Mardi 29 avril 2025, retrouvez Morgane Dion (Co-fondatrice et CEO, Plan Cash) dans BOSSA NOVA, une émission présentée par Olivia Vignaud, Caroline de Senneville etCéline Toni.
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00:00Musique
00:00Je m'appelle Morgane Dion, je suis la cofondatrice de Plancage,
00:22qui est une application mobile d'éducation financière pour les femmes.
00:25Et ce n'est pas forcément ce à quoi mon parcours m'avait destiné au départ.
00:30J'ai fait des études en sécurité et défense, et j'ai commencé ma carrière dans ce domaine.
00:35Je travaillais à l'ONU, à l'Interpol, dans l'armée française.
00:40Et puis ensuite, ma carrière a pris un petit tournant.
00:42Je faisais travailler en communication dans des agences, des start-up.
00:46Donc je suis passée d'un milieu très masculin à un milieu très féminin,
00:49ce qui m'a amenée à beaucoup m'interroger sur la question d'égalité hommes-femmes au travail,
00:55et à faire beaucoup de recherches.
00:57Et puis petit à petit, à me pencher sur la question, notamment, d'égalité salariale.
01:02Et donc je suis devenue, au fur et à mesure de mes recherches et de mes expériences aussi,
01:07coach en négociation salariale.
01:08J'étais devenue très bonne pour négocier le mien.
01:10Donc j'apprenais aux femmes à négocier le leur.
01:13Et peu à peu, ça m'a amenée sur les sujets d'égalité financière de manière générale entre les hommes et les femmes.
01:18Et notamment, on m'a intéressée aux différences de patrimoine.
01:22Les femmes investissent beaucoup moins que les hommes, du coup elles sont beaucoup moins riches.
01:26Et donc à m'associer avec mon amie Léa pour lancer cette application mobile pour apprendre aux femmes à investir.
01:33Alors PlanCache, c'est une plateforme globale d'éducation financière pour les femmes, par des femmes.
01:43On a une application mobile qui comprend des parcours de formation en micro-learning.
01:49C'est une manière très effective d'apprendre.
01:52On alterne des micro-continus entre un petit texte, une petite vidéo, un quiz.
01:58Il y a aussi un chat pour parler avec la communauté, se partager des bonnes pratiques, des expériences, des conseils.
02:04On est déjà à plus de 10 000 téléchargements en moins de deux mois de vie de l'application sur les stores.
02:10Mais on a aussi une partie média, d'information sur les réseaux sociaux, par une newsletter.
02:16Nos réseaux sociaux, on est suivi par quasiment 87 000 personnes, dont quasiment que des femmes.
02:20C'est 95% de femmes.
02:22Une newsletter qui est envoyée deux fois par mois et qui est gratuite, bien sûr, à nos abonnés, à peu près 30 000 personnes.
02:29Et voilà, ça nous permet d'être vraiment multicanal et d'aborder tous les sujets de l'éducation financière.
02:35Pourquoi c'est important de se former ?
02:36Pourquoi c'est important de s'y intéresser quand on est une femme ?
02:39Ou d'ailleurs, quand on est une personne non-binaire ou même un homme qui veut s'intéresser à ces sujets.
02:42Et puis ensuite, de passer à l'action en apprenant concrètement par où commencer.
02:49Mon meilleur conseil pour investir, ça serait d'abord de se poser la question
02:52de qu'est-ce qu'on veut faire de cet argent.
02:56Investir pour investir, juste pour générer de l'argent, ça peut être un objectif en soi,
03:01mais c'est peut-être un petit peu vide de sens.
03:03Donc, il faut se poser la question de quel projet on veut financer.
03:06Et ça peut être des projets très différents.
03:08Ça peut être, je veux mettre de l'argent de côté pour avoir une retarde complémentaire.
03:12Ça peut être, je veux financer l'achat d'une résidence principale, je veux générer du revenu passif tous les mois,
03:19je veux financer un tour du monde.
03:22Et en fait, cette question est fondamentale parce qu'en fonction du projet et de la deadline qu'on pose à ce projet,
03:28on va pouvoir choisir le type de stratégie, le type d'investissement, d'actifs dans lesquels on va investir.
03:35Il y a une question, la question du risque, elle est extrêmement liée à la question du temps sur lequel on investit.
03:43Plus on investit sur le temps long, plus éventuellement on est capable de supporter le risque parce que ça va être lissé sur le temps.
03:50Si on a besoin de cet argent dans un objectif assez court, moyen terme, c'est-à-dire 5-8 ans grand max,
03:56alors ça va être d'autres types de stratégies qu'il faudra mettre en place.
03:59Donc vraiment, la question du projet est fondamentale quand on veut investir.
04:05Alors Flancach, c'est une entreprise militante.
04:08Nous avons deux piliers de valeurs principaux.
04:11Le premier, c'est le féminisme et le second, c'est l'impact environnemental.
04:15Le féminisme, pourquoi ? Parce que déjà, nous sommes une entreprise fondée par des femmes pour des femmes
04:19et qui milite à combler les écarts financiers entre les hommes et les femmes.
04:24Et l'environnement, parce que notre argent a un impact, qu'on le veuille ou non.
04:29Même s'il dort sur un compte en banque classique, il est investi par les banques dans des entreprises.
04:35Et donc, on travaille avec des partenaires financiers, ce qu'on appelle des fintechs,
04:39c'est-à-dire des nouvelles entreprises de la finance, qui ont un engagement et qui ont des produits
04:44qui s'engagent à n'investir ou ne réinvestir l'argent au maximum que dans des entreprises ou dans des secteurs positifs.
04:53Donc par exemple, ça va être des fintechs qui vont exclure de leur portefeuille d'investissement
04:58les entreprises de l'armement ou les entreprises du pétrole, etc.
05:03et qui vont plutôt orienter l'argent vers des entreprises de type transition écologique,
05:10forestation, l'impact sur l'eau, la santé, etc.
05:14Donc en ce sens, on est effectivement une entreprise engagée.
05:17Et ça a un coût, il ne faut pas se le cacher, parce que parfois, on est obligé de refuser des contrats
05:22avec des entreprises qui ne répondent pas à nos critères et à nos valeurs.
05:27Et donc forcément, c'est une question déontologique aussi de se dire
05:32« Ok, est-ce que je suis capable de refuser cet argent au nom de mes valeurs ? »
05:37Et ce n'est pas si facile que ça a l'air.
05:39Parfois, on est obligé d'avoir des longues discussions avec mon associé pour prendre la décision.
05:43Mais au maximum, c'est ce qu'on fait, oui.
05:49Mon livre s'appelle « Les gentilles filles ne réussissent pas ».
05:52Parce que, en fait, dans la société dans laquelle on vit, si on est gentille fille,
05:58et ce que j'entends par « gentille fille », c'est-à-dire si on répond aux cases,
06:01si on rentre dans les cases qu'on nous attribue, c'est-à-dire qu'il faut être gentil, poli,
06:06ne pas faire de vagues, ne pas trop en demander, etc.
06:09Eh bien, dans le meilleur des cas, on obtient quelques miettes, c'est-à-dire pas grand-chose.
06:14Et donc, toutes les études le montrent, en réalité, si on veut obtenir ce qu'on veut,
06:20et ça peut être très différent, ça peut être une carrière réussie,
06:22comme ça peut être une vie familiale épanouie, ça peut être d'autres types de projets,
06:27de voyages, d'engagement, eh bien, il faut sortir de ces cases
06:31et il faut taper un peu du poing sur la table pour faire valoir ce qu'on veut et ce qu'on mérite,
06:38tout en prenant en compte qu'il peut y avoir des retours de bâton.
06:41Et donc, il faut bien les identifier pour pouvoir les anticiper et les préparer.
06:46Et c'est en ça que mon livre, enfin, c'est ce que mon livre adresse comme sujet,
06:51c'est-à-dire quelles sont les problématiques que les femmes vont rencontrer
06:54dans leur vie professionnelle en particulier,
06:57comment anticiper ces problématiques pour sortir des cases
07:01et quand même obtenir ce qu'on veut.
07:02Les femmes, contrairement à l'idée reçue, négocient leur salaire autant que les hommes,
07:13c'est juste qu'on ne leur donne pas ce qu'elles demandent
07:16parce qu'il y a tout un tas de biais, de stéréotypes.
07:18On estime qu'une femme qui négocie, c'est pas, voilà, une femme n'est pas censée négocier.
07:23On estime qu'une femme qui fait un travail, c'est forcément à moins de valeur
07:27qu'un homme qui d'ailleurs peut faire le même travail ou un travail de valeur égale.
07:32Et donc, on va avoir tendance aussi plutôt à leur proposer des alternatives sociales,
07:36c'est-à-dire plus de, une meilleure mutuelle ou alors plus de congés payés, etc.
07:42Ce qui peut être une bonne chose sur le papier,
07:45mais en fait, ces éléments-là ne sont pas compris pour nos droits sociaux
07:48et notamment pour notre retraite.
07:49Donc, le plus important, ça reste le salaire fixe, net.
07:52Et donc, il faut absolument négocier dans tous les cas,
07:56tous les ans quand on est dans son emploi, quand on a un entretien annuel,
07:59il faut absolument négocier une augmentation.
08:01Chaque fois qu'on nous propose un nouvel emploi, il faut négocier le salaire d'entrée.
08:05C'est absolument fondamental, notamment parce que aussi les femmes,
08:09surtout celles qui vont avoir des enfants, celles qui ont des enfants,
08:13perdent beaucoup plus de salaire au moment de la maternité.
08:16Donc, il faut aussi anticiper cet effet de creux-là qui va arriver.
08:20Donc, plus tôt on négocie son salaire et mieux c'est,
08:23mais pourtant, il n'est jamais trop tard pour le faire.
08:25Ça s'apprend, ce n'est pas inné négocier son salaire,
08:28c'est une compétence comme n'importe laquelle autre.
08:30Et donc, ça s'apprend et c'est notamment, par exemple,
08:32ce qu'on apprend à faire chez Plancage.
08:33On n'apprend pas seulement à investir,
08:35on apprend aussi tout ce qui est financier,
08:37donc le budget, sortir des dettes et aussi bien négocier son salaire
08:41ou négocier une augmentation.
08:42Le syndrome de l'imposteur, et d'ailleurs, je préfère parler
08:48de syndrome d'imposture, qui porte plutôt l'effet sur le comportement
08:52plutôt que sur la personne.
08:54C'est un syndrome, je mets beaucoup de guillemets,
08:57qui a été étudié au départ seulement sur des groupes de femmes.
09:02Donc, dès le départ, c'est un comportement qui est biaisé dans son étude
09:08puisqu'il n'y avait pas d'hommes dans l'étude.
09:13En réalité, les femmes n'ont pas du tout de syndrome de l'imposture.
09:16Par contre, il y a un effet de prophétie autoréalisatrice
09:19à force de répéter aux femmes qu'elles ont moins confiance,
09:22qu'elles prennent moins de risques,
09:23qu'elles ont ce fameux syndrome de l'imposture, etc.
09:26Eh bien, on finit par se conformer à ce comportement
09:29et effectivement, aller moins souvent chercher des augmentations,
09:33aller chercher moins de projets ambitieux,
09:35peut-être se rapetissir un petit peu dans ses ambitions.
09:39Mais ce n'est pas du tout quelque chose d'inné.
09:40Il n'y a pas quelque chose chez les femmes
09:42qui fait qu'on a moins confiance ou qu'on prend moins de risques.
09:45C'est juste qu'on nous l'apprend en permanence,
09:48dès qu'on est toute petite, à l'école, à la maison,
09:51et puis partout dans les médias.
09:53Et puis, on voit moins de femmes.
09:54Il y a moins de femmes à la une des magazines, dans nos télés.
09:57Et donc, petit à petit, on apprend à se faire plus petite.
10:01Et moi, j'aimerais bien qu'on arrête de parler
10:03des sommes dans l'imposture et plutôt qu'on parle
10:05de ce que les femmes font de formidables,
10:08des risques qu'elles prennent et des ambitions qu'elles ont.
10:15Quand on cherche « Femmes et argent » sur Internet,
10:18on va tomber sur des résultats assez édifiants,
10:20du style « Comment gagner plus d'argent pour séduire les femmes ? »
10:25« Les femmes sont des croqueuses de diamants ? »
10:28« Comment les femmes dépensent-elles leur argent ? »
10:31En fait, on met toujours les femmes dans une posture de dépensière
10:35et de culpabilisation quand il s'agit de l'argent.
10:37Et ça, ça se retrouve absolument partout, pas seulement sur Google.
10:40Ça se retrouve dans tous nos médias.
10:42Ça se retrouve dans la pop culture, dans les films,
10:44même dans la littérature classique.
10:47Partout, la femme qui a de l'argent ou qui veut de l'argent est décriée.
10:52C'est quelque chose qui est très mal vu.
10:53Et ce qui fait qu'aujourd'hui, on a aussi des générations de femmes
10:56qui osent moins afficher qu'elles ont de l'argent,
11:00qui osent moins aller chercher de l'argent
11:03ou qui vont en chercher moins.
11:05Parce que partout, en fait, on leur montre que si elles ont de l'argent,
11:08eh bien, elles auront ce qu'on appelle un coût social.
11:11C'est-à-dire qu'elles vont prendre un retour de bâton de la société.
11:14Elles seront mal considérées.
11:16On va les juger, parfois les insulter.
11:19Et ça, c'est pareil.
11:20C'est un stéréotype auquel il faut absolument mettre fin.
11:22Et plus on aura de femmes qui vont s'intéresser aux sujets financiers,
11:25qui vont investir, qui vont prendre le pouvoir sur la salaire,
11:28et plus on arrivera à changer ces stéréotypes.
11:34Alors, la maternité, c'est vraiment le moment
11:36où se creusent les inégalités salariales.
11:39Du moment où les femmes ont leur premier enfant
11:41et puis jusqu'à la fin de leur carrière,
11:44c'est vraiment là qu'on observe la plus grosse baisse des salaires.
11:48Alors, c'est un sujet qui n'est pas seulement salarial,
11:52ce n'est pas un sujet qui est cantonné à l'entreprise.
11:54En fait, c'est un sujet de société.
11:55Pourquoi les femmes perdent autant d'argent au moment de la maternité ?
11:58Pour plusieurs raisons.
11:59Déjà, il y a ce qu'on appelle un malus de la maternité.
12:02Quand on a un enfant, l'employeur a considéré
12:04qu'on va être moins investi dans son travail.
12:07Donc, on va avoir moins de promotion,
12:09on va être mis sur des projets moins ambitieux, etc.
12:12Ensuite, il y a un sujet qui est simplement la garde de l'enfant.
12:16Aujourd'hui, on a un système de garde en France qui est défaillant,
12:20qui n'est pas assez financé.
12:22Les professionnels de la petite enfance ne sont pas assez rémunérés.
12:25Donc, il y a un réel manque de personnel qualifié.
12:28Et donc, en fait, quand on a un enfant,
12:30non seulement ça coûte très cher de le faire garder,
12:32mais en plus de ça, il n'y a pas beaucoup d'offres.
12:34Et quand il s'agit de faire le sacrifice d'un salaire dans le foyer
12:38pour garder l'enfant, comme les femmes gagnent encore moins d'argent
12:41que les hommes au global,
12:42c'est les femmes qui vont rester à la maison
12:44ou qui vont passer à temps partiel
12:46ou qui vont choisir un emploi plus proche de leur domicile
12:49et moins qualifié pour pouvoir s'occuper de l'enfant.
12:52Et tout ça va avoir des répercussions au fur et à mesure
12:54sur tout le reste de leur carrière et même de toute leur vie
12:56parce que c'est un impact aussi sur le montant de leur retraite.
13:03Les femmes sont victimes de ce qu'on appelle
13:04des micro-agressions en entreprise.
13:06Ça va être des comportements,
13:09ça va être des paroles répétées
13:10qui, prises une à une, n'ont pas l'air très offensives,
13:15mais qui en réalité, en anglais,
13:16ils appellent ça la mort par mille coupures.
13:18C'est-à-dire qu'à force d'être répétées en permanence,
13:21à force de subir ces situations,
13:23eh bien on se sent déprécié.
13:25Parfois même, ça a un impact concret.
13:27C'est-à-dire que, je vais prendre le schéma très classique,
13:29mais on vous demande tout le temps
13:30de prendre les notes pendant la réunion.
13:32Eh bien au fur et à mesure, vous vous mettez dans une situation
13:34de vous être la secrétaire de tout le monde.
13:36Ou alors, vous organisez tous les repas d'anniversaire,
13:41les goûters, etc.
13:42Et puis à chaque fois, on vous fait des petites remarques,
13:44genre, ah, t'es la maman de l'équipe,
13:46t'es la cuisinière, etc.
13:48Bon, c'est pareil, ça met dans une posture,
13:50en fait, ça vous déprécie par rapport à votre rôle officiel.
13:53Mais ça va être aussi des comportements
13:55de se faire couper la parole en réunion.
13:58Ça peut être aussi qu'on nous vole nos idées.
14:01Les femmes parlent beaucoup moins dans les réunions
14:03et elles se font beaucoup plus couper la parole
14:05par les hommes qu'inversement.
14:08Et donc, tout ça, petit, mis bout à bout,
14:11va avoir un impact parce qu'aujourd'hui,
14:14comment est-ce qu'on évolue dans sa carrière ?
14:15C'est pas seulement le bon travail qu'on fait,
14:17mais c'est aussi se faire voir, se faire entendre,
14:20montrer qu'on fait du travail.
14:22Et forcément, si on passe notre vie à être coupée,
14:24interrompue, qu'on nous vole nos idées,
14:26qu'on nous rabaisse, etc.,
14:28eh bien, ça brise notre confiance.
14:31Et puis, forcément, on est moins visible
14:33aux yeux de l'employeur,
14:34on a moins de promotion et d'augmentation.
14:36Et tout ça est un cercle,
14:38une espèce de cercle vicieux,
14:39c'est-à-dire, plus on en subit
14:40et plus on se met dans une posture
14:43où, finalement, les autres se permettent
14:46de continuer à nous les faire subir
14:48tant qu'on n'a pas du point sur la table.
14:53J'adore cette idée de Shine Theory.
14:55C'est une théorie qui a été formulée
14:58et mise en place par les femmes
14:59sous l'administration Obama aux États-Unis.
15:01C'est vraiment un élan de sororité
15:03et c'est justement un très bon moyen
15:05de lutter contre les micro-agressions.
15:07C'est le fait qu'entre femmes,
15:08on se soutienne au travail,
15:10mais d'ailleurs, ça peut être n'importe où.
15:12Donc, ça va être, par exemple,
15:14quand une femme expose une idée dans une réunion,
15:17ça va être venir derrière, dire,
15:19ah ouais, c'était une super idée,
15:20ce qu'a dit Sophie.
15:22Ah ouais, moi, je trouve que ce que Mathilde a la émis
15:23comme idée, on devrait le faire, c'est super bien.
15:26Donc, c'est venir vraiment mettre en lumière,
15:29voilà, c'est ça, les autres femmes
15:30pour leurs compétences,
15:31pour leur présence,
15:33pour leurs bonnes idées.
15:35Et en fait, c'est créer vraiment
15:36une espèce de réseau de sororité.
15:38C'est se rappeler qu'on n'est pas des concurrentes.
15:41En fait, le monde du travail,
15:43il y a tellement peu de place pour les femmes
15:45au sommet,
15:47et plus on monte, moins il y a de place pour les femmes,
15:48qu'inconsciemment, on a l'impression
15:50que chaque femme est une concurrente
15:52pour la petite part de gâteau
15:54que peut-être le système nous accordera.
15:56Et donc, on peut avoir tendance
15:59à jouer les unes contre les autres.
16:01Et en fait, la shine théorie,
16:02c'est arriver à se dire,
16:03non, en fait, on est des alliés,
16:05et si on se soutient les unes les autres,
16:06en fait, on peut se faire monter ensemble
16:08plus haut.
16:10Et je trouve que c'est un super mouvement.
16:11Marc Zuckerberg n'aurait pas pu être une femme
16:17pour plusieurs raisons.
16:19La première, c'est parce que les femmes
16:20sont extrêmement minoritaires
16:21dans le secteur de la technologie.
16:23Les petites filles,
16:24et ensuite les jeunes filles
16:25sont beaucoup moins poussées
16:26vers les études scientifiques.
16:27Quand elles réussissent en maths,
16:29on pense que c'est parce qu'elles ont bien travaillé
16:31et non pas parce qu'elles sont naturellement douées.
16:34Et donc, on ne va pas forcément les orienter
16:36vers ce genre de carrière.
16:38Et puis, au fur et à mesure,
16:39elles subissent énormément
16:40de discrimination,
16:42étant donné que c'est un univers
16:43qui est encore très masculin.
16:44Eh bien, il y a beaucoup de sexisme.
16:46Et donc, le peu de femmes
16:47qui ont fait des études en technologie
16:49où ça s'appelle les STEM,
16:51donc les sciences, technologies,
16:52engineering et mathématiques,
16:53au fur et à mesure,
16:54elles vont sortir de ce système.
16:56Soit elles ne vont carrément pas du tout
16:58entrer dans l'entrepreneuriat
16:59ou dans les entreprises,
17:00elles vont aller dans l'enseignement.
17:01Ou alors, très rapidement dans leur carrière,
17:03elles vont changer de voie
17:04parce qu'en fait,
17:05elles ont très vite atteint un plafond de verre,
17:07elles sont plus payées,
17:08elles en ont marre du sexisme ambiant,
17:10etc.
17:11Donc, Marc Zoukava n'aurait pas pu être une femme,
17:13c'est aussi un titre
17:14un petit peu volontairement accrocheur,
17:17à cause de ces discriminations,
17:19de ce sexisme qu'il y a
17:20dans le monde de la technologie.
17:21Mais il n'aurait pas pu être
17:23une femme non plus
17:24parce qu'être entrepreneur
17:26avec un E,
17:27c'est beaucoup plus compliqué
17:29que d'être entrepreneur sans E.
17:31On a beaucoup plus de biais
17:33qui jouent contre nous,
17:34on est beaucoup moins financés
17:35quand on lance une entreprise
17:36ou même quand on veut la faire grossir.
17:38On est soumise,
17:42même dans le business,
17:43à des attentes qui sont beaucoup plus élevées.
17:46On a des discriminations
17:47dans notre manière d'être,
17:49notre manière de faire.
17:50Et donc, c'est beaucoup plus compliqué.
17:53Et effectivement,
17:53quand on se pose la question
17:55qui sont les grands entrepreneurs,
17:57eux ou sans eux,
17:59qui nous influencent,
18:00eh bien, c'est beaucoup plus difficile
18:01d'avoir des exemples de femmes
18:02qui viennent en tête
18:03parce qu'elles sont aussi
18:05moins mises en avant.
18:06Alors, heureusement,
18:07de plus en plus,
18:07il y a des mouvements
18:08qui permettent de les identifier
18:09et de les voir.
18:11Mais c'est encore un travail en cours.
18:14Et donc, voilà,
18:14il faut montrer plus de femmes entrepreneurs.
18:16Il faut mieux financer
18:17les femmes entrepreneurs.
18:19Il faut mettre de la valeur
18:20ailleurs que dans les hommes.
18:23Il faut continuer, bien sûr,
18:24mais pas seulement.
18:26Et peut-être qu'on arrivera
18:27à changer cet état de fait.
18:29Alors, les femmes épargnent déjà
18:35beaucoup plus que les hommes.
18:36Les hommes investissent beaucoup plus.
18:38Les femmes vont gérer
18:39beaucoup plus le budget au quotidien.
18:42Elles sont beaucoup moins formées
18:43sur l'investissement.
18:45Et donc, elles ont, on va dire,
18:47une vision beaucoup plus restreinte
18:48de ce que leur argent
18:49peut faire pour elles.
18:50Les hommes, en revanche,
18:51ont les places d'office
18:52dans des postures d'investisseurs.
18:54Dans les médias traditionnels,
18:5690% des articles
18:57qui parlent d'argent aux femmes
18:58les culpabilisent
19:00pour leurs dépenses.
19:01On va leur dire
19:01comment faire les soldes,
19:02comment économiser de l'argent, etc.
19:04Donc, du coup,
19:04elles sont beaucoup plus poussées
19:05vers une gestion du quotidien
19:07et vers une épargne.
19:08Alors que les hommes,
19:0965% des articles
19:10qui leur parlent d'argent
19:11vont leur parler de rendement,
19:14de bourse, de crypto,
19:15même si de base,
19:16ils n'y connaissent rien.
19:17Mais à force d'être exposés
19:18à ce message,
19:19eh bien, ils apprennent
19:20et ils le font.
19:22Alors que les femmes, voilà,
19:24vont beaucoup plus épargner
19:26et les femmes ont
19:26une réserve d'épargne
19:28phénoménale et fondamentale.
19:30Et cette épargne,
19:31le problème,
19:31c'est qu'elle ne rapporte pas d'argent.
19:34L'inflation,
19:35c'est le fait
19:35que le coût de la vie augmente.
19:37L'inflation est beaucoup plus élevée
19:38que le rendement
19:39de livrets classiques
19:40type livrets A.
19:41Ce qui veut dire
19:42que quand on garde son argent
19:43sur son épargne,
19:44eh bien, cet argent
19:45perd de la valeur.
19:46Dans 5 ans,
19:47l'argent que vous avez sur
19:48que livrets d'épargne
19:48vous permettra d'acheter
19:49moins de choses qu'aujourd'hui.
19:51Alors que l'investissement,
19:52c'est le fait
19:53que son argent
19:54va travailler pour soi
19:55et donc il va grossir.
19:56Et si on est sur du moyen long terme,
19:58plutôt long terme,
19:59en général,
20:00ça grossit plus que l'inflation
20:02et donc on est capable
20:03de financer
20:04plus de projets,
20:06d'avoir,
20:07je le disais tout à l'heure,
20:07sa retraite complémentaire,
20:08de partir,
20:09faire un tour du monde,
20:10d'acheter une résidence principale,
20:12etc.
20:16Alors quand on parle
20:17d'éducation financière
20:18et qu'on dit
20:18qu'on fait de l'éducation financière
20:20pour les femmes,
20:21on a deux réactions
20:22très différentes.
20:22Les femmes,
20:23elles comprennent tout de suite.
20:24Je veux dire,
20:24on n'a pas besoin
20:25de leur expliquer
20:26pendant 15 plombes
20:27pourquoi c'est important
20:28et pourquoi il faut
20:29une éducation spécifique
20:30pour les femmes
20:30et quels biais,
20:32quels stéréotypes
20:33elles vont devoir affronter
20:34dans leur parcours financier.
20:36Donc tout de suite,
20:37c'est très rapide
20:37et on passe au concret,
20:39c'est-à-dire
20:39ok, j'ai compris,
20:40comment je fais ?
20:41Quand on parle aux hommes,
20:42il y a toujours
20:43la même réaction,
20:44c'est mais pourquoi
20:45une éducation spécifique
20:47pour les femmes ?
20:47Je ne pense pas
20:48que ce soit nécessaire.
20:49Ça, c'est la première.
20:50Et la deuxième
20:51qui vient tout de suite
20:52après, c'est
20:52ah, mais pourquoi
20:53que les femmes
20:54et pourquoi moi
20:55en tant qu'homme,
20:55je n'y ai pas le droit ?
20:57Alors notre réponse
20:57est déjà que les hommes
20:58sont tout à fait
20:59les bienvenus sur plan cash.
21:00C'est juste que bizarrement,
21:02quand on markete
21:02quelque chose pour les femmes,
21:03les hommes ne viennent pas.
21:04Alors que nous,
21:05les femmes,
21:05quand il y a quelque chose
21:06qui est marketé pour les hommes,
21:07on a appris à faire avec
21:08et on y va quand même.
21:09Et ensuite, oui,
21:11les femmes ont besoin
21:12d'une éducation particulière
21:14en matière de finances
21:15parce que,
21:16que ce soit dans les inégalités
21:18au sein du couple,
21:19que ce soit dans les inégalités
21:22de salaire,
21:23dans les inégalités
21:23d'accès à l'investissement,
21:25il y a des biais spécifiques
21:27qui jouent contre les femmes
21:28et il faut en avoir conscience
21:29pour pouvoir être préparée au mieux
21:31et pour pouvoir investir
21:32de la meilleure des manières
21:33quand on est une femme.
21:34Alors, non seulement les femmes
21:40gagnent moins d'argent
21:41et elles ont moins d'investissement
21:42et moins de patrimoine,
21:43mais en plus de ça,
21:44être une femme,
21:44ça coûte plus cher.
21:46Il y a notamment le phénomène
21:47qu'on appelle le taxe rose.
21:48C'est le fait qu'il y ait
21:49des articles spécialement
21:51destinés aux femmes
21:51qui coûtent plus cher
21:53qu'exactement les mêmes
21:54destinés aux hommes.
21:56Alors, le gouvernement français
21:57dit que ça n'existe pas,
21:58mais il y a beaucoup
22:00de comptes militants
22:03ou de personnes militantes
22:03qui le mettent en lumière,
22:04notamment par exemple
22:05le compte Instagram
22:06Pépite Sexiste
22:07qui nous montre en permanence
22:09dans des rayons de magasin
22:11une peluche bleue
22:12pour un garçon à 4 euros
22:14et la même peluche rose
22:15donc pour les filles,
22:16je mets entre guillemets,
22:18qui va coûter 6 euros.
22:20Voilà, et ça va être le cas
22:20sur les rasoirs,
22:22ça va être le cas
22:22sur les déodorants,
22:23ça va être le cas
22:23sur des sacs à dos,
22:25enfin, vraiment des articles
22:26qui parfois n'ont absolument
22:27aucune différence
22:28si ce n'est la couleur
22:29du packaging
22:30et les femmes vont payer
22:32plus cher pour ça.
22:33Et c'est totalement
22:34injuste.
22:37L'État de New York
22:38avait fait une étude,
22:39alors c'est aux États-Unis,
22:40mais il y a quand même
22:40une culture et une économie
22:41assez similaires
22:42à celle qu'on a en France.
22:44Aux États-Unis,
22:44ils avaient montré
22:46qu'en moyenne,
22:47par an,
22:47les femmes payent
22:48à peu près 1800 dollars
22:49de plus
22:49à cause de la taxe rose.
22:51Donc moi,
22:51je ne sais pas pour vous,
22:52mais 1800 dollars,
22:53je sais à peu près
22:54dans quoi je pourrais
22:54le réinvestir
22:55si je n'avais pas
22:56à payer cette taxe
22:57injuste tous les jours.
22:58Être une bonne entrepreneuse,
23:04c'est savoir trouver
23:06des solutions.
23:07Être entrepreneur,
23:08avec ou sans eux,
23:09c'est en permanence
23:11avoir des problèmes
23:12qui nous tombent
23:12sur les bras.
23:14Il faut être au four
23:15et au moulin,
23:16on doit gérer
23:17des problématiques
23:18très différentes
23:19et donc il faut être capable
23:21d'aller puiser
23:22dans son ingéniosité,
23:24dans son innovation,
23:25dans sa créativité
23:26pour pouvoir résoudre
23:27toutes ces problématiques.
23:28Et c'est une bonne chose
23:29parce que les femmes
23:29sont très innovantes,
23:30les femmes sont très créatives
23:31et donc on a cette petite touche
23:34qui nous permet justement
23:35de faire face
23:35avec clarté
23:37et rationalisme
23:39aux problématiques.
23:40Donc je pense que c'est un atout
23:41en réalité
23:42d'être une femme entrepreneur
23:43quand il y a des problèmes
23:44qui arrivent.
23:46On est capable
23:47d'aller chercher
23:47dans nos réserves
23:48parce qu'en fait,
23:48c'est ce qu'on fait
23:49en permanence
23:50dans tous les secteurs
23:50de notre vie,
23:51notre vie professionnelle,
23:52notre vie familiale,
23:53notre vie sociale.
23:54On a en permanence
23:55des problèmes à affronter
23:56et donc quand on est
23:57d'entrepreneurs,
23:58on a cette expérience-là
23:59qui peut nous servir
24:00et je pense que c'est
24:01vraiment une bonne chose
24:02et c'est pour ça
24:02qu'on devrait mieux financer
24:03les entrepreneurs eux.
24:04et je pense que c'est pour ça