Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Bonjour Charles Bignon.
00:02Bonjour Sophie, merci.
00:04Patron en question, c'est fait pour vous.
00:06Parce que vous êtes un patron bâtisseur en plus.
00:09Et c'est absolument incroyable.
00:11Vous êtes parti d'une entreprise.
00:12Vous en avez combien aujourd'hui ?
00:14On a fait le compte et on est à 63 reprises.
00:1763 reprises d'entreprise. Combien de salariés ?
00:20A peu près 1200 aujourd'hui.
00:22Alors racontez, parce que ça c'est encore une histoire incroyable.
00:24Vous démarrez études de commerce.
00:27Vous démarrez dans un grand groupe.
00:29Normalement.
00:30Exactement, assez classiquement.
00:32Et finalement, le côté grand groupe m'a un petit peu déboussolé.
00:36Et je me suis dit assez rapidement que si je réduisais la taille des entreprises
00:40dans lesquelles j'allais travailler, j'aurais plus d'importance.
00:42Et j'ai tellement réduit jusqu'à être dans ma propre entreprise.
00:44Ça c'est très amusant.
00:46Mais comment on passe ?
00:47Parce qu'il y a ce passage qui est très intéressant pour les entrepreneurs.
00:49Comment tout d'un coup, vous êtes dans une boîte, vous partez.
00:52Vous dites je vais racheter des entreprises.
00:54D'abord vous avez déjà décidé votre secteur d'activité à ce moment-là.
00:56Non, non, c'est vraiment l'occasion qui s'est présentée.
00:59Un jour on m'a dit là il y a une entreprise de plomberie à revendre.
01:02Et je me suis dit pourquoi pas.
01:04Elle était à la taille de ma bourse, parce que je n'avais pas forcément beaucoup d'argent.
01:07Et j'ai quand même un peu flippé, on va dire.
01:10Et donc j'ai embarqué mon frère qui a fait aussi une école de commerce.
01:12Et qui lui voulait être entrepreneur avec moi dans l'aventure.
01:15Ni l'un ni l'autre, la plomberie...
01:17Ah non, la plomberie on n'y connaissait rien.
01:19Mais on a appris sur le terrain.
01:20Notre père nous a toujours dit que les plombiers gagnent beaucoup d'argent.
01:23C'est un beau métier.
01:24Peut-être pourquoi pas.
01:25Et donc on s'est dit on y va.
01:27Et votre père était entrepreneur ?
01:28Notre père a créé un cabinet d'avocats.
01:30Alors on a des ancêtres entrepreneurs dans le tissu, dans plein de secteurs différents.
01:33Donc peut-être que c'est génétique.
01:35En plus vous avez l'air de très bonne humeur.
01:37Ça a l'air extrêmement facile.
01:38Vous rachetez des entreprises à la pelle.
01:40Je ne sais pas si c'est facile, c'est exaltant en tout cas.
01:42Oui, c'est vrai, c'est exaltant.
01:45Chaque taille d'entreprise est différente.
01:47Chaque palier de la taille de notre aventure est différent.
01:50Et comment vous les croisez ?
01:51Comment vous les achetez ?
01:52Parce qu'il y a 65 entreprises, il faut les trouver.
01:55La première on l'a achetée en 2005.
01:57La deuxième en 2009.
01:58La troisième en 2013.
01:59Donc un démarrage très lent.
02:00Mais il fallait qu'on fasse un peu notre méthode, qu'on fasse notre apprentissage.
02:03Puis après, à force de croiser les réseaux, de croiser les sources,
02:07on a du flux entrant, on va dire, d'un pipe comme ça s'appelle.
02:10Et puis on rencontre des entrepreneurs.
02:11Et notre aventure fait qu'on a séduit, puis on a fait nos preuves.
02:14Et à partir de là, on devient un peu un pôle d'attraction.
02:16Et pourquoi ça marche ?
02:18Ça marche parce qu'on a une bonne méthode, parce qu'on est honnête,
02:20parce qu'on essaye de dire ce qu'on fait et de faire ce qu'on dit.
02:23Et puis je suis entouré des bons collaborateurs avec moi.
02:26Donc on a une super aventure.
02:27Oui, mais il y a forcément quelque chose en plus.
02:29Parce que j'en rachète une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze.
02:33Vous rachetez toutes ces entreprises et vous avez forcément un plus.
02:36Quel est ce plus par rapport aux autres ?
02:38Vous faites du second œuvre ?
02:40On fait du second œuvre, de la rénovation.
02:42Alors on est dans un secteur qui est porteur.
02:43Il y a la rénovation énergétique.
02:44Et puis c'est du service.
02:46Donc à partir du moment où on est bon dans le service, ça se passe bien.
02:48Par ailleurs, en termes de session...
02:50Qu'est-ce que vous appelez ça ?
02:51C'est très intéressant, être bon dans le service.
02:53Parce que moi, j'appelle un plombier.
02:54J'ai le temps d'avoir une inondation complète.
02:56Voilà, c'est ça.
02:57C'est la rapidité.
02:58C'est l'efficacité.
02:59Et c'est parfois en seconde, on mesure ça.
03:01Et on est très, très vigilants.
03:02Parce que nous, avec mon frère, on n'était pas de technicien.
03:05Donc on a été très bon gestionnaire.
03:06C'est ça.
03:07Dès le début, on a mis en place des méthodes qu'on a essayé de dupliquer.
03:10Et en fait, on est riche des méthodes de toutes les entreprises qui sont venues nous rejoindre.
03:13Et on a évacué tout ce qui était un petit peu moins bien.
03:16Et on a gardé que ce qui était bon.
03:17Donc aujourd'hui, on a une vraie méthode qui fait que ça marche bien, effectivement.
03:20Et en fait, c'est un peu le contraire.
03:21Parce qu'on aime beaucoup les artisans.
03:23C'est formidable.
03:24Mais l'artisan justement très spécialisé plomberie qui monte sa boîte,
03:28il est meilleur en plomberie qu'en gestion.
03:30Et donc, il y a aussi quelque chose de très différent.
03:33Vous traitez ça comme de vraies entreprises
03:35et non pas comme de l'artisanat qui vient dépanner.
03:38Exactement.
03:39Nous, on a en centrale une plateforme qui gère tout ce que les artisans n'aiment pas forcément faire.
03:45Et donc, eux, on les laisse quand ils viennent nous rejoindre.
03:47Mais ils sont tous salariés.
03:48Faire leur métier.
03:49Alors, on a des managers qui sont des associés, qui ont des parts de notre aventure.
03:54Mais effectivement, tous nos collaborateurs sont des salariés.
03:56Alors, on a de la sous-traitance pour combler quand il y a des pics d'activité.
04:00Mais la plupart, enfin, 400% de nos collaborateurs sont des salariés.
04:05Très important.
04:07Et vous avez été obligé de les former quand même.
04:11Alors, c'est une filière effectivement de recrutement
04:14puisqu'on sait que dans le bâtiment, c'est un peu tendu d'un point de vue marché du travail.
04:18Et donc, nous, on a décidé d'avoir beaucoup d'apprentis pour pouvoir les former.
04:21Donc, on a même créé une école de formation interne qu'on a appelée Batty School,
04:25dont la devise est apprendre ensemble,
04:27où les plus anciens viennent expliquer aux plus jeunes les gestes techniques.
04:31Et alors, on a l'impression que c'est un métier où on peut avoir sa chance.
04:35Il y a beaucoup d'autodidactes qui viennent vous voir.
04:37Le type, il vient, il a envie de bosser, mais il ne sait pas faire grand-chose.
04:40Est-ce que vous en avez beaucoup ?
04:41Alors, effectivement, dans le bâtiment, on peut commencer en bas.
04:44Et c'est quoi commencer en bas ?
04:45Faire des tâches de manœuvre, par exemple,
04:47et puis progresser, apprendre un métier puisqu'il y a des formations
04:50et que quand on devient bon dans un geste technique,
04:52on va pouvoir apprendre un autre geste technique.
04:54Chez Batty Big, il n'y a pas de plafond.
04:56Chacun peut progresser et un apprenti peut devenir directeur.
04:58Et j'ai déjà plusieurs parcours de la sorte dans mes effectifs.
05:02Et donc, vous avez l'impression d'avoir découvert quelque chose dans ce groupe ?
05:06Je ne sais pas si on a découvert quelque chose,
05:08mais nous, en tout cas, on a fait les choses avec plein de bon sens.
05:13Et finalement, en essayant d'écouter les clients
05:16et en écoutant aussi nos collaborateurs,
05:18on a essayé d'affaire une alchimie qui fait que ça fonctionne.
05:20Et vous avez décidé de rester en France ?
05:22Pour l'instant, oui. Alors, on s'est développé un peu en province,
05:24mais pour l'instant, on a essayé d'aller en Angleterre
05:27parce qu'à un moment, on avait une opportunité,
05:29mais ça ne s'est pas fait parce que la vie des affaires
05:31fait que ça ne marche pas toujours.
05:33Mais on a essayé parce qu'il y avait des choses similaires qui nous intéressaient.
05:36Écoutez, c'est le mot de la fin et je suis sûre que vous allez aller voir ailleurs bientôt.
05:40Sûrement.
05:41Merci infiniment.
05:42Merci beaucoup, Sophie.