Jeudi 3 avril 2025, retrouvez Thaïs Castang (Associée, L&A; Finance), Kim Nguyen (Président, Kermit), Pierre-Eliott Blum (Avocat associé, Luma) et Jean-François Fliti (Associé-fondateur, Allure Finance) dans SMART PATRIMOINE, une émission présentée par Nicolas Pagniez.
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Patrimoine, Smart Patrimoine l'émission qui vous accompagne
00:12dans la gestion de vos finances personnelles mais l'émission qui décrypte également
00:15avec vous les enjeux et les actualités du secteur de la gestion de patrimoine, une émission
00:20que vous pouvez retrouver tous les jours sur Be Smart For Change, sur les réseaux sociaux
00:24de Be Smart For Change et bien sûr vous pouvez nous écouter en podcast sur toutes les plateformes
00:28de podcast. Au sommaire de cette édition, nous commencerons tout d'abord avec Investir
00:32Responsable, le rendez-vous dédié à l'investissement durable aux responsables de Smart Patrimoine
00:36et en l'occurrence nous nous demanderons, nous nous poserons cette grande question philosophique
00:40sur les marchés à l'heure actuelle, la défense peut-elle être un investissement à impact ?
00:44Une question que nous poserons dans un instant à Kim Heng-Yen, président de Kermit, ce
00:48sera la première partie de l'émission. Nous enchaînerons ensuite avec Enjeu Patrimoine,
00:52un enjeu patrimoine où nous reviendrons sur des aspects fiscaux et notamment la CDHR
00:58qui vise à imposer un impôt minimum de 20% pour les plus hauts revenus en France,
01:04même si ça n'est pas encore entré en vigueur. Nous reviendrons sur les contours de cette
01:09décision avec Pierre-Eliott Blum, avocat associé chez Lumas Avocat, mais aussi Jean-François
01:15Flitti, cofondateur d'Allure Finance. Et puis enfin dans la dernière partie de l'émission,
01:19dans l'œil de l'expert, nous ferons le point sur l'impact du président américain Donald
01:26Trump sur les marchés financiers et comment se positionner en tant qu'investisseur particulier.
01:31Nous en parlerons avec Thaïs Castan, associée au sein du cabinet L.A. Finance. On se retrouve
01:35tout de suite sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:41La défense peut-elle être un investissement à impact ? C'est le sujet qui va nous animer
01:46à présent d'en investir responsable. Et pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir
01:49sur le plateau de Smart Patrimoine Kim Heng-Yen. Bonjour Kim Heng-Yen.
01:52Bonjour Nicolas.
01:53Vous êtes président de Kermit et nous n'avons malheureusement moins de dix minutes pour
01:56évoquer un sujet aussi complexe que celui-là. Mais si on se pose la question, c'est parce
02:01que depuis deux semaines, trois semaines, tout le monde se la pose, même si honnêtement
02:05ça fait depuis le début de la guerre sur le sol ukrainien qu'un certain nombre d'investisseurs
02:10se posent la question. Mais depuis deux, trois semaines, ce qu'on entend, c'est que si la
02:16défense n'entre pas dans les stratégies d'investissement à un impact, on pourrait ne pas réussir à
02:21financer la défense en France puisque les critères ESG deviennent bloquants vis-à-vis
02:26du financement de la défense. C'est ce qu'on a vu beaucoup dans la presse et vous avez
02:29beaucoup réagi sur LinkedIn d'ailleurs sur le sujet. Je vous pose la question aussi large
02:34Kim Heng-Yen, la défense peut-elle être un investissement à un impact ?
02:36Alors déjà je pense qu'il faut faire un petit peu le point sur ce dont on parle. Il
02:40faut rappeler qu'effectivement dans le cadre du plan européen réarme, il y a un certain
02:45montant assez conséquent d'argent qui a été prévu pour réarmer l'Europe. 800 millions
02:49d'euros, la moitié va être prise par l'Union Européenne, l'autre partie va être laissée
02:53au pays et sur chaque pays il y aura une partie qui va être financée par l'État lui-même
02:56à travers des déficits exagérés, de la dette etc. Et puis il va falloir faire l'appel
03:01à l'épargne des particuliers et des institutionnels. Il va falloir drainer un petit peu cet argent
03:07pour aider. Et c'est là où la question se pose de comment on va les attirer.
03:11Et d'ailleurs précisons quand même pour ceux qui nous écoutent, on parle d'un mécanisme
03:15qui marche déjà pour financer des entreprises. La question c'est quel type d'entreprise
03:19on va financer. Et non seulement financer à un instant T mais sur la durée aussi parce
03:22que tout ça va monter en puissance et il va falloir maintenir la cadence. Si on réarme
03:26l'Europe et si on refait l'industrie, c'est très large. La question aujourd'hui a plusieurs
03:30positions derrière ça pour dire comment on s'adresse à tous ces encours qui sont à
03:35travers les institutionnels ou à travers les particuliers qui sont là et qui sont
03:37importants. La première position c'est la position de l'État qui a été très claire
03:40là-dessus à travers la voix du ministre des Finances qui a dit on ne prendra pas de
03:43force, on va proposer des produits, notamment on va proposer des livrets A, on va proposer
03:47des obligations dédiées, c'est-à-dire on va collecter de l'argent qui va être fléché
03:51vers des activités de la défense. Deuxième position, vers l'investissement dans les entreprises
03:57de la défense. Tout à fait, ou vers des projets en tout cas, des entreprises et des
04:00projets spécifiquement liés à la défense. Il faut aussi savoir que quand on parle défense,
04:05c'est très compliqué et on ne va pas rentrer là-dedans parce que techniquement c'est vraiment
04:09un champ qui demande énormément de temps. Mais quand on parle défense, quand on réfléchit
04:13c'est vrai qu'on pense parfois intuitivement des tanks, des avions etc. mais c'est beaucoup
04:17plus large que ça au final. Refaire la défense, c'est refaire des systèmes de repérage
04:21comme le GPS ou des choses comme ça. Donc ce n'est pas forcément des armes, c'est aussi
04:24la nourriture pour les soldats, c'est un champ qui est quand même extrêmement vaste.
04:28Est-ce que quand on produit de l'acier, si cet acier sert à faire un avion de combat,
04:31c'est de la défense ou non ?
04:32Exactement. Et puis après même quand on tombe dans le champ des armes, aujourd'hui
04:36vous le savez, il y a des armes qui sont interdites par des conventions auxquelles la France a
04:39adhéré, des pays européens ont adhéré et en sortent aujourd'hui. On parle de la
04:43Pologne qui se défend de ses frontières. Il y a des armes qui sont vraiment interdites
04:46et des armes qui sont dites conventionnelles et non conventionnelles. Il y a énormément
04:51de débats parce que tous les pays n'ont pas adhéré à les interdire. On est sur des
04:54champs de financement qui sont gigantesques avec des produits qui sont très différents.
04:57La deuxième position, c'est la position des gens qui disent oui mais attendez, c'est
05:01bien de dire on va financer tout ça mais derrière effectivement ça fait dix ans qu'on
05:05monte une finance qui est dite responsable ou durable et cette finance n'est pas compatible
05:10pour des raisons d'image, pour des raisons réglementaires, pour des raisons techniques
05:12liées à l'ESG comme vous l'évoquiez. Ils disent que ce n'est pas possible. Donc ça
05:15il va falloir qu'on allège les règles. Ça c'est une deuxième position. Et il y a
05:18une troisième position aussi qui va un pas plus loin qui dit non mais si on veut vraiment
05:23faire un effort, ce n'est pas seulement lever les blocages mais il faut faire de la finance
05:26durable un levier. C'est-à-dire qu'il faut vraiment inclure l'armement dans le champ
05:30de la finance durable. A travers des modifications de la taxonomie européenne qui identifient
05:33les activités et qui doivent aider à passer au monde de demain. A travers des produits
05:38spécifiques qui seront identifiés comme étant vers défense etc. Il y a des positions
05:43assez tranchées là-dessus dans la presse. Tout ça explique un petit peu le vaste sujet
05:51qu'il y a sur la table. Et différents acteurs de la finance durable qui ne sont pas forcément
05:54d'accord entre eux sur la position à adopter sur ce sujet. Exactement. Et tout ça face
06:01à un enjeu de souveraineté de la France et de l'Europe. En plus l'argument de ceux
06:08qui veulent rentrer l'armement dans la finance durable, il est clair, c'est l'ODDSS, c'est-à-dire
06:13les objectifs de développement durable de l'ONU qui, dans le 16e, spécifie bien qu'en
06:17faisant référence à la charte des Nations Unies, on a le droit de se défendre. Donc
06:20on rentre tout à fait dans un cadre qui est même fixé par les Nations Unies. Donc voilà,
06:26on est tout à fait dans ce champ-là. Et il y a une quatrième position qui est celle
06:29de l'association dont je suis le vice-président, les acteurs de la finance responsable qui
06:32disent non, attendez, le financement de l'armement, pourquoi pas ? Mais pourquoi le mélanger
06:36avec la finance durable qui est un projet sur lequel on travaille maintenant depuis
06:39presque dix ans. On a essayé de monter, on a expliqué aux gens ce que c'était, on
06:43a du mal à gagner en crédibilité. Je suis passé à de nombreuses reprises sur ce plateau
06:45pour expliquer beaucoup de choses sur la finance durable. On a du mal à expliquer
06:49aux gens, on a du mal à gagner en crédibilité. Ça y est, on prend un peu d'inertie et maintenant
06:52on change les règles. Et pour nous, au ce stade, ce n'est pas acceptable.
06:56Alors, je vais dire quelque chose avec lequel vous n'êtes pas d'accord, mais c'est pour
07:00que vous puissiez effectivement nous expliquer. Est-ce que l'argument de dire faire rentrer
07:05la défense dans l'investissement durable, oui, parce que l'investissement durable bloque
07:11sinon l'investissement dans la défense ? Est-ce que c'est un argument recevable selon vous ?
07:15Alors, je ne pense pas qu'il bloque. Il y a beaucoup de voix, même de gens beaucoup
07:18plus techniques que moi et beaucoup plus seniors que moi sur le sujet qui se sont exprimés
07:23en disant que c'est un faux sujet. Aujourd'hui, l'ESG ne bloque rien. Vous n'avez qu'à
07:27regarder le label ISR qui vient de se renforcer d'ailleurs. Le label ISR qui vient d'être
07:30plus en plus exigeant. Il n'interdit rien en matière d'armement en dehors des armes
07:35interdites par les accords internationaux d'Ottawa, etc. Et donc, voilà, ça c'est
07:39vraiment la base. Mais en dehors de ça, il n'y a rien d'interdit. Vous pouvez ouvrir
07:42un fonds ISR aujourd'hui, vous pouvez très bien trouver du Schneider, du Dassault. Il
07:46n'y a pas d'interdiction formelle par rapport à ça. Donc, je pense que c'est un faux
07:49sujet par rapport à ça. Le vrai sujet, c'est un sujet de l'exclusion qui est lié souvent
07:55à l'image. Les gens hésitent à aller sur l'armement depuis des années. Mais il faut
07:59dire aussi que ça a été favorisé parce que depuis des années, on s'est retiré
08:02du secteur de l'armement qui financièrement était quand même un secteur qui était quand
08:04même moins intéressant, qui n'était pas porteur. Donc, c'était aussi plus facile
08:08de dire voilà, on va complètement bannir les armes. On n'y va pas. Certaines sociétés
08:12de gestion les ont complètement interdites. OK, tout ça, c'est des choix plus difficiles
08:17pour des entreprises pétrolières, par exemple, qui faisaient des performances ou là, pour
08:19le coup, on les voyait dans les forêts. Là, quand même, ça nous passe sous le nez. Il
08:23faudrait peut-être qu'on fasse quelque chose sur l'armement. Ça a été plus simple.
08:25Mais aujourd'hui, il n'y a pas formellement d'interdiction par rapport à ça. Et nous,
08:29on considère que les règles qu'on a mises en place depuis toutes ces années, elles
08:32sont suffisantes par rapport à ça. En plus, les encours aujourd'hui, à mon sens, notamment
08:35sur l'impact, qui est quand même la partie la plus avancée de l'investissement responsable,
08:40ne justifie pas de changer quoi que ce soit. Et je pense qu'on va ajouter de la confusion
08:44pour des gens qui souhaitent aller vers des fonds qui facilitent la transition, la régénération,
08:49la biodiversité. Et dedans, on va leur dire oui, mais vous savez, on a eu le droit, on
08:52a mis du Dassault, on a mis des choses. Donc, pour moi, ça va rendre les choses confuses.
08:56Et nous, en tout cas, en tant qu'AFR, l'association, on souhaite vraiment défendre cette poche
09:00de dire voilà, on a construit cette finance. Pourquoi aujourd'hui la dévoyer ou pourquoi
09:05modifier les fondamentaux ? Je ne pense pas fondamentalement que ça change. Les encours,
09:10en tout cas, ne justifient pas. Et les règles peuvent s'adapter. Ce qu'on veut, c'est
09:13de la transparence aussi. On en parlait. Je pense que l'investisseur, il doit savoir
09:18dans quoi il va. Et effectivement, il faut lui laisser le choix. Et il faut lui laisser
09:22le choix en connaissance de cause, avec une connaissance des outils, une transparence
09:25suffisante pour qu'il puisse choisir.
09:27Ce que vous dites, c'est qu'il y a un enjeu de financement de la défense. Mais pourquoi
09:31venir déconstruire ce qu'on a créé dans la finance responsable pour financer la défense ?
09:36Les deux peuvent cohabiter, si je comprends bien.
09:38En plus, c'est des sujets qu'on a déjà eus. Et même ici, je pense sur le changement
09:41de la taxonomie à un moment pour inclure le nucléaire ou le gaz, qui ont été des
09:45sujets politiques qui n'étaient pas inclus au départ. On a changé la taxonomie pour
09:47des raisons politiques. Demain, qu'est-ce qui nous dit qu'on ne va pas encore à nouveau
09:51changer les règles du jeu en cours ? Et je pense que tout ça, c'est vraiment très
09:53nuisible à l'image de la finance responsable ou durable, auquel petit à petit quand même
09:57les gens adhèrent. Et ils veulent savoir où va leur argent.
10:00Il lui faut de la stabilité, si je comprends bien.
10:01Il faut une forme de stabilité. Et je trouve aujourd'hui que ce n'est pas un bon choix
10:08effectivement, en tout cas de forcer l'inclusion. Et quant à lever les règles, comme je vous
10:11disais, je ne pense pas aujourd'hui qu'elles soient vraiment antinomiques avec le financement
10:14de la défense, en tout cas dans les proportions dont on a besoin. Donc je pense qu'aujourd'hui,
10:19c'est tout à fait possible.
10:20Dernière question, comment est-ce que tout cela va évoluer selon vous ? Effectivement,
10:25il y a différentes prises de positions. Il n'y aura du coup pas forcément une réponse
10:29uniforme, mais différents choix au niveau des gérants directement ?
10:32Oui, je pense que chaque société de gestion, et c'est ce qu'on souhaite nous, c'est que
10:35chacun fait en connaissance de cause en affichant ses choix et laisse après l'investisseur
10:39décider. Je pense que c'est la meilleure chose. Il y a des sociétés de gestion, notamment
10:43à l'étranger où ils sont très avancés sur le sujet, aux Pays-Bas, qui disent non,
10:46on n'en veut pas. C'est un choix, c'est un choix clair. Il y a des sociétés de gestion
10:52qui vont dire on va créer des fonds spécifiques. Aujourd'hui, ces BNP à Amoudi ont annoncé
10:57la création de fonds spécifiques à un moment, et l'AMF va alléger ses règles d'agrément
11:02pour aller plus vite sur la création de ces fonds-là. On est dans cette logique-là.
11:06Pourquoi pas ? Encore une fois, tout cela est tout à fait honorable et fait partie
11:10du travail de la finance, mais il faut le séparer du problème de la finance durable.
11:13Et bien communiquer sur le sujet pour un maximum de transparence vis-à-vis des investisseurs
11:17concernés. Merci beaucoup, Kim Nguyen, de nous avoir accompagné sur le plateau de Smart
11:21Patrimoine. Vous êtes le président de Kermit. Merci beaucoup. Merci. Et quand à nous, on se
11:24retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.
11:31Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine, où nous allons faire un focus
11:34fiscalité et plus particulièrement évoquer la contribution différentielle pour les hauts
11:40revenus qui figure dans la loi de finances 2025. Quel est l'impact concrètement pour
11:46les hauts revenus si c'est validé par le Conseil constitutionnel ? Nous allons en
11:49parler avec Pierre-Éliott Blum, avocat associé en fiscalité au sein de l'UMA Avocat.
11:53Bonjour Pierre-Éliott Blum. Bonjour Nicolas. Mais aussi avec Jean-François Flity, cofondateur
11:56d'Allure Finance. Bonjour Jean-François Flity. Bonjour Nicolas. Merci à tous les
12:00deux d'être là pour décrypter un petit peu ce sujet fiscalité. Quand on parle de
12:03CDHR, Pierre-Éliott Blum, on parle d'une imposition minimum pour les plus hauts revenus
12:09de 20%. C'est ça, c'est-à-dire cette idée qu'il faut qu'on paye au minimum 20% d'impôts
12:13quand on fait partie des hauts revenus. Exactement. Donc à compter des revenus 2025, une nouvelle
12:18contribution instaure une imposition minimale de 20% pour les contribuables qui perçoivent,
12:24quand on est seul, plus de 250 000 euros de revenus. D'accord. Et pour les contribuables
12:30en couple, plus de 500 000 euros de revenus. Autrement dit, on vient augmenter l'imposition
12:37pour les contribuables qui perçoivent principalement des revenus de dividendes. D'accord. Ou de
12:41plus-value qui, soumise à la flat tax, donc au prélèvement forfaitaire unique de 12,8%
12:46d'imposition, ont une imposition inférieure à 20% d'imposition. Alors cette décision,
12:55cette contribution différentielle sur les hauts revenus, ça avait été évoqué par
12:58le gouvernement Barnier. On nous avait dit qu'on n'y aurait pas. Finalement, on l'a
13:01eu dans cette loi de finances 2025. Ensuite, on a entendu qu'il fallait que le conseil
13:04constitutionnel valide. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? On en est toujours un peu
13:07en attente de la décision du conseil constitutionnel. D'accord. A priori, je ne vois pas de difficulté
13:12au fait que cette contribution soit instaurée et mise en place à compter de 2025. Il faut
13:18savoir qu'on a déjà une contribution un peu équivalente, qui ressemble, qui est la
13:22contribution exceptionnelle sur les hauts revenus. Qui porte bien son nom. Qui porte
13:24bien son nom, qui était exceptionnelle mais qui a été maintenue sur le long terme. Donc
13:29a priori, cette contribution différentielle sur les revenus n'aurait vocation à s'appliquer
13:32que sur les revenus de 2025, mais à voir si le gouvernement maintient cette contribution
13:39différentielle sur les années suivantes. Ce qu'on a vu quand même, c'est que lorsque
13:43la CRDS a été mise en place en 1996, qui elle également ne devait être que temporaire,
13:51finalement, et qui devait s'arrêter en 2009, elle continue encore aujourd'hui. On aime
13:54le temporaire durable en fiscalité, c'est ce que vous nous dites. Exactement. Et je
13:57viendrais compléter également un point, c'est qu'effectivement, cette contribution touche
14:04les personnes qui reçoivent essentiellement des dividendes et des plus-values, et également
14:09les dirigeants d'entreprises qui, eux, pilotent, entre guillemets, optimisent leur fiscalité par,
14:16d'une part, entre guillemets, entre leur rémunération d'activité et leurs dividendes.
14:22D'accord. Justement, cette contribution est justement faite pour, entre guillemets,
14:27impacter ce type de catégorie de dirigeants qui percevaient plutôt peu de rémunération et beaucoup
14:36de dividendes. Et donc là, ça permet d'assurer un minimum de rémunération de 20%. Pour bien
14:44comprendre, on a des tranches d'imposition sur le revenu qui peuvent aller jusqu'à 45%. Ça veut
14:51dire que, de toute façon, quand on dépasse un certain seuil de revenus et de salaires,
14:56être imposé à 20% de son salaire global, bon, ce n'est pas si choquant. Il y en a qui le font déjà,
15:01enfin, qui vivent déjà ça aujourd'hui. Et là, l'idée, c'est justement d'aller mettre sur
15:08l'imposition pour ceux qui ne percevaient pas via des salaires. C'est bien ça ? C'est exactement
15:12cela. Donc, en fait, soit ceux qui pilotaient, soit qui, en fait, touchaient des revenus d'un
15:19patrimoine. Exactement. Et les 45% sont majorés quand même d'une autre contribution qui s'appelle
15:26la CEHR, qui est de... Ceux dont parlait Pierre-Éliott Blum, oui, bien sûr. En plus des 45%. Donc, on est
15:32vite à 49%. D'accord, ok. Et là, effectivement, on est près de 50%, quelque part, d'imposition
15:42sur le revenu. Alors, il faut juste préciser que cette nouvelle contribution vient quelque
15:46part mettre à mal la flat tax. D'accord. Oui, c'est ça que j'aimerais comprendre. On parle de 20%,
15:52la flat tax, c'est quoi ? C'est 30% ? Alors, la flat tax, c'est 30%, mais c'est 30% d'une part avec
15:5812,8% d'impôts et 17,2% de prélèvements sociaux. Bien sûr. Et donc, en fait, cette contribution
16:04vient majorer à 20%, c'est-à-dire les 12,8% pour les faire passer à 20%. Donc, au final, on n'est
16:11plus à 30%, on est finalement à 37,2%. D'accord, ok, je comprends. Donc, ça a fait majorer très
16:17significativement le taux effectif global. Et l'idée du législateur, c'est de toucher à
16:27peu près 25 000 personnes pour à peu près 2 milliards de recettes supplémentaires. Donc,
16:33ça va vraiment... Ça va vite. Pierre-Éliott Blum, est-ce que ça change ? Déjà, est-ce que votre
16:38téléphone sonne plus depuis début janvier avec ce sujet, effectivement, de ceux qui voudraient,
16:45qui piloteraient par exemple leur rémunération et qui se posent la question de savoir si,
16:51oui ou non, le Conseil constitutionnel va valider, puisqu'il y a l'annonce et maintenant il y a
16:55l'attente. Donc, l'attente peut créer de l'angoisse. Il y a effectivement, non pas une angoisse, mais
17:01des stratégies à mettre en place, des simulations qu'on met en place pour des clients pour vérifier,
17:06pour voir un petit peu l'impact qu'aura cette contribution différentielle sur les revenus,
17:10sur leur fiscalité au titre des revenus 2025. Je ne dirais pas qu'il y ait une inquiétude de nos
17:15clients d'une manière générale. On sait de toute façon qu'on est dans une mouvance d'augmentation
17:19de l'imposition. Et pour les contribuables qui ont, je dirais, davantage de revenus, c'est une
17:24contribution qu'ils pourront supporter. Mais malgré tout, il y a effectivement des arbitrages à
17:29mettre en place sur, comme vous le disiez Jean-François, sur un peu plus de rémunération
17:34pour peut-être arriver au seuil de 20% sans toutefois le dépasser de manière outrageuse
17:40pour limiter l'impact de cette contribution. C'est la question qu'on peut se poser et que doivent
17:45se poser un certain nombre de personnes. Effectivement, on parle de hauts revenus bien
17:49sûr. Est-ce que ça remet en cause les pilotages anciens ? Et est-ce que du coup, on se verse plus
17:55de salaire pour moins de dividendes ? En fait, pas tout à fait. Je vous vois tous les deux faire
17:59non mais nous au moins. En deux mots et rapidement, pas tout à fait parce qu'on peut
18:03encore optimiser les charges dédictives du revenu global par tout un tas de possibilités comme les
18:10versements de pensions à un ascendant ou à un descendant, certains dispositifs de défiscalisation
18:16immobilière comme la loi Malraux ou le Pinel. D'accord, donc il faut investir. Bien sûr, les
18:21versements en PER, en plan d'épargne retraite, tous ces dispositifs permettent de réduire le
18:28montant de revenus éligible à la CHR et l'idée c'est de passer sous les 250 000 euros quand on
18:35est une personne seule ou sous les 500 000 euros lorsqu'on est un couple sous un foyer fiscal unique.
18:40Pierre-Éliott Blum, ça ne remet pas donc complètement en cause des stratégies
18:44qui auraient pu être imaginées en 2020, 2021, 2022 ? Absolument pas. Encore une fois,
18:49c'est quelque chose qu'on anticipait. De toute façon, l'augmentation des prélèvements,
18:54on constate depuis de nombreuses années que les contributions ou le prélèvement d'une
19:00manière générale augmentent, que ce soit pour les entreprises ou pour les particuliers et donc
19:03il n'y a pas forcément de surprise particulière puisque de toute façon, que l'on ait parlé de
19:09la contribution différentielle ou de la FLACTAS qui était elle aussi dans le viseur du Parlement
19:15et du gouvernement et donc finalement, ils ont mis en place cette contribution qui a priori ne
19:21s'appliquerait que sur 2025 à voir si, bon voilà, on serait sur le long terme mais on ne toucherait
19:26pas à la FLACTAS donc malgré tout, on s'attendait à une évolution de la fiscalité et c'est cette
19:31contribution-là qui a été mise en place et qui va être complètement assumée par les
19:35contribuables mais qui aura un impact a priori que sur 2025. Alors ce qu'il faut ajouter, c'est
19:40qu'un accompte devra être payé à hauteur de 95 % de cette contribution entre le 1er et le 15
19:49décembre et qu'à défaut, si cet accompte n'était pas payé ou s'il n'était pas justement qualifié,
19:56justement calculé, eh bien des pénalités seraient exigibles à hauteur de 20 % donc une pénalité de
20:0420 %. Alors là, vous avez mentionné quelque chose qui, pour le coup, sans créer de l'angoisse,
20:08attire mon attention, justement calculé par qui ? Pas par l'administration fiscale du coup,
20:14par du déclaratif. C'est la responsabilité du redevable, d'où le thème du redevable de bien se
20:22faire conseiller en amont, par mon confrère par exemple, par des personnes telles que nous, pour
20:27justement évaluer au plus juste le montant qui doit être payé en accompte entre le 1er et le
20:3315 décembre. Effectivement, on ne sait pas quelle sera la décision du conseil constitutionnel mais
20:39on peut s'attendre à ce que ça entre en vigueur quand même, là pour le coup, je vous vois tous
20:43les deux faire oui tout à l'heure. Pierre-Éliott Blum, oui c'est une question de temps mais il faut
20:47s'y préparer pour cette année, pour les clients concernés, pour les gens qui nous écoutent qui
20:51sont concernés ? Il faut complètement s'y préparer puisque je pense que sans grande surprise, cette
20:55contribution sera mise en place et donc effectivement il faudra anticiper la compte à verser au cours du
21:03mois de décembre qui est en fait une sorte d'anticipation des paiements qui a été mise en
21:07place par le gouvernement pour éviter évidemment la notion de rétroactivité de la fiscale et donc
21:11on a mis en place cette contribution, cette compte à compter de décembre pour percevoir des fonds un
21:15peu plus rapidement. Donc moi, mon conseil auprès de mes clients, c'est d'anticiper le paiement de
21:20cette contribution et puis de commencer à travailler sur quelques petits investissements
21:25comme Jean-François l'a indiqué pour pouvoir un petit peu passer sous les seuils ou pouvoir
21:30réduire à minima le montant de la contribution pour le paiement en 2025. Oui parce que ça peut
21:36être significatif parce que la somme de ces investissements... C'est ce que j'allais dire, l'environnement fiscal
21:40global est de plus en plus contraignant quand on a des hauts revenus en France, Jean-François Foussin.
21:45Il est effectivement très contraint mais il reste un certain nombre de charges déductibles du
21:51revenu global, l'idée ce n'est pas d'être exhaustif sur ce plateau, mais toutes ces charges, si on
21:56les optimise bien sur l'année 2025, si on fait une planification de ces charges, on peut
22:04réduire ce montant de revenus qui sera exigible, dont un taux sera
22:12exigible à la contribution différentielle. Merci beaucoup messieurs, on va suivre
22:17la décision du conseil constitutionnel dans les prochains jours ou prochaines semaines vis-à-vis
22:23de la CDHR, Contribution différentielle pour les hauts revenus. Merci Pierre-Éliott Blum, avocat
22:28associé spécialisé en fiscalité au sein de l'UMA, avocat et Jean-François Flitti, cofondateur d'Allure
22:33Finance, merci beaucoup. Quant à nous, on se retrouve tout de suite dans la dernière partie de
22:37l'émission, dans l'Œil de l'expert.
22:43Et nous finissons cette émission avec l'Œil de l'expert, un Œil de l'expert où nous avons le plaisir de
22:47retrouver en plateau Thaïs Castan. Bonjour Thaïs Castan. Bonjour Nicolas. Vous êtes associée au
22:52sein du cabinet LA Finance et ensemble nous allons revenir sur l'impact de l'élection de
22:57Donald Trump sur les marchés financiers. Alors c'est les marchés financiers qui avaient plutôt
23:01applaudi d'ailleurs l'élection du nouveau président américain. Puis on voit que quelques mois après,
23:05cette élection peut avoir un impact sur la baisse, enfin sur les marchés financiers qui pour le coup
23:10sont plutôt orientés à la baisse à l'heure actuelle. Est-ce que selon vous, c'est le signe avant-coureur
23:15de quelque chose de plus conséquent ? Est-ce qu'on peut prononcer le mot de crac boursier ? Est-ce qu'on
23:20peut aller jusque là ? Alors pas nécessairement. D'accord. On constate que la situation actuelle
23:25relève plutôt d'ajustements tactiques plutôt que d'effondrements structurels, ce qui est plutôt
23:31une bonne nouvelle. Les marchés anticipent forcément une volatilité accrue à la veille et puis à la
23:38suite d'élections américaines mais les fondamentaux restent solides, notamment aux US, avec des
23:46résultats d'entreprises plutôt positifs, une croissance quand même qui reste modérée.
23:53Tout ça, ce sont des signaux plutôt positifs. Les US restent quand même la locomotive économique
24:01mondiale. Donc si vous voulez tourner le dos aux US du fait de cette élection et des sous-brossaux
24:06à court terme, parce que finalement l'élection date depuis seulement deux mois, il y aurait une
24:12erreur stratégique de la part de l'Europe. Donc voilà, garder une stratégie long terme et mondiale
24:19est important. Les marchés anticipent souvent de quelques mois les réalités économiques. Est-ce
24:26qu'il ne faut pas voir dans cette baisse des marchés des inquiétudes vis-à-vis de la politique
24:30économique aux Etats-Unis à l'heure actuelle ? Alors en fait, ce qui est marrant, c'est qu'on
24:36constate qu'à la suite d'une élection américaine, sur les 12 mois qui suivent, les marchés sont à
24:43la hausse. Il y a de la croissance. Donc ça veut dire que cette élection politique génère de
24:49l'incertitude et peut-être un manque de confiance à court terme, mais que sur le long terme, ça
24:55génère des opportunités pour les investisseurs et les marchés sont plutôt à la hausse. Donc ça,
25:00c'est important de l'avoir en tête. Est-ce qu'il faut justement redouter une nouvelle ère
25:04d'incertitude économique sous Donald Trump ? Alors incertitude politique, oui. D'accord.
25:11Imprévisibilité aussi. En ce qui concerne l'instabilité politique, ce qu'il faut avoir
25:17en tête, c'est que Donald Trump, durant son précédent mandat, a quand même mené une
25:21élection pro-business. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il a baissé les impôts,
25:25qu'il a dérégulé l'ensemble du pays et qu'il a relancé, si vous voulez, tout l'aspect industriel.
25:35Bien sûr.
25:35Donc tout ça a eu des aspects positifs sur le marché lors de sa précédente élection. Donc le
25:41marché s'en souvient par rapport à ça. Les points de tension sont essentiellement sur la politique
25:45commerciale. Bien sûr, sur les droits de douane. Oui, et puis avec une escalade protectionniste
25:51vis-à-vis de la Chine, vis-à-vis de l'Europe. Donc ça, c'est des points de vigilance parce
25:58que ça va porter préjudice sur certains secteurs potentiellement. On pense notamment au secteur de
26:04la tech, au secteur des exportations industrielles. Mais ça va aussi en favoriser d'autres. C'est-à-dire
26:13potentiellement favoriser le secteur de la consommation domestique. Bien sûr. Et donc,
26:18par exemple, des secteurs comme l'énergie, comme la défense. Et en ce qui concerne la France,
26:23pour revenir un petit peu sur nous, l'État a saisi la balle au bout en créant un fonds
26:30pour que l'investisseur participe finalement à l'effort national de réarmement. Et donc,
26:36vous voyez, ça peut être des opportunités comme ça à saisir du fait du contexte.
26:39Ça veut dire que le contexte actuel peut être source d'opportunités ? Il peut y avoir des
26:43points d'entrée particuliers aujourd'hui à saisir quand on veut réaliser des investissements ou
26:48renforcer des positions ? Absolument. La volatilité crée des points d'entrée, surtout pour les
26:55investisseurs long terme, qui vont se positionner sur des valeurs qui vont être robustes, qui vont
27:02être surtout résilientes aux incertitudes politiques, si vous voulez. Après, ces valeurs,
27:07souvent, on demande quelles sont-elles, ces valeurs, pour mieux cibler. Alors, il y a des
27:11groupes qui résistent contre vents et marées. Ça va être Coca, Procter & Gamble. Il va y avoir
27:16des groupes également de la tech, comme notamment Microsoft, comme Oracle, ou des groupes de la
27:22santé qui sont très résilients, comme Johnson & Johnson, Pfizer. Ce qu'il faut avoir en tête,
27:26c'est qu'il faut rester sélectif sur ces valeurs et se concentrer sur des gros groupes plutôt
27:35stables et ne pas fuir les marchés. Bien au contraire, ça va générer des opportunités et un timing.
27:40Merci beaucoup, Thaïs Castan, de nous avoir accompagné dans l'œil de l'expert. Je rappelle
27:45que vous êtes associée au sein du cabinet L.A. Finance. Merci beaucoup.
27:48Merci Nicolas.
27:49Merci à vous également de nous avoir suivis dans Smart Patrimoine.
27:53Je vous donne rendez-vous prochainement sur Be Smart For Change.