Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Charles Beck-Bédé, bonjour. Je suis ravie de vous recevoir à Patron en question.
00:05Surtout que vous êtes un serial patron quand même.
00:07Un serial entrepreneur.
00:09Un serial entrepreneur. Et moi, j'ai un souvenir ému parce que j'ai gagné de l'argent grâce à vous.
00:14Vous avez monté PoWeo.
00:16Quelle société ? PoWeo. Un opérateur d'électricité indépendant. Un petit concurrent d'EDF.
00:21Coté en bourse.
00:22Qui a été coté en bourse.
00:23Et comme je suis une libérale, je me suis jetée pour acheter des actions du concurrent d'EDF.
00:28Et plus sérieusement, vous avez aussi monté Self Trade.
00:32Self Trade, c'était avant. Ça, c'était la déréglementation des marchés financiers.
00:37Et on a été les premiers à proposer de pouvoir boursicoter par Internet. Pas cher.
00:43Et donc, quand même, dans toute votre démarche qu'on voit, il y a le libéral qui est caché.
00:47Il y a un peu de libéral, oui. C'est sûr.
00:49Franchement.
00:50Je suis libéral, oui.
00:51Oui.
00:52Et j'en peux plus d'ailleurs qu'on dise que la France est un pays libéral au secours.
00:57Oui. Vraiment. Incroyable.
00:58On est un pays pas du tout libéral.
01:00Pas du tout, du tout. Enfin bref, on ne va pas continuer là-dessus.
01:04Et alors là, ce qui est très intéressant, c'est votre société actuelle qui est Audacia.
01:08Qui porte bien son nom. Que fait Audacia ?
01:11J'ai créé il y a près de 20 ans. En fait, avant, je créais des boîtes. Maintenant, je crée des fonds.
01:15Ah oui ?
01:16Je suis entrepreneur pour les entrepreneurs.
01:19Donc les entrepreneurs, ils ont besoin de financement pour croître.
01:22Que ce soit une PME.
01:24C'est très bien. Vous arrêtez là-dessus parce que c'est vraiment le cœur du sujet.
01:28Les entrepreneurs manquent de financement.
01:30A votre avis, il n'y en a pas assez en France ?
01:33On n'a pas de fonds de pension.
01:35Ah oui.
01:36Donc on revient sur le problème du libéralisme.
01:39Donc on a bloqué, on a eu une loi, la loi Thomas, votée en 97.
01:43Et puis il y a eu la dissolution, malheureuse.
01:45Et la loi n'a jamais été appliquée. Elle doit être abrogée, bien sûr.
01:48Et quelle était la loi Thomas ?
01:49C'était les fonds de pension.
01:50Ah oui ?
01:51On créait les fonds de pension.
01:52Pour sauver nos retraites peut-être ?
01:53Il y a 27 ans.
01:54Si on les avait faits, on aurait là une capacité d'épargne extraordinaire
01:59qui pourrait financer nos entreprises.
02:01Et on ne l'a pas.
02:02Et on a les problèmes de retraite, par des partitions qu'on connaît,
02:06qui sont insolubles.
02:08Donc évidemment, il faut travailler plus.
02:09Mais surtout, on n'a pas les fonds de pension.
02:11Et c'est dramatique.
02:12Alors, heureusement, il y a quelques investisseurs institutionnels
02:15qui investissent un peu dans les produits autre chose que dans les produits de taux.
02:22Mais en Europe, sur les 35 000 milliards d'euros d'épargne,
02:26l'essentiel, c'est quand même des obligations et des produits très peu risqués.
02:31Alors qu'aux Etats-Unis, c'est le contraire.
02:32Et on voit la croissance que ça leur a apporté depuis les 20 dernières années.
02:38Et on décroche.
02:39Et on est particulièrement mal financé en France par rapport à l'Europe ?
02:43Alors, il y a des choses quand même qui...
02:45Il y a vous, certes.
02:46Donc nous, Audacia, on est une société de gestion.
02:49Et on investit dans les PME, en Capdev, capital développement, pardon,
02:53et en capital risque.
02:54Et notamment, on a des spécialisations sur les grandes révolutions technologiques en cours,
03:01comme la seconde révolution quantique.
03:03Par exemple, on a des fonds spécialisés sur le quantique.
03:05Qu'est-ce que c'est que la révolution quantique ?
03:06Il y a un leader mondial.
03:07Ah, là, il faut interviewer Alain Aspect.
03:09Mais c'est notre prix Nobel de physique 2022.
03:12Donc c'est l'utilisation de l'intrication, qui est une propriété de la matière extraordinaire,
03:17qui fait que lorsqu'un photon dit bonjour à un autre photon,
03:20et chacun va à un bout de l'univers, en fait, il continue à ne former qu'un.
03:23Et c'est avec cette propriété dingue qui s'appelle la non-localité quantique.
03:28Et ceci est passionnant.
03:30Mais on n'a pas le temps de trop en parler.
03:32Mais on peut en faire beaucoup de choses dans les senseurs, dans la communication.
03:36On peut sécuriser des échanges d'informations parfaitement
03:39sur une loi fondamentale de la nature, qui est celle que je viens de décrire.
03:42Et on peut faire aussi des ordinateurs.
03:44C'est fabuleux, ça.
03:45J'avoue, t'es un culte refugé.
03:47On a aussi des fonds dédiés à la révolution spatiale.
03:50Et l'intelligence artificielle, alors ?
03:52On n'est pas dans l'intelligence artificielle.
03:53Alors, on l'utilise à fond partout, mais on n'a pas de fonds en IA.
03:57On a, par contre, le premier fonds européen dédié au New Space.
04:01Donc cette révolution que connaît l'industrie spatiale.
04:04Et on est également dans le nouveau nucléaire.
04:06Donc chez Audacia, on a ces fonds spécialisés.
04:08Alors Audacia, parce que tout ce que vous racontez, extraordinaire,
04:12c'est franco-français, nos développements ?
04:14Non, c'est une entreprise française, mais on s'allie avec des Européens.
04:18Pour le spatial, on est allié avec des Suédois.
04:21Donc on a un bureau à Paris, un bureau à Stockholm.
04:23Pour le quantique, c'est mondial.
04:25On est à Paris, à New York, à Boston.
04:27Et pour le nouveau nucléaire, pour l'instant, on est Français,
04:30mais je pense qu'on va faire alliance aussi avec des Italiens.
04:33Donc c'est important, il faut penser européen.
04:35Il faut arrêter.
04:36Penser européen, on aimerait bien pouvoir.
04:38Écoutez, les exécutifs allemands et français sont tellement faibles
04:43que là, il y a peut-être une occasion historique
04:45pour Ursula von der Leyen, on verra.
04:47Mais il faut se réveiller.
04:49Nous sommes d'accord.
04:50Parce que l'Europe décroche, comme on l'a dit.
04:52Et est-ce que vous voyez un progrès en France par rapport à ça ?
04:56Ou est-ce que vous vous sentez encore finalement leader, enfin très seul ?
05:00À prendre tous ces risques-là, vous prenez des risques.
05:02Oui, ce qui nous manque, on n'a pas assez d'investisseurs qui prennent des risques.
05:07Mais quand même, la France est un des premiers pays européens en capital d'investissement.
05:12Ça, c'est bien.
05:13On a des milliers de professionnels.
05:14Et où est-ce que vous trouvez l'argent, vous ?
05:16On le trouve auprès de grands investisseurs institutionnels publics.
05:19Heureusement qu'ils sont là.
05:20Les pays ?
05:21Le Fonds européen d'investissement, l'ABPI France,
05:23et puis des compagnies d'assurance qui quand même investissent
05:26malgré tout ce qu'on vient de dire, cette préférence pour les produits de taux.
05:31Il y a aussi des familles, des entrepreneurs courageux, familiaux,
05:35qui investissent dans nos fonds.
05:36Et ça suffit pour nous donner une capacité.
05:39On est à peu près à 800 millions d'euros de fonds gérés.
05:43Et on a de nouveaux projets.
05:45Et on va essayer d'accompagner ces belles petites entreprises qui croissent
05:50pour en faire des leaders mondiaux, des champions mondiaux d'origine européenne.
05:55Et bien, Charles Bigbeder, je reste sur cette promesse.
05:57Merci.
05:58Et merci beaucoup d'être venu.
05:59C'est passionnant.
06:00On vous réinvitera.
06:01Merci Sophie.