Retrouvez Brigitte Lahaie du lundi au vendredi à partir de 14h sur Sud Radio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
-
________________________________________
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————
☀️ Et pour plus de vidéos de Brigitte Lahaie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDTwSwAdULSG7Mr2gvFiyJvq
##NOEPISODE##
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
-
________________________________________
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————
☀️ Et pour plus de vidéos de Brigitte Lahaie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDTwSwAdULSG7Mr2gvFiyJvq
##NOEPISODE##
Catégorie
🛠️
Style de vieTranscription
00:00Avec nous, bonjour Katrina.
00:02Oui, bonjour Brigitte, bonjour Hélène.
00:05Bonjour Katrina.
00:07Alors, qu'est-ce qui vous a bouleversé, qu'est-ce qui vous a parlé justement, vous ?
00:13Alors moi, c'est vraiment dans l'enfance,
00:17quand j'avais, dans l'école primaire,
00:21quand à l'école, je suis tombée sur ma bohème de Arthur Rimbaud.
00:28Oui, c'est un poème, hein, c'est ça ?
00:33C'est un poème d'Arthur Rimbaud qui est dans les cahiers de l'œil,
00:37et où il parle de la fugue, il parle, quand il marche à la belle étoile,
00:43tout elle, inspirée par la grande ourse et les étoiles au ciel.
00:50Et ça commence par, je vais m'en aller, les points dans mes poches crevées,
00:54ma pâteau, c'est devenu idéal, voilà, j'allais sous le ciel,
00:58mais j'étais en cahiers, oh là là, c'est d'amorchement,
01:01j'ai envie de rêver.
01:02Et donc moi, ce poème m'a complètement changé ma vie.
01:05Vous aviez quel âge ?
01:07J'étais à l'école primaire, je ne me souviens pas de l'âge exact,
01:10mais j'étais vraiment, je ne sais pas quel âge en fait Arthur Rimbaud.
01:147-8 ans, quoi, j'imagine, enfin, primaire, ça va jusqu'à 10, quoi,
01:17entre 7 et 10 ?
01:20Pour moi, c'était la primaire,
01:22et moi, j'étais le bouc émissaire de ma famille,
01:27j'étais une enfant martyr,
01:29et quand j'ai lu ce poème, c'est comme si...
01:32Vous pouviez vous évader.
01:35Voilà, voilà, voilà, c'est ça.
01:37Et j'étais habitée par cette fuite,
01:41jusqu'à ce que je prenne la fuite à 18 ans.
01:44J'avais fait une fugue avant, j'avais fait une fugue à 15 ans,
01:48et puis chez moi aussi, quand j'étais plus jeune,
01:51je joue avant de fuir,
01:54je m'étais identifiée à Arthur Rimbaud en fait,
01:59et donc je jouais à fuir,
02:01c'est-à-dire une fois une nuit,
02:04je préparais ma valise,
02:06je me suis habillée,
02:08je suis allée jusqu'à la porte d'entrée,
02:10et puis j'ai commencé à tourner la clé dans la porte,
02:14mais ça faisait trop de bruit,
02:15la chambre de mes parents était juste en face,
02:16donc je suis retournée me coucher.
02:19Et en même temps, c'était comme une préparation,
02:22vous voyez, je pense que c'était un...
02:24Je jouais ce que je devais faire.
02:26Alors je l'ai fait beaucoup plus tard.
02:29C'est-à-dire que ce poème, au fond,
02:30vous a donné la possibilité de croire qu'on peut fuir,
02:34qu'on peut sévader.
02:36Ah oui, parce que c'était devenu...
02:38Ça m'habitait...
02:39Ça m'habitait dans ma tête tout le temps,
02:42et puis moi-même, je me suis mise à écrire de la poésie aussi.
02:48Et avant de savoir que j'écrivais de la poésie,
02:51j'écrivais des lettres de vacances.
02:54Mes amis, vous savez, je suis à la plage,
02:56je bevais bien, je m'amusais bien, je sais pas quoi.
02:58Mais moi, j'écrivais pas ça.
03:01J'écrivais un truc que moi-même,
03:04je ne comprenais pas ce que j'écrivais,
03:06pourquoi j'écrivais ça.
03:07J'écrivais de la poésie, en fait.
03:09Mais je savais même pas...
03:11J'écrivais...
03:12Je partais comme ça.
03:13Au lieu de...
03:14Je partais, je suis en vacances,
03:15et je commençais à partir dans l'imaginaire complet.
03:19Mais vous savez, Katerina,
03:20les enfants qui subissent de la grande maltraitance,
03:23et on entend bien que c'était votre cas,
03:26il y a une capacité de dédoublement
03:28qui est très salvatrice.
03:30Et bon, là, c'est visiblement ce poème
03:32qui vous a permise ce dédoublement,
03:35mais c'est en effet certainement
03:36en partie ça qui vous a sauvé.
03:39La capacité de créer chez les enfants maltraités,
03:43et qui peuvent, parce qu'il y en a qui ne peuvent pas,
03:44mais vous, vous avez eu cette capacité-là,
03:48eh bien, c'est une espèce de bulle de résilience
03:51que vous avez en vous-même,
03:54et que vous vous réfugiez,
03:56vous avez pu vous réfugier dans cette bulle,
03:58pour créer, pour sublimer,
04:01pour vous évader,
04:02et ça vous a permis de tenir.
04:04Exactement, c'est exactement ça, oui.
04:08Oui, oui, oui.
04:11Et j'ai écrit même un livre là-dessus.
04:14Ah oui, parce que ma fuite était très poétique aussi.
04:17Quand j'ai fini vraiment par fuir...
04:20Ah non, ma première fuite était comme un...
04:22C'est très rimbaldien, je pense.
04:25Je suis partie de chez moi.
04:27Mes parents avaient des économies dans leur bus,
04:29et j'ai volé toutes les économies de mes parents,
04:31et j'ai pris le premier train,
04:36je ne savais même pas où il allait,
04:37et je me suis dit que j'allais aller jusqu'au bout,
04:39et voir où j'arrivais.
04:40C'est extraordinaire.
04:42Et où est-ce que vous êtes arrivés ?
04:43À ce moment-là, vous avez quel âge quand vous faites ça ?
04:4515 ans, c'est ça ? 15 ans ?
04:4715 ans, 14 ans, c'est comme ça.
04:49Oui, c'est extraordinaire.
04:50Cette force de résilience qu'il y avait en vous,
04:54parce qu'il faut oser.
04:56Oui, puis c'était le truc, je vais voir où j'arrive.
04:58Et vous êtes arrivés où ?
05:01C'était horrible, je suis arrivée dans une zone industrielle
05:03où il n'y avait rien, où c'était...
05:05Oui, pas de chance.
05:07Donc j'ai repris le train, je suis repassée dans l'autre chose,
05:11mais j'ai pris n'importe quel train,
05:13vous ne savez pas où allait le train, voilà.
05:15Mais alors qu'est-ce qui s'est passé ?
05:16Vous êtes revenue chez vos parents ou on vous a retrouvée ?
05:19Je suis quand même d'abord allée à Paris,
05:21je suis allée au cinéma.
05:22Ah oui, j'ai vu un...
05:24Ah tiens !
05:25Un film avec Fanny Ardent et...
05:28Comment il s'appelle ? Gérard Depardieu ?
05:30Bon, il n'est pas à la mode en ce moment.
05:31La femme d'à côté, c'est ça ?
05:32La femme d'à côté, et je me souviens d'une chose
05:34que dit Fanny Ardent justement dans ce film,
05:37qui est très forte, c'est un peu comme un poème.
05:39Elle dit qu'elle aime les chansons,
05:43qu'elle écoute à la radio,
05:44parce que les chansons disent toujours la vérité,
05:47les chansons disent je t'aime, tu me manques.
05:51Elle est en pleine dépression.
05:52Et là, je trouve que c'est aussi ça rentre dans le thème de l'émission.
05:56Oui, effectivement, une chanson qui vous parle.
06:00Oui, enfin, qui parlait à Fanny Ardent dans le film.
06:02Tu me manques, je t'aime.
06:04Elle dit que les chansons disent la vérité.
06:06Comme les poèmes disent la vérité.
06:09Et la deuxième fois, quand je suis partie pour de bon à 18 ans,
06:13là aussi, c'était très cinématographique,
06:17ou très rimbaldien.
06:19J'ai enjambé la fenêtre du premier étage,
06:22j'ai sauté et je me suis mis à courir.
06:24Mais vous n'êtes pas cassée la stragale, par exemple ?
06:28Non, non, j'étais très souple, là.
06:31Oui, je suis très souple.
06:32Oui, le premier étage, quand même, vous auriez pu vous faire mal.
06:35Ah oui, mais c'était une maison, donc c'était un demi, c'était pas...
06:39Ah oui, d'accord.
06:41Mais alors, entre 15 ans et 18 ans, vous vous retrouvez à nouveau chez vos parents ?
06:46Oui, parce que je suis partie juste un jour ou deux.
06:51D'accord, mais enfin, vous avez dû vous faire gronder, voire même punir.
06:55Bien pire, bien pire, bien pire, j'étais accueillie par un policier
06:59qui m'a dit que mes parents étaient trop gentils avec moi.
07:03Il avait tout compris.
07:05Il avait tout compris.
07:05C'est sûr, quand on a des parents gentils, on fuit.
07:09Et il m'a dit que mes parents étaient trop gentils avec moi
07:11et c'est pour ça que je me comportais, je ne sais n'importe quoi.
07:16Et puis après, je n'ai même pas répondu, je ne me suis même pas défendue.
07:21Et après, quand il est parti, mon père m'a cassé la gueule,
07:24et puis à 18 ans, vous êtes partie définitivement ?
07:34Voilà, et puis voilà.
07:37Mais en tout cas, Arthur Rimbaud était à côté de moi tout le temps,
07:41pendant ma petite enfance.
07:44Et vous continuez à écrire des poèmes aujourd'hui ?
07:47Oui, oui, j'ai écrit des poèmes.
07:50J'ai écrit un livre là-dessus, ça commence comme ça.
07:52J'ai écrit un livre sur la folie créative,
07:54parce que comme c'est horrible la vie dans ma famille, je rêvais d'être folle.
07:59J'avais envie d'être folle pour m'échapper, pour fuir la réalité aussi.
08:02Et donc, j'ai écrit un livre sur la folie créative,
08:07où c'est quelqu'un qui enjambe la fenêtre du premier étage et qui saute et qui s'en suit.
08:12Et après, il arrive, il fuit, il fuit, il fuit, jusqu'à ce qu'il arrive dans une autre ville.
08:18Et là, il commence à réinventer le monde et à s'inventer des noms de poètes.
08:24Donc, il s'appelle Arthur Rimbaud, Henri Michaud, Antonin Arthaud, Chick-Joy.
08:31Voilà.
08:34Et moi, oui, j'écris de la poésie et je fais de la peinture.
08:41On voit encore une fois comment beaucoup d'artistes ont vécu des choses pas très faciles et pas très belles dans l'enfance.
08:48Et l'art permet de se sauver, quoi.
08:53Oui, oui, c'est...
08:54Eh bien, merci de ce témoignage, en tout cas, Catherine.
08:59Merci à vous.
09:01Et encore une fois, oui, les enfants se maltraitaient.
09:05On sait à quel point ça peut provoquer.
09:08Et après, chacun fait comme il peut et trouble sa résilience.
09:12Mais en effet, on sait bien que là, j'entends toujours souvent que ça peut être la nature, ça peut être un animal, ça peut être un tuteur.
09:24Oui, et c'est vrai que l'art, là, on vient de le voir, mais l'art est vraiment précieux pour s'évader, pour vraiment fuir la réalité dans l'imaginaire et dans la création.
09:39Et d'ailleurs, c'est souvent...
09:43Enfin, vous parliez de films, vous parliez de chansons, enfin, c'est de l'art, de toute façon, qui tout d'un coup va faire écho à une émotion qu'on a soi-même.
09:54Oui, complètement.
09:54Et c'est vrai que ce témoignage est très émouvant, parce qu'on entend que Catherine a réussi à fuir sa maltraitance en s'inventant un monde, à elle, qu'elle retrouvait à chaque fois qu'elle pouvait.
10:12Et grâce à Rimbaud, c'est une jolie histoire, si ce n'était dans un contexte toxique.
10:19Voilà. Et encore une fois, vous avez dit une chose importante, quand un enfant fuit sa famille, c'est généralement parce qu'il y a de la maltraitance.
10:28C'est peut-être quand même une chose aujourd'hui qui est un peu plus prise en compte que ça ne l'était à l'époque où elle avait 15 ans.
10:35Il faut espérer, il faut espérer, oui.
10:37Je crois qu'aujourd'hui, les gendarmes et les policiers ont de nombreuses formations et une connaissance plus approfondie de la psychologie de l'enfant.
10:48Oui, je pense qu'on avance quand même beaucoup sur ces sujets-là, et tant mieux.
10:52On va se retrouver après les infos, une petite devinette.
10:56Quelle est la différence entre les hommes et les pruneaux, Hélène Vecchiali ?
11:00Je vous laisse le temps des infos pour me trouver la réponse.
11:03Et puis, si vous avez envie, vous aussi, de nous raconter ce qui vous a fait bouger, vous pouvez nous appeler sur Sud Radio.
11:10Je vous rappelle notre numéro 0 826 300 300.