Budget : Eric Coquerel appelle les députés socialistes à ne pas respecter la consigne de non censure, sans quoi le divorce sera acté. Le député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, président de la Commission des Finances, est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 février 2025.
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00:007h42, l'heure de l'invité d'RTL Matin et Thomas, vous recevez donc aujourd'hui Eric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances à l'Assemblée Nationale.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL Coquerel. Vaut-il mieux être un traître ou un irresponsable dans la vie ?
00:17Ha ha, très bonne question. Ni l'un ni l'autre.
00:20C'est une question qui vient un peu de votre camp puisque au sein même du NFP, on entend des voix socialistes pour dire
00:25que ceux qui votent la censure sont irresponsables, quand d'autres voix, votre collègue Hugo Bernalicis, traite les socialistes qui ne vont pas voter la censure de traîtres par exemple.
00:33Alors prenons les deux formules. Non, ceux qui votent la censure n'ont rien d'irresponsable.
00:39Ceux qui sont irresponsables, c'est ceux qui laissent une politique qui est mauvaise pour le pays continuer à sévir à minimum pendant un an.
00:46Parce que s'il n'y a pas de censure, c'est l'assurance que le gouvernement Bérou va continuer à appliquer sa politique.
00:50Et je pense que son budget est mauvais pour le pays. On y reviendra peut-être.
00:54Et je ne sais pas si le terme traître... J'ai bien compris que...
00:58C'est bien de chez vous.
00:59Oui d'accord, mais de fait, quand quelqu'un ne tient pas ses engagements devant les électeurs, il trahit ses engagements.
01:05Je vous rappelle qu'on a été élus sur un programme, ça paraît peut-être anodin, mais pour nous c'est ça qui est important dans une élection.
01:11Et le programme, dans les premières lignes, explique que nous sommes les opposants farouches du macronisme.
01:17Donc ce n'est pas pour permettre finalement qu'un budget totalement macroniste, de politique d'offres et de compétitivité, on en prend ce qu'on veut, mais c'est cela, continue à se perpétuer.
01:25Donc les socialistes, en ne votant pas la censure, qui est la seule manière de s'opposer au budget dans le cadre d'un 49-3, de facto, ils ne sont plus dans l'opposition.
01:35Ils ont trahi le nouveau gouvernement.
01:36Ils ne sont plus dans l'opposition, ils sont dans un soutien sans participation au gouvernement, et donc c'est une forme de trahison vis-à-vis de l'ENFP.
01:43Au moment où on se parle, Thomas Soto, là on est mardi, demain c'est mercredi, c'est demain la censure.
01:49Moi j'appelle mes collègues socialistes à rompre les rangs, à ne pas obéir aux directives de leur parti, parce que c'est eux qui ont des mandats.
01:56Bien évidemment, et d'ailleurs certains l'avaient fait, et je sais que certains ne comprennent pas la décision qui est prise,
02:02donc moi pour l'instant j'en suis à donner les arguments, notamment sur la question de l'irresponsabilité, je vais y venir,
02:08pour dire aux socialistes, n'écoutez pas les directives d'un parti qui vous mène dans le mur, qui en réalité les ramène aux années hollandes,
02:15qui a fini avec un peu moins de 2% aux présidentielles, pas lui, mais sa candidate qui suivait.
02:21Donc voilà, c'est un peu la consigne.
02:23Je ne dis pas irresponsable, parce que, qu'est-ce que dit le gouvernement ? Est-ce qu'il reprend le parti socialiste ?
02:28C'est l'idée de dire, il vaut mieux un mauvais budget que pas de budget du tout.
02:31Il y a un budget en ce moment.
02:32C'est pas complètement faux aussi.
02:33Non, il y a un budget en ce moment, ça s'appelle la loi spéciale.
02:35Un budget à minima, qui gèle 75% des crédits.
02:38Non, il est à minima, parce que le gouvernement a décidé pour faire pression qu'il était à minima.
02:42Alors je m'explique, juste c'est un tout petit peu compliqué.
02:44Bon, on va faire simple.
02:45Oui, on va faire simple, mais je veux dire, je vais prendre une minute pour vous l'expliquer.
02:48Quand, au moment où on a voté la première censure de Barney, rappelez-vous, Michel Barney disait,
02:52« Ah, si vous votez la censure, les fonctionnaires ne seront plus payés. »
02:56Et madame Bandzièque, « Il n'y aura plus de carte vitale. » Vous avez vu que c'était faux.
02:58Et bien, c'est un peu la même chose, c'est-à-dire qu'on a décidé...
03:02Voilà, on a décidé d'utiliser la loi ordinaire, la loi spéciale, par exemple,
03:06qui reproduit le budget 2024 de la manière la plus restrictive possible,
03:10alors que rien n'obligeait à cela.
03:13Par exemple, on a estimé que les subventions, on les coupait.
03:16Le pass culture...
03:18Oui, regardez la ligne du courrier Picard, « Il n'y a plus d'argent pour les services publics. »
03:21Voilà, les services publics. Mais c'est une décision, bien sûr.
03:23Oui, mais c'est la réalité.
03:24Non, c'est la réalité, c'est que c'est le gouvernement qui a donné sa version de la loi spéciale de cette manière-là.
03:29Dans la loi spéciale, on dit ce qui est indispensable.
03:31Les services civiques, ce n'est pas indispensable.
03:33Le pass culture, ce n'est pas indispensable.
03:35Donc, il a décidé de le faire. Pourquoi il a décidé de le faire ?
03:37Parce que ça lui permettait, quelque part, de mettre une pression sur la suite.
03:40De la même manière, c'est lui qui a décidé de dire « On ne libère que 25% des crédits. »
03:45En disant « Ah, mais ça permet à l'Assemblée de décider ensuite. »
03:49Mais je suppose que l'Assemblée ne va pas décider qu'on baisse les crédits de la France de 25%, de 75%.
03:54Vous savez que sans budget, il y a beaucoup de Français modestes qui ont tombé dans l'impôt sur le revenu.
03:57Donc, je vous réponds à tout.
03:59Non, vous avez vu, j'ai une réponse à tout, ça va être parfait.
04:01Concrètement, la loi spéciale, si jamais elle se continuait, il suffit de mettre d'autres circulaires
04:06qui en finissent avec cet aspect restrictif et finalement punitif.
04:09En gros, ce que dit le gouvernement, vous avez voté la censure.
04:12Français, vous avez voté pour des opposants qui votent la censure, on va vous punir.
04:16Deuxièmement...
04:17Sauf que la loi spéciale a été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée.
04:20La loi spéciale a été adoptée à l'unanimité, mais ce n'est pas...
04:22On les dira à l'époque qu'elles ne voulaient pas celle-là.
04:23Non, la loi spéciale a été votée à l'unanimité,
04:25mais rien ne dit dans la loi spéciale que vous allez appliquer des circulaires
04:28qui mettent une vision très restrictive de cette loi,
04:31dont des nouvelles circulaires peuvent produire les choses
04:34et libérer un peu les cordons, en tout cas des finances, pour payer.
04:38Sur la question de l'impôt sur le revenu, il y a une chose facile.
04:40On l'avait proposé à Charles de Courson, à François Bayrou, dès décembre.
04:45On avait dit, voilà, il est possible de faire ce qu'on appelle des DOF,
04:48je vous passe les détails, c'est une loi qui permet de mettre certaines mesures fiscales.
04:52Donc, par exemple, l'histoire de l'indexation de l'impôt sur le revenu sur l'inflation.
04:57C'est ça qui fait que le nombre français serait tombé...
05:00Pourquoi a-t-il refusé ?
05:02Parce que ça lui permettait là aussi d'avoir un chantage par rapport au budget.
05:06Donc nous redisons la même chose avec Charles de Courson.
05:08Si ce budget ne passait pas qu'il était censuré,
05:11on peut demain permettre que cette loi soit examinée à l'Assemblée et au Sénat
05:15et en quel jour elle passe.
05:16Donc arrêtons avec ce chantage, c'est du sabotage en fait.
05:19Vous êtes légaliste à la désobéissance, à voter la censure demain.
05:22Est-ce que vous appelez également les députés du RN à voter la censure ?
05:25Bien sûr, j'aimerais tous les opposants.
05:27Très clairement.
05:28Par respect devant les électeurs et par rapport à ce sur quoi ils se sont engagés.
05:32Moi, mon objectif aujourd'hui, c'est que ce budget ne passe pas
05:34parce qu'il n'est pas bon pour le pays.
05:35Il est récessif, il organise...
05:37Par rapport au budget Barnier, il baisse les dépenses publiques encore de 6 milliards de plus.
05:41Ça va sabrer, par exemple, le budget du ministère de l'Écologie
05:44de 2,6 milliards par rapport à 2024.
05:46Alors même que chacun sait qu'on a besoin d'investissement en matière écologique.
05:50Et je pourrais comme ça vous aigréder des ministères essentiels.
05:53Par exemple, le logement, moins 1,5 milliard.
05:55Est-ce que...
05:56Donc il n'est pas bon, il est récessif et donc il ne doit pas passer.
05:59Et tous les opposants qui sont logiques avec eux-mêmes
06:01et leur engagement devant leurs électeurs doivent le censurer.
06:04Il y a quelques mois, après législative, vous avez réclamé Matignon pour Lucie Casté
06:07en argant de votre force, la force du groupe NFP.
06:10Est-ce qu'aujourd'hui, vous dites, le PS n'est plus dans le nouveau front populaire ?
06:14Est-ce que cette fois, c'est ferme et définie ?
06:16Est-ce que c'est un peu fait dos chez vous ?
06:17C'est oui, c'est non, les porte-cloches ?
06:18Non, je vous réponds.
06:19Le groupe socialiste n'a pas encore rattrapé les erreurs de son parti.
06:22Donc on va attendre demain.
06:24Si demain, il se confirmait que les socialistes, ou l'ensemble des socialistes,
06:28parce qu'il suffit qu'il y en ait un...
06:30Si le Rassemblement National vote, comme je l'espère, la censure...
06:33Ils ne sont pas prononcés encore.
06:34Non, d'accord, mais je l'espère.
06:36Je le dis clairement, j'espère qu'ils vont voter la censure.
06:38Donc, il y a 25, il suffit de 25, 27, 28 socialistes qui la votent.
06:42On sait qu'il y en a une grande part d'entre eux qui hésitent.
06:45Bon, si ce n'est pas le cas, si ce n'est pas ce qui se passe,
06:47de facto, ils sont dans la majorité, ils sont dans le soutien gouvernement.
06:50Non, ce n'est pas ce qu'ils disent.
06:51Non, mais eux, ils ne disent pas ça.
06:53Ils disent qu'il faut un budget à la France.
06:54Bien sûr.
06:55Mais on fera d'ailleurs une motion de censure par le 49-2.
06:57Bien sûr.
06:58Mais oui, mais ça, vous savez...
06:59Attends, attends, attends, arrêtez-vous là.
07:00Pour montrer qu'on n'est pas d'accord.
07:01Arrêtez.
07:02Ça, c'est une arnaque.
07:03C'est de l'enfumage ?
07:04Mais oui.
07:05Parce qu'un 49-2, sur la question de la submersion utilisée par François Birault,
07:10vous pensez que le Rassemblement National va voter cette motion de censure ?
07:13Ils savent très bien qu'elles ne passeront pas.
07:16Ils savent très bien qu'elles ne passeront pas.
07:17Vous êtes allié objectif avec le Rassemblement National ?
07:18Vous avez besoin d'eux ?
07:19Ce n'est pas la question d'allier.
07:20C'est que nous, sur nos bases, on appelle, sur nos bases,
07:23on appelle tous les opposants à respecter leur engagement
07:27et à censurer ce gouvernement pour que ce budget ne passe pas.
07:30Est-ce que le nouveau Front Populaire sera mort demain soir si les socialistes ne votent pas la censure ?
07:35Est-ce que le NFP sera mort demain soir si les socialistes ne votent pas la censure ?
07:39Non, les socialistes ne seront plus dans le NFP.
07:41Mais c'est la fin !
07:42Parce que je vous rappelle que les filles, les communistes, les écologistes, sont ensemble
07:46et que les socialistes, que je sache, avant d'avoir rejoint le cadre unitaire
07:51qu'on a proposé, NUPES puis NFP, sur une base de rupture,
07:54sur leur base, lors des dernières élections, c'est 1,90, c'est ça, Madame Hidalgo.
08:00Donc, le fait que le NFP ne soit plus, le particulier ne soit plus dans le NFP...
08:04Il sera définitivement dehors, c'est un...
08:07Comment voulez-vous ? Le NFP, c'est quoi ?
08:09C'est une alliance, dès le premier tour, aux élections, sur la base d'un programme de rupture.
08:13Si les gens, au bout de deux ans, ne tiennent pas leur engagement devant leurs électeurs,
08:17est-ce que vous pensez que moi, je vais aller soutenir un député socialiste
08:21en sachant qu'au bout de deux ans, il déchirera le papier et qu'il soutiendra...
08:26Vous ne viendrez pas, vous, ou Manuel Bompard, ou Jacques Mélenchon,
08:30dans six mois ou dans un an, dire, oui, mais là, c'est les municipales,
08:33donc on va s'allier, parce que les municipales, ce n'est pas pareil,
08:35on va faire des listes communes. Ce sera non.
08:37En plus, vu le nombre de socialistes, moi, je regarde, par exemple,
08:40en Seine-Saint-Denis, pas tous, mais qui appliquent des politiques de droite
08:43au niveau de leur mairie, ce sera encore plus facile de ne pas dire ça.
08:45Donc, c'est une rupture définitive ?
08:47En tout cas, vis-à-vis de ce que nous voulons, c'est-à-dire imposer un gouvernement
08:51qui impose une majorité, qui applique une politique de rupture.
08:56Il est évident que, si demain, les socialistes permettent aux macronistes
09:00de se perpétuer pendant un an, je ne vois pas, au premier tour
09:03de prochaines élections, avec eux, quelle qu'elle soit.
09:05Donc, ce sera une rupture définitive ?
09:07Ce sera une rupture avec, en tout cas, tous les socialistes
09:10qui ne voteront pas la censure, oui.
09:11Merci beaucoup, Éric Coquerel, d'être venu ce matin sur RTL.