Vendredi 31 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Vincent Priou (Président, Dôm Finance) , Amaury Korniloff (Cofondateur, ZEWAY) , Yann Marteil (Cofondateur, Shift4good) , Elizabeth Tchoungui (Directrice RSE, Groupe Orange) et Lorène Pernet (Cofondatrice, Si Si la paillette)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. C'est un Smart Impact grand format que je vous propose aujourd'hui, une heure d'émission pour creuser les enjeux de transformation environnementale et sociétale
00:18avec un grand entretien de 26 minutes tout à l'heure et cette question que je pose chaque semaine à une personnalité qui compte dans notre économie.
00:26Êtes-vous prêts pour l'impact ? C'est Elisabeth Chungui, la directrice RSE du groupe Orange qui répondra tout à l'heure.
00:33Mais d'abord, notre émission démarre avec comme invité Vincent Prioul, président de DOM Finance et du fonds Forêt DOM Régénération.
00:42Les massifs forestiers, vous le savez, sont des puits de carbone essentiels. On verra comment les protéger et les exploiter durablement.
00:48Dans notre débat, on se demandera quelles sont les conséquences de la fin du bonus écologique pour les deux roues électriques.
00:55Comment les entreprises du secteur réagissent ? L'environnement risque-t-il d'être le sacrifié du budget 2025 ? Réponse tout à l'heure.
01:02Et puis dans notre rubrique Start-up, je vous présenterai Sissi La Paillette qui propose de faire la fête, oui, mais avec des cosmétiques éco-responsables.
01:12Voilà pour les titres. C'est parti pour notre Smart Impact en format XXL.
01:16L'invité de ce Smart Impact, c'est Vincent Prioul. Bonjour.
01:26Bonjour Thomas.
01:27Bienvenue à vous. Vous êtes le président de DOM Finance et du fonds Forêt DOM Régénération.
01:31On présente DOM Finance en quelques mots, société de gestion de portefeuille. Quel périmètre, quel principe guide vos investissements ?
01:38Le principe est assez simple. Nous, on a monté cette société il y a 12 ans. Le principe, c'est de ne pas faire perte d'argent à nos clients.
01:44Ça, c'est vraiment l'ADN de la société. Surtout qu'en plus, on a traversé des périodes compliquées. 2016 avec le Brexit, 2020 avec le Covid, 2022 avec l'invasion de l'Ukraine par les Russes.
01:55Donc on a eu beaucoup, beaucoup de séries compliquées pour les investisseurs. Et nous, notre ADN, c'est ça. C'est protéger les actifs de nos investisseurs qui sont des investisseurs institutionnels en général.
02:06Quel périmètre ?
02:07Quel périmètre ? C'est 1,7 milliard aujourd'hui d'actifs. On est assez bon sur les diversifier, sur l'obligataire et puis également sur les actions internationales.
02:17Et ce fonds Forêt DOM Régénération, présentez-le-nous. De quoi s'agit-il ?
02:24Alors, il s'agit d'investir dans la forêt française. Pourquoi ? Parce que la forêt française, finalement, est en crise, va pas très bien suite à des épisodes de réchauffement climatique assez forts, des problèmes hydriques.
02:38Et finalement, on s'est aperçu depuis ces 20 dernières années que beaucoup de forêts françaises n'avaient pas été bien exploitées.
02:44Il y a eu pas mal de plantations de monocultures qui ont fragilisé, finalement, la forêt française. Et moi, j'étais sensibilisé à une émission de télévision sur un de vos concurrents.
02:55C'était chez vous ?
02:56Ça devait être sur Téma, je pense, parce qu'il sort beaucoup, beaucoup d'émissions sur la forêt dernièrement.
03:02C'est comme ça aussi, les émissions de télé ?
03:05Exactement. On voyait un collectif de propriétaires qui s'insurgeaient contre des coupes franches d'industriels. Et moi, ça m'a vraiment interpellé.
03:15Et on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire dans la forêt française avec nos clients institutionnels. Pourquoi ? Parce que la forêt, en réalité, c'est un des états naturels de la planète, aussi bien avec les océans, qui captent énormément le carbone.
03:29Et grâce à la forêt, grâce à l'océan, finalement, on va continuer à respirer normalement. Il faut protéger tout ça.
03:35Et donc, ce fonds s'appelle Régénération. Comment vous sélectionnez les forêts ? Parce que ce n'est pas votre métier au départ. De qui vous êtes-vous entouré ?
03:46Quand on lance un fonds forêt, il faut avoir une autorisation de l'autorité des marchés financiers. C'est assez compliqué parce qu'il faut montrer les moyens que vous allez mettre en place, les gens que vous allez recruter, forcément les spécialistes de la forêt que vous recrutez.
04:02Et ensuite, vous avez l'autorisation de monter un groupement forestier d'investissement. Donc, généralement, cette phase préalable dure à peu près un an, voire plus. Et vous mettez tous les moyens en place avant de rentrer le premier euro, en réalité, de votre fonds.
04:15Et une fois qu'on a mis tout en place, ensuite, on s'est intéressé, bien sûr, aux achats, à la collecte, parce qu'on a pas mal collecté ces derniers mois. Et donc, les achats se font sur des forêts qui, généralement, ont été un peu stressées.
04:29Donc, soit ce sont des forêts qui ont subi des tempêtes ou un peu d'incendie ou qu'ont des vides forestiers assez intéressants pour reboiser, replanter et régénérer, finalement, des forêts un peu abîmées.
04:41– Ces groupements forestiers d'investissement, je crois que ça a été créé en 2019. Comment ça fonctionne très précisément ?
04:47– Alors, c'est une société civile à capital variable. Et l'investisseur met de l'argent, donc verse de l'argent dans le GFI. Cette société civile progresse en termes d'actifs.
04:57Donc là, on peut monter jusqu'à 100 millions sur le GFI. Là, on a aujourd'hui 10 millions. Notre objectif, c'est de passer à 22 millions à la fin du premier trimestre 2025.
05:06Alors, pourquoi 22 millions ? Parce que les 22 premiers millions, finalement, ce sont des investisseurs qui sont fondateurs du GFI. Et ensuite, naturellement, il est ouvert jusqu'à 100 millions.
05:15Et notre objectif est de le monter à 50 millions à peu près à la fin de l'année. Donc ensuite, vous sélectionnez des forêts. L'avantage, c'est qu'on achète des forêts au juste prix.
05:23On ne veut surtout pas aller sur des appels d'offres qui sont, généralement, très coûteux au niveau investissement. Pourquoi ? Parce que... Et c'est public.
05:32Vous avez des forêts qui ont été achetées il y a un peu plus d'un an à plus de 50 000 euros l'hectare. Donc nous, on est plutôt sur une base de 12 000 à 15 000 euros l'hectare.
05:41Et là-dessus, grâce au fait qu'on achète à juste prix, on va avoir un rendement relativement intéressant. Donc vous avez l'accumulation à la fois de deux choses.
05:50Vous avez le prix intéressant, le rendement, mais également toute la biodiversité qu'on va développer là-dessus.
05:55Évidemment, on va en parler de cet impact biodiversité. Comment il peut y avoir de tels écarts de prix ?
06:01Alors, de tels écarts de prix, parce que déjà, vous avez des forêts de tailles différentes. Aujourd'hui, vous avez à peu près 14 000 transactions de forêts en France par an.
06:10C'est colossal. Mais sur ces 14 000, vous avez 350 transactions supérieures à 50 hectares. Donc vous voyez, il y a beaucoup, beaucoup de ventes de toutes petites superficies.
06:19Et souvent, ce sont des successions. Donc si vous avez des forêts de 10 hectares, 15 hectares, 20, 25... Généralement, ça vient de succession.
06:26Vous savez, des grands-parents ou des arrière-grands-parents qui avaient des forêts, on en connaît tous. Et tout d'un coup, ces forêts, après 100 ans, arrivent dans le patrimoine de jeunes qui se disent
06:36« Voilà, la forêt de papy, qu'est-ce qu'on va bien en faire ? » Ça a toujours été des problèmes d'exploitation. Généralement, ils vendent. Et nous, on est acheteurs.
06:46Et donc, qu'est-ce que vous faites dans ces forêts ? J'ai bien compris qu'il s'agissait que ça rapporte de l'argent à vos investisseurs. Mais il y a effectivement cet enjeu de biodiversité, de régénération.
06:56C'est le nom de ce fonds.
06:57Exactement. Alors le GFI est composé à peu près d'un gros tiers de très belles forêts. Très belles forêts de chênes qui captent tous les ans du carbone.
07:07Vous savez que l'hectare de carbone sur la planète, en général, capte à peu près 1 tonne de carbone par an. Intéressant.
07:16Non, 5 tonnes.
07:17Un hectare de forêt capte 5 tonnes de carbone par an.
07:20Un hectare de forêt capte 5 tonnes de carbone par an. Donc si vous avez une forêt de 100 hectares, vous voyez que vous captez à peu près 500 tonnes de carbone par an.
07:28Donc si vous avez fait une extrapolation sur 25 ans, vous multipliez par 25, vous avez le résultat. Ça va faire à peu près 12 000 tonnes. Et toutes ces tonnes carbone, en réalité, sont captées par de très belles forêts.
07:39Donc vous avez un tiers. Ensuite, vous avez un autre tiers avec des forêts qui ont été mal entretenues ou dégradées, sur lesquelles il y a des vides forestiers.
07:46Donc généralement, vous avez à peu près 15, 20, 25 % de vides forestiers. Il ne faut pas croire que des forêts sont toujours boisées en totalité.
07:54Ces vides forestiers, on va les utiliser pour régénérer la forêt, pour replanter, pour replanter de nouvelles forêts.
07:59Et en réalité, c'est ça le clou de notre GFI. C'est reboiser, replanter avec de nouvelles essences qui vont protéger les essences un peu plus fragiles.
08:07Et puis, donc un tiers, un tiers. Et vous avez, pour finir, on garde toujours à peu près 20 % de liquidité pour asseoir finalement la liquidité de nos investisseurs.
08:17Et vous avez les 10 % restants. Ce sont des forêts qui n'existent plus, des terres forestières qui n'existent plus. Soit il y a eu des tempêtes, soit des incendies, soit des coupes franches.
08:25Donc là, on repart de zéro.
08:26Et là, on repart de zéro. Et on va régénérer finalement des très belles... Enfin, ça a été des très belles forêts par le passé. Et on va pouvoir les reboiser, les replanter.
08:34— Avec des choix, effectivement. Vous l'avez un peu évoqué. Quelles essences on plante ? C'est un choix important, parce qu'il y a eu beaucoup de programmes de reforestation.
08:44Ça a été pour pas mal d'entreprises un moyen de compenser des émissions carbone. On a aussi fait un peu n'importe quoi parfois. Donc quel choix vous faites ?
08:51— On plante des essences qui correspondent finalement à la région. C'est un peu n'importe quoi quand on voit des essences qui viennent de régions assez fraîches
09:02que vous mettez dans d'autres régions un peu plus chaudes. Donc là, non, on n'ira pas sur des choses trop exotiques. On ira en revanche sur des essences qui vont être mélangées,
09:12parce que les forêts de Feuillus sont beaucoup plus protégées face à des incendies ou face à des tempêtes. Et donc les mono-essences que vous avez...
09:23Tantôt, vous traversez en France les forêts où il n'y a que des pains. Évidemment, vous les avez dans les langues.
09:28— Si on fait Bordeaux-Biarritz, c'est sûr qu'on voit que des pains. — Voilà. Vous voyez que des pains. Et donc il faut mélanger toutes ces essences pour protéger la forêt.
09:34Et c'est un peu l'objectif qu'on va avoir dans le GFI. — Ça rapporte ? — Alors justement, la forêt, quand vous achetez un actif cher... Mais ça peut être pour n'importe quel actif,
09:42que ce soit l'immobilier, que ce soit les actifs cotés ou la forêt. Quand vous achetez cher, généralement, il n'y a pas de rendement. Mais quand vous achetez au juste prix,
09:49vous pouvez avoir du rendement. Et l'exploitation forestière qu'on fera dans les GFI, normalement, cette exploitation forestière va dégager à peu près 4% net de rentabilité.
10:01Alors on va faire comme un titre obligataire. On va distribuer un coupon à nos investisseurs de 4% par an sur les 6 premières années.
10:08Ensuite, la deuxième phase, qui est de 7 à 10 ans inclus, donc 4 ans, on va faire quelques arbitrages, finalement, dans le GFI pour revendre quelques forêts qu'on a bien régénérées,
10:20qui peuvent être intéressées d'ailleurs, intéressantes pour des propriétaires forestiers qui sont juste à côté, qui vont nous dire « Nous, on cherchait une forêt de 30 à 40 hectares.
10:28On a vu que vous êtes propriétaire. Est-ce que vous pouvez nous la vendre ? ». Donc ça, ça va être un peu de cession avec de la plus-value qu'on va reverser aux investisseurs.
10:35Et la troisième phase, la plus importante, finalement, et qui va être celle qui va avoir une certaine technicité, ça va être la création de crédits carbone.
10:45Il faut savoir que les crédits carbone, aujourd'hui, sont vendus à des industriels. Vous avez deux lois, enfin deux règlements européens.
10:52Vous avez 2030 et 2050. En 2030, vous avez toutes les industries qui doivent décarboner leur activité à 50%, à peu près la moitié, et en 2050, c'est le net zéro.
11:02C'est-à-dire que toute entreprise industrielle devra décarboner en totalité. Ce qui veut dire que quand vous allez voir des gros industriels français, ils vous disent « Nous, on est intéressés par des crédits carbone ».
11:11Et si, en plus, vous générez des crédits carbone en France, c'est encore plus intéressant pour nous. Parce que quand on achète des crédits carbone en Amérique du Sud, en Asie ou autre,
11:20vous voyez qu'en assemblée générale, on est un peu chahuté parce qu'il y a des ONG qui disent « Voilà, pourquoi vous faites des plans à 10 000 kilomètres de votre société ? ».
11:28Donc la France peut être très intéressante pour les industriels dans ce cadre-là. Et on va créer des crédits carbone. Alors, pour créer un crédit carbone, il faut qu'il y ait une nouvelle forêt.
11:39Si vous avez, Thomas, une forêt que vous nous vendez, on ne crée aucun crédit carbone parce que la forêt est existante. Alors que si, en revanche, il y a des vides forestiers, il y a des forêts dégradées,
11:50là, on va créer des nouvelles forêts. Ces nouvelles forêts vont générer avec une certification des crédits carbone. Et ces crédits carbone, on va pouvoir les vendre dans 10-12 ans. Alors, pourquoi 10-12 ans ?
12:00– Dernier mot. – Et oui, pourquoi 10-12 ans ? Parce que là, les crédits carbone ont un prix relativement intéressant, entre 30 euros et 100 euros. Mais plus on va se rapprocher des échéances de 2050,
12:11et plus les crédits carbone vont valoir beaucoup plus cher. Et c'est à ce moment-là qu'on va générer de la rentabilité pour nos investisseurs.
12:18– Merci beaucoup, Vincent Priou. Et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe à notre débat, la mobilité électrique en question.
12:25– Générique –
12:31– La fin du bonus écologique pour les deux roues électriques a été annoncée en décembre. Quelles conséquences pour les consommateurs, pour les entreprises du secteur ?
12:38On en parle avec Amoury Kornilov. Bonjour. – Bonjour.
12:41– Bienvenue. Vous êtes le co-fondateur de The Way. Yann Marteil, bonjour. – Bonjour.
12:45– Bienvenue, co-fondateur de Shift for Good. On présente vos entreprises en quelques mots. The Way.
12:51– The Way, donc des scooters électriques qui se rechargent instantanément. Et comment ? En échangeant sa batterie dans un réseau d'échanges de batterie autour de Paris.
13:02Paris, il y en a 110, par exemple. Mais on est installés aussi à Nice et à Madrid. Et on loue nos scooters.
13:07Donc c'est de l'allocation de scooters au mois, de 2 mois à 24 mois. Tout inclut. Donc le scooter, l'échange de batterie, kilométrage illimité.
13:19Et puis assurance et maintenance. Voilà. Tout compris à partir de 145 euros.
13:24– Voilà. Toutes les infos ont été données. Shift for Good, en quelques mots, Yann Marteil.
13:28– Fonds d'investissement Impact qui fait la décarbonation des transports. On a annoncé cette semaine notre closing final à 220 millions.
13:36Donc on investit dans le routier, le maritime, l'aérien, le ferroviaire, transport de biens, transport des personnes.
13:42Un tiers en France, un tiers en Europe, un tiers en Asie du Sud-Est. Ce qui nous donne un peu une base de comparaison mondiale de tous ces phénomènes.
13:50Voilà. Avec des investisseurs qui sont des institutionnels et des corporés de la mobilité.
13:56– On va donc parler de ce bonus écologique pour les dorées électriques. En décembre, il y a l'annonce de la fin de ce bonus.
14:02Alors, vous me disiez juste avant qu'on démarre l'interview, Yann Marteil, c'est peut-être pas totalement fini.
14:06Ça veut dire qu'il y a encore moyen de faire passer des arguments pour faire changer d'avis le gouvernement, ce gouvernement.
14:13Pour combien de temps va-t-il rester en Verlaine ?
14:15– Je crois que le Premier ministre est un élu local. Et il entend le message qui est donné par les collectivités, les acteurs locaux.
14:23Comme quoi la mobilité électrique de roue est un vrai facteur important pour les gens. Et puis de transformation des villes.
14:31Et dans les arbitrages, évidemment, très complexe qu'il doit rendre, on entend que le sujet pourrait être sauvé, totalement ou partiellement.
14:40Mais en tout cas, je pense que la messe n'est pas dite.
14:42– Oui. Et on va rester pour l'instant sur ce qu'est la décision. Pour l'instant, il y a fin de ce bonus écologique pour les dorées électriques.
14:50Amouy Korninauf, qu'est-ce que ça a comme conséquence ? Qui est concerné très précisément ?
14:54– Toute la chaîne. Toute la chaîne. D'abord, évidemment, le consommateur va être concerné.
15:00Il faut savoir que ça représente entre 400 et 800 euros de bonus, de subventions, qui étaient données soit aux clients, soit aux loueurs,
15:10pour mettre immatriculés, finalement, des scooters électriques.
15:14Donc ça, ça va avoir un impact économique directement sur la consommation.
15:18Mais également sur, je dirais, tout le réseau de distribution qui était extrêmement fragilisé.
15:24Ce qu'il faut savoir, c'est que 2024 est une année avant même cette décision qui était horrible pour l'électrique,
15:31c'est-à-dire la baisse du marché de tous les deux roues, qu'ils soient thermiques et électriques,
15:36mais en plus de la baisse de la part de marché de l'électrique dans l'ensemble du marché.
15:41Donc là, vous vous retrouvez avec une décision, on va dire au plus mauvais moment, des distributeurs très fragilisés.
15:48Déjà en 2024, de nombreuses faillites.
15:52On va dire, d'une certaine manière, entre 2021 et 2023, on a plus ou moins tué la distribution du scooter thermique,
16:01vous voyez, avec les décisions qui avaient été prises.
16:04Et au moment où il faut accélérer pour que l'électrique, je dirais, reprenne la suite du thermique, là, on coupe les moteurs de l'avion.
16:14Donc c'est à peu près ça, ce qui se passe.
16:17— Mais est-ce que ça veut dire que la mobilité... Parce que, bon, il y a besoin d'une subvention, je comprends,
16:23mais ça veut dire que la mobilité électrique, elle est trop chère pour une partie des Français ?
16:27Il y a peut-être ça aussi derrière, Moïse Corlé, là.
16:30— Si elle est trop chère pour une partie des Français, mieux vaut continuer à le subventionner pour que ça décolle.
16:35— Là, je suis d'accord avec vous. — Voilà. Alors on va dire, en général, je ne suis pas pour les subventions ad vitame dans un secteur.
16:43Si vous regardez un secteur que je connais bien, qui était le photovoltaïque début des années 2010, secteur très subventionné par des tarifs d'achat.
16:52Et à un moment donné, en effet, le gouvernement décide de baisser les tarifs d'achat pour baisser les subventions.
16:57Mais à ce moment-là, le secteur était en surchauffe, vous voyez. Donc vous avez un secteur qui décolle, qui est en surchauffe.
17:03Donc on réduit les subventions, qu'on ne supprime pas complètement d'ailleurs, mais d'une certaine manière, ce qui est une décision raisonnée.
17:11Là, c'est au plus mauvais moment. Je le répète. Difficulté à convaincre, on va dire, les Français, mais c'est vrai pour les Européens
17:21et tous les consommateurs du monde d'accélérer le passage à l'électrique. Donc la subvention continue à aider.
17:28Probablement, c'est pas toute la vie. Mais dans ce moment-là, c'était important. Et je crois que ça va avoir des conséquences non seulement sur la distribution
17:39mais également, évidemment, sur toute la consommation.
17:42Est-ce qu'on voit déjà, Yann Martel, les conséquences de la décision du mois de décembre ou est-ce que c'est trop tôt pour les évaluer ?
17:49Non, on le voit sur ce sujet-là et sur d'autres sujets. Il y a eu un arrêt brutal. Il y a une étude de l'ADEME sortie la dernière qui dit que 68 % des acheteurs
17:57d'euros électriques sur 2021-23 l'ont fait avec critère numéro 1, l'incitation fiscale. Donc ce bonus. Donc c'est un facteur majeur.
18:07Ça fait surtout un effet de perturbation très importante. C'est un marché qui n'est pas mûr. C'est un marché qui est innovant, transformant,
18:14qui est très intéressant d'un point de vue transformation de la vie et évidemment émission de CO2. Il y a trois enjeux. Il y a l'aspect fiscal,
18:21on vient d'en parler, mais c'est pas le seul sujet. Il y a un aspect de borne de recharge ou de système de recharge parce que l'électrique,
18:27il faut le recharger. Puis il y a un aspect surtout de communication. Le message qui est envoyé, là, c'est ça n'est pas important, on arrête.
18:35Et donc les gens se disent est-ce que je vais investir dans un véhicule qui va durer 10 ans ou 15 ans dans un truc finalement qui n'est pas pérenne.
18:43Donc le message est très mauvais. L'incitation fiscale disparaît et le réseau, il était embryonnaire. Donc on est en train de casser un dispositif
18:51qui était en train de marcher. Regardons un peu ce qui se passe ailleurs. — Oui. Alors justement, vous disiez il n'y a pas que la France qui est concernée
18:58par ces difficultés de monter en puissance finalement de la mobilité électrique. — L'Allemagne. L'année dernière, deux roues électriques, plus 25 %.
19:06Alors même qu'ils ont arrêté le bonus sur les voitures, ils l'ont maintenu sur les deux roues. C'est intéressant. C'est un pays qui a une tradition
19:12très forte de vélo électrique, qui est en train d'accélérer sur les scooters électriques et qui a bien compris qu'en fait, on pouvait arrêter
19:20beaucoup de choses, mais on pouvait pas arrêter ça. Il y a une grosse différence – on y reviendra peut-être –. C'est que l'Allemagne,
19:25c'est une fédération de régions. Et la décision locale, elle est beaucoup plus sainte que la décision nationale. — Oui. Sur les infrastructures,
19:33à quel point vous êtes dépendant justement... Alors j'ai bien compris la logique de The Way. Mais à quel point vous êtes dépendant finalement
19:40de la montée en puissance des infrastructures ? — Alors dans le deux-roues, probablement moins que dans la voiture. — Oui.
19:46Vous imaginez que la première question que se pose un acheteur, c'est « Comment est-ce que je vais recharger ce véhicule ? ».
19:53— « Est-ce que je vais pouvoir faire 200, 300, 500 km avec ma voiture ? » — Avec, je dois dire... Vraiment, pour moi, la décision, là encore,
20:01la plus délétère qui puisse être, ça a été de pousser l'hybride, parce que l'hybride, c'est le pire de tout. C'est en même temps deux moteurs électriques,
20:09etc. In fine, les gens ne trouvent pas de borne d'or charge. Donc ils n'utilisent que l'essence. Et in fine, ils consomment beaucoup plus.
20:15Donc voilà. L'hybridation étant le pire, donc il faut choisir à un moment donné. Est-ce qu'on reste au pétrole ? Drill, drill, drill.
20:23Ou est-ce qu'on va vers l'électrique, vers un monde où on sait qu'on n'a pas trop le choix, vous voyez ? Tout le monde se ment là-dedans.
20:30La nature, elle ment pas, en fait. Et on voit malheureusement ce qui s'est passé encore récemment. La nature ne ment pas.
20:37Et on sait que si on attend, on ne va pas vers un monde meilleur.
20:43— Yann Martey, si on compare encore une fois le système français. Alors à l'instant T, il n'y a plus de bonus écologiques pour les deux roues électriques.
20:53Avec d'autres pays européens. Vous avez parlé de l'Allemagne. Il y a d'autres subventions. Partout, il y a des subventions ou alors il y a des pays
21:00où il n'y en a pas du tout ? — Il y a deux grands modèles qui existent. Des subventions nationales, notamment en direction des entreprises.
21:07Qui est en fait de l'institution fiscale indirecte. Donc on favorise le fait que l'avantage en nature donné aux salariés, notamment pour un vélo électrique
21:15ou un scooter électrique, soit neutralisé. Et puis il y a des modèles de subventions locales. Ça se fait beaucoup aux Pays-Bas, en Belgique.
21:24Le vrai problème de la France, c'est le stop-and-go. C'est-à-dire que pour qu'une entreprise prenne une décision, pour qu'un particulier
21:29prenne une décision, il faut qu'il y ait une perspective un peu stable. Et la fiscalité, on sait très bien que dès que vous commencez à arrêter, recommencer,
21:36arrêter, recommencer, c'est très mauvais. Le bon exemple, le bon contre-exemple, c'est ce qui s'est passé dans la période 2015-2020 sur le vélo électrique en France.
21:46En plus d'une incitation fiscale nationale limitée, il y a eu un phénomène de contrat de plan entre les régions ou les villes et l'État qui a fait
21:55qu'il y a beaucoup de villes, Paris, Bordeaux, etc., sur un modèle qui vient de Strasbourg et de Nantes, qui ont rajouté une subvention locale.
22:02Ce qui permet de faire quoi ? Qui permet que des endroits qui veulent accélérer là-dessus parce qu'ils ont un plan global avec des infrastructures,
22:09avec des dispositifs de partenariat, eux, ils vont beaucoup plus vite. — Alors justement, qui peut compenser ? Imaginons que ce bonus écologique
22:18soit effectivement abandonné. J'ai bien compris qu'il y avait des discussions encore. Il y a les régions. Vous, par exemple, vous avez imaginé une offre nouvelle
22:28pour essayer de compenser, de maintenir le marché ? — Aujourd'hui, en fait, nous, nous sommes dans un modèle locatif qui est aussi une nouvelle tendance.
22:39J'allais dire dans le deux-roues, c'était pas le modèle de base. Les gens achetaient plutôt leurs scooters thermiques. Nous, pour favoriser et accélérer
22:49en fait l'adhésion dans l'électrique, on a pensé justement dans ce modèle tout compris d'un abonnement mensuel mais d'un scooter personnel.
22:57On n'est pas dans le free floating. Ce qui fait que pour vous donner l'impact en fait, sur un scooter de 2 batteries, l'impact par mois, c'est à peu près 20 € par mois.
23:08OK ? Donc sur un abonnement pour ces scooters-là qui sont des 50 cm³ ou des 125 cm³, probablement, vous allez être en moyenne vers 170 € par mois.
23:19L'impact, ça va être 20 € à peu près. Donc pour l'instant, on arrive à compenser parce qu'on est sur un parc global qu'on a déjà acheté et donc qu'on fait tourner.
23:29Voilà. Mais à terme, on n'aura pas d'autre choix, je dirais, que d'augmenter en fait les prix pour compenser sauf si...
23:36— Parce que vous allez payer par nos intérims. Vous allez payer vos prochains scooters plus chers de fait. — Oui, voilà. Moins subventionnés, donc plus chers.
23:43Donc ça va se retrouver mécaniquement, finalement, dans le prix de location, absolument.
23:48— Est-ce qu'on voit que, par exemple, sur le budget des sports, il y a un lobbying très fort qui a été mené par les grands noms du monde sportif, des champions, d'anciens ministres, etc.
24:01Alors il n'y a peut-être pas les mêmes voix ou la même notoriété pour celles et ceux qui portent le deux-roues électriques. Mais est-ce qu'il y a un lobbying en ce moment ?
24:11— Il y a Mobilianz, qui est l'organisation patronale qui regroupe l'ensemble des acteurs, qui fait un super boulot pour essayer de passer des messages, pardon,
24:20et qui, effectivement, se fait entendre auprès du ministère des Transports et de Matignon. C'est des sujets d'arbitrage. Pour revenir sur votre point juste précédent,
24:28qu'est-ce qui va se passer ? Le problème n°1, c'est quand même d'abord les professionnels, parce que c'est les gros rouleurs. Donc si on veut qu'il y ait
24:35une vertu environnementale à ces sujets-là, la première chose, probablement, c'est d'essayer de trouver un dispositif, pas forcément que fiscal,
24:43mais qui permette que la bascule du thermique vers l'électrique – c'est ça dont on parle – soit maintenue pour les professionnels.
24:50C'est quand même ça, l'enjeu principal en termes de volume. — Oui. On est en pleine période d'arbitrage. Dernier mot, cette mauvaise petite musique
24:57qui nous laisse entendre que l'environnement va être la variable d'ajustement de ce budget 2025, comment vous le recevez, ça ?
25:04— Je peux pas croire que ça dure comme ça. D'abord, je pense qu'on a quand même des gouvernants en Europe qui ont une conscience de ce qu'il faut accélérer.
25:16Donc je pense qu'il y a eu des mauvais débats en 2024. Et je pense qu'il faut raison garder et reprendre en fait juste le bon fil.
25:28Je pense que ce qui a été délétère, c'est des débats finalement qui font que les consommateurs se sont perdus. Je pense qu'il faut réaffirmer...
25:38Je demande vraiment au gouvernement de réaffirmer la direction et d'être cohérent dans ses actions avec la direction qu'il faut mener.
25:46Je veux dire je pense qu'on n'a pas le choix. — Merci beaucoup. Merci à tous les deux. Et à bientôt sur Be Smart For Change.
25:52On passe tout de suite à notre grand entretien, notre rubrique « Prêt pour l'impact ».
25:56« Prêt pour l'impact », c'est la question que je vais poser tout de suite à mon invité. C'est la question que je pose chaque semaine à une personnalité qui compte dans l'économie française.
26:07Bonjour, Elisabeth Chunghi. — Bonjour, Thomas. — Bienvenue sur ce plateau. Vous êtes la directrice RSE du groupe Orange.
26:13On a 25 minutes de grand entretien. Et je vais commencer par l'actualité. C'est ce programme de recyclage des câbles en cuivre, un or rouge. C'est ça que vous allez récupérer ?
26:25— Alors c'est vrai que le cuivre est un matériau rare et critique désormais. Et on voit bien qu'il suscite des convoitises, puisque régulièrement, nous devrons faire face à des vols de cuivre.
26:37L'enjeu pour nous... Donc effectivement, c'est le kick-off, là, cette année, du décommissionnement du cuivre en France, avec donc le rationnel au départ.
26:48C'est un réseau qui a montré ses preuves pendant longtemps, mais qui est désormais obsolète pour absorber l'augmentation du trafic. La fibre est beaucoup plus efficace.
26:58— Donc ça, c'était le réseau ADSL, c'est ça ? — Oui, c'était le réseau classique jusqu'à présent, ADSL. Et effectivement, aujourd'hui, à la fois, il y a des sujets d'entretien,
27:09la fragilité face à l'humidité. Et puis surtout, c'est un réseau qui est moins performant que la fibre face à l'augmentation des usages et du trafic.
27:19Donc évidemment, décommissionner tout ce vaste réseau, c'est un vaste chantier. Mais ce qui est intéressant, c'est effectivement, un, l'impact environnemental.
27:30Déjà, massivement déployer la fibre. La fibre, c'est 3 fois moins énergivore que le cuivre. Et puis effectivement, l'enjeu, c'est le recyclage non seulement du cuivre,
27:41mais aussi du plastique qui entoure la gaine. Et voilà. Et donc ça rejoint complètement nos enjeux d'économie circulaire, tout ce qu'on porte à la RSE du groupe. Voilà.
27:56— Ça veut dire quoi ? Ça veut dire, si on entre un peu dans le tas, c'est presque une filière à créer, parce qu'on dit « OK, on va récupérer le cuivre de nos réseaux ADSL ».
28:03Mais donc c'est, j'imagine, des milliers et des milliers de kilomètres. Alors avec potentiellement... C'est pour ça qu'on parle d'or rouge, parce qu'il va se vendre sur un marché.
28:10Donc ça, c'est une bonne nouvelle pour Orange. Mais c'est une filière à créer en quelque sorte ?
28:14— Absolument. C'est vrai. Comme vous dites, des milliers et des milliers de kilomètres. Voilà. S'il fallait tricoter des pulls en cuivre, on en aurait beaucoup en stock.
28:22Mais effectivement, c'est une filière industrielle à mettre en place. On ne fait pas ça tout seul. Il faut déterrer des réseaux. Il faut construire la filière pour le recyclage.
28:33Donc c'est un vaste chantier qu'on a initié. Et voilà. Donc on fait pas à pas, avec toujours beaucoup de responsabilités. On va choisir les meilleurs acteurs,
28:42les mieux-disants sur le plan environnemental, le recyclage. Donc là, c'est une aventure qui va durer 5 ans, mais qui mobilise positivement les équipes,
28:55parce que justement, il y a cet enjeu de durabilité, d'économie circulaire. Et donc c'est vraiment en adhérence avec nos enjeux de contribution à la lutte contre le changement climatique.
29:10– Ce programme de promotion de l'économie circulaire, c'est le programme REUX, tout simplement. Alors il y a plein de verbes derrière le REUX. C'est quoi l'objectif général ?
29:21– L'objectif, en général, effectivement, REUX, c'est vraiment la vitrine pour nos clients. Et vraiment, on a été le premier opérateur en France à proposer un service intégré
29:32autour des objectifs environnementaux aux clients. Donc REUX, c'est réparer, déjà c'est collecter des mobiles pour pouvoir après les recycler. C'est réparer des mobiles.
29:44Et c'est aussi fournir des mobiles reconditionnées. Et aujourd'hui, on voit les parts de marché des mobiles reconditionnées qui augmentent dans nos boutiques,
29:55parce que je pense que, notamment, la génération Z ou A est très sensible à ces enjeux et préfère aujourd'hui avoir un mobile reconditionné performant plutôt que…
30:08– C'est vraiment un changement d'état d'esprit. C'est-à-dire que l'économie du smartphone, elle s'est créée sur la nouveauté, sur le fait de changer son smartphone le plus souvent possible, de cette façon.
30:19– Oui.
30:19– Et on en a peut-être été victime les uns et les autres.
30:22– Effectivement. Mais il y a un changement de mindset, déjà, parce qu'aujourd'hui, il y a un message qu'on véhicule fortement, c'est l'allongement de la durée de vie de vos téléphones.
30:35Ce sont des objets très performants. Ça ne sert à rien d'en changer tous les deux ans. Ça peut durer 3, 4… On était déjà dans cette démarche avec nos box.
30:44Certaines de nos box peuvent être reconditionnées et ont un cycle de vie qui peut aller jusqu'à 10 cycles.
30:51Et donc, je pense, après, il y a une conjoncture, et c'est ça qui est intéressant avec les RSE, c'est quand, finalement, les intérêts financiers rejoignent les intérêts écologiques.
31:01Parce que le nouveau smartphone, il devient de plus en plus cher. Donc, il y a plein de gens qui n'ont plus les moyens de se payer le smartphone dernier cri.
31:12Donc, en fait, c'est une balance aujourd'hui. Les intérêts se rejoignent parce qu'un reconditionné de très bonne qualité coûte moins cher. Et en plus, c'est un geste pour la planète.
31:21Donc, tout ça est très vertueux.
31:24Le groupe Orange s'est donné pour objectif d'être net zéro carbone en 2040. Ce n'est pas si loin. Vous en êtes où aujourd'hui ?
31:31On est content parce qu'on a pris des objectifs ambitieux. Mais c'est notre responsabilité.
31:37Des objectifs qui ont été validés par la Science-Based Target Initiative, qui est vraiment l'organisme international, qui vérifie que la trajectoire est cohérente avec des points de passage.
31:47Parce que sinon, c'est du greenwashing et on ne nous tamponne pas. Et il n'y a pas beaucoup d'opérateurs qui sont validés SBTN sur tout le périmètre du groupe.
31:55Puis France, Europe, Afrique, avec des enjeux différents. Et donc, on en est où ?
32:02Au départ, et c'est ce que j'adore dans mon métier, on me dit que ça va être impossible.
32:07C'est trop ambitieux.
32:09En 2025, le Scope 1 et 2 ne vont pas être possibles. Sur le Scope 1 et 2, les objectifs ont été atteints déjà l'année dernière.
32:16Donc, ça veut dire que c'est possible.
32:18Le gros enjeu aujourd'hui, c'est ce qu'on appelle le Scope 3, c'est-à-dire toutes les émissions carbone de toute la chaîne de valeur, clients, fournisseurs.
32:25Et aujourd'hui, on sait que c'est vraiment les fournisseurs, c'est les équipements réseau, c'est le matériel qu'on achète pour le réseau, c'est les minerais.
32:37Tout ce qui est dans la fabrication des réseaux qui servent notre connectivité.
32:43Donc là, le levier, il est plus difficile à activer. Ça veut dire quoi ?
32:46C'est-à-dire que vous mettez la pression, vous co-construisez avec eux, vous renoncez à certains partenariats. C'est des choix difficiles ?
32:51La première étape, c'est d'engager nos fournisseurs.
32:55On a lancé un programme par NERT, Net Zero Carbon, cette année en 2024, avec l'idée d'engager l'écosystème et dans un premier temps, dans des contrats de progrès.
33:06Par exemple, on a signé un MOU avec Cisco au Mobile World Congress à Barcelone l'année dernière.
33:13On n'est pas encore dans une démarche coercitive, mais parce qu'après, c'est du fonctionnement intelligent puisqu'on est tous le scope de chacun.
33:22Nous, on est les clients de nos fournisseurs, donc on fait aussi partie de leur scope 3.
33:27Donc il y a vraiment un intérêt aujourd'hui à co-construire avec la filière.
33:32Là, on se focalise sur nos plus gros fournisseurs et il y a beaucoup de mobilisation sur toute la chaîne.
33:41Donc c'est difficile, mais c'est positif. Il y a une dynamique en tout cas.
33:46En cinq ans, la quantité de données transitant par les réseaux des opérateurs télécom a été multipliée par 10 dans le monde.
33:54C'est ce à quoi on assiste notamment. Ce n'est pas la seule explication, mais nous, dans nos usages, c'est toujours plus de vidéos qui font tourner, toujours plus de serveurs, qui consomment toujours plus d'électricité.
34:06Est-ce qu'on n'est pas dans une spirale infernale, quand même ?
34:09Il faut répondre à une demande. Et d'ailleurs, pour revenir au cuivre, heureusement qu'Orange avait déployé massivement la fibre au moment du confinement,
34:18parce que tout le trafic en télétravail, etc., ça aurait été compliqué, juste avec du cuivre.
34:24Donc il faut juste agir de manière intelligente et à plusieurs niveaux.
34:31C'est vrai que le trafic et les usages augmentent.
34:34Comment on peut agir ? Déjà en nous, en fabriquant, en mettant en place des équipements beaucoup plus intelligents, des réseaux.
34:43On peut faire d'ailleurs appel à l'IA pour faire de la veille, pour développer ce qu'on appelle des « green features » et calibrer pour que nos réseaux soient les moins énergivores possibles.
34:59Ça, c'était l'objet de notre programme « Green ITN » qu'on continue de développer.
35:03Et puis après, je pense que, et c'est aussi le rôle d'une entreprise comme Orange, il faut aussi responsabiliser sur les usages, calculer l'empreinte carbone de nos usages.
35:16C'est possible. En France, aujourd'hui, on sait, dans notre offre, chaque client peut avoir accès à son empreinte carbone.
35:23C'est sensibilisé. C'est des gestes tout simples parfois. Vous regardez une vidéo en streaming chez vous, branchez-vous sur le Wi-Fi plutôt que de le regarder sur votre téléphone, sur la résion mobile parce que le Wi-Fi est moins énergivore.
35:40Sur les infrastructures, parce que tout ça, ça aboutit où à des datacenters qui tournent de plus en plus ? Je sais que vous travaillez à réduire l'impact de vos datacenters. Comment ?
35:56Effectivement, l'enjeu des datacenters est important et va l'être de plus en plus avec l'IA d'ailleurs. Nous, ce qu'on développe, c'est ce qu'on appelle des systèmes de « free cooling », c'est architecturalement intégré, de la ventilation naturelle pour ne pas avoir à utiliser des énormes climatiseurs pour nos datacenters.
36:19C'est vraiment une démarche dans laquelle on est engagé depuis déjà quelques années. On en a un pas très loin, en Normandie, à Val-de-Reuil, on en a d'autres. Ça nous oblige à être créatifs, cet enjeu de décarbonation. Forcément, qui dit créativité dit passion et responsabilité aussi.
36:37– Alors, il y a un autre levier, c'est l'origine de l'électricité que vous consommez. Alors, moi, ce que je trouve intéressant, c'est que je pense que 95% des invités que je reçois dans cette émission nous disent « Ah, on se fournit en électricité renouvelable, en énergie renouvelable ».
36:52Bon, génial, mais sauf qu'il doit y avoir une concurrence et une demande difficile à fournir. Est-ce que vous êtes en bagarre pour trouver les bons fournisseurs d'énergie renouvelable ? Est-ce que vous en avez assez ? La question, elle est simple.
37:06– On en a assez, mais vous avez raison, c'est une bagarre, parfois, parce qu'effectivement, face à la demande, l'offre, il faut faire coïncider. Et donc, on a dû faire monter en compétence nos équipes qui négocient les achats d'énergie renouvelable.
37:24– Parce que ça vous coûte plus cher ?
37:26– Justement, le message, c'est que nous, heureusement d'ailleurs, on a commencé à contracter beaucoup de « power purchase agreements », donc des contrats d'achat longue durée d'électricité renouvelable, avant la crise en Ukraine.
37:41Parce que depuis, les prix ont augmenté, on a connu les sujets de crise énergétique, de la sobriété, etc. Nous, on avait conclu la plupart de nos « power purchase agreements » à ce moment-là, où ce n'était pas encore trop cher.
37:53Donc voilà, ça demande de l'anticipation aussi des enjeux de décarbonation, et je pense que les équipes en charge de l'énergie ont eu du nez sur le sujet.
38:03– Quelques chiffres clés sur le groupe Orange, près de 300 millions de clients dans le monde, 137 000 salariés, plus de 44 milliards de chiffres d'affaires,
38:11et vous opérez dans 26 pays, en Europe évidemment, mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient.
38:17Alors là, j'ai une question très générale sur ce que sont les principes RSE, que vous portez comme directrice RSE.
38:23Comment les appliquer partout ? C'est impossible de les appliquer partout de la même façon, il y a des cultures, des traditions différentes en fonction des pays dans lesquels vous opérez.
38:33– Il y a de toute façon un socle commun, les enjeux de décarbonation, le moins net, net zéro carbone 2040, on l'a pris pour tout le groupe.
38:42Et c'est un vrai challenge, parce qu'en Afrique, on est encore en train de déployer beaucoup de réseaux, donc on achète des équipements, donc ça fait grimper notre empreinte carbone.
38:50Mais ça a été en engagement dès le départ, contrairement à d'autres opérateurs qui ont pris des engagements en Europe, mais pas en Afrique,
38:57et nous, on n'était pas du tout à l'aise avec le message, parce que le message c'était en gros, on peut continuer à polluer en Afrique, donc nous c'était hors de question.
39:05– Donc ça c'est les mêmes principes, tout en montant en puissance dans ces pays-là.
39:09– Net zéro carbone dans tout le groupe, donc ça veut dire qu'il faut qu'on déploie les leviers dans tous les groupes,
39:13donc on solarise massivement les nouveaux sites qu'on déploie en Afrique, donc ça c'est le premier point.
39:20Le socle commun, c'est aussi sur les volets sociétaux, on a, quelles que soient les cultures, il y a des principes de non-discrimination,
39:28il y a des principes d'impact positif sur les sociétés, comment on réduit la fracture numérique dans toutes les géographies où on est.
39:38Et donc notre principe finalement, c'est à… c'est mon côté gourmand, je ne sais pas si vous aimez les donuts là-bas.
39:45– Ça m'arrive, oui.
39:47– La théorie du donut, c'est une théorie qui a été développée par une économiste britannique, Kate Rivers,
39:52qui dit que si on veut résoudre les grands défis de l'humanité, chaque organisation doit s'inscrire dans un donut,
40:01c'est-à-dire inscrire son activité au-delà d'un plancher sociétal, donc impact positif sur la société,
40:07justice sociale, et en-dessous du plafond environnemental.
40:13Donc ça donne un donut, et nous on s'inscrit complètement là-dessus, avec une démarche très holistique,
40:18parce qu'il n'y a pas l'environnement d'un côté et les enjeux sociétaux de l'autre,
40:22tous sont inter-pénétrés, ça fait partie des convictions et du socle commun à tout le groupe,
40:30en dépit des contextes de marchés très différents.
40:34– Par exemple, je crois qu'il y a un programme de formation gratuite aux métiers du numérique,
40:38dans quel pays et avec quel objectif ?
40:40– Justement, dans tous les pays, nous déployons des Orange Digital Center,
40:46avec l'idée de former gratuitement les jeunes à des métiers du numérique à haute valeur ajoutée,
40:53d'accompagner aussi des start-up, donc ce programme s'appelle Orange Digital Center,
40:57on l'a déployé d'abord en Afrique avec des taux de réussite impressionnants,
41:0290% des jeunes qui sortent de nos promos sur le code,
41:06trouvent un emploi dès la sortie, donc en enjeu d'égalité des chances aussi,
41:13mais après, c'est un socle commun, mais on décline différemment selon les géographies.
41:18En France par exemple, on s'est beaucoup focalisé sur un programme qui s'appelle Femmes Entrepreneuses,
41:23d'ailleurs ça aussi c'est un socle commun, comment on accompagne les femmes,
41:27et donc ça commence par les jeunes filles vers les métiers de la tech,
41:30parce que le fossé de la question du genre, des inégalités de genre dans la tech est absolument cruciale,
41:40parce que de toute façon, de plus en plus de métiers auront une composante forte en matière de tech,
41:45et donc si on laisse de côté les femmes, on va creuser l'inégalité.
41:49Il y a des pays où c'est plus difficile d'équilibrer et d'avoir autant de femmes qui rentrent dans des centres de formation que d'autres ?
41:55Alors, il faut se méfier des clichés, parce que...
41:58Justement, c'est pour ça que je vous pose la question.
41:59Par exemple, les pays où on a le plus de femmes ingénieurs à la fois, même y compris dans nos propres équipes,
42:07mais également où on a un fort taux de femmes chez nos impromnantes, dans les Orange Digital Center,
42:14c'est la Tunisie, c'est le Maroc notamment, donc voilà.
42:21Je voudrais qu'on imagine ce que ça représente quand, par exemple, une mini-ferme solaire ou un kit solaire
42:29arrive dans un village un peu isolé en termes de croissance économique, d'impact économique et social.
42:37Qu'est-ce que ça change ?
42:38Ça change tout, et notamment notre business unit Orange Énergie, je pense que c'est...
42:49C'est à ça que je pensais, oui.
42:51Pour moi, c'est la quintessence de ce qu'est l'ARSE, c'est-à-dire un impact positif sur l'environnement,
42:59un impact positif sur la société et de la création de valeurs pour l'entreprise.
43:06Orange Énergie, c'est une business unit qu'on a développée en Afrique.
43:09Le principe, on apporte dans les milieux ruraux où il n'y a pas d'électricité,
43:15on apporte de l'électricité, parce qu'il ne faut pas oublier, pas d'électricité, pas de téléphone.
43:19Parfois, on l'oublie.
43:21Donc voilà, on apporte une antenne solarisée, bien entendu, avec une offre d'énergie solaire aux habitants,
43:30avec un système de payasugo grâce à notre mobile monnaie, parce que l'énergie coûte cher en Afrique,
43:36renouvelable, et donc c'est vraiment le principe, on ne paye que ce qu'on consomme.
43:39Et donc, quand l'électricité arrive dans un village et le réseau,
43:45directement derrière, ce sont des activités génératrices de revenus.
43:49C'est, par exemple, on fait des partenariats, on travaille toujours en écosystème avec une entreprise,
43:54une start-up qui fait des frigos solaires, et donc derrière, des activités liées à la chaîne du froid.
43:59C'est des choses toutes simples, mais qui changent des vies.
44:02C'est des activités de coiffeur, parce que soudain, on peut avoir une tondeuse électrique.
44:07Et ce qui est intéressant, c'est qu'on peut mesurer l'impact à travers les transactions monétaires
44:15faites via Orange Monnaie, qui est notre service financier mobile,
44:21et ça, c'est formidable, parce que c'est un impact direct, mesurable.
44:25Et le cercle vertueux, c'est que ça amène des financements, des financements internationaux,
44:31des institutions aujourd'hui, comme la Banque mondiale,
44:33qui accorde des subventions avec un système, ça s'appelle le Results-Based Financing.
44:39Donc, c'est une subvention, ce n'est pas un prêt.
44:41Il faut juste prouver l'impact positif pour la croissance, l'augmentation des revenus pour les populations.
44:51Et on arrive à faire tout ça, notamment grâce aux mobiles monnaies, grâce à la data dont on dispose.
44:56Donc ça, pour moi, c'est la quintessence de ce qu'est la RSE créatrice de valeur.
45:01– Je voudrais qu'on commente ensemble une photo qui nous ramène à l'époque où on faisait le même métier,
45:08quand vous étiez journaliste et présentatrice à la télévision.
45:13J'espère qu'on va voir cette photo, la voilà.
45:16Pourquoi vous avez pris ce virage sur le monde de l'entreprise ?
45:19Je ne vais pas être le premier à vous poser cette question, mais ça m'intéresse.
45:22– J'avais choisi les médias pour la capacité d'influence,
45:27pour la capacité de faire bouger les lignes sur des sujets qui me sont chers,
45:33l'égalité de genre, les sujets de diversité socio-culturelle, la solidarité internationale, le climat déjà.
45:42J'étais très mobilisée quand j'étais administratrice d'Action contre la faim,
45:45parce qu'on voyait bien comment augmenter le nombre de bénéficiaires victimes du changement climatique.
45:53Très engagée aussi sur le sujet de l'inclusion de personnes en situation de handicap,
45:58puisque j'ai un fils qui a un trouble du spectre autistique.
46:02Et à un moment, je me suis dit, l'influence c'est super et c'est hyper important,
46:09et ça doit être conjugué à l'action.
46:11Et vraiment, avec une conviction profonde, et on le voit de plus en plus,
46:16qu'à l'ère où le politique…
46:20Le geste que vous faites est le bon, et fluctuant, on va dire ça comme ça.
46:25Merci, c'était bien.
46:27Body language, vous avez tout compris.
46:29Finalement, les grands groupes internationaux ont une capacité d'action concrète extrêmement puissante.
46:37Et avec des engagements, eux, qui ne fluctuent pas,
46:40parce que justement, quand on prend des engagements en termes de responsabilité sociétale,
46:44on doit les suivre, c'est de plus en plus réglementé.
46:47Et tant mieux, parce que ça nous aide à asseoir nos positions
46:50et à en faire un avantage compétitif.
46:52Donc voilà, mon moteur, c'est l'action.
46:55De l'influence à l'action.
46:56Vous avez beaucoup milité, quand vous étiez journaliste,
46:59vous l'avez dit, pour l'égalité femmes-hommes.
47:01Vous le faites toujours aujourd'hui ? Et comment ?
47:04Je le fais, et c'est surtout aujourd'hui.
47:08J'ai la chance d'avoir pour patronne, une des rares femmes patronnes du CACAR.
47:15J'allais vous poser la question, parce que notre rubrique,
47:19alors vous êtes là et on est super contents,
47:21mais c'est plutôt des CIO qui viennent dans la rubrique Prêt pour l'impact.
47:24Et il y a très peu de femmes, si on regarde dans le cas de 40.
47:26Et puis même si on élargit au SBF 120, il n'y en a pas beaucoup.
47:29Oui, et donc il n'y en a pas beaucoup, et il faut qu'il y en ait plus.
47:32Parce que là, on voit l'importance des rôles modèles déjà,
47:35parce qu'on voit bien dans l'entreprise les sujets d'auto-censure,
47:38toujours ces sujets d'équilibre vie privée, vie professionnelle.
47:42Dans certaines entreprises, pas chez Orange,
47:44c'est forcément la réunion à 19h du soir,
47:47où en fait, non, les femmes vont chercher les enfants à la crèche.
47:51Tout ça est un cercle vicieux encore qu'il faut déconstruire.
47:55Mais je peux vous dire que quand une femme arrive à la tête d'un groupe comme Orange,
47:59on peut vous dire que ça accélère.
48:01Orange a toujours été très engagée sur une qualité femme-homme,
48:04mais Christelle Edman, alors je pense à cette déclaration de Zuckerberg
48:10sur l'idée d'une sorte d'énergie masculine.
48:12Je peux vous dire que l'énergie féminine, elle existe,
48:14et le leadership féminin existe.
48:16Et Christelle Edman l'incarne à la perfection avec des choses très simples.
48:21Sur les nommisations de postes de cadres dirigeants,
48:24s'il n'y a pas de femme dans la shortlist,
48:26vous êtes prié d'aller revoir votre copie et vous allez en chercher.
48:28Donc c'est un exemple.
48:30Mais encore une fois, tout ça est très systémique.
48:33Et ça commence, cet engagement sur les qualités femmes-hommes,
48:37ça commence par un engagement écosystémique dès le collège.
48:42J'ai la chance aujourd'hui d'être présidente de Capital Fie.
48:46Alors c'est quoi Capital Fie ?
48:47Capital Fie, c'est une association formidable.
48:50C'est une association de mentorats qui a été fondée par Orange
48:52il y a une dizaine d'années avec d'autres entreprises,
48:55des grands groupes, L'Oréal, l'ENGIE, Salles Luffy,
48:59avec l'idée de mettre en relation des marraines salariées de ces entreprises
49:05avec des filleules des quartiers prioritaires de la ville ou de milieux ruraux.
49:11Parce que c'est un double plafond de verre, celui du genre,
49:14celui de l'origine, du contexte géographie, du contexte social.
49:18Et c'est vraiment l'idée de dire tout est possible.
49:22Déconstruire les biais, quand je vais faire des ateliers,
49:28les biais sont encore terribles.
49:30Les métiers de la tech, déjà elles ne savent même pas forcément
49:34ce que sont les métiers de la tech.
49:36Quand on leur explique, ils disent « non mais c'est pas pour nous,
49:38parce qu'il faut être bon en sciences, et les filles ce n'est pas bon en sciences. »
49:41Donc étape 1, déconstruire les préjugés, et il y a du boulot, les biais inconscients,
49:46et 2, leur donner confiance.
49:49Et ça, le rôle des marraines, ça peut être aider à faire un CV,
49:53ça peut être présenter des métiers d'avenir,
49:55ça peut être aider dans la jungle de parcours sup,
49:58mais surtout le message, c'est toujours de rôle modèle.
50:01Tout est possible quand on est une femme.
50:04Cette association est présente dans toutes les académiques d'Hexagone,
50:08on a lancé à La Réunion au mois de mai,
50:10et c'est un continuum sur ce sujet d'engagement pour l'égalité de genre.
50:15On l'a dit, il n'y a pas suffisamment de femmes au poste de CIO,
50:19mais si on regarde les conseils d'administration,
50:21on est à 46% de femmes dans les conseils d'administration,
50:23dans les entreprises du SBF 120.
50:26On a dit que la politique pouvait être parfois fluctuante,
50:28là on va plutôt dire que ça prouve l'efficacité de certaines lois.
50:32Sans la loi Copé-Zimmermann de 2011, on n'en serait pas là.
50:35Donc ça veut dire qu'il faut aussi l'aiguillon réglementaire
50:41pour faire bouger les mentalités ?
50:43Oui, il faut des quotas quand c'est nécessaire.
50:45C'est effectivement le sens de la loi Copé-Zimmermann.
50:49Sans ces quotas, les choses n'auraient pas bougé.
50:52Et donc là maintenant, c'est la loi RIX1,
50:55et ça aussi c'est une très bonne nouvelle,
50:56parce que les entreprises vont devoir s'engager fortement.
51:00Nous, on est tranquille sur nos objectifs de féminisation
51:03de nos instances dirigeantes chez Orange.
51:06Mais voilà, il ne faut pas hésiter à aller sur des quotas,
51:10sur des sujets de justice sociale.
51:14Merci beaucoup Elisabeth Chungui et à bientôt sur BeSmart for Change.
51:19On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
51:21Smart Ideas avec Lorraine Pernet, bonjour.
51:30Bonjour.
51:31Bienvenue, vous êtes la co-fondatrice de SiSi,
51:34la paillette, histoire familiale.
51:35Vous l'avez créée en 2020 avec votre sœur.
51:38Chloé, racontez-moi quel a été le déclic ?
51:41Alors en fait, avec ma sœur, un petit peu avant 2020,
51:44on s'est rendu compte que les paillettes classiques,
51:45c'était extrêmement polluant pour la planète
51:47parce que ce sont des micro-particules de plastique et d'aluminium.
51:50Et nous, on adorait se maquiller, briller.
51:52Et on trouvait ça hyper dommage de polluer en faisant ça.
51:55Donc, on a essayé de trouver une solution
51:56et on a découvert qu'il existait une technologie
51:58qui permettait de faire des paillettes à base de plantes et de minéraux,
52:01principalement au lieu de plastique.
52:03Donc, on a décidé de lancer le projet
52:05et de créer la marque SiSi, la paillette,
52:07qui propose des paillettes,
52:08mais aussi tout un tas de cosmétiques et maquillages
52:10à la fois écoresponsables et pailletés.
52:12Mais alors, est-ce que c'est si facile ?
52:13Vous disiez ça, il y avait la technologie, ça existe.
52:17Est-ce que ça a été simple de relever le défi ?
52:19Il y a l'idée de départ, on veut des cosmétiques écoresponsables
52:23et puis après, il y a la réalité.
52:25Ça a été assez compliqué de trouver une technologie
52:27qui permettait de fabriquer ces paillettes
52:28autrement qu'avec du plastique.
52:30Ce n'est pas nous directement qui l'avons développée.
52:31On a trouvé un laboratoire qui avait travaillé
52:33sur cette technologie en Angleterre.
52:35C'est Bioglitter, c'est ça ?
52:37C'est Bioglitter, détenu par Ronald Britton.
52:39En fait, la technologie n'était pas distribuée en France
52:42et quasiment pas en Europe.
52:43C'était vraiment tout nouveau.
52:44En fait, ça a été développé en 2016.
52:46Et nous, quand on arrive en 2020,
52:477 personnes utilisent cette technologie
52:48qui est encore très jeune.
52:49Donc, c'était un défi de commencer à travailler
52:53avec cette nouvelle technologie que personne ne connaissait
52:55et qui fonctionnait très bien.
52:57Du coup, on a réussi à la mettre en place,
52:59à développer le produit avec eux.
53:01Et après, effectivement, ça a été pas mal de défis à relever
53:04pour essayer de trouver les packagings,
53:05les choses les plus écoresponsables,
53:08sachant que la chaîne de production,
53:11c'est assez dur d'avoir une écoresponsabilité tout du long.
53:15Effectivement.
53:16Au départ, vous vendez des paillettes aux festivaliers, c'est ça ?
53:19Oui, c'est ça.
53:20Plus ou moins, on faisait des petits stands en festival.
53:22On vendait un petit peu des paillettes au début.
53:24Ça a vraiment commencé un peu à côté d'autres projets.
53:29Et en 2020, on décide de se lancer, de faire un site web
53:31et de commencer vraiment à faire de la communication
53:33sur les réseaux sociaux.
53:34Et c'est là qu'on a vraiment développé la marque,
53:37principalement sur les réseaux sociaux, au début.
53:39C'est combien de produits aujourd'hui ?
53:40Aujourd'hui, on a plus de 400 références.
53:42On a des paillettes, mais on a aussi des gels pailletés,
53:44des highlighters, des gloss.
53:46Du coup, on est vraiment en train de créer
53:48toute une marque de maquillage avec plusieurs produits
53:51qui permettent de briller avec un impact écologique moindre, on va dire.
53:56Et quel mode de distribution ?
53:58Aujourd'hui, on vend beaucoup sur le site web
54:00et on a aussi plus de 2500 points de vente en France et en Europe.
54:04On est notamment dans des magasins comme Monoprix,
54:07Le Petit Souk et la boutique du coiffeur aussi.
54:09Est-ce que c'est vraiment un argument d'achat,
54:13le fait d'aller vers des cosmétiques éco-responsables ?
54:18Est-ce que le prix, puis voilà, ce qu'on va en faire,
54:23le look qu'on va se créer ?
54:24Vous êtes ma première invitée à paillettes.
54:27C'est une très bonne idée.
54:29Est-ce que le prix compte pas plus, finalement ?
54:31Oui, je pense que l'éco-responsabilité, c'est un argument très important.
54:34Mais vous avez raison, il faut que ça aille avec un prix abordable
54:37pour les clients et clientes.
54:38Il faut que ça aille aussi avec une qualité de produit
54:40et un côté aussi fun et agréable pour le consommateur.
54:45Parce que le consommateur ne va pas vouloir acheter un produit
54:47uniquement parce que c'est éco-responsable.
54:48Il faut aussi qu'il y ait d'autres choses autour.
54:50Donc c'est vrai qu'au niveau du prix, on s'est toujours positionnés
54:52assez bas sur l'échelle de prix au final.
54:54On ne vend quasiment pas plus cher que d'autres marques de maquillage
54:57qu'on va trouver chez Sephora, Mariono,
54:59qui vendent des paillettes qui ne sont pas forcément éco-responsables.
55:01Donc au niveau du prix, on s'est alignés
55:03et après on a aussi vraiment axé sur une qualité vraiment irréprochable,
55:07un arsenal de couleurs très élevé.
55:09Donc ça permet aux gens d'avoir beaucoup de choix.
55:11Donc en fait, les personnes vont chez nous
55:13peut-être pour une partie écologique, mais à côté de ça,
55:15il y a une expérience qui est assez complète.
55:17Est-ce que ça fait des petits ?
55:19Comment vous dire ?
55:20Est-ce qu'il y a d'autres marques qui se sont créées avec les mêmes principes ?
55:24Et peut-être aussi, est-ce que les géants commencent à s'y mettre ?
55:27Alors, il y a d'autres marques qui ont commencé à proposer
55:30des paillettes éco-responsables, pas à base de plastique.
55:32Notamment parce qu'en 2023, les paillettes plastiques
55:35ont été interdites à la vente.
55:37Donc à partir de ce moment-là, même s'il y a un peu un délai d'application,
55:39on n'a plus le droit de vendre ça.
55:41Tout le monde s'y met ?
55:43Tout le monde s'y met un petit peu.
55:44Après, ce que vont faire la plupart des marques,
55:46c'est qu'elles vont prendre une ou deux couleurs,
55:48une ou deux références et vont vendre ça
55:50un petit peu à côté de leur offre.
55:52Mais aujourd'hui, en France et d'ailleurs en Europe,
55:54on est la seule marque qui a vraiment cette proposition de valeur
55:57avec des costumes qui sont très brillants et éco-responsables
56:00et avec un choix de couleurs très élevé,
56:02une qualité très élevée sur les produits.
56:04C'est vraiment un positionnement assez niche et assez unique
56:08alors que les autres acteurs vont avoir plutôt
56:11quelques petites références à côté.
56:14Merci beaucoup Lauren Ternay.
56:16Bon vent à Si Si La Paillette.
56:18Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
56:22Merci à toutes et à tous de votre fidélité
56:24et à très vite sur Be Smart For Change.