• avant-hier
Thomas Ménagé, député RN du Loiret, invité de franceinfo soir, lundi 27 janvier 2024.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonsoir Thomas Ménager. Bonsoir, merci de votre invitation.
00:03Vous êtes député du Loiret, porte-parole du groupe Rassemblement National à l'Assemblée.
00:07Jordan Bardella estime inévitable une dissolution de l'Assemblée, dès que ce sera possible,
00:13donc pas avant juillet. Une nouvelle dissolution, c'est ce que vous souhaitez au RN ?
00:17Oui, je pense que ce sera la seule solution face au blocage que nous connaissons actuellement.
00:22Il y a trois blocs à l'Assemblée Nationale suite à ces désistements, alors que tous
00:27les sondages vraisemblablement donnaient une majorité au RN, que Jordan Bardella aurait
00:31dû être Premier Ministre. Vous vous êtes heurté au Front Républicain ?
00:33Il y a eu ce Front Républicain, où 60% de ceux qui ont participé, notamment à droite
00:37à ce Front Républicain, le regrettent déjà. Donc je pense qu'il va falloir à un moment
00:41qu'il y ait un retour aux urnes, quand il y a une situation de blocage que nous connaissons
00:44actuellement, pour qu'il y ait une majorité claire, pour qu'il y ait un gouvernement
00:49qui puisse définir une politique, un cap, et malheureusement aujourd'hui, c'est impossible.
00:53Mais alors une majorité claire, qui serait en position selon vous d'avoir cette majorité
00:57dans une future dissolution ?
00:58Nous, nous y travaillons bien entendu, le parti, nous sommes en campagne permanente,
01:03nous y travaillons bien entendu sur le fond, sur les idées, sur le travail, sur la préparation
01:07de nos cadres, de nos futurs candidats. Le parti est actuellement en marche pour investir
01:13des candidats pour les futures élections législatives.
01:16Mais il y aurait toujours un Front Républicain ?
01:17Je vous le dis, il y a déjà eu une partie des Français qui se sont laissés un petit
01:21peu avoir par ce prétendu Front Républicain, qui le regrettent, parce qu'ils ont bien
01:26vu que ça avait donné lieu à une situation de blocage, et que M. Mélenchon, M. Philippe,
01:31M. Attal, M. Wauquiez se soient unis indirectement en se désistant contre le RN, d'être contre
01:37le RN, ça ne fait pas une politique, ça ne règle pas les problèmes des Français,
01:40ça ne donne pas des solutions, ce n'est pas un programme politique d'être contre.
01:44Nous, nous sommes pour le RN, pour des solutions pour les Français, et ça, je pense que les
01:48Français sont de plus en plus nombreux à le comprendre.
01:49Pour éviter une dissolution, ce qui n'est pas l'option privilégiée par Emmanuel Macron,
01:54le gouvernement négocie en ce moment avec le Parti Socialiste pour essayer d'obtenir
01:58un accord de non-censure sur le budget, ça vous dérange au RN de ne plus être au centre
02:03du jeu, comme avec Michel Barnier, qui vous avait donné des gages à vous ?
02:07Alors pour le moment, les débats budgétaires n'ont pas vraiment commencé, il y aura
02:10une CMP, une commission mixte parité… Une commission mixte paritaire jeudi pour
02:13finaliser la copie du budget ? Exactement, avec 7 députés, 7 sénateurs,
02:17l'Assemblée Nationale ne va pas réellement être saisie au fond et pouvoir débattre,
02:20donc on attendra de voir ce qu'il en est réellement, si elle est conclusive ou non.
02:23Je vois quand même que le RN reste le premier groupe à réussir à faire infléchir, pas
02:28seulement le RN, mais notamment quand il y a eu cette volonté, ce ballon d'essai
02:32sur la taxation notamment des retraites à 2000 ou 2500 euros.
02:35Je vois même qu'au Sénat, alors que nous avons…
02:37Vous pensez que c'est grâce à vous si ça n'existe pas ?
02:39Aujourd'hui… Il y a eu une levée de bouclier assez généralisée
02:41contre cette idée de la ministre du Travail.
02:43Oui, mais ça a été généralisé, mais ça quand même, aujourd'hui, quand on est
02:46le premier parti de France, 11 millions de Français, et qu'un de nos porte-paroles,
02:50c'était le cas je crois de Sébastien Chenu, le matin, dit que ça sera une ligne rouge
02:53et qu'elle ne doit pas être dépassée, on voit quand même que ça a un poids.
02:56Et même au Sénat, vous savez, on a 3 sénateurs, c'est grâce au travail de Christophe Erzurek
03:01qu'il y a eu un amendement qui a permis la suppression du Haut-Commissariat au plan
03:05et de faire des économies.
03:06On verra si c'est conservé dans la copie finale, Haut-Commissariat au plan.
03:10Rappelons que c'était François Bayrou qui était à la tête du Haut-Commissariat au plan.
03:13Je pense qu'il ne s'y opposera pas.
03:16Ce que je veux dire, c'est que la même petite musique depuis des mois, certains prennent
03:19leur rêve pour des réalités, on ne pourra pas effacer d'un trait de plume 11 millions
03:22de Français et le premier groupe de l'Assemblée nationale.
03:23Ce budget, en tout cas, va sans doute être soumis au 49.3 la semaine prochaine, puisqu'il
03:28n'y a toujours pas de majorité, vous le soulignez en début de cette interview.
03:31Est-ce que le Rassemblement national votera la censure ?
03:34Pour le moment, je ne sais pas sur quel budget.
03:35Nous, ce que nous avons dit, c'est qu'on ne censure pas par plaisir.
03:38On espère ne pas avoir à censurer.
03:40Vous espérez ne pas avoir à censurer ?
03:43Nous, on espère que notre pays ait un budget, qu'il y ait un budget qui soit favorable
03:47aux Français, qui défendent les classes populaires et les classes moyennes, qui défendent
03:50la compétitivité de nos entreprises, qui fassent des économies structurelles.
03:53Par contre, on ne peut pas aujourd'hui rejeter toute censure et se dire qu'on ne censura
03:57pas, parce que ce serait refuser une arme démocratique qui permet de protéger les
04:00Français.
04:01Mais tant qu'on n'a pas le budget, tant qu'on ne sait pas sur quel texte on va voter,
04:04on ne peut pas s'y semer.
04:05Quelles sont vos exigences pour ne pas censurer sur le budget ?
04:07Toujours les mêmes.
04:08C'est-à-dire ne pas aller vers ce que le monde nous propose, c'est-à-dire par exemple
04:107 heures de travail gratuit, c'est-à-dire un impôt déguisé, une taxe déguisée sur
04:15le travail.
04:16Ça, ce serait pour financer la Sécu, c'est inenvisageable pour vous ?
04:18Aujourd'hui, oui, on a toujours été clair, pas de hausse d'impôt et de taxes sur les
04:22classes populaires et les classes moyennes.
04:23Vous savez, quand vous demandez aux gens de travailler gratuitement, c'est un impôt
04:25déguisé, c'est une taxe sur le travail déguisé.
04:27Et ça, ça permet d'économiser 2 milliards d'euros.
04:29Nous, on a des solutions alternatives que l'on espère voir être entendues.
04:342 milliards, ça peut être 1 milliard sur l'aide médicale d'État qui devient l'aide
04:38médicale d'urgence, pour bien entendu qu'il y ait les soins d'urgence.
04:41Pour toutes les économies au Rassemblement National, vous ciblez essentiellement les
04:44dépenses liées à l'immigration, avec ça, vous ne pourrez pas financer toutes les économies
04:50nécessaires ?
04:51Le contre-budget, c'est qu'une petite partie, l'immigration, parce qu'il faudra des réformes
04:57beaucoup plus structurelles et de long terme pour pouvoir obtenir des véritables économies
05:01qui existent sur l'immigration, mais vous avez des aides, par exemple l'aide publique
05:06au développement, que l'on donne à l'Algérie ou à la Chine, alors même que les relations
05:09on les connaît sont difficiles.
05:10Il y a 3 milliards d'économies que nous souhaitons faire sur les agences, toutes ces
05:15agences qui coûtent énormément.
05:16Les opérateurs de l'État ?
05:17Les opérateurs de l'État.
05:183 milliards.
05:19Et là, on commence à voir que l'on a un peu prêché seul dans le désert pendant
05:23certains temps sur les agences et que même le gouvernement…
05:26Les LR, ça fait aussi un petit moment qu'ils sont sur ce sujet-là, ils vont même lancer
05:30une commission d'enquête au Sénat pour faire un petit peu un état des lieux des
05:33différentes dépenses des agences de l'État.
05:35Après avoir été au gouvernement et en avoir créé un certain nombre, on attend
05:38de voir.
05:39Vous savez, Einstein disait que ce n'est pas ceux qui ont créé les problèmes qui
05:41pourront les résoudre.
05:42J'ai du mal à croire que ceux qui ont créé toutes ces agences et qu'ils ont multipliées
05:45ont une vraie volonté de revenir en arrière et de fusionner ces agences, en supprimer
05:49un certain nombre pour faire des économies.
05:51Thomas Ménager, on a un peu de mal à comprendre le positionnement du Rassemblement national
05:55face à François Bayrou.
05:56A la fois vous êtes très sévère dans les mots, mais sans lui garantir la censure, c'est
06:00aussi ce que vous nous dites ce soir.
06:01Est-ce que c'est parce que François Bayrou a promis une banque de la démocratie, d'instaurer
06:06de la proportionnelle aux législatives ou a parrainé Marine Le Pen à la dernière
06:10présidentielle ? Est-ce que c'est pour ça que vous espérez qu'il ait un peu de temps
06:12devant lui ?
06:13Vous savez, on avait eu le même positionnement vis-à-vis de M.
06:16Barnier.
06:17On ne censure pas sur des paroles…
06:18Et à la fin, vous l'avez censuré ?
06:19Parce qu'à la fin, il a voulu taxer les retraités, désindexer les retraites et nous
06:24avions dit très clairement dès le début que c'était une ligne rouge.
06:26Donc, nous ne changeons pas, nous ne sommes pas en soutien à ce gouvernement, mais on
06:31n'est pas comme l'extrême-gauche, notamment la France insoumise, qui veut censurer à
06:35tout prix, peu importe ce qui est proposé.
06:37Si un budget est proposé et va globalement dans le bon sens, même s'il sera imparfait
06:42puisque nous n'avons pas de majorité, ça ne sera pas le budget du Rassemblement National,
06:46dans l'intérêt de la stabilité de notre pays, de son économie, nous, on ne souhaite
06:51pas censurer.
06:52Vous savez, la censure, ce n'est pas un jouet, on ne le fait pas par plaisir, on le fait
06:55que quand on n'a pas d'autre solution pour protéger les Français, notamment face à
06:58un budget qui serait néfaste pour eux.
06:59Nous avons besoin d'une immigration de travail, c'est ce que dit le ministre de l'Economie
07:04au Rassemblement National.
07:05Vous contestez la nécessité d'une immigration de travail dans notre pays ?
07:09Aujourd'hui, il y a 5,5 millions de chômeurs et il y a 500 000 offres d'emploi.
07:13Donc, il n'y a que 10% des chômeurs qui pourraient trouver tout de suite une offre d'emploi.
07:18Donc, avant d'aller vers une immigration de travail, il faudra se poser la question
07:22de l'adéquation entre les personnes qui ne trouvent pas d'emploi et les demandes d'emploi,
07:29les entreprises qui recherchent.
07:30Il y a des secteurs en tension qui galèrent à trouver dans le bâtiment, dans la restauration,
07:36dans l'aide à la personne.
07:37Sans immigration, ces secteurs aujourd'hui ne tourneraient pas.
07:40Premier point, déjà, il y a des questions de salaire, des questions de formation qui
07:43doivent être adaptées.
07:44On avait eu l'exemple dans les années 80 des rippers, des éboueurs de Paris.
07:48Quand il y a eu une augmentation, notamment numéraire, c'est-à-dire du salaire de ces
07:53personnes, il y a eu beaucoup plus de personnes qui ont répondu à ces offres d'emploi.
07:57Donc, il y a le salaire, nous avons des propositions d'augmentation de 10% sans charge, notamment
08:01dans ces secteurs, les salaires, la formation pour donner envie, notamment sur ces métiers,
08:06parce que moi, je ne me satisfais pas de dire qu'on doit faire venir de la main-d'œuvre
08:10étrangère et que ce serait aux étrangers de faire les tâches les plus difficiles
08:13et mal payées dans notre pays.
08:14Je considère que ce n'est pas une vision très humaniste de vouloir faire travailler
08:17des étrangers, mal payés, payés au lance-pierre et faire tout ce que les Français, qui eux,
08:22parfois, n'arrivent pas à trouver de travail, devraient faire.
08:25Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, a adressé une circulaire, je dis, au préfet
08:30pour durcir les conditions de régularisation.
08:34Est-ce que ça, c'est une position du ministre de l'Intérieur que vous soutenez au RN ?
08:39Juste pour revenir à ce que vous venez de dire, et je répondrai, on se demande aussi
08:43où va ce gouvernement.
08:44Est-ce que c'est la ligne de M.
08:45Lombard qui est majoritaire, qui veut plus d'immigration et d'immigration de travail
08:48et faire venir plus de monde, ou celle de M.
08:50Retailleau qui semble dire qu'il voudrait restreindre ? Concernant cette circulaire,
08:54vous savez, elle augmente un petit peu les critères de deux ans.
08:56Nous, on n'est pas pour la politique du pire.
08:58C'est de 5 à 7 ans pour pouvoir avoir des papiers.
09:01Voilà, donc c'est une petite évolution, mais ça montre, et donc on y est favorable.
09:05Ah, vous y êtes favorable ? Parce qu'au RN, c'est un peu compliqué de savoir quelle
09:09est la ligne, puisque un de vos collègues, Laurent Jacobelli, il y a quelques jours a
09:12dit que Bruno Retailleau est un faux dur et qu'en gros, cette circulaire, ce n'était
09:15pas du tout une solution.
09:16Mais un de vos députés européens, Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex, dit que
09:21cette circulaire va dans le bon sens.
09:23Vous critiquez la ligne du gouvernement un peu fou, mais le RN…
09:26Non, c'est très clair.
09:27C'est vrai que les Français comprennent que ça peut être une petite évolution,
09:30un petit pas.
09:31Mais dans tous les cas, nous, nous souhaitons totalement mettre fin à cette possibilité
09:35de régularisation.
09:36Parce que…
09:37Zéro régularisation avec le RN, c'est très mal.
09:39Mais normalement, avec les Républicains aussi.
09:40Dès lors que vous êtes pour le délit de séjour irrégulier, c'est-à-dire que vous
09:43considérez que quelqu'un qui rentre illégalement en France est en situation délictuelle…
09:46Il n'y a pas de délit de séjour irrégulier aujourd'hui en France depuis François Hollande.
09:50Exactement.
09:51Mais Monsieur Retailleau le souhaite.
09:52Donc il devrait être contre toute régularisation.
09:54Vous ne pouvez pas dire que vous êtes en situation délictuelle et après donner une
09:56prime à la clandestinité et donc régulariser.
09:58Et c'est aussi profondément injuste.
10:00Pourquoi ? Parce qu'il y a des étrangers qui vont demander un titre de séjour, qui
10:03vont frapper à la porte et dire à la France « est-ce que je peux venir pour travailler,
10:07pour étudier ? ». Et ces personnes-là seraient traitées de la même manière que ceux qui
10:10sont rentrés illégalement en bafouant nos frontières, en ne respectant pas les règles.
10:15Et donc c'est la raison pour laquelle c'est même une question de justice, pour défendre
10:18les Français, mais aussi vis-à-vis des étrangers qui sont en situation régulière.
10:21Et là il y a une vraie contradiction.
10:22Où est Monsieur Retailleau ? Est-ce que même si ça améliore un petit peu la situation,
10:26est-ce qu'il veut totalement supprimer l'irrégularisation et remettre un délit
10:30de séjour régulier ? Ou est-ce qu'il veut au final continuer cet appel d'air et cette
10:33prime à la clandestinité ?
10:34Sur ces histoires de régularisation, fin 2023, le Rassemblement national avait voté
10:38à l'Assemblée la loi immigration présentée à l'époque par Gérald Darmanin qui prévoyait
10:42des régularisations.
10:43C'était en fait un cadre plus contraignant de la circulaire basse.
10:47Oui mais ça prévoyait des régularisations.
10:48Mais c'était toujours une petite amélioration.
10:50Si on n'est pas dans la politique du pire, dès lors qu'on n'est pas encore majoritaire
10:52et en capacité de mettre d'autres programmes, si on nous dit « c'est un petit peu mieux
10:55pour les Français », eh bien on prend pour les Français.
10:57C'est pareil sur le pouvoir d'achat, toute petite amélioration, on essaie de l'obtenir
11:00pour les Français.
11:01Après, nous on souhaite aller beaucoup plus loin.
11:02Et Monsieur Retailleau, il aurait eu la possibilité, avec cette loi, de donner une circulaire pour
11:07dire « on stoppe les régularisations ». S'il ne le fait pas, c'est qu'il ne veut pas le faire.
11:10Thomas Ménager, Jordan Bardella réclame la suspension du Green Deal, le pacte vert européen
11:15qui vise à atteindre la neutralité carbone en 2050 dans l'Union Européenne.
11:19Est-ce que ça veut dire que la préservation de la planète, ce n'est pas du tout dans
11:21les priorités du Rassemblement National ?
11:23Non, parce que ce n'est pas du tout l'objet.
11:25C'est qu'il y a une contradiction aujourd'hui entre ces engagements européens.
11:29Et ce n'est même pas nous qui le disons, pour une fois, c'est même les ministres.
11:31Trois ministres aujourd'hui ont appelé la Commission à revenir sur le Green Deal, notamment
11:34à l'interdiction des véhicules thermiques.
11:36En 2035, des véhicules thermiques neufs.
11:38Les véhicules thermiques neufs, parce qu'on se rend bien compte que l'on va tuer notre
11:41économie et pas régler le problème du climat.
11:43Le problème du climat, 50% des gaz à effet de serre, c'est les importations, c'est mettre
11:46fin aux accords de libre-échange, c'est d'avoir une vraie politique localiste et ce n'est
11:49pas avec ces textes qu'ils vont tuer notre économie et laisser l'économie chinoise
11:54ou l'économie américaine prospérer.
11:55Merci Thomas Ménager.
11:56Merci à vous.

Recommandations