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00:00France Info Soir, l'invité, Aurélie Herbemont.
00:06Bonsoir Agnès Pagnat-Runacher.
00:08Bonsoir Aurélie Herbemont.
00:10Vous êtes la ministre de la transition écologique, le Sénat vient de voter le budget.
00:14Est-ce que vous êtes à l'aise avec un budget de l'écologie revu à la baisse ?
00:18Je suis comme tous mes collègues avec un budget qui doit effectivement faire face à une réalité,
00:24qui est la motion de censure.
00:26Et la motion de censure sur un budget comme celui de la transition écologique,
00:30qui a essentiellement des dépenses qu'on appelle discrétionnaires,
00:33des dépenses d'intervention, des dépenses d'investissement,
00:36c'est zéro tant qu'on n'a pas de budget.
00:38Ça veut dire que le mois de janvier, c'est zéro.
00:40Ça veut dire que si je n'ai pas de budget en février, c'est zéro.
00:43Et ça on le retrouve dans le budget, c'est le coût de la censure.
00:47Ce coût de la censure, c'est le coût de l'irresponsabilité de nos oppositions.
00:51Et je veux le dire très clairement ici, ce sont les Français qui le payeront.
00:54Mais tout n'est pas dû à la censure, Agnès Pannier-Runacher.
00:57Dans le budget qui avait été prévu à la base par Michel Barnier,
01:00le budget de l'écologie baissait déjà.
01:03Oui, mais au contraire. Je m'étais battue et j'avais obtenu de vrais progrès.
01:071,6 milliard d'euros sur la décarbonation de l'industrie.
01:10J'avais obtenu de remettre le fonds chaleur à un niveau historiquement élevé,
01:15parce que c'est un dispositif qui permet de baisser la facture de Français
01:19et de baisser les émissions de gaz à effet de serre.
01:22J'avais obtenu qu'on augmente de 30%, 30% le fonds Barnier.
01:26Donc c'était une copie, il était tout à fait acceptable avec ses avancées.
01:31Aujourd'hui ça n'est pas à la hauteur le budget.
01:33Là effectivement, avec ces coupes qui sont liées à la censure...
01:38Vous avez rajouté effectivement 575 millions de coupes sur le budget de l'écologie ces derniers jours.
01:44Au total pour l'année 2025, c'est quasiment 1 milliard de mois pour l'écologie.
01:481 milliard de mois.
01:50C'est un montant important.
01:52Et c'est pour ça que je dis qu'on paye le coût de décision qui ont mené à la censure.
01:57Pas de budget, pas de dépense d'intervention.
02:00Moi je n'ai pas de coût de fonctionnement.
02:02Le nombre de fonctionnaires qui travaillent au ministère de l'écologie est relativement modeste
02:06par rapport à l'éducation nationale, au ministère de l'Intérieur.
02:10Et donc toutes les coupes, elles vont sur des dépenses d'investissement.
02:14Sur la biodiversité, sur les bonus pour les voitures électriques.
02:18Est-ce que c'est bien raisonnable à un moment où on voit entre juillet et septembre dernier
02:22nos émissions de gaz à effet de serre ont augmenté ?
02:26Alors Aurélie Herbemont, je veux quand même dire une chose très précise.
02:29Ce gouvernement et les gouvernements précédents, depuis 7 ans, ont rattrapé le retard
02:35qui avait été accumulé par le gouvernement Hollande en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre.
02:40Mais il y a eu une remontée pendant un trimestre l'an dernier.
02:43Pendant un trimestre, mais aujourd'hui nous respectons notre budget carbone.
02:46Beaucoup de gouvernements peuvent le revendiquer.
02:48Mais effectivement, il est temps de redresser la barre.
02:51Et il est absolument urgent d'avoir un budget rapidement.
02:54Par ailleurs, moi je travaille avec Éric Lombard, le ministre de l'Économie, à améliorer la copie.
03:02Et je le dis aux différents partis qui veulent travailler à améliorer la copie.
03:10Notre porte est ouverte et notre main est tendue.
03:13Les écologistes notamment, il y a déjà eu des discussions entre les écologistes et le gouvernement pour le budget.
03:20Sauf qu'à la fin, les écologistes ont déjà censuré la semaine dernière.
03:24Menace à nouveau de censurer.
03:26Qu'est-ce qui ne marche pas dans vos discussions avec les écologistes ?
03:29Aujourd'hui nous allons travailler.
03:31Moi j'ai eu des contacts encore aujourd'hui avec différents représentants des VER.
03:37Il nous faut une réunion de travail.
03:39Je pense qu'avec Éric Lombard, encore une fois, nous avons des propositions pour améliorer la copie.
03:44Les écologistes réclamaient 7 milliards d'euros de mesures pour l'écologie.
03:47Ça vous ne pouviez pas leur accorder ?
03:49Dans le contexte des finances dans lequel nous sommes, il est difficile de trouver 7 milliards d'euros comme cela.
03:56Mais surtout, encore une fois, et je le redis, le coût de la censure impacte ce budget.
04:01C'est-à-dire que tant que je n'ai pas de budget, je ne peux pas démarrer l'année.
04:04Je ne peux pas soutenir des projets de décarbonation.
04:07Je ne peux pas accompagner les Français qui veulent faire leur rénovation thermique.
04:11C'est la réalité de la censure.
04:13Quand vous entendez la patronne des écologistes, Marine Tondelier, laisser place à sa colère sur tous ces sujets qui se retrouvent rabotés,
04:21vous ne vous dites pas qu'elle a un peu raison, dans le fond, pour l'écologie ?
04:24Je lui dis surtout qu'il est important de venir à la table de négociation
04:29et de trouver ensemble les voies et moyens pour renforcer notre action en matière d'écologie.
04:34Il n'y a pas que le budget qui permet de financer l'écologie dans notre pays.
04:38Je pense que c'est important de le dire.
04:40Nous avons différents systèmes financiers, les certificats d'économie d'énergie,
04:43les investissements que porte la Caisse des dépôts, d'autres, je ne vais pas rentrer dans le détail technique.
04:49Cela représente plusieurs milliards d'euros.
04:52Et donc, avec Éric Lombard, nous nous sommes prêts à travailler pour améliorer la COPI.
04:57Et encore une fois, nous avons des discussions avec les Verts,
05:02et deux bonnes fois, nous avons, et c'est mon souhait évidemment le plus cher,
05:06d'avoir une COPI qui soit à la hauteur de l'enjeu écologique et de la lutte contre le dérèglement climatique.
05:12Vous partagez en tout cas la préoccupation avec les écologistes.
05:14Je partage la préoccupation, mais moi je cherche des moyens et des solutions,
05:18et je tiens compte de la réalité de nos finances,
05:21et je suis responsable par rapport à ce qui s'est passé ces derniers jours,
05:24notamment avec la motion de censure.
05:26Les socialistes n'ont pas voté la motion de censure la semaine dernière contre François Bayrou,
05:31mais sur le budget, ils menacent de censurer,
05:33parce qu'ils déplorent des coups drabeaux dans le sport, la culture, la jeunesse.
05:37Est-ce qu'il faut vous plier à toutes les demandes du PS au nom de la stabilité politique ?
05:41Il faut aussi être responsable d'un point de vue financier,
05:45parce que ce que nous savons tous, c'est que si notre budget est trop déséquilibré,
05:52ça sera à nouveau les financiers qui en tireront les marrons du feu,
05:57puisque notre taux d'intérêt augmentera,
05:59et donc on dépensera encore plus en taux d'intérêt pour financer notre dette,
06:04et donc encore moins pour nos politiques publiques.
06:07Mais si vous êtes à nouveau censuré, ça sera encore pire ?
06:11Mais je pense qu'aujourd'hui, il est contre...
06:16Vous savez, j'ai été élue dans le Pas-de-Calais,
06:20et je fais en ce moment les cérémonies de vœux des maires.
06:24Il n'y a pas un maire sur le territoire, quelle que soit sa couleur,
06:27de gauche, de droite, qui ne me dise pas
06:30« Écoutez, c'est bien gentil ce que vous faites à Paris,
06:32mais maintenant, nous on a besoin d'un budget, nous on a besoin de visibilité. »
06:36Et je pense que ceux qui s'opposeraient au vote d'un budget aujourd'hui,
06:40même s'il n'est pas parfait, prennent de gros risques politiques.
06:43Les Français veulent de la stabilité, les élus veulent un budget,
06:48et les entreprises veulent pouvoir travailler.
06:51Agnès Pannier-Munacher, l'Office français de la biodiversité a été ciblé hier,
06:55dans l'Aude et le Loiret, notamment avec des tags de la part des dealers.
06:59Alors ça fait suite au propos d'un agent de l'OFB qui avait comparé
07:03les agriculteurs à des dealers qui ne veulent plus voir les policiers dans les cités.
07:07Comment faire descendre la tension ?
07:09D'abord, je veux dire que je condamne avec la plus grande fermeté
07:12les dégradations et les menaces dont font l'objet ces agents
07:16qui ont une mission de service public.
07:19Ils ont notamment une mission de police, comme les gendarmes peuvent en avoir,
07:23comme les policiers, comme les inspecteurs de la répression des fraudes.
07:28Et ils exercent une police importante, c'est la police de l'eau,
07:31la qualité de l'eau, la qualité de l'eau que nous buvons toutes et tous.
07:35Et je vais leur dire tout mon soutien à ces agents de l'Office français de la biodiversité.
07:40C'est la position de tout le gouvernement, parce qu'on se souvient que le Premier ministre,
07:43dans sa déclaration de politique générale, avait qualifié d'humiliation et de faute
07:48certaines inspections de l'Office de la biodiversité dans des fermes.
07:52Je crois que c'est une position qui aujourd'hui est effectivement commune.
07:56Vous savez que les équipes du Premier ministre recevront demain
08:01et le directeur de l'Office français de la biodiversité et les organisations syndicales.
08:06Et évidemment, le Premier ministre est très attaché à l'action des fonctionnaires et à leur travail.
08:12Ça vous avait choqué ces mots ? On parlait d'humiliation, de faute de la part de certains agents de l'OFB ?
08:17Moi ce que je veux dire ici c'est qu'il faut remettre de la sérénité dans le débat.
08:22On est en train d'opposer les agriculteurs et les agents de l'OFB
08:26alors que le sujet c'est comment on mène des contrôles sur le terrain.
08:30Et ce n'est pas aux agents qui appliquent la loi d'être redevables si la loi est mal écrite.
08:36Donc il faut peut-être changer la loi ?
08:38Effectivement, ou la réglementation.
08:41En l'occurrence avec ma collègue Annie Gennevard, ministre de l'Agriculture, on a travaillé à cela.
08:47On a co-écrit une circulaire justement permettant de préciser les conditions du contrôle unique,
08:54d'améliorer la qualité de ces contrôles.
08:58Et il y a une chose très simple qu'on a dans un projet de loi qui va bientôt être examiné au Sénat.
09:04C'est de, à l'Assemblée Nationale pardon, qui s'appelle le projet de loi d'orientation agricole.
09:09C'est d'avoir une approche proportionnée des infractions et des pêtes.
09:14Pour le dire très simplement, lorsque vous constatez une infraction dans une exploitation agricole,
09:20vous n'êtes pas obligé de passer par la case garde à vue et par la case gendarmerie.
09:26Lorsque vous garez mal votre voiture, on ne vous met pas en garde à vue.
09:29On vous donne une sanction administrative, on vous donne une amende.
09:32Il y a la possibilité d'avoir des peines qui soient proportionnées à la réalité des infractions qui sont constatées sur le terrain.
09:40De même à éviter cette période de mise en cause individuelle de certains exploitants qui finissent par des non-lieux.
09:49Ça engorge nos tribunaux, ça finit par des non-lieux et ce n'est évidemment pas bien vécu du tout.
09:55Et on peut le comprendre par les agriculteurs.
09:58Donald Trump est de retour à la maison blanche et une de ses premières décisions, ça a été de sortir de l'accord de Paris sur le climat.
10:04Quelles conséquences ça va avoir ?
10:06Je veux le dire, ici la présidente de la Commission européenne a été très claire.
10:12Il n'est pas question, ni pour l'Union européenne, ni pour la France évidemment,
10:17de changer de braquet sur la lutte contre le dérèglement climatique.
10:22Mais ça a du sens quand des plus gros pollueurs ne respectent pas ces accords ?
10:26Bien sûr que ça a du sens.
10:27Ça a du sens parce que nous réussissons à baisser nos émissions de gaz à effet de serre.
10:31Peut-être que nos auditeurs ne l'ont pas en tête, mais l'Europe a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 37% depuis 1990.
10:39Il se trouve que dans la même période elle a augmenté son produit intérieur brut, donc sa richesse de 70%.
10:46Donc il n'y a pas d'opposition entre écologie et économie.
10:50Bien sûr qu'il y a un chemin et par ailleurs il faut aussi remettre les choses en place.
10:55Les Etats-Unis ont baissé leurs émissions de gaz à effet de serre depuis 2005, de 20%.
10:59C'est leur date de référence.
11:00La Chine atteint un pic d'émissions et va démarrer...
11:03Et là Donald Trump veut forer, forer, forer...
11:05Je vais jusqu'au bout.
11:06La Chine est en train de commencer à baisser ses émissions de gaz à effet de serre.
11:10Et nous allons travailler avec les Etats fédérés des Etats-Unis,
11:14parce que Donald Trump est le président d'un Etat fédéral, il y a des Etats fédérés.
11:19Il y a des Etats qui peuvent faire des choses.
11:20Il y en a 24 qui ont d'ores et déjà dit qu'ils respecteraient les accords de Paris.
11:24Et bien entendu on continuera à travailler avec eux et à porter cette ambition.
11:29C'est une question de protection des Françaises et des Français.
11:31C'est une question de protection internationale et de lutte contre les grandes migrations internationales
11:38que pourrait susciter notamment le dérèglement climatique.
11:40Merci Agnès Pagnard-Ulacher.
11:42Et merci Aurélie Herbemont.
11:43On se retrouve à 20h pour les informer.