• l’année dernière
Un déjeuner partagé avec Jean-Pierre Darroussin, acteur et réalisateur, pour parler de l'authentique bouillabaisse, totem de la cuisine phocéenne...trop souvent copiée et parfois massacrée. Au menu également, l'inflation alimentaire déclenchée par la guerre en Ukraine plonge un nombre important de Français dans la précarité. De plus en plus de personnes poussent la porte des restos du Coeur. Mais cette année l'association va être obligée de refuser du monde...

Loin des codes classiques de l´interview, LCP-Assemblée nationale a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
Avec la complicité de Jean-Pierre Montanay, Brigitte Boucher mettra son grain de sel dans cette cuisine pour passer le politique sur le gril.
« Cuisine et Confidences »... Quel rapport l´invité politique entretient-il avec la
gastronomie ? Sa gourmandise, ses talents ? Les orientations culinaires de ce boulimique de la politique ? Mais aussi « Les pieds dans le plat »... pour aborder les sujets d´actualité.
Et enfin « La face cachée de nos assiettes »... ou comment le contenu de nos assiettes en dit long sur notre société face à ses nouveaux enjeux.

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Transcription
00:00 *Musique*
00:16 Bonjour à tous et bienvenue dans "Politique à table" sur LCP, l'émission où on parle cuisine,
00:22 alimentation, agriculture, mais aussi politique et nous recevons cette semaine un invité exceptionnel, Jean-Pierre Daroussin. Bonjour.
00:30 Bonjour.
00:31 Merci d'avoir accepté notre invitation et avec moi pour présenter cette émission, Jean-Pierre Montanay. Bonjour Jean-Pierre.
00:36 Bonjour Brigitte. Bonjour Jean-Pierre Daroussin.
00:38 Vous êtes acteur et réalisateur, vous êtes pour nous tous un visage très connu du cinéma français depuis les années 80
00:46 que l'on associe à Robert Guédiguian dont vous êtes un des acteurs fétiches.
00:50 Votre filmographie est immense. Allons, retenons une liste non exhaustive de mes films préférés.
00:56 Alors "Mes meilleurs copains", "Cuisine et dépendance", "Un air de famille" qui vous vaut le prix du meilleur acteur dans un second rôle,
01:03 "Marius et Jeannette", "Le coeur des hommes" ou encore cette excellente série télévisée "Le bureau des légendes" où vous campez le
01:10 personnage d'Henri Duflo, Socrate, aux cravates franchement moches, on peut le dire.
01:15 Alors on peut vous voir actuellement au cinéma dans "Le théorème de Marguerite" d'Anna Novion et dans "Et la fête continue"
01:22 toujours au Robert Guédiguian ainsi qu'au théâtre dans "Le principe d'incertitude" mise en scène par Luido Delang-Saint.
01:28 Par votre carrière vous incarnez le cinéma hexagonal et c'est donc sans surprise que vous nous avez demandé pour ce déjeuner
01:35 une valeur sûre de la cuisine française. Ah bah oui, pardi, une blanquette de veau et en dessert c'est un peu plus exotique
01:41 une pavlova aux mangues.
01:44 Dans "Le dessous des plats" connaissez-vous la vraie,
01:47 l'authentique bouillabaisse ? Clément Perrault est allé la déguster pour nous sur le petit port des goudes à Marseille.
01:52 Dans "Les pieds dans le plat" avec l'inflation la précarité alimentaire augmente, les restaurants du coeur sont débordés,
01:58 obligés de refuser du monde. Reportage à suivre.
02:01 Allez on passe à table tout de suite cuisine et confidence.
02:12 Jean-Pierre Daroussin, pour deviner votre plat, j'ai commencé par décortiquer votre filmographie
02:17 où il y a vraiment à boire et à manger. J'ai bien compris que vous alliez faire l'impasse sur la viande de porc car de bon matin
02:24 visiblement le cri du cochon vous effraie surtout lorsqu'il résonne dans "Cuisine et dépendance".
02:30 J'ai émis l'hypothèse du poulpe que Brigitte j'ai vite abandonné car même préparé par le grand restaurant
02:36 dans l'eau froide avec le cactus, ça reste difficilement comestible.
02:41 Vous allez me rétorquer, c'est le goût des autres. En tous les cas ce n'est pas le mien.
02:45 J'ai vaguement imaginé un clin d'œil de votre part avec un gras double, vous qui avez dirigé une armada d'agents doubles dans le bureau des légendes,
02:52 mais ayant donc fait chou blanc avec la grande famille du cinéma,
02:55 je me suis rabattu sur la famille tout court et là je suis tombé sur un moment de vérité,
02:59 une séquence émotion qui n'était pas du cinoche sur France Culture, un hommage à votre maman et surtout à sa blanquette de veau de compète
03:06 avec des pommes de terre et de la crème. On vous a donc préparé une blanquette
03:11 sera-t-elle à la hauteur ? Vous allez nous le dire.
03:13 On a le droit de manger. Bien sûr, on n'a pas non seulement le droit mais on a l'obligation de manger.
03:19 On va même la goûter ensemble si vous le voulez bien.
03:21 Avec grand plaisir. Oui c'est vrai que c'est un hommage à ma maman.
03:28 C'était le plat que tout le monde lui réclamait.
03:35 Elle le réussissait. Quand on mangeait une blanquette de veau à la maison, il y avait le silence à table.
03:42 Silence absolu.
03:43 Silence absolu à table. C'était remarquable parce qu'au bout d'un moment on se rendait compte que personne ne parlait
03:48 alors que d'habitude les repas étaient plutôt animés.
03:51 Alors on ne va pas vous faire l'offense de vous demander si elle est aussi bonne que celle de votre maman bien sûr,
03:56 mais est-ce qu'elle vous rappelle néanmoins quelques souvenirs d'enfance ?
04:04 Pas mal du tout. Oui !
04:06 Alors votre maman mettait des pommes de terre.
04:08 Oui.
04:09 D'ailleurs vous parlez de ces pommes de terre comme si c'était des bijoux.
04:12 Mais j'ai regardé les recettes de blanquettes, il n'y a pas souvent des pommes de terre.
04:15 C'est souvent avec du riz effectivement.
04:16 Oui c'est souvent avec du riz.
04:18 Ça arrivait qu'elle le fasse avec du riz aussi.
04:21 Mais c'est vrai que moi j'aimais bien avec des pommes de terre vapeur, la blanquette avec des pommes de terre vapeur.
04:27 Avec la sauce par-dessus.
04:28 Avec la sauce par-dessus.
04:29 Un peu fondante c'est ça ?
04:30 Oui, voilà. J'ai toujours bien aimé.
04:32 Moi un de mes repas préférés à la maison c'était tout simplement des pommes de terre cuites à l'eau avec du beurre.
04:41 Tout simplement.
04:42 Voilà, au beurre, au sel et voilà. J'adorais quand on me faisait ça, j'adorais ça.
04:49 Et alors cette blanquette de veau c'était réservé pour, je ne sais pas, les repas du dimanche, les fêtes de famille ?
04:55 Oui, oui.
04:56 Ou elle en faisait régulièrement ?
04:57 Non c'était vraiment le repas du dimanche.
04:59 Ah oui, donc c'était un repas un peu exceptionnel, où toute la famille était autour de la table ?
05:04 Alors la famille elle était quand même assez restreinte, on était quatre, mon père, ma mère, ma soeur et moi.
05:12 Donc c'est une famille tout à fait restreinte mais bon, il n'y avait pas beaucoup de place donc ça faisait quand même rempli.
05:18 Non mais en fait on ne mangeait pas tant de viande que ça, j'ai plutôt eu la chance de naître à une époque où je dirais que les 15 premières années de ma vie quasiment,
05:32 entre mes vacances à la campagne et manger chez moi, où moi je suis issu d'un milieu ouvrier paysan,
05:42 donc on était dans une banlieue, dans une petite bicoque de banlieue, mais il y avait un jardin avec un potager.
05:50 Donc comme beaucoup de gens à l'époque, moi j'ai passé toute mon enfance à manger des produits que...
05:58 Vous récoltiez vous-même dans le jardin ?
06:00 Voilà, qui étaient là, qui poussaient là, des poireaux, des endives, des carottes, des courges, des choses comme ça.
06:09 C'était votre papa, votre maman, vous, tout le monde s'y mettait ?
06:12 Les voisins aussi.
06:13 Les voisins ?
06:14 Parce que c'était une sorte de jardin partagé.
06:18 Et ça faisait vivre plusieurs familles ? Il y avait suffisamment pour manger ?
06:22 Oui, on était deux familles sur ce petit jardin.
06:31 Mais après, évidemment, quand j'allais dans la famille en vacances, puisqu'on m'envoyait en vacances à la campagne, dans le Berry,
06:40 quand j'étais gamin, tout le temps, régulièrement, que ce soit à Noël, à Pâques, pendant les grandes vacances,
06:47 ce qui à l'époque durait presque trois mois.
06:49 Non, c'était pas long. En fait, c'est assez logique.
06:54 Le mois de septembre, c'est un mois dans les campagnes où on a besoin de main-d'oeuvre, on moissonne tout ça,
07:00 de la récolte, tout ça.
07:01 Donc, on avait besoin, il fallait pas les envoyer à l'école, les gamins.
07:06 On avait besoin qu'ils soient là dans les fermes.
07:08 Vous avez participé, par exemple, à de nombreuses récoltes ?
07:10 Moi, bien sûr, j'ai fait la bateau jusqu'à 18 ans.
07:13 J'ai fait la bateau, tout ça.
07:14 J'attendais impatiemment d'avoir 14 ans pour pouvoir conduire le tracteur.
07:17 Et là, c'est pareil.
07:21 Alors là, le potager était beaucoup plus grand.
07:24 Mais oui, on mangeait que des produits, que des produits, des choses qui sortaient.
07:29 Et ça a un goût, ça a une saveur.
07:32 -Sortez les pommes de terre, parce que vous racontez dans votre anecdote
07:35 qu'on allait les chercher ailleurs, il me semble.
07:37 -Alors oui, c'était à Courbevoie, dans la banlieue où j'étais avec mes parents.
07:44 Oui, mes parents avaient justement les voisins avec qui on avait le...
07:50 Les pommes de terre, il faut quand même un peu de terrain.
07:52 Il faut un peu de terrain. On n'en avait pas tant que ça.
07:54 Et donc, mes parents avaient un plan pour aller dans la vallée de Chevreuse,
07:59 qui est une grande ferme, où on allait se faire livrer,
08:01 acheter des sacs de 50 kg de pommes de terre.
08:05 Et donc, vous reveniez avec des sacs de 50 kg de pommes de terre.
08:09 -Ce que j'ai retenu dans cet hommage aussi, c'est que vous dites,
08:12 c'était la vedette quand elle faisait...
08:14 C'était son or de gloire quand elle préparait cette...
08:17 -Oui, c'est vrai.
08:18 Je dois reconnaître que mon père était celui qui avait un peu la parole à la maison.
08:24 C'est une...
08:25 Une représentation familiale un peu à l'ancienne.
08:28 -Très patriarcale. -Très patriarcale.
08:30 Et ma mère était plutôt discrète.
08:33 Mais sa satisfaction, son sourire et sa joie quand elle nous voyait manger
08:40 étaient tout à fait... Vous avez un petit truc, là ?
08:43 -Est-ce que vous tenez de votre maman ou de votre papa ?
08:47 -Pardon ? -Est-ce que vous tenez de votre maman ?
08:49 -Non, je crois que les gens qui ont connu mon père,
08:53 ils savent bien d'où je viens.
08:55 -C'est vrai. On sait aussi.
08:58 Vous nous disiez que vous cultiviez, du coup, ces légumes.
09:01 Est-ce que vous, on vous retrouvait aussi derrière les fourneaux,
09:04 de temps en temps ? Est-ce que vous aimiez cuisiner ?
09:07 -Oui, oui, moi, je...
09:09 Oui, oui, tout de suite, je me suis intéressé.
09:12 Quand j'ai commencé à habiter en dehors de mes parents,
09:20 quand j'ai pris mon émancipation,
09:22 j'ai habité avec des camarades, on était en communauté,
09:26 on avait loué un pavillon, tout ça,
09:29 et on s'intéressait beaucoup à la...
09:32 à la cuisine et aux magasins bio.
09:37 On n'achetait que des légumes, on achetait des graines,
09:42 on achetait tout un tas de produits.
09:45 -Vous étiez avant-gardiste. -C'était le précurseur.
09:49 Je n'étais pas avant-gardiste.
09:50 Mes parents, en 1946, à la fin de la guerre,
09:53 ils étaient adhérents à la vie claire,
09:56 qui était un circuit qui s'est monté à cette époque-là.
10:00 L'écologie et le fait d'essayer de se nourrir bien,
10:06 c'est pas nouveau, les gens avaient déjà compris
10:09 qu'on allait aller dans un monde industriel
10:12 et qu'il fallait faire gaffe.
10:14 -Est-ce que ce goût des bons légumes, de l'authentique légume
10:18 vous le retrouvez aujourd'hui ?
10:20 Est-ce que vous allez dans des enseignes spécialisées bio
10:24 pour pouvoir retrouver ce goût-là ?
10:27 -Alors...
10:28 J'ai la chance d'avoir une maison secondaire
10:34 dans le sud de la France.
10:36 Et autour de chez moi, je suis entouré par un maraîcher.
10:40 Et ce maraîcher, donc...
10:43 Je mange de ses produits. Lui, il est pas bio du tout.
10:48 -Vous avez pas essayé de le convaincre ?
10:51 -Il s'y met vaguement.
10:53 Lui, le convaincre, c'est difficile,
10:56 mais il fait des trucs formidables.
10:59 Mais je vois bien que même quand c'est pas bio,
11:03 la qualité d'un légume est formidable
11:06 quand vous mangez quelque chose qui a été cueilli le matin.
11:10 -Quand c'est frais. -Voilà.
11:12 Transporter des légumes, des fruits, le transport est quelque chose
11:17 qui perd totalement la qualité gustative.
11:20 -Ca les abîme. Il faut les transporter quand ils sont pas mûrs.
11:24 -Vous êtes plus local que bio.
11:27 Vous préférez aller à côté de chez vous acheter un produit
11:31 qui va pas être transporté, même s'il a des pesticides ?
11:35 -J'évite quand même.
11:37 Oui, les pesticides, évidemment...
11:40 C'est très nocif pour l'organisme.
11:43 Ca détruit beaucoup de choses
11:46 de s'adapter.
11:48 Ca finit par détruire des choses très importantes,
11:51 comme notre système immunitaire.
11:53 Donc, il faut évidemment y faire attention.
11:56 Mais au niveau gustatif,
11:58 vraiment, la fraîcheur et manger quelque chose de local,
12:03 ça, évidemment, c'est imbattable.
12:06 -On va revenir sur cette blanquette.
12:09 Jean-Pierre, vous allez nous dire trois secrets de chef
12:13 pour cuisiner la blanquette.
12:15 -Je ne sais pas quel était le secret de la maman de Jean-Pierre Daroussin,
12:20 mais les chefs ont des secrets pour finir la recette
12:23 au moment où on doit faire la petite crème qui finit la blanquette.
12:27 Pour Cyril Lignac, pas de bonne blanquette sans ce roux,
12:31 délicatement préparé avec du beurre, de la farine,
12:34 avec le bouillon parfumé de la viande,
12:36 auquel il ajoute de la crème fraîche.
12:38 Mais pour Lignac, jamais d'œuf.
12:40 En revanche, l'œuf, c'est le secret de Jean-François Piège,
12:44 il met le jaune d'œuf dans le restant de crème
12:47 avant de verser une louche de sauce très chaude
12:50 histoire de détendre la crème
12:52 et de verser cette petite composition sur la blanquette.
12:55 Et enfin, il y a Philippe Etchebes, lui, pas d'œuf, mais de la crème.
12:59 Il va la fouetter pour la rendre un peu aérienne, légère, onctueuse.
13:03 Il va y ajouter un peu de citron pour la prendre,
13:06 pour la tendre, et il va ajouter ça à sa blanquette.
13:09 Voilà trois petits secrets de chef pour réussir une blanquette.
13:13 -Je ne pense pas que ma mère mette un œuf dans une blanquette.
13:17 -Elle est plutôt sur le vote Lignac.
13:19 -Par contre, le citron, je pense que oui.
13:22 -Il donne un petit point d'acidité à cette blanquette.
13:25 Elle vous a transmis sa recette ?
13:27 Vous la faites, la blanquette, à la maison ?
13:30 -Non. -Non ?
13:32 -Non.
13:34 Non, c'était sa recette, et je pense qu'elle ne la transmettait pas.
13:39 Elle avait ses prérogatives.
13:41 -Vous en mangez toujours volontiers, de la blanquette,
13:44 ou ça fait partie d'une petite madeleine qui reste un souvenir ?
13:48 -Ça fait partie d'une petite madeleine qui reste un souvenir.
13:52 Voilà, donc...
13:54 Ça m'arrive, si...
13:56 Ça m'arrive d'en manger dans les restaurants,
13:59 mais ce n'est pas un plat qu'on prépare à la maison.
14:02 -On n'a pas compris si vous étiez un artiste derrière les fourneaux.
14:06 Vous êtes bon, vous êtes moyen, vous faites ça par devoir,
14:10 vous faites ça par obligation ?
14:12 -Non, j'aime être dans la recherche des saveurs,
14:15 de faire des mélanges, tout ça.
14:17 Enfin, j'aime bien tester des choses.
14:20 J'aime élaborer des plats.
14:22 Mais il se trouve que je vis en couple,
14:26 avec une femme qui sait aussi, fait très bien la cuisine aussi,
14:30 donc on se partage, on est un peu...
14:32 On est tous les deux au fourneau.
14:34 -Ensemble. -Oui, ensemble.
14:36 -C'est pas toujours simple. -Complémentaire.
14:39 Je fais le commis. -Ah !
14:41 Chacun a son rôle. -Je fais le commis volontiers.
14:44 -Vous avez accepté d'être second,
14:46 alors que vous ne jouez que des premiers rôles.
14:49 -Pas forcément, mais je trouve ça très intéressant, aussi,
14:53 d'être second.
14:55 Je me suis jamais senti minoré parce que j'étais second.
14:59 Non, c'est...
15:03 Non, oui, j'ai accepté ça,
15:05 mais ça m'arrive aussi que ce soit moi qui dirige.
15:08 Si c'est moi qui ai l'initiative,
15:10 mais je reconnais qu'elle a plus souvent l'initiative.
15:13 -Vous nous parliez d'une maison dans le Sud,
15:16 c'est plutôt de la cuisine méditerranéenne.
15:19 Quels sont les plats que vous cuisinez régulièrement ?
15:22 -C'est vrai que les gens sont contents de venir.
15:25 Là, c'est moi qui le fais, la soupe au pistou.
15:28 C'est moi qui l'a fait. -C'est bon.
15:30 -C'est typique de la cuisine.
15:32 -Au mortier, le pistou ? -Oui, le mortier, le pistou.
15:35 Je suis un spécialiste du mortier, pour les aiolis.
15:38 -C'est vrai. -Je suis spécialiste du...
15:41 -Il faut un bon mortier. -Il faut un bon mortier.
15:44 -Il accroche. -Oui, oui.
15:46 -Aussi, on écrase beaucoup d'ail et on monte ça à l'huile ?
15:50 -Oui, absolument.
15:52 C'est tout simple.
15:54 -Pour que ça donne ce côté mayonnaise, il faut un bon coup de...
15:58 -A la place de la moutarde,
16:01 vous faites votre pâte d'ail et vous montez ça.
16:06 Mais une mayonnaise, moi, je suis aussi spécialiste.
16:09 On me demande toujours de la faire.
16:11 -Le roi de la mayonnaise. -C'est moi qui fais la mayonnaise.
16:14 -Vous avez un plat préféré, dont vous ne nous avez pas parlé,
16:17 mais qu'on a trouvé, c'est la tomate farcie.
16:20 -Oui, je sais, justement, mais c'est aussi lié à ma mère.
16:24 Elle les faisait très, très bien. Elles étaient délicieuses,
16:28 ces tomates farcies.
16:30 Je sais que quand elle voulait me faire plaisir,
16:33 j'avais droit à des tomates farcies.
16:35 Il y avait deux trucs, les côtelettes de porc et les tomates farcies.
16:39 Je savais que c'était pour moi.
16:41 Ca m'était destiné. -C'était pour vous.
16:44 Ca, ce sont des souvenirs d'enfance.
16:47 Et pour accompagner cette blanquette,
16:49 vous nous avez demandé un verre de vin de bandoles.
16:53 Donc nous avons choisi ce rosé de Provence.
16:57 C'est une AOC, bandoles contrôlées, millésime 2022.
17:01 Le cépage qu'on retrouve là-bas, c'est la mourvraide.
17:05 -Le mourverdre. -Le mourverdre.
17:07 C'est difficile à dire. -C'est pas facile.
17:10 -C'est un rosé, donc il y a beaucoup de fraîcheur,
17:13 de fruité, des notes d'agrumes.
17:15 Vous nous aviez demandé un bandole rouge ou sinon rosé.
17:19 J'étais étonnée par la couleur.
17:21 Le rosé, c'est plutôt l'été,
17:23 mais on en trouve maintenant toute l'année.
17:26 -Oui, je suis tout à fait pour promouvoir et réhabiliter le rosé
17:31 qu'un vin qui va vraiment avec...
17:33 Sur un repas, ça va avec tout,
17:35 depuis l'entrée jusqu'au dessert, le rosé, ça va très bien.
17:39 Alors évidemment, il faut qu'il soit de très bonne qualité.
17:43 On a des rosés qu'on a, justement...
17:46 On a fait un peu pisser la vigne
17:48 pour pouvoir faire de la consommation rapide
17:52 et en quantité l'été, pour faire boire du rosé, tout ça,
17:56 mais il y a des gens qui travaillent bien
17:58 et qui font des rosés vraiment délicieux.
18:01 Le rosé, ça peut être un vin merveilleux.
18:04 J'aime beaucoup les rouges aussi et les blancs...
18:07 Mais il se trouve qu'en bandole,
18:09 les blancs sont merveilleux, les rouges sont merveilleux
18:12 et les rosés sont merveilleux.
18:14 -Et bandole, c'est une région que vous affectionnez particulièrement
18:18 parce que vous y passez quelques vacances ?
18:21 -Parce que justement, cette maison secondaire
18:24 dont je parlais tout à l'heure,
18:26 elle est dans les vignes, entourée d'un maraîcher,
18:29 mais les vignes sont là aussi, pas très loin,
18:32 donc des vignes de bandoles.
18:34 -Brigitte, peut-être ce qui galvaude le rosé,
18:37 c'est que les Français le boivent quand il fait chaud
18:40 et ils veulent du vin frais.
18:42 Sous la fraîcheur, on cache n'importe quel vin.
18:45 C'est peut-être pas une bonne idée de le boire l'hiver ?
18:48 -Oui, parce qu'il n'est pas glacé.
18:50 -Vous n'avez pas l'air convaincu.
18:52 -On peut trouver aujourd'hui très bon rosé,
18:55 mais même s'il est frais, un mauvais rosé,
18:58 c'est un goût personnel.
19:00 -Mais buvons du rosé, avec modération,
19:02 mais l'hiver, pourquoi pas ?
19:04 -Toujours avec modération.
19:06 -Oui, moi, j'ai pas de problème pour boire...
19:09 Quand il est bon, si c'est un bon rosé, c'est bon.
19:12 -On va voir si vous êtes incollable. C'est le quiz.
19:15 -Jean-Pierre Daroussin, on vient de l'entendre,
19:18 les tomates farcies sont donc un de vos plats préférés.
19:22 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations
19:25 concernant cette fameuse tomate sont vraies ou fausses ?
19:28 La tomate est un légume-fruit originaire du Mexique.
19:31 Vrai ou faux ? -Je crois que c'est vrai.
19:34 -Du mot "tomati" en langue aztèque.
19:36 Certains disent que c'est le Pérou,
19:38 mais le berceau de la tomate, c'est le Mexique.
19:41 Ce sont les sans-culottes marseillais
19:43 qui, juste après la Révolution, en 1790,
19:46 font découvrir la tomate aux Parisiens.
19:49 -C'est probable. -Oui.
19:51 Elle arrive dans les bagages de colons
19:54 par l'Espagne et l'Italie, donc à Marseille d'abord,
19:57 et en France, on pense que la tomate,
19:59 c'est une plante et un fruit de décoration,
20:02 et pas un légume.
20:03 Les Marseillais vont faire goûter la tomate aux Parisiens.
20:06 En France, la première recette de tomate farcie
20:09 à base de chair à saucisse est publiée en 1803
20:12 par Grimaud de la Rénière.
20:14 -En 1803, pourquoi pas ?
20:16 C'était les sans-culottes qui nous l'amenaient.
20:19 On est cohérents là-dessus. -C'est vrai.
20:21 Votre logique est imparable.
20:23 -C'est le chef dromois que vous devez connaître,
20:26 qui va faire entrer la tomate farcie
20:28 dans la gastronomie française.
20:30 -Alors...
20:33 Je crois que oui.
20:35 -Non. -Non.
20:36 -C'est Paul Bocuse qui, en 1976,
20:38 fait une recette gastronomique de la tomate farcie.
20:41 La tomate farcie entre dans le panthéon de la cuisine française.
20:45 -3 bonnes réponses sur 4.
20:47 Deuxième quiz.
20:48 Vous, l'acteur du film culte "Le coeur des hommes",
20:51 sauriez-vous nous dire quel coeur en cuisine
20:54 est désigné par un espèce de bulbe qui unit les branches ?
20:58 A, le coeur de laitue.
21:00 B, le coeur d'artichaut.
21:02 C, le coeur de céleri.
21:04 D, le coeur de palmier.
21:06 Un bulbe qui unit les branches.
21:09 -Bah...
21:11 Euh...
21:12 Alors...
21:15 Le premier, vous avez dit ? -C'est le coeur de laitue.
21:18 -Oui, c'est le coeur de laitue. -Non, c'est le coeur de céleri.
21:22 Le bulbe qui unit les branches. -Ah, le céleri.
21:25 Oui, bien sûr, la céleri, c'est un bulbe.
21:28 J'avais oublié le mot "bulbe". -C'était le piège.
21:31 -C'est souvent autour de la table, vous le savez,
21:34 que se racontent les meilleures histoires,
21:37 que se nouent parfois des deals politiques,
21:40 que se fait la petite et la grande histoire.
21:43 Jean-Pierre Daroussin, on vous a demandé de réfléchir
21:49 à une anecdote autour d'un repas, pourquoi pas en politique,
21:53 mais avez-vous des souvenirs de déjeuner, de dîner
21:56 avec des hommes ou des femmes politiques ?
21:59 -Ca m'est arrivé quelques fois, oui, mais...
22:01 Mais justement, si on...
22:03 On retourne à Bandol.
22:06 Je jouais art au Théâtre Antoine,
22:09 avec Charles Berling et Alain Fromager,
22:12 une pièce de Yasmina Reza, qu'on a jouée pas mal,
22:15 ça a fait un gros succès,
22:17 et Emmanuel Macron et sa femme Brigitte
22:22 sont venus voir le spectacle,
22:24 et après le spectacle,
22:26 dans le foyer du théâtre,
22:29 une table a été rapidement dressée,
22:32 des bouteilles ont été sorties,
22:34 et on a mangé ensemble après le spectacle.
22:37 Et la conversation est venue justement sur Bandol.
22:41 Parce que...
22:43 Avec Brigitte, on va souvent en vacances à Bandol,
22:47 on va se faire un petit déjeuner,
22:49 et Emmanuel Macron me dit que le vin de Bandol,
22:52 maintenant, c'est mieux, mais avant, c'était pas terrible.
22:56 Je lui ai dit... -Attendez.
22:58 -Va, monsieur le président,
23:00 vous êtes un peu jeunot sur la question,
23:03 parce que, franchement, ça fait quand même...
23:06 Ca fait quelques années, c'est une des régions
23:09 où les viticulteurs sont en grande majorité bio
23:12 et en biodynamie depuis très longtemps,
23:15 et ceux qui ne l'étaient pas l'étaient sans le savoir,
23:18 comme monsieur Jourdin faisait de la prose sans le savoir.
23:22 Moi, je connais des viticulteurs de Bandol
23:25 qui en sont alors 64 ou 65e vinification,
23:28 tellement ils en ont depuis longtemps,
23:30 mais ils ont jamais mis un intrant,
23:33 jamais mis un pesticide, quoi que ce soit, dans leur vin.
23:36 Ils ont toujours été très précautionneux.
23:39 -Il y a moins d'humidité, moins de développement.
23:43 -Peut-être les conditions sont bonnes.
23:45 En tous les cas, ils en profitent
23:47 et ils en feront profiter, les autres aussi, de ce travail-là.
23:51 Voilà mon anecdote avec de la politique autour d'une...
23:56 -Vous avez bâché le président. -Bâché, bâché.
23:59 -Depuis le bois du Bandol.
24:01 Je le disais, Jean-Pierre Daroussin,
24:04 vous êtes un des acteurs fétiches de Robert Guédiguian.
24:07 On se doute qu'il vous a emmené manger une bouillabaisse dans son fief.
24:12 De cet emblème de la cuisine marseillaise,
24:14 c'est le dessous des plats.
24:16 -Brigitte, impossible d'évoquer Marseille sans parler de la bouillabaisse.
24:26 C'est un totem de la cuisine fosséenne,
24:28 trop souvent copiée, parfois massacrée.
24:31 A quoi ressemble l'authentique bouillabaisse ?
24:34 Clément Perreault s'est rendu dans le port des Goudes
24:37 pour assister à sa préparation et bien sûr la déguster.
24:41 Musique douce
24:43 -Les Goudes, un petit port marseillais aux airs de bout du monde.
24:48 C'est ici qu'est installé Benjamin Mathieu.
24:52 -Ca va, Tito ?
24:53 -Chef cuisinier passionné par le plat le plus emblématique
24:57 de la cité fosséenne.
24:59 -Qu'as-tu pêché de beau ? -La bouillabaisse.
25:01 -Des petites rascasses, une vieille, des sards.
25:04 Ca sort de l'eau, là. -Ca sort de l'eau.
25:07 -Des loups. Ils sont beaux.
25:09 -Je vais te prendre les rascasses, la vieille, quelques sards.
25:13 -Ca donne du goût.
25:14 -Je sais très bien la faire. Je ne suis pas puisillier,
25:17 mais je la fais très bien. -J'ai jamais goûté.
25:20 -J'en ai fait pour 50, 60 personnes.
25:22 Des belles bouillabaisses.
25:24 -Avec Tito, pêcheur aux Goudes depuis des décennies,
25:28 le chef a trouvé les poissons de roche
25:30 indispensables à sa bouillabaisse.
25:33 Il va pouvoir les ajouter au bouillon
25:35 qui chauffe déjà depuis plusieurs heures.
25:38 -Du saffran, quelques épices, quelques aromates.
25:41 Et après, voilà, beaucoup de poissons pour la quantité d'eau
25:45 qu'on met. Ca nous assure d'avoir un très bon goût de poisson de roche.
25:50 Le nom "bouillabaisse", c'est du Marseillais, du Provençal.
25:53 C'est très simple. Bouillabaisse. Quand ça bout, t'y abaisse.
25:57 -Issue du bouillon filtré, la soupe est la 1re étape
26:00 de la bouillabaisse, qui, traditionnellement, se sert en 2 temps.
26:04 Dans sa 2e cuisine,
26:06 Benjamin Mathieu va s'attaquer à la 2de partie.
26:09 Plusieurs espèces de poissons sont pochées dans la soupe
26:13 avec des pommes de terre.
26:14 -Voilà. Le rougé grondin, la vive, le petit chapon.
26:18 C'est à peu près 3-4 minutes par poisson.
26:21 Tout le goût des poissons de roche va s'infiltrer dans la chair
26:25 et va pénétrer dans la chair des poissons de la bouillabaisse.
26:29 Ca va leur donner une texture, une couleur et un goût particulier.
26:33 -Une fois le poisson cuit, ne reste plus qu'à préparer les filets.
26:37 Dans le restaurant du Grand bar des Goudes,
26:40 les clients dégustent leur bouillabaisse face à la mer.
26:44 Plat historiquement populaire, elle est devenue un repas de luxe,
26:48 proposé sur commande à 55 euros par personne.
26:51 A cette table, ces clients belges sont des inconditionnels.
26:56 -Un bouillon de poisson épicé
26:58 avec une certaine structure,
27:00 qui est le poisson qui doit être mixé hyper fin.
27:05 C'est très bon.
27:06 -C'est du bon, la mer, dans l'assiette.
27:09 -La Méditerranée dans l'assiette,
27:12 les vrais savent la bouillabaisse a le goût de Marseille.
27:16 -Jean-Pierre Daroussain, vous avez beaucoup tourné à Marseille.
27:20 Ca faisait partie des moments de pause, des tournages,
27:23 l'événement bouillabaisse dans le port de Marseille
27:27 ou dans le port des Goudes, ou de l'Estac, même ?
27:30 -La bouillabaisse est assez longue et compliquée à préparer.
27:34 C'est pas un plat qu'il faut...
27:36 Mais c'est vrai qu'à Marseille, on connaît,
27:39 et il y en a un peu dans différents quartiers
27:42 ou dans différentes calanques, il y a des pêcheurs.
27:45 Donc, le matin, pouvoir récupérer, encore une fois,
27:50 des produits frais... -Sortis.
27:53 -Et les préparer pour faire une bouillabaisse ou un aioli,
27:58 parce que vraiment, moi, j'aime beaucoup aussi l'aioli,
28:01 mais bon, dans ses spécialités méditerranéennes,
28:05 oui, les poissons, la façon dont...
28:08 Mais ce qu'est la bouillabaisse, c'est le safran aussi.
28:12 Le safran... -Ca relève le goût de...
28:15 -Le safran, c'est quand même une... -Il faut le doser, le safran.
28:20 -C'est vraiment intéressant, le safran, à travailler.
28:23 -Vous en avez dégusté, avec Robert Guédiguian ?
28:26 Ca vous arrivait de stopper le tournage ?
28:29 -Stopper le tournage, négligeons pas, si vous dites ça à Robert.
28:32 Ca va pas du tout. -Célébrer le tournage !
28:35 Avec une bonne bouillabaisse. -Ca arrive, oui, c'est arrivé.
28:39 Quand on est dans des restaurants, dans les restaurants marseillais
28:43 qui ont la spécialité dont on connaît, dont on sait,
28:46 on connaît les adresses, on sait où il y a quelques endroits,
28:50 la bouillabaisse est très bonne. -Vous l'aimez particulièrement ?
28:53 Vous êtes fan de poissons ? -Oui, les poissons.
28:56 Mais moi, j'aime bien les poissons aussi cuits,
28:59 par exemple, en croûte de sel. -Ah, c'est bon.
29:01 Un peu à l'étouffée. -Oui, à l'étouffée.
29:04 -C'est grillé, non ? -Un poisson frais, oui.
29:07 Les poissons de toutes sortes, c'est toujours très bon,
29:11 mais, encore une fois, quand on a la chance,
29:14 ou soi-même, ça m'est déjà arrivé, d'être sur un bateau,
29:17 de laisser une... Ca, c'est un peu plus dans le Nord,
29:20 c'est pas trop dans le Méditerranée, mais de laisser une ligne,
29:24 de les mettre directement dans la poêle sur le bateau.
29:27 -Ils se baladent en banc, on attrape pas mal.
29:30 -On attrape pas mal. Et là, ce qu'on mange est merveilleux.
29:35 Ca n'a rien à voir avec le goût qu'on...
29:37 Même si parfois, il y a des très bons poissonniers,
29:40 à Paris, évidemment. -Il y a eu un peu de transport,
29:43 le temps que ça nous a arrivé. -Oui, mais il y en a quand même.
29:47 Franchement, on trouve des poissonneries
29:50 où, vraiment, on peut...
29:52 Je sais que le poisson a été pêché très tôt le matin,
29:55 ils ont fait le trajet dans des camions réfrigérés,
29:59 et ils arrivent... -C'est vrai que de la mer à la poêle,
30:02 il n'y a pas plus court comme circuit.
30:04 -Oui, ça, c'est... -55 euros, vous trouvez que c'est cher
30:08 ou ça le mérite ? Vous l'avez dit, c'est long à préparer.
30:11 -C'est pas mal le travail. -C'est pas des poissons nobles,
30:14 mais c'est des poissons durs, de roche.
30:17 -Justement, on n'en pêche pas des grosses quantités.
30:20 -C'est une pêche très artisanale.
30:22 D'ailleurs, on a son petit pointu le matin,
30:25 on part à l'aube... -C'est pas le chalut.
30:28 -C'est pas... Et on ramène quelques poissons.
30:31 Ils ont des vies assez difficiles, ces pêcheurs-là.
30:34 Donc je pense que, déjà,
30:36 que le pêcheur soit rémunéré à son prix normal,
30:41 et puis, en ce moment, malgré tout,
30:44 on n'a pas encore passé au pointu électrique,
30:47 il faut payer le gasoil.
30:49 Donc je pense que tout ça se répercute
30:52 sur le prix de la bouillabaisse.
30:54 -Sur le prix de la bouillabaisse et du poisson.
30:57 En 1980, il y a eu une charte établie
31:00 par les restaurateurs marseillais
31:02 pour définir la recette officielle de la bouillabaisse.
31:05 Vous disiez "la vraie bouillabaisse",
31:08 parce qu'il y a eu pas mal de copies.
31:10 Pensez-vous que ça mériterait une AOP, une AOC,
31:13 pour consacrer cette recette authentique de la bouillabaisse ?
31:18 -C'est très difficile, cette notion d'AOP et d'AOC,
31:21 parce que soit ça fige,
31:23 et donc ça empêche l'invention et la recherche...
31:27 Regardez, il y a des vins, le nombre de vignerons,
31:30 on sait bien, à l'heure actuelle,
31:33 qu'ils sont des vignerons qui tentent des aventures,
31:36 qui tentent des façons de faire du vin autrement,
31:40 et qui ne correspondent pas aux chartes
31:42 qui ont été définies dans la région,
31:45 et qui, donc, sont obligés de sortir de l'appellation.
31:48 Il y a marqué "vin de France",
31:50 et des fois, on tombe sur des vins merveilleux.
31:53 Ils ne bénéficient pas de l'appellation.
31:56 -C'est plus difficile à vendre
31:58 quand on n'a pas de l'appellation.
32:00 -Je trouve que... -C'est marketing.
32:02 -Après, si on arrive à échapper, de toute façon, de façon générale,
32:06 si on arrive à échapper pour un produit,
32:09 au marketing, et si on s'en rend compte par soi-même,
32:12 c'est toujours mieux.
32:14 Si on va dans un restaurant et qu'il y a quelqu'un
32:17 qui vous propose une bouillabaisse,
32:20 et que vous la trouvez très bonne, ça sera une bonne bouillabaisse.
32:24 -Sur les labels, c'est compliqué de mettre une AOP et une AOC
32:28 sur une recette de produits différents.
32:30 C'est plus compliqué que sur un monoproduit.
32:33 -Quel est l'intérêt du type... -Qu'une charte existe
32:36 en disant que c'est la recette de la vraie.
32:39 -Et on peut s'en éloigner. -Ca bénéficie à qui ?
32:42 -Je suis sûr que vous avez mangé une mauvaise bouillabaisse.
32:46 -Oui, quand je ne vais pas dans un restaurant...
32:49 -Parce que vous connaissez... -Un touriste à Marseille,
32:53 je connais. -Il y a des touristes anglais
32:55 qui se font avoir. Ils n'ont pas tourné à Guédiguian.
32:59 -On parle de Robert Guédiguian, de Marseille,
33:01 dont il est originaire.
33:03 Son dernier film est "La fête continue",
33:06 dans lequel vous tournez à Marseille,
33:08 où en 2018, les immeubles de la rue Nobin se sont effondrés.
33:12 Regardez l'annonce ensemble.
33:14 -Il faut affirmer sans cesse que rien n'est fini,
33:18 que tout commence.
33:20 ...
33:22 Pour gagner, il faut 3 choses.
33:25 1, le programme.
33:27 2, le programme.
33:29 Et 3, le programme !
33:30 -Il faudrait une nouvelle tête.
33:33 -Il faudrait le nouveau cerveau.
33:35 -Hm.
33:36 -Je voulais vous présenter Alice.
33:39 On va se marier, tout est déjà programmé.
33:42 On aura 9 enfants.
33:43 -Bienvenue chez nous. -Bon courage.
33:45 -Allez ! -Elle est merveilleuse.
33:48 -Vous savez, c'est ma fille.
33:50 -Merci d'avoir accepté mon invitation.
33:53 -Prenez des rougets. Ils contiennent toute la Méditerranée.
33:56 -Comme vous.
33:57 ...
33:59 -Si tu t'arrêtes... -Quoi ?
34:01 -J'ai fait l'amour. -Ha !
34:04 -Tu trouves ça drôle ? -Ca t'a plu ?
34:06 -Oui, ça m'a plu.
34:07 ...
34:09 -Avec la situation des logements, des écoles, le fruit est mûr.
34:13 On n'est pas arrivés à se mettre d'accord sur la tête de liste.
34:17 -J'aimerais qu'une seule fois, tu sois élue.
34:20 -On n'y est pas.
34:21 -Alors, Marseille, ça vous plaît ?
34:23 Tout le monde se doge.
34:25 Pas de bourgeois, pas de racistes, que des brambejambes.
34:28 -Emmenez-moi
34:31 au bout de la terre...
34:33 -Je suis speed.
34:34 -On a envie de changer le monde, il y a du boulot.
34:38 -J'ai celle qu'ils attendent tous.
34:40 -C'est moi, pénis dans le soleil.
34:43 La-la-la-la-la-la-la-lila, la-lila-la-lila.
34:49 -Jean-Pierre Darrossin, Ariane Ascaride, joue Rosa,
34:52 qui ressemble étrangement à Michel Rubirola,
34:55 qui s'est fait élire à Marseille.
34:57 C'est le pitch qui vous a plu, le scénario,
35:00 ou vous dites toujours oui à Robert Guédiguian ?
35:03 -Je dis toujours oui à Robert Guédiguian.
35:06 -Vous n'êtes jamais déçus ?
35:08 -Euh...
35:09 Alors, il se trouve que je suis jamais déçu,
35:13 mais ça rentre pas en ligne de compte.
35:16 Ce qui rentre en ligne de compte, c'est la fabrication,
35:20 c'est le fait d'être à la tâche dans notre travail,
35:23 qui est de faire du cinéma ensemble,
35:26 parce que c'est comme ça que ça s'est combiné, la vie,
35:29 c'est comme ça que ça s'est agencé.
35:31 -C'est une histoire d'amitié ? -C'est une histoire d'amitié,
35:35 et donc on fabrique du cinéma ensemble.
35:37 Chacun a son poste, et chacun...
35:39 Alors, avec des fois, ça s'entremêle un petit peu,
35:43 mais disons que j'ai pas de raison,
35:46 j'ai aucune raison de refuser,
35:48 parce que je sais qu'après, on va travailler.
35:51 Même s'il y a des choses qui peuvent être,
35:54 des fois, qu'on peut améliorer sur un scénario,
35:57 mais ça va être des broutilles,
35:59 et donc, globalement, l'écriture,
36:01 il commence à savoir le faire.
36:03 -Il y a souvent un message derrière les films de Guédiguian,
36:07 qui a aussi beaucoup d'authenticité.
36:09 C'est ça que vous recherchez ?
36:11 C'est engagé, pratiquement, à sa manière ?
36:14 -Oui, alors... C'est engagé,
36:16 c'est-à-dire que, évidemment,
36:18 quand on fait du cinéma,
36:20 on essaye de projeter, et c'est le cas,
36:23 c'est le cinéma, de projeter une vision du monde,
36:27 de projeter, oui, une morale, une éthique.
36:30 On parle beaucoup de morale et d'éthique en ce moment
36:33 pour essayer de se rattraper aux branches
36:36 sur des valeurs.
36:37 Donc, on a des valeurs,
36:39 donner du sens à sa vie, donner de tout un truc.
36:42 Ca, c'est toujours, mais de toutes les époques,
36:45 les gens sont concernés par ça quand on écrit des romans,
36:49 quand on propose quelque chose aux autres,
36:52 on a forcément la conscience d'essayer de proposer quelque chose
36:56 qui va...
36:57 qui va...
36:58 qui va leur rapporter quelque chose.
37:01 Les gens qui sont dans la salle sont des clients.
37:04 C'est comme dans les restaurants,
37:06 on essaie de...
37:07 Si vous proposez un produit que tout le monde connaît,
37:10 les gens vont y aller en masse.
37:12 Un hamburger avec des frites... -Vous parlez d'un blockbuster.
37:16 -Les gens vont y aller en masse, parce qu'ils connaissent.
37:20 On sait ce que c'est. -Il n'y a pas de surprise.
37:23 -On n'est pas forcément déçus. -Non, parce que quand même,
37:26 malgré tout, il y a... -Il y a un message.
37:29 -Oui, mais c'est quelqu'un qui évolue aussi avec le temps.
37:33 Donc, son...
37:34 Il traduit sa pensée du moment, de l'instant,
37:38 par rapport à ce qu'il vit dans son contexte familial,
37:41 par rapport à ce qu'il vit dans le contexte de...
37:45 de... social, dans lequel il est,
37:48 là où il habite, dans ce qui se passe,
37:51 il reçoit des émotions.
37:52 Il essaie de les traduire au cinéma et en parler.
37:56 Voilà, c'est tout.
37:58 Le message, non. Pourquoi y aurait un message ?
38:00 Il n'y a pas de message.
38:02 Il n'y a pas de message dans Robert Guédiguian.
38:05 -C'est une vision de la vie.
38:07 -Non, mais il y a zéro message.
38:09 Vraiment, il y a absolument zéro message.
38:12 Il y a simplement montré la vie,
38:14 les choses telles qu'on pense que c'est
38:17 et que ça devrait être pour nous.
38:19 -C'est toujours une vie simple, une vie très authentique.
38:22 -Ah, ben, oui. -Naturelle.
38:24 -Pourquoi voulez-vous parler de gens que vous ne connaissez pas ?
38:28 Nous, on parle de nous.
38:30 -Ça peut arriver aussi, évidemment, d'écrire des contes et légendes.
38:34 Pourquoi pas ?
38:35 Mais c'est pas son propos.
38:38 Robert, lui, voilà, c'est quelqu'un qui traduit
38:41 de ce qu'il ressent et ce qui se passe autour de lui.
38:44 Donc, il n'y a pas forcément de message.
38:47 Il y a zéro message.
38:48 Ça serait quoi, le message ?
38:50 Ça serait qu'il faut être solidaire,
38:52 qu'il faut essayer de trouver du lien ?
38:55 -J'en ai vu un, de message. -Alors, allez-y.
38:58 -Faire des pâtes aux anchois, à l'ail et au noir.
39:01 Parce que moi, je suis l'estomac de cette émission.
39:04 Ça, ça m'a mis l'eau à la bouche.
39:06 Vous n'êtes pas dans la scène où on goûte ces pâtes ?
39:09 -Oui, oui, je connais la recette familiale.
39:13 La recette, c'est... -C'est bon ?
39:16 -C'est une recette... -Ça a l'air une tuerie.
39:19 -C'est du côté de la famille d'Ariane.
39:22 -C'est italien, c'est arménien ?
39:24 -C'est... Je crois que c'est plutôt napolitain.
39:27 C'est du côté d'Ariane.
39:29 -C'est une bonne promo pour cette recette.
39:31 Je suis sorti du film en disant que je vais cuisiner.
39:34 -C'est très bon, mais dans les films de Robert,
39:37 il y a quasiment toujours une recette.
39:40 Il y a souvent une chanson. -Il faut qu'il fasse un livre.
39:43 -Il y a souvent une recette aussi.
39:45 On a déjà fait les pâtes au clovis,
39:48 on a déjà fait justement la...
39:50 La yolie. Enfin, il y a toujours...
39:52 Justement, parce que le repas, c'est quelque chose
39:55 où les gens se retrouvent, là où il y a du lien populaire.
39:59 Voilà. Donc il n'y a pas de message
40:01 à parler de ce que les...
40:04 De ce que les gens vivent, tout simplement.
40:07 Il n'y a aucun message.
40:09 Là, qu'est-ce qui se passe ?
40:11 Il y a des immeubles qui s'écroulent dans une rue
40:14 à cause de la misère, de la précarité
40:16 et de quelques-uns qui sont...
40:18 Et...
40:20 De quelques...
40:21 Qui sont...
40:22 Qui cherchent à faire du profit facilement
40:25 avec des gens qui sont dans la misère.
40:27 Bon.
40:28 On se retrouve dans une situation.
40:31 Ça, c'est des choses qu'on vit.
40:33 C'est arrivé encore d'autres fois,
40:35 c'est re-arrivé à Marseille, dans d'autres villes.
40:38 Bordeaux, il y a pas aussi longtemps.
40:40 Il y a des tas d'endroits où ça arrive.
40:43 Voilà. On parle d'une réalité qui n'a pas...
40:45 Il n'y a pas de message.
40:47 Enfin, je veux dire, il n'y a aucun message à dire.
40:50 "Tiens, il y a des gens qui ont vécu des drames."
40:53 -De façon subliminale, si.
40:55 Il y a des vendeurs de sommeil.
40:57 Il y a des gens qui profitent de la situation.
41:00 Mais c'est pas "stabilo bocee".
41:02 -Voilà. C'est... Voilà.
41:03 On peut faire de... On peut s'engager...
41:06 Evidemment, quand on montre des exemples,
41:09 si, à l'heure actuelle, on fait, par exemple,
41:12 un personnage féminin qui est...
41:15 Qui...
41:16 Qui prend le pouvoir, quelque part,
41:18 qui se...
41:19 Qui s'affranchit du patriarcat,
41:22 sans même le savoir, parce que...
41:24 Alors que c'est pas une militante féministe,
41:27 si on... Si on écrit ça, par exemple,
41:30 voilà.
41:31 Peut-être que derrière, il peut y avoir un message,
41:34 parce qu'évidemment, on défend certaines valeurs.
41:37 Mais défendre des valeurs, c'est...
41:40 -Mais vous, vous avez l'impression d'être un artiste engagé
41:44 en faisant ces films ?
41:45 -Engagé, franchement, honnêtement,
41:51 j'arrive pas trop à savoir.
41:53 Engagé, ça voudrait dire que je...
41:55 Que je prends...
41:56 Alors, évidemment, j'ai des positions,
41:58 j'ai des pensées, je lis des choses,
42:01 j'essaie... -Des valeurs.
42:03 -Oui, mais c'est des...
42:04 Donc, j'essaie de les communiquer.
42:06 C'est ce que je fais en ce moment,
42:09 quand je parle d'être flexitarien, par exemple,
42:12 puisque c'est un peu ça, finalement,
42:14 quand je parle de manger des choses de proximité,
42:17 à quel point c'est important
42:19 de se constituer des défenses immunitaires
42:22 à travers le fait de vraiment manger
42:24 les bons oligo-éléments, les bons minéraux,
42:27 les bonnes vitamines,
42:29 tout ce qui va pouvoir vous aider à bien digérer les aliments
42:33 et vous faire une bonne santé qui va vous permettre
42:36 de résister aux épidémies,
42:39 aux maladies sociales, comme on dit maintenant,
42:43 que ce soit les dépressions ou les cancers,
42:47 ou que ce soit toutes ces phénomènes de société
42:51 qui sont essentiellement du haut stress
42:54 que les individus vivent.
42:56 Evidemment, quand je vous dis que jusqu'à 15 ans,
42:59 j'ai vécu tranquillement sans me préoccuper
43:02 de ce que j'allais faire,
43:04 parce qu'à cette époque, on ne s'en préoccupait pas,
43:07 alors que maintenant, vous vous interrogez
43:10 un gamin de 13 ou 14 ans dans une cour d'école,
43:14 angoissé de ce qu'ils vont faire,
43:16 parce qu'on leur met de la pression,
43:18 il faut gagner de l'argent.
43:20 -Ou angoissé par le monde. -Par le monde aussi.
43:23 Tout ce qui se passe autour.
43:25 On ne prend pas soin de la planète,
43:28 de la façon dont on mange, de beaucoup de choses.
43:31 Ils le sentent bien, les enfants, qu'on ne prend pas soin.
43:34 Pourquoi ? Parce qu'on ne se préoccupe que du rendement économique.
43:39 Si on ne se préoccupe que du rendement économique,
43:42 on est en catastrophe au niveau sanitaire,
43:45 au niveau éducatif, on court à la catastrophe.
43:48 Donc oui, forcément, on crée du stress,
43:51 il faut se faire sa place, on n'a pas le temps.
43:54 On parle de ce qui se passe dans l'assiette.
43:57 Vous vous rendez compte du nombre de gens qui ne mangent que des sandwichs ?
44:01 -Encore faut-il pouvoir manger un sandwich,
44:04 parce qu'en France, beaucoup de personnes ne mangent pas à leur faim
44:08 et la situation s'aggrave.
44:11 On met les pieds dans le plat.
44:12 L'inflation alimentaire déclenchée par la guerre en Ukraine
44:21 plonge un nombre important de Français dans une précarité.
44:25 De plus en plus de personnes poussent la porte des restos du coeur.
44:29 Mais cette année, l'association va être obligée de refuser du monde.
44:33 1,3 million de personnes seront accueillies.
44:35 D'autres bénéficieront des collectes des banques alimentaires.
44:40 -Bonjour, madame. C'est une collecte pour la banque alimentaire.
44:44 -Voilà. Merci. -Merci, madame.
44:47 -3 jours de collecte dans les grandes surfaces.
44:50 -Merci beaucoup, madame. -Vous avez du courage.
44:53 -Merci. -Vous êtes vraiment fière.
44:55 -C'est bien d'avoir donné.
44:57 -Et ici, déjà une quarantaine de caisses remplies en une matinée.
45:01 -Les gens de haut ont vraiment besoin.
45:04 Nous, on a tout ce qu'il faut.
45:06 -Une collecte d'autant plus nécessaire cette année
45:09 pour les banques alimentaires.
45:11 Les besoins ont augmenté de près de 10 % au 3e trimestre.
45:14 Alors, la Fédération a dû limiter ses dons aux associations.
45:18 -C'est un peu le choix cornelien qui est devant nous,
45:21 c'est d'accueillir plus de personnes,
45:24 mais continuer à apporter une aide alimentaire de qualité.
45:27 Sur certains produits, il nous arrive d'être obligés
45:30 de restreindre la quantité qu'on va distribuer.
45:33 Et puis, surtout, on a des stocks qui sont quasiment à zéro
45:36 et la collecte va nous permettre de remonter les stocks de ces produits.
45:40 Sur les plats cuisinés, sur les conserves de fruits et de légumes,
45:43 qu'on demande spécifiquement, d'ailleurs,
45:46 ou les pâtes et le riz, qui sont des produits de première nécessité,
45:49 mais qui, aujourd'hui, coûtent cher.
45:52 -Inflation, crise du pouvoir d'achat,
45:54 7 millions de personnes dépendent aujourd'hui de l'aide alimentaire.
45:57 Comme ici, au resto du coeur de Grenoble.
46:00 -Une banane ?
46:01 -Peut-être.
46:02 -5 ? Je peux vous donner une banane un peu plus noire ?
46:06 Gratuite ?
46:07 -C'est compliqué. C'est pour ça que j'ai décidé de venir ici
46:10 et de recevoir l'aide qui donne les gens du resto du coeur.
46:14 Et c'est vraiment grâce à elles que j'ai pu manger, que j'ai pu...
46:17 Voilà.
46:18 -Mais les associations ne sont pas épargnées non plus par la crise.
46:22 Il y a trois mois,
46:23 les restos du coeur lançaient un appel aux dons.
46:26 Il leur manquait 35 millions d'euros.
46:29 Pour la première fois,
46:30 les restos sont obligés de refuser des bénéficiaires.
46:33 Dans ce centre, ce sont 60 familles qui n'ont pas pu être acceptées.
46:38 -C'est vraiment un crève-coeur pour les bénévoles, déjà,
46:41 de devoir dire non.
46:42 Notre mission, c'est de dire oui à un maximum de personnes.
46:46 -Au niveau national, c'est près de 10 % des personnes
46:50 accueillies l'an dernier par les restos du coeur
46:52 qui ne pourront plus l'être cette année.
46:55 -Jean-Pierre Daroussin,
46:56 les restos du coeur obligés de refuser du monde.
46:59 7 millions de personnes dépendent de l'aide alimentaire.
47:02 Ca vous révolte ?
47:03 -7 millions, ça commence à faire beaucoup, quand même.
47:07 Je pense qu'effectivement, c'est difficile d'éradiquer la misère.
47:10 La misère, elle n'est pas que produite
47:14 par l'organisation de la société.
47:17 C'est aussi structurel, parfois, à un niveau individuel.
47:22 Mais c'est utopique de supprimer la misère.
47:26 Par contre, c'est pas utopique de l'aider
47:29 et de combler cette injustice au maximum que faire se peut.
47:35 Donc, qu'il y ait...
47:38 De pouvoir soutenir, évidemment, les bénévoles,
47:41 car il y a des gens qui s'engagent, qui donnent de leur temps,
47:45 qui travaillent beaucoup pour soutenir cette misère.
47:48 -Ce sont les restos du coeur, les banques alimentaires
47:51 et pas l'Etat, finalement, qui vient en aide
47:54 à ces personnes qui ne peuvent pas manger à leur faim ?
47:59 L'Etat donne une petite part, mais est-ce normal de soutenir...
48:02 -Apparemment, la part de l'Etat n'est pas suffisante.
48:05 -Donc, l'Etat doit augmenter ce qu'il donne pour ces associations ?
48:09 -On dirait. -C'est une faillite de l'Etat.
48:12 -On dirait qu'effectivement, l'Etat...
48:14 Oui, l'Etat doit prendre en compte
48:16 que la façon dont le progrès,
48:21 dont la croissance fonctionne,
48:23 crée ces disparités
48:26 et il faut pas laisser les gens pour compte.
48:29 -Ca peut être conjoncturel avec l'inflation qui existe,
48:32 qui est née, entre autres, de la guerre en Ukraine,
48:35 mais il faut aider.
48:37 Est-ce qu'il faut aider aussi par des chèques alimentaires ?
48:40 Faut-il augmenter les salaires ? Qu'en pensez-vous ?
48:44 -Je n'irai pas sur ce terrain-là
48:47 d'avoir des solutions vraiment précises au niveau économique.
48:51 Je vais voir notre ministre de l'Economie
48:54 et il va me dire des dons qu'il faudrait faire,
48:56 parce que sinon, ça va pas marcher.
48:58 Non, je pense... Je crois qu'il y a...
49:03 Il faut développer un sentiment de solidarité
49:07 et que même, ne serait-ce que si les gens
49:10 qui sont dans cette précarité sentaient
49:13 qu'ils sont pris en compte,
49:16 que l'Etat donne, dit, des mots,
49:20 des mots qui ne paraissent pas forcément vains,
49:24 des mots qui sont...
49:26 Des mots, oui, de compréhension,
49:30 de...
49:31 L'envie de faire des propositions, au moins,
49:36 l'envie de faire des propositions, de faire des consultations,
49:40 de rencontrer ses bénévoles, de rencontrer les gens,
49:44 de se dire "Qu'est-ce qu'on peut améliorer ?
49:47 "Qu'est-ce qu'on peut améliorer pour le sort de ces gens-là ?"
49:52 -Ce dialogue-là n'existe plus ? On est trop individualiste ?
49:56 -Oui, de façon générale, on a...
49:59 Il faut pas non plus que l'Etat soit considéré comme...
50:03 Comme...
50:04 Il y a déjà la sécurité sociale,
50:08 il y a déjà beaucoup de choses
50:10 pour lesquelles l'Etat vient intervenir
50:14 dans la solidarité
50:16 pour aider les gens qui sont en balade,
50:19 qui ne peuvent pas aller au travail.
50:21 Enfin, il y a des...
50:24 -Allocations, des aides.
50:25 -Il y a déjà... L'Etat est déjà pas mal.
50:28 Mais je pense aussi que...
50:30 On est dans une démocratie,
50:33 on est ici à l'Assemblée nationale.
50:36 Ca veut dire qu'il faut que les gens se sentent responsables.
50:39 Une démocratie, c'est pas uniquement...
50:42 On va voter pour n'importe qui, pour n'importe quoi,
50:45 pour n'importe qui de plus en plus.
50:47 Donc, il faut...
50:49 Il faut simplement...
50:51 Il faut aussi se sentir responsable.
50:54 Donc, oui, avoir organisé des choses à un niveau de l'Etat
50:58 pour que des gens qui, justement, se sentent responsables,
51:02 puissent être considérés, écoutés, dans leurs solutions.
51:06 Ca a été fait sur des problèmes dits,
51:10 comme les cours sur l'écologie, tout ça.
51:13 On fait des réunions, on discute,
51:15 et on essaie de trouver des conventions.
51:18 Eh bien, oui, pour résoudre ces problèmes-là
51:21 de précarité, de pauvreté,
51:24 je suis certain que si on fait des conventions
51:27 autour de la table, on doit trouver des solutions.
51:30 -Vous, Jean-Pierre Darussin, vous êtes, Sandra Her,
51:34 plutôt un homme de gauche.
51:35 Est-ce que vous trouvez que la gauche est présente sur ces sujets-là
51:40 et qu'elle est bien représentée ?
51:42 -La gauche...
51:44 La gauche, c'est compliqué, parce que...
51:47 La gauche, elle s'est trahie elle-même
51:51 pendant tous ces derniers temps,
51:54 parce qu'elle a fait le jeu de ce que je disais tout à l'heure,
51:58 la prédominance de la croissance
52:00 et de la prédominance de la recherche du bonheur
52:04 à travers l'économie, à travers le développement.
52:09 La gauche a contribué au fait qu'on fasse pousser de l'argent
52:12 sur des terrains où il n'était pas normal de faire pousser de l'argent.
52:16 On a mis des engrais, on a mis des pesticides
52:20 là pour faire pousser de l'argent.
52:23 Et... Et on en a fait pousser pas mal.
52:27 Et donc, les gens qui étaient historiquement
52:31 dans une sensibilité de gauche
52:34 se sont quand même sentis trahis
52:36 de ça. -C'est votre cas.
52:39 -Oui, c'est mon cas.
52:41 -On va passer au dessert. C'est le péché mignon.
52:45 -Brigitte avec une gourmandise, une Pavlova,
52:51 du nom d'une danseuse russe, Anna Pavlova,
52:54 star dans les années 20.
52:56 C'est un dessert constitué d'une meringue italienne
52:59 surmontée de crème fouettée avec des fruits rouges.
53:02 Là, aujourd'hui, c'est de la mangue.
53:05 -La pâtisserie aura été créée lors d'une tournée
53:08 de cette fameuse Pavlova en Océanie.
53:10 Pour l'anecdote, deux pays, l'Australie et la Nouvelle-Zélande,
53:14 se revendiquent la paternité de ce dessert qui plaît à notre invité.
53:18 Vous avez découvert la Pavlova où ?
53:20 -Alors, moi, je vais... -En Australie ?
53:22 -Non, je vais aller ni l'un ni l'autre.
53:25 Je suis jamais allé aussi loin. -A Marseille.
53:27 -Mais... Alors, moi, je vais certainement contredire
53:31 l'origine de la Pavlova, mais...
53:33 C'est aussi une petite madeleine pour moi,
53:36 parce que c'était un dessert
53:39 qui était mon dessert préféré quand j'étais gamin,
53:42 mais à l'époque, on appelait ça la polonaise.
53:45 On appelait ça la polonaise,
53:47 et ça s'appelait pas la Pavlova.
53:49 Et puis, la polonaise, ça a disparu.
53:51 Je n'en trouvais plus dans les pâtisseries,
53:54 dans les boulangeries. Et puis, il y a quelques années,
53:57 est revenue la Pavlova.
53:59 Alors, c'est...
54:00 -Et elle est à votre goût ?
54:03 -Et c'est... -Votre dessert préféré.
54:05 -C'est la même chose que la polonaise que je mangeais
54:08 quand j'étais gamin. -Qui s'appelle la Pavlova.
54:11 -On a plus de chose. -On finit toujours
54:13 cette émission en musique. On écoute celle que vous avez choisie.
54:17 -D'accord.
54:18 -On m'a vu dans le verre-corps
54:21 sauter à l'élastique
54:23 voleur d'un fort
54:26 au fond des criques.
54:28 -T'es Alain Bachung, "La nuit, je mens".
54:31 -Oui, j'ai un pire "down".
54:32 -J'aurais pu en choisir plusieurs, d'Alain Bachung.
54:36 J'aurais pu en choisir tellement d'autres aussi, mais...
54:39 Voilà, c'est...
54:40 J'ai regretté de ne l'avoir jamais vue sur scène.
54:43 Il a représenté quelque chose dans ma génération, vraiment.
54:49 Depuis son premier tube,
54:52 même si j'ai déjà âgé,
54:54 son premier tube sur Gabi.
54:57 Euh...
55:00 Voilà, il avait un décalage, une forme de poésie
55:03 qui me touchait beaucoup.
55:06 Et puis sa musique aussi.
55:08 Et puis bon, voilà.
55:09 Il a...
55:11 Ouais, il a fait des chansons merveilleuses.
55:13 Donc j'avais envie d'écouter Alain Bachung.
55:16 -Merci de nous la faire partager.
55:19 Merci, Jean-Pierre Daroussin, d'avoir accepté notre invitation.
55:22 Merci à Chez François,
55:24 cette excellente blanquette et cette pavlova délicieuse.
55:28 On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
55:32 ...
55:49 [SILENCE]

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