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00:00Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le député LFI de Paris, Rodrigo Arenas.
00:06Bonjour Rodrigo Arenas, bienvenue sur Europe 1, la France a donc bienvenue, vous êtes en direct avec nous depuis le taxi
00:15parce qu'évidemment les bouchons parisiens font que vous n'avez pas pu arriver dans les temps dans le studio d'Europe 1.
00:19Mais ça n'est pas grave, on vous entend très clairement.
00:21C'est la France qui se lève tôt.
00:22Exactement, alors on va parler, la France a un nouveau Premier ministre depuis vendredi, François Bayrou,
00:28on va en parler dans un instant, mais je voudrais d'abord poser une petite question concernant Mayotte, Rodrigo Arenas,
00:33puisque c'est évidemment le point chaud de l'actualité ce matin, la situation là-bas est catastrophique après le passage du cyclone Chido.
00:40Jean-Luc Mélenchon a choisi de polémiquer samedi en critiquant, je le cite,
00:44« le gouvernement méprisant et incapable qui n'a rien prévu ni organisé pour Mayotte ».
00:50Est-ce que vous diriez, Rodrigo Arenas, avec deux jours de recul, que c'était les bons mots à avoir à ce moment-là ?
00:57D'abord, j'ai une pensée pour les familles, évidemment, qui vont être endeuillées par centaines de victimes.
01:02Vous savez, j'étais un ancien dirigeant associatif de parents d'élèves,
01:05et le dossier Mayotte n'était pas un dossier, c'était finalement des rencontres régulières que nous faisions avec le ministère de l'Education nationale,
01:12parce que l'école, en l'occurrence, était dans un état pitoyable sur l'île de Mayotte.
01:16Donc, ce qui arrive aujourd'hui, malheureusement, est un dossier qui n'a pas été géré, il me semble, de façon sérieuse,
01:22parce que Mayotte mérite mieux que juste s'en émouvoir quand il y a une catastrophe.
01:26C'est une préoccupation constante qu'il faut avoir à l'envers de nos compatriotes maorais,
01:29et que j'ai envie de vous le dire, sans vouloir polémiquer,
01:32que Mayotte n'est pas à la hauteur de la responsabilité républicaine qui est à nous depuis de nombreuses années maintenant.
01:38La députée Estelle Youssoupha, députée de Mayotte, a vertement répondu à Jean-Luc Mélenchon en rappelant que la France Insoumise
01:45s'était opposée à l'opération Wambushu, qui visait à la destruction des bidonvilles,
01:50ceux-là même qui ont été rasés par le cyclone,
01:52et là, vraisemblablement, on va retrouver l'immense majorité des morts.
01:57C'est dans les bidonvilles qu'ils sont les morts.
01:59Vous regrettez finalement ce positionnement sur cette opération Wambushu, Rodrigo Arenas ?
02:03Ce que je regrette, c'est qu'à Mayotte, il y ait des bidonvilles, en fait.
02:06Vous savez, moi, je travaille beaucoup sur la zone Caraïbe, parce que je suis d'origine latino-américaine,
02:10et nous avons nos compatriotes aussi Martiniquais, Guadeloupéens et autres.
02:14D'ailleurs, rappelez-vous, quand les cyclones étaient passés, il y avait eu des catastrophes sanitaires qui s'étaient mises en place,
02:18et je pense que nous avons à réviser les politiques que nous avons sur les zones qui sont à haut risque,
02:24notamment au regard du changement climatique.
02:26Les cyclones vont être de plus en plus intenses,
02:28et la France n'est pas prête à assumer, en fait, la sécurité de ses compatriotes qui sont sur tous les océans.
02:33Donc, moi, je ne suis pas avec vous avec un esprit de polémique.
02:36Je pense qu'il faut respecter aujourd'hui, au moment où nous parlons, les victimes,
02:39et les efforts de la France, de la République, doivent s'orienter pour préserver les vies qui restent aujourd'hui présentes,
02:45et qui, d'ailleurs, contribuent, avec les autorités locales, à réparer ce que l'on peut réparer.
02:49Mais je ne fais pas de polémique par rapport à M. Bayrou là-dessus, je pense que la réparation sera à notre ordre.
02:54Mais il s'agit, en fait, de recommencer la vie, parce que je sais que quand un cyclone passe,
02:59derrière, la vie est très compliquée, notamment à chaque victime que vous découvrirez.
03:04Revenons à Paris. Vous parliez de François Bayrou.
03:06Il va recevoir aujourd'hui les patrons des groupes parlementaires, par ordre d'importance dans l'hémicycle.
03:10LFI refuse l'invitation.
03:13Vous êtes le seul groupe, d'ailleurs, je crois, à la refuser.
03:15Pourquoi ce refus, Rodrigo Arenas ? Pourquoi ne pas vouloir parler à François Bayrou ?
03:20Il ne s'agit pas de ne pas vouloir parler à François Bayrou.
03:22D'ailleurs, ça peut se faire.
03:23D'ailleurs, Mathilde Panou l'a eu au téléphone dernièrement.
03:25Il s'agit simplement de dire que nous, nous avons une colonne vertébrale par rapport à la situation que nous vivons.
03:31Nous pensons, et ce n'est pas une surprise que je vais vous apprendre là, pas un scoop,
03:35que c'est le NFP qui doit gouverner à ce titre-là.
03:37Aucun Premier ministre qui ne respecte pas l'issue des élections qui se sont déroulées suite à la dissolution d'Emmanuel Macron
03:43ne doit exercer cette fonction.
03:45Et nous, d'ailleurs, nous proposons une méthode pour cela.
03:47C'est de passer toutes les réformes, toutes les lois à l'Assemblée nationale parce que nous sommes pour parlementarisme.
03:52D'ailleurs, une des premières choses que François Bayrou devrait faire,
03:55comme va le faire d'ailleurs son collègue Eric Scholz en Allemagne,
03:59c'est se soumettre aux voix du Parlement pour réclamer la confiance.
04:02Et ensuite, le premier dossier, vous l'avez dit tout à l'heure, c'est la réforme des retraites.
04:05Il y a une large majorité à l'Assemblée nationale, notamment avec les voix du Rassemblement national,
04:10pour rejeter cette réforme des retraites.
04:12Il convient au Parlement de s'y attacher, de la discuter et de gagner, voire de perdre, point par point.
04:17Avant de parler d'ERTA, de toute façon, la première décision que vous avez prise,
04:20et Mathilde Panot l'a dit d'emblée vendredi, c'est que vous proposerez une motion de censure
04:25visant François Bayrou, ou comme avant lui, Michel Barnier.
04:29C'est pour quand, cette motion de censure, Rodrigo Arenas ? Vous en avez parlé ?
04:32Mi-janvier, j'ai lu ça.
04:34Elle sera déposée dès que les temps constitutionnels nous le permettront.
04:37Donc ça sera assez rapidement, dès qu'elle sera déposée, c'est 48 heures d'études.
04:41Mais la question n'est pas motion de censure ou pas motion de censure,
04:44c'est comment nous sortons le pays de la crise.
04:46Et aujourd'hui, il nous semble qu'Emmanuel Macron a déjà choisi avec M. Barnier
04:50d'aller chercher une majorité vers sa droite.
04:52Aujourd'hui, il convient de donner sa chance à la gauche, mais encore une fois,
04:55en respectant les oppositions, parce que quand nous sommes parlementaristes,
04:58il faut accepter aussi le vote des députés.
05:00Et à ce titre-là, il n'y a aucune loi, aucune réforme qui est proposée par l'NFP,
05:04qui est gagnée d'avance.
05:05Il va falloir convaincre, d'ailleurs, ça a été le cas,
05:07puisqu'on rappelle depuis un certain temps qu'il y a plus de 150 amendements
05:11qui ont été passés dans le cadre du projet de loi de finances,
05:13mais qui ont été ensuite rejetés par le Sénat,
05:15et notamment avec le 49-3, qu'a dû imposer M. Barnier,
05:18et qui a provoqué sa chute.
05:20Vous dites, Emmanuel Macron devrait donner sa chance à la gauche,
05:24sa chance de gouverner, puisque le Nouveau Front Populaire,
05:26numériquement, serait le groupe le plus important à l'Assemblée.
05:29En attendant, vous êtes quand même assez isolé, la France Insoumise,
05:32quand on regarde l'attitude des socialistes, des écologistes, des communistes,
05:35qui, tous trois, sont sur une ligne un petit peu plus souple que la vôtre.
05:38Pour eux, ils disent, ok, la censure, si François Bayrou recourt au 49-3,
05:43mais ils n'ont quand même pas pour objectif, comme vous,
05:45de le faire tomber d'emblée, Rodrigo Arenas.
05:48Écoutez, ça montre que, contrairement à ce qui se dit,
05:51ce n'est pas la France Insoumise qui est la patronne,
05:53parce qu'il n'y a pas de patron au NFP,
05:54il y a une coalition de partis qui ont des positionnements qui sont différents,
05:58et c'est ça en démocratie.
05:59Mais vous trouvez qu'ils ont tort ?
06:00Je pense qu'ils ont, comme nous, d'une certaine façon,
06:03des comptes à rendre à leurs électeurs et à leurs électrices.
06:05Et à ce titre-là, nous avons été sur un programme.
06:08Donc, il convient de mettre en place les équilibres parlementaires
06:11pour mettre en place ce programme-là,
06:12dont ce que ça implique de la discussion avec les autres groupes.
06:14Mais je trouve regrettable...
06:16Mais ça tient encore le Nouveau Front Populaire dans ces conditions, Rodrigo Arenas,
06:19si vous n'êtes pas d'accord sur ces fondamentales.
06:20Oui, nous construisons un programme,
06:21et j'écoute surtout qu'il y a des voix particulières,
06:23des voix individuelles qui s'expriment,
06:25qui s'autorisent à s'exprimer.
06:26Mais même M. Hollande a été très précautionnaire
06:28en disant qu'il ne s'exprimait pas au nom du Parti Socialiste.
06:31Donc, chaque député, évidemment, libre de sa voix,
06:34puisque M. Hollande est maintenant député.
06:36Mais il me semble que la première des délicatesses
06:38que nous avons en direction de nos électeurs,
06:40c'est de respecter le choix qu'ils ont fait.
06:42En l'occurrence, vous l'avez rappelé très élégamment,
06:44c'est que le NFP est le parti majoritaire à l'Assemblée Nationale,
06:47certes relatif, mais majoritaire tout de même.
06:49Et il me semble que c'est plutôt de ce côté-là
06:51qu'il faut mettre le curseur,
06:53quitte ensuite à mettre en place une méthode,
06:55partagée avec les autres groupes de l'Assemblée Nationale,
06:57à savoir de discuter les textes,
06:59parce que c'est ça la démocratie aussi,
07:01c'est d'accepter parfois de passer avec les voix des députés,
07:03et parfois de perdre.
07:05En l'occurrence, M. Barnier a perdu,
07:07puisqu'il a été censuré, et non pas seulement par le NFP.
07:09Merci beaucoup, Rodrigo Arenas, député à l'EFI de Paris.
07:13Bonne chance dans les embouteillages ce matin.
07:15Merci, c'est gentil.