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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 - Il est 19h et c'est un plaisir d'être avec vous pour Face à Mathieu Bocoté.
00:04 Cher Mathieu, rebonjour !
00:06 - Rebonjour cher ami !
00:07 - Ça m'a vraiment fait plaisir d'être avec vous ce matin.
00:09 - J'en étais très heureux, merci pour l'invitation.
00:11 - Arthur de Vatrigan, vous nous avez manqué ce matin,
00:13 mais vous êtes là avec nous comme chaque samedi.
00:15 Merci, très élégant aujourd'hui, cher Arthur.
00:18 - Je vous ai trouvé un très bon couef.
00:20 - On fait le point sur l'information avec Adrien Spiteri,
00:23 lui aussi est très élégant, cher Adrien, bonsoir.
00:26 - Merci, Elliot. Bonsoir, Elliot, et bonsoir à tous.
00:28 Des frappes israéliennes auraient fait plus de 80 morts à Jabalia,
00:32 selon le Hamas ce samedi, dont 50 dans un camp de réfugiés.
00:37 Une information non confirmée par TSAL.
00:39 Dans un communiqué, l'armée israélienne assure que des opérations sont en cours dans le secteur.
00:44 L'ONU évoque des images effroyables et réitère son appel au cessez-le-feu.
00:49 Pour avoir écrit plusieurs tags antisémites à Strasbourg,
00:52 un homme de 62 ans a été condamné hier à 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
00:57 A cela s'ajoutent 1500 euros d'amende et 5 ans de suivi socio-judiciaire.
01:02 Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas,
01:04 1518 actes antisémites ont été recensés en France.
01:09 Et puis, doit-on interdire les grèves à Noël dans les transports en commun ?
01:13 A cette question, 50% des Français répondent non, 49% répondent oui.
01:17 C'est le résultat d'un sondage CSA pour CNews.
01:20 Le syndicat Sudrail annonce construire une puissante mobilisation à Noël
01:24 pour réclamer une hausse des salaires.
01:27 A la une de face à Mathieu,
01:29 beaucôté si les Français veulent retrouver leurs frontières,
01:32 mettre fin à la submersion migratoire,
01:34 à Bruxelles, le discours est tout autre.
01:37 Plédoyer sur une Europe terre d'accueil,
01:39 pression sur les pays qui refusent d'accepter les conditions de l'Union européenne.
01:44 Les européistes sont-ils favorables à l'immigration massive ?
01:47 On en parle dans un instant.
01:49 A Nantes, le père Noël dérange.
01:51 Il y a l'homme et sa barbe blanche.
01:53 Et puis, il y a le symbole de Noël, une fête chrétienne,
01:56 jugée excluante pour certains.
01:58 La gauche aurait-elle du mal avec nos codes, notre histoire, nos valeurs,
02:02 au point de déconstruire une fête aussi belle que Noël ?
02:05 On sera le second édito de Mathieu Boccoté.
02:08 Enfin, cher Mathieu, vous recevez ce samedi soir l'historien Jean Sévillade,
02:12 roi de l'histoire dont la politique est immense
02:15 et sera l'objet de votre entretien.
02:17 Voilà le programme.
02:18 Face à Mathieu Boccoté, c'est parti.
02:21 Et vous souhaitez commencer ce samedi soir par la commission
02:25 et la commissaire européenne aux affaires intérieures.
02:28 Elle s'appelle Ilva Johansson.
02:30 Elle a livré un ardent plaidoyer cette semaine
02:32 dans le cadre de la conférence sur la migration légale
02:35 pour l'immigration massive, sans laquelle, affirmait-elle,
02:40 l'Europe perdrait en vitalité.
02:43 C'est d'abord sur cette affirmation et d'autres, d'ailleurs,
02:45 que vous voulez revenir, cher Mathieu.
02:47 Alors d'abord, quelques indications biographiques
02:49 sur cette figure importante de la nomenclatura européenne.
02:53 Elle provient... Alors, c'est pas un détail de la gauche,
02:56 pardonnez la formule, sociocommuniste suédoise.
02:58 C'est-à-dire les figures qui se hissent
03:01 dans la commission européenne, qui jouent un rôle immense,
03:03 qui ne sont pas élues, ne l'oublions jamais,
03:06 eh bien, peuvent provenir d'un parcours idéologique
03:08 assez marqué.
03:10 Et c'est pas inutile de le mentionner
03:12 avant de rappeler certaines des déclarations de cette dame.
03:15 Alors, qu'est-ce qu'elle dit?
03:17 Premièrement, sans migrants, l'Europe souffrirait.
03:21 Donc, l'Europe ne souffre pas de l'immigration,
03:23 l'Europe souffrirait d'une absence d'immigration.
03:27 Affirmation première.
03:28 Ensuite, elle dit qu'il faut maîtriser la chose.
03:30 Mais là, il faut comprendre, il faut commencer à décoder
03:32 la novlangue européiste et diversitaire.
03:35 Lorsque nos amis européistes et diversitaires disent
03:38 qu'il faut maîtriser l'immigration,
03:39 ça ne veut pas dire qu'il faut la contenir
03:41 et rompre avec l'immigration massive.
03:43 C'est-à-dire qu'on doit être capable d'encadrer,
03:45 de réguler l'immigration massive
03:48 pour la rendre acceptable au peuple.
03:50 D'ailleurs, elle ajoute, sinon, la peur va se propager
03:54 et l'extrême droite va gagner la partie.
03:56 Évidemment, l'extrême droite est toujours cachée quelque part
03:58 et elle surgit.
03:59 Ensuite, elle va plus loin.
04:02 À propos de l'immigration, elle dit, oui, il y a des problèmes,
04:04 mais ils seront résolus dans la mesure où on doit situer
04:08 cette action à l'échelle de l'Europe, dis-je,
04:11 et non pas au niveau des États membres.
04:13 Chaque État membre qui aurait sa propre politique migratoire
04:16 serait condamné à l'impuissance.
04:18 Donc, qu'est-ce qu'on nous explique?
04:19 L'immigration massive est nécessaire.
04:20 Sans elle, l'Europe se décompose.
04:23 Et par ailleurs, les États nationaux doivent être
04:25 dépossédés des pouvoirs résiduels qui sont les leurs
04:28 en la matière pour être capables,
04:30 pour mener cette grande politique européiste de l'immigration.
04:34 Enfin, avant dernière citation qui est importante,
04:37 elle nous dit que si on rompait avec l'immigration massive,
04:40 il y aurait un grave problème parce qu'une bonne partie
04:42 des pays d'origine dont l'économie dépend des gens
04:46 qui viennent de ces pays et qui renvoient de l'argent
04:48 dans leur pays d'origine, leur économie s'effondrerait.
04:51 Donc, on est dans une logique ici.
04:53 Il y a deux affirmations un peu contradictoires.
04:54 Cette puissance de travail vient ici pour sauver
04:57 l'économie européenne, mais au même moment,
04:58 renvoie l'argent dans le pays d'origine.
05:01 Il se peut que cette dame ait appris effectivement
05:03 ses cours de comptabilité au Parti communiste.
05:05 Et enfin, elle nous explique quel est le problème
05:08 qui fait que ça ne fonctionne pas l'immigration en Europe.
05:10 Qu'est-ce qui fait que l'intégration ne fonctionne pas?
05:12 Est-ce parce qu'on est devant des cultures trop différentes?
05:14 Parce qu'on est devant une logique conquérante de l'islam?
05:17 Est-ce que c'est parce qu'il y a des chocs culturels?
05:20 Est-ce que c'est parce qu'on est quelquefois devant
05:22 des populations qui, pour différentes raisons,
05:23 peinent à s'adapter aux normes européennes?
05:26 Pas du tout.
05:27 Elle nous explique que le problème,
05:28 c'est que les communautés d'accueil ne sont pas à la hauteur
05:32 et elle nous invite à lutter contre le racisme,
05:35 car c'est un énorme obstacle pour être vraiment attractif,
05:38 donc pour être capable d'attirer davantage d'immigrés.
05:41 Donc, qu'est-ce qui fait que ça ne fonctionne pas
05:43 l'immigration en Europe?
05:44 C'est la faute des populations d'accueil
05:46 qui sont racistes.
05:48 Qu'est-ce qu'elle entend par racistes?
05:49 On comprend qu'elles ne souhaitent pas
05:50 se soumettre au multiculturalisme.
05:52 Alors, je résume les quatre thèses
05:54 pour bien qu'on les garde à l'esprit.
05:56 Une Europe vieillissante, sans l'immigration massive,
05:58 l'Europe s'assèche et devient un continent de vieillards
06:01 au seuil de l'EHPAD.
06:03 Deuxièmement, c'est l'Europe qui doit gérer l'immigration
06:05 et pas l'éternation.
06:07 Troisièmement, ce n'est pas l'immigration massive
06:08 avec laquelle il faut rompre,
06:10 mais avec ce qu'elle appelle l'extrême droite.
06:12 Et en dernière instance, le vrai problème de nos sociétés,
06:15 c'est le racisme profond qui les travaillerait.
06:17 Dans ce contexte, j'aime rappeler
06:19 les différents circuits migratoires aujourd'hui.
06:21 La Méditerranée, évidemment, les Canaries, les Balkans,
06:25 et qu'est-ce qu'on a vu cette semaine à Ceuta?
06:27 Une charge de plus d'un millier de personnes
06:29 qui traversent violemment la frontière.
06:32 Et là, je cherche un mot, il doit y en avoir un,
06:33 pour dire comment qualifie-t-on
06:35 plus d'un millier de personnes qui violent une frontière,
06:37 qui forcent une frontière,
06:38 qui s'y imposent sans être désirées
06:40 pour s'imposer sur un territoire
06:42 où ils n'ont pas le droit de l'être.
06:43 Je devine que dans l'histoire, avoir un terme pour qualifier cela,
06:46 mais il ne me vient pas à l'esprit.
06:48 Je crois que M. Giscard d'Estaing parlait en 91
06:51 d'immigration-évasion.
06:53 Peut-être l'a-t-on traité à l'époque d'homme d'extrême droite.
06:55 Je dis ça comme ça.
06:55 Alors, je vais plus loin, un dernier point
06:58 qui me semble important.
06:59 Comment comprendre l'immigrationnisme
07:01 forcené des élites européistes?
07:03 On est dans une logique d'ingénierie sociale.
07:04 C'est-à-dire, dans leur esprit, c'est la logique du marché,
07:07 mais les peuples, fondamentalement,
07:08 demeurent attachés...
07:09 Européens demeurent attachés à leur identité,
07:11 demeurent attachés à leur État,
07:12 demeurent attachés à leur souveraineté.
07:14 Et dans le discours européiste, depuis 20 ans, 30 ans,
07:17 on dit souvent que l'immigration qui arrive ici
07:19 sera plus spontanément européenne que nationale,
07:22 parce qu'ils vont spontanément s'identifier
07:24 aux grands continents qui portent la possibilité
07:26 de leur émancipation
07:27 et ne seront pas prisonniers des attaches nationales.
07:30 Donc, il y a une situation, il faut l'organiser.
07:33 Donc, elle est nécessaire, souhaitable,
07:34 il faut l'organiser de manière maîtrisée.
07:37 Ce que nous dit cette commissaire européenne.
07:39 Il doit y avoir un autre nom pour nommer ça.
07:42 Et en dernière instance, dans cette logique,
07:44 on a vu le Danemark qui voulait externaliser
07:47 le processus de réfugiés au Rwanda.
07:49 Qu'est-ce qu'il y a?
07:49 Coup, on pourrait dire coup de punition
07:53 de la part du Conseil de l'Europe, cette fois,
07:55 qui dit votre politique,
07:56 qui veut reporter vers le Rwanda,
07:58 à l'extérieur des frontières de l'Europe,
08:00 l'encadrement de l'immigration
08:01 et notamment dans ce cas-là, du droit d'asile,
08:04 eh bien, vous êtes contre les droits humains,
08:05 vous êtes contre les droits de l'homme
08:07 et de ce point de vue,
08:08 vous n'avez pas le droit de le faire.
08:09 Donc les différentes instances
08:10 de la nomenclatura européiste,
08:12 de l'empire européiste,
08:13 cassent encore une fois la volonté des nations.
08:15 La question de l'immigration
08:17 a aussi occupé la vie politique française cette semaine.
08:20 On a appris, mais reste à savoir
08:23 si certains seront surpris,
08:25 qu'il n'y aura pas de référendum sur l'immigration.
08:28 Comment comprendre ce refus?
08:30 Alors, qui a cru un instant
08:33 qu'il y aurait un référendum sur l'immigration?
08:34 Vous y avez cru?
08:35 Évidemment, oui.
08:37 J'ai pensé que la voix des Français
08:38 était plus importante
08:39 que la voix des responsables politiques.
08:40 Le passage des années va vous guérir de cette illusion.
08:42 Alors, quels sont les deux points de départ
08:46 de cette réflexion?
08:47 Le premier, le décalage observé, confirmé
08:50 entre le régime, au sens du régime diversitaire,
08:52 et la population qui à 70 %
08:54 réclame un tout autre politique.
08:56 Donc de temps en temps, démocratie,
08:58 si on ne doit pas tenir compte de la volonté du peuple,
09:00 on l'aura compris,
09:00 parce que le peuple est vécu comme dangereux,
09:02 raciste, populiste, d'extrême droite.
09:04 Ce qu'on doit faire,
09:05 c'est donner l'impression qu'on l'entend.
09:07 Donc on fait semblant qu'on pense
09:08 atténuer un référendum,
09:10 pour expliquer finalement qu'on ne le fera pas.
09:11 Quels sont les arguments utilisés
09:13 pour dire que le référendum
09:14 ne doit pas avoir lieu?
09:15 Le premier.
09:16 On fait trois arguments.
09:18 La Constitution ne le permettrait pas.
09:21 Donc ce serait trahir la démocratie
09:22 que de faire un référendum,
09:24 parce que la démocratie, c'est l'État de droit.
09:25 L'État de droit, c'est la Constitution.
09:27 La Constitution ne permet pas le référendum.
09:29 Dès lors, si vous êtes pour le référendum
09:30 sur l'immigration,
09:31 vous êtes un antidémocrate.
09:33 Ça percole.
09:35 Ensuite, dans le même état d'esprit,
09:37 on dit « oui, mais de Gaulle avait quand même fait
09:39 des référendums qui ne relèvaient pas strictement
09:42 du périmètre réservé du référendum aujourd'hui.
09:44 On vous dit « oui, mais c'était de Gaulle,
09:46 c'est pas n'importe qui. »
09:47 Alors là, on doit poser la question à nos amis.
09:49 Est-ce que de ce point de vue,
09:50 on est des amis du pouvoir,
09:51 donc est-ce qu'un homme d'exception
09:53 qui tire sa légitimité
09:54 d'une source extra-démocratique
09:57 est en droit, lui,
09:58 d'imposer des référendums sur d'autres sujets
10:00 et dès lors, on les accepte, on les tolère,
10:02 mais d'autres ne le peuvent pas?
10:03 Si c'est ce qu'ils pensent,
10:04 qu'ils nous tiennent au courant,
10:05 ça m'intéresserait.
10:05 Deuxième élément, on nous dit
10:07 « le référendum diviserait le pays ».
10:09 Ça, c'est un argument très souvent entendu.
10:12 On dit « le référendum diviserait le pays ».
10:15 Et pourquoi?
10:15 Parce que ça réchaufferait les passions.
10:17 Alors, premièrement, est-ce qu'on est en train de nous dire
10:19 que le pays n'est pas divisé?
10:20 En fait, avec raison.
10:21 Le pays n'est pas divisé,
10:22 il est assez uni autour de la question de l'immigration,
10:24 mais il est uni contre la doctrine immigrationniste
10:28 et diversitaire qui nous dirige.
10:29 Donc là, on dit « ça diviserait ».
10:31 En fait, ce qu'on ne veut pas,
10:32 c'est que la volonté du peuple s'exprime
10:35 dans un moment politique,
10:36 on soit obligé d'en tenir compte.
10:37 Et dernier élément qui n'est pas négligeable,
10:39 on nous dit « le référendum, oui,
10:40 mais à quoi ça servirait?
10:42 Pour ou contre l'immigration?
10:43 Ça ne veut rien dire.
10:44 Mais tout le monde a compris depuis longtemps
10:45 que le référendum sur l'immigration
10:47 est là pour donner des pouvoirs à l'État
10:49 pour véritablement rompre avec l'immigration massive
10:51 et redonner les pouvoirs nécessaires
10:53 pour rompre avec le gouvernement des juges.
10:55 Et tout ce qui empêche aujourd'hui
10:56 la véritable maîtrise, véritable maîtrise,
10:59 j'entends par là,
10:59 rompre avec l'immigration massive.
11:01 Mais c'est justement de cela
11:03 dont on ne veut pas,
11:04 parce que pour nos amis,
11:05 on retourne à l'argument 1,
11:06 ça serait contre la démocratie,
11:07 parce que ce serait contre l'État de droit,
11:08 tel qu'interprété par le gouvernement des juges
11:10 et leurs amis commentateurs médiatiques.
11:12 Alors on arrive à ce point d'aboutissement
11:14 comme d'habitude,
11:15 dans tout cela, ce qui est de trop, c'est le peuple.
11:17 Si on pouvait s'en passer, le monde irait mieux.
11:19 - Mais n'est-ce pas la possibilité même
11:20 de s'opposer en quelque sorte
11:22 à l'immigration massive
11:23 qui est remise en question aujourd'hui?
11:25 C'est ce que semble d'ailleurs suggérer selon vous
11:28 un exemple venu de Belgique.
11:30 - C'est une histoire assez fascinante
11:32 qui est à la fois troublante
11:34 mais qui nous en dit
11:37 sur la prochaine étape de nos sociétés.
11:38 Alors il y a une figure politique
11:40 qui était en pleine ascension,
11:42 c'était en Flandre, Conor Rousseau.
11:44 Conor Rousseau, c'était le chef des socialistes locaux,
11:46 il était en train de faire revivre
11:47 le parti socialiste en Flandre,
11:49 qui est une terre politique plus à droite.
11:51 Mais il a été rattrapé par une polémique.
11:53 Une polémique qui est la suivante,
11:54 qui est brutale, je précise,
11:57 je ne défends d'aucune manière ses propos,
11:59 je sais de quoi, de quelle manière on va les traiter.
12:01 Premièrement, il dit, avec les Roms,
12:03 et avec certaines catégories,
12:06 notamment les Roms, si je ne me trompe pas,
12:07 il faudrait user davantage de la matraque avec eux.
12:10 C'est effectivement brutal et c'est insensé.
12:12 Il va même jusqu'à les qualifier,
12:13 et c'est odieux, de déchets bruns.
12:15 C'est quand même atroce, c'est absolument atroce.
12:17 Mais ce qui est intéressant, c'est que voilà un homme,
12:19 dans quelles circonstances a-t-il dit cela?
12:21 Eh bien, dans des circonstances
12:22 où il était très alcoolisé.
12:24 C'est amusant.
12:25 Doit-on croire que certaines personnes à gauche
12:27 tiennent un discours publiquement
12:28 et lorsqu'ils sont désinhibés parce qu'ils ont un peu trop bu,
12:30 soudainement disent tout autre chose.
12:32 C'est assez fascinant.
12:33 Quoi qu'il en soit, son propos est condamnable,
12:35 ça n'a moindre nuance.
12:36 Mais ce qui est intéressant là-dedans,
12:38 c'est de voir de quelle manière
12:39 on a décidé de traiter politiquement.
12:41 Plutôt que de faire un procès,
12:43 ce qui était possible dans les circonstances,
12:46 le type Conor Rousseau va plutôt faire une thérapie.
12:50 Une thérapie où il devra...
12:52 Une thérapie qui va être consacrée notamment
12:54 à la prise de conscience de l'impact des mots
12:56 dans nos sociétés.
12:57 Donc globalement, il va y avoir une thérapie
12:59 en rééducation, en ove-langue,
13:01 pour corriger des propos qui, je le redis,
13:03 devaient être condamnés assurément politiquement,
13:05 culturellement, moralement.
13:07 Mais là, qu'est-ce qu'on fait?
13:08 On le traite sur le mode de la thérapie.
13:10 Encore une fois, c'est traité sur le mode de la santé mentale.
13:12 Encore une fois, la punition relève non pas
13:14 de la politique ou de la morale,
13:16 mais elle relève de plus en plus de cette idée
13:17 d'on va vous soigner.
13:19 Je suis assez étonné.
13:20 Donc la réponse par rapport aux propos qui,
13:23 je le redis, sont condamnables,
13:24 la réponse me semble elle aussi inquiétante
13:27 parce que décider de traiter sur le mode psychiatrique
13:29 des gens qui ne pensent pas comme nous,
13:31 je vous assure que dans les prochaines années,
13:34 on va proposer une telle solution
13:36 pour bien d'autres problèmes
13:37 et des propos bien moins problématiques.
13:39 - Vous savez, il n'y a pas besoin d'alcool
13:40 pour que les hommes de gauche disent ce qu'ils pensent.
13:42 Il suffit d'éteindre la caméra
13:43 et puis là, finalement, ils auront souvent le même discours.
13:46 - Je vous laisse à vos propos.
13:48 - Arthur de Vatrigan, quel regard vous portez
13:50 sur cette vision très immigrationniste de Bruxelles
13:54 et ce qui s'est pu se passer cette semaine,
13:56 c'est-à-dire qu'on a dit
13:57 "le référendum n'est plus à l'ordre du jour".
13:59 - Rappelez-vous cette déclaration d'Ursula von der Leyen,
14:02 patronne de la Commission européenne.
14:05 "Nous proposons aujourd'hui une solution européenne
14:07 afin de rétablir la confiance entre les États
14:10 et de restaurer la confiance des citoyens
14:12 dans notre capacité en tant qu'union
14:14 à gérer la migration".
14:16 Me dire que le pacte de migration et d'asile,
14:18 les députés s'apprêtent à voter,
14:20 on va refiler les clés de la gestion de l'immigration
14:24 en ligne européenne, je ne sais pas pour vous,
14:26 mais pour moi ça m'excite autant que si on confiait
14:28 un ministère de l'assimilation et assimilateur
14:30 ou le ministère de l'éducation nationale à Mounir.
14:33 Bref, il faut rappeler ce que contient ce pacte en quatre points,
14:36 mise en place d'un pont maritime entre l'Afrique et l'Europe
14:39 pour accompagner les migrations,
14:41 relocalisation des migrants dans nos campagnes,
14:43 rappelez-vous on a vu ce petit livret
14:45 qui nous apprenait comment faire,
14:47 perte de souveraineté des États vers l'Union européenne
14:49 et mis sous tutelle de la politique migratoire européenne
14:52 par des experts et des ONG.
14:53 Alors on pourrait se demander pourquoi cette soumission
14:55 des élus français à l'Union européenne ?
14:58 Il y a trois raisons, première raison, idéologique.
15:00 La nation, Mathieu l'a rappelé, c'est un caillou
15:03 dans la chaussure de l'idéologie mondialiste.
15:06 Donc il faut s'en débarrasser et quoi de mieux
15:08 qu'une bonne submersion pour le faire,
15:10 parce qu'eux savent très bien que les gens,
15:11 les personnes ne sont pas interchangeables,
15:13 donc ils importent des peuples entiers,
15:15 tout en s'attaquant à détruire les identités de l'intérieur,
15:19 tout ce qui fait un commun, et on arrive à ce que certains
15:22 appellent la cruelisation, d'autres le grand remplacement,
15:24 le résultat elle-même c'est la disparition des peuples.
15:27 La deuxième raison, elle est utilitariste.
15:29 Depuis 30 ans, nos dirigeants ont décidé que les talons
15:32 de notre nouvelle économie ne seraient pas l'innovation,
15:34 pas la production, pas l'emploi, mais le pouvoir d'achat,
15:37 c'est-à-dire le pouvoir de consommer.
15:38 Il faut relire tous les ouvrages de Pierre Vermeuren
15:40 qui l'expliquent merveilleusement bien,
15:42 la croissance repose uniquement sur la consommation.
15:45 Et ce qui est bien avec un consommateur,
15:46 c'est que vous vous en tamponnez qu'il parle pachtoun,
15:48 qu'il parle arabe, qu'il s'habille en toche,
15:50 qu'il s'habille en djellaba ou qu'il le vénère bouddha ou Allah,
15:53 il consomme.
15:54 Donc, on a un problème de natalité, pas de problème,
15:56 on va régler le manque de consommateurs qu'on aura à l'avenir,
16:00 on importe des gens et on les met sous perfusion d'argent public
16:03 pour assurer la reproduction.
16:04 Mais comme aussi il ne faut jamais enlever la perfusion
16:07 de consommation que les consommateurs actuels ont,
16:09 on assure le service H24 7 jours sur 7.
16:11 On appelle ça les métiers sous tension,
16:13 c'est-à-dire que ça ne coûte pas cher,
16:14 les grands patrons sont ravis, ils applaudissent de deux mains
16:17 et le bobo du 11ème arrondissement est ravi
16:18 parce qu'on lui livre sa petite salade de quinoa bio sans OGM
16:22 par Mathéo en vélo à 11h du soir.
16:24 Et en plus, comme le français moyen s'est fait virer
16:27 des grandes métropoles parce qu'il n'a plus les moyens
16:29 de payer les voyages de Madame Hidelgo en Tahiti
16:31 ou parce qu'il en a marre de se faire traiter de sale français,
16:33 il dégage, donc il n'a plus ces emplois-là,
16:35 ce n'est pas grave, on importe un nouveau peuple
16:39 pour assurer le service après-vente,
16:40 c'est-à-dire garder les mômes des bobos,
16:43 laver leur rooftop, leur débarrasser de leur poubelle
16:45 et ouvrir leurs huîtres.
16:47 Bref, on les grand en place.
16:48 Mais il y a une troisième raison,
16:49 là qui est encore une autre raison,
16:51 c'est la lâcheté politique.
16:52 On appelle ça la droite de gouvernement.
16:54 Il suffit de regarder le projet de loi immigration
16:56 qui est passé au Sénat, rappelez-vous,
16:57 la droite qui est majoritaire, je le rappelle,
16:59 a affirmé "vous allez voir ce que vous allez voir,
17:01 on va faire un truc super fort".
17:02 Très bien, Darmanin à la fin de la séance explique
17:05 "pas grand monde n'aurait parié sur ce texte, modifié,
17:08 certes modifié, mais qui soit adopté avec une mesure
17:10 de régularisation, je m'en félicite".
17:12 Bref, il peut, la droite fanfarode en expliquant
17:15 "on a supprimé l'article 3", l'article, vous savez,
17:17 qui faisait cliquouiller un peu,
17:19 la régularisation des clandestins,
17:21 en fait il n'a pas été supprimé,
17:23 il a été remplacé par l'article 4B
17:24 qui va juste durcir un peu la circulaire valse de 2012.
17:27 Quant à l'autre trophée qu'il monte comme ça,
17:29 la suppression de l'AME, l'aide médicale d'État,
17:31 ratée, elle n'est pas supprimée,
17:32 elle est remplacée par l'aide médicale d'urgence.
17:34 Je ne vous raconte pas le bordel qu'on va avoir aux urgences.
17:36 Déjà c'était le Sierre-Monde, là ça va être un festival.
17:38 Bref, vous avez idéologie, utilitarisme et lâcheté,
17:41 à la fin c'est l'Union Européenne qui gagne
17:42 et c'est la France qui perd.
17:45 À Nantes, à présent, la mairie écologiste veut métamorphoser Noël.
17:49 Elle en sacrifie les décorations
17:51 et veut proposer un Noël inclusif.
17:54 Mathieu Bocotte, diversitaire, vous diriez probablement.
17:57 Nous en avons un peu parlé ce matin,
17:59 mais vous souhaitez y revenir.
18:01 Oui, parce qu'il faut comprendre, je résume,
18:03 on en a parlé ces derniers jours,
18:05 on veut sacrifier les couleurs de Noël.
18:07 Il faut en fait détraditionaliser Noël.
18:09 C'est l'objectif, c'est dit comme tel,
18:11 le déchristianiser aussi.
18:12 Il faut en finir avec tout ce qui marque cette fête si belle.
18:17 Certains nous diront, je ne reviens pas sur tous les détails
18:20 parce que je vais aller au cœur du raisonnement.
18:21 Sachez tout simplement qu'ils vont le défigurer terriblement.
18:24 On va avoir l'impression d'être dans un office de...
18:26 En fait, c'est une page de Philippe Meuré
18:27 qui s'écrira devant nous.
18:30 Qu'est-ce qu'on voit là-dedans?
18:31 Pendant des années, depuis les années 90,
18:32 en fait aux États-Unis, mais ça a traversé l'Atlantique,
18:35 on a parlé de la guerre contre Noël.
18:36 La guerre contre Noël, c'était la volonté
18:38 d'effacer Noël de l'espace public.
18:42 C'était la volonté de l'abolir.
18:44 C'était la volonté de dire cette étape.
18:45 Donc, ce qui fait qu'on disait non plus joyeux Noël,
18:47 mais joyeuses fêtes.
18:49 Ce qui n'était pas un détail.
18:50 Donc, joyeuses fêtes de quoi?
18:52 De fin d'année.
18:53 De quelle année?
18:54 2023.
18:55 2023, après quoi?
18:56 Ah, ça devient compliqué.
18:57 Donc, c'est assez intéressant de voir
18:59 comment il y a eu cette volonté de détricoter Noël,
19:01 de faire sauter plusieurs autres fêtes importantes
19:04 dans le calendrier aussi, soit dit en passant.
19:07 Mais, mais, mais, nous sommes rendus à une nouvelle étape.
19:10 Il ne s'agit plus seulement de faire sauter Noël,
19:13 de l'abolir, de le déconstruire.
19:15 Il s'agit désormais de s'en emparer.
19:17 C'est-à-dire que la gauche diversitaire
19:20 veut s'emparer de Noël et ne se contente plus
19:22 de vouloir en finir avec Noël.
19:24 Non, ça va être notre fête désormais.
19:25 On va conserver la forme,
19:27 mais on va donner un tout autre contenu.
19:28 Et ça, je crois que c'est l'élément important.
19:30 Qu'entendez-vous par là, Mathieu?
19:32 Alors, ce n'est pas exclusif à Noël.
19:34 On conserve la fête de Noël, c'est le 25 décembre.
19:36 On conserve le calendrier,
19:37 mais là, on donne un tout autre contenu.
19:38 Donc, ça donne effectivement cette espèce de fête étrange,
19:41 le paradis diversitaire de fête d'année
19:43 avec une mère Noël probablement y élisée.
19:46 Vous imaginez un peu le tout.
19:47 Le Noël en inclusif, probablement noel.l.e,
19:51 quelque chose comme ça.
19:52 Mais l'essentiel est ailleurs,
19:54 après la déconstruction des héros.
19:55 On en a parlé ces dernières années,
19:56 la déconstruction des héros.
19:57 Il y a eu la volonté d'imposer de nouveaux héros,
20:00 de nouveaux héros qui étaient quelquefois étrangers
20:02 à l'imaginaire national.
20:04 Et ça, c'était assez particulier.
20:06 Donc, on prenait souvent des héros américains
20:07 et on les plaquait en France parce qu'il faut des héros.
20:10 Donc, on s'est dit, d'accord, il faut des héros,
20:11 mais ça ne sera plus des héros français.
20:12 Ce ne sera plus Jeanne d'Arc, ce ne sera plus le général de Gaulle,
20:14 ce ne sera plus Napoléon qui nous fait honte.
20:16 En Napoléon, dehors.
20:17 Et les rois, dehors.
20:19 Et Saint-Louis, dehors.
20:20 Mais les héros américains, bienvenue.
20:22 Bravo.
20:22 Dans le même état d'esprit,
20:24 on a voulu déconstruire l'histoire nationale.
20:25 Rappelez-vous, c'était un thème dominant des années 90, 2000, 2010.
20:29 Il y a eu ensuite le moment Patrick Boucheron.
20:31 Le moment Patrick Boucheron qui est un historien tout à fait reconnu,
20:34 tout à fait qualifié,
20:35 mais qui par ailleurs a proposé une histoire mondiale de la France.
20:38 Une histoire mondiale de la France.
20:39 Donc, on conservait l'histoire nationale,
20:42 on conservait la chronologie.
20:43 Rappelez-vous, tous ceux qui écrivaient une histoire sans chronologie,
20:45 une histoire sans date,
20:47 ils disaient, non, il va y avoir une chronologie,
20:48 mais ça va être notre chronologie, notre contenu.
20:50 Et c'était une histoire de France qui n'avait plus de France que le nom.
20:53 Où la littérature notamment était sacrifiée.
20:56 Anne Hinkelkorn nous l'avait dit à plusieurs reprises.
20:58 Pensez à la réécriture en Suède.
21:00 Un autre exemple.
21:01 De l'histoire du pays qui faisait des premiers Suédois des Africains.
21:05 Alors moi, il n'y a pas de souci.
21:06 Aujourd'hui, il y a des Suédois qui sont d'origine africaine, c'est très bien.
21:09 Mais faire de l'Africain la figure d'origine de l'histoire suédoise,
21:13 c'était quelque peu audacieux, disons-ça ainsi.
21:16 On peut aller plus loin.
21:17 Donc, c'est une volonté de détourner.
21:19 Je pense de détourner idéologiquement tous les grands symboles de notre société.
21:23 Pour moi, je vous fais la comparaison suivante.
21:25 Vous savez, à certains moments dans l'histoire,
21:26 c'est le propre d'une conquête.
21:27 Encore une civilisation s'empare d'une autre,
21:29 elle ne se contente pas de détruire les temples.
21:31 Elle s'empare d'un temple et elle décide de le vouer à un nouveau dieu.
21:34 On a connu le remplacement autrefois des églises transformées en mosquées.
21:38 De la même manière, aujourd'hui,
21:40 on cherche à transformer les grandes fêtes du monde occidental.
21:43 Je prends un dernier exemple qui relève du cinéma.
21:45 - Allez-y. - James Bond.
21:47 James Bond, c'était le héros de base.
21:49 Ils se sont dit qu'on ne pouvait pas liquider James Bond, il est là.
21:51 Mais on va faire un James Bond tout autre
21:53 qui va devenir le contraire d'un James Bond,
21:55 qui va devenir un anti-James Bond et qui va encore s'appeler James Bond.
21:58 Rappelez-vous, dans le dernier,
21:59 le James Bond en question ne parvient même pas à séduire une femme.
22:01 Ce n'est quand même pas James Bond, ce n'est pas sérieux.
22:04 Donc, ce que je veux dire par là, c'est qu'on s'empare des symboles,
22:07 on les conserve artificiellement,
22:09 on les place au cœur du récit médiatique,
22:11 ou du cœur du récit commercial,
22:12 mais au final, on en change le contenu
22:14 et on dit aux gens "adorez cela néanmoins",
22:16 mais tous sentent très bien la contrefaçon.
22:18 - Il nous reste peu de temps.
22:19 Arthur de Vatricombe a quand même un mot sur Noël
22:22 qui est déconstruit à Nantes, mais pas qu'à Nantes d'ailleurs.
22:25 Et d'ailleurs, vous aviez fait toute une chronique cette semaine
22:28 en Belgique, je crois.
22:29 - Chaque année, c'est la même chose.
22:31 Plus les villes seront aux mains des gauchistes
22:33 et plus le calendrier de l'avant de la bêtise va s'allonger.
22:36 Vous savez, à chaque fois qu'on ouvre une petite fenêtre,
22:38 il y aura une nouvelle connerie qui va apparaître.
22:40 On a eu les faux sapins à Bordeaux,
22:41 on a eu les interdictions de crèches à Béziers et à Bocquer.
22:44 C'est vrai qu'on ne compte pas le nombre de Français
22:45 qui sont attaqués par des santons dans les rues.
22:47 On a le fantastique décembre, rappelez-vous, à Besançon,
22:49 qui a remplacé "Joyeux Noël", probablement encouragé
22:52 par, rappelez-vous, ce petit guide inclusif
22:53 fondu par des commissaires européens
22:55 qui expliquaient qu'il fallait supprimer Noël.
22:57 Et j'en passe.
22:58 S'ils mettaient autant d'ardeur pour servir leurs administrés
23:01 que pour servir leur bêtise,
23:02 leur ville se porterait bien mieux, évidemment.
23:04 Mais bon, voilà, ils préfèrent détruire toute trace d'identité
23:07 pour faire place aux nouveaux arrivants.
23:08 On appelle ça l'inclusion.
23:11 Il faudra peut-être leur filer un coup de main,
23:12 leur dire d'accélérer parce qu'à ce rythme,
23:14 si puis-il, l'anime, le Québec sera indépendant.
23:15 Un clan de banque, la France, sera complètement détruite
23:18 entre les clochers qui trônent partout,
23:19 les cloches prosélytes qui vous cassent les oreilles,
23:22 les calendriers, les noms de villes qui commencent par "Saint",
23:24 les croix vertes qui clignotent dans les rues.
23:26 Bref, il y a beaucoup de boulot.
23:28 Il faudra qu'ils passent la seconde.
23:29 C'est très bien.
23:30 Le taux de chômage va baisser.
23:31 Bruno Le Maire sera content.
23:32 Puis, il y aura un nouveau métier sous tension
23:34 qui va grossir aussi vite que les colonnes de Victor Hugo
23:37 venues d'Israël, ce qui squatte à Lampedusa.
23:38 C'est très bien. Tout le monde va être content.
23:41 - La publicité, on revient dans un instant.
23:43 Jean Sevilla sera votre invité, Mathieu, historien, bien sûr,
23:47 et auteur d'un dernier ouvrage sur l'Autriche.
23:50 Vous allez revenir également sur la politique, l'histoire,
23:52 le lien qu'il y a entre...
23:53 - Et sur ce livre qui est remarquable aussi.
23:55 - Eh bien, bien sûr, évidemment.
23:56 La publicité, on revient dans un instant.
23:58 Quasiment 19h30 sur CNews, l'information,
24:04 c'est avec vous, Adrien Splitter.
24:06 Et rebonsoir, Adrien.
24:07 - Et rebonsoir à tous.
24:09 Des centaines de personnes ont été évacuées de l'hôpital Al-Shifa.
24:13 Aujourd'hui, le plus grand établissement de santé
24:15 de la bande de Gaza, au cœur des combats depuis plusieurs jours.
24:18 En revanche, 120 patients, dont des bébés prématurés,
24:21 ne peuvent être transférés en raison de leur état de santé.
24:25 Des familles d'otages du Hamas, justement,
24:27 sont arrivées à Jérusalem cet après-midi
24:30 après une marche débutée mardi à Tel Aviv.
24:33 63 kilomètres pour faire pression sur les autorités israéliennes.
24:37 Le but, obtenir une libération au plus vite
24:40 de leurs proches détenus dans la bande de Gaza.
24:42 Et puis, huit enfants palestiniens ont été évacués de Gaza
24:45 vers les Émirats Arabes Unis.
24:47 Des enfants blessés et malades,
24:49 ils vont recevoir un traitement médical d'urgence.
24:52 Depuis le début de la guerre, il s'agit du premier groupe
24:54 d'enfants palestiniens blessés à Gaza à être évacués aux Émirats.
24:58 Merci, cher Adrien.
24:59 On poursuit face à Mathieu Bocoté, toujours avec Arthur et Mathieu.
25:03 Et nous recevons ce soir Jean Sevilla.
25:05 Merci d'être avec nous.
25:06 Vous êtes historien et je vais présenter votre dernier ouvrage.
25:11 Cette Autriche qui a dit non à Hitler, 1930-1945.
25:17 Il en sera question évidemment ce soir.
25:19 Pourquoi avoir invité Jean Sevilla ce soir, Mathieu?
25:21 Alors, des formules tournent en boucle en ces derniers temps.
25:23 Guerre des civilisations, choc des civilisations et tout ça.
25:26 Alors, ces termes sont probablement maladroits,
25:28 mais cherchent à nommer un choc profond
25:30 entre des entités culturelles qui touchent aussi.
25:33 Et quand on parle de culture profonde, on parle de mémoire.
25:35 Pour comprendre la part de la mémoire
25:37 dans la situation politique présente en France et ailleurs,
25:40 je considère que c'est un invité qui est à l'aide de soi.
25:42 Jean Sevilla, bonsoir.
25:43 Bonsoir.
25:44 Alors, une question presque toute simple pour commenter.
25:47 On cherche à nommer justement la...
25:50 On nomme des conflits culturels, choc des civilisations.
25:52 On cherche le bon terme, en fait, pour parler des conflits,
25:55 non seulement au Proche-Orient, mais en France aussi.
25:58 La question que je me pose, tout simplement,
25:59 c'est dans quelle mesure la mémoire coloniale,
26:02 d'un côté comme de l'autre, conditionne-t-elle aujourd'hui
26:05 les tensions que l'on voit en France?
26:08 Les conditionnent partiellement dans la mesure où, d'abord,
26:11 il y a des tensions qui sont liées à des pays
26:12 avec lesquels nous n'avons jamais colonisé,
26:16 que l'immigration ne se confond pas forcément
26:18 avec des pays colonisés.
26:20 Et puis, il y a des pays anciennement colonisés
26:21 avec lesquels on n'a pas de tensions.
26:23 Donc, il faut faire distinction.
26:25 Par exemple, je ne sais pas, les Indochinois
26:28 ou les Vietnamiens qui vivent en France ne protestent pas
26:31 en permanence contre le sort qu'ont subi leurs arrière-grands-parents
26:34 quand la France a colonisé l'Indochine.
26:37 Donc, il faut faire ces distinctions-là.
26:41 Maintenant, c'est évident que notre histoire coloniale
26:44 est lourde d'un certain nombre de symboles,
26:48 du fait même des courants migratoires,
26:51 des transformations de la population française.
26:54 Une grande part des habitants du pays vient,
26:59 est originaire de pays qui ont été colonisés par la France.
27:01 Il y a un débat autour de cette colonisation.
27:03 A-t-elle été positive, a-t-elle été négative?
27:06 Et là-dessus, comme il y a un anticolonialisme dominant
27:11 de principe idéologique, en quelque sorte,
27:13 on tente à attiser les passions,
27:16 alors qu'en réalité, il faudrait examiner ça historiquement,
27:19 sans passion, tant qu'à faire,
27:22 et en mettant les faits sur la table.
27:24 La réalité, c'est que cette histoire-là,
27:25 elle n'a pas été toujours conflictuelle.
27:28 Il y a aussi du positif, il y a du négatif.
27:29 L'histoire n'est jamais, ce n'est jamais des Mecques d'Ikéens,
27:32 ce n'est jamais noir et blanc.
27:33 Il y a beaucoup de gris aussi en histoire.
27:34 – Alors, il n'y a pas de revanchisme néanmoins.
27:36 Quand on regarde, par exemple,
27:37 on fait le lien avec ce qui se passe au Proche-Orient.
27:41 Donc une partie des populations issues de l'immigration,
27:43 entre guillemets, essentiellement du Maghreb,
27:45 mais pas seulement, s'imaginent appartenir
27:47 au-delà de leur pays d'origine.
27:48 On a l'impression, vous me corrigerez si je me trompe,
27:51 mais un choc qui dépasse le pays d'origine,
27:53 qui est l'Occident, face à l'Orient, face à l'islam.
27:57 Et la cause palestinienne devient le lieu de cristallisation
28:00 d'un choc qui dépasse justement l'histoire coloniale
28:03 ou des coloniales factuelles.
28:05 Est-ce qu'il n'y a pas un peu de centre à une forme
28:07 de revanchisme des coloniales qui, quelquefois,
28:09 va même jusqu'à mobiliser la mémoire des croisades
28:12 pour justifier les tensions d'aujourd'hui ?
28:13 – Ce revanchisme-là existe,
28:15 mais il est fondé sur des confusions historiques.
28:18 L'Isnab, n'est pas un bloc religieux,
28:20 n'est pas non plus un bloc géopolitique.
28:22 Il faut rappeler qu'une guerre qui a été moderne,
28:25 récente, d'une certaine manière, qui a été oubliée,
28:27 était entre deux pays musulmans.
28:28 Je parle du conflit entre l'Irak et l'Iran,
28:30 à la charnière des années 1970-1980.
28:32 C'était un conflit qu'on a oublié,
28:34 qui opposait deux pays musulmans l'un à l'autre.
28:36 Et c'est une guerre qui a fait des dizaines et des dizaines
28:38 de milliers de morts.
28:39 Donc, attention à une vision.
28:42 La vision d'Huntington, le choc de la civilisation,
28:45 a sa part de vérité, mais à condition de ne pas la figer
28:48 dans des catégories binaires.
28:51 – Alors, je fixe le débat sur tel qu'il s'est présenté
28:53 à nous cette semaine.
28:55 Ce truc, on l'a vu à la télévision,
28:57 ce choc-là, de manière assez peut-être caricaturale.
29:00 Un humoriste, si je ne me trompe pas, dit
29:02 que ce sont les musulmans qui ont reconstruit,
29:04 ou les immigrés plus largement,
29:05 qui ont reconstruit la France après la guerre.
29:08 D'autant que la France a collaboré.
29:10 Ce qu'on laisse entendre par là, c'est que finalement,
29:11 les Français étaient étrangers à la France.
29:13 Et la France ne s'est sauvée que par une forme
29:14 de rédempteur extérieur.
29:16 Que retenir ?
29:17 Comment cette vision ?
29:18 Quelle est la part de vérité, s'il y en a une,
29:20 dans cette vision que la France, finalement,
29:21 serait sauvée, reconstruite par l'étranger ?
29:24 Et quelle est la part de vérité, plus largement,
29:26 de cette vision très critique sur la guerre et ses suites ?
29:30 Alors d'abord, ce ne sont pas les étrangers,
29:32 ce ne sont pas ceux qui ont libéré la France.
29:35 Les armées de la libération,
29:36 celles de l'armée d'Afrique 1942, 1944, 1945,
29:42 c'était un tiers d'Européens,
29:44 deux tiers, en effet, de troupes indigènes,
29:46 c'était le terme de l'époque.
29:47 Mais enfin, les Français d'Algérie,
29:49 ou les Français de Tunisie ou du Maroc,
29:51 ont été extrêmement nombreux.
29:54 Et en termes de pourcentage de classe d'âge,
29:57 il y a eu un patriotisme des Européens
29:59 qui était tout à fait considérable.
30:00 Donc, ce ne sont pas que des troupes, je dirais,
30:04 indigènes qui ont libéré la France,
30:05 sans compter que l'effort principal
30:07 était porté par des troupes américaines
30:08 ou des troupes britanniques.
30:10 Ensuite, la reconstruction.
30:11 Non, la reconstruction après 1945-1946,
30:15 les immigrés, c'est 5% de la population française.
30:19 Et dans ces 5%, attention, 80% sont des Européens.
30:24 Les immigrés en France jusqu'en 1962,
30:27 à 80%, ce sont des Italiens, des Espagnols, des Portugais.
30:31 Et ce sera encore le cas jusqu'en 1975,
30:34 à peu près jusqu'en 1975, les immigrés,
30:37 l'immigration massivement, ce sont des Européens.
30:39 C'est à partir de, après 1975, à partir des années 1990,
30:44 que la proportion va s'inverser.
30:47 Donc, et par ailleurs, le cas des Algériens
30:50 est assez particulier parce qu'on oublie de le dire,
30:51 mais en 1947, à partir de 1947,
30:54 les Algériens ne sont en rien des immigrés.
30:56 Ce sont des nationaux et des citoyens français.
30:58 C'est-à-dire que le patronat les fait venir,
31:01 avec l'enragement d'ailleurs des pouvoirs publics,
31:03 parce qu'il y avait un chômage extrêmement important en Algérie.
31:06 Et pour donner du travail, une main d'œuvre
31:08 qui ne trouvait pas à s'employer en Algérie,
31:10 on a fait venir des Algériens.
31:11 Mais les Algériens ne sont pas des immigrés.
31:13 En 1947, à partir de 1947 jusqu'en 1962,
31:16 les Algériens musulmans, si l'on veut,
31:19 sont des citoyens français et des nationaux français
31:21 avec les mêmes droits que les autres.
31:23 Les dernières différences disparaissent en 1958
31:27 avec la fin du double collège électoral en Algérie.
31:30 Donc c'est un déplacement de population.
31:33 Ce sont des gens qui viennent travailler en métropole,
31:35 mais comme un Alsacien, on aurait pu venir travailler
31:37 aux Pays-Basques ou l'inverse.
31:38 Ce sont des Français qui se déplacent
31:40 à l'intérieur du territoire français.
31:41 – Arthur Levatrigan.
31:42 – L'autre idée reçue, qu'on entend souvent,
31:45 notamment de l'idéologie des coloniaux,
31:47 c'est "la France, vous nous avez pillés d'un point de vue économique,
31:50 vous avez profité de nos richesses,
31:52 donc vous êtes coupable jusqu'à la fin des temps
31:54 et vous nous devez réparation".
31:56 Quelle était la réalité ?
31:57 Est-ce que la France a vraiment pillé les colonies ?
32:00 Est-ce qu'elle s'est enrichie avec les colonies ?
32:02 – Écoutez, il y a eu de nombreux travaux d'historiens,
32:05 je pense à Jacques Marseille, je pense à Daniel Lefeuve,
32:07 des thèses d'histoire économique, qui sont des pavés énormes,
32:10 qui ont montré, pour faire court, que la colonisation
32:12 a plus coûté à la France qu'elle ne lui a rapporté.
32:15 Dans le cas précis de l'Algérie, non, on aperçoit
32:17 que les pouvoirs publics ont, au contraire,
32:21 favorisé une espèce d'achat intérieur à prix perdant,
32:25 en quelque sorte, pour favoriser, éviter que des industries d'industrie
32:30 ou l'agriculture algérienne ne subissent des dommages trop importants.
32:35 Donc il y a eu un effort tout à fait considérable économique de la France,
32:38 une volonté politique d'aider ces colonies,
32:41 et le calcul, la balance finale, c'est qu'en effet,
32:45 c'est qu'on a perdu beaucoup plus d'argent que les colonies,
32:47 qu'on en a gagné.
32:49 - Alors, toujours sous le signe du rapport histoire et politique,
32:52 qui conditionne en fait, bien plus qu'on ne le croit,
32:55 la vie politique de nos sociétés, on a l'impression,
32:58 le 7 octobre révèle, par effet de contraste,
33:01 la présence de l'antisémitisme islamiste en France.
33:04 Et les semaines passent, et d'un coup, retour de mémoire
33:07 de certaines déclarations de 1987 de Jean-Marie Le Pen,
33:11 et là, c'est comme si d'un coup, la focale du débat doit se déplacer,
33:15 et c'était finalement, est-ce que l'antisémitisme
33:18 que l'on voit aujourd'hui dans les banlieues
33:20 n'est pas que la lointaine suite de l'antisémitisme "français",
33:24 qui serait très profondément inscrit en ce pays.
33:27 Et j'avais l'impression, voyant ce débat,
33:30 où il y avait un nouveau mouvement de diabolisation
33:32 des héritiers du FN sur la RN,
33:34 de relire des pages du terrorisme intellectuel
33:37 que vous avez écrit il y a une vingtaine d'années.
33:39 Est-ce que ce sont de semblables processus
33:41 qui sont mis en place dans les débats des dernières semaines,
33:43 où on a finalement ressorti 1987 pour ne pas parler de 2023?
33:46 – Oui absolument, on a cherché, c'était un phénomène de l'heure,
33:49 c'est-à-dire qu'on a ressorti le vieil antisémitisme d'extrême droite,
33:52 qui était résiduel aujourd'hui en France,
33:56 qui a pu exister dans un nombre de partis,
33:58 et à la droite de la droite, oui, c'était visible, on s'est existé,
34:00 mais c'est un phénomène tout à fait résiduel.
34:02 En revanche, c'est certain qu'il y a un antisémitisme culturel
34:06 qu'on trouve dans les pays musulmans, une hostilité,
34:09 la frontière entre antisionisme et antisémitisme
34:12 étant évidemment extrêmement fragile chez les musulmans,
34:15 dans les pays musulmans et chez les musulmans en général,
34:17 et donc il y a cet antisémitisme, et au fur et à mesure évidemment
34:20 qu'on a fait entrer en France une population d'origine musulmane,
34:23 culturellement en tout cas d'origine musulmane,
34:25 même si elle ne pratique pas sa religion,
34:27 eh bien on grossit le nombre de gens qui sont susceptibles
34:30 de tomber dans ce panneau de l'antisémitisme.
34:32 Donc il y a une espèce d'aveuglement,
34:34 et brandir les déclarations de tel ou tel dirigeant politique d'il y a 30 ans,
34:40 c'est en effet un leurre pour ne pas parler de la réalité.
34:42 – Je reviens sur la question du terrorisme intellectuel,
34:44 et on va ensuite bientôt passer à votre ouvrage
34:46 sur le rapport entre l'Autriche qui dit non au nazisme et à Hitler,
34:50 mais je reviens un peu sur ça,
34:51 est-ce que vous avez écrit le terrorisme intellectuel
34:53 il y a une vingtaine d'années environ,
34:55 vous avez écrit sur le...
34:57 parlé de l'historiquement correct et historiquement incorrect,
35:00 donc vous avez analysé en fait les mécanismes du politiquement correct
35:03 appliqués à différents domaines, la morale, l'histoire,
35:06 la vie intellectuelle, la vie politique.
35:08 Avez-vous l'impression, 20 ans plus tard,
35:10 que cette dynamique est aussi vive qu'à l'époque ?
35:14 Est-ce qu'elle s'est transformée ? Est-ce qu'elle se poursuit ?
35:16 Certains disent quelquefois "ah ben désormais les idées conservatrices
35:18 ont accès à l'espace public",
35:20 20 ans plus tard, quel jugement portez-vous
35:23 sur le terrorisme intellectuel en France ?
35:24 – Les idées conservatrices ont accès en effet à la parole publique
35:27 qui n'était pas le cas, notamment par les télévisions,
35:29 comme cette maison ici par exemple,
35:31 ça reste, j'en suis désolé, d'une certaine manière minoritaire,
35:35 je veux dire, si vous parlez, faites une enquête d'opinion
35:38 chez les professeurs, la moyenne des professeurs
35:40 de l'enseignement national,
35:41 ils vont sortir tous les poncifs du politiquement correct.
35:47 Le monde médiatique, le monde culturel, le monde de l'édition,
35:53 le monde universitaire, il y a même un renouveau du marxisme
35:56 dans le monde universitaire, aujourd'hui on exalte Robespierre,
35:59 ce qui n'était plus le cas il y a 20 ans ou 30 ans,
36:03 reste conditionné, imprégné par toutes les thèmes,
36:08 toute la thématique du progressisme, de ce point de vue-là,
36:10 le terrorisme incitatif sexuel est totalement en place,
36:13 il fonctionne toujours sur le même mode de fonctionnement
36:17 qui consiste à délégitimer son adversaire
36:19 de façon à éviter le débat, on ne discute pas,
36:21 on dit que son adversaire est infréquentable,
36:23 et donc à partir de là, on le diabolise,
36:25 on le pénise, on le hitlérise, c'est la rédiction Heidelterrum,
36:30 et donc ce système-là est en place depuis 30 ans,
36:33 il fonctionne depuis tous les jours, je dirais.
36:37 – Alors, je m'en voudrais, il nous reste environ 8 minutes,
36:39 je m'en voudrais de ne pas prendre le temps nécessaire,
36:41 un peu de temps pour parler de votre dernier ouvrage,
36:44 où vous posez la question du rapport entre l'Autriche et Hitler,
36:48 et l'Autriche et le nazisme en fait.
36:50 Alors, vu de loin, le commun immortel a toujours l'impression
36:53 que lorsque l'Allemagne entre en Autriche,
36:56 pour faire l'un des schluss,
36:57 les Autrichiens sont très heureux de la chose,
36:59 et c'est une annexion heureuse pour les Autrichiens,
37:03 et au final, l'Autriche a très peu résisté à cette agression.
37:08 Et ce que vous nous dites finalement dans votre ouvrage,
37:09 c'est que une part de l'Autriche a dit non à Hitler et s'y est opposée.
37:13 Alors, je vous demanderais d'abord dans quelle mesure,
37:15 et ensuite sur quelle base ?
37:17 – Sur les bases, c'est que de 1934 ou 1933 même,
37:20 avant, il y a entre 1938, l'an de schluss, l'addition de Hitler, c'est 1938,
37:25 de 1933 à 1938, il y a un combat de l'État autrichien
37:29 contre le national-socialisme,
37:31 le parti nazi est interdit en Autriche dès juin 1933,
37:35 il y a des dizaines et même des milliers de militants nationaux socialistes
37:40 qui sont incarcérés à la suite d'un attentat qu'ils commettent
37:43 parce qu'il y a un combat terroriste,
37:44 et le chef du gouvernement, Dolfuss, en juillet 1934,
37:49 est assassiné à Vienne au cours d'un coup d'État nazi
37:53 qui a échoué ce coup d'État parce qu'il s'est heurté à l'armée autrichienne
37:56 et au pouvoir public autrichien.
37:57 Donc ce combat-là, il est mené.
37:59 Et à partir de 1938, évidemment, il y a les photos, les images que l'on voit,
38:03 je rappelle dans mon livre que ce sont d'images en réalité de propagande
38:07 parce que tous les journalistes hostiles au régime
38:11 ont été incarcérés à ce moment-là, de même pour les photographes,
38:14 de même pour tous les gens qui travaillaient dans la presse qui étaient juifs,
38:17 et les correspondants de la presse étrangère ont tous été expulsés.
38:21 Autrement dit, nous vivons encore sous le règne de la propagande nazie
38:24 quand on pense à l'histoire de l'Autriche au XXe siècle.
38:26 Les photos que nous possédons, qui sont aujourd'hui dans les agences de presse en France,
38:29 selon le CHUS, à 90 % sont des photos
38:32 qui ont reçu un coup de tampon des services de Goebbels en 1938.
38:35 Et on les publie aujourd'hui sans regard critique.
38:38 La réalité ensuite, donc, 1938, oui, il y a des Autrichiens qui ont accueilli Hitler.
38:43 Les photos ne mentent pas.
38:44 Elles sont, je dirais, là pour véhiculer un message.
38:47 Mais il y a une part des Autrichiens, en effet, qui a accueilli Hitler.
38:49 C'est la réalité de l'histoire.
38:50 Je ne le disais absolument pas.
38:51 Mais ce qu'on ne voit pas, c'est ceux pour qui ça a été un malheur.
38:55 En quelques semaines, il y a à peu près 70 000 arrestations en Autriche.
38:59 En pourcentage, il faut prendre ce chiffre par rapport à la population,
39:02 qui est un petit, l'Autriche est un petit pays, 6 millions d'habitants à l'époque.
39:06 C'est comme si on avait arrêté 700 000 personnes en France.
39:09 Donc, c'est un chiffre tout à fait considérable.
39:11 Et de 1938 à 1945, il y a 100 000 Autrichiens,
39:15 encore chiffre à rapporter à cette population de 6 millions d'habitants,
39:18 6 millions d'Autrichiens qui ont eu affaire à la Gestapo
39:21 et 10 000 Autrichiens qui ont été condamnés à mort,
39:26 exécutés pour fait de résistance.
39:28 Donc, il y a bien une réalité d'une résistance autrichienne au nazisme
39:32 à l'intérieur de ce pays.
39:34 Et toute la classe politique autrichienne d'après-guerre
39:38 était passée par les prisons nazies.
39:40 Ce sont tous des hommes qui, soit de gauche ou de droite,
39:42 qui ont été passés par les prisons nazies.
39:43 - Alors, quand on parle de résistance au nazisme,
39:46 dans l'imaginaire contemporain, on se dit c'est au nom de la démocratie libérale,
39:49 c'est au nom des droits de l'homme, c'est au nom du libéralisme.
39:51 Or, la résistance autrichienne, si je vous ai bien lu,
39:55 ne se limite pas à tel type de résistance ?
39:58 - Il y a une résistance de gauche, socialiste, communiste,
40:01 et puis une résistance de droite, conservatrice, catholique,
40:04 et souvent monarchiste, parce que Otto de Habsbourg,
40:06 fils dernier empereur d'Autriche, a mené un combat assez héroïque d'ailleurs,
40:10 en exil, mais pour l'indépendance de son pays,
40:13 sans mettre en avant sa personnalité d'héritier de la monarchie,
40:16 mais en mettant en avant l'idée de l'indépendance de l'Autriche
40:18 qui n'était pas acquise, puisque même les socialistes autrichiens
40:21 étaient au fond assez partisans de l'Holschuh,
40:23 c'est le rattachement de l'Autriche à l'Allemagne.
40:26 Et reconnaître, faire inscrire parmi les buts de guerre des alliés
40:30 le rétablissement d'une Autriche souveraine,
40:32 ça a été un combat qui a notamment été mené par Otto de Habsbourg,
40:35 et qui a été gagné à partir de 1943, déclaration de Moscou,
40:39 les alliés reconnaissent qu'il faut rétablir une Autriche souveraine après la guerre.
40:42 Mais ce n'était pas gagné d'avance.
40:44 - Je le dis avec une certaine insistance, vous me pardonnerez,
40:46 parce que lorsqu'on raconte l'histoire du XXe siècle,
40:50 cette phrase n'est pas évidente.
40:51 Je reprends votre propos, c'est ton nom d'une vision plus conservatrice,
40:55 catholique et monarchiste,
40:56 que beaucoup d'Autrichiens se sont opposés au nazisme.
40:58 - Exactement.
40:59 - On pourrait parler d'une opposition conservatrice ou réactionnaire au nazisme ?
41:02 - Une opposition conservatrice au nazisme, c'est évident, oui.
41:06 Je veux dire, il y a des martyrs conservateurs du nazisme,
41:09 qui soient... Il y a des prêtres qui ont été condamnés à mort,
41:11 et qui ont été exécutés, et qui ont d'ailleurs été béatifiés.
41:14 Il y a un nombre de prêtres relativement importants autrichiens
41:17 qui ont été béatifiés, soit par Benoît XVI,
41:20 soit par Jean-Paul II d'ailleurs.
41:22 Et puis, de nombreux laïcs aussi.
41:25 Le film de Terrence Malick, en 2019,
41:29 a popularisé la figure de Franz Jägerstetter,
41:31 qui était un simple paysan,
41:33 qui par conviction catholique a refusé de prêter serment à Hitler
41:36 et de faire la guerre sous l'uniforme de la Wehrmacht.
41:38 Et il a été décapité en 1943.
41:41 - Arthur Leventrigan.
41:42 - Justement, je voulais revenir là-dessus,
41:43 parce que c'est vrai qu'on méconnaît cette période,
41:46 et on a eu un zoom, grâce à Terrence Malick, sur ce personnage-là,
41:49 qu'est justement la particularité de ce personnage ?
41:51 Parce qu'on est sur quelque chose qui ressemble un peu à la clause de confiance,
41:54 la conscience, un mot qu'on emploie beaucoup aujourd'hui,
41:57 mais qui n'est pas complètement au même sens à l'époque.
41:58 Alors peut-être que vous pouvez nous éclairer
41:59 sur cette résistance très intimiste, très personnelle.
42:02 - Alors c'est une résistance en effet très, très personnelle.
42:04 Il a fait un choix très radical,
42:06 puisque d'une certaine manière, il aurait pu éviter la mort
42:09 s'il avait signé une déclaration, finalement, "J'accepte de".
42:12 Et il était père de famille, il était marié,
42:15 il avait trois petites filles.
42:16 Il a fait un choix extrêmement radical,
42:18 il a refusé jusqu'au bout d'obéir à Hitler,
42:21 et sa femme a accompagné son choix.
42:23 Maintenant, la particularité de Jägerstötter,
42:25 c'est que c'était un homme avec une grande profondeur,
42:27 c'était un paysan en effet, mais qui avait beaucoup lu,
42:29 une certaine culture, et sa particularité,
42:32 c'est là où je le dis, j'ai de l'admiration pour cet homme,
42:35 mais c'était un homme isolé.
42:36 Or, donc, le film, d'une certaine manière, rend bien sa vie,
42:39 mais c'était un homme tout seul, en quelque sorte.
42:41 C'est un choix tout à fait héroïque, mais qu'il a mené tout seul.
42:43 Mais il y a eu des réseaux de résistance,
42:44 des réseaux organisés, de plusieurs centaines d'hommes,
42:47 qui eux, travaillaient dans les réseaux,
42:49 et ça, on ne le voit pas dans le film.
42:51 C'est le seul défaut de ce film,
42:52 on a l'impression qu'il y a Jägerstötter
42:53 et le résistant au trichyon et au nazisme.
42:56 En réalité, ils ont été plusieurs centaines,
42:57 plusieurs milliers.
42:59 - Alors, je vous pose une question
42:59 que les historiens n'aiment pas normalement se faire poser.
43:02 Si on revient sur cet épisode que vous nous racontez
43:04 dans votre ouvrage, quelle leçon peut-on retenir
43:07 pour les contemporains de la résistance autrichienne au nazisme ?
43:11 Vous nous racontez un événement,
43:12 mais l'événement porte en lui-même probablement une morale,
43:15 une moralité.
43:17 Que peut-on retenir de cela pour les contemporains que nous sommes,
43:19 qui, nous sommes contemporains,
43:20 ont aussi de nouveaux périls totalitaires ?
43:22 - C'est une leçon de courage,
43:23 parce que ces hommes étaient d'un courage fou,
43:26 parce qu'ils risquaient la mort.
43:27 D'une certaine manière, proportionnellement,
43:29 leur courage était plus grand que ceux des résistants français,
43:32 par exemple, parce qu'ils étaient d'un pays
43:34 qui était intégré de fait à l'Allemagne,
43:37 d'où le risque de passer pour des traîtres.
43:40 Ça a été souvent le regard qui était porté sur eux.
43:42 Et au moment où les Autrichiens,
43:43 enroulés dans l'armée allemande, combattaient.
43:45 Donc, ils ont été jusqu'au bout de leur conviction.
43:49 Je crois que c'est la grande leçon de cette affaire.
43:53 Il faut, quand on croit à quelque chose,
43:56 il faut aller jusqu'au bout
43:57 et être prêt au sacrifice suprême, d'une certaine manière.
44:00 - Il nous reste une trentaine de secondes.
44:02 Question finale.
44:03 Quelles sont alors les conditions d'un tel courage ?
44:05 Elles sont spirituelles, elles sont historiques,
44:07 elles sont politiques ?
44:08 - Elles sont les deux, oui.
44:09 C'est parce que ce sont des hommes qui avaient une conviction profonde
44:11 que l'Autriche était un être historique,
44:13 avec une civilisation propre,
44:14 où le christianisme comptait de manière essentielle.
44:18 Et qu'il y avait une tradition autrichienne,
44:19 un état autrichien.
44:21 Ils ne renonçaient pas à l'idée que leur patrie ait disparu.
44:24 Et donc, ils se sont battus pour leur patrie.
44:26 - J'en sais rien.
44:27 Merci, Philippe, pour votre passage ce soir sur ces news.
44:29 Face au Bloc.
44:30 - L'info se poursuit, évidemment.
44:31 On revient dans un instant pour l'heure des pros.
44:34 Tiens, je vais donner les invités de l'heure des pros.
44:36 Gabriel Cruzel, Muriel Wagner-Melki, l'avocate,
44:39 Nathan Devers et Geoffroy Lejeune.
44:41 Avec une toute dernière information qui est tombée ce week-end.
44:46 On en sait un peu plus sur les langues qui sont parlées en France.
44:49 C'est notamment la deuxième langue la plus parlée en France,
44:51 qui est donc l'arabe.
44:52 C'est une première dans notre histoire.
44:54 On va en parler en tout début d'émission.
44:56 Merci à vous, Mathieu, pour cette journée marathon.
45:00 Quel plaisir, je le redis, de vous avoir eu ce matin.
45:03 Merci à tous les deux.
45:04 Il faut se poursuivre.
45:05 A tout de suite.
45:06 ...