'il y en a 27 000 en France par an,
02:44toutes les 20 minutes, un automobiliste refuse de s'arrêter sous les ordres de la police
02:48pour échapper au contrôle, s'ils sont sous-supéfiants, etc.
02:52Donc ça fera partie d'une circonstance aggravante demain matin.
02:55Donc les peines encourues sont jusqu'à 10 ans de prison.
02:59Je rappelle qu'aujourd'hui, par le fait que simplement l'homicide soit considéré involontaire,
03:05en moyenne c'est 2 ans, c'est 21 mois.
03:0821 mois, ce qui n'est rien du tout.
03:09Ce que vous dites, c'est que voler une voiture, conduire ivre,
03:12conduire sous l'empire de la drogue, c'est une forme de préméditation en fait.
03:16C'est de la préméditation bien sûr.
03:18C'est de la préméditation, parce qu'encore une fois,
03:19personne ne vous force à boire au-delà des limites autorisées en France,
03:24et personne ne va forcer quelqu'un à se droguer.
03:26Et tout le monde sait les conséquences.
03:27Je veux dire, il ne faut pas non plus imaginer que personne
03:29qui fait ce genre de choses ne sache pas qu'il risque quelque chose.
03:36Vu les préventions qui ont été faites depuis des années et des années en France,
03:38tout le monde sait que se droguer vous conduit dans un état anormal.
03:42Et donc forcément, on le voit tous les jours de manière,
03:44tous les jours on entend des faits de gens sous-stupéfiants,
03:47le bus qui s'est renversé, qui a tué la gamine,
03:50tous les jours, tous les jours, tous les jours.
03:51Donc je pense qu'il est temps d'appeler,
03:54puisqu'on parle d'une loi transpartisane,
03:57on ne parle pas de politique, on parle de fait de société.
04:00Je pense qu'il faut demander à tous les responsables politiques,
04:03puisque c'est leur responsabilité qui est engagée,
04:05de regarder ce texte avec beaucoup d'intérêt,
04:08et de se dire que finalement, ça peut sauver les vies.
04:11Une loi plus ferme, on se dit aussi,
04:13enfin on espère aussi qu'elle aura un effet dituasif.
04:16Est-ce qu'on est certain de ça ?
04:18Écoutez, nous, derrière, en tout cas, quand ça sera fait,
04:20on va démarrer avec la sélection.
04:21Est-ce que les comportements changent depuis que,
04:23évidemment, vous parlez de votre affaire,
04:26depuis que vous vous êtes engagé dans ce combat ?
04:28Est-ce que vous avez le sentiment que les comportements évoluent,
04:31ou que le mal est plus fort ?
04:34Je vais vous donner un exemple.
04:35Moi, je suis restaurateur,
04:36les gens viennent se détendre chez nous, faire la fête.
04:38Et j'ai eu une grande famille qui est venue
04:40passer un bon moment à la maison,
04:43et elles m'ont dit, vous savez,
04:44on vous entend depuis quelques temps sur les télés,
04:46les radios, et d'ailleurs, merci de m'accueillir pour en parler,
04:49parce que c'est important d'avoir un écho, ceci,
04:51qui m'ont dit, vous savez,
04:54on pense maintenant à cela.
04:57Avant, peut-être qu'on aurait peut-être pris la voiture
04:59pour rentrer chez nous dans les réunions de famille.
05:01Aujourd'hui, on va s'organiser autrement pour partir,
05:04parce que nous ne sommes pas des criminels.
05:05Évidemment, ça aura une incidence importante sur la pédagogie,
05:09et je pense que quand on prend des jeunes
05:11qui vont passer leur licence de conduire,
05:13et leur dire, attention, c'est plus comme avant,
05:16vous risquez lourd, la saisie immédiate du véhicule,
05:19de votre propre véhicule,
05:21vous risquez des peines de prison importantes.
05:24Donc oui, ça changera les choses.
05:25Après, évidemment, on n'empêchera jamais
05:27le délinquant faire des méfaits.
05:31Mais en tout cas, je pense que dans la prévention,
05:33ce texte est hyper important.
05:35Hyper important, parce que ça permettra
05:36à des gens qui ont quand même une réflexion
05:40de se dire que non, non,
05:42on peut faire beaucoup plus de mal à autrui,
05:45et surtout à des gamins qui...
05:47La mobilité est de plus en plus présente.
05:48Les enfants sur les trottinettes, des vélos, etc.
05:51C'est eux qui morflent.
05:52C'est les fragiles, ce qu'on appelle les fragiles.
05:54Donc j'en appelle à tout le monde
05:56à prendre conscience à chaque fois
05:58qu'on se met derrière un volant ou sur une moto,
06:00qu'il y a des gens qui vivent autour de leur véhicule
06:01et qu'il faut y faire très attention,
06:03parce que c'est notre jeunesse,
06:04c'est l'avenir de notre pays.
06:05Ce combat, il vous a permis de tenir ?
06:08Oui, évidemment, et puis tenir la famille aussi,
06:10parce que là-dedans, on n'est pas tout seul.
06:13L'association Antoine Alénaud,
06:15elle est arrivée,
06:16on y a pensé avec la famille,
06:18le jour de l'enterrement d'Antoine.
06:19Donc ça va faire trois ans.
06:20Et en fait, j'ai vu les difficultés.
06:24Encore une fois, je suis quelqu'un de connu,
06:27donc je pense que les démarches sont beaucoup plus simples.
06:30Mais depuis qu'on a créé l'association,
06:31l'année dernière, on avait des plus de 130 familles
06:33à essayer de s'en sortir,
06:35parce que l'administratif est énorme.
06:37Je vais vous donner un exemple.
06:41Quand une inscription n'est pas terminée,
06:42les assurances ne se déclenchent pas.
06:44D'accord ?
06:45On a eu le cas d'une enfant
06:47qui allait failli être enterrée sans Pierre Tombale
06:49parce que les parents n'avaient pas d'argent
06:51pour mettre leur enfant en terre.
06:52Parce que tout le système est fait comme ceci.
06:57Donc on est venu en aide à cette famille.
06:58Je parle de celle-ci
06:59comme je pourrais parler de beaucoup d'autres.
07:01Donc aujourd'hui, il est temps de regarder tout ça
07:03avec beaucoup d'humanité,
07:04remettre de l'humanité dans ces drames
07:07et d'aller tout de suite au contact des familles
07:10pour leur demander ce dont ils ont besoin.
07:12Parce que les besoins sont immenses.
07:14Et c'est pour ça que l'association est là.
07:16Et elle va continuer son travail.
07:17Merci infiniment Yannick Alenot.