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REPLAY - Coronavirus : Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou répond à Rémy Buisine et à vos questions.
Transcription
00:00Bonjour à toutes et tous, on est en direct sur Brut avec Philippe Juvin qui est chef du service des
00:04urgences à l'hôpital Georges Pompidou à Paris. Bonjour à vous. Bonjour. On aimerait d'abord faire
00:08un point sur la situation. Où en sommes-nous actuellement ? Tous les jours on a un peu plus
00:13de monde qui arrive aux urgences, qui sont des patients qui sont de plus en plus graves. On a
00:18plus de la moitié des gens qui viennent aux urgences qu'on garde finalement hospitalisés.
00:22Et pour que vous ayez un élément de comparaison, dans une situation normale hors Covid, quand les
00:28gens viennent aux urgences, il n'y en a que 15% qu'on garde hospitalisés, les autres rentrent chez
00:32eux. Là on est à plus de 50% qu'on doit garder parce qu'en fait en réalité ils sont graves.
00:35C'est-à-dire qu'il y a une multiplication des cas graves, c'est ça ? Oui c'est ça. Quand on dit
00:40graves, ce sont des gens qu'on doit garder à l'hôpital avec des niveaux de gravité évidemment
00:44qui sont différents. Ça va de la simple personne qui est extrêmement fatiguée et qui ne peut plus
00:49du tout bouger chez elle, donc du coup on la garde parce qu'elle ne peut même plus manger,
00:52elle n'a plus de force pour se lever, pour boire, etc. Et puis on a aussi des gens qui ont besoin
00:57d'oxygène, plus ou moins, et évidemment il y a des gens qui ont tellement besoin d'oxygène qu'il
01:02faut là pour le coup passer en réanimation pour les mettre sous des machines très complexes qu'on
01:06appelle des respirateurs et qui aident le patient à respirer à sa place. La situation sur les derniers
01:12jours, est-ce que vous voyez vraiment une courbe qui ne cesse de monter ? Oui, on est sur une courbe
01:16jusqu'à hier qui est une courbe assez similaire en pente à celle de l'Italie. On peut espérer
01:24maintenant, tout ça c'est de la prévision, moi je ne sais pas prédire l'avenir, on peut espérer
01:29qu'à un moment la pente va s'affléchir et qu'on n'ira pas jusqu'aussi haut que l'Italie le connaît,
01:34mais ça par définition on ne peut pas le savoir avant et quand on me dit quand est-ce qu'est le
01:39pic, je suis bien incapable de répondre. Le pic, je réponds toujours, c'est une fois que vous avez
01:45vu que la courbe commençait à descendre, vous pouvez dire hier j'étais au pic, mais avant c'est
01:49difficile. Et là clairement on voit que ça continue de monter. Ça continue à augmenter, je parle de
01:54l'Île-de-France bien entendu. Hier, quand on compare entre hier et aujourd'hui, on a l'impression
02:00qu'il y a toujours une augmentation mais qui est un peu moins importante que les jours précédents.
02:03Peut-être, j'espère, est-ce un début de frein de la courbe, mais c'est pas sur une journée qu'on
02:10fait une statistique et il faut se donner plusieurs jours de recul pour savoir où on en
02:13est vraiment. Si on parle de chiffres concrètement, l'hôpital Georges-Pompidou, vous avez combien de
02:16patients pour combien de lits ? On a plusieurs centaines de patients avec un nombre de lits de
02:20réanimation parce que c'est ça l'élément clé. Les lits, on peut toujours en ouvrir dans des couloirs,
02:24etc. La question ce sont les lits de réanimation et on avait plus que 2-3 lits de
02:33réanimation disponibles ce matin. Mais là encore, il faut le comprendre, c'est un peu le système D.
02:38Et aujourd'hui, on ouvre des lits de réanimation un peu partout. En fait, on pousse les murs et on
02:43prend des lits qui ne sont pas des lits de réanimation habituellement où on met des
02:46patients lambda et on les transforme en lits de réanimation avec du personnel spécifique dédié,
02:52des réanimateurs, des gens qui ont la connaissance des choses, des infirmières qui savent, du matériel
02:56de surveillance spécifique à la réanimation qu'on apporte sur ce lit qui est un lit habituellement
03:01normal. Et puis, il y a la question des respirateurs qui sont ces lourdes machines
03:05qui permettent aux gens de respirer. Et ça, très clairement, c'est ce qui manque. Donc,
03:09je sais que pour les respirateurs, tout le monde se mobilise. On a eu par exemple une clinique de
03:14Paris qui nous a envoyé ces respirateurs. C'est très précieux. J'ai lu et on m'a dit par des
03:22gens qui travaillaient à la Commission européenne que tous les producteurs d'automobiles en Europe
03:27se mettent à fabriquer des éléments qui entrent dans la constitution des respirateurs. Donc,
03:31il y a une mobilisation générale, mais on en a vraiment besoin maintenant.
03:34Donc là, par exemple, il vous reste combien de places en réanimation ?
03:37Ce matin, je crois qu'il y avait plus que trois places. Mais encore une fois, peut-être que ce
03:40soir, on en aura 10 parce qu'on en aura ouvert 7 de plus. C'est ça le sujet. Vous comprenez ? On n'est
03:47plus dans l'hôpital d'il y a trois semaines. En fait, quand vous vous promenez dans cet hôpital,
03:51vous ne me reconnaissez plus. On fait beaucoup plus de réanimation, c'est-à-dire qu'on a ouvert
03:55des endroits où on n'en faisait pas. On l'a ouvert à des patients critiques. Par exemple,
03:59dans mon service des urgences, j'avais une sorte de couloir dans lequel je laissais allonger sur
04:06des brancards des patients qui attendaient un scanner, etc. Pas des patients graves qui n'étaient
04:11pas particulièrement surveillés, si ce n'est par une personne qui passait. Et depuis hier,
04:16cette partie de couloir a été équipée dans une configuration qu'on appelle USC,
04:24unité de soins continus, qui est une sorte de vestibule à la réanimation, c'est-à-dire que
04:29c'est presque de la réanimation. C'est l'huilie supplémentaire qui n'existait pas il y a 48 heures
04:34et qui existe aujourd'hui. Donc on pousse les murs actuellement, on met des patients de réanimation
04:39partout où on peut. On envisage d'en mettre en bloc opératoire. Il y a des blocs qui sont fermés
04:42puisqu'on ne fait plus de chirurgie. Peut-être que ces blocs, on peut en faire des lits de réanimation
04:46aussi. Les salles de réveil, vous savez, la salle de réveil, c'est l'endroit où, après une intervention
04:51chirurgicale, on vous hospitalise durant quelques heures, le temps que vous récupériez de l'anesthésie
04:56générale et vous vous réveillez. C'est une zone de surveillance post-chirurgicale. Et bien, ces zones-là,
05:03on les transforme en zone d'hospitalisation réelle pour faire de la réanimation. Donc comprenez que
05:09tous nos hôpitaux sont en train de grossir et on va peut-être doubler notre capacité de réanimation.
05:14Est-ce que vous avez les capacités de réanimation, vous parlez en termes matériels, mais aussi en
05:18termes humains ? Est-ce qu'il y a ce qu'il faut en termes humains ? C'est un des sujets. Là, tout à l'heure,
05:22j'étais avec le conseil de l'ordre des médecins qui m'a envoyé une dizaine de noms de confrères
05:27qui travaillent un peu dans Paris et qui me disent qu'ils veulent venir aider. Alors on les appelle
05:29tous un par un. Puis on leur demande qu'est-ce que vous avez fait dans votre vie ? Il y en a certains
05:33qui disent qu'ils ont fait de la médecine du travail depuis 15 ans, donc c'est un peu plus
05:37compliqué parce qu'ils n'ont plus l'habitude. Mais on peut les utiliser à quelque chose, ils vont
05:41venir nous aider ceux-là. Mais on cherche particulièrement des médecins et bien des
05:47chirurgiens qui ont un savoir-faire de soins critiques. Ça, c'est très clairement ce qui nous
05:52manque. Comme ce qui nous manque, ce sont évidemment les respirateurs. En fait, il faut bien
05:56comprendre qu'on n'a plus beaucoup de marge de manœuvre. S'il y avait une accélération de la courbe,
06:01on serait un petit peu en difficulté. Donc on essaie toujours d'avoir un coup d'avance,
06:07mais notre avance se rétrécit chaque jour. C'est pour ça qu'on prie pour que la courbe de patients
06:11ne soit plus comme ça, mais s'infléchisse, ce qui nous permettrait de retrouver un peu de souffle.
06:15Alors on parlait du matériel juste avant ce live. Il y en a qui en parlent d'eux-mêmes dans les
06:19commentaires. C'est ces fameux masques de Décathlon qu'à un moment donné, on a pensé utiliser pour
06:23les patients, mais qui pourraient plutôt être utiles pour vous en tant que médecin. Vous avez
06:27eu un don ce matin, est-ce que vous pouvez peut-être un peu nous raconter ? Il faut bien
06:29comprendre que face à la pénurie générale de matériel, de masques, etc., on en a parlé,
06:35il y a un vrai sujet, c'est un peu le système D. Et on essaye de se protéger comme on peut. Alors
06:41par exemple, je vais vous montrer deux exemples. Ça, c'est un masque, vous voyez, qu'on pose
06:45comme ça là, qui me permet d'être protégé complètement. Et ça, ça a été imprimé en 3D
06:50chez nous, dans le laboratoire qui est juste à côté. Donc ça, c'est fait dans le laboratoire
06:54ici. C'est fait à 20 mètres d'ici. Et ça, vous voyez, ce sont des intercalaires très simples.
07:03On a fait des trous et puis on a adapté les trous au bidule qu'on a imprimé. Donc ça,
07:09vous l'imprimez en 3D et vous prenez des intercalaires que vous utiliserez ? On fait
07:14des trous et ça nous protège. Et puis il n'y a que ça qui n'a pas été évidemment imprimé,
07:17l'élastique. On va chercher les élastiques, puis on coupe les élastiques et on les accroche là. Donc
07:22on a des collègues, des médecins qui font ça. Et c'est évidemment extrêmement utile. Ça nous
07:28protège. Et puis, un autre exemple. Mais alors, je m'arrête juste deux secondes sur ça. Ça veut
07:33dire qu'on est obligé de prendre un intercalaire ? C'est les moyens du bord, concrètement. Enfin,
07:37c'est efficace, mais c'est les moyens du bord. L'important, c'est que ça marche. Il faut être
07:40pragmatique. Moi, je préférais avoir le truc super moderne que les Chinois semblent avoir.
07:47Sur toutes les photos qu'on voit, les Chinois sont équipés comme des cosmonautes. Nous,
07:50on fait avec. Mais ça marche. C'est ça le principe. Ça, c'est intéressant. Donc ça,
07:55avec une imprimante 3D, on arrive à faire quelque chose comme ça. Donc ça, c'est la visière et sur
07:59laquelle, du coup, on cale cette... Voilà, c'est l'intercalaire qui est ici. Et ça me fait un
08:03masque. Et ça fait un masque. C'est super parce que ça... Ça signifie quand je vais examiner un
08:07patient, s'il est ternu, s'il crache, s'il tousse, moi, je suis protégé. Je ne l'attrape pas. Et ça,
08:13c'est quand même pas mal. C'est génial. C'est une énorme invention. C'est génial. Et moi,
08:19je remercie ceux qui l'ont fait. C'est le laboratoire de l'INSERM à côté. Ce sont
08:23les gens inventifs. Et puis alors ça, ça, c'est quelque chose que vous connaissez pour aller à la
08:27plage. Oui, c'est Décathlon. Décathlon. Donc moi, je remercie Décathlon qui nous a fait... Regardez
08:32au fond de mon bureau là, il y a plusieurs caisses. Donc ils nous ont envoyé plein de trucs. Donc
08:36ils vous ont fait un don ? Un don. Ils nous ont fait un don avec des lunettes. Les lunettes,
08:42c'est très important. Les lunettes, c'est important parce que c'est vrai qu'on parle beaucoup de la
08:45contamination par les voies orales, mais on peut aussi l'être par les yeux, c'est ça ? Bien sûr,
08:50il faut se protéger les yeux. Donc nous, on a des lunettes qui sont fournies par l'hôpital qui sont
08:53celles-ci, qui sont des lunettes assez hautes, qui permettent... En plus, avec le masque, on se
08:58protège du patient. Décathlon, on n'a pas des lunettes aussi hautes, mais c'est mieux que rien
09:02parce que j'ai des confrères qui, y compris en dehors de l'hôpital, n'ont rien. Donc ça,
09:06c'est déjà pas mal. Mais surtout, ce qu'ils nous ont offert, outre des plaies de plongée qui sont
09:11très bien, c'est ce masque de plongée. C'est pour nager à la plage. Et donc ça, ça vous permet,
09:18vous le mettez comme ça. Et puis avec ça, quand vous êtes face à un patient, le virus, s'il est
09:27projeté par les gouttelettes du patient, il vient se heurter là. Et nous, les soignants, les médecins,
09:31les aides-soignants, les infirmières, on est protégés. Et évidemment, c'est très artisanal.
09:36En gros, ça évite toute projection, ça vous protège totalement parce que c'est vrai que quand
09:41vous intubez, vous êtes obligés d'être au plus proche du visage de la personne.
09:43En fait, qu'est-ce qu'on appelle intuber un patient ? C'est introduire dans la bouche du
09:49patient, puis ça descend jusque dans la trachée et ça va dans les poumons, un tube, tout simplement
09:54un tube. Et ce tube, il est branché à un ventilateur qui va envoyer un mélange d'air
09:59et d'oxygène au patient pour suppléer sa respiration. Parce qu'en fait, on endort le
10:04patient profondément. Lui, il ne respire plus par ses propres moyens. Et on lui envoie un air
10:09avec une pression importante et un air enrichi en oxygène. Dans l'air qu'on respire dans cette
10:15pièce, il y a 21% d'oxygène dans l'air ambiant. Et bien parfois, même très souvent, la plupart de
10:22ces patients graves, ils ont besoin d'un air enrichi parfois jusqu'à 100% d'oxygène. C'est-à-dire que
10:27tout ce qu'on leur administre, c'est de l'oxygène. Et bien ça, ça se fait avec des machines,
10:31un respirateur. Mais cette machine, il faut évidemment qu'elle puisse injecter le mélange
10:35gazeux de l'air enrichi en oxygène jusque dans les poumons. Et bien pour le faire, il faut qu'il
10:40y ait un tube qui sorte par la bouche et qui est branché au respirateur. Le tube, pour le mettre
10:46dans la bouche, il faut s'approcher de la bouche. Il faut mettre ses doigts dans la bouche. Il faut
10:51écarter la bouche avec un appareil qu'on appelle l'arygoscope et puis introduire évidemment ce
10:57tube. C'est un sujet, c'est très technique. Il y a des gens qui... Enfin, on apprend à le faire.
11:04Ça se fait pas comme ça. C'est parfois même très compliqué. Et en plus, c'est devenu périlleux
11:08pour nous parce que la bouche, c'est l'endroit où il y a le plus de virus. C'est-à-dire que c'est là
11:14où la concentration de virus est la plus importante. Et c'est pour ça qu'il faut qu'on se protège
11:18absolument. Donc on a une sorte de combinaison avec des gants, avec une charlotte sur la tête,
11:25une surblouse qui vient nous couvrir. Et puis jusqu'ici, on avait nos lunettes, celles que je
11:29vous ai montrées tout à l'heure. Le plus, le fameux masque en tissu. Et bien, on a eu une première
11:36étape, c'est le fameux truc qu'on vient d'imprimer en 3D. Et puis maintenant, on a une deuxième étape,
11:42c'est ça. Alors c'est difficile à porter parce que c'est lourd, mais ça protège très bien.
11:47Ça pèse combien ? C'est plus lourd que des lunettes. Et donc, vous le mettez comme ça.
11:54Une démonstration. Alors j'ai l'impression d'aller à la plage, mais en fait, je ne vais pas aller à la plage.
12:00C'est vrai qu'à la base, c'est à la plage. Voilà, on le met à la plage.
12:03Mais s'il y a des projections dans la bouche du patient.
12:06Et bien, ces projections, elles ne m'atteignent pas. Et donc, je ne suis pas contaminé.
12:11Et donc ça, des kételons, vous en a fourni combien ?
12:13Des dizaines et des dizaines et des dizaines, ainsi que des lunettes. Et vraiment, je les remercie parce que
12:20c'est un élan de solidarité qui est assez extraordinaire.
12:23Alors c'est vrai que certains réagissent dans les commentaires en disant que sur les premiers jours,
12:26on a imaginé que ça pouvait servir pour les patients. Finalement, c'est l'inverse.
12:29Non, ça peut servir. Ça peut servir aussi.
12:31Vous savez, on est dans une situation qui sort de l'ordinaire, qui est extraordinaire.
12:35Donc à partir de là, tous les moyens sont bons.
12:38Nous, on est attentifs à tout ce qui peut faciliter les soins des patients et notre propre protection.
12:44Parce que je vous rappelle quand même que la protection des soignants, c'est fondamental.
12:47En Chine, à Wuhan, deux tiers des soignants ont été contaminés.
12:51Donc en Chine, ils s'en fichaient un peu parce qu'ils ont la Chine qui est immense.
12:56Et donc ils pouvaient faire amener des médecins, des infirmières, des aides-soignants partout de Chine.
13:00Nous, on est un pays plus petit, on a moins de réserves.
13:03Donc il est très important que les soignants ne soient pas contaminés, ou le moins possible,
13:07de telle manière qu'ils puissent aussi, au-delà de leur intérêt à eux, qui est évident,
13:13continuer à travailler parce qu'il faut qu'on soigne les Français.
13:16Et il faut qu'on protège les soignants.
13:19Il y a des questions qui se posent souvent par rapport aux masques, notamment les masques chirurgicaux, les FFP2.
13:24On en est où ? On sait que c'est un peu compliqué.
13:27Nous, dans notre hôpital, ça c'est un masque chirurgical, vous voyez, en tissu simple.
13:32Je n'ai pas de FFP2 à vous montrer dans ce bureau. Évidemment, j'en ai dans l'hôpital.
13:35Est-ce qu'il y en a ? Nous, on en a. On est dans un hôpital qui avant des masques chirurgicaux.
13:41Il n'y a pas de sujet. En revanche, il y a une grande pénurie dans certains hôpitaux.
13:45Moi, je vois certains collègues de certains petits hôpitaux en particulier,
13:48moins vastes que le mien, qui souffrent et qui appellent à l'aide.
13:54Je ne parle même pas des maisons de retraite.
13:56Je ne parle même pas des médecins ou des professionnels libéraux, des infirmières libérales.
14:02Et encore moins des gens qui vont à domicile pour faire la toilette des personnes âgées.
14:07Vous savez, les personnes âgées qui sont toutes celles à domicile, il faut les aider dans leur toilette parfois.
14:11Il faut les aider pour faire la cuisine, pour manger, etc.
14:14En temps normal, il y a des gens qui vont à domicile les aider une heure, deux heures, trois heures par jour.
14:19Ces gens-là, il faut aussi les protéger.
14:21Et aujourd'hui, des retours que vous avez de différents collègues dans d'autres secteurs, c'est compliqué encore ?
14:26C'est extrêmement hétérogène. Il y a des maisons de retraite qui me disent qu'ils ont un ou deux masques par jour pour les soignants,
14:32ce qui est très limite, mais c'est mieux que rien. Avant, il n'y avait rien.
14:35D'autres qui continuent à me dire qu'ils n'ont rien.
14:37Quant aux médecins traitants, c'est un peu la débrouille.
14:41Chacun se débrouille comme il peut, savant qu'il y a un vrai sujet de pénurie.
14:45D'ailleurs, pour être très franc, ce genre de choses qu'on a imprimées nous-mêmes en 3D, c'est intéressant qu'on les fait nous-mêmes.
14:54En temps normal, peut-être qu'il aurait fallu qu'on en ait en dotation.
14:57Et puis, c'est comme avec Décathlon. Décathlon est sympa de nous fournir.
15:01Ce n'est pas leur métier premier.
15:03On parle des éléments de générosité. Il y a aussi des personnes qui vous envoient des masques par la poste.
15:10Il y a des gens. C'est une petite enveloppe.
15:13Ça vient du 01. C'est quelqu'un. Monsieur Philippe Jevin, Hôpital Georges Pompidou.
15:19Urgent. Masque. Et à l'intérieur, je ne l'ai pas encore ouvert, mais il doit y avoir une dizaine de masques.
15:23Ce sont des gens vraiment bienveillants qui ont chez eux ou dans leur usine, dans leur magasin, 4, 5, 6, 10, parfois 100 masques.
15:32Ils nous les envoient parce qu'ils considèrent qu'on en a besoin.
15:37Alors, je les remercie parce que nous, à l'hôpital, je n'ai pas besoin de 5, 10 masques.
15:42Nous, dans notre hôpital, on en a. Mais ça, du coup, je vais le répercuter là où on en a vraiment besoin.
15:48Dans une EHPAD qui est à côté, par exemple, je vais le répercuter à des collègues qui sont libéraux, qui sont en ville et qui sont tout seuls.
15:54Donc, en tout cas, tous les éléments de générosité nous touchent beaucoup parce qu'on a l'impression d'être un peu moins seul.
16:00Et justement, si on veut faire preuve de générosité, il y a peut être des personnes qui nous regardent,
16:04qui ont peut être des choses à pouvoir vous donner, des masques notamment. Quelle démarche ?
16:09Par exemple, ce qui serait très bien, c'est s'il y a des gens qui avaient des tenues qu'on met complètes,
16:15souvent elles sont blanches, pour faire de la peinture.
16:18Ces tenues qu'on enfile complètement en une seule pièce qui vous couvre des pieds au cou, voire même avec une capuche.
16:25Ça, ça serait très utile parce qu'il y a des zones où on évite de toucher les murs parce qu'il y a du virus partout
16:30et on veut éviter de se contaminer nous-mêmes. Donc, il faut qu'on se couvre.
16:33Et là, on n'est pas très riches. On n'est même pas riches du tout dans ce type de blues.
16:38Donc, s'il y a des gens qui nous entendent et qui en ont, moi je suis preneur, il suffit de les adresser à mon nom,
16:43aux urgences, à l'hôpital Georges Pompidou à Paris.
16:45On peut peut-être montrer l'adresse qui est sur le... Comme ça, les gens peuvent éventuellement l'écrire.
16:50Donc, si jamais vous avez des choses à envoyer, vous pouvez le faire.
16:53Hôpital Georges Pompidou à M. Philippe Juvin, 20 rue Le Blanc, 75 015 Paris.
16:58Et puis, si jamais, par exemple, des masques, c'est comme le disait M. Juvin à l'instant,
17:02ces masques, ils peuvent être envoyés, redispatchés dans d'autres endroits qui en ont besoin.
17:06Vous aussi, quand vous avez du matériel, parlez-en à vos EHPAD autour de vous.
17:10Parlez-en à votre médecin de retraite, parlez-en à votre médecin, à vos dentistes et tout simplement à votre maire.
17:15Vous habitez dans des villes et des villages de France. Il y a un conseil municipal, il y a un maire.
17:21Il est là pour tenir la maison. Lui, il saura quoi faire avec ces masques.
17:25Il saura les faire remonter là où il y en a le plus besoin.
17:29Moi, ce dont j'ai besoin aujourd'hui, c'est des grandes tenues de protection qui sont celles qu'on met quand on fait de la peinture.
17:36C'est des tenues intégrales. Si on peut en avoir, ça serait absolument formidable.
17:40Le message est entendu et j'imagine que parmi tous ceux qui nous regardent actuellement et qui sont très nombreux,
17:44il y aura peut-être des bonnes âmes qui pourront envoyer tout cela.
17:48On parle justement des moyens. Il y a la question qui se pose beaucoup par rapport aux tests.
17:52On sait que l'OMS, il y a quelques semaines, a dit « testez, testez, testez ». On en est où aujourd'hui de ce côté-là ?
17:57C'est le grand sujet. En fait, on n'a pas encore la capacité de tester toute la population, malheureusement.
18:03On est très en retard par rapport à nos voisins. Je crois que les Allemands testent 500 000 ou 600 000 personnes par semaine.
18:09Nous, on avait une capacité il y a une semaine de 4 000, 5 000 par jour. Vous voyez, on est très loin, probablement 10 fois moins.
18:18C'est désormais à 10 000, 12 000. C'est ce que disait Olivier Véran.
18:21Donc, on serait à 10 000, 12 000. Ça nous met 10 000, 12 000. Ça fait 70 000 sur 7 jours. On est en gros à 10 fois moins que les Allemands.
18:28C'est embêtant parce que si vous voulez, quand je vous renvoie à domicile en vous disant que vous toussez un peu,
18:34que vous n'êtes pas suffisamment malade pour que je vous garde à l'hôpital parce que les lits sont chers.
18:39De toute façon, je ne vous ferai rien de plus à l'hôpital. Je vous renvoie chez vous. Vous n'avez pas de masque, d'abord,
18:45parce que je vous dis d'aller en acheter à la pharmacie, mais qui vous en délivrera pas parce qu'elle n'en a pas suffisamment.
18:49D'abord, si vous allez rentrer chez vous, vous allez être avec votre copain, votre copine, avec votre mère, votre grand-mère.
18:56Si vous êtes malade et qu'ils ne le sont pas, ils risquent de le devenir parce que le confinement de personnes positives et négatives ensemble,
19:04ça pose problème. Attention, je ne dis pas qu'il ne fallait pas se confiner. Il fallait se confiner.
19:09Et le président a bien dit de le faire. Il a eu absolument raison, voilà, mille fois raison.
19:14Et je continue à dire qu'il faut continuer à être confiné. Mais ce qui serait formidable, c'est d'arriver à confiner différemment
19:20les gens positifs des gens négatifs, vous voyez. Mais c'est pareil. En gros, je vous teste. Vous êtes positif. Vous n'êtes pas grave.
19:27Donc vous rentrez chez vous. Mais en réalité, vous ne rentrez pas chez vous. Vous rentrez dans un endroit.
19:30Ça peut être une chambre d'hôtel. Ça peut être un centre de vacances qu'on va ouvrir. Ça peut être une colonie de vacances, ce que vous voulez.
19:36Un endroit où vous allez passer une semaine, 15 jours, trois semaines en attendant d'être totalement guéri.
19:42Et ça, ça va vous permettre de protéger les vôtres qui sont chez vous négatifs. Donc moi, je pense qu'il faut tester toute la population.
19:48Le maximum de la population, c'est fondamental. Le confinement, en fait, intelligent. La deuxième partie du confinement,
19:55ça serait de le poursuivre tout en commençant à tester les gens. C'est vrai qu'il y en a beaucoup justement qui se posent cette question.
20:00Alors on est en période de confinement. Ça a été prolongé jusqu'au 15 avril. Oui, c'est bien. C'est bien.
20:04C'est bien, parce que de toute façon, on n'a pas d'autres armes actuellement. Donc il ne faut vraiment pas le faire.
20:08Mais on pense à la suite. C'est vrai que voilà, vous comme moi, comme nous tous, on aimerait très vite reprendre notre vie d'avant,
20:16de se dire à la fin du confinement, on ressort, on va avoir un match de foot, on va dans une salle de concert, on va en terrasse avec nos amis.
20:25Manifestement, ce sera plus compliqué que ça. Du jour au lendemain, on ne va pas reprendre une vie normale.
20:30C'est tout à fait ça. On ne va pas pouvoir. Pour la raison que je vous dis, c'est-à-dire que si on laisse sortir tout le monde d'un coup,
20:36qu'est-ce qui va se passer ? Sur le lot, il y a des gens qui ne seront pas immunisés du virus parce qu'ils ne l'ont pas chopé
20:44à la mesure où ils étaient confinés. C'est bien. Ils n'ont pas été malades, sauf qu'ils ne sont pas immunisés.
20:48Donc le risque, si on libère tout le monde d'un coup, c'est qu'on va avoir une deuxième vague de patients qui vont s'infecter alors qu'ils se mettent à sortir.
20:55C'est pour ça, me semble-t-il, et je sais qu'Olivier Véran est sur la même longueur d'onde, donc il n'y a pas de sujet en réalité,
21:01ce n'est qu'un problème logistique, c'est qu'il faudrait tester le maximum de monde avant de les lâcher dans la nature.
21:06On vous teste, vous êtes chez vous, on vous teste. Vous êtes négatif, vous sortez. Vous êtes positif, on vous prend et on vous met à l'abri
21:14dans un endroit le temps que vous cicatrisiez et que vous n'ayez plus la maladie pour éviter que vous ne donnez cette maladie à d'autres.
21:21C'est ça le grand enjeu. Mais d'ailleurs, l'enjeu existe dès maintenant pour les maisons de retraite.
21:27Dans les maisons de retraite, on a des gens âgés qui sont dans les étages, hospitalisés, on ne teste personne et on ne sait pas qui est positif là-dedans.
21:36Alors vous savez que quand quelqu'un est très âgé, a la maladie, c'est encore plus grave que quelqu'un de jeune.
21:42Les gens âgés sont plus sensibles à des formes très graves de la maladie.
21:46Moi, ce qui me semblerait absolument indispensable, et on commence à le faire un peu partout,
21:51il y a un grand papier qui vient d'être publié dans une grande revue qui est le New England Journal of Medicine,
21:56qui a testé toute une population de maisons de retraite dans une zone infectée,
22:01qui a montré qu'il y avait 37, je crois 40% des résidents qui étaient positifs alors même qu'ils n'avaient pas de signe.
22:07C'est très important de savoir ça parce que si vous différenciez dans une maison de retraite,
22:11si vous savez qui est positif et qui est négatif, vous séparez les deux groupes dans la maison de retraite,
22:16vous mettez ceux qui sont positifs à un étage, ceux qui sont négatifs à un autre,
22:20et donc ils ne peuvent pas s'infecter les uns les autres.
22:22Et donc vous permettez à ceux qui sont négatifs de rester négatifs,
22:25avec du personnel dédié bien sûr qui ne va pas d'un étage à un autre, sinon ça serait absurde.
22:29Et ça, tester tout le personnel des EHPAD et tous les résidents des EHPAD,
22:34c'est la clé pour éviter qu'on ait une hécatombe dans les EHPAD.
22:37Je pense que ce n'est pas encore trop tard, il faut le faire vite.
22:40Je sais que les ressources sont comptées, je sais qu'on n'a pas beaucoup de tests.
22:44Mais par exemple dans la commune, je suis aussi maire de ma commune dans les Hauts-de-Seine.
22:48Vous êtes maire à l'heure de Garennes-Colombre en région parisienne.
22:51Nous avons deux EHPAD. Les deux EHPAD, on va les tester.
22:55Demain ou après-demain, on va tester tous les résidents,
22:59avec l'aide d'infirmières de l'extérieur qui vont venir nous aider,
23:03médecins libéraux qui viennent, etc.
23:05Bref, il y a une solidarité extraordinaire.
23:07On va tester tous nos résidents, on va récupérer les résultats.
23:10Et ceux qui sont positifs, on les mettra à un étage.
23:13Ceux qui sont négatifs, on les mettra à un autre étage.
23:15Et comme ça, on casse la contamination entre les positifs et les négatifs.
23:19Et on essaye de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'épidémie particulière dans les maisons de retraite.
23:24Ça, c'est un sujet fondamental, les maisons de retraite.
23:27Le sujet des maisons de retraite, on va y revenir aussi peut-être dans quelques instants plus en détail.
23:30Mais c'est vrai que sur la question du confinement,
23:33c'est de se dire que le 15 avril, ça sera probablement prolongé une seconde fois, une nouvelle fois.
23:37Je pense que le 15 avril, ça va être prolongé, bien sûr.
23:40Et il faut, parce que vous savez, c'est pas fini.
23:43Moi, je vois des cas extrêmement graves, vraiment extrêmement graves, qui arrivent ici aux urgences.
23:47Donc il ne faut vraiment pas prendre ça à la légère.
23:50J'aimerais que le confinement continue avec une modification des choses.
23:56C'est-à-dire qu'on associe au confinement le test massif des Français.
24:01Et qu'on confine, vous l'avez bien compris, différemment,
24:04dans des lieux différents, ceux qui sont positifs de ceux qui sont négatifs,
24:08pour éviter qu'on s'infecte au sein d'une même famille.
24:10Clairement, c'est ça la solution.
24:12C'est-à-dire, on peut imaginer peut-être encore un mois de confinement, ce serait ça, peut-être ?
24:15Je n'ai pas de boule de cristal, je ne dis jamais rien, mais je ne serais pas étonné.
24:19Et pour en sortir, c'est-à-dire qu'on teste tout le monde, toute la population,
24:23doit obligatoirement passer par un test.
24:25Avant d'être déconfiné.
24:27Avant d'être déconfiné.
24:28Pour ça, il faut des capacités de test formidables, qu'on n'a pas encore.
24:32Mais je crois que le ministre a commandé des millions et des millions de tests.
24:37Donc si ça arrive, on va enfin pouvoir le faire.
24:39Les Chinois, eux, sont beaucoup plus pragmatiques.
24:42D'abord, ils testent tout le monde.
24:43Mais comme ils ont pas... Ils ont aussi... Ils leur manquent des tests.
24:46Ils en ont plus que nous.
24:47Mais ils en manquent quand même.
24:49Donc ils testent de toutes les manières possibles.
24:50Et en particulier, il y a une manière de tester qui est de faire des scanners.
24:53Vous savez, le scanner, c'est une sorte de radio, très perfectionné, des poumons.
24:57Et pourquoi ?
24:59Parce qu'en fait, quand on est malade, on a une forme un peu avancée de la maladie.
25:05Pas forcément très grave, mais un peu avancée.
25:07Il y a des symptômes. Il y a des signes, pardon, sur le scanner.
25:10On voit des images dans le poumon.
25:12Et donc, dans ces cas-là, on n'a presque pas à faire le test biologique.
25:16Il suffit que le scanner... De faire un scanner.
25:19Donc les Chinois, eux, ils ont même affrété des scanners qu'ils ont mis dans des camions
25:23et qui se baladent d'un quartier à l'autre.
25:26Et puis ils s'arrêtent dans un quartier.
25:28Les gens viennent à la queue pour faire leur scanner.
25:31Et comme ça, ça remplace les tests.
25:33Donc il faut être un imaginatif.
25:35Vous savez, en fait, il faut être agile dans la décision.
25:38C'est ça qui est fondamental.
25:39Quand on a la pénurie et qu'on doit gérer une pénurie, ce qui est notre cas actuellement,
25:43il faut être agile.
25:44Nous, on a été agile en appelant Décathlon.
25:46Et vraiment, je le remercie.
25:47On a été agile en imprimant en 3D des visières pour nous protéger.
25:51Il faut être agile aussi sur les politiques de test.
25:55On voit que dans certains pays asiatiques, que ce soit en Corée du Sud, que ce soit à Singapour, au Japon,
26:01ils ont réussi à enrayer très rapidement cette vague.
26:04Même certains sans confinement.
26:06Qu'est-ce qui fait que nous, on a dû en arriver là ?
26:09C'est un peu la question que certains se posent.
26:10Parce qu'on voit que le nombre de décès est beaucoup moins important dans certains de ces pays.
26:15Ça n'a pas pris.
26:17La courbe s'est cassée très rapidement.
26:19Il y a eu l'hypothèse des masques, notamment.
26:21Il y a plusieurs choses.
26:23D'abord, ils portent des masques.
26:25Quand tout le monde porte un masque, par définition, vous diminuez les chaînes de contamination.
26:30Ça doit être une des grandes leçons de l'avenir.
26:32Il faut arrêter de jouer avec ces réserves stratégiques.
26:34Il faut en avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup en stock.
26:37À une époque, il y a une dizaine d'années, on avait pu presque 2 milliards de masques en stock.
26:42Si on avait eu ça au moment de l'épidémie, on en aurait donné à tout le monde et ça changerait la donne.
26:46Et puis, ils ont testé massivement la population.
26:50Ils ont fait ce qu'on a dit.
26:51C'est-à-dire qu'ils donnent un masque et ils testent.
26:53Et celui qui est positif, il l'isole.
26:55Et il ne l'isole pas dans le même appartement que quelqu'un qui est négatif.
26:59Il y a quelque chose un peu...
27:01Et ça, c'est le fait qu'ils ont déjà eu une épidémie d'une très grande gravité que nous n'avions pas connue il y a quelques années.
27:09Et ils en ont tiré des leçons.
27:11Ils sont devenus beaucoup plus prudents que nous avons été.
27:14Il est probable que nous tous, collectivement, et je m'inclue très logiquement là-dedans,
27:19nous avons sous-estimé la gravité de la maladie et sa contagiosité.
27:24Et ça, c'est un truc dont il faudra se souvenir.
27:28On s'est fait avoir une fois.
27:30On le paye assez cher.
27:31Certains le payent très cher de leur vie, y compris des soignants.
27:35On travaille tous les jours dans des conditions compliquées.
27:38Je pense qu'il y aura une leçon.
27:41Et la première leçon, c'est plus jamais ça.
27:43Comment on s'est fait avoir, quelque part ?
27:45Certains disent qu'on n'a pas réussi à comprendre la gravité de la situation en Chine,
27:49que les autorités auraient peut-être sous-estimé le bilan.
27:52C'est ce qu'on voit aujourd'hui avec ces files d'attente énormes pour récupérer les cendres de leurs proches.
27:58Est-ce que c'est une hypothèse, aujourd'hui, de se dire qu'on n'a pas réussi à comprendre la gravité des événements,
28:04la contagiosité, les cas graves, les formes les plus graves, chose qu'on a découvert aussi avec le temps ?
28:11Il y a plusieurs choses qui font qu'on n'était pas prêts.
28:13D'abord, nous avons été insouciants sur les réserves stratégiques.
28:16Il n'y avait plus de réserves stratégiques.
28:18C'est un peu comme si la guerre se déclarait et on découvrait qu'on a des lances-missiles et des chars,
28:25mais qu'on n'a plus d'obus et de missiles.
28:27C'est à peu près ça qui nous est arrivé.
28:29Ce qui est évidemment très embêtant quand vous faites la guerre.
28:31On n'avait pas beaucoup de munitions.
28:32Donc ça, c'est le premier sujet.
28:33Deuxièmement, on a eu un système de santé qui a été très abîmé depuis plusieurs années.
28:39On le voit sur la difficulté que les services d'urgence et les services de réanimation vivaient depuis des années.
28:46Vous savez que depuis des mois, il y avait des grèves dans les services d'urgence.
28:49Ça n'a échappé à personne.
28:50Les gens ne faisaient pas grève pour le plaisir.
28:52D'ailleurs, ils faisaient une grève vraiment à la japonaise puisqu'on prenait un brassard et on venait comme une travailleuse.
28:57Ça témoignait vraiment qu'il y avait une difficulté.
28:59Ces difficultés, on les paye aussi.
29:01En cas de crise, on n'a plus de large manœuvre.
29:04Le niveau d'eau monte là et on a une difficulté.
29:08Et puis, peut-être que les Chinois nous ont aussi menti sur les chiffres.
29:11Peut-être que les chiffres qu'ils nous ont donnés ne sont pas les vrais.
29:13Ça aussi, c'est l'avenir qui le dira.
29:15En tout cas, la réalité, c'est qu'on n'a pas vraiment cru parce qu'on était dedans.
29:21On s'est dit qu'après tout, on a un meilleur système que tout le monde.
29:26C'est une sorte de péché d'orgueil des Français qui sont persuadés d'être meilleurs en tout.
29:30On est persuadés d'avoir le meilleur système éducatif.
29:33Vous allez à l'étranger, vous regardez que, en réalité, ce n'est peut-être pas tout à fait vrai.
29:37On est toujours persuadés d'avoir la meilleure équipe de foot.
29:42La plupart du temps, on ne gagne pas à chaque fois la Coupe du Monde.
29:45Ça nous arrive quand même.
29:47Mais pas toujours, pas autant qu'on croit qu'on le mérite.
29:50Le système de santé, c'est pareil.
29:52Pendant longtemps, on a dit qu'on avait le meilleur système de santé du monde.
29:54Non, ce n'est pas vrai.
29:56En tout cas, ce n'est plus vrai et la crise le montre.
29:58On voit notamment en Allemagne,
30:00alors c'est vrai que le taux de mortalité s'explique notamment qu'il soit plus bas
30:05parce qu'ils testent beaucoup plus.
30:07Du coup, on arrive aussi à connaître les cas symptomatiques.
30:09Mais quelque part, on voit que le nombre de décès d'un point de vue global
30:12est quand même largement inférieur que ce soit à l'Espagne, l'Italie et aussi la France.
30:17Aujourd'hui, c'est délicat de poser des diagnostics en cours de crise.
30:21Il faut être très humble.
30:22Il y a des choses qu'on ne sait pas expliquer.
30:24Toutefois, on peut observer, est-ce un facteur important ?
30:27Ça peut l'être.
30:29On peut observer qu'en Allemagne, ils ont beaucoup de lits de réanimation.
30:32Nous avons moins de lits de réanimation proportionnels.
30:34Donc, c'est un sujet.
30:36Mais je pense que le vrai sujet, c'est le sujet de l'insouciance.
30:39Nous sommes persuadés d'être supérieurs.
30:42C'est un mal très français.
30:44En 1939, juste avant que la France ne soit envahie par les Allemands,
30:49il y avait le président du Conseil, l'actuel Premier ministre,
30:51qui s'appelait Paul Reynaud.
30:53Reynaud avait dit une phrase terrible.
30:55Il avait dit « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ».
30:59Vous voyez ? L'aveuglement.
31:02Et puis, trois mois plus tard, les Allemands étaient à Paris.
31:05C'est ça, peut-être, qu'on a un peu trop fait.
31:07Nous étions sûrs de nous.
31:09Et en fait, nos réserves stratégiques n'existaient pas.
31:12C'est un peu l'armée française de 1940.
31:15Beaucoup de gens ont une grande volonté,
31:17qui se battent comme des chiens,
31:19mais le matériel a du mal à arriver.
31:22C'est vrai qu'il y a eu un an de crise.
31:24Ça a commencé par les grèvements des services d'urgence.
31:26Ça s'est ensuite propagé dans le reste de l'hôpital.
31:29On sait très bien, pour ceux qui nous suivent régulièrement sur Brut,
31:31on a couvert ces manifestations, ces rassemblements.
31:34On a aussi eu de nombreux témoignages.
31:37Quelque part, ça veut dire que,
31:39quand le président de la République parle d'un plan massif,
31:41qu'est-ce qu'il faudra pour l'après ?
31:43Qu'est-ce qui manque aujourd'hui ?
31:45D'abord, quand le président dit un plan massif,
31:47je l'ai peu dit, évidemment, il faut un plan massif.
31:49La question, c'est, c'est quoi un plan massif ?
31:52Parce qu'on a vu quand même beaucoup de plans massifs dans le passé.
31:54On nous a annoncé beaucoup de plans.
31:56Madame Buzyn, je crois, a annoncé 5 ou 6 plans successifs.
31:59Je ne sais pas ce que c'est, mais je peux vous dire une chose.
32:01C'est qu'on n'acceptera plus de travailler après,
32:03comme on travaillait avant la crise.
32:05Ça, c'est fini.
32:07On est en train de le payer cher.
32:09On a des milliers de soignants qui sont infectés.
32:14Alors, heureusement, la plupart du temps,
32:16c'est une maladie qui ne laisse pas de séquelles.
32:19Mais ça marque quand même.
32:21Ceux qui ne sont pas infectés, qui travaillent dans les services,
32:24sont fatigués, usés.
32:29Après, on fera en sorte,
32:31on a quelques affaires en sorte que,
32:33dans les services d'urgence en particulier,
32:35mais c'est valable en réalité dans tout le système de soins,
32:37nous refuserons de travailler
32:39comme on acceptait de travailler avant.
32:41La question du traitement qui revient beaucoup dans les commentaires.
32:43C'est vrai qu'on évoque beaucoup la question de la chloroquine.
32:46Vous, comment vous traitez vos patients ici ?
32:48Qu'est-ce que vous leur administrez ?
32:50La réalité, c'est qu'on ne sait pas.
32:53Les gens qui vous disent que la chloroquine, c'est formidable,
32:55c'est sûr, c'est extraordinaire,
32:57ce sont des optimistes.
32:59Ceux qui disent que ça ne peut pas marcher,
33:01que c'est catastrophique, ce sont des pessimistes.
33:03En fait, aujourd'hui, on ne sait pas ce qui fonctionne.
33:06On n'a pas de médicament dont on peut vous dire à 100%
33:08que c'est le médicament contre le coronavirus.
33:11Quel est le problème avec la chloroquine ?
33:13En fait, un dérivé de la chloroquine.
33:15Ce n'est pas tout à fait la chloroquine, mais peu importe.
33:17Il y a des arguments pour penser que ça peut avoir un effet.
33:20Le premier argument, c'est la qualité de celui qui le dit.
33:24Le fameux professeur Raoul de Marseille,
33:27celui qui a ce look si particulier et si disruptif,
33:33c'est un scientifique de grande qualité.
33:37Il faut comprendre que c'est un grand scientifique français.
33:39Il y a beaucoup de publications. Il est reconnu.
33:41Ce n'est pas un type qui tombe de la planète Mars et qu'on découvre.
33:48Non, c'est quelqu'un de reconnu dans le monde entier.
33:51Quand il dit quelque chose, j'ai tendance à écouter ce qu'il dit.
33:55Je ne dis pas que j'accepte tout ce qu'il dit,
33:57mais je me dis que je suis obligé de l'écouter.
33:59Quand quelqu'un d'intelligent parle, en général, je l'écoute.
34:01Le deuxième argument, c'est qu'il y a des arguments expérimentaux,
34:05de laboratoire en fait, pas chez l'homme,
34:07de laboratoire pour penser que la chloroquine a un effet sur le virus.
34:13En gros, qu'il inactive le virus.
34:15Mais c'est un laboratoire. Ce n'est pas chez l'homme.
34:19Ça, c'est les éléments en faveur.
34:21Et puis les éléments qui créent le doute,
34:24et c'est pour ça qu'il y a une discussion aujourd'hui,
34:28c'est que quand on l'administre à des patients,
34:32on observe des effets qui sont contradictoires.
34:36Plus exactement, on a un doute sur la validité des guérisons qu'on a obtenues.
34:43Plus exactement encore, on a un doute sur le fait que les guérisons qu'on obtient
34:46sont vraiment dues aux médicaments qu'on a donnés.
34:48Je vous donne un exemple.
34:50Si on séque naturellement la maladie, si on ne donne aucun traitement,
34:54il y a 85% des gens qui vont guérir tout seuls.
35:00Entendu ?
35:02Si je prends ces 85%-là, je teste, et chez eux, je dis qu'ils ont la maladie.
35:07Je sais qu'ils vont guérir seuls.
35:09Je leur dis que tous les matins, prenez un café au lait avec un sucre.
35:13Qu'est-ce qu'il va se passer à la fin ? Ils auront guéri.
35:15Ce n'est pas pour ça que vous allez pouvoir dire
35:17que c'est le café au lait avec le sucre qui l'a guéri.
35:19C'est peut-être que naturellement, ils ont guéri.
35:21Une des questions qu'on pose avec la dérivée de la chloroquine,
35:25c'est quelle est la part du hasard
35:27dans l'évolution des gens qui guérissent sous chloroquine
35:30et quelle est la part liée à l'effet de la chloroquine ?
35:33C'est ça qui est aujourd'hui débattu et qui n'a pas encore de réponse.
35:38Pour avoir une réponse, il y a deux choses qui sont faites.
35:42D'abord, on l'administre à des patients.
35:44Ici-même ?
35:45Ici-même, mais partout en France, quand des patients sont sous oxygène,
35:49c'est un des traitements qu'on peut donner.
35:52On va regarder les résultats.
35:54Mais pour ça, évidemment, il faut le comparer.
35:56Il faut le comparer à un autre patient qui, lui, ne l'a pas reçu.
35:59En fait, il faut faire deux groupes.
36:00C'est-à-dire un groupe, on l'utilise, un groupe, on ne l'utilise pas
36:02pour voir les effets.
36:03C'est ça.
36:04C'est ce qu'on appelle un essai randomisé.
36:06C'est-à-dire qu'on va tirer au sort qui va recevoir le plaquénil,
36:08de qui une barrière s'ouvre.
36:09Vous faites ce type d'essai ici ?
36:10Tout le monde le fait partout en France.
36:12Mais il n'y a pas que le plaquénil.
36:14Actuellement, on teste aussi un médicament qui a été efficace
36:17contre l'ébola.
36:18Vous avez entendu ?
36:19L'ébola, c'est une terrible épidémie en Afrique
36:22avec un taux de mortalité immense.
36:24On a un médicament contre l'ébola qu'on est en train de tester.
36:27On teste aussi des médicaments contre le sida
36:29parce qu'il y a des arguments qui peuvent penser que ça a des effets.
36:32Tous ces trucs-là, on les teste
36:34et on compare l'évolution des malades entre eux.
36:37Et ça, c'est fondamental parce que sinon, on n'aura pas la réponse.
36:41Vous pourriez me dire que c'est tellement grave
36:44qu'on pourrait le donner à tout le monde
36:46et qu'au pire, ça n'a pas d'effet et qu'au mieux, ça les guérit.
36:49C'est un argument qu'on peut entendre.
36:51Sauf que parfois, c'est un médicament qui a des effets secondaires, le plaquénil.
36:57Notre crainte, c'est que des gens sans contrôle médical,
37:03c'est-à-dire chez eux,
37:04se mettent à manger du plaquénil comme ça
37:06parce qu'ils se disent « je vais guérir ».
37:08Si on mange du plaquénil comme des bonbons,
37:11on a des complications, en particulier cardiaques
37:14parce que le plaquénil peut avoir des complications cardiaques.
37:17C'est rare.
37:20Et puis, ça survient surtout chez des gens
37:22qui n'ont pas été explorés avant au niveau cardiaque.
37:24Mais c'est possible.
37:25En tout cas, il ne faut pas le prendre.
37:27C'est le message que je vous ai donné.
37:28Il ne faut pas le prendre tout seul.
37:30Il ne faut pas s'auto-administrer.
37:31C'est interdit.
37:32C'est même très dangereux.
37:33Puis ça pose un autre sujet qui est un sujet de société.
37:36C'est que ce plaquénil, c'est un médicament très efficace
37:39dans d'autres maladies aussi.
37:41Et en particulier, il y a des maladies qu'on qualifie
37:43de maladies inflammatoires.
37:45C'est un des traitements de référence.
37:47Et il ne faudrait pas que parce que tout le monde se jette
37:49sur ce médicament, dont on n'est pas certain qu'il soit efficace,
37:53vous avez bien compris, sur le coronavirus,
37:55que du coup, on vide les stocks
37:57et ces gens-là qui en ont vraiment besoin
37:59soient les premières victimes d'une prescription
38:01qui aurait été désordonnée.
38:02Donc, c'est un sujet complexe.
38:04Et ce qui est très important, c'est de comprendre
38:06que c'est normal qu'en science, il y ait de la discordance d'avis.
38:12C'est important peut-être d'en parler parce que nous,
38:15on découvre un peu tout ça en ce moment
38:17parce que d'habitude, ça se passe un peu à l'écart
38:19de la frénésie médiatique.
38:20Là, en ce moment, c'est très différent.
38:22Il faut bien découvrir qu'en science, rien n'arrive comme ça.
38:25Il n'y a pas de preuve ultime.
38:27Et on a toujours des discussions, toujours des discussions
38:29avec des gens qui sont pour et des gens qui sont contre.
38:31Tous les résultats scientifiques, tous, sont toujours discutés,
38:34sont remis en cause.
38:35Et c'est comme ça qu'on arrive à la vérité.
38:37Donc, je vois que sur les réseaux sociaux, tout le monde dit
38:40« Oui, quel salaud, il donne la plaquette Nile.
38:44Quel salaud, il n'en donne pas. »
38:46Les gens sont devenus fous.
38:48Il faut raison garder.
38:50C'est normal, en science, de n'être pas d'accord.
38:53C'est comme ça, quand on n'est pas d'accord,
38:55qu'on arrive à faire progresser les choses.
38:57Et il faut arrêter de se jeter des fatois à la figure.
39:02Il faut arrêter de s'excommunier.
39:04Parce qu'on croit ou on n'y croit pas.
39:06On peut avoir des intuitions scientifiques.
39:08Le professeur Raoult a une intuition scientifique
39:10qu'il pense avoir prouvée,
39:14dont certains pensent qu'il ne l'a pas prouvée,
39:16mais en tout cas qu'il y travaille.
39:18Il est légitime dans son rôle de chercheur.
39:20Et ceux qui l'excommunient,
39:23n'ont pas compris la démarche scientifique.
39:26Comme d'ailleurs ceux qui, en faveur de la plaquette Nile,
39:30excommunient ceux qui doutent.
39:33On est dans une frénésie
39:36où les gens se font la guerre
39:39alors qu'il ne s'agit que d'une dispute intellectuelle.
39:42Fondamentale.
39:43Parce que la conséquence, c'est la vie et la mort.
39:46Mais ce n'est pas pour ça
39:48qu'il faut jeter le discrédit total
39:51sur le groupe qui ne pense pas comme vous.
39:54En science, c'est bien de ne pas penser comme l'autre.
39:56C'est comme ça qu'on avance.
39:58Pendant combien de temps on aura des résultats,
40:00que ce soit pour l'hydroxychloroquine ou pour les autres ?
40:02Vous évoquez aussi ce médicament utilisé à l'époque contre Ebola
40:05et maintenant contre le coronavirus, contre le Covid-19.
40:08Je sais que vous n'avez pas cette réponse,
40:10mais je ne sais pas répondre à cette question.
40:12Les essais sont en cours.
40:14On inclut, comme on dit dans les essais, beaucoup de patients.
40:17Je crois qu'il y a 18 patients dans mon seul hôpital
40:20qui ont été inclus dans la seule journée d'hier dimanche
40:23dans un des groupes de traitement.
40:26Comme on le fait partout en France,
40:28rapidement on va avoir des centaines de patients
40:30et on va pouvoir faire une analyse statistique et comparer.
40:33Il est même possible que d'ici quelques jours,
40:36peut-être deux ou trois semaines,
40:38on ait une idée assez précise
40:40de s'il y a une tendance ou s'il n'y a pas de tendance.
40:43Par exemple, il y a un médicament contre le sida
40:46dont on a pensé qu'il pouvait être efficace.
40:49Il a été testé et publié dans une grande revue médicale,
40:52le New England Journal of Medicine,
40:54il y a quelques semaines ou quelques jours,
40:57et qui a montré que ce n'était pas efficace.
41:00On a donné ce médicament versus rien.
41:03On a vu comment évoluaient les patients.
41:05Ils n'ont pas évolué différemment.
41:07C'est ça qu'il faut faire.
41:09Comme ça, on est tranquille.
41:11Beaucoup de questions se posent notamment
41:13par rapport aux cas les plus jeunes.
41:15C'est vrai qu'on a vu cette jeune fille de 16 ans
41:18qui est décédée sur Paris la semaine dernière,
41:21qui n'avait pas de maladie grave.
41:23On a vu ce jeune garçon au Portugal, notamment,
41:26qui est décédé à l'âge de 14 ans.
41:28On évoque aussi parfois des cas chez des très jeunes enfants
41:32qui peuvent parfois être graves.
41:34Est-ce qu'on a un peu plus de recul là-dessus ?
41:36Parce que c'est vrai qu'on voit d'un point de vue statistique
41:39que c'est plus les personnes âgées qui en décèdent,
41:41mais ça ne veut pas dire que pour autant,
41:43quand on est jeune, on ne peut pas avoir une forme grave,
41:45finir en réanimation, et hélas, malheureusement,
41:47comme les cas qu'on cite maintenant, décédés.
41:49Je crois que la dernière fois que nous avons parlé ensemble,
41:51je vous l'avais dit, c'est une maladie
41:53qui touche d'abord tous les âges,
41:55qui touche tous les âges,
41:57mais à des niveaux de gravité différents.
41:59Ce qu'on observe, c'est que plus on est vieux
42:02et plus on a des maladies associées,
42:05ce qu'on appelle des comorbidités,
42:07plus on est fragile et sujet à passer en réanimation,
42:10voire même à mourir.
42:12Ça, c'est sûr.
42:14Mais, et je vous l'ai dit la dernière fois, je vous le redis,
42:17il y aura des malades très graves
42:19et même des gens qui mourront chez la population jeune.
42:22C'est toujours le cas.
42:24Ils seront moins nombreux, mais ils existeront.
42:26Et on a dit, les enfants,
42:28on a cru à un moment que les enfants,
42:30je ne parle même pas des jeunes adultes,
42:32des enfants seraient protégés.
42:34En fait, c'est ce que disaient les Chinois au début.
42:36C'est ce qu'on voyait ressortir des séries.
42:38Mais en réalité, maintenant,
42:40les Chinois ont un peu plus de recul,
42:42nous envoient des grandes séries de patients,
42:44on s'aperçoit qu'il y a des cas
42:46potentiellement graves aussi chez l'enfant.
42:48Et même un papier récent,
42:51je crois que c'est dans le JAMA,
42:53J-A-M-A, qui est une revue américaine,
42:55journal de l'Association américaine de médecine,
42:57qui montre,
42:59qui montrerait que,
43:01parmi les enfants,
43:03les 0 à 1 ans seraient
43:05peut-être très à risque
43:07d'être des patients qui pourraient finir en réanimation.
43:09Donc, c'est vous dire que
43:11ça touche tous les âges,
43:13c'est plus grave quand on est vieux,
43:15mais il y a eu et il y aura
43:17des patients jeunes, sans antécédent,
43:19qui finiront en réanimation,
43:21et certains, malheureusement, mourront.
43:23Il faut s'y attendre.
43:25Les gens pensent que c'est pas possible.
43:27C'est malheureusement possible.
43:29C'est ce que précise Daniel dans les commentaires,
43:31c'est pour le jeune garçon au Portugal,
43:33lui, il avait des antécédents de santé,
43:35chose que n'avait pas la jeune fille de 16 ans en France.
43:37C'est important aussi de l'expliquer,
43:39parce que c'est aussi des contextes à prendre en compte.
43:41Vous aurez des jeunes
43:43qui finiront en réanimation et qui mourront,
43:45alors même qu'ils n'ont pas de pathologie associée.
43:47Il faut bien le comprendre.
43:49Ça sera rare, bien sûr, mais ça peut exister.
43:51Ne croyez pas que parce qu'on a 20 ans,
43:53qu'on est sportif et qu'on est dans bonne santé,
43:55qu'on ne risque strictement rien.
43:57Statistiquement, on risque beaucoup moins,
43:59mais on risque quand même.
44:01On a encore quelques minutes ?
44:03Justement, parce qu'il y a pas mal aussi de questions
44:05par rapport à des cas bien précis.
44:07On parle des femmes enceintes, notamment.
44:09Est-ce que vous, vous avez déjà eu des patientes,
44:11qui ont été infectées plus facilement,
44:13une forme grave ou pas ?
44:15Et, je rebondis sur la question,
44:17est-ce qu'il y a un risque pour l'enfant qui est porté,
44:19pour le bébé ?
44:21Jusqu'à il y a 2-3 semaines,
44:23on vivait avec des petites séries de patients
44:25qui avaient été publiées, toujours par les Chinois,
44:27et qui montraient toutes que...
44:29C'était chaque fois 20-30 femmes enceintes
44:31qui étaient positives, donc malades,
44:33et qui étaient enceintes.
44:35Et quand elles accouchaient, on regardait comment était le bébé
44:37et on observait que le bébé n'était pas malade.
44:39Donc, les Chinois
44:41et les scientifiques de la Terre entière
44:43avaient émis l'hypothèse que, finalement,
44:45le virus ne pouvait pas passer
44:47ce qu'on appelle la barrière placentaire,
44:49qui est la barrière quand elle est enceinte
44:51et que le bébé est dans l'utérus.
44:53Il ne pouvait pas passer
44:55la barrière utérine.
44:57C'est-à-dire que la femme malade ne pouvait pas
44:59contaminer son bébé dans son ventre.
45:01En fait,
45:03il y a 3 cas qui ont été publiés
45:05récemment,
45:07qui laissent penser
45:09que c'est peut-être possible quand même
45:11parce qu'on a détecté, pour être très précis,
45:13chez les bébés qui sont nés
45:15de femmes qui étaient positives
45:17au virus, on a détecté ce qu'on appelle
45:19des anticorps,
45:21des IgM et des IgG,
45:23qui sont des molécules
45:25que le corps sécrète pour se protéger
45:27quand on est agressé par un agent infectieux.
45:29Et donc,
45:31on a découvert des IgM
45:33chez le bébé 2 heures après sa naissance,
45:35contre le virus.
45:37Certains ont dit que ce sont les anticorps
45:39que la mère avait produits pour se défendre
45:41elle-même qui sont passés
45:43à travers le cordon
45:45et qui sont passés chez l'enfant.
45:47En fait, ce n'est probablement pas possible
45:49parce que les anticorps sont des grosses
45:51structures protéiques
45:53qui ne peuvent pas passer la barrière
45:55placentaire.
45:57C'est comme un filet avec des mailles
45:59très serrées. Ils sont trop gros pour passer.
46:01Donc, il est possible que ce soit
46:03l'enfant qui les sécrète et que l'enfant
46:05en réalité soit malade.
46:07Ce ne sont que 3 cas.
46:09Aujourd'hui, formellement,
46:11je ne sais pas vous répondre.
46:13Il y a 4-5 semaines, on vous répondait collectivement
46:15probablement pas. Là, il y a un petit doute
46:17et il faut l'évaluer.
46:19La question des cas en réanimation chez vous,
46:21est-ce qu'il y a une moyenne d'âge ?
46:23Il y a une médiane d'âge qui doit être aux alentours
46:25d'une 55-57 ans.
46:29La médiane, ça signifie que vous avez
46:31la moitié des patients qui sont plus jeunes
46:33que... La moitié qui ont
46:35plus vieux que 57 et la moitié
46:37qui sont plus jeunes que 57.
46:39Le plus jeune que vous avez ici ?
46:41Je crois que c'est quelqu'un qui doit avoir
46:4335 ans.
46:45Forme grave aussi, donc en réanimation.
46:47Avec des
46:49maladies, des pathologies ?
46:51Non, pas particulièrement.
46:53Des cas jeunes aussi qui peuvent survenir.
46:55Parlons aussi peut-être des bonnes nouvelles parce que c'est important
46:57d'en parler dans cette période qui est anxiogène
46:59pour tous.
47:01Les personnes guéries, est-ce que vous pouvez aussi nous en parler
47:03au quotidien ? Combien de personnes
47:05sont guéries ? Est-ce que vous avez peut-être même des anecdotes
47:07à nous raconter de cas qui pouvaient être
47:09désespérés en arrivant et puis qui au final
47:11se sont avérés être
47:13une belle victoire pour tous ?
47:15Vous avez raison. D'abord, je rappelle que la majorité des gens
47:17guérissent heureusement de cette maladie.
47:19Je rappelle d'abord que la moitié des gens qui ont la maladie
47:21ne savent pas qu'ils sont malades.
47:23Qui ont le virus ne savent pas qu'ils sont malades.
47:25En fait, ils ne sont pas malades. Ils n'ont pas de signe.
47:27La moitié d'entre eux
47:29et l'autre moitié
47:31qui a des symptômes
47:33va guérir en très grande partie
47:35puisque 85%
47:37n'iront probablement pas à l'hôpital
47:39si ce n'est aux urgences consultées, ils retourneront chez eux.
47:41Il n'y a que 5% qui vont aller en réanimation.
47:43Donc la majorité des gens guérissent.
47:45On peut même guérir d'ailleurs
47:47après être entré en réanimation.
47:49Ils sont en général fatigués
47:51pendant quelques semaines.
47:53Une grande, grande fatigue
47:55et ça,
47:57il faut l'avoir en tête.
47:59Il y a beaucoup de repos après voir après.
48:01Est-ce qu'il y a des séquelles ?
48:03Il y a des séquelles qui peuvent être des séquelles
48:05liées à la réanimation
48:07pour ceux qui sont passés en réanimation.
48:09Certains, comme vous le savez,
48:11perdent le goût,
48:13le sens du goût
48:15et de l'odorat quand ils sont malades.
48:17Je ne sais pas
48:19quand ils le retrouvent, mais certains
48:21n'expriment que
48:23quand ils sont malades et de nouveau, je sens.
48:25Donc on se dit que c'est un bon signe.
48:27La personne la plus âgée que vous avez pu
48:29extuber, si c'est bien le bon terme ?
48:31On n'a pas encore extubé de patient.
48:33Il reste combien de temps, moyenne ?
48:35Un patient ventilé,
48:37il doit l'être 15 jours ou 3 semaines.
48:39On voit qu'il y a des formes graves,
48:41des personnes qui peuvent être
48:43en bonne forme
48:45et plutôt conscientes à midi
48:47et qui peuvent parfois subitement se dégrader.
48:49Est-ce que c'est quelque chose qu'on remarque assez souvent ?
48:51Ce qu'on remarque, c'est que
48:53il y a des gens qui arrivent sur leurs deux jambes,
48:55qui marchent,
48:57qui n'ont pas l'air très dyspnéique,
48:59c'est-à-dire qu'ils n'ont pas l'air très essoufflés
49:01et qui pourtant, 3 heures plus tard, seront asphyxiques
49:03et qu'on va passer en réanimation.
49:05Donc ce qui nous frappe,
49:07c'est deux choses.
49:09Ceux qui sont graves sont très graves
49:11et s'aggravent vite.
49:13Une sorte de potentiel d'aggravation.
49:15Et en particulier,
49:17je me méfie des gens qui me disent
49:19qu'ils sont très fatigués.
49:21Alors je leur demande, est-ce que vous avez du mal à respirer ?
49:23Souvent, la réponse est non.
49:25Mais en fait, déjà, ils ne perçoivent plus cette difficulté à respirer.
49:27Et donc la très très grande fatigue
49:29doit être un signe qui nous alerte.
49:31La très très grande fatigue,
49:33ce n'est pas normal.
49:35Et la très très grande fatigue, ça doit pousser à voir un médecin.
49:37En moyenne, durée d'incubation
49:39entre le moment où on
49:41rencontre le virus
49:43et le moment où on va développer
49:45des symptômes, si on en développe d'ailleurs.
49:47Ça n'a pas beaucoup changé depuis le début.
49:49On va dire 2 à 14 jours,
49:51avec une médiane à 5 à 6 jours.
49:53C'est-à-dire que là, concrètement, vous pouvez encore avoir des patients
49:55qui arrivent dans un état grave,
49:57qui ont récupéré le virus, incubé le virus
49:59avant le confinement.
50:01Le confinement date d'il y a combien de temps ?
50:03Un peu moins de deux semaines, 13 jours.
50:0513 jours, on est à la limite.
50:07Premiers effets du confinement ?
50:09En théorie, les premiers effets du confinement, c'est...
50:11Alors...
50:13Bien entendu, parce que tout est là.
50:15Les premiers effets, c'est au bout de 15 jours,
50:17puisque c'est la durée d'incubation.
50:19Mais, sauf que vous avez bien compris
50:21que le confinement, il n'est jamais total.
50:23Il faut bien que vous alliez acheter votre baguette de pain.
50:25Donc vous allez forcément croiser du monde.
50:27Vous allez forcément toucher
50:29des pièces de monnaie qu'on vous a données
50:31pour vous rembourser.
50:33Éventuellement, vous n'allez pas vous laver les mains
50:35après avoir touché ces pièces de monnaie.
50:37Le confinement, c'est
50:39la meilleure arme qu'on a aujourd'hui,
50:41mais elle est imparfaite. Et il faut savoir
50:43qu'elle est à l'état parfait. Parce que ce n'est pas parce que vous êtes confiné
50:45que vous ne devez pas continuer à faire
50:47tas d'attentions, à errer chez vous,
50:49vous laver les mains, etc.
50:51Parce que le virus vit sur des surfaces
50:53et il peut vivre plusieurs heures, parfois plusieurs jours.
50:55Voilà. Le virus vit sur les surfaces, c'est sûr.
50:57Combien de temps ?
50:59On ne sait pas. Je suis désolé,
51:01je ne suis pas très clair dans mes explications
51:03parce que je ne vais pas vous dire des choses fausses.
51:05Il y a des études qui montrent que, de toute façon,
51:07c'est probablement plusieurs heures.
51:09Mais ces études ne disent pas si le virus est actif.
51:11C'est-à-dire qu'on peut,
51:13c'est-à-dire contagieux,
51:15on peut manifestement trouver le virus
51:17sur des surfaces de tissu,
51:19y compris de tissu, vos vêtements,
51:21au bout de 6-7 heures.
51:23Si vous me posez la question
51:25est-ce que c'est un virus qui continue
51:27à être contagieux, je ne sais pas vous répondre.
51:292-3 questions des gens sur les commentaires.
51:31Est-ce que la guérison est immunisante ?
51:33Probablement oui, dans la plupart des cas.
51:35Et c'est ça qu'on attend, justement.
51:37Et c'est là-dessus qu'on va compter.
51:39En gros, quand 50% de la population est immunisée,
51:43eh bien l'épidémie régresse.
51:45Et quand 75% de la population
51:47est immunisée, il n'y a plus d'épidémie.
51:49Question des groupes sanguins,
51:51est-ce qu'il y en a qui sont plus favorisés que d'autres ?
51:53Oui, on le dit, mais je ne suis pas un grand spécialiste de ça.
51:55Obligation, fièvre, pas forcément ?
51:57Alors, pas forcément,
51:59puisque vous avez compris qu'une personne sur deux
52:01n'a pas de fièvre, n'a aucun signe.
52:03Vous vous souvenez de cette affaire
52:05du Diamond Princess,
52:07qui était le bateau qui était au Japon,
52:09c'était un bateau de plaisance,
52:11et dans lequel il y avait des centaines de plaisanciers
52:13qui avaient été confinés dans le bateau,
52:15interdiction de sortir parce qu'en fait
52:17le virus circulait.
52:19Eh bien, ça c'était une zone close
52:21qui a été très étudiée
52:23par les médecins japonais,
52:25qui ont fait un test à tout le monde.
52:27Ils ont fait un test à tout le monde,
52:29et la conséquence de quoi ? Ils ont observé que
52:31la moitié des gens avec qui on avait fait le test
52:33n'avait aucun symptôme, et qui étaient positifs,
52:35n'avaient aucun symptôme.
52:37Et donc, c'est là qu'on a découvert que la moitié
52:39de la population infectée, grosso modo,
52:41était probablement
52:43asymptomatique.
52:45Et donc,
52:47c'est un élément important. Quand vous me dites
52:49fièvre toujours, ben non, la preuve, il y a des gens
52:51qui n'ont qu'une toux, d'autres
52:53qui sont fatigués, d'autres
52:55qui ont du mal à respirer, d'autres
52:57qui n'ont qu'une fièvre, d'autres qui n'ont rien.
52:59Tous ces gens sont potentiellement infectés.
53:01Devrait-on nettoyer le sol, ces courses, etc ?
53:03Je reviens régulièrement sur le côté pratique, parce que vous dites justement
53:05on peut aller acheter sa baguette, on peut
53:07manier de l'argent, même si c'est vrai qu'il favorise
53:09les paiements par carte bancaire, mais on touche
53:11forcément des objets qui peuvent être contaminés quand on sort.
53:13Exactement. Il faut nettoyer,
53:15il faut que les magasins nettoient,
53:17mettre des vitres d'abord, ou du plexi
53:19devant les articles pour que les gens ne les touchent pas,
53:21ça c'est fondamental. Il faut que ces vitres soient
53:23nettoyées régulièrement par les gens
53:25qui tiennent les magasins. Il faut que vous-même,
53:27vous soyez très attentif, et il faut que vous
53:29laviez les mains en permanence quand vous
53:31vous sortez, vous avez reçu de la monnaie, vous mettez la monnaie dans la porte-monnaie,
53:33vous vous nettoyez les mains.
53:35Il faut avoir cette idée que
53:37le nettoyage des mains
53:39doit être une barrière absolument
53:41répétée.
53:43Pas une fois par jour,
53:45on n'en est pas là. Des lésions pulmonaires, après ?
53:47Oui, après,
53:49les lésions pulmonaires font toute la gravité de la maladie,
53:51donc c'est de ça, malheureusement. Est-ce qu'en sortant,
53:53on les garde ? Est-ce qu'il y a un cas grave ?
53:55Il est probable que dans certains cas, il y a ce qu'on appelle de la
53:57fibrose pulmonaire qui s'installe, c'est-à-dire
53:59qu'il y a une cicatrisation du poumon sous forme d'une fibrose,
54:01un peu comme quand vous avez une cicatrice
54:03qui apparaît dans un muscle,
54:05et que le muscle est moins souple.
54:07Eh bien, il y a des gens qui peuvent garder
54:09des séquelles. Pas tous, mais il y a des gens qui, probablement,
54:11finiront comme ça. Le virus survit-il lorsqu'il se trouve
54:13sur des produits qui sont congelés ?
54:17Je ne sais pas répondre à cette question.
54:19Je ne sais pas.
54:21En tout cas, je n'ai pas lu de choses
54:23là-dessus. Peut-on donner son sang
54:25quand on a été positif un moment ou un autre ?
54:27Ou est-ce qu'il faut attendre ?
54:29Il faut attendre, mais je ne sais pas combien de temps, parce que là aussi,
54:31on n'a pas de recul. Est-ce qu'il faudrait que toute la population
54:33soit atteinte pour que le virus meure et qu'on
54:35évite une seconde vague ? C'est une question qui revient régulièrement.
54:37Il est sûr que si toute la population
54:39à un moment a rencontré le virus et devient immunisée,
54:41c'est gagné.
54:43Le truc, c'est que ça n'arrive
54:45jamais, et puis c'est surtout que si vous faites ça...
54:47C'est ce que les Anglais voulaient faire à une époque.
54:49Les Anglais disaient on ne va pas confiner, on va laisser
54:51la population s'infecter, puis bon,
54:53tout le monde sera infecté, donc l'épidémie prendra fin.
54:57Par centaines et par milliers,
54:59parce qu'en fait, les gens
55:01sur le lot vont mourir.
55:03Hum, ça c'est quand même...
55:05L'immunité collective existe-t-elle ?
55:07Il y a la question qu'ils reposent souvent, l'immunité collective existe-t-elle ?
55:09C'est la crainte d'une seconde vague,
55:11c'est-à-dire que ce virus
55:13continue de se propager, est-ce qu'on peut
55:15se dire notre vie reprend progressivement ?
55:17C'est ce qu'on a évoqué pour ceux qui sont arrivés dans ce live.
55:19En fait, il faut bien comprendre de quoi on parle. L'immunité,
55:21elle est toujours individuelle. Je sécrète des anticorps
55:23qui font que si le virus arrive
55:25chez moi, il sera détruit et je ne serai
55:27pas malade. C'est ça l'immunité.
55:29Ce qu'on dit immunité collective, c'est de considérer
55:31que dès lors qu'un groupe est immunisé
55:33en grande partie, le virus ne peut plus circuler.
55:35Et donc,
55:37il n'y a pas d'épidémie possible.
55:39En fait, une épidémie, c'est quand un patient
55:41peut
55:43infecter au moins deux personnes,
55:45plus d'une personne, une personne ennemie
55:47par exemple. Ça, c'est une épidémie, parce que ça se multiplie.
55:49Si un patient
55:51n'est plus capable d'infecter
55:53un demi ou un quart de patients,
55:55c'est-à-dire une personne sur deux, une personne sur quatre,
55:57là, il n'y a plus d'épidémie.
55:59Peut-on craindre une seconde vague,
56:01une troisième ? Oui, bien sûr. On peut craindre une seconde
56:03vague si
56:05on est trop rapide
56:07sur le déconfinement ou si on déconfine
56:09des gens qui sont
56:11naïfs pour le virus
56:13et qu'ils se mettent à rencontrer
56:15des gens qui ont été infectés. Là, c'est un sujet.
56:17En tout cas, on tient à vous remercier énormément,
56:19Philippe Juvin, pour cette interview.
56:21On a pu prendre beaucoup de questions. Bien évidemment,
56:23comme la dernière fois, on aurait pu faire cinq heures de live.
56:25Mais on se reverra à l'occasion.
56:27Pour caresser chez vous, ne faites pas de bêtises.
56:29Si vous avez des masques,
56:31faites-en profiter, le maire de votre commune,
56:33les EHPAD qui vous entourent. Et puis, si vous avez
56:35quelques tenues de protection
56:37telles que les utilisent les gens qui font de la peinture,
56:39vous savez, les grands trucs blancs, la zip, moi, je suis intéressé.
56:41L'hôpital Georges Pompidou, à Paris, aux urgences.
56:43Merci. L'adresse qu'on a donnée, on vous remercie encore,
56:45Philippe Juvin. Et puis, je tiens à dire, dans les commentaires,
56:47on va vous mettre le lien de Maï Brut. C'est pour recevoir tous les soirs
56:49toutes les informations sur la gestion de cette crise du coronavirus.
56:51On reviendra sur cette interview.
56:53On parle aussi des professions qui continuent
56:55de travailler pour permettre à ce que le pays
56:57fonctionne normalement. On leur rend hommage.
56:59On ne va pas citer toutes les professions parce que
57:01on en oublierait beaucoup.
57:03Maï Brut, ce sera en lien dans les commentaires.
57:05Vos retours, vos questions. On continuera, bien évidemment,
57:07pour ceux qui nous regardent sur ce live,
57:09d'aller à la rencontre d'autres professionnels
57:11aussi, que ce soit des épidémiologistes, des chefs d'urgence,
57:13que ce soit ceux aussi qui sont à la gestion
57:15des questions politiques. On espère avoir
57:17des ministres aussi dans les prochains jours qui puissent répondre
57:19à mes questions, mais aussi les vôtres.
57:21On a essayé, en tout cas, durant cette heure de live,
57:23de prendre le maximum de questions possibles
57:25qui puissent répondre à vos interrogations,
57:27à vos questions. On va continuer de le faire.
57:29J'espère que ce live vous aura permis d'avoir
57:31beaucoup de réponses, de vous éclairer sur tout cela.
57:33Et puis, également, par la même occasion,
57:35vous pouvez voir le replay de ce live
57:37qui vous permettra de revoir
57:39tout ce qui s'est passé, toutes les questions
57:41qu'on a pu aborder parce que certains vous êtes arrivés,
57:43certaines questions qu'on a évoquées précédemment.
57:45Et donc, le replay de ce live va vous permettre
57:47de pouvoir
57:49revoir tout cela.
57:51Merci à vous. N'hésitez pas
57:53à suivre Brut sur l'ensemble des réseaux sociaux,
57:55activez les notifications en direct pour les prochains lives
57:57et pour vos feedbacks, vos retours,
57:59vous avez mon profil qui est en description du live, Rémi Buisine.
58:01Vous pouvez me retrouver également sur Twitter et Instagram,
58:03Rémi Buisine, sur ces deux
58:05réseaux-là. N'hésitez pas
58:07pour vos retours, vos feedbacks,
58:09vos suggestions, vos critiques, vos idées.
58:11Bien évidemment, on est un média interactif
58:13et vos retours sont, bien évidemment,
58:15toujours précieux.
58:17Vous pouvez me retrouver également là-dessus, si vous voulez,
58:19également pour vos retours, vos questions,
58:21vos suggestions. On essaye de prendre en compte
58:23toutes vos idées, vos critiques
58:25pour construire
58:27ce format du Facebook Live ensemble.
58:29J'espère que toutes ces questions qu'on a pu
58:31aborder vous auront permis de mettre
58:33des réponses à côté de vos
58:35craintes et interrogations légitimes.
58:37Encore merci à vous, Philippe Juvin.
58:39Et très bonne journée à tous et on se retrouve
58:41très très vite sur Brut pour de nouvelles images en direct.
58:43Bonne journée à vous et encore une fois,
58:45prenez soin de vous et de vos proches.
58:47On ne le dira jamais assez.
58:49Pas de déplacement, mais vous pouvez prendre des nouvelles
58:51par téléphone, etc. C'est un moyen aussi de pouvoir
58:53rester en contact. Le lien de Mail Brut,
58:55on vous met dans les commentaires. Vous avez juste à fournir
58:57votre adresse mail et ça vient tous les soirs dans votre boîte mail
58:59avec vraiment des informations
59:01concentrées sur le sujet, mais aussi sur la culture,
59:03etc. On essaie d'aborder beaucoup de choses
59:05pour avoir un lien d'information qui va
59:07et bien c'est nous
59:09qui allons vers vous tous les jours pour vous informer.
59:11Mail Brut, c'est dans les commentaires et vous pouvez
59:13nous suivre
59:15avec grand plaisir. Très bonne fin de journée à vous
59:17et on se retrouve très très vite sur Brut pour de nouvelles
59:19images en direct. C'était Rémi Buzine pour Brut
59:21depuis l'hôpital Georges-Pompidou
59:23à Paris. Au revoir.

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