• il y a 11 heures
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00Quasiment 19 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Mathieu Bocoté, cher Mathieu, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Bonsoir Arthur de Vatrigan, ravi de vous retrouver.
00:09Le point sur l'information d'abord, c'est avec Isabelle Piboulot. Bonsoir Isabelle.
00:13Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:15Deux tramways entrent en collision cet après-midi dans le tunnel sous la gare de Strasbourg.
00:19Un accident rarissime qui a fait une cinquantaine de blessés selon les pompiers.
00:24Certains sont en état de choc.
00:26Une rame de tramway à l'arrêt s'est mise à reculer, à prendre de la vitesse,
00:30puis à percuter frontalement une autre rame qui attendait à la gare centrale.
00:34Par chance, les deux conducteurs n'ont pas été blessés.
00:37Mayotte placée en alerte cyclonique rouge à partir de 22h, heure locale.
00:42Un coup dur pour l'archipel, pas encore relevé du cyclone Chido.
00:45La tempête tropicale d'Ikeledi approche et est annoncée très pluvieuse.
00:50Conséquence, interdiction de se déplacer pour les Mahorais.
00:53Les pompiers appelaient à se mettre à l'abri.
00:56Toutes les communes ont ouvert des centres d'accueil d'urgence.
00:59Enfin, le bilan des incendies en Californie s'est alourdi.
01:02Au moins 11 morts sont à déplorer.
01:05Les vents qui attisent les flammes ont commencé à affaiblir hier,
01:08mais les dégâts sont impressionnants.
01:10Depuis mardi, plus de 10 000 bâtiments ont été détruits
01:13et plus de 14 000 hectares sont partis en fumée.
01:16Ces incendies pourraient être les plus coûteux jamais enregistrés,
01:20avec une perte estimée entre 135 et 150 milliards de dollars.
01:26A la une de face à Mathieu Bocoté.
01:29Retour sur une semaine symbolique entre les commémorations
01:32disant après les attentats de Charlie Hebdo, la mort de Jean-Marie Le Pen,
01:35Elon Musk, ciblé par une partie de la classe politique et médiatique européenne.
01:39Certains brandissant même la menace de fermer son réseau social X.
01:43Est-ce le signe d'un changement d'époque ?
01:46On en parle dans un instant avec vous, Mathieu Bocoté.
01:48A la une également, le régime algérien refuse d'accueillir sur son territoire
01:52un de ses ressortissants expulsé par la France.
01:55Un aller-retour qui alimente un peu plus les tensions entre Paris et Alger.
01:59Bruno Rotailleau accuse le régime de vouloir humilier la France.
02:03Qu'en pensez-vous, Mathieu Bocoté, élément de réponse dans cette émission ?
02:07Enfin, cher Mathieu, vous recevez ce samedi soir le politologue Jean-Yves Camus.
02:12Il sera question dans la seconde partie de l'émission
02:14de la percée des populistes en Amérique et en Europe.
02:17Voilà le programme de face à Mathieu Bocoté.
02:20Aurions-nous connu cette semaine un changement d'époque en direct ?
02:25De la mort et des débats entourant la disparition de Jean-Marie Le Pen
02:28à l'interview d'Alice Vidal par Elon Musk,
02:31la mise à pied des fact-checkers sur Facebook
02:34en passant par les commémorations de Charlie
02:36et les prétentions impériales affichées de Donald Trump.
02:39Tout semblait se précipiter, Mathieu Bocoté.
02:42Peut-on faire un lien entre tous ces événements ?
02:45J'allais dire, il est évident, mais peut-être ne l'est-il pas,
02:48alors je chercherai à le démontrer.
02:50Parce qu'effectivement, quelquefois, on a l'impression
02:53que les années se suivent, les années passent et rien ne bouge.
02:57Or, qu'est-ce qu'on voit en l'espace d'une semaine ?
02:59On voit toute une série des paramètres d'une époque nouvelle
03:03qui se mettent en place en Europe comme en Amérique du Nord.
03:06Et quelquefois, en faisant remonter à la surface le passé,
03:11quelquefois en laissant deviner l'avenir le plus novateur, en quelque sorte.
03:16Alors, le point de départ de la semaine,
03:18ce ne sera pas la démission de Justin Trudeau, bien que je l'évoquerai tantôt.
03:21Non, le point de départ de la semaine, évidemment,
03:23c'est le décès de Jean-Marie Le Pen.
03:25C'est un décès qui était attendu par la société française
03:29à la manière d'un événement symbolique fort.
03:31Peu importe le sentiment que nous inspirait Jean-Marie Le Pen,
03:34tous savaient, d'une manière ou de l'autre,
03:37que le jour de son décès, il y a tout un passé qui remonterait à la surface.
03:41Il y a toute une série de questions refoulées qui remonteraient à la surface.
03:44Il y a toute une série de tabous qui seraient questionnés à nouveau.
03:47Des interdits qui seraient questionnés.
03:50Et c'est exactement ce qui s'est passé.
03:52Donc, je laisse de côté les polémiques.
03:54Et je note simplement qu'il y a deux données centrales qui sont sorties cette semaine.
03:59D'un côté, à peu près tous ont reconnu de près ou de loin,
04:04de manière gênée ou de manière plus militante lorsqu'ils en étaient proches,
04:08que le personnage, malgré tout ce qu'on lui reprochait,
04:11avait vu venir avant les autres la question du choc des civilisations
04:14et de l'immigration massive en Europe.
04:17On pourrait dire, avec raison, que de Gaulle avait compris tout ça déjà dans les années 50.
04:22Dans les années 60, de Gaulle était pour l'indépendance de l'Algérie,
04:25en bonne partie pour cela.
04:27Mais dans la classe politique contemporaine, l'homme avait vu ça.
04:30Et en même temps, par ses déclarations souvent rappelées, odieuses comme on dit,
04:35eh bien, il rendait impossible la réception de son propre diagnostic.
04:40Là, c'est paradoxal parce qu'il s'auto-caricaturait, c'est le moins qu'on puisse dire.
04:44Il s'auto-pelure de bananisait.
04:46On pourrait prendre une formule québécoise.
04:48Mais au même moment, ces provocations étaient aussi instrumentalisées
04:52par un système qui prenait prétexte de ces provocations
04:56pour ne pas parler des autres questions soulevées par Jean-Marie Le Pen et par bien d'autres à l'époque.
05:01N'oublions pas que la différence entre les positions d'Alain Juppé, de Philippe Seguin,
05:05d'Édouard Balladur, de Jean-Marie Le Pen, de Jacques Chirac en 1990,
05:09c'est une différence de degré.
05:11Ce n'est pas une différence de nature autour de la question de l'immigration.
05:15Parler de cette mort, c'est aussi raconter l'histoire des 40 dernières années en France.
05:20Donc l'histoire d'un système de diabolisation,
05:23le fonctionnement de ce système de diabolisation.
05:26Et par ailleurs, c'est raconter aussi ce que cette société
05:30qui fait l'expérience du choc des civilisations a connu il y a 10 ans.
05:34C'est un hasard, mais c'est un hasard porteur de sens
05:37que la mort de Jean-Marie Le Pen arrive le même jour que les 10 ans de la commémoration de l'attentat de Charlie.
05:43Parce qu'on a vu par ailleurs ce que voulait dire un islamisme présent sur le territoire à ce moment,
05:48avec les morts que l'on sait, avec la décennie d'attentats qui a commencé à ce moment-là.
05:53Donc raconter l'histoire des 40 dernières années, c'est raconter l'histoire d'une prophétie.
05:57C'est raconter l'histoire de la réception empêchée de cette prophétie.
06:02C'est raconter l'histoire d'un choc de civilisation.
06:06C'est raconter l'histoire d'une agression islamiste à répétition.
06:11Et c'est aussi raconter l'histoire d'une submersion démographique
06:14devant laquelle l'Europe est aujourd'hui confrontée et devant laquelle elle ne sait pas comment répondre.
06:19On pourrait dire à bien des égards que c'est un système qui éclate aujourd'hui,
06:25qui pourrait éclater sous le poids de ses contradictions.
06:29Quelles sont les contradictions intérieures dont on parle beaucoup?
06:31L'immigration évidemment, l'effondrement anthropologique de nos sociétés
06:35qui ne sont plus capables de distinguer les vérités toujours biologiques, hommes, femmes, ainsi de suite.
06:39La dette qui fait en sorte que nos sociétés sont paralysées comme jamais.
06:43La crise des classes moyennes des deux côtés de l'Atlantique.
06:46L'accès à la propriété pour les classes moyennes est un élément absolument central et il est aujourd'hui compromis.
06:50Les impôts évidemment qui écrasent aujourd'hui la capacité des individus de s'inscrire dans l'existence.
06:55La liberté d'expression avec la montée de la censure.
06:58La perte de puissance par rapport à l'étranger.
07:00Donc on est devant le système occidental.
07:02On pourrait dire, moi j'appelle ça quelques fois la blague,
07:05le système mondialiste est à la veille de connaître son 1989.
07:09C'est-à-dire la décomposition d'un système idéologique de plus en plus contraignant
07:13et plus il connaît ses contradictions, plus il se décompose, plus il devient autoritaire.
07:17Je reviendrai dans un instant.
07:19Le choc, les contradictions de ce système, la crise du système de 1989 mondialiste et diversitaire,
07:24c'est aussi un système qui est attaqué de l'extérieur.
07:27De l'extérieur par qui ? Aujourd'hui par celui qui est le catalyseur de cette colère, c'est Elon Musk.
07:34Elon Musk qui, quoi qu'on en dise, ne pratique pas l'ingérence de manière...
07:38L'accusation est tellement bête, c'en est un peu gênant.
07:41Ce qu'il cherche à faire, c'est qu'il défie ouvertement.
07:43L'ingérence, c'est davantage M. Soros.
07:46George Soros qui, lui, pilote effectivement des opérations et qui n'est pas visage découvert
07:51et qui cherche effectivement à déstabiliser les sociétés ainsi et là.
07:54Ou encore c'est lorsqu'un dirigeant étranger se mêle de la politique intérieure d'un État.
07:57Mais là on est devant quelqu'un qui décide de se mêler de la vie publique simplement.
08:00Et que cherche à faire Musk ?
08:02Il cherche à frapper de l'extérieur, non pas les démocraties européennes,
08:07mais certains régimes progressistes, pour reprendre une formule que j'ai entendue ces jours-ci.
08:11D'abord Kirsteinmer et ensuite l'Allemagne en mettant l'accent, on l'a vu avec cette conversation
08:17qui a eu lieu hier si je ne me trompe pas ou avant-hier, avec Alice Weidel
08:21qui est la chef de la candidate de l'AFD pour les élections en Allemagne en février.
08:26Alors l'AFD aujourd'hui dans le système médiatique européen joue la place que jouait,
08:31occupe la place qu'occupait Jean-Marie Le Pen dans les années 80.
08:35C'est le repoussoir absolu, c'est un parti qu'on nazifie, c'est un parti qu'on diabolise,
08:39c'est un parti qu'on présente comme l'émanation tardive d'un retour du troisième Reich.
08:43Alors quel est l'intérêt de cet entretien ?
08:45C'est que Elon Musk ne partage pas les préjugés ou à tout le moins les conclusions
08:51portées par la plupart des médias sur l'AFD.
08:54Il dit qu'on va reprendre la question à neuf.
08:56On va vous demander qui êtes-vous fondamentalement,
08:58on va chercher à savoir qui vous êtes au-delà des étiquettes qu'on vous colle.
09:01Donc ce qu'on apprend de cet entretien, eurosceptique, on s'en doutait,
09:05libertarien, donc opposition aux différentes formes de régulation aujourd'hui
09:09qui étouffe de plus en plus l'économie européenne,
09:12anti-immigration massive, on s'en doutait, surtout à partir de la crise de 2015 en Allemagne,
09:17antisocialiste et, l'étiquette est revendiquée par Alice Weidel, anti-nazi dit-elle.
09:22Donc là on la traite de nazi tout le temps, de néo-nazi, de crypto-nazi, de futuro-nazi.
09:26Elle dit non, non, je déteste fondamentalement le nazisme.
09:29On peut ne pas la croire, mais à tout le moins c'est ce qu'elle dit pour elle-même.
09:32Donc voilà cette séquence en une semaine où d'un côté on a vu la mémoire
09:37des quarante dernières années remonter à la surface,
09:40on a vu au système dévoiler ses contradictions,
09:42on a vu au système commémorer dix ans plus tard l'agression islamiste qui ne cesse depuis,
09:47on a vu un système trembler devant une attaque dite extérieure, celle d'Elon Musk,
09:53on a vu par ailleurs un système se demander comment mettre à jour son système de diabolisation.
09:57C'était une semaine passionnante.
09:59Voilà l'art du sociologue que vous êtes, c'est-à-dire de clarifier des situations
10:03qui peuvent être complexes pour le commun des mortels.
10:05Thierry Breton a montré cette semaine que la classe politique européenne
10:09entendait riposter Mathieu Bocoté.
10:11Que comprendre de cette réaction ?
10:13Alors Thierry Breton, c'est un autre personnage central de cette semaine,
10:16qui est à sa manière aussi, alors on dit quelques fois d'Elon Musk
10:20que c'est un personnage de James Bond.
10:22On pourrait dire que si c'est le cas de Thierry Breton,
10:25à moins que ce soit un personnage de 1984.
10:27C'est-à-dire que c'est le super technocrate qui décide de ramener les sociétés à l'ordre.
10:32Alors quand il dit cette semaine, la caste, je le traduis dans mes mots,
10:35il l'a dit autrement, la caste va se défendre, la nomenclatura européiste,
10:40l'oligarchie européiste va se défendre contre Musk qui est accusé
10:44d'être un agent de déstabilisation massive sur ce continent et en ce pays.
10:50Encore une fois, je le redis, la déstabilisation consiste tout simplement
10:54à critiquer certains dirigeants, à critiquer certains systèmes politiques
10:59à partir d'une philosophie explicite que Musk ne cache pas.
11:02Donc on nomme déstabilisation aujourd'hui l'intervention d'un oligarque dissident.
11:07C'est comme ça, Musk, c'est un oligarque qui a rompu avec son milieu
11:11et qui critique aujourd'hui l'oligarchie européiste.
11:14Et comment s'appelle-t-il ?
11:16Breton va assez loin, il va assez loin.
11:18Il dit, regardez, là on a le DSA, le système de régulation
11:21des communications en Europe, des réseaux sociaux.
11:23Il dit, on a les moyens qu'il faut pour le faire taire globalement.
11:26On a les moyens nécessaires pour le faire taire.
11:28Et il va assez loin.
11:30Ensuite, il s'est un peu, il a cherché à corriger sa position,
11:33mais il a dit, vous savez, là s'il y a trop d'intrusions
11:37par Twitter, par X, nous pourrons faire en Allemagne,
11:41parce qu'il y aura des élections en février, ce qu'on a fait en Roumanie.
11:44Donc là, on vous dit, à l'instant, est-ce que vous êtes en train d'avouer
11:47que vous avez joué un rôle dans l'annulation du résultat des élections en Roumanie
11:51parce que vous n'aimiez pas le résultat ?
11:53Et on se souvient d'ailleurs de l'argument.
11:55TikTok a manipulé apparemment les électeurs roumains
11:58qui finalement se sont jetés sur un candidat inconnu
12:00et tout ça serait à l'avantage des Russes.
12:02La théorie du complot russe, comment c'est une théorie
12:04dont on abuse quelque peu, je crois.
12:06Quoi qu'il en soit, il nous a dit...
12:08D'ailleurs, tout ça commence en 2016.
12:10Tout ça commence en 2016 avec Cambridge Analytica.
12:12La victoire du Brexit n'était pas la victoire du Brexit,
12:15c'était la victoire de je ne sais quel Sarouman
12:17qui aurait manipulé les réseaux sociaux
12:19pour être capable de jeter un sort sur les Britanniques
12:21et les éloigner de l'Europe.
12:23Donc là, qu'est-ce qu'on voit en fait ?
12:24On nous dit, les démocraties sont attaquées.
12:26Ce ne sont pas les démocraties qui sont attaquées,
12:28ce sont les régimes progressistes européens,
12:30ce sont la technocratie progressiste européenne
12:34qui effectivement est attaquée aujourd'hui.
12:36Et de ce point de vue, je dirais que l'Empire occidental,
12:39qui prend un peu le relais de ce point de vue
12:41de l'Empire soviétique, avec toutes les différences
12:44que l'on sait, il y a quelque chose là-dedans
12:46d'un système qui reproduit les travers du système d'hier.
12:49D'un côté, on nous dit, à propos de la Roumanie,
12:51mais peut-être de l'Allemagne aussi demain,
12:53vous ne pouvez pas sortir, même avec les élections,
12:55du système otanien.
12:56Donc vous n'avez pas le droit.
12:57Je ne suis pas anti-otan, la question n'est pas là.
12:59La question est de savoir si les peuples décidaient
13:01d'avoir une autre politique étrangère,
13:02on comprend qu'ils n'en ont pas le droit,
13:04comme au temps du pacte de Varsovie.
13:05Et on ne peut pas sortir du régime diversitaire
13:08qui s'autoproclame état de droit.
13:10Tout comme hier, on ne pouvait pas sortir du socialisme.
13:12Donc de ce point de vue, il y a quelque chose,
13:14l'histoire semble se reproduire en portant le nouveau masque.
13:17Alors en quoi tout cela est-il un changement d'époque,
13:20Mathieu Blocote?
13:21Parce que quand on traverse encore une fois l'Atlantique,
13:23on voit que tout est remis en question.
13:25Tout est remis en question avec l'intervention étonnante
13:27de Trump qui a dit en l'espace d'une semaine,
13:29il ne faut pas l'oublier,
13:30qu'il veut annexer le Groenland, le canal de Panama,
13:33militairement s'il le faut,
13:34et annexer le Canada mais sans utiliser les armes, cela dit.
13:37Donc là, qu'est-ce qui se passe exactement?
13:39Alors je rassure les gens, j'en suis convaincu,
13:41il n'y aura pas de blindés américains
13:44qui vont foncer au Manitoba, en Saskatchewan,
13:46au Québec ou à Terre-Neuve, ce sera en bateau d'ailleurs.
13:49L'armée américaine n'occupera pas le Canada.
13:51On est ici devant une tactique de négociation classique
13:53de Trump parce qu'il doit redéfinir les accords
13:55de négociation avec le Canada vers 2026.
13:57Donc là, il utilise la stratégie habituelle de sidération.
14:00Mais ce qui est intéressant et ce qui se dit au Canada,
14:02c'est que vous savez le Canada,
14:03alors Justin Trudeau a démissionné cette semaine à un autre.
14:05Justin Trudeau a démissionné cette semaine
14:07et qu'est-ce que c'était Justin Trudeau?
14:08C'était le symbole de la vacuité canadienne.
14:10C'était le symbole d'un pays qui a auto-déconstruit
14:12son identité tellement totalement
14:14qu'il n'a plus que le grand vide à offrir au monde.
14:17Et bien quand vous n'êtes plus qu'un grand vide,
14:19vous êtes bien plus facilement une proie
14:21que si vous avez une substance, une densité.
14:23Et de ce point de vue, un leader populiste canadien,
14:25Maxime Bernier, qui ne fait pas de très grands scores,
14:27mais qui existe dans le débat public,
14:29a dit à un instant, vous avez, vous Justin Trudeau,
14:32tout fait pour vider notre identité,
14:34pour substituer un peuple par un autre,
14:36changer l'identité canadienne par une submersion démographique
14:39et soudainement, vous vous portez à la défense
14:41de la coquille vide que serait le Canada.
14:43Chose certaine, Donald Trump, à travers cela, nous dit,
14:45le système de règles qui était le nôtre depuis 40 ans,
14:4850 ans, 60 ans, ne nous convient plus.
14:51Donc on décide de remettre à plat ce système de règles.
14:54Il le fait brutalement, il le fait de manière plus qu'hazardeuse.
14:57On peut absolument le critiquer pour cela,
14:59mais ce qu'on constate devant nous,
15:01c'est quand un système de règles semble périmé,
15:03et bien les politiques quelquefois décident
15:05de rebarrasser, de mettre le jeu à neuf,
15:07de reprendre le jeu à neuf.
15:09Arthur de Matrigon, est-ce que vous aussi,
15:11vous y avez vu une évidence dans cette semaine,
15:14en se disant, l'époque est en train de changer,
15:16à travers tous les événements traités par Mathieu Boccoté?
15:19On assiste à une fin d'époque.
15:21Le changement me paraît plus clair du côté de l'Amérique,
15:24du côté de la France, d'une partie de l'Europe,
15:26ou pour la réduire à simplement la Grande-Bretagne,
15:29ça reste encore flou, même si le chemin
15:31qu'on commence à emprunter se voit,
15:33et c'est peut-être un chemin qu'on n'aimerait pas
15:35ou qu'on n'aurait jamais dû emprunter.
15:37Tu regardes de l'autre côté de la Manche,
15:39grâce à Musk, le scandale des réseaux pédophiles
15:41indo-pakistanais est revenu sur le devant de la scène.
15:43Sauf que qu'est-ce qui s'est passé il y a trois jours ?
15:45Il y a trois jours, la création d'une nouvelle commission d'enquête
15:48a été rejetée massivement par le Parlement anglais.
15:51Donc on se dit, en tout cas pour les Anglais,
15:53qu'il est peut-être trop tard et que peut-être
15:55c'est déjà tout pourri dans le royaume de Shakespeare.
15:57Si on regarde du côté français,
15:59là on a une séquence médiatique comme seule
16:01la France post-moderne peut nous en offrir une.
16:03On a eu la mort de Jean-Marie Le Pen
16:05et la commémoration de Charlie Hebdo.
16:07Et j'ai eu le sentiment à la fois qu'on enterrait
16:09une époque révolue tout en feignant de croire
16:11encore au mythe de cette époque qui accélère notre chute.
16:14Si on prend Charlie Hebdo, la tonalité globale
16:16de la semaine, sans vraiment se l'avouer,
16:19c'était quand même une tonalité de célébration
16:21de la mort de la liberté d'expression
16:23qui a été érigée sur le socle des droits de l'homiste
16:26et qui ont été détruits par ce même socle,
16:28par cette réclamation des droits de l'homme.
16:30Si vous voulez, c'est pour faire simple,
16:32les utopistes idiots qui nous servent d'élite sociale
16:34ont réellement cru qu'ils pouvaient articuler
16:36et multiculturalisme et liberté d'expression.
16:38Or on a vu le premier exterminer le second
16:40et au passage toutes les nations
16:42de passer d'identité et d'avenir.
16:44Plus la société est ouverte
16:46et plus l'espace public se restreint,
16:48il serait temps de s'en rendre compte.
16:50Si on prend du côté de la mort de Jean-Marie Le Pen,
16:52nos antifascistes ont confirmé
16:54qu'ils n'aimaient rien de plus que danser sur les morts,
16:56qu'ils soient français ou israéliens.
16:58Et on sait, on ne sait encore
17:00ce que retiendra l'histoire de Jean-Marie Le Pen.
17:02En revanche, on sait que ces bourgeois
17:04anti-urbanais dans des keffiers de champagne à la main
17:06disparaîtront d'un coup de chasseau aussi rapidement
17:08qu'une graine de quinoa mal digérée.
17:11Si vous voulez, le mot festivus cher à Philippe Meuret,
17:13à accoucher d'une nouvelle espèce
17:15qui est la charonne festivus.
17:17Ceux qui dansent sur les cadavres en célébrant
17:19la disparition d'un faux fascisme.
17:21Sauf que ces mêmes ploient le genou devant l'arrivée
17:23d'un vrai fascisme.
17:25On appelle l'islam politique.
17:27C'est le lien avec Charlie Hebdo.
17:29Et le théâtre antifasciste en temps de paix,
17:31ça glorifie les eunuques.
17:33En revanche, en temps de guerre, ça augmente
17:35le nombre de victimes innocentes.
17:37Autre sujet, Mathieu Bocoté.
17:39Les Français ont été témoins d'une étonnante séquence
17:41cette semaine quand les autorités algériennes
17:43ont refusé de reprendre
17:45un de leurs ressortissants,
17:47expulsé par la France.
17:49Plusieurs, dont le ministre de l'Intérieur,
17:51y voient une volonté de l'Algérie d'humilier
17:53notre pays.
17:55Est-ce aussi votre avis ?
17:57Cela va de soi, encore une fois.
17:59Qu'est-ce qu'on voit ?
18:01Nous sommes confrontés à la volonté
18:03explicitement revanchiste,
18:05revancharde du régime algérien
18:07qui s'est constitué
18:09depuis l'indépendance,
18:11je ne sais pas l'indépendance que je conteste,
18:13mais qui s'est constituée sur un registre
18:15anti-français.
18:17L'idéologie du régime qu'on doit réactiver
18:19en toutes circonstances quand le régime est fragilisé,
18:21c'est la volonté d'humilier l'ancien colonisateur,
18:23d'humilier la France, de la piétiner,
18:25et on semble trouver là une certaine gloire.
18:27C'est le triple paradoxe
18:29de la situation algérienne aujourd'hui
18:31dans son rapport à la France.
18:33Premier élément, si elle a été obtenue,
18:35il y a quand même quelques décennies,
18:37mais elle n'aura finalement profité
18:39qu'à une caste qui se sera emparée du pays,
18:41qui l'aura privatisée,
18:43qui se sera emparée des ressources du pays
18:45à son avantage exclusif,
18:47ce qui n'est pas sans lien avec le fait que le pays
18:49s'est d'abord réclamé du socialisme.
18:51Deuxième paradoxe, voilà un pays
18:53qui se disait colonisé et qui pratique
18:55aujourd'hui indirectement, certains diront,
18:57une forme de contre-colonisation.
18:59Donc le colonisé se veut désormais
19:01colonisateur en quelque sorte,
19:03en disant,
19:05en exportant sans cesse
19:07ses fils dans l'ancienne métropole.
19:09Et ce qui est assez fascinant, en fait,
19:11c'est voilà des gens, et on le voit même en France,
19:13une partie, pas tous évidemment,
19:15de la communauté algérienne est d'autant plus fière
19:17d'être algérienne qu'elle ne semble pas
19:19toujours revendiquer son identité française aussi fortement.
19:21On peut s'en désoler.
19:23On peut s'en désoler. On rappelle que ça ne concerne
19:25pas tous, mais ça nous dit quelque chose
19:27sur cet esprit de revanche encore une fois.
19:29Donc transposer en France directement
19:31le désir de revanche. Le troisième élément,
19:33la France ne cesse de tenir des discours
19:35amoureux à l'endroit de l'Algérie.
19:37Nous sommes des peuples frères, nous avons des destins liés.
19:39Je ne suis pas certain que l'Algérie soit
19:41sous le signe de la réciprocité en ces matières.
19:43Et qu'est-ce qu'on voit en fait? On voit que la France
19:45est pétrifiée, dominée, écrasée
19:47par une mauvaise mémoire coloniale
19:49entretenue par
19:51le système idéologique dominant
19:53qui l'empêche d'engager les actions politiques nécessaires
19:55aujourd'hui. On parle beaucoup de dénonciation,
19:57de la dénonciation des accords de 1968.
19:59Est-ce vraiment le geste
20:01sans lequel aucune autre action
20:03ne serait efficace?
20:05Alors, il était temps que tous s'y rallient.
20:07Plusieurs s'y rallient aujourd'hui.
20:09C'était une idée d'abord lancée par Patrick Buisson,
20:11portée par Nicolas Sarkozy pendant un temps.
20:13L'idée, à tout le moins, il l'a flirtée avec ça.
20:15Aujourd'hui, Gabriel Attal en est.
20:17Donc on va dire que la coalition est large.
20:19Ce qui est intéressant ici, c'est que
20:21les accords de 1968
20:23sont les accords symboliques qu'il faut congédier
20:25pour que le reste soit possible.
20:27On peut toujours redouter une condamnation de ces accords,
20:29mais strictement symboliques, sans des effets pratiques.
20:31Mais la fonction de cette condamnation,
20:33la fonction du fait de les répudier,
20:35ça veut dire qu'on remet les rapports à neuf.
20:37On remet les rapports à neuf. Nous ne sommes plus prisonniers
20:39d'engagements antérieurs qui ont mal servi la France.
20:41Nous ne sommes plus prisonniers
20:43d'engagements antérieurs
20:45qui se sont retournés contre notre pays.
20:47Vous avez pris votre indépendance.
20:49C'est une formule souvent utilisée.
20:51Il est temps pour nous de prendre la nôtre.
20:53Donc la double indépendance est celle des Algériens
20:55et celle des Français. Et de ce point de vue,
20:57ça peut être un geste inaugural,
20:59un geste de rupture, ça ne saurait être
21:01le seul geste. La France, en fait,
21:03par rapport à l'Algérie, a besoin d'un moment de souveraineté.
21:05Dirait-on un moment trompien ?
21:07Je n'oserais aller jusque-là, évidemment.
21:09Mais au moins un geste de souveraineté
21:11qui marque la remise à neuf des rapports.
21:13Humiliation ou non, Arthur de Vatrigan ?
21:15Ah oui, une humiliation, et peut-être même désirée
21:17par une partie de nos élites. La France est devenue
21:19un pays schizophrène, si vous regardez.
21:21Et pour le plus grand plaisir de l'Algérie.
21:23Un, on a détruit notre roman national pour réciter
21:25les bonnets suivis d'Algérie, sur tous les canaux officiels.
21:27Culture, médias, politique. Je rappelle
21:29qu'il y a même un ministre de l'Intérieur, qui s'appelait Gérald Darmanin,
21:31qui allait déposer une gerbe
21:33en mémoire des terroristes qui ont tué des Français.
21:35Deux, on annonce en grande pompe
21:37un travail mémoriel pour oublier le passé
21:39avec un pays qui ne vit que sur le passé,
21:41qui plus est, en grande partie, mensonger.
21:43Et pour se réconcilier avec un pays
21:45qui ne veut surtout pas se réconcilier.
21:47Trois, on s'excuse pour tout, surtout
21:49pour rien, sauf de notre culpabilité
21:51réelle, à savoir celle à l'encontre
21:53des Pieds-Noirs et des Harkis,
21:55mais pour ne pas heurter la délicate sensibilité
21:57du pouvoir algérien, on impose
21:59un devoir d'oubli à ceux qui ont choisi la France.
22:01On ne réagit pas publiquement
22:03à l'arrestation d'un écrivain, à savoir
22:05Boleyn Sansalle, français,
22:07pour soi-disant négocier en loose day
22:09une libération de Boleyn Sansalle,
22:11qui est toujours en prison.
22:13On affirme qu'il faut ménager le pouvoir algérien
22:15au nom de la lutte anti-terroriste,
22:17mais on laisse des influenceurs algériens aux cheveux gras
22:19menacer ou encourager
22:21des attentats terroristes en France.
22:23On feint de se persuader qu'il n'y a pas de problèmes
22:25de politique intérieure avec les Franco-Algériens,
22:27alors que le président Tebboune a clairement dit qu'il y avait
22:29une cinquième colonne en France, 6 millions,
22:31il appuyait sur le bouton et il mettait le bazar.
22:33Alors on n'est pas obligé de le croire,
22:35évidemment, sauf que
22:37les Marseillais sifflaient lors des matchs de foot,
22:39les drapeaux algériens lors des événements culturels,
22:41patriotiques, nationals,
22:43peut laisser un doute.
22:45Alors si vous voulez, la France n'est plus le paillasson de l'Algérie,
22:47c'est carrément devenu son crachoir aujourd'hui,
22:49il sera peut-être temps de mener une guerre qui ne dit pas son nom,
22:51car si l'humiliation est un fantasme
22:53pervers d'une partie de nos gouvernants,
22:55je suis pas certain que ce fantasme
22:57soit partagé par une grande majorité des Français.
22:59Voilà pour votre analyse,
23:01Arthur de Vatrigan. La publicité, on revient dans un instant.
23:03Jean-Yves Camus,
23:05le politologue, sera votre invité.
23:07Mathieu Bocoté, à tout de suite.
23:1119h30 sur CNews, merci d'être avec nous
23:13pour la suite de Face à Mathieu Bocoté,
23:15toujours avec Mathieu, bien sûr, et Arthur de Vatrigan.
23:17Merci d'être avec nous, Jean-Yves Camus.
23:19Je rappelle que vous êtes
23:21politologue, bonsoir à vous.
23:23Mathieu Bocoté, pourquoi
23:25avoir invité ce samedi soir Jean-Yves Camus ?
23:27C'est une semaine marquée,
23:29à ce que j'ai compris, par la question populiste
23:31un peu partout. Certains diraient
23:33extrême droite, d'autres disent droite radicalisée, d'autres disent populisme.
23:35Les étiquettes sont nombreuses, laquelle est la bonne ?
23:37Quoi qu'il en soit, pour nous éclairer sur ces questions,
23:39Jean-Yves Camus est évidemment essentiel.
23:41Jean-Yves Camus, bonsoir. Bonsoir.
23:43Alors nous allons essentiellement nous entretenir autour de la question
23:45du retour du populisme,
23:47de la percée du populisme des deux côtés
23:49de l'Atlantique, mais une première question
23:51d'abord, inévitablement, sur la mort de Jean-Marie Le Pen.
23:53Plusieurs
23:55attendaient, je crois, depuis plusieurs années, ce moment
23:57pour se demander qu'est-ce que ça allait faire remonter
23:59à la surface dans la société française.
24:01Alors je vous pose la question, qu'est-ce qui a remonté à la surface
24:03avec la mort de Jean-Marie Le Pen ?
24:05Alors au sens propre du terme,
24:07rien n'est remonté à la surface
24:09parce que Jean-Marie Le Pen
24:11a érigué la vie politique française
24:13depuis longtemps. Le thème de l'immigration
24:15qu'il a imposé
24:17dès les élections législatives
24:19de 1978,
24:21avec la fameuse affiche 1 million de chômeurs
24:23c'est 1 million d'immigrés
24:25de trop, est déjà
24:27devenu un sujet
24:29j'allais dire presque mainstream.
24:31La question migratoire et la question identitaire
24:33sont devenus des sujets mainstream.
24:35Donc ça fait longtemps que ça a érigué, donc ça n'est pas remonté.
24:37C'est en nous.
24:39C'est au cœur du débat politique.
24:41La disparition de Jean-Marie Le Pen,
24:43elle marque
24:45le moment d'abord où
24:47disparaît un homme
24:49qui est arrivé à l'âge adulte
24:51parce qu'on était précoce,
24:53on était formé précocement à cette époque-là.
24:55Avant la seconde guerre mondiale,
24:57à ma connaissance, il n'en reste pas d'autre.
24:59C'est un témoin vivant.
25:01C'est le dernier élu vivant
25:03de la quatrième république
25:05depuis la mort du président Giscard d'Estaing.
25:07Et c'est aussi quelqu'un, on s'en rend compte
25:09lorsqu'on lit le premier tome de ses mémoires,
25:11qui parle
25:13d'un milieu,
25:15celui dans lequel il est né,
25:17d'une province qui se trouve être aussi la mienne,
25:19d'une époque
25:21qui est révolue.
25:23Qui est révolue et qui l'a façonné.
25:25Ce milieu particulièrement
25:27âpre,
25:29alors son père était petit patron pêcheur,
25:31mais des marins pêcheurs du Morbihan,
25:33c'est-à-dire une région
25:35qui avait vécu de plein
25:37fouet un désastre
25:39démographique pendant la première
25:41guerre mondiale, d'une part,
25:43et qui d'autre part était divisée sur le plan
25:45politique par la
25:47querelle entre
25:49des chrétiens démocrates
25:51qui s'affirmaient,
25:53une petite gauche laïque et un milieu
25:55conservateur, catholique,
25:57dominant, ce qui nous amène à la question
25:59de la querelle entre l'école privée et l'école publique
26:01qui a divisé tous les villages bretons,
26:03y compris le sien. Et c'était un enfant
26:05de l'école publique. Du moins, pendant la première partie
26:07de sa scolarité, la seconde partie
26:09de sa scolarité, il l'effectuera chez les pères
26:11et le moins qu'on puisse dire,
26:13c'est qu'il lui en est resté un souvenir
26:15cuisant. Lorsqu'au mois de novembre,
26:17il a reçu l'extrême-onction
26:19et l'eucharistie,
26:21Jean-Marie Le Pen n'avait pas communié
26:23depuis ses 16 ans.
26:25Alors, vous avez remarqué, au moment
26:27de sa mort, dans la soirée et la nuit,
26:29il y a eu des fêtes un peu partout en France,
26:31notamment à Paris, de militants, on pourrait dire,
26:33de gauche radicale, d'extrême-gauche.
26:35Que célébraient ces gens qui ont accueilli la mort de Jean-Marie Le Pen
26:37avec des feux d'artifice et du champagne?
26:41Peut-être la disparition
26:43de ce qui leur permettait d'exister.
26:45C'est un rituel
26:47de conjuration, au fond.
26:49Une fois disparue
26:51cette possibilité
26:53de se mobiliser
26:55contre quelqu'un qui n'avait plus de mandat
26:57depuis 2019 et plus
26:59d'activité politique réelle depuis 2015,
27:01qu'est-ce qui reste?
27:03C'est en tout cas particulièrement indécent.
27:05C'est d'abord
27:07extrêmement grossier,
27:09particulièrement indécent, et ça ne mène nulle part
27:11à la critique
27:13que les adversaires politiques du Rassemblement
27:15national peuvent et doivent faire
27:17au nom d'arguments qui sont
27:19des arguments raisonnés, des arguments politiques.
27:21On peut ferrailler contre le Rassemblement
27:23national, mais faisons-le sur son programme,
27:25pas en faisant la fête lorsqu'un de ses dérivants meurt.
27:27Alors, passons des commémorations
27:29au temps présent. L'actualité
27:31populiste ces temps-ci,
27:33c'est en bonne partie l'action d'Elon Musk,
27:35dont on parle beaucoup.
27:37Une mutation aussi du populisme,
27:39on a souvent dit en 2016 que c'était une victoire inattendue
27:41pour Donald Trump de son côté de l'Atlantique.
27:43En 2024, c'est une victoire
27:45recherchée, attendue, préparée.
27:47On parle quelquefois du passage
27:49d'un populisme d'opposition à un populisme de gouvernement.
27:51Est-ce que cette distinction a du sens pour vous?
27:53Tout d'abord,
27:55je dois dire que je n'aime pas
27:57beaucoup l'idéologie d'Elon Musk,
27:59parce que c'est une idéologie
28:01de l'hubris, et c'est ce qui me gêne également
28:03chez Donald Trump. Je suis peut-être
28:05finalement plus conservateur qu'eux.
28:07C'est-à-dire qu'il existe
28:09des penseurs américains, parfaitement
28:11respectables, qui apportent
28:13quelque chose à la philosophie politique.
28:15Je pense à Adrian Vermeule,
28:17qui est un juriste remarquable, je pense à Patrick
28:19Dedin, mon collègue de l'Université de Notre-Dame,
28:21brillant politiste,
28:23et puis évidemment à Rod Dreher.
28:25Qui a été installé
28:27ou est encore installé en Hongrie, je crois,
28:29aujourd'hui. Qui est installé en Hongrie aujourd'hui.
28:31Aux gens qui font l'excellente revue
28:33à Sainz, qui est véritablement,
28:35je n'ose pas dire à Maastricht,
28:37mais une lecture obligatoire.
28:39Et finalement,
28:41il y a un élément de rectitude
28:43morale, un élément
28:45de rétablissement des valeurs
28:47que je ne retrouve ni chez Trump,
28:49dont on sait bien que les valeurs morales
28:51ne sont pas véritablement le premier
28:53souci, ni chez Elon Musk.
28:55Alors ne caricaturons
28:57pas non plus Elon Musk sur l'intelligence
28:59artificielle, par exemple, et les risques qu'elle présente.
29:01Il a des positions qui sont plutôt
29:03mesurées. À la fois, évidemment,
29:05celle d'un entrepreneur qui gagne à ce que
29:07l'intelligence artificielle prenne du terrain,
29:09mais qui de l'autre est assez
29:11inquiet par le fait qu'elle peut
29:13mener un jour, dit-il, à une société
29:15où finalement le seul emploi qui
29:17restera sur Terre sera celui
29:19consistant à écrire des
29:21programmes de l'intelligence artificielle
29:23qui finira par être tellement puissante qu'elle écrira ces programmes
29:25toute seule.
29:26Alors cela dit, vous noterez qu'il est au cœur
29:28de l'action politique aujourd'hui, et il s'est lancé,
29:30je parlais de populisme d'opposition, populisme
29:32de gouvernement, c'est que la question,
29:34si on lit les penseurs auxquels vous faites référence,
29:36ils posent tous la question du régime aujourd'hui.
29:38C'est le titre d'ailleurs d'un ouvrage de Patrick Deneen,
29:40donc ils posent tous la question du régime,
29:42et ce que fait Musk en Europe aujourd'hui,
29:44en s'en prenant d'abord aux Britanniques,
29:46qui restarment ensuite
29:48en cherchant à mettre de l'avant
29:50activement à l'AFD, est-ce qu'il ne cherche pas
29:52à sa manière à poser la question du régime en Europe ?
29:54Il cherche à poser
29:56la question du régime en Europe, mais je ne suis pas certain
29:58quand il soutient par exemple
30:00Alice Weidel, s'il
30:02le fait en posant
30:04la question du régime et du changement
30:06de régime en Allemagne,
30:08il lui rend un très très mauvais service.
30:10Parce que s'il y a bien quelque chose
30:12en Allemagne qui fait consensus,
30:14c'est la loi fondamentale de 1949.
30:16Et si Elon Musk renvoie
30:18par son soutien
30:20Alice Weidel et l'AFD
30:22à un changement constitutionnel
30:24qui consisterait à revenir sur la loi fondamentale,
30:26je ne pense pas
30:28que ce soit un excellent booster de vote, voyez ?
30:30Alors je précise la notion du changement
30:32de régime, et ensuite je passe la parole à Arthur.
30:34Changement de régime. Donc Musk globalement, qu'est-ce qu'il dit ?
30:36Remise en question de l'ensemble des lois qui cherchent
30:38à encadrer la liberté d'expression aujourd'hui
30:40en Europe, en disant
30:42une conception très nord-américaine de la chose.
30:44Critique de l'immigration massive, on le voit aussi
30:46chez lui. Critique de la technocratie
30:48européiste. Donc c'est ce que j'entends par changement
30:50de régime, mais non pas spécifiquement la constitution allemande.
30:52Oui, mais ce sera perçu comme ça.
30:54C'est ça qui est gênant, c'est que tout le monde ne rentre pas,
30:56tout le monde n'a pas une connaissance encyclopédique
30:58ou même mineure
31:00des auteurs
31:02auxquels nous venons
31:04de faire référence.
31:08La liberté d'expression à l'américaine,
31:10donc la liberté protégée
31:12par l'article 1er de la Constitution,
31:14c'est-à-dire la liberté d'expression
31:16à peu près
31:18illimitée,
31:20est quelque chose qui, depuis 1945,
31:22c'est un véritable
31:24problème moral,
31:26n'est plus audible jusqu'à aujourd'hui.
31:30Parce que nous avons une histoire
31:32qui est tellement chargée
31:36qu'à un moment donné, la liberté d'expression
31:38absolue,
31:40surtout en Allemagne,
31:42mais pas seulement, est extrêmement
31:44difficile à concevoir. Mais en même temps,
31:46la prolifération des normes
31:48pour encadrer cette liberté
31:50d'expression aboutit
31:52à des excès qui sont incontestables.
31:54Regardez le nombre d'interdictions
31:56d'événements, le nombre d'interdictions de manifestations,
31:58le nombre d'interdictions de groupes,
32:00sans aucun effet sur le réel, parce qu'en fait
32:02un groupe se reconstitue, une idéologie perdure,
32:04mais
32:06d'abord deux choses.
32:08Il va falloir voir si l'attitude d'Elon Musk
32:10va changer après le 20 janvier.
32:12Parce que pour l'instant, Donald Trump est président.
32:14Il n'a pas encore des fonctions officielles.
32:16Il n'est pas encore en fonction officiellement.
32:18Et Elon Musk, pas davantage.
32:20D'une part, après le 20 janvier, il va être obligé
32:22de se consacrer à la tâche qui lui a été assignée,
32:24c'est-à-dire la réduction des dépenses fédérales,
32:26et on voit qu'il a déjà revu un peu ses ambitions
32:28à la baisse. Et d'autre part, est-ce que
32:30Donald Trump va lui permettre de continuer
32:32à intervenir avec la même latitude
32:34pour prendre des partis pris
32:36qui ne seront pas nécessairement
32:38ceux du président fonctionnant
32:40de Donald Trump, ça reste à voir.
32:42Moi, je ne suis pas certain que l'attelage dure tout au long du mandat.
32:44Arthur de Matrigan.
32:46Alors, si l'attelage ne dure pas tout au long du mandat,
32:48je vais revenir sur les intellectuels dont vous avez parlé,
32:50Vermeule, Dinin, Reher,
32:52qu'on appelle aujourd'hui un peu les post-libéraux.
32:54Vous avez les locomotives,
32:56Trump, Musk,
32:58qui interviennent, qu'on les voit surtout parce qu'ils donnent leur avis
33:00sur ce qui se passe en dehors des États-Unis,
33:02mais aux États-Unis, vous avez le vice-président, qui est J. Devins,
33:04qui s'inscrit complètement chez les post-libéraux.
33:06La question que je pose, c'est est-ce que
33:08le populisme peut s'installer durablement
33:10sans une élite culturelle et intellectuelle,
33:12ce qui s'est passé aux États-Unis,
33:14avec l'avènement, l'importance
33:16prise par ces intellectuels-là ?
33:18Est-ce que ça peut exister en France ? Est-ce que ça peut exister en Allemagne ?
33:20Est-ce que ça peut exister en Grande-Bretagne ?
33:24Je pense que ça ne peut pas perdurer
33:26sans qu'effectivement se constitue un corpus intellectuel
33:28avec ses figures de proue,
33:30mais aussi avec
33:32ses organes d'expression,
33:34avec ses journaux,
33:36avec, dans l'université,
33:38un certain nombre de figures de proue
33:40qui ont un espace de libre-expression.
33:42Et de ce côté-là,
33:44il y a encore pas mal de travail à faire.
33:46Alors en Allemagne, il y a un hebdomadaire
33:48très intéressant qui s'appelle Jung,
33:50qui fait déjà
33:52depuis de nombreuses années ce travail.
33:54En Italie,
33:56il y a depuis
33:58des décennies
34:00une foule d'intellectuels
34:02de droite.
34:04Le terme de populiste n'est pas un terme utilisé là-bas.
34:06D'intellectuels de droite
34:08qui produisent abondamment
34:10des choses de grande qualité.
34:12Je pense à mon ami Marco Tarki,
34:14par exemple, qui est politologue.
34:16En France, c'est plus
34:18compliqué parce que
34:20personne n'endosse cette étiquette.
34:22Moi, j'ai beaucoup d'admiration pour Chantal Delsol,
34:24mais elle se dit libérale-conservatrice.
34:26Elle ne se dit pas penseuse-populiste.
34:28Et le fait, d'ailleurs,
34:30c'est qu'il y a effectivement
34:32une irrigation
34:34et une production intellectuelle
34:36et il n'y a pas de prise de pouvoir durable.
34:38Alors, il y a quelque chose
34:40dans cette droite populiste émergente,
34:42on l'étiquette de différentes manières,
34:44on s'en inquiète
34:46parce qu'on l'accuse potentiellement
34:48d'être autoritaire.
34:50Pourtant, en Europe, aujourd'hui,
34:52si on regarde les choses,
34:54on pourrait même penser aux Etats-Unis à certains égards,
34:56et l'annulation d'élections en Roumanie.
34:58Mathéo Salvini traînait devant les tribunaux
35:00pour avoir appliqué son programme
35:02sur la question du refoulement d'immigrants.
35:04En Allemagne,
35:06on discute de la possibilité
35:08de l'interdiction de l'AFD.
35:10En France, possibilité de décapitation
35:12juridique de l'opposition avec Marine Le Pen
35:14qui serait frappée d'inéligibilité.
35:16Est-ce qu'il n'y a pas, néanmoins,
35:18à travers tout ça,
35:20chaque histoire est singulière,
35:22mais est-ce qu'il n'y a pas la tentation
35:24aussi d'un système de se délivrer
35:26de ses opposants en ne croyant plus
35:28être capable de les battre électoralement ?
35:30– Si, incontestablement,
35:32l'idée qui consiste à dire
35:34politiquement nous n'avons pas réussi à nous débarrasser
35:36du Rassemblement national,
35:38la preuve, Marine Le Pen fait des scores de plus en plus élevés,
35:40donc, finalement,
35:42si les juges pouvaient la déclarer inéligible
35:44et lui permettre,
35:46si on veut se dire,
35:48de ne pas concourir la prochaine fois,
35:50ça nous arrangerait bien.
35:52C'est d'abord moralement extrêmement discutable
35:54et ça ne fait que repousser le problème,
35:56ça ne fait que repousser le problème,
35:58puisqu'il y a en fait derrière quelqu'un qui va porter le flambeau,
36:00qui va le porter a priori plutôt bien,
36:02je parle évidemment de Jordan Bardella,
36:04mais quel signe d'impuissance ?
36:06Après, sans doute les juges ont-ils en tête
36:08le fait que cette mesure serait,
36:10je crois, assez mal reçue,
36:12même parmi beaucoup d'opposants à Marine Le Pen
36:14qui considèrent que c'est quand même
36:16un petit peu excessif.
36:18Quant à l'interdiction de la FD,
36:20moi, ma doctrine est claire,
36:22les gens qui sont violents,
36:24en France, ceux qui rentrent
36:26dans le cadre de l'article L2121
36:28du code de la sécurité intérieure,
36:30des gens qui veulent renverser par la force
36:32le régime républicain,
36:34il n'y en a pas tant que ça quand même,
36:36et ça ne représente pas tant de monde que ça,
36:38mais un parti qui arrive au-delà
36:40des 10-15% des voix,
36:42on ne peut plus le dissoudre,
36:44parce qu'on ne dissout pas le mouvement social
36:46qu'il représente,
36:48on ne dissout pas le mouvement d'idée qu'il représente,
36:50on dissout le FPE autrichien
36:52pour éviter que M. Kickel
36:54devienne le premier chancelier,
36:56le nouveau chancelier,
36:58comme ça, on a sauté l'obstacle,
37:00mais on n'a rien résolu.
37:02– Mais la tentation répressive va peut-être un peu plus loin,
37:04je vais me référer à un événement d'il y a deux ans,
37:06vous l'avez probablement en tête,
37:08l'Institut Éliade, nul besoin d'être d'accord avec l'Institut Éliade,
37:10organise un colloque, et le colloque est interdit
37:12avant même d'être tenu, parce qu'il pourrait s'y tenir
37:14des propos contraires à la loi Pleven,
37:16est-ce qu'il n'y a pas quelque chose là-dedans
37:18dans le livre de Philippe qui est là, avec le film,
37:20est-ce qu'il n'y a pas cette idée que pourrait se tenir
37:22des propos inquiétants, donc on l'interdit ?
37:24– C'est évidemment une motivation
37:26particulièrement surréaliste,
37:28moi j'assiste à une partie
37:30de chaque année du colloque
37:32de l'Institut Éliade depuis le 1er,
37:34je le referai cette année,
37:36honnêtement,
37:38mettre en jeu la loi Pleven
37:40dans ce que j'ai entendu à la tribune,
37:42moi ça m'est jamais venu à l'idée,
37:44dans tout ce que j'ai entendu honnêtement,
37:46je n'enregistre rien,
37:48mais si j'avais enregistré, je n'aurais rien trouvé
37:50qui tombe sous le coup de la loi,
37:52et puis à un moment donné, on laisse se tenir,
37:54et on juge ex poste,
37:56si quelque chose se passe,
37:58alors éventuellement,
38:00on enclenche les dispositifs prévus par la loi,
38:02mais les interdictions préventives,
38:04non, à moins évidemment
38:06qu'il s'agisse d'une manifestation de voie publique,
38:08où il est évident
38:10qu'il va y avoir, comme on dit en droit,
38:12un trouble grave et imminent à l'ordre public,
38:14il faut qu'il soit grave
38:16et qu'il soit imminent,
38:18tout ça sous le contrôle du juge,
38:20mais dire, il risque d'y avoir
38:22des propos qui tombent sous le coup de la loi,
38:24tenus ici ou là, donc on va interdire,
38:26comme ça il n'y en aura pas,
38:28très honnêtement, ça n'est pas une méthode.
38:30– Arthur Lemaître-Igrant, sur les 10 ans de Charlie Hebdo.
38:32– Sur les 10 ans de Charlie Hebdo,
38:34parce que vous écrivez dans Charlie Hebdo,
38:36vous continuez à écrire dans Charlie Hebdo,
38:38qu'est-ce que vous avez pensé de cette semaine de commémorations,
38:40on a vu une Miss France qui a dit
38:42qu'elle n'était pas Charlie,
38:44elle parlait de revendication de Robleshem,
38:46c'était assez surprenant, venant d'une Miss France,
38:48coachée, quel bilan tirez-vous de ces 10 ans
38:50et comment vous avez vécu cette semaine ?
38:52– Cette semaine a été marquée
38:54par une très belle réunion à la mutualité
38:56qui était consacrée
38:58par Charlie Hebdo et le CRIF,
39:00à la commémoration non pas des victimes
39:02de l'attentat contre Charlie Hebdo,
39:04mais des victimes contre tous les attentats
39:06de janvier 2015,
39:08Clarisse Agent-Philippe,
39:10l'équipe d'Hypercacher,
39:12c'était une belle soirée de réflexion,
39:14on a entendu des gens
39:16qui ont rappelé d'abord
39:18que, et c'est l'essentiel,
39:20ce journal est toujours debout,
39:22parce que la victoire absolue
39:24serait été effectivement qu'il cesse de paraître,
39:26cela ne s'est pas produit, il se porte bien,
39:28il tient la ligne,
39:30ses adversaires l'accusent sans le lire
39:32de toute une série de turpitudes
39:34qui ne correspondent pas
39:36à sa ligne éditoriale,
39:38de toute évidence.
39:40Après, il est vrai que, dans la même soirée,
39:42on a entendu des choses qui sont relativement inquiétantes,
39:44de la part de Yanis Roder,
39:46par exemple, sur la situation de la laïcité à l'école,
39:48et la multiplication
39:50des actes antisémites à l'école
39:52depuis le 7 octobre, qui est vraiment un tournant crucial,
39:54de la part
39:56aussi de Dominique Renier,
39:58qui a fait part des dernières études de Fondapol
40:00sur l'antisémitisme en France,
40:02et puis de mon ami Patrick Klugmann,
40:04qui a rappelé que, dans les affaires
40:06de terrorisme et les affaires
40:08d'assassinats dans lesquels
40:10il avait plaidé, par exemple,
40:12les divers assassinats antisémites
40:14qui ont eu lieu en France ces dernières années,
40:16il a été extrêmement difficile
40:18de voir les magistrats instructeurs
40:20retenir
40:22l'incrimination d'antisémitisme
40:24dans des affaires qui, de toute évidence,
40:26l'État, il a donné un exemple qui est particulièrement
40:28absurde, c'est une affaire sordide
40:30de
40:32cambriolage, séquestration
40:34et viol, qui a lieu
40:36à Créteil.
40:38Et le magistrat instructeur
40:40explique, non, ce n'est pas un acte
40:42antisémite, parce qu'en fait, les
40:44malfaiteurs ont agi en pensant que
40:46les juifs avaient de l'argent.
40:48Le premier
40:50des stéréotypes, le plus ancien,
40:52c'est que, naturellement,
40:54les juifs sont riches et qu'ils ont de l'argent
40:56et qu'ils le cachent chez eux.
40:58Donc, à ce niveau de négation
41:00du réel, il a lieu tout de même d'être inquiet.
41:02Maintenant, on a
41:04un gouvernement qui, comme les précédents
41:06d'ailleurs,
41:08veut faire face aux problèmes, je ne doute pas
41:10de la volonté politique, c'est
41:12la volonté judiciaire qui est
41:14principalement en cause. C'est-à-dire qu'il faut que le barème des peines
41:16soit suffisamment dissuasif
41:18et il faut que l'incrimination d'antisémitisme
41:20soit retenue à chaque fois pour
41:22qu'on ait un vrai résultat.
41:24– Il nous reste une minute. Depuis dix ans, on a beaucoup parlé
41:26d'unité nationale, la capacité des Français
41:28de s'unir devant les preuves.
41:30Est-ce qu'à certains égards, l'unité nationale
41:32aujourd'hui, de manière très objective, ça ne consiste
41:34pas à faire sauter ce qu'on appelle
41:36le front républicain qui représente,
41:38qui bloque l'accès à l'unité nationale
41:40à plus de 40% des Français ? Est-ce qu'une unité nationale
41:42sans le rassemblement national est imaginable
41:44en France aujourd'hui ?
41:46– Pour moi, l'unité nationale, c'est autre chose.
41:48C'est un récit commun
41:50et c'est le sentiment,
41:52je vais terminer sur une note québécoise
41:54tirée d'une chanson
41:56de Félix Leclerc qui s'appelle « La louette en colère ».
41:58– Bien sûr.
42:00– Dans « La louette en colère », Félix Leclerc
42:02dit, c'est l'histoire
42:04d'un homme qui raconte la colère de son fils,
42:06de son fils enragé,
42:08qui,
42:10comme son père, a été dépouillé,
42:12humilié,
42:14et qui se retrouve étranger dans son
42:16propre pays, Félix Leclerc ajoute,
42:18il ne lui reste que la belle vue sur le fleuve
42:20et sa langue maternelle qu'il ne reconnaît pas.
42:22L'unité nationale,
42:24c'est quand chacun aura droit
42:26à une belle vue
42:28et une belle vie, d'une part,
42:30et puis l'autre part, lorsqu'il se
42:32reconnaîtra
42:34dans un récit commun,
42:36dans un avenir commun,
42:38dans un projet commun, qui passe aussi
42:40d'ailleurs par la maîtrise,
42:42c'est-à-dire par le retour de la langue.
42:44– Merci.
42:46Merci Jean-Yves Camus d'être venu sur le plateau
42:48de CNews, merci à vous Mathieu Bacqueté,
42:50merci Arthur de Vatrigan,
42:52rendez-vous samedi prochain et nous
42:54on se retrouve dans un instant pour l'heure des Pro Week-end.
42:56À tout de suite.

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